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J'ai intitulé cet exposé "Pathologie Sociale".
J'ai décidé d'utiliser la métaphore de la maladie
pour décrire l'état actuel des affaires sociales
ainsi que les tendances qu'il annonce et perpétue.
Le premier à m'avoir parlé de l'idée
qui consiste à comparer un état social à un état cellulaire
est un homme nommé John McMurtry.
Il est l'auteur d'un livre intitulé "The Cancer Stage of Capitalism".
La base rationnelle de cette idée est assez simple.
De même que l'être humain doit lutter contre les agents pathogènes qui envahissent
et attaquent son système vital, le système social doit faire de même.
Il est évident que les maladies sociétales ne sont pas engendrées
par des germes physiques et assimilés,
mais que celles-ci surviennent sous la forme
de principes de préférence présupposés. Ces éléments culturels,
transmis par l'imitation du comportement se propagent chez les individus grâce aux systèmes de valeurs
et de croyances qu'ils partagent.
Ces mèmes ou modèles de point de vue et de comportement
imprègnent les manifestations
et les idées culturelles qui nous entourent,
telles que la démocratie,
les républicains, les démocrates, le rêve américain, etc.
Tout d'abord, nous examinerons les symptômes
de cette maladie afin d'en diagnostiquer l'état d'avancement dans notre société.
Puis, dans une deuxième partie, nous établirons
un pronostic afin de déterminer ce à quoi
nous devons nous attendre si les actuels modèles pathogènes perdurent.
Enfin, dans une troisième partie, nous parlerons du traitement
que nécessite l'état actuel de cette maladie.
C'est dans cette partie que sera examiné le concept
d'économie basée sur les ressources.
En guise d'introduction à ces trois parties,
je vais d'abord décrire ce que j'appelle "la prison invisible".
On pourrait la qualifier de système de cloisonnement de la pensée
qui ralentit constamment, voire empêche
l'émergence de nouveaux concepts sociaux,
et, ce faisant, stoppe le progrès. Je m'explique.
L'ordre social, tel que nous le connaissons, est directement le fruit d'idées,
ou une conséquence systémique.
En d'autres termes, quelqu'un, par ses actions,
suscita l'intérêt d'un groupe, ce qui conduisit à l'apparition
d'un composant social spécifique, de nature physique ou philosophique,
ou les deux à la fois.
Une fois qu'un ensemble d'idées est entériné
par un nombre assez important de personnes, il devient une institution.
Lorsque cette institution devient dominante
et perdure pendant un certain temps,
elle peut être considérée comme établie.
Ces institutions établies sont comparables à des traditions sociales
donnant l'illusion de la permanence.
Plus elles tendent à devenir établies,
plus elles tendent à exercer sur nous une influence culturelle,
y compris sur nos valeurs et donc sur nos identités respectives et nos opinions.
Il n'est pas exagéré de dire que les institutions établies,
régissant l'environnement des individus, deviennent des plates-formes de conditionnement
ou de programmation. On inculque aux gens un ensemble de valeurs spécifiques
afin de préserver l'establishment,
un ensemble que l'on qualifiera de "programmes de valeurs établies".
Je trouve que l'analogie de la programmation informatique
est une analogie on ne peut plus pertinente.
Il y a un débat autour de l'influence des gènes
et celle de l'environnement.
Roxanne Meadows s'exprimera tout à l'heure sur ce point.
Il est facile de comprendre qu'un contexte de valeurs vous permet de distinguer
ce qui vous semble important ou pas, que l'influence
que les informations exercent sur vous, c'est-à-dire le conditionnement,
provient du monde qui vous entoure.
Ayez bien conscience du fait que lorsque nous apprécions
tel ou tel concept culturel, il faut y voir
le résultat d'une influence culturelle,
d'une façon ou d'une autre.
Notre environnement est un processus de programmation qui s'auto-perpétue,
et de la même façon qu'un logiciel de votre ordinateur est programmé,
chaque être humain, qu'il en soit conscient ou non,
a une vision du monde qui est comparable à un programme.
De même, le cerveau humain est assimilable à un composant informatique.
L'environnement qui l'entoure est l'équipe de programmation
qui crée ses valeurs et son point de vue.
Vous avez appris d'une façon ou d'une autre chaque mot que vous connaissez,
et il en va de même pour chaque concept
et croyance que vous chérissez.
Jacque Fresco m'a un jour demandé :
"Quelle proportion de vous est vous ?"
La réponse serait paradoxale,
car soit rien n'est moi, soit tout est moi
lorsque je comprends et réagis aux informations que je reçois.
L'information est un processus sériel, ce qui signifie
qu'un être humain ne peut concevoir une idée
qu'en assimilant une autre information
qui permet à cette idée de voir le jour.
Il semblerait que nous soyons culturellement programmés
depuis le jour de notre naissance jusqu'à celui de notre mort.
Je n'approfondirai pas davantage.
Je dirais seulement que les attributs culturels que nous considérons
comme des valeurs importantes
sont la plupart du temps ceux qui sont exaltés par notre environnement.
Je vais répéter cette phrase :
les attributs culturels les plus dominants
sont ceux qui sont exaltés par votre environnement.
Si vous êtes né dans une société qui récompense la compétition plutôt que la collaboration,
il est fort probable que vous adoptiez des valeurs de compétition pour survivre.
Le fait est que nous sommes essentiellement des machines biochimiques.
Bien que l'intégrité de la puissance de traitement
et de la mémoire des machines que nous sommes dépende,
en partie, de la génétique, nos actions
ont fondamentalement pour origine des idées et des expériences
que le monde qui nous environne a installées dans notre matériel mental.
Cependant, notre ordinateur biologique, l'esprit humain,
est doté d'un système d'exploitation évolutif
qui est lui-même pourvu de tendances apparemment nuisibles
tendant à limiter notre objectivité
et donc notre processus de pensée rationnel.
Ces tendances revêtent la forme d'inclinations émotionnelles.
Je suis sûr que nombre d'entre vous se sont déjà entendus dire : "Soyez objectif !"
Aucun être humain ne peut être complètement objectif.
C'est une des choses importantes que m'ait apprises M. Fresco.
Nous, les humains, nous avons propension
à mettre en place une structure sociale
qui subvienne à nos besoins et à nous accrocher à elle
sans tenir compte de nouvelles informations conflictuelles
qui pourraient entraîner un changement logique.
Le changement tend à nous effrayer, car il bouleverse nos habitudes.
Nous voyons cette propension à l'œuvre
quand la population défend les revenus au sein du système monétaire.
J'aurai l'occasion d'en reparler.
À chaque fois que quelqu'un ose présenter une idée
qui s'oppose au programme de l'establishment,
ou bien qui n'a rien à voir avec lui, cette idée est souvent condamnée
comme un blasphème, un travail de sape, un complot ou une erreur.
Par exemple, dans le monde universitaire, la recherche est souvent prisonnière
de cercles qui se réfèrent les uns aux autres,
de boucles fermées qui affirment que les hypothèses de base
de leurs écoles de pensée relèvent de l'empirisme
et que seuls leurs experts, ainsi qualifiés par leurs diplômes,
doivent être considérés comme des autorités fiables.
Ils exercent donc une grande influence sur l'opinion publique.
Ce médecin s'appelait Ignace Semmelweis.
Veuillez excuser ma mauvaise prononciation du hongrois.
Ce médecin qui vivait au milieu du 19e siècle
procédait à des accouchements.
À la suite d'une série d'évènements, il s'est rendu compte
qu'il y avait une relation de cause à effet entre le fait que les médecins
ne se lavaient pas les mains
après avoir effectué une autopsie et la contamination de leurs patients.
Les médecins de l'époque manipulaient des cadavres
dans les sous-sols des hôpitaux, puis montaient dans les étages
pour y pratiquer des accouchements sans s'être préalablement lavé les mains.
Ayant pris conscience de cette relation de cause à effet,
Semmelweis en informa ses collègues.
Il leur a dit : "Vous devriez vous laver les mains avant d'effectuer
une opération chirurgicale ou un accouchement,
surtout si vous avez manipulé un cadavre auparavant."
On lui a ri au nez, ignorant ses recommandations.
Les articles qu'il publia furent attaqués et ridiculisés.
Après avoir tenté de convaincre ses collègues pendant plusieurs années,
en vain, il a été enfermé dans un hôpital psychiatrique où il mourut.
Bien après sa mort, Louis Pasteur développa
la théorie des maladies microbiennes
et les observations de Semmelweis furent enfin acceptées.
Les gens comprirent alors l'horrible erreur qu'ils avaient commise.
John McMurtry, qui enseigne la philosophie au Canada, a écrit :
"Si l'on se penche sur les investigations menées
par les penseurs du Moyen Âge, de l'époque de saint Augustin
à celle d'Ockham, on chercherait en vain
une seule page critiquant le cadre social établi,
aussi rationnellement insupportables que soient la servitude féodale,
le paternalisme absolu, les droits divins des rois, etc.
Sous l'ordre établi actuel, les choses sont-elles si différentes ?
Avez-vous déjà lu dans les médias ou même dans la presse universitaire,
ne serait-ce qu'un paragraphe qui démasque
le régime global qui condamne un tiers des enfants de la planète
à souffrir de malnutrition, alors même
que nous disposons de plus de nourriture que nécessaire ?
Dans le cadre d'un tel ordre, la pensée est indistincte de la propagande.
Une seule doctrine est acceptable et la caste des prêcheurs-spécialistes
qui la représente prescrit à chacun ses obligations et nécessités.
La conscience sociale est prisonnière
d'une espèce de logique cérémonielle
opérant intégralement dans le cadre
d'un appareil réglementaire soigneusement élaboré
qui protège les privilèges des privilégiés.
La censure méthodique triomphe tout en arborant le masque de la rigueur savante
et les pensées investigatrices restantes
sont en proie aux rationalisations qui se font concurrence."
Les gens tendent à ne pas critiquer l'ordre social établi,
car ils ne font qu'un avec lui.
Nous sommes mus par un programme de pensée
qui a été installé dans notre matériel mental
et contrôle notre cadre de références.
C'est un peu comme si les gens jouaient à un jeu.
Or, les joueurs remettent rarement en question l'intégrité du jeu.
En fait, les membres de la société sont si endoctrinés
par les normes socialement acceptables que la moindre phrase d'un individu est forgée
par le système de valeurs établies dominant,
de sorte que sa manière d'interpréter des informations novatrices
est influencée par ce cadre qu'il en ait conscience ou non,
afin que ses préjugés puissent les combattre.
Maintenant que cette idée de base est acquise,
affinons notre analyse
et considérons brièvement ce phénomène qui bloque la pensée
dans le contexte de l'économie,
tout particulièrement dans le contexte de l'économie de marché.
En fait, il serait plus juste d'utiliser l'expression "théologie économique".
Comme j'aurai l'occasion de le démontrer,
la majorité des habitants de cette planète
n'ont pas idée à quel point ils sont affectés négativement
par l'économie de marché au sens large.
La fidélité de la plupart des gens à ses principes
est indéfectible, mais elle ne repose que sur l'endoctrinement traditionnel.
Un jour, on m'a envoyé un courriel qui disait :
"Si vous êtes contre le libre marché, vous êtes contre la liberté."
[Rires]
J'ai naturellement frémi à l'idée que l'orthodoxie établie
était parvenue à contrôler les esprits.
C'est bien sûr de cette façon que se maintient le pouvoir en place. Les orthodoxies établies,
dominantes, procèdent de la sorte depuis le début des temps.
Le pouvoir en place conditionne profondément la population
afin qu'elle adhère au système de valeurs établies et qu'elle rejette
sans analyse critique toute pensée alternative.
Ce phénomène n'épargne personne
puisque pratiquement tous les mouvements politiques,
ainsi que les organisations activistes qui travaillent
dans l'environnement ou le social, refusent de reconnaître
les effets nocifs du système de marché.
Cela ne leur traverse même pas l'esprit.
Ils préfèrent se focaliser sur des individus, certains groupes
et sur les sociétés commerciales corrompues.
Ils procèdent donc au cas par cas,
ciblent des problèmes et, ce faisant, ne prennent pas en compte
le mécanisme qui est à l'origine de ces problèmes.
Telle est l'erreur fatale que commettent les membres de la communauté activiste.
Au cours de cet exposé, nous établirons clairement et fermement
que le plus grand destructeur d'écosystèmes,
la plus grande source de pollution et de gaspillage,
le plus grand pourvoyeur de violence, de guerres,
de crimes, d'inhumanité, de pauvreté
et de déséquilibres sociaux,
le plus grand générateur de névroses personnelles et sociales,
de troubles mentaux, de dépressions, d'anxiétés
et la plus grande source de paralysie sociale,
puisqu'elle nous empêche d'adopter de nouvelles méthodologies
en vue d'instaurer une durabilité globale et de faire régner le progrès sur cette planète,
n'est ni quelque gouvernement ou législation,
ni quelque entreprise, monopole ou cartel corrompu que ce soit,
ni quelque défaut de la nature humaine,
mais le fondement
du système économique en vigueur.
