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Dublin est la ville la plus peuplée d'Irlande, avec près de 1,5 million d'habitants.
Je suis l'un d'entre eux depuis 2009. Dublin est ma ville, celle où je vis, où je travaille.
Une ville est souvent définie par son architecture, son économie, ses attractions touristiques.
Imaginez Dublin en ville désertée : pas besoin de bâtiments, de pubs, de transports,
d'écoles... C'est nous, les habitants, qui faisons la ville. Nous faisons Dublin. Nous sommes Dublin.
Il est temps de rendre aux gens ce que la ville leur doit.
Quelques personnes comme vous et moi ont accepté de parler de Dublin et de leur expérience dans cette ville.
Filip- suédois/algérien, travaille dans l'informatique
Je m'appelle Filip, je suis arrivé à Dublin il y a 9 mois. Je me plais beaucoup ici parce
qu'on y fait des nouvelles rencontres, on découvre des choses qu'on n'aurait jamais
imaginé. C'est très excitant d'être ici. On apprend beaucoup au fur et à mesure.
J'ai beaucoup appris sur moi-même. Comment je devrais me comporter avec les autres, comment
je devrais les traiter, comment ils veulent être traités. Comment JE veux être traité.
Pilvi- finlandaise, étudiante en commerce
Je vis au cœur du centre ville, tout est accessible à pied. Il y a toujours quelque
chose à faire ou à voir! Par exemple de la musique live dans des petits bars, des
scènes ouvertes ou de la comédie stand-up. Dublin a aussi de très bonnes connexions
et c'est important pour moi parce que j'adore voyager.
Daniel- Néerlandais, développeur web indépendant / freelance
Tout le monde connaît quelqu'un qui connaît quelqu'un, tout le monde peut s'entraider et avoir sa place.
Je suis tout près de chez moi, Le Pays de Galles n'est qu'à une demi-heure d'avion,
et je mets une heure et demi pour aller voir le reste de ma famille en Hollande.
Daniel- suédois/grec, étudiant en physique, astronomie et science de l'espace
Même si Dublin est une capitale européenne, c'est une petite ville, ce qui lui donne un côté simple et familier.
Aurore- française, étudiante en littérature irlandaise
Je suis allée vivre un an à New York, mais j'ai décidé de rentrer « chez moi », à Dublin,
pour passer un doctorat en littérature irlandaise contemporaine. J'ai vécu à New York
mais je trouve Dublin bien plus "cosy" et chaleureux. J'aime le fait que les gens
y soient si adorables et accueillants. On se sent bien plus chez soi ici, une fois qu'on
y a ses amis, ses habitudes, ses endroits fétiches, on est assez à l'aise pour dire
« c'est chez moi ».
Tommy- néerlandais/chinois, manager dans une société informatique
Je m'appelle Tommy, je suis néerlandais, mais mes parents sont nés à Hong-Kong.
Ça fait quatre longues années que je suis ici, mais j'aime tellement Dublin que je ne veux pas partir.
Chris- suédois, travaille dans une boite d'informatique
Depuis que je me suis installé ici, j'ai un point de vue bien plus ouvert sur toutes
sortes de gens. C'est aussi plus facile de se motiver pour faire les choses à fond,
par exemple apprendre à jouer de la guitare, ce genre de trucs. Je voulais déjà le faire
en Suède mais je n'avais pas la motivation pour aller au bout.
Thierry- français/ivoirien, titulaire d'un master en informatique et technologie
J'ai vécu en Côte d'Ivoire les douze premières années de ma vie et j'ai déménagé en France,
à Bordeaux (bon vin !) Quand je suis arrivé à Dublin j'avais 16 ans, donc je suis allé
au lycée ici, j'y ai passé mon bac. J'ai plein d'amis irlandais, ils sont vraiment cools.
Daniele- italien, prétend être le « meilleur guitariste au monde » 51 00:03:51,600--> 00:03:54,380 Je vis ici depuis trois ans et demi, je suis le meilleur guitariste au monde!
Ce que je préfère à Dublin c'est la facilité à rencontrer des gens. Je viens d'Olbia en Sardaigne, Italie.
Je ne sais pas ce que je fais ici!
Renata- allemande, artiste, en Irlande depuis 24 ans
J'ai d'abord vécu ici à la fin des années 70, pour un an ou deux, et puis je suis revenue
en 89 et je suis restée. C'était un pays différent, une ville différente, à l'époque.
C'était bien plus petit, plus pauvre, plus gris, plus morne à voir, mais c'était aussi
bien plus bohémien, et très très différent du reste de l'Europe, ce qui n'est plus le cas.
En tant qu'allemande, ça m'a libéré des structures, des pressions, j'ai réalisé
que le ciel ne te tombe pas sur la tête parce que tu es fauché, ce que les allemands ont
visiblement tendance à penser. Tout ça m'attirait beaucoup.
