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Si les personnes que Adriana a interviewées dans la rue sont représentatives,
beaucoup de gens tiennent Obama ou même l'ancien président G. Bush pour responsables
des problèmes auxquels le pays est actuellement confronté.
Les mauvaises nouvelles s'accumulent pour Obama :
sa cote de popularité est passée de 69 % à 43 % d'opinions favorables,
un siège de New York au Sénat resté démocrate depuis toujours
est passé aux républicains pour la première fois depuis 1923.
L'usine de panneaux solaires Solyndra, largement subventionnée,
fait face à la faillite, ce qui est une affaire controversée pour l'administration Obama.
Par ailleurs, la pauvreté a atteint des niveaux records,
mais mon invité suivant soutient que ceci n'est pas lié à Obama.
Il ne s'agit pas d'un problème politique,
mais de la nécessité d'une refonte de la société.
Peter Joseph, réalisateur et fondateur du Mouvement Zeitgeist,
qui revient du premier Zeitgeist Media Festival,
est ici pour nous parler de ses solutions.
Merci d'être ici. Heureuse de vous voir.
Pour commencer… - Merci de me recevoir. - De rien !
Vous affirmez que les problèmes sociaux ne sont pas politiques.
Quelles sont les solutions du Mouvement Zeitgeist ?
- Pour comprendre les solutions, il faut comprendre
la nature des problèmes.
D'une manière générale, nous assistons actuellement
à la fin du paradigme qui sous-tend notre système social.
Sa fin n'est pas due aux malversations politiques,
aux mauvaises décisions ou à des questions économiques,
mais plutôt au fait qu'il ne peut plus se maintenir
en raison de l'évolution naturelle de la société, de la technologie
et des mécanismes inhérents au système actuel
qui deviennent incontrôlables, tels des cancers.
Le système monétaire est fondé sur la dette,
mais l'argent des intérêts dus sur les emprunts
n'existe pas dans la masse monétaire.
Il faut y voir la cause principale
des défauts de paiement des pays souverains,
des entreprises et des dettes individuelles sur toute la planète.
Juste aux États-Unis, la dette publique et privée atteint 60 milliards.
Je vous laisse calculer ce que cela représente par personne.
Cela va continuer d'augmenter, car il s'agit de la nature de ce système.
La crise de l'emploi est due à l'introduction de la technologie.
Le chômage technologique a été le facteur dominant qui a poussé la population
d'un secteur économique à un autre.
La plupart des économistes s'illusionnent en disant :
"La technologie est créatrice d'emplois."
Il s'agit d'une logique alambiquée.
Voici ce qui arrive (vous le verrez clairement si vous étudiez
l'époque de la révolution industrielle jusqu'à aujourd'hui) :
tout part d'un secteur économique où règne le plein emploi.
Puis la technologie déplace la force de travail, tandis que d'autres secteurs
émergent du fait d'autres technologies. C'est une conséquence naturelle,
mais cela ne règle pas le problème du chômage, car aucun emploi n'est créé.
Si rien ne change, tout le monde finira par être avocat
ou employé de l'industrie du divertissement, car il est impossible
que le secteur industriel embauche à nouveau
et le secteur des services suivra la même tendance.
L'excellent rapport coût-efficacité que génère la technologie
rend obsolète la force de travail humaine.
Bank of America vient de licencier 40 000 personnes.
Savent-ils ce qu'ils font ? En fait, ils licencient…
- Je me permets de vous interrompre pour poursuivre cette conversation.
Comment distinguez-vous... Je comprends ce que vous dites au sujet de la technologie
et de l'industrie du divertissement, j'ai vécu à Los Angeles,
mais j'aimerais savoir si vous distinguez les emplois
qui sont allés à l'étranger, en Chine par exemple,
et tous les emplois qui sont allés vers un secteur financier
dont on considère qu'il est en sureffectif dans notre pays ?
Il y a eu une transition dans l'industrie et dans l'emploi.
- Effectivement, mais la question est la suivante :
quand 96 % de la population travaille dans les services, surtout en occident
où se trouvent la plupart de ces emplois,
et où les emplois sont remplacés par des kiosques
et d'autres technologies de pointe, quel sera le prochain secteur touché ?