Le système de marché, le système monétaire,
le libre marché, la structure capitaliste n'est pas seulement
la source des plus grands problèmes sociaux
auxquels nous sommes aujourd'hui confrontés,
mais est également l'origine
de ce que l'on pourrait appeler la phase terminale du cancer
auquel est en proie la valeur sociale,
étant donné qu'il a muté et s'est multiplié à un point tel
que nous devons faire face à rien de moins
que la mort ou l'effondrement de la civilisation moderne que nous connaissons.
Toutefois, veuillez comprendre :
je ne suis pas un théoricien de la fin des temps.
Je ne cherche pas à bouleverser les gens
en leur disant qu'on approche de la fin du monde.
Il n'est pas nécessaire d'être un génie pour comprendre la tendance.
Les médias ne parlent pas de ces tendances dangereuses.
Étant donné notre modèle politico-économique
et la crise environnementale qu'il génère,
nous ne pouvons qu'aller vers l'abîme. J'aurai l'occasion d'en reparler.
Existe-t-il des solutions à ces problèmes ? Bien sûr.
Mais ces solutions impliquent d'en finir avec le statu quo
et représentent donc une menace pour les pouvoirs économique et politique.
Elles sont ainsi dénoncées comme irrationnelles et absurdes.
Quant aux gardiens autoproclamés du statu quo, ils refusent d'en entendre parler,
car elles n'ont rien à voir avec leurs références et leur identité.
Voici quelques-uns des maux auxquels est en proie la société.
Il y en a évidemment beaucoup plus.
Les médias de masse ne les abordent pas tous.
C'est une des fonctions du Mouvement Zeitgeist.
Nous ne pouvons plus compter sur les institutions gouvernementales
pour nous conduire dans la bonne direction.
Chaque gouvernement du monde est au service
d'un programme social économiquement orienté
qui est égoïste, non durable
et plus ou moins destructeur.
La possibilité d'une transition en douceur
vers un modèle social éclairé,
qui ne comprendrait pas les sous-produits négatifs
dont je vais parler, est extrêmement limitée,
étant donnée la nature des options disponibles dans l'ordre en vigueur,
dont fait partie le système légal, le système politique, etc.
Pourtant, nous ne pouvons plus tolérer
l'attitude axée sur le profit des entreprises et des pouvoirs financiers
qui contrôlent toutes les précieuses ressources de la Terre,
ressources dont nous avons tous besoin pour survivre.
La société contemporaine est malade et la maladie dont elle est atteinte
a contaminé tous les systèmes vivants. J'ai tendance à considérer le Mouvement Zeitgeist
comme le système immunisé du monde social.
[Applaudissements]
Merci. Première partie : Le diagnostic.
Avant de commencer à analyser nos conditions sociales,
je dois d'abord aborder les problèmes du relativisme de la valeur
et du relativisme culturel.
Aujourd'hui, les gens ont tendance à penser que leurs idées valent celles des autres
et ne tiennent pas compte des solides informations que possède autrui.
Ils vouent un culte à leurs opinions qui s'inscrivent dans un cadre de références
d'où sont exclus les référents physiques.
Les preuves tangibles les mettent mal à l'aise,
mais cela ne les empêche pas de penser que toutes les opinions se valent.
Je suis sûr que vous avez tous entendu cela de nombreuses fois.
C'est un point crucial.
Toutes les opinions ne se valent pas.
C'est impossible. J'ai conscience que cette assertion
peut vous sembler étrange et bien commode.
La question capitale est donc : qu'est-ce qui mérite d'être cru ?
Quelles sont les choses dont tous les habitants de cette planète ont besoin ?
Comment pouvons-nous maintenir notre bien-être personnel
et social d'une façon durable ?
Quel est le terrain d'entente incontestable
sur lequel peuvent se rencontrer les chrétiens,
les musulmans, les capitalistes, les socialistes, les athées, les anarchistes,
les scientologues et les républicains ?
Sur quoi pouvons-nous tous être d'accord ?
Il est une chose qui est universelle :
il est préférable d'être en bonne santé que malade.
On peut dire qu'être en bonne santé est une valeur préférable.
En opposant l'état normal à l'état pathologique,
la bonne santé à la maladie,
on établit une base de valeurs incontestables
que reconnaissent tous les individus et toutes les sociétés.
J'ai constaté que pratiquement tous les individus de toutes les sociétés
préfèrent être vivants et en bonne santé.
Ce domaine est épargné par le relativisme culturel.
Le fait de manger de la nourriture saine, ne pas contracter un cancer
et boire de l'eau potable sont des valeurs qu'il faut défendre.
C'est pourquoi notre analyse de l'état de santé de notre société
ne sera pas fondée sur le PIB,
l'indice des prix à la consommation, l'état de la Bourse,
la croissance économique, le niveau de l'emploi, les accords de libre-échange,
ou tout autre attribut économique communément utilisé
pour dire que l'état de la société s'améliore ou que la croissance est là.
À la place, nous allons examiner les choses qui importent vraiment,
comme les taux de maladie et de pauvreté, le capital social,
la confiance, les conflits, la corruption,
la diminution des ressources naturelles, la pollution, les taux de criminalité,
l'espérance de vie, les performances éducatives, les taux d'emprisonnement,
les taux d'alcoolisme, les taux de prise de drogue,
les taux de troubles mentaux, etc. : voilà les choses qui comptent.
Commençons.
Contrairement à ce qu'affirme une croyance populaire,
il existe des preuves qui montrent que nos premiers ancêtres,
qui vécurent avant la révolution néolithique,
ne vivaient pas dans un état de conflits perpétuels et d'extrême rareté,
comme bien des anthropologues le prétendaient naguère.
En fait, les sociétés de chasseurs-cueilleurs constituaient un arrangement social unique
qui était immergé dans un paradigme environnemental
à la fois restrictif et auto-régulé.
Avant l'avènement de l'agriculture, on ne contrôlait guère
les ressources disponibles. Comme l'agriculture n'existait pas,
on ne pouvait contrôler l'environnement.
En ce temps-là existait un équilibre naturel.
Les sociétés elles-mêmes semblaient refléter cet équilibre naturel,
étant donné qu'elles étaient constituées de structures sociales non hiérarchiques,
non compétitives et dénuées de dirigeants.
On a découvert que leurs systèmes de valeurs sociales
étaient essentiellement fondés sur l'égalité,
l'altruisme et le partage.
L'arrivisme, la domination, l'agression
et l'égoïsme étaient proscrits.
Nous savons cela grâce aux recherches anthropologiques qui furent menées
parmi les quelques sociétés de chasseurs-cueilleurs
qui restent dans le monde, comme les Pirahãs.
Aussi étonnant que cela puisse paraître (vous pourrez opposer cet argument
à tous ceux qui vous disent que le système actuel est naturel),
il semble que plus de 90 % de l'existence de notre espèce sur cette planète
a eu lieu au sein d'organisations sociales
qui n'avaient pas recours à l'argent,
qui ne connaissaient pas la hiérarchie
et qui utilisaient même des stratégies d'anti-domination grâce auxquelles
la majorité des individus s'unissait pour stopper toute personne
qui essayait de s'emparer du pouvoir et de contrôler les autres.
Leur mode de fonctionnement était donc aux antipodes du nôtre.
La révolution néolithique mit fin à tout cela.
Elle a permis aux êtres humains de contrôler leur environnement plus intentionnellement.
La préservation de la vie était désormais une affaire de volonté.
On pourrait croire que tout le monde tira grand profit de cette révolution,
mais elle a également introduit de graves problèmes sociaux qui eurent pour origine
des conditionnements auxquels nous sommes encore confrontés aujourd'hui.
Selon Robert Sapolsky, anthropologue
et professeur de neurologie à l'Université de Stanford,
"les chasseurs-cueilleurs disposaient de nombreuses sources de nourriture sauvage.
L'agriculture a changé cela : ils ne purent plus compter
que sur quelques douzaines de sources de nourriture.
L'agriculture entraîna également le stockage des surplus de ressources
et donc l'inévitable constitution de stocks inégaux qui elle-même
a engendré la stratification sociale et les classes sociales.
L'agriculture a donc occasionné l'émergence de la pauvreté."
Depuis ce changement dans la structure de la société humaine,
la progression des inégalités s'est poursuivie
et la stratification sociale ainsi que l'inégalité de revenus
font désormais partie intégrante du monde moderne.
Les personnes qui méconnaissent l'histoire de l'humanité
considèrent probablement que ces caractéristiques
sont inhérentes à l'ordre naturel humain. C'est une conviction largement répandue.
Nous sommes passés de la culture d'aliments au troc des produits de base,
puis sont apparus l'étalon or, les papiers-monnaies garantis par un métal
et les monnaies fiduciaires.
Ceci signifie que nous sommes passés d'un système de valeurs
reflétant de véritables processus naturels
à un système de valeurs fondé sur des certificats de propriété
que l'on échange contre des revenus,
autrement dit, à un système
complètement dissocié des ressources physiques.
Ce faisant nous sommes passés d'un monde fondé sur
la nécessité, la préservation de l'environnement et la durabilité
à un monde fondé sur la manipulation stratégique,
le matérialisme absurde,
l'obsession de la propriété et de la possession.
Selon le philosophe Jean-Jacques Rousseau :
"Le premier qui, ayant enclos un terrain,
s'avisa de dire : "Ceci est à moi",
et trouva des gens assez simples pour le croire,
fut le vrai fondateur de la société civile.
Que de crimes, de guerres, de meurtres,
que de misères et d'horreurs n'eût point épargnés au genre humain
celui qui, arrachant les pieux ou comblant le fossé,
eût crié à ses semblables : "Gardez-vous d'écouter cet imposteur,
vous êtes perdus, si vous oubliez que les fruits sont à tous,
et que la Terre n'est à personne."
De surcroît, la rareté
est désormais une force directrice pour le commerce.
Dans notre système, qui dit rareté dit profit.
Plus une chose est rare, plus sa valeur monétaire est élevée.
L'abondance est donc perçue comme négative dans un système basé sur le profit.
Selon l'anthropologue Marshall Sahlins :
"Le système de marché industriel institue la rareté
d'une façon qui n'a aucun précédent
dans l'histoire de l'humanité et à un degré atteint nulle part ailleurs.
La production et la distribution sont liées au comportement des prix
et tous les moyens d'existence au fait d'acquérir et de dépenser.
L'insuffisance de moyens matériels
devient le point de départ explicite,
calculable, de toute activité économique."
De même, je tiens à souligner, en guise d'aparté,
que la masse monétaire en circulation aux États-Unis
a toujours eu moins de valeur que les montants dus.
Autrement dit, il n'y a pas et il n'y aura jamais
suffisamment d'argent en circulation aux États-Unis
et dans la plupart des autres pays du monde
pour payer les montants dus.
L'argent est créé à partir de la dette, à travers les prêts,
et des intérêts sont facturés pour ces prêts,
qu'il s'agisse de bons du Trésor ou de prêts immobiliers.
Si aujourd'hui tout le monde devait s'acquitter de sa dette
au sein de l'économie américaine,
une grande partie de la dette totale serait impossible à rembourser en dollars.
C'est la raison principale qui explique que la stratification sociale
et l'inégalité ne font qu'un avec le système en vigueur.
Vous rendez-vous compte que même la masse monétaire
est rare ?
La banqueroute est un attribut inhérent à ce système,
et non un sous-produit contingent
dont sont victimes des gens imprudents.
Cela évoque le jeu des chaises musicales. J'espère que je me fais bien comprendre.
Voici une grande citation de l'économiste
Bernard Lietaer :
"La cupidité et la compétition ne résultent pas
de l'immuable nature humaine.
La cupidité et la peur de la rareté sont en fait créées
et amplifiées en permanence par le type de monnaie que nous utilisons.
Nous pouvons produire plus de nourriture que nécessaire pour nourrir
tous les habitants de la planète, mais il n'y a pas assez d'argent pour la payer.
La rareté est indissociable des devises nationales.
En réalité, les banques centrales ont pour tâche
de créer et de maintenir la rareté. Cette attitude a pour
conséquence directe que nous devons nous battre les uns les autres pour survivre."
Cette dernière phrase décrit bien la situation actuelle.
"Par conséquent, nous devons nous battre les uns les autres pour survivre."
Tous ces mécanismes ont pour conséquence une inégalité sociale extrême
et donc la stratification sociale.
Considérons à présent l'état
de l'inégalité des revenus dans le monde.
En 2005, les joyeux drilles de Citigroup
ont publié un mémo destiné à leurs clients les plus riches.