Fransisco- espagnol, travaille dans une boite d'informatique
Je me suis développé personnellement, parce que j'ai vécu avec ma famille jusqu'à mes
27 ans, et maintenant je vis seul ici avec ma copine, je dois faire la cuisine tous les
jours, je dois m'occuper de la maison... c'est sûr, je vais rester ici quelques années.
Niamh- irlandaise, travaille dans une boite d'informatique
J'adore l'été à Dublin, les deux meilleurs jours de l'année. Un des endroits que je
préfère c'est Iveagh Gardens, j'aime y aller l'été et lire un livre. Quand je ne suis
pas à Dublin, ce qui me manque le plus ce sont les blagues à l'irlandaise, la façon
dont on se parle, le sens de l'humour sarcastique et l'autodénigrement.
Niall- irlandais, étudiant en anglais et art dramatique à Trinity College
J'étudie l'anglais et l'art dramatique à Trinity. J'ai toujours rêvé de jouer la
comédie ou de m'impliquer dans le théâtre donc c'est une super opportunité, une vraie
chance, j'adore ça. J'ai rencontré des tas de gens géniaux, ça a changé ma vision
du monde et de Dublin. C'est une ville où je peux constamment réinventer ce que je
suis, qui je suis. Dublin est un endroit vraiment intéressant, unique. C'est assez grand pour
y rester anonyme, c'est cosmopolite mais en même temps assez petit pour ne pas se retrouver isolé.
On croise toujours des gens qu'on connaît, à qui dire bonjour et demander
« comment ça va ? » Donc il y a une vraie familiarité mais aussi un côté urbain, métropolitain.
Parmi nous, certains se consacrent à la ville. En voici trois exemples.
Je suis documentariste. J'essaie de capturer les gens, le monde dans lequel je vis, et
ce que je ressens vis-à-vis de ces captures, le tout en une sorte de déclaration :
« je suis là, je vois ce que tu fais, je m'en souviens, et juste au cas où tu oublierais,
c'est là pour que tu y jettes un œil. ». Cette série de travaux s'appelle « Thisplace » (« Cet
endroit »). J'y travaille encore et je crois que j'y travaillerai toujours. Ça s'écrit
« Thisplace » tout attaché, mais c'est un jeu sur le mot « displace » ( déplacement),
c'est à dire « je ne fais pas partie de ce qui se passe ici, mais j'y suis chez moi
». Ce sont des mots d'amour, des billets de moi à Dublin, et elle, oui ELLE, tu sais
comme les hommes parlent des bateaux comme s'ils étaient des femmes en anglais, c'est
un peu la même chose. Dublin est une femme. Elle a une forte poitrine, elle picole beaucoup,
elle est marrante, elle tombe, je la relève, je la dé***, elle me prend la tête, mais
je l'aime quand même. Elle a deux paires de pompes, des talons hauts et des chaussures plates.
Elle est comme ce personnage de Molly Malone, mais à notre époque. Toutes ces
photos que je vais te montrer sont très évocatrices dans le sens où elles disent, en gros, via
photoshop, avec de la peinture blanche sur des photos en noir et blanc : « Quand te
reverrai-je ? » ou « À la maison, dans tes bras ». Cet homme veut toujours le meilleur
pour sa copine. « J'ai embrassé ma copine » : Il veut lui dire : « Allez, quoi ! Arrête
un peu, tu me rends dingue ! ». J'ai visité d'autres villes et j'avais l'impression de
faire une connerie, comme sortir avec une fille et en embrasser une autre, c'est ce
que j'ai ressenti en étant dans une autre ville, comme si je trompais Dublin. Ce n'est
pas vraiment de la tromperie, juste de la photographie ! Je suis un vrai Dublinois.
Je viens du nord de la ville, comme mes parents. Regarde la veste que je porte, c'est du pur
Dublin. J'aime les vieux endroits de Dublin, son histoire, du coup je suis un peu nostalgique.
Le fait que je sois resté est significatif, et j'en suis très reconnaissant.
Je m'appelle Anne, je suis fondatrice et responsable de la compagnie Rothar, une organisation qui
recycle les vélos et qui est née à Dublin en 2008, 2009, je ne suis plus sûre de la
date exacte ! Mais c'est qui je suis, c'est comme ça que je me présente en général.
En gros, on récupère des vieux vélos et on les remet à neuf.
Au début c'était une structure pour la jeunesse, une activité pour les jeunes qui n'avaient
pas grand chose à faire après l'école, si ils allaient encore à l'école. Un apprentissage
et une façon de s'occuper. Petit à petit c'est arrivé à ce que c'est maintenant : une
entreprise sociale dont la mission principale est l'environnement, débarrasser les rues
de leurs déchets, encourager les gens à faire du vélo. Maintenant on a aussi un énorme
programme d'intégration, beaucoup de bénévoles, d'internes, et on travaille avec des gens
qui ont eu la vie dure, on essaie de leur donner un espace de socialisation et d'apprentissage.