Je considère ce problème à l'échelle globale.
Je ne m'intéresse pas au chômage aux États-Unis en particulier,
car il n'y a qu'une société, un monde, une économie.
On doit se poser une question :
pourquoi la majorité de la population mondiale finira-t-elle au chômage ?
À cause de la technologie. L'exportation des emplois n'est pas un remède.
La seule chose que cela nous apprend est que la principale motivation
des industriels et des actionnaires est le maintien du profit.
Le remplacement de la force de travail humaine par l'automatisation
et la technologie a amélioré le rapport coût-efficacité.
Cette contradiction entraine l'effondrement du capitalisme,
ce dont les théoriciens de l'économie parlent depuis 100 ans,
y compris John Maynard Keynes. - D'accord.
- Il s'agit d'une évolution inévitable qui ne s'arrêtera pas là.
- Vous soutenez donc que le capitalisme
est le problème. Quelle est alors la solution ?
- La solution réside dans une réorganisation
de notre rapport aux matériaux, à la production
et à la vie professionnelle. Si l'on admet que le système de marché
est le fondement du système capitaliste de libre entreprise,
peu importe son nom, nous constatons que ce phénomène
est en train de disparaître et, croyez-moi,
les emplois ne vont pas revenir. C'est impossible.
La logique du système actuel exclut cette possibilité.
Cette prise de conscience vous permet d'ouvrir votre esprit.
Vous vous dites : "Si la technologie
est en mesure de créer les outils
permettant d'accroître la production…" À propos, le chômage technologique
est inversement proportionnel à la productivité,
donc, moins il y a d'emplois industriels,
plus on a recours à la technologie, et plus nous augmentons
nos capacités de production.
Autrement dit, il faut utiliser la technologie. Nous pouvons nous libérer,
créer un système social entièrement différent
fondé sur la maximisation de l'efficacité et de la durabilité
grâce aux méthodes avancées de production. Il s'agit de satisfaire
les besoins de toute l'espèce humaine en surmontant
les barrières traditionnelles qui nous paralysent, à cause
de ces notions traditionnelles dont nous pensons qu'elles sont empiriques.
- Vous en appelez à une chose non traditionnelle, mais quelle est-elle ?
Vous semblez vouloir remplacer le capitalisme, mais par quoi ?
- Peu importe le nom. Il s'agit d'examiner un cheminement
de la pensée, de voir comment la société humaine peut en profiter,
et de créer le meilleur système de santé
pour le plus grand nombre possible de personnes.
On pourrait le qualifier d'Économie Basée sur les Ressources
ou un modèle économique basé sur les ressources,
car, quels sont les réels fondements de la société ?
Les ressources : non seulement l'or physique,
les aliments et autres ressources, mais aussi
les ressources intellectuelles. Des gens gâchent leurs vies
dans des industries qui ne produisent rien de valable
telles que Wall Street ou la publicité.
Pouvez-vous me dire en quoi leurs productions aident directement les gens ?
Ce n'est que du vide. Ces concepts ne sont que du remplissage
et ne contribuent à rien. En partant du principe que nous
dépendons des ressources naturelles et qu'il faut les gérer,
vous créez le système de production le plus efficace,
se reposant sur ce que nos connaissances scientifiques et techniques nous permettent.
Nous devons réorienter la société afin que les gens s'adonnent
à des occupations qui contribuent au bien commun,
au lieu d'affecter nos scientifiques au service de l'armée.
Ils pourraient utiliser leurs connaissances et leurs capacités intellectuelles
au service de la population mondiale et créer une abondance matérielle.
On pourrait éradiquer la faim sur notre planète.
C'est statistiquement prouvé, et ce, même sous le règne actuel de l'inefficacité.
Pour résumer, nous disposons d'un modèle économique
basé sur les ressources, qui sont gérées
de manière à assurer une production
aussi efficace que possible, techniquement. Pas d'évaluation monétaire
ni d'association monétaire, car ce seraient des interférences
qui causeraient des problèmes et limiteraient nos possibilités.
- Je tiens à ce que le dialogue se poursuive
pour aborder un certain nombre de points. Et le gouvernement ?