Ce document traitait de l'état de ce qu'ils appellent "la plutonomie".
Son résumé introductif est on ne peut plus clair :
"Le monde est divisé en deux blocs : la plutonomie et le reste.
Les États-Unis, la Grande-Bretagne et le Canada sont les plutonomies clés.
Ce sont les riches qui font fonctionner ces économies."
Une plutonomie peut se définir comme une société où la majorité des richesses
est bien sûr contrôlée par une minorité toujours plus réduite.
Ainsi, la croissance économique d'une telle société dépend
du destin de la riche minorité
et non du reste de la population.
Ayez toujours cela à l'esprit.
Ils posent ensuite la question : "Quels sont les moteurs de la plutonomie ?"
Voici leur réponse : "Les gains de productivité
que permettent les technologies de rupture, l'innovation financière créative,
les gouvernements pro-capitalistes qui coopèrent,
une importante immigration internationale,
les conquêtes ultramarines qui vivifient la création de richesses,
[en toussant] "le travail esclave", [rires]
l'autorité de la loi et la brevetabilité des inventions.
Ces flux de richesses impliquent souvent
une grande complexité qu'exploitent au mieux les riches et les instruits de l'époque."
Ce qu'il faut retenir de ce document est que
le consommateur moyen est insignifiant au regard des marchés d'actions.
Pour les super riches, les affaires qu'ils brassent entre eux
représentent l'économie globale.
Ils déclarent également : "Dans une plutonomie, ces animaux tels que le consommateur américain,
le consommateur anglais et le consommateur russe n'existent pas.
Il y a d'un côté quelques consommateurs riches
qui disposent d'énormes revenus et consomment énormément,
et de l'autre, le reste, la multitude, les non-riches,
qui étonnamment ne représentent que les miettes du gâteau national."
Ils poursuivent : "C'est pourquoi, par exemple, nous ne nous soucions guère
de l'impact de l'augmentation des prix du pétrole sur la consommation globale.
Nous ne nions pas que l'augmentation des prix du pétrole nuit
à la plupart des gens, mais, et n'y voyez aucun jugement moral,
l'inégalité des revenus étant ce qu'elle est,
l'immense majorité des consommateurs pèse peu dans l'ensemble des données.
Conclusion ? Étant donné que les consommateurs moyens, qui représentent environ
50 % des consommateurs, pèsent relativement peu
dans les données globales, nous devrions moins nous préoccuper
de leur comportement que de celui des riches et de leurs sentiments.
C'est une question mathématique. La morale n'y a pas sa place."
Leur honnêteté les honore.
Maintenant, avant de poursuivre, permettez-moi de clarifier les choses.
La plutonomie, telle que la décrivent les documents prolixes
de Citigroup, met en évidence
un état de déséquilibre extrême et même très extrême dans certains pays.
Il est évident que la communauté des investisseurs ne se soucie guère
des habitudes de consommation du consommateur moyen.
Autrement dit, un système d'incitation financière
a provoqué une mutation au sein de laquelle les modèles de consommation
de la population générale sont considérés
comme presque obsolètes par les riches.
Désormais, l'élite des riches, la plutonomie
peuvent faire des affaires entre eux et oublier les classes inférieures.
Ainsi, les riches échangent tellement d'argent entre eux que les modèles
de consommation du reste de la population sont pratiquement sans importance.
On comprend alors mieux pourquoi certaines méthodes
et non d'autres sont utilisées pour mesurer la santé de l'économie, des méthodes
qui sont censées être au service de toute la population.
Le calcul du PIB dépend
de la somme d'argent que rapportent
les biens et les services.
Prenons l'exemple de la valeur nette.
Si 1 % des Américains au sommet de l'échelle sociale
contrôle 35 % des richesses financières
et que 19 % des Américains contrôlent 50 %
de ces mêmes richesses financières, 80 % des Américains doivent se partager 15 %
de ces richesses financières. 20 % des Américains contrôlent 85 % de la masse monétaire.
C'est ce que Citigroup a mis en évidence.
Une toute petite partie de la population américaine fait donc fonctionner l'économie.
Ceci explique pourquoi les maîtres du système financier ne sont guère motivés
pour se préoccuper du bien-être de 80 % de la population.
Et comme nous savons tous que le système financier exerce
une très grande influence sur les gouvernements du monde,
surtout sur celui des États-Unis, il n'est pas étonnant que la classe dirigeante
veille seulement à ne pas trop mécontenter
la majorité de la population afin de ne pas provoquer une révolte.
Ce n'est pas une supposition de ma part.
Citigroup a conscience de cela puisqu'ils affirment : "La plus grande menace
que la plutonomie ait à redouter est l'émergence d'exigences politiques
ayant pour but la réduction de l'inégalité des revenus,
une répartition plus équitable des richesses et la remise en cause de forces
comme la globalisation qui ont généré profits et croissance."
Mais ne vous en faites pas pour eux, ils ne sont pas très inquiets.
"Notre conclusion ? Les trois moyens d'action dont disposent
les gouvernements et les sociétés pour mettre fin à la plutonomie sont bénins.
Les droits de propriété ne sont pas remis en question,
les politiques d'imposition sont neutres ou favorables
et la globalisation engendre une offre de travail excédentaire,
ce qui permet de freiner l'augmentation des salaires."
Ils résument ainsi leur propos :
"Voici le cœur de la thèse sur la plutonomie : les riches
sont la source dominante de revenus et de demande dans les pays plutonomiques
que sont la Grande-Bretagne, les États-Unis, le Canada et l'Australie.
Ces pays ont une approche économique libérale de la création de richesses.
Nous croyons que les actions des riches et la proportion de riches
au sein d'une économie aide à comprendre bon nombre d'énigmes désagréables
et autres peurs, comme les déséquilibres mondiaux
ou pourquoi les prix élevés du pétrole
n'ont pas détruit la demande.
Nous pensons que la plutonomie explique ces problèmes
tout en nous invitant à ne pas nous inquiéter.
Deuxièmement, les riches devraient continuer à s'enrichir dans les prochaines années,
étant donné que la part des riches dans le PIB ne cesse de croître,
ce qui est surtout une conséquence de la globalisation.
Le réservoir de main-d'œuvre dans les économies émergentes devrait contribuer
à stabiliser les salaires et à voir les marges bénéficiaires augmenter ;
ce sont des éléments favorables à la richesse des capitalistes,
et de mauvais présages pour les marchés en développement.
Cela augure bien pour les entreprises qui vendent des biens aux riches ou qui sont à leur service."
Excusez-moi de vous avoir cité ce texte in extenso,
mais je pense qu'il vous permet de savoir ce que pensent vraiment les gens
au sommet et dans les coulisses du système financier.
Ses auteurs ont probablement raison : les riches vont devenir plus riches.
Le déclin économique actuel ne représente rien
pour ceux qui constituent les 20 % de l'élite.
Ce sont les 80 % restants qui continuent de souffrir.
Mais qui s'en soucie ? Les 20 % qui constituent l'élite sont les maîtres de l'économie.
Cette phrase laisse entendre que c'est faire preuve
de naïveté que de croire que le monde moderne est démocratique.
Louis D. Brandeis, je crois que son nom se prononce ainsi,
ancien juge à la Cour suprême, a d'ailleurs dit sur ce sujet :
"La démocratie peut régner sur ce pays, ou bien une grande richesse
peut être concentrée entre les mains de quelques-uns, mais nous ne pouvons avoir les deux."
Ces informations font figure d'introduction
au discours que je vais tenir sur la santé sociale.
Je vais y ajouter quelques statistiques.
En 2007, les dirigeants des 365 plus grandes entreprises américaines
perçurent environ 500 fois la paie d'un employé moyen.
Dans la plupart de ces grandes entreprises, le dirigeant gagne plus en un jour
que le travailleur moyen en une année.
La famille Wall-Mart, les Waltons, qui est constituée de six personnes,
dispose d'une fortune combinée estimée à environ 90 milliards de dollars
en 2009, selon Forbes.
La richesse cumulée des 40 % d'Américains les plus pauvres ne s'élève, elle,
qu'à 95 milliards de dollars.
Les plus hauts salaires du monde se trouvent
dans les domaines du trading et de l'investissement, alors même
que ces domaines sont dénués d'intérêt
puisqu'ils ne créent rien.
Ils n'apportent rien à une société qui s'inscrit dans un monde naturel.
En 2005, le salaire net annuel moyen
des administrateurs des 26 fonds de pension les plus importants, ces casinos,
s'élevait à 363 millions de dollars par administrateur !
Le salaire annuel moyen d'un médecin, lui, tourne autour de 150 000 dollars par an
et celui d'un chercheur en biologie,
qui cherche des remèdes aux maladies ne dépasse pas les 68 000 dollars par an.
Vous avez compris où je voulais en venir. L'inégalité des revenus
est un fait établi, elle ne cesse de grandir
et apparaît même comme inarrêtable lorsque l'on considère les mécanismes
des marchés financiers ainsi que la réalité culturellement acceptée qui impose d'énormes écarts
de salaires en fonction des secteurs d'activité.
Aussi je vous pose la question suivante : quelles sont les conséquences
de cet état de fait sur notre santé et notre bien-être ?
Les recherches révolutionnaires des Britanniques Richard Wilkinson et Kate Pickett
dans le domaine des inégalités sociales et des préjudices sociaux
en matière de santé nous ont fait prendre conscience de ce que signifie
le fait de vivre dans une société fondée sur les inégalités.
Pour résumer ces recherches novatrices, la thèse communément admise
selon laquelle les problèmes sociaux sont dûs à des conditions matérielles singulières,
telles que les mauvaises conditions de logement, la mauvaise alimentation,
le manque d'accès à l'éducation, etc., a été renversée.
L'idée que les sociétés les plus riches obtiennent de meilleurs résultats
que les sociétés les plus pauvres en matière de santé en général est fausse.
Les nombreux problèmes sociaux que rencontrent les pays hautement stratifiés
sont principalement dûs à l'échelle des différences matérielles
au sein des membres de la société.
Ce qui pose problème n'est pas le revenu absolu, mais le revenu relatif.
Si l'on compare des groupes percevant le même revenu
dans différents pays, on constate que les habitants de pays
fortement inégalitaires s'en sortent beaucoup plus difficilement
que ceux qui vivent dans des pays où elles sont moindres.
Il semble que ce soit un phénomène psycho-social.
L'inégalité semble rendre les pays socialement dysfonctionnels.
Si l'on se base sur les mesures concernant la santé sociétale,
les taux de criminalité et le bien-être, on peut affirmer
que notre structure actuelle engendre l'échec social.
L'espérance de vie.
Sur ce graphique est représenté un ensemble de pays riches.
Mes excuses pour ceux qui ne parviennent pas à lire ce qui est écrit.
Je vais tâcher de faire de mon mieux pour que vous puissiez suivre.
L'axe des Y, qui va du bas vers le haut, de faible à élevée,
représente l'espérance de vie et celui des X, qui va de gauche à droite,
de faible à élevée, représente l'inégalité de revenus.
Comme vous pouvez le constater, le Japon a la plus petite inégalité de revenus
et une forte espérance de vie.
À l'opposé, seul Singapour fait pire que les États-Unis dans ce groupe de pays,
qui sont riches pour la plupart
et montre la plus grande inégalité de revenus.
La ligne de régression que l'on voit au milieu
montre clairement que plus l'inégalité de revenus augmente,
plus l'espérance de vie dans ces pays diminue.
Consommation de drogues.
Les États-Unis possèdent le plus haut niveau d'inégalité de revenus
tout en figurant dans le top 4 des pays qui consomment
le plus de drogues illégales : États-Unis, Nouvelle-Zélande, Australie et Grande-Bretagne.
Dans la partie basse, on trouve le Japon, la Suède et la Finlande qui ont
les plus bas niveaux d'inégalité de revenus et de consommation de drogues.
Ajoutons la Grèce à ce trio. Ce sont les tendances qui importent.
La ligne de régression les met clairement en évidence.
J'aimerais m'attarder sur le rapport entre ces deux types de données.
Voici pourquoi : en 2002, une étude a été menée sur des macaques.
Dans cette étude, 20 singes ont été observés et analysés
au regard des hiérarchies sociales qui apparaissaient en diverses circonstances.
On a noté quels singes étaient les dominants et quels singes étaient les dominés.
On s'est aperçu que les cerveaux des singes qui étaient devenus dominants
avaient une activité de dopamine supérieure à celle qu'ils avaient
avant de devenir dominants, tandis que les singes qui étaient devenus dominés
montraient très peu de changements dans l'activité chimique de leur cerveau.
Ensuite, après qu'on eut montré aux singes comment s'administrer de la cocaïne
au moyen de manettes, on découvrit que les singes dominés
s'administraient beaucoup plus de cocaïne que les singes dominants.
