Tip:
Highlight text to annotate it
X
J'suis vraiment défoncé là.
Je fume avec ce putain de stylo.
Je salue Konbini, ils m'ont fait goûter des fromages délicieux,
et de l'excellent vin.
Des mecs vraiment cool.
It's me, *** !
Comment es-tu passé de la cuisine au rap ?
Je vais te le dire.
Je bossais en cuisine.
Un matin, je préparais le brunch
et j'ai glissé,
je suis tombé et je me suis cassé la jambe.
J'étais à l'hôpital puis chez moi pendant deux mois.
J'ai commencé à écrire, encore et encore,
et c'est comme ça que je suis devenu un putain de rappeur.
C'est plutôt simple.
Il existe des points communs entre les deux ?
Ouais, bien sûr.
Il y a d'abord le côté créatif.
Quand tu cuisines, tu peux décider d'ajouter un peu de sel ou autre chose.
Tu goûtes et tu peux ensuite y ajouter du persil ou de la coriandre.
Le rap, c'est comme cuisiner, mais ça n'a rien à voir avec la pâtisserie.
Cuisiner.
La pâtisserie, c'est d'abord une recette.
Tu dois suivre chacune des étapes si tu veux que ça marche.
Mais cuisiner, c'est improviser.
Il y a toujours un aspect technique,
tu dois connaître les différentes techniques de cuisine
et ensuite en faire ta propre interprétation.
Quel est l'ingrédient que tu préfères ?
Mon ingrédient préféré ?
Ce serait sûrement l'ail.
T'en as besoin pour beaucoup de choses.
J'adore l'ail, qu'importe la façon dont il a été cuisiné, même grillé.
L'ail, c'est comme la basse : c'est ce qui soutient tout.
T'as besoin de ce son,
pour que ça sonne bien.
Et l'ail, c'est la même chose, tu goûtes et tu te dis : "là, c'est bon !".
Mon plat de pâtes ressemblerait à du Jimi Hendrix.
Ce serait tout aussi psychédélique.
Il y aurait des raisins secs...
des morceaux de zucchinis frits.
Putain, j'aurais aimé vous montrer ça directement dans une cuisine.
Le meilleur plat reste aussi le plus simple selon moi.
Ça doit pas être quelque chose d'énorme.
Ça peut être aussi simple qu'une ligne de basse
de la basse et une batterie.
Mon plat préféré, ce serait une belle côte de boeuf.
Française ?
Voilà, tu le sais déjà.
À quoi ressemble ton tablier lorsque tu es à l'oeuvre ?
Crasseux !
J'aime me salir.
Tu sais, lorsque tu cuisines et que tu t'essuies les mains,
tu dois parfois te laver les mains rapidement.
C'est comme rapper et faire de la musique
tu dois y aller à fond, quitte à te salir.
C'est violent ?
Ouais, exactement, mais ça a quelque chose de radieux.
La seule personne qui mérite de goûter à ma cuisine,
c'est ma mère.
Et ta musique ?
Tout le monde !
Tout le monde peut y goûter.
Même Jésus ?
Oui, bien sûr, tout le monde, même Jesus.
Il peut venir s'il le souhaite,
mais il doit porter des New Balance et un bonnet Carhartt.
Le nouveau Jésus en quelque sorte ?
Oui, le nouveau Jésus.
Il doit également avoir les cheveux courts, comme moi,
une belle barbe, bien taillée.
Tu as une idée des artistes avec qui tu aimerais collaborer ?
Des gens de New York ou d'autre part ?
Qu'ils aillent se faire foutre.
Pourquoi ?
Parce que tout se résume à moi.
Moi, moi, moi, moi et moi.
T'es le chef ?
Je suis le chef et le chef cuisinier, tout ce que tu veux.
Je suis comme un chef français : tu manges ce que je te sers.
C'est dur de comparer ça...
Seules la musique et la nourriture comptent,
et on s'en fout du lieu.
Tu peux jouer dans le garage de quelqu'un,
et ça pourrait tout de même le faire.
Je peux cuisinier ici,
et ça pourrait être bien meilleur que dans un restaurant.
J'écoute beaucoup de...
J'aime bien le rock progressif.
C'est là que je trouve la plupart de mes idées de samples.
Également beaucoup de funk psychédélique,
des trucs finlandais,
mais aussi russes, japonais...
Ce genre de choses.
Mais laisse tomber, je n'en dirai pas plus à ce sujet,
parce que tout le monde se mettra à écouter ça et à me piquer mes idées.
C'est un peu comme tes ingrédients ?
Ouais, exactement.
Tu peux me voir à l'oeuvre, mais sans en savoir plus sur mes ingrédients.
Tu ne partages donc pas ?
Non !
Mais t'es le chef pourtant ?
Ouais, je suis le chef des chefs.
La meilleure école, c'est tout simplement le job en lui-même.
Quand tu apprends directement en cuisine.
A l'école, il y a beaucoup trop de conneries,
on t'enseigne juste les bases.
Puis tu te retrouves confrontré au monde réel, et tu travailles.
Et c'est là que tu apprends vraiment tout.
Certains de mes supérieurs m'ont pris sous leur aile
et m'ont indiqué la marche à suivre.
C'est ce dont t'as besoin, et non de quelqu'un qui te balance :
"Tiens, lis ça et suis les instructions".
On doit t'accompagner pour te montrer comment faire
et tu dois apprendre les différentes techniques.
L'école, c'est bien pour ça.
Mais vient ensuite le moment où tu dois utiliser ces techniques
et tu découvres finalement pleins d'autres choses.
"Le journal intime de la côte de boeuf".
Côte de boeuf !
"Le journal intime de la côté de boeuf", ouais.
Tu aimes ce plat ?
Putain ouais, j'adore ce plat !