À quoi ressemblera-t-il ?
Qu'en sera-t-il des libertés individuelles ?
- Qu'est-ce que la liberté individuelle ?
Est-ce exercer une activité sur laquelle vous n'exercez
aucun contrôle, puisqu'il faut travailler pour vivre :
une sorte de dictature privée que les gens s'imposent de 9h à 17h ?
Est-ce là la liberté ? Votre pouvoir d'achat vous rend-il libre ?
Est-ce la liberté que d'entrer dans un magasin où on a le choix
entre 28 variétés de céréales ? Qu'est-ce que la liberté ?
- Peut-être pas… - Le système dont nous parlons…
- Le système que nous prônons procurera
à la société un niveau de liberté incomparable.
Qu'est-ce qu'un gouvernement ? Le gouvernement
est une faille du système économique.
Que font les gouvernements ? Ils régulent
les fonctions économiques par la loi, sans parler des aberrations
qui proviennent de notre inefficacité économique,
à savoir la violence et les crimes liés à la propriété, ces derniers étant majoritaires.
Ils entreprennent aussi des opérations militaires contre d'autres nations souveraines
afin d'améliorer leur position et de se protéger sur la durée.
Les gouvernements ne font essentiellement que ces deux choses.
Ils n'ont pas une vision technique des choses.
Ils ne savent que refléter les systèmes de valeurs en vigueur
et manipuler les gens afin qu'ils s'identifient à eux.
Peu leur importe qu'ils aient un plan ou non. Aucun des politiciens
qui briguent la présidence américaine n'a de plan pour résoudre les problèmes
du chômage, de la dette et de l'énergie,
car ce sont des problèmes techniques. À l'avenir,
le gouvernement sera chargé de gérer la planète
en faisant preuve de la plus grande efficacité de production possible
afin que tout le monde puisse vivre dignement.
Ce sera un véritable modèle économique. Qu'est-ce que l'économie ?
L'étymologie grecque de ce mot signifie "administration du foyer".
La Terre étant notre foyer, un véritable modèle économique
gère efficacement notre foyer, plutôt que d'utiliser
la monnaie comme une marchandise
et toutes les distorsions découlant de ce processus.
- Mais, Peter, cela ressemble à une vision un peu utopique de la société.
Pouvez-vous nous donner un exemple concret pour prouver
que votre système pourrait fonctionner, parce que vous l'avez constaté ?
- D'abord, l'utopie présuppose l'existence d'une finalité. Or, rien n'est définitif.
Nous essayons simplement de mettre la société à jour
à l'aide de nos connaissances actuelles. Nos notions politiques et économiques
proviennent d'idées traditionnelles très anciennes.
Ces structures sociales sont complètement dépassées et ne reflètent
ni l'ingéniosité scientifique de notre temps, ni notre capacité
à prendre soin de la population humaine.
N'est-ce pas la mission de toute société digne de ce nom ?
Nous devrions prendre exemple sur les premières nations
qui savaient vivre de la terre, en tenant compte
de la capacité porteuse de leur région
et qu'on ne pollue pas la rivière qui leur fournit de l'eau potable.
Or, aujourd'hui, c'est ce que font les industries,
car elles doivent maintenir des coûts concurrentiels. Notion simpliste...
- Alors, je vous dis. Je ne veux pas retourner à la ferme.
J'aime mon métier de journaliste. Je l'aime beaucoup.
Je n'ai pas l'intention d'y renoncer.
Comment pouvez-vous réaliser ce dont vous parlez ?
- Les pressions bio-sociales s'accroîtront et seront autant de freins à votre vie,
à celle de votre famille et à tous les habitants de cette planète.
À mesure que le système se détériorera, vous remettrez en question
vos valeurs et vos choix de mode de vie.
Il ne s'agit pas des souhaits de chacun. Il s'agit de ce qui est correct
et profitable pour l'essor de l'espèce humaine.
Il s'agit de ce qui fonctionnera socialement
sans causer de conflits, de privations et autres problèmes
qui ne cessent de détériorer notre niveau de vie
et de menacer notre sécurité en ce monde.
Si vous dites : "J'aime faire ceci",
demandez-vous : "Pourquoi ?"