C'était pour eux une forme d'automédication.
Continuons sur le sujet de la maladie mentale.
La maladie mentale est bien plus répandue dans les pays où l'inégalité de revenus est forte.
Encore une fois, les États-Unis sont au sommet
en matière de maladie mentale et le Japon sur l'échelon le plus bas.
Comme vous pouvez le constater d'après ce graphique, la maladie mentale
et l'inégalité de revenus entretiennent un rapport étroit.
Une étude des taux de visite chez le médecin pour obtenir des antidépresseurs
concernant les adultes de 18 ans et plus
entre 1995 et 2002 aux États-Unis,
nous constatons une claire tendance à la croissance de la dépendance aux antidépresseurs.
Les types de troubles les plus fréquemment rencontrés sont bien sûr l'anxiété et la dépression.
Une psychologue nommée Jean Twenge réalisa une étude intéressante
qui mit en évidence que les Américains sont beaucoup plus anxieux qu'autrefois.
Une étude menée sur 52 000 étudiants entre 1952 et 1993
démontra que 85 % de cette population
n'était pas anxieuse au début de cette étude,
mais ce n'était plus le cas en 1996.
À la fin des années 1980, l'enfant américain moyen était plus anxieux
que l'enfant qui était patient d'un psychiatre dans les années 1950.
En ce qui concerne la dépression,
une étude a montré qu'en Grande-Bretagne
le taux de dépression chez les jeunes adultes était deux fois supérieur
à celui enregistré dans un groupe d'environ 10 000 personnes nées en 1970.
10 000 personnes et un taux de dépression doublé entre 1958 et 1970.
Dans l'ensemble, les troubles psychosociaux affectant les jeunes
auraient substantiellement augmenté durant les cinquante dernières années.
En Allemagne, en Italie, au Japon et en Espagne
un jeune sur dix est jugé mentalement malade chaque année.
20% en Grande-Bretagne, et 25% aux États-Unis.
Sur la totalité des effectifs, les taux de maladies mentales sont 5 fois plus importants
dans les pays fortement inégalitaires que dans ceux où elle est relativement faible.
La question qui vous brûle les lèvres est probablement : "Quel est le rôle de la génétique ?"
Je pense que Richard Wilkinson a fort bien résumé le problème :
"Bien que la maladie mentale puisse être affectée
par des variations dans la chimie du cerveau,
personne n'a prouvé que ces changements sont les causes
et non les conséquences de la dépression.
Bien qu'une vulnérabilité génétique puisse provoquer des troubles mentaux, cette première
ne peut expliquer l'énorme augmentation du nombre de malades
au cours des dernières décennies.
Nos gènes ne peuvent changer si vite."
Passons à présent à l'idée de confiance.
Existe aussi l'expression "capital social".
Le capital social peut se définir comme une attitude, un esprit,
la volonté des gens à s'engager dans des activités civiques collectives.
Une forte relation de confiance est donc nécessaire.
Ce graphique indique que les personnes qui sentent qu'elles peuvent avoir confiance
les unes en les autres sont beaucoup plus nombreuses
dans les pays où l'inégalité de revenus est moindre.
Cela va de soi, beaucoup de personnes en conviendront.
Plus l'inégalité de revenus est forte, moins les gens prennent soin les uns des autres.
En fait, la méfiance et l'inégalité se renforcent l'une l'autre, du moins je le pense.
Ce seul sujet pourrait probablement faire l'objet d'une conférence d'une heure.
Qu'est-ce qu'une société où les gens ne peuvent avoir confiance les uns dans les autres ?
Il est important de comprendre que l'idée d'amitié,
qui en définitive implique la confiance,
et les notions qui lui sont associées,
est une idée s'opposant complètement à la mentalité
de compétition et aux théories économiques
axées sur l'intérêt personnel qui prévalent aujourd'hui.
L'empathie, la réciprocité et la coopération relèvent de la bonne santé,
tandis que la suspicion, la lutte et la compétition
impliquent un haut niveau de stress et conséquemment la destruction.
Parlons du stress, car c'est l'un des pires tueurs
que nous connaissions. C'est un tueur qui tue secrètement.
Nous vivons dans une société où l'on est souvent obligé
de jeter un coup d'œil par-dessus son épaule,
où l'on doit se battre pour obtenir quoi que ce soit,
où l'on doit se méfier de pratiquement toute transaction,
compte tenu de l'hypothèse qu'autrui essaie peut-être de nuire à nos intérêts.
Le fait est que nous prospérons socialement grâce à la confiance et la coopération.
Le haut niveau de santé que procurent ces dernières le prouve.
À l'opposé, les structures sociales qui suscitent des relations fondées sur l'inégalité,
l'infériorité et l'exclusion
sont affligées de beaucoup de douleur sociale et de névroses.
Passons aux résultats scolaires.
Ce graphique est très intéressant. Non seulement les enfants des pays
fortement inégalitaires obtiennent des résultats
scolaires inférieurs, mais il est plus probable qu'ils quittent l'école précocement.
Fait intéressant, les effets de la stratification sociale
jouent un rôle incontestable à cet égard.
Par exemple, une étude a été menée en 2004
lors de laquelle on a mêlé 321 jeunes Indiens de haute caste
à 321 jeunes Indiens de basse caste.
On leur a assigné comme tâche de résoudre un problème.
La première fois, leurs castes et statuts sociaux respectifs
n'ont pas été communiqués aux enfants.
Ils ignoraient avec qui ils se trouvaient.
Les résultats de la basse caste étaient supérieurs à ceux de la haute caste.
La seconde fois, on leur a révélé leurs positions sociales respectives :
les enfants de la basse caste ont obtenu de moins bons résultats,
tandis que ceux de la haute caste étaient bien meilleurs.
Il s'agit d'une relation d'infériorité/supériorité psychosociale
qui s'est vérifiée à de nombreuses reprises
lors d'autres études ayant eu les mêmes résultats.
Les gens sont grandement affectés par la perception qu'ont les autres de leur statut social.
Lorsque nous nous attendons à être considérés comme inférieurs, nous nous comportons comme tels.
Les taux d'homicides.
Comme vous pouvez le constater, les États-Unis sont loin devant
en matière de taux d'homicides,
et la tendance de régression indique
que les pays où le taux d'homicides est le plus élevé sont les pays les plus inégalitaires.
En fait, la violence
est probablement l'attribut le plus caractéristique de l'inégalité sociale.
Elle l'est davantage que les attributs que j'ai cités précédemment.
James Gilligan, qui fut psychiatre en milieu carcéral pendant 25 ans
l'actuel directeur du Centre d'étude de la violence de l'Université Harvard
dit ceci de l'expérience qu'il a eue
avec des criminels violents pendant 25 ans :
"Lorsque je leur demandais pourquoi ils avaient agressé quelqu'un,
les détenus avec lesquels je travaillais me répondaient tous
que cette personne leur avait "manqué de respect".
Le mot "irrespect" est central dans le vocabulaire, le système de valeurs morales
et le psychodynamisme de ces hommes chroniquement violents.
Je n'ai jamais vu un acte de violence sérieux qui ne fût pas provoqué
par l'expérience de se sentir honteux, humilié,
et ridiculisé et qui ne représentait pas une tentative de prévenir
ou d'annuler ce sentiment d'avoir "perdu la face",
et ce, quelle que fût la sévérité de la punition encourue.
Nous nous méprenons sur ces hommes à nos risques et périls
si nous ne réalisons pas qu'ils sont sincères
lorsqu'ils disent qu'ils préféreraient tuer, ou mutiler autrui,
ou être tués plutôt que de vivre sans fierté, sans dignité et respect de soi.
Ils préfèrent littéralement la mort au déshonneur."
Il est facile de constater que les rapports de classes
et l'inégalité de revenus peuvent susciter des sentiments d'humiliation,
faire perdre aux gens le contrôle de soi et leur donner l'impression d'être ridicules.
La perte de son emploi est une épreuve souvent démoralisante
pour soi-même et son entourage. Les épouses disent :
"Mon mari est au chômage." C'est une chose démoralisante.
La notion de classe sociale implique celle de hiérarchie.
Au cours de l'histoire, la classe supérieure
a toujours regardé de haut les classes inférieures.
Or, le fait d'être regardé de haut est une expérience humiliante.
Étant donnée la très grande inégalité de revenus
qui sévit aux États-Unis, il n'est pas étonnant que ce pays ait le taux d'homicides
le plus élevé du monde. Ceci nous conduit aux taux d'emprisonnement.
La tendance est également claire :
les taux d'emprisonnement sont beaucoup plus élevés dans les pays inégaux.
Plus un pays est inégalitaire, plus son taux d'emprisonnement est élevé.
Chose intéressante : il ne faut pas relier
les forts taux d'emprisonnement aux seuls taux de criminalité, même si ces derniers
sont élevés dans les sociétés très inégalitaires,
mais également à l'attitude excessivement punitive des autorités
envers ceux qu'elles appellent "les éléments criminels de la société".
En d'autres termes, plus une société est inégalitaire,
plus elle punit durement une faute donnée.
Contrairement à ce qui se passe dans les sociétés moins inégalitaires,
les longues périodes d'incarcération sont plus fréquentes.
Depuis 1984, l'État de Californie a construit
une nouvelle école et vingt nouvelles prisons.
Soit dit en passant, à l'attention de ceux qui sont persuadés
que le système carcéral peut œuvrer à la réhabilitation thérapeutique des détenus,
qu'il peut modifier positivement l'être humain
et son comportement, je citerais à nouveau James Gilligan,
le psychiatre en milieu carcéral :
"La manière la plus efficace pour transformer une personne non violente
en personne violente est de l'incarcérer.
La justice criminelle et le système pénal opèrent
en vertu d'une immense erreur, à savoir la croyance
que la punition dissuadera, préviendra ou empêchera la violence.
En fait, l'incarcération est le stimulus de la violence
le plus puissant qui n'ait jamais été découvert."
Voici un graphique très intéressant : celui de la mobilité sociale.
La mobilité sociale a trait
à la classe sociale dans laquelle vous êtes né
et à votre degré de mobilité sociale
tout au long de votre vie.
Autrement dit, si vous êtes né pauvre,
quelles sont vos chances de devenir riche ?
Comme vous pouvez le voir sur ce graphique, les États-Unis,
berceau du rêve américain,
ont le plus bas taux de mobilité sociale de tous les pays représentés.
Il y a donc de très grandes chances que vous restiez pauvre si vous êtes né pauvre.
De même, si vous êtes né riche,
vous le resterez probablement pour le restant de vos jours.
Lorsque l'on y réfléchit, on se rend compte qu'il s'agit d'une forme de ségrégation de classe.
Cette réalité peut être mise en partie
sur le compte des mécanismes du système financier
qui maintiennent délibérément les classes inférieures
dans la pauvreté et les classes supérieures dans la richesse.
Je vais illustrer mon propos par un exemple
que j'ai déjà utilisé, car il est très important.
Si vous disposez d'un million de dollars et que vous les déposez
sur un compte à 5 % d'intérêts annuels, ce simple dépôt vous permettra
d'engranger 50 000 dollars par an.
Vous faites de l'argent à partir de l'argent, le papier engendre le papier.
Cet argent ne récompense aucune invention, absolument rien.
En revanche, si vous appartenez à la classe moyenne ou inférieure,
si vous avez peu d'argent, il vous faut obtenir un prêt avec intérêts
pour acheter une maison ou si vous voulez utiliser des cartes de crédit.
Puis vous versez des intérêts
que la banque utilise, en théorie
pour payer les 5 % d'intérêts du millionnaire évoqué précédemment.
Cette équation est non seulement révoltante parce que les intérêts
servent à voler le pauvre pour donner au riche,
mais aussi parce qu'elle perpétue la stratification sociale de par sa nature même.
Ainsi, les classes inférieures demeurent pauvres en raison
du fardeau de la dette tandis que les classes supérieures demeurent riches,
puisqu'elles peuvent accroître leur fortune sans travail ni contribution sociale.
Ce mécanisme a pour but de faire perdurer
les attributs de classe
et la ségrégation de classe.
La mortalité infantile.
Elle est plus élevée dans les pays très inégalitaires
que dans ceux qui le sont moins.
Obésité. Idem.
Taux de natalité chez les adolescentes. Idem.
L'innovation. J'adore ce graphique, car il constitue une véritable gifle
infligée aux conformistes qui semblent penser que le système de motivation
fondé sur la compétition et la recherche du profit ne peut que générer
des innovations pour le bien de tous.
Je suis désolé de leur apprendre que ce n'est pas le cas.
Si l'on s'attache au nombre de brevets enregistrés par million d'habitants,
la Finlande, la Suède et l'Irlande font mieux que les États-Unis en matière d'inventions.
Regardons enfin ce graphique qui récapitule toutes les données que nous avons examinées.