Et puis il y a le côté « promotion » de notre activité : on a la conviction que le
vélo est une solution d'avenir pour une ville durable, donc on essaie de le rendre le plus accessible
possible en terme de prix, mais on donne aussi des cours d'entretien pour que les gens puissent
réparer eux-mêmes leurs vélos.
La première succursale qu'on a ouvert se trouve à Phibsborough, et une troisième
s'est ouverte en décembre 2012. On est six à travailler pour le moment, quatre à plein
temps et deux à mi-temps. Si tout se passe bien, on sera sûrement sept d'ici la fin
de l'année. Il y a vraiment du potentiel, notamment à Dun Laoghaire. Avec un peu de
chance, le responsable là-bas aura bientôt besoin d'un mécanicien.
On ne pourrait rien faire sans les bénévoles, ils sont vraiment au cœur de notre activité,
non seulement en termes de compétences et d'apprentissage, mais aussi parce qu'on offre
des services qu'on ne pourrait pas offrir sans l'aide de ces travailleurs non rémunérés.
C'est aussi simple que ça. Certains de nos services représentent une main d'œuvre très
intense, donc si on devait payer pour chaque heure passée à travailler sur un vélo,
on ne pourrait pas offrir ces services aux mêmes prix.
Je vivais juste là, au coin de la rue, dans un très petit appartement qui avait un balcon.
J'ai commencé à envoyer des e-mails à mes collègues et à récupérer des vélos, et
puis les gens m'en demandaient. Je réparais les vélos sur mon balcon puisque c'était
mon seul espace libre, je n'avais pas de locaux. Ça a commencé là. Après quatre mois, on a créé le site internet.
Quand quelque chose me tracasse ou que je ne me sens pas bien, je saute sur mon vélo
et je roule. Au bout d'un moment, comme je dois me concentrer et que ça commence à
faire mal, la douleur prend le pas sur le problème initial. C'est un excellent moyen
de se sentir mieux avec soi-même. Et puis il y a le côté exercice, forme physique
qui est aussi bon pour l'estime de soi. Que du bon ! C'est un projet très facile à promouvoir
et à porter : il n'y a rien de négatif dans le fait de recycler des vélos et ce qu'on
peut faire avec. C'est tellement simple, direct, écolo, ça résume vraiment quelque chose.
Je suis un artiste. J'aime penser que je suis un artiste. J'ai dessiné toute la vie.
Je m'en suis éloigné, j'ai été DJ, j'ai travaillé dans le graphisme pendant des années, mais
je pense que je suis fait pour être artiste, donc je me suis focalisé là dessus ces cinq
dernières années en Irlande. J'ai toujours été ici. J'ai pensé à partir mais je ne l'ai jamais fait.
Quelque chose me retient toujours ici. J'adore cette ville, il y a quelque chose de très irlandais en moi.
Quand je suis ailleurs, je suis toujours très fier d'être irlandais. C'est un endroit particulier.
Ces dernières années, avec tous les gens qui sont partis et depuis cet exode général,
j'ai l'impression que beaucoup de créatifs se sont épanouis. Même si la ville s'est
un peu vidée, plein de bonnes choses sont arrivées, une attitude positive, et ça c'est génial.
J'aime simplement le crayon, le papier, et tout ce qui en ressort. Je m'exerce tous
les jours, je m'amuse bien. C'est thérapeutique, mentalement parlant. J'en discutais plus tôt
justement : si une partie de ton cerveau est occupée à quelque chose, le reste a le temps
de se détendre. Même chose pour les tâches du quotidien, ce genre de trucs. Donc oui,
je trouve ça vraiment thérapeutique. Ça marche pour moi, je ne sais pas pour les autres.
En ce moment il y a la grande chasse à l'œuf, ça a commencé aujourd'hui. On a confié
des œufs en fibre de verre d'environ 76cm à une centaine d'artistes pour qu'ils les
peignent. Je me suis éclaté à le faire. C'est toujours sympa de travailler sur autre
chose qu'une forme plate. J'ai participé à First Fortnight, une campagne pour la santé
mentale vraiment géniale, avec d'autres gars de Dublin comme Master, ADW et Solus.
C'était top, on a fait beaucoup de choses dans la rue, on nous a donné la liberté
de faire ce que qu'on voulait et ça a donné de supers œuvres.
J'ai exposé l'année dernière à Temple Bar avec ADW, Solus et DMC, trois artistes
très talentueux. On s'est bien éclaté, mais je dessine surtout pour moi, et pour
cette expo j'ai passé un mois sur un tableau. J'ai beaucoup de chance, j'arrive à toujours
me trouver du boulot, j'ai mon chez-moi... J'entends parler de gens pour qui c'est bien
plus difficile, des gens qui galèrent, donc j'essaie d'apprécier ce que j'ai tous les jours.