Sur ce graphique sont compilés l'espérance de vie, les niveaux en mathématiques,
l'alphabétisation, la mortalité infantile, les homicides, les taux d'emprisonnement,
la natalité chez les adolescentes, les taux de confiance et d'obésité,
les taux de maladies mentales et les taux de mobilité sociale.
Comme vous pouvez le constater, les États-Unis,
où la stratification sociale est la plus forte, obtiennent les pires résultats.
Afin de clarifier cette analyse davantage, voici un graphique sur lequel figure
le revenu absolu par personne et par an relié aux mêmes données.
Ici, il n'y a ni modèle, ni ligne de régression. Les pays se trouvent côte à côte
pour que vous puissiez mesurer la viabilité de cette information.
Ce graphique met clairement en évidence les conséquences
de l'inégalité de revenus sur l'environnement social d'un pays donné.
En guise de point final à ce thème des conséquences de l'inégalité,
je vais vous parler d'une étude intitulée "l'étude Whitehall"
qui est constituée de deux étapes et s'étend sur une période de 60 ou 70 ans.
Le professeur Michael Marmot du département d'épidémiologie
et de santé publique de l'University College de Londres
a été le directeur de ces études.
Il a utilisé le système de la fonction publique britannique comme groupe de sujet d'étude
et il a été découvert que la qualité de la santé varie
au sein des sociétés industrielles. Il ne s'agit pas seulement d'un constat
de mauvaise santé pour les classes défavorisées et de bonne santé
pour les autres. Une chose nouvelle était en train de se produire.
Rappelez-vous qu'en Grande-Bretagne les soins de santé sont socialisés.
Tout le monde a donc
un accès équivalent aux soins.
Il semblerait néanmoins qu'il existe une distribution sociale de la maladie,
du haut de l'échelle socio-économique jusqu'aux échelons les plus bas
et que les types de maladies contractées varient en fonction de l'échelon social des sujets.
Par exemple, ceux qui se trouvent sur les échelons les plus bas
ont quatre fois plus de chances de mourir d'une maladie cardiaque
que ceux qui se trouvent sur les échelons les plus hauts.
Or, ce modèle est à un certain degré indépendant de l'accès au système de santé.
Ce n'est qu'un exemple parmi d'autres.
Il existe un ensemble variable de problèmes de santé
que ne peut expliquer le revenu absolu.
En fait, il faut s'orienter vers les réactions au stress
si l'on veut faire des recherches sur l'origine de ces maux.
Ainsi, même dans un pays muni d'une couverture santé,
plus une personne a des problèmes financiers et se trouve bas sur l'échelle socio-économique,
plus son niveau de santé risque d'être médiocre.
Autrement dit, les gens qui sont au sommet de l'échelle socio-économique vivent plus longtemps,
jouissent d'une meilleure santé
et souffrent moins d'incapacités physiques,
tandis que ceux qui sont au bas de cette échelle meurent plus jeunes
et sont accablés par le fardeau des incapacités physiques et des maladies.
Cela prend à nouveau la forme de variations et l'on constate
que de la classe sociale la plus haute à la classe sociale la plus basse,
chaque échelon de cette échelle socio-économique
représente un changement de la qualité
de la santé d'un individu.
Cela sous-entend qu'un grand nombre de données statistiques nous suggère
que vivre au sein d'une société plus égalitaire permettrait à 99,9 % de la population
de bénéficier d'un bon niveau de santé et d'être plus productive.
Seuls ceux qui se trouvent tout en haut de l'échelle socio-économique
ne sont pas concernés par la maladie
appelée inégalité sociale.
J'espère que vous avez tous compris que tout le monde profitera de l'égalité.
Étant donnée cette réalité, nous pouvons nous poser
la question suivante : quelle est la véritable
cause psychosociale de tous ces problèmes ?
Quels sont les mécanismes dominants
qui soutiennent la division de classes et implicitement
les névroses et les maladies que cette dernière génère ?
Il n'est pas nécessaire de chercher bien loin pour obtenir une réponse plausible.
La programmation culturelle du système de marché n'est autre que l'industrie de la publicité,
dont le rôle est de perpétuer les valeurs consuméristes qui nous entourent.
En fait, son rôle est beaucoup plus important.
L'industrie de la publicité ne se contente pas d'inciter les gens
à acheter des biens afin que les entreprises fassent du profit.
Les valeurs matérialistes et consuméristes
ont une importance extrême pour le bon fonctionnement de l'économie mondiale.
Sans ces valeurs, le système s'effondrerait.
Permettez-moi de vous expliquer pourquoi.
Au cœur de l'économie telle que nous la connaissons
se trouve l'inaltérable besoin d'une consommation constante,
perpétuelle et cyclique.
La base entière de ce que nous appelons "la croissance économique",
celle-ci renvoyant à des indicateurs économiques comme le PIB
qui sont supposés mesurer le progrès social et autres,
n'est rien de moins que l'être humain qui constamment et perpétuellement achète et vend
encore et encore.
Si les êtres humains ne consommaient pas,
les entreprises ne pourraient pas payer leurs employés.
Si un employé ne pouvait être payé, cet employé, qui est aussi un consommateur,
ne pourrait dépenser l'argent que lui rapporte sa fonction
et contribuer ainsi à la perpétuation du cycle de la consommation.
Si les gens ne dépensaient pas constamment leur argent,
la structure économique entière, qui inclut le système de travail
en son entier, s'effondrerait complètement.
Étant donnée cette réalité, la plus haute priorité de toute entreprise
et de tout gouvernement qui se préoccupe de l'économie du pays qu'il dirige
est de s'assurer que la population trouve un intérêt immédiat
à consommer constamment.
Les États-Unis furent originellement fondés
sur un certain degré d'éthique protestante du travail,
sur une vision protestante du monde
au sein de laquelle l'épargne était une valeur dominante.
Les choses ont bien changé depuis cette époque :
les agences de publicité n'exaltent plus l'utilité,
mais l'attraction émotionnelle
et la possibilité d'améliorer son statut social.
Ainsi, les Américains consomment aujourd'hui deux fois plus
qu'à la fin de la Seconde Guerre mondiale.
Voici une note historique intéressante :
Edward Bernays était une figure de proue dans le domaine que j'appellerais
"le détournement de valeur". C'est son livre
intitulé "Propagande" qui l'a rendu célèbre.
Beaucoup de gens l'ont acheté, y compris Joseph Goebbels.
Les grandes entreprises ont loué les services de Bernays
pour qu'il les aide à inciter la population
à acheter des biens dont elle n'avait pas besoin.
Un nouveau monde matérialiste, où règnent les associations empreintes de névrose
et "la consommation ostentatoire" qu'a étudiée Thorstein Veblen,
fit son apparition à cette époque et n'a eu de cesse de prendre de l'ampleur.
Aujourd'hui, les besoins humains sont totalement pervertis
puisqu'ils sont devenus des besoins imposés, suggérés
par les mécanismes incitant à consommer tels que la publicité et le marketing.
Plus une population est mécontente et malheureuse,
mieux se portent les agences de publicité et les entreprises.
Le consumérisme se nourrit d'un sentiment d'infériorité et de la conscience qu'ont les gens de leur image.
Il est intimement lié aux notions d'identité et de statut social.
L'endoctrinement est étonnamment si puissant que le consumérisme est considéré
par la plupart des sociétés comme reflétant une sorte d'intérêt fondamental de l'homme,
comme s'il reflétait même la nature humaine.
Cette croyance est bien sûr sans fondement. En fait, notre besoin névrotique de consommer
reflète notre nature profondément sociale et la grande influence
que la programmation sociale exerce sur nous,
notre statut social, nos possessions, les apparences
et toutes les autres choses qui font pression sur nous.
Sur ce, je vais passer à la transition
vers la deuxième partie de cet exposé.
En guise de pont entre ces deux sections,
je soulignerais que les modèles de consommation de la plupart des gens,
que génère leur statut social, surtout aux États-Unis,
causent beaucoup de stress social
et que celui-ci est responsable de nombre des problèmes évoqués plus avant.
La propension à une consommation cyclique constante
qui est nécessaire pour que puisse fonctionner l'économie mondiale
met également clairement en évidence des tendances
grandement préjudiciables à notre environnement naturel,
ainsi qu'une dégradation continuelle de la civilisation que nous connaissons.
La stupide consommation ostentatoire, qui permet d'accroître le PIB,
est à l'origine de la destruction de nos ressources naturelles.
Deuxième partie : Le pronostic
Les questions de bien-être et de qualité de vie et de leur rapport
avec l'inégalité sociale représentent un gros problème.
Cependant, il faut reconnaître que ce n'est pas parce que l'obésité,
la violence, les maladies, les troubles mentaux, l'égoïsme,
la méfiance et l'analphabétisme sont en progression
qu'il faut forcément y voir les conséquences d'un effondrement social
que nous avons commencé à observer.
Nous allons donc mettre de côté pendant un moment le thème
du bien-être élémentaire de l'humanité pour nous focaliser
sur les mécanismes du système social
et les problèmes d'ordre majeur qu'ils engendrent.
Bien, voici la situation.
Une des choses les plus cruciales à comprendre,
qui, sans l'ombre d'un doute, prouve
la nature non durable du système social actuel et met en relief
la relation catastrophique qu'il entretient avec la nature, est la suivante :
en raison du mode de fonctionnement du système monétaire et donc
du système de marché, nous sommes les prisonniers d'un paradigme impossible
dont les deux principes fondamentaux s'excluent mutuellement :
le besoin d'une consommation incessante, autrement dit, d'une croissance infinie,
se heurte à la nature finie de notre planète
et donc aux lois physiques de la nature.
Il ne peut pas y avoir une croissance infinie du commerce et de la consommation
au sein d'un système fermé comme la planète Terre.
La planète Terre est un système fermé.
Je vais fournir des précisions à ceux qui ne comprennent pas bien cela.
La planète Terre est un système fermé au regard de ses ressources naturelles.
Toutes les sources d'énergie que nous exploitons
ont des temps de création qui excèdent considérablement
l'espérance de vie d'un être humain.
Par exemple, les autres combustibles fossiles
ont un temps de création qui dépasse les cent millions d'années.
Il en va de même pour les ressources minières.
La création des 4400 minéraux que l'on connaît aujourd'hui
a pris une énorme quantité de temps.
Plus de 3 milliards d'années se sont écoulées
pour que les diamants que l'on trouve aujourd'hui apparaissent.
Étant donnée cette réalité environnementale, il me semble évident
que toute société terrestre devrait avoir pour souci principal
la préservation des ressources de la Terre, n'est-ce pas ?
En fait, toute structure économique devrait avoir pour fondement
et pour priorité numéro un
la préservation des ressources de la planète.
Pourquoi ? Parce que lorsqu'elles seront épuisées, elles seront épuisées.
Par exemple, malgré le haut niveau de la recherche scientifique,
nous ne pouvons prendre un pneu, dont la fabrication a nécessité 20 ou 25 litres de pétrole,
et le reconvertir en combustible.
Plutôt que de mettre en place un système logique de gestion
des ressources naturelles où l'on s'efforcerait d'orienter stratégiquement
notre utilisation de ces éléments précieux et finis,
nous avons préféré instaurer un système beaucoup plus intéressant
qui s'appelle "le paradigme économique de la croissance infinie".
Actuellement, nous extrayons autant de ressources que nous pouvons
pour les transformer en produits de consommation et nous nous manipulons
les uns les autres afin que certains d'entre nous en tirent profit.
En vérité, le fondement de l'idéologie du libre-marché
est d'utiliser et d'échanger le plus de ressources possible,
aussi vite que possible, afin de générer le plus d'argent possible
et ce dernier est utilisé pour exploiter toujours plus de ressources.
Nous avons créé une structure globale mue par l'argent et le profit
se traduisant par un protocole d'échanges circulaires
qui implique que l'argent doit passer du consommateur à l'employeur
et de l'employeur au salarié, qui est lui-même un consommateur.
Or, la seule façon de pérenniser ce modèle
qui maintient l'emploi, nourrit les gens, fait croître le PIB et la Bourse
est d'appliquer la règle selon laquelle
les biens et les services, qui sont issus de réserves énergétiques limitées,
doivent être constamment exploités et vendus sans se soucier
de la pertinence ou de l'utilité de ce comportement, ni de l'état de nos ressources.
Je ne pourrais pas trouver une manière plus destructrice
d'organiser la société.
Ce qui est triste, c'est que les gens ne s'en rendent pas compte.
Ils ont été conditionnés à croire en des idéologies
qui ont pour nom capitalisme, communisme et socialisme. Eh bien, vous savez quoi ?
Toute idéologie sociale, ou socio-économique, qui ne se rapporte pas directement
aux ressources de la planète, c'est-à-dire aux attributs
de notre environnement, attributs qui nous maintiennent en vie,
est une idéologie inapplicable et donc non pertinente.
Prenons le cas des combustibles fossiles.
Notre économie est tributaire des hydrocarbures comme vous le savez.
L'intégralité de notre structure économique, c'est-à-dire la production,
la distribution, l'agro-alimentaire, les transports, etc.,
est entièrement fondée sur l'énergie issue des combustibles fossiles.
Pour chaque calorie d'énergie de nourriture produite, dix calories
d'énergie hydrocarbonée sont actuellement consommées dans le monde industrialisé.
Voici M. King Hubbert. Il était géophysicien et,
chose assez intéressante, technocrate.
En 1956, M. King Hubbert a fait la prédiction
que la production globale de pétrole aux États-Unis atteindrait son maximum
aux alentours de 1970. Il a bien sûr été ridiculisé,
moqué et méprisé par l'establishment scientifique.
Il avait malheureusement raison.
La production pétrolière américaine a atteint son pic en 1970.
Des études montrent aujourd'hui que les découvertes de gisements pétroliers
dans le monde atteignirent leur pic à peu près au même moment.
La date exacte est sujette à débat, mais cela ne change rien.
Avant d'aller plus loin, j'aimerais répondre aux questions suivantes :
"Comment savons-nous que ces statistiques sont fiables ?"
"Comment savons-nous que les instituts de recherche pétrolière
n'ont pas connaissance des gisements pétroliers non découverts ?"
"Comment savons-nous que les compagnies pétrolières
qui détiennent les données ne nous mentent pas pour augmenter leurs profits ?"
Ce sont de bonnes questions, mais le déclin des États-Unis
ne fait aucun doute. Nous importons aujourd'hui
plus de 70 % du pétrole que nous consommons.
En ce qui concerne le pic pétrolier mondial,
il suffit de regarder les données de forage
des plus grandes compagnies pétrolières, qui ont prospecté
presque partout où c'est légalement possible,
pour constater que presque toutes désespèrent de découvrir de nouveaux gisements.
Sur notre planète, le pétrole, dont la création a pris
cent millions d'années, finira par disparaître, et ce,
en dépit de votre opinion concernant son taux d'épuisement.
Son exploitation est une pratique non durable.
Je ne m'attarderai pas sur les dangers que la combustion des combustibles fossiles
fait peser sur l'environnement,
car nous en avons tous entendu parler.
Soit dit en passant, il n'est ni irrationnel,
ni précipité de considérer que le problème du pic pétrolier
pourrait avoir un rapport avec le fait que les États-Unis, qui consomment
25 % de l'énergie mondiale, mais ne comptent que
5 % de la population mondiale,
disposent des plus grandes bases militaires
de l'histoire au Moyen-Orient, des bases
qui ne seront peut-être jamais démantelées.
Obama a d'ailleurs déclaré que 50 000 soldats resteront dans
cette région pour une durée indéterminée.
C'est le type qui a obtenu le prix Nobel de la paix.
Il faut dire que nous nous évertuons à sonder et à agiter
les pays de cette région, tels que l'Iran, qui détiennent la majorité
des réserves restantes de pétrole de la planète. Pensez-y.
Si vous prenez un moment pour vous pencher sur les relations
entre le pic pétrolier, le système économique et la géopolitique,
autrement dit avec la présence américaine au Moyen-Orient,
la situation mondiale vous semblera beaucoup plus claire.
M. King Hubbert a déclaré :
"Nous connaissons une crise de l'évolution de la société humaine.
C'est une situation unique dans les histoires humaine et géologique.
Cela ne s'est jamais produit et cela ne se reproduira plus.
Le pétrole ne peut être exploité qu'une seule fois.
Bientôt, tout le pétrole aura été brûlé et tous les métaux auront été extraits et utilisés.
C'est évidemment un scénario catastrophe,
mais nous disposons de la technologie.
Tout ce que nous avons à faire est de revoir complètement notre culture
et trouver une alternative à la monnaie.
Nous ne partirons pas de zéro. Nous disposons d'une
énorme quantité de connaissances techniques.
Il suffit de les rassembler.
Si nous ne stabilisons pas la société,
nous courons à la catastrophe.
Il faut donc que nous abandonnions deux axiomes de notre culture :
l'éthique du travail actuelle et l'idée que la croissance est un état normal de la vie."
[Applaudissements]
Hubbert poursuit le raisonnement dans un article
intitulé "Deux systèmes intellectuels : l'énergie matière et la culture monétaire",
écrit en 1981 : "La civilisation industrielle actuelle
est handicapée par la coexistence
de deux systèmes intellectuels universels incompatibles :
la connaissance accumulée des quatre derniers siècles
au sujet des propriétés et des interrelations entre matière
et énergie s'oppose à la culture monétaire
qui remonte à des traditions préhistoriques."
Il est tout simplement impossible de concilier une société obnubilée
par la croissance constante avec le désir de maintenir la stabilité.
Nous avons à notre disposition un grand nombre d'énergies alternatives,
de possibilités d'infrastructures et des procédés d'implémentation sophistiqués
qui contribueraient à réduire drastiquement notre dépendance vis-à-vis
des combustibles fossiles et ouvrir la voie à un monde
où nous serions libérés de cette dépendance.
On ne verra malheureusement pas cela de sitôt,
car le paradigme économique qui est le nôtre
est à l'origine d'un sérieux problème que nous devons résoudre
et que j'appelle "la paralysie de l'establishment".
À ce stade de l'évolution humaine,
notre dépendance vis-à-vis de l'énergie hydrocarbonée est énorme.
Or, lorsque les gens entendent parler de l'épuisement
des combustibles fossiles, ils préfèrent émettre l'hypothèse naïve
selon laquelle l'establishment est en train de préparer une transition
pour sortir de notre dépendance aux hydrocarbures
ou, encore mieux, que l'establishment a les moyens
de créer cette transition.
Pour comprendre à quel point il est difficile
de sortir du paradigme énergétique établi,
il est nécessaire de se rendre compte que d'un point de vue financier
on rencontre très peu de motivation pour passer à un autre système.
Une institution inféodée au système monétaire
ne saurait se comporter autrement.
Cela peut sembler étrange à nombre d'entre vous,
mais le fait est que la rareté de l'énergie
et, il faut le dire, l'écroulement de la société
sont censés rapporter une somme exorbitante d'argent.
Je vous rappelle que notre système économique est fondé
sur l'augmentation et la diminution de la production d'argent.
Si l'on se réfère au document de Citigroup que j'ai cité tout à l'heure,
on constate que ceux qui sont au pouvoir ont tendance à se soucier davantage
du court terme, des bénéfices financiers immédiats que rapporterait
le fait d'être à court d'énergie, que des choses indispensables à la vie
que fournit l'énergie.
Lorsque l'on se penche sur l'histoire, on constate que l'on s'inquiète
depuis longtemps de l'épuisement des combustibles fossiles.
Dans les années 1960 et 1970, de nombreux scientifiques ont eu l'intuition que notre infrastructure énergétique
serait complètement différente en l'an 2000.
Pourquoi l'administration Reagan a-t-elle fait démonter les panneaux solaires
que Jimmy Carter avait installés sur le toit de la Maison-Blanche ?
Pourquoi le gouvernement américain, secondé par les compagnies pétrolières,
a-t-il fait en sorte que la voiture électrique ne se développe pas aux États-Unis ?
La réponse est évidemment que notre système basé sur le profit
a une propension naturelle à stopper tout changement
qui met en évidence le caractère obsolète de l'establishment précédent.
La propension à stopper les changements productifs pour préserver
les parts de marché et les profits de quelques groupes privilégiés
est probablement l'attribut de l'actuelle situation le plus sujet à critique.
Pensez-y.
Lorsque vous créez une entreprise, vous embauchez des employés
et générez des revenus.
Vous avez créé une institution dont vous et vos collègues dépendez
pour obtenir des revenus et donc survivre. Par conséquent,
vous ferez ce que vous devez faire pour vous préserver ainsi que l'entreprise
qui garantit votre niveau de vie.
En d'autres termes, la myopie intellectuelle,
le manque de vision est inhérent à ce genre d'entreprise.
Cette nécessité de survivre, qui n'existe que dans notre
système orienté vers le profit,
est ce qui empêche les changements nécessaires de se produire.
Je pourrais citer bien des exemples d'innovations
qui ont été mises de côté, car elles étaient soit trop efficaces, soit trop durables
pour que le marché puisse les absorber, ou pas assez rentables
ou encore parce qu'elles auraient contribué
au démantèlement d'industries, mettant ainsi des gens au chômage.
La dimension humaine de cette situation est indéniable.
Il s'agit d'un reflet de notre société que de dire :
"Ce serait probablement mieux pour la société,
mais je dois gagner de l'argent maintenant.
Je dois donc mettre de côté la transition pour le moment."
Ce ne sont pas de mauvaises personnes pour autant.
Ils ne sont que les fruits du système en vigueur.
En même temps, n'oublions pas que le système de marché
a besoin de l'existence de problèmes constants. Si l'on veut que la population
continue de consommer et de s'intéresser aux produits,
les problèmes et l'influence culturelle sont nécessaires.
D'une manière générale, plus il y a de problèmes,
mieux se porte l'économie. Dans ce système, il est bon
que les voitures tombent en panne,
que les gens contractent un cancer
et que les ordinateurs deviennent rapidement obsolètes.
Pourquoi ? Parce que cela rapporte beaucoup d'argent.
Pour le dire en une phrase : le changement, l'abondance et l'efficacité
sont les ennemis de la structure de profit.
Les avancées progressives de la science
et de la technologie, qui peuvent résoudre les problèmes d'inefficacité et de rareté
une fois pour toutes, ont en effet rendu obsolètes
les maux qu'entretient l'establishment.
Ainsi, dans un système monétaire, les entreprises
ne sont pas seulement en concurrence avec d'autres entreprises,
elles sont également en concurrence avec le progrès lui-même.
[Applaudissements]
Merci.
C'est pourquoi il est si difficile
de susciter le changement au sein du système monétaire.
Vous ne pouvez pas être conscient
de la convention sociale au sein de laquelle l'inefficacité, la rareté et la misère
rapportent de l'argent et vous attendre à une
rapide incorporation d'innovations qui pourraient supprimer ces problèmes.
À présent que vous avez assimilé cela, revenons au problème de l'énergie.
Je tiens à souligner le problème suivant : outre le fait
que des groupes de privilégiés veulent continuer d'amasser
des fortunes, tandis que le reste de la population souffre
et que les institutions énergétiques n'entendent guère
renoncer à leurs profits afin de changer les sources d'énergie de la société,
il faut aussi tenir compte
d'une très dure réalité qu'en raison des dettes impayées
la Terre est essentiellement en banqueroute,
aussi drôle que cela puisse paraître.
Il est fort probable qu'il n'y ait pas assez d'argent pour remédier à cette situation.
Nous devons exercer notre esprit critique sur cet état de choses.
Aussi extraordinaires que soient les potentiels
en matière d'énergies renouvelables, d'énergie solaire, géothermique,
marémotrice, etc., potentiels étudiés en profondeur et qui dépassent
de plusieurs milliers de pour cent la consommation énergétique mondiale,
nous continuons à nous heurter au problème
du financement des infrastructures nécessaires à la transition.
Comment créer de nouvelles infrastructures énergétiques
alors que nos gouvernements sont endettés ?
Lorsqu'une série de banqueroutes systémiques se produit
en Europe, ce n'est qu'une question de temps avant que les États-Unis soient aussi concernés.
Étant donnée la conjoncture, et malgré l'urgence de la rénovation
qu'appelle le pic pétrolier, comment pourrions-nous avoir les moyens
d'entreprendre une transition vers les énergies renouvelables
avant que la pénurie de pétrole ne s'accentue
en raison de l'augmentation de son prix provoquée par l'offre et la demande ?
Une étude réalisée par un expert suédois prédit qu'en 2030
le monde consommera dix barils de pétrole
pour chaque nouveau baril découvert ou extrait.
2030 n'est pas une date très éloignée.
Or, que pouvons-nous attendre des États-Unis
dont la dette dépasse les douze trillions de dollars et qui sont à peine capables
d'honorer leurs paiements aux autres gouvernements, lorsque le chômage
est très élevé et que les programmes sociaux sont supprimés ?
Nous vendons déjà nos infrastructures à des pays étrangers.
Comment pouvons-nous espérer changer d'infrastructures énergétiques ?
L'énergie n'est qu'un exemple parmi d'autres.
Nous sommes confrontés à beaucoup d'autres problèmes.
En 2008, le directeur général de l'AIEA a déclaré que la modernisation de l'approvisionnement
et des infrastructures énergétiques mondiales
coûterait 22 trillions de dollars en investissements d'ici 2030.
22 trillions de dollars ! Croyez-vous que les banques centrales vont s'en tirer
en imprimant de plus en plus d'argent sans provoquer d'inflation
ou l'augmentation de la dette publique
qui pourrait précipiter l'effondrement de ces derniers ?
Rappelez-vous que l'argent vient à l'existence grâce aux prêts.
Toute chose a un début. Tous les dollars
qui se trouvent dans vos portefeuilles sont dus à quelqu'un par quelqu'un.
Cette remarque nous conduit à nouveau au cœur de la maladie :
le système économique basé sur la monnaie ou "Le Jeu".
Je lui ai donné ce nom, car il n'est rien d'autre
et n'a toujours été qu'un jeu.
Or, nous pouvons changer de jeu quand nous le voulons.
Nous devons convaincre ceux qui gagnent à ce jeu
de laisser leurs jetons pour un moment
pour qu'ils se demandent si le jeu auquel ils jouent sera rémunérateur sur le long terme.
Un rapport de l'AFP met en évidence que le taux actuel de l'exploitation
des ressources de la Terre ne pourra pas perdurer bien longtemps.
Ce rapport déclare : "Actuellement,
l'humanité consomme chaque année l'équivalent en ressources
de près d'une Terre et demie pour satisfaire ses besoins."
Le Global Footprint Network, un groupe de réflexion international,
déclare :"Nous imposons à la nature (en exploitant ses ressources
et en émettant du CO2) un taux de régénérescence et un taux de réabsorption
qui sont 44 % plus rapides que ceux qu'elle peut supporter.
Ceci signifie qu'il faut à la Terre près de 18 mois pour produire
les éléments écologiques dont l'humanité a besoin pour un an.
Or, si cette dernière continue à exploiter les ressources naturelles
et à produire des déchets au rythme actuel, nous aurons besoin
des ressources de deux planètes pour subvenir
à nos besoins d'ici à 2030.
Ce niveau gargantuesque de l'exploitation écologique
pourrait provoquer l'effondrement de l'écosystème mondial".
Malgré tout, les gens qui entendent ce genre de discours
l'associent avec la pensée malthusienne.
Ils sont persuadés que nos modèles de consommation
sont définis et qu'ils ne changeront pas.
J'ai lu récemment une statistique concernant les gaspillages
perpétrés par certaines industries. Une partie de mon nouveau film y sera consacrée.
J'ai découvert qu'en moyenne 75 % des produits fabriqués
relèvent du gaspillage.
75 % de la production est du gaspillage.
En outre, 90 % des produits mis en circulation
se retrouvent dans une décharge
dans les six mois qui suivent.
Il ne s'agit pas d'un comportement humain naturel,
mais plutôt de l'obsession du système social de maintenir une consommation constante
qui nourrit la croissance économique.
Une étude menée par le IRRC prédit que d'ici à 2025
les deux tiers de la planète vont connaître la rareté de l'eau potable.
Les deux tiers de la planète d'ici à 2025.
De nombreux pays commencent à se tourner vers les processus de désalinisation.
Aussi, plus d'un milliard de personnes souffrent de la faim dans le monde.
Étant donnés tous les problèmes que j'ai évoqués
et l'actuelle crise financière, pensez-vous
que les choses vont aller s'améliorant ?
Au cas où vous n'en auriez pas conscience, sachez que les problèmes
de la rareté de l'eau potable et de la nourriture sont à 100 % économiques.
Il existe plusieurs processus de désalinisation
qui pourraient convertir l'eau salée en eau douce
dans les pays pauvres, mais devinez quoi ?
Dans ces pays, personne n'a assez d'argent pour mettre en œuvre ces processus
de désalinisation. De même pour la nourriture.
La science a tellement progressé
que l'agriculture peut désormais se passer des terres arables,
qui d'ailleurs s'érodent au rythme de 2,5 cm par an
en raison des méthodes d'agriculture intensive.
Veuillez noter que la création d'une nouvelle couche arable prendra environ 500 ans.
Si les seules agricultures hydroponique et aéroponique étaient appliquées correctement,
elles pourraient nourrir tous les habitants de la planète sans gaspiller l'eau
ni recourir d'une façon excessive aux engrais chimiques azotés.
En fait, on pourrait construire ces installations
sur les terres épuisées. Ce serait des installations étagées.
On pourrait même construire des gratte-ciel consacrés à la production
de nourriture organique à un niveau industriel.
Mais qui a l'argent nécessaire à la construction de ces installations ?
Ce qui est triste et rageant, c'est que
plus la crise sociale s'amplifiera,
plus on entendra parler d'exploitation humaine, de crimes et d'abus en tous genres.
Aux États-Unis nous pensons que l'esclavage fut aboli il y a plusieurs décennies,
mais force est de constater qu'il y a aujourd'hui plus d'esclaves
dans le monde qu'à n'importe quelle autre époque de l'histoire,
étant donné la définition du mot "esclave".
En effet, de nos jours, les esclavagistes ne possèdent pas des personnes :
ils se contentent d'appliquer les règles de la globalisation
qui impliquent l'exploitation d'une main-d'œuvre bon marché.
Je ne parlerai pas davantage
des caractéristiques négatives inhérentes au système en vigueur,
ni de l'effondrement social en cours
qui, selon moi, ne prendra pas fin avant longtemps, voire jamais,
à moins que nous n'empruntions la voie de la durabilité.
Les dettes personnelles et privées, par exemple,
sont aujourd'hui si élevées qu'un quelconque type de stabilité
ne pourra pas voir le jour avant que plusieurs bulles économiques n'aient éclaté.
Avant d'aborder la dernière partie de cet exposé,
qui consiste en une introduction au Projet Venus
et à l'Économie Basée sur les Ressources, permettez-moi de résumer mon propos
en disant que la structure économique fondée sur le paradigme monétaire
que nous connaissons est la source de la majorité
des problèmes auxquels est confronté le monde.
Or, si le cancer qui ronge le système actuel continue à se propager
au même rythme, si les propensions malignes continuent à se répandre à travers le globe,
propensions sans rapport avec le monde naturel et la capacité
de charge de la Terre et sont responsables de la destruction des ressources limitées
si ces tendances délétères se poursuivent,
nous connaîtrons un effondrement dont nul n'a idée.
Bien sûr, nous n'allons pas nous réveiller un jour au milieu
d'un no man's land. Les choses vont plutôt se détériorer jusqu'à un point
où les valeurs et la culture baigneront dans une telle confusion
que l'on en viendra à justifier la baisse du niveau de la qualité de vie.
Les gens accepteront une baisse d'un niveau de vie
qui ne cessera de se détériorer.
De graves problèmes susciteront des accents dramatiques,
surtout lorsqu'on abordera
la crise énergétique qui se profile à l'horizon.
Quelque chose de radical doit être fait, car nous approchons de la phase terminale.
Troisième partie : Le traitement
Deux aspects doivent être pris en compte lorsqu'on cherche à résoudre ces problèmes.
Le premier est la mentalité régnant au sein de la culture en vigueur,
la nature des programmes culturels.
Le second aspect est la structure actuelle du fonctionnement social.
J'ai déjà dit que ces deux caractéristiques sont profondément liées.
En ce qui concerne le premier problème, celui du conditionnement culturel,
en tant que mouvement nous devons avoir recours à ce que j'appelle
"la thérapie sociale".
La thérapie sociale a trait à l'ajustement des valeurs d'une société
au changement des programmes de valeurs.
Nous devons avoir des valeurs durables afin de soutenir des pratiques durables.
Je pense que le premier programme qu'il faut que nous désinstallions
de notre matériel mental est la distorsion sociale
ayant la consommation ostentatoire pour conséquence.
Celle-ci étant exaltée par des agences de publicité à la solde des entreprises.
L'orientation de valeurs qui nous pousse à accumuler
des choses, sans nous soucier de leur utilité ou de leur fonction, relève d'une idéologie
non durable puisque notre planète est finie.
Le consumérisme et le matérialisme sont des maladies
culturellement créées aux fins de perpétuer la consommation cyclique
qui elle-même alimente le système de marché et le système de travail.
Le Mouvement Zeitgeist tente de faire prendre conscience de cet état de choses.
Nous ne pourrons rien faire tant que les gens n'auront pas compris la nécessité d'une nouvelle direction.
C'est pourquoi nous sommes rassemblés ici, maintenant,
c'est pourquoi cet exposé est diffusé sur Internet,
c'est pourquoi ceux qui s'impliquent dans le mouvement travaillent,
non pour créer des infrastructures dès aujourd'hui, mais pour essayer de répandre nos valeurs.
Nous aborderons les directives du mouvement lors de la seconde partie de cet événement.
Étant donnée l'actuelle structure de la société,
je crains que nous ne soyons obligés de réclamer sa révision complète.
Et c'est là que le Projet Venus entre en jeu.
Je vais exposer ce que je considère comme étant les six conditions principales
à remplir pour passer à une Économie Basée sur les Ressources :
1. Nous devons passer d'une économie de croissance à une économie d'équilibre.
Le paradigme de la croissance infinie et ses conséquences cancéreuses
doit être anéanti avant qu'il ne soit trop ***.
En dernière analyse, compte tenu du niveau atteint par la technologie,
nous proposons l'élimination absolue du système monétaire.
Aucune réforme ne saurait mettre fin aux destructions causées par ce système.
Nous sommes responsables de la rareté et du gaspillage
que nous voyons dans notre environnement,
et non quelque processus naturel ou tendance malthusienne.
Non seulement le besoin d'argent n'est plus pertinent,
mais il est en plus préjudiciable.
2. Nous devons passer d'un système primitif fondé sur la compétition,
l'invention personnelle et le travail salarié à un système collaboratif.
Tous les biens qui sont actuellement produits dans notre société sont de piètre qualité
en raison de la nécessité de maintenir des coûts compétitifs sur le marché,
et ce système concurrentiel engendre beaucoup de corruption.
Je reconnais que la motivation que suscite l'esprit de compétition
peut entraîner la production de quelques biens et services de qualité,
mais ce point positif est complètement éclipsé
par l'obsolescence planifiée inhérente au système en vigueur
ainsi que par l'indifférence environnementale générale
que génère la nécessité d'être plus compétitif que les autres.
Imaginez un instant que les meilleurs ingénieurs
des grandes entreprises automobiles, plutôt que de se faire concurrence,
décident de collaborer, afin de fabriquer
la meilleure voiture que permette la technologie d'une époque donnée.
Imaginez que nous établissions un système de motivation
qui incite les gens à unir leurs efforts pour créer les meilleurs produits
sans cette rivalité qui entraine la production de biens de mauvaise qualité.
Pensez-y. Nous pourrions vivre dans un monde open-source
où toutes les entreprises travailleraient de concert
pour produire des biens dont tout le monde bénéficierait.
Pensez-y. le progrès ferait un bond incroyable,
puisque nous épargnerions une énorme quantité de ressources,
en évitant de fabriquer plusieurs versions d'un même produit,
deux entreprises rivales ne fabriqueraient plus le même produit,
leur travail collaboratif représenterait une forme de préservation.
3. Nous devons abandonner nos méthodes industrielles morcelées et dispersées
pour un système centralisé et planifié constitué de fonctionnalités rationnelles.
Il est absolument insensé d'importer des fraises du Brésil, des bananes de l'Équateur,
ou de l'eau minérale des îles Fidji,
des biens qui pourraient être produits localement.
À l'instar des systèmes de ville de Jacque Fresco,
il faut être le plus autonome possible.
Nouvel exemple : considérez les parcours de la production
de l'extraction des matières premières à la distribution en passant par la création
des composants préliminaires et leur assemblage.
Le transport des éléments tient une place importante
dans ce processus, ce qui occasionne le gaspillage
d'énormes quantités d'énergie.
Si nous rationalisons tous les processus de la société,
les choses seront beaucoup plus fluides qu'elles ne le sont.
Pensez aux conséquences de cela.
Pour approfondir cette idée, dans un exposé que j'ai intitulé "Où allons-nous ?",
j'ai décrit de A à Z une approche globale
d'une organisation en réseau
qui n'est autre qu'une économie basée sur les ressources.
J'ai également précisé pourquoi nous avions retenu tels paramètres.
Faute de temps, je ne vous donnerai qu'un aperçu de mon raisonnement
à ceux qui ne se sont jamais penchés
sur aucun système social, hormis celui que nous connaissons aujourd'hui.
C'est très simple : la Terre est un système et doit être traitée comme tel.
Étant donné qu'il y a des ressources dispersées sur toute sa surface,
nous devons mettre en place un système qui puisse contrôler ces ressources,
c'est-à-dire une infrastructure technologique globale.
Ceci implique l'installation d'un système de rétroaction global,
prenant en compte la capacité de charge de la Terre.
Cette dernière étant même à l'origine de toute décision industrielle.
La première étape consiste à passer en revue toutes les ressources naturelles de la Terre.
Il est impossible de prendre des décisions intelligentes
si l'on ignore sur quoi portent précisément ces décisions.
Nous devons d'abord connaître les caractéristiques
des composants terrestres afin d'en tirer des conclusions
sur nos capacités.
Il y a beaucoup de ressources naturelles à prendre en compte,
mais je vais à nouveau me focaliser sur l'énergie.
Cette dernière étant pour l'essentiel le combustible de la société,
il est judicieux de mettre l'accent dessus.
Nous devons scanner la Terre d'une façon holistique.
Nous devons scanner la planète entière,
dresser la liste de tous les sites énergétiques pertinents tout en précisant leur potentiel.
Soulignons que les potentiels en question
dépendent en partie de l'état de la technologie. Je ne vais pas entrer
dans les détails de l'exploitation énergétique.
Je dirais néanmoins que la technologie solaire dispose d'un potentiel énorme
en raison de l'avènement de la nanotechnologie.
Ce potentiel pourrait même croître d'une façon exponentielle,
car de très petits panneaux solaires pourraient absorber 97% ou 98%
du rayonnement solaire.
Que devons-nous faire une fois que nous avons ces données brutes ?
Nous devons évaluer chaque ressource en matière de renouvelabilité,
de pollution, etc. ainsi que tous les facteurs
liés au processus d'extraction.
Tout est au service des buts
de durabilité et d'efficacité maximum.
Les ressources qui ont des conséquences négatives
sur l'environnement ne sont pas prioritaires.
Par exemple, les combustibles fossiles ne sont plus nécessaires,
car non renouvelables et polluant l'environnement.
Étant donnée l'énorme puissance énergétique de la géothermie, de l'éolien, du solaire
et de l'énergie marémotrice, l'utilisation de combustibles fossiles serait inutile.
Nous pouvons ensuite passer au 4e point : la distribution et la surveillance.
La distribution de l'énergie et les projets d'infrastructures tiendront logiquement compte
des possibilités technologiques
et de l'emplacement des sources d'énergie.
Autrement dit, si en Asie on exploite l'énergie éolienne, cette énergie
ne sera probablement pas livrée en Amérique latine.
Les paramètres de distribution découleront donc
de la technologie utilisée et de son accessibilité.
En outre, la surveillance active des ressources naturelles au moyen de capteurs
nous permettra de connaître leur taux d'utilisation,
leur taux d'épuisement, leur taux de renouvellement
et tout autre paramètre qu'il est nécessaire de connaître.
Il est essentiel que nous maintenions
une économie équilibrée.
Nous pourrons ainsi prévoir qu'une ressource
se raréfiera bientôt,
et d'éviter que cette question de raréfaction
ne devienne un grave problème.
Cette idée n'est évidemment pas neuve. Elle est à l'œuvre dans votre imprimante jet d'encre.
La jauge de niveau d'encre de votre imprimante vous informe de la quantité d'encre
qu'il vous reste. Cette idée n'est en rien bizarre
ou impossible à réaliser.
Hewlett-Packard a récemment parlé, chose qui m'a étonné,
d'un projet de "système nerveux central pour la Terre".
La première fois que j'ai entendu cette expression, elle sortait
de la bouche de Jacque Fresco. Ils ont donc le même objectif
que Jacque Fresco, de manière limitée.
Ils développent un système de détection sans fil
pour obtenir des données sismiques d'une très haute résolution.
C'est exactement la direction qu'il faut prendre.
L'ironie est que lorsqu'on parlait de ces choses par le passé,
les gens disaient : "Cela ne se réalisera jamais". Or, leur intérêt
pour ces technologies s'est renouvelé.
Nous devons les développer à l'échelle mondiale
et les appliquer à tous les besoins de l'espèce humaine.
De quoi disposons-nous à présent ? Nous savons
où sont situées nos ressources énergétiques ainsi que leurs taux de production,
et la meilleure façon de les distribuer : il faut en faire un usage stratégique.
Il nous reste à connaître les besoins de la population par une enquête.
Lorsque les gens se rendent dans les magasins et disent aux vendeurs : "Je veux ça",
ils obtiennent ce dont ils ont besoin et l'on en tire des statistiques.
Il s'agit donc d'un contrôle dynamique des taux de consommation.
Nous disposerions d'un système actif de contrôle des ressources qui rapporte
l'état des approvisionnements en énergie, les taux d'utilisation, etc.
J'ai conscience de survoler ce sujet. Pour en savoir plus,
je vous invite à visionner sur Internet
la présentation intitulée "Où allons-nous ?".
À l'aide de ces concepts, nous avons créé un système.
Il s'agit d'une approche systémique pour gérer l'énergie sur notre planète.
Ce système comprend des données en temps réel et des statistiques.
Le processus de déploiement n'est pas fondé sur l'opinion d'une personne ou celle d'un groupe,
ni sur les caprices d'une entreprise ou d'un gouvernement,
mais sur les lois naturelles et le raisonnement.
Autrement dit, une fois que nous avons établi
que notre but en tant qu'espèce est de survivre et d'être durable,
objectif que j'espère tout le monde ici partage,
chaque paramètre à prendre en considération au regard
de la gestion des ressources coule complètement de source.
Il s'agit de parvenir à des décisions,
et non de les prendre, ce qui constitue un acte subjectif
fondé sur des données incomplètes
et très souvent sur des préjugés personnels ou culturels.
Je vais aller à l'essentiel, car j'ai dépassé le temps
qui m'était imparti. Il est déjà presque 17H30.
Il est donc nécessaire de compiler les informations dans le programme
de gestion de base de données d'un ordinateur qui sera notre moyen logique de contrôle
et des systèmes automatisés corrigeront les éléments problématiques.
Nous voulons éliminer la subjectivité dominante dans notre société.
Le système que nous prônons est comparable à un système nerveux.
Nul besoin de débattre au Congrès ou de voter sur quelque sujet que ce soit.
Passons au cinquième point.
Par égard pour l'humanité et pour accroître l'efficacité,
nous devons mettre fin au gaspillage de temps en matière de processus de travail
que génère le système de marché pour maintenir l'emploi.
Nous devons automatiser tout ce qui peut l'être.
Étant donné l'état actuel de la technologie, il n'y a aucune raison
qu'il y ait des serveurs dans les restaurants,
des employés dans les bureaux de Poste
et des ouvriers
dans pratiquement toutes les usines.
Je travaille en ce moment sur des statistiques
pour une étude que je suis en train de rédiger concernant l'emploi aux États-Unis.
Je tente de déterminer le pourcentage de la main-d'œuvre actuelle
qui pourrait être automatisé compte tenu de notre savoir-faire technologique,
en ajoutant les emplois qui doivent être éliminés, car dénués de valeur sociale,
tels ceux que l'on trouve à Wall Street et tous les autres métiers liés à l'argent.
[Applaudissement]
Comme l'aurait dit Jacque, notre système n'aura pas d'argent,
pas de banques et pas de caissiers.
Je suis donc récemment arrivé à la conclusion générale,
en fait j'y travaille encore, mais je vais l'annoncer :
65 % des emplois aux États-Unis pourraient être supprimés demain
étant donné le niveau de nos connaissances.
Il ne s'agit pas de projections de tendances cataclysmiques,
mais de l'état actuel de notre savoir.
[Applaudissements]
Mais il ne s'agit pas simplement de s'exclamer : "Nous aurons plus de temps libre !"
C'est aussi un impératif social.
Historiquement parlant, il est très important de souligner
que plus l'automatisation ou la mécanisation
s'est développée dans les industries, plus la productivité a augmenté.
En fait, le taux de productivité est aujourd'hui inverse
au taux d'emploi dans nombre de secteurs d'activité,
ce qui signifie qu'il est socialement irresponsable
de ne pas automatiser autant que possible
si l'on veut que règne l'abondance et l'efficacité.
Ce graphique représente le taux d'emploi dans l'industrie des pays du G7.
Nous constatons que celui-ci ne cesse de diminuer, tandis que la production
industrielle a augmenté substantiellement.
Cette tendance se vérifie dans tout le secteur industriel. Comment pourrait-il en être autrement ?
Les machines ne prennent pas de pauses déjeuner,
ni de vacances et elles n'ont pas besoin d'assurance-maladie.
Cela tombe sous le sens. Un autre point important :
le faible coût des machines,
qui coûtent de moins en moins cher,
tandis que le niveau technologique croît exponentiellement.
Vos téléphones portables contiennent une petite puce électronique qui est plus puissante
que les plus puissants super-ordinateurs d'il y a cinquante ans, et cette technologie
est devenue bon marché. Le premier super-ordinateur
valait plusieurs millions de dollars.
Les entreprises ne pourront plus se permettre de disposer
de main-d'œuvre. Elles vont automatiser la production, car elles ne trouveront pas
le moyen de conserver la force de travail humaine,
à moins qu'elles ne la conservent pour des raisons idéologiques.
6. Nous devons passer
d'un système matérialiste et de propriété
à un système d'accès universel.
Avant qu'on ne me reproche de faire de la propagande communiste, je vous invite
à bien suivre le fil de mon raisonnement.
Dans une économie basée sur les ressources, où la production est rationalisée
pour maximiser la qualité des biens et réduire les gaspillages
et les doublons, l'idée de propriété est obsolète et même préjudiciable au système.
Les gens n'ont pas besoin d'accumuler des biens et de les protéger.
Ils ont simplement besoin d'accéder à ce dont ils ont besoin au moment où ils en ont besoin.
Le meilleur exemple est celui de l'automobile. Aujourd'hui, la science
a démontré que certaines voitures peuvent rouler sans conducteur.
Les tests étaient concluants : les automobiles pilotées par satellite sont parfaitement sûres.
Jacque a mis en évidence il y a plusieurs années que le recours
aux radars Doppler permettrait d'éviter les collisions.
Ces choses se concrétiseront, de manière à ce que vous puissiez appeler une voiture
qui se rendra à l'endroit où vous vous trouverez, vous l'utiliserez jusqu'à votre destination
et le véhicule pourra ensuite aider une autre personne,
plutôt que de rester dans un parking
pendant environ 80 % de leur existence, gaspillant du temps et de l'espace.
Ce qui est le cas aujourd'hui. Nous gaspillons tant d'espace et de ressources...
[Applaudissement]
Le concept primitif de possession personnelle entraîne
un tel gaspillage d'espace et de ressources.
Ce concept est environnementalement préjudiciable et socialement inefficace.
Cette idée de propriété n'est ni américaine, ni capitaliste,
mais relève d'une perspective mentale primitive générée par des siècles de rareté.
Les gens ont réclamé la propriété légale, car ils y voyaient un moyen
de protéger leurs biens. Elle permettait également de contrôler la restriction.
Dans le futur, personne ne sera sédentaire.
Nous nous procurerons ce dont nous aurons besoin au fil de nos voyages.
Nous pourrons satisfaire nos besoins sans restriction.
Les gens n'auront aucune raison de voler quoi que ce soit à leurs semblables.
Comment pourraient-ils voler ce qui n'appartiendra à personne ?
Les voleurs ne pourront pas revendre ces biens
sans l'existence d'argent. De cette manière, 95% des crimes sont éliminés.
[Applaudissement]
En conclusion, aussi paradoxal que cela puisse sembler,
plus nous serons efficaces, conservateurs et rationnels,
plus sera élevé le niveau d'abondance
dont tout le monde profitera.
Aujourd'hui, de par le monde, vous pouvez probablement entendre :
"Si seulement nous avions le niveau de vie des Américains !"
Eh bien… non.
Tous les pays de la planète devraient mépriser l'orientation artificielle
et prétentieuse de la culture américaine
ainsi que ses modèles de consommation ostentatoire.
Nous ne représentons que 5 % de la population de la planète…
[Applaudissement]
Ces 5 % de la population de la planète
consomment 30 % de ses ressources. C'est complètement fou.
Dans une économie basée sur les ressources,
la distribution de la production se fondera sur des référents physiques,
parmi lesquels figurera la capacité de charge de la Terre ;
nous rationaliserons le travail de manière à ce qu'il puisse générer
des bénéfices sociaux à long terme ;
nous serons débarrassés de ce cancer appelé système financier ;
nous commencerons à partager nos ressources avec diligence ;
nous travaillerons ensemble en écartant le matérialisme
et la consommation qui sont exaltés par la culture actuelle.
Il est possible de fournir une grande qualité de vie à tous les habitants de cette planète
tout en éliminant les causes responsables de la guerre,
de la pauvreté, de la misère, de la violence, des comportements criminels et des névroses.
Ce sera l'aube d'un monde nouveau qui sera enfin digne du mot "civilisation".
Si cela n'est pas un but qu'il faut s'efforcer d'atteindre,
j'ignore la nature d'un tel but. Merci.
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