N'y avait-il pas autre chose, par le passé, qui vous attirait ?
Certaines de vos aspirations de jeunesse
n'ont-elles pas été sacrifiées au profit d'un choix qui vous assure
que le système vous procure un bon revenu pour votre travail,
chose que nous avons tous dû faire ? La question demeure ouverte.
Lorsque les gens commencent à comprendre
ce qui se passe, leurs valeurs vont changer.
Ils se diront : "Peut-être devrais-je contribuer à la société ?"
J'ai moi-même travaillé à Wall Street et dans la publicité,
deux des secteurs d'activité les plus dénués de sens.
J'en sais long sur ces valeurs, auxquelles
je me suis identifié. Je me suis demandé : "Qu'est-ce que je fais ?"
Quelle est ma vraie contribution à la société ?
Un gaspillage de mon cerveau... Si chacun se positionnait
de manière à contribuer à la société, à inventer,
à s'engager dans le processus démocratique et à créer le monde techniquement
ce serait un merveilleux état de fait, avec plusieurs Einsteins
et de nombreux de Vinci. De nombreux esprits brillants
émergeraient, libérés de la nécessité
d'entrer dans un système monétaire qui étoufferait leurs possibilités.
- Qu'est-ce qui les motiverait s'ils n'avaient rien à gagner,
à part d'agir pour le bien de leurs semblables ?
Le gain serait bien plus important qu'il ne l'est
dans ce système. Ils jouiraient de compréhension et d'un esprit en paix.
Ils y gagnent une communauté et des ressources disponibles.
Ils y gagnent non pas la concurrence, le déséquilibre,
les postures défensives, devoir s'en sortir tout seul
dans ce système capitaliste primitif d'aujourd'hui
qui n'est qu'un système pseudo-social
parce qu'une "main invisible" présumerait que les combats
de chacun se manifesteraient pour le bien de tous,
ce qui n'est pas le cas, de manière démontrable.
Nous proposons une orientation différente,
celle d'une société qui donne en retour à ceux qui donnent.
Si j'invente quelque chose d'intéressant, ce n'est pas par cupidité.
Je sais que cette invention me bénéficie autant qu'elle bénéficie aux autres.
De même, un inventeur ou une personne qui a une idée brillante
sait que cela lui profite, comme à tous les autres.
L'intérêt personnel doit devenir, excusez-moi...
L'intérêt personnel doit devenir l'intérêt social
si nous voulons que l'espèce humaine survive. Sinon vous verrez...
- Peter, il me semble que vous ne pourrez pas convaincre
un grand nombre de personnes de le faire sans conflit.
Certains diront que la révolution bolchevique
a montré aux maîtres du monde de cette époque
ce qui arrive si l'on n'écoute pas les démunis
qui continuent de souffrir du système capitaliste que vous critiquez.
En sommes-nous là de nouveau ?
- Je ne comparerais pas ces deux situations.
D'abord, il faut tenir compte de notre orientation technique.
On ne peut pas dire que cela ne se produira pas à cause de la situation actuelle.
Si tout le monde pensait comme cela,
nous n'aurions pas avancé.
Si vous prenez conscience de nos possibilités techniques,
pour satisfaire les besoins de la population humaine,
éradiquer la guerre en travaillant ensemble
et en partageant les ressources pour créer une quantité d'énergie infinie
tout en faisant un bon usage de nos technologies grâce à la reconnaissance
de ce mode de pensée, nos possibilités futures sont indiscutables.
Il s'agit simplement de se mettre au travail. Mon expérience m'apprend
qu'en élargissant le mouvement et en parlant à plus de gens de cette question
je suis étonné de leur degré de compréhension. Mais tôt ou ***,
le nombre de personnes désirant un changement social massif
augmentera exponentiellement. Pourquoi ?
Parce qu'il est nécessaire. Leur survie en dépend.
- Quelle forme va-t-il prendre, celle d'une sorte de révolution ?
- Cela dépend de sa définition.
La véritable révolution est celle des valeurs,
pas une révolution violente, ni pour renverser l'État.
Le rôle du Mouvement Zeitgeist est d'amener les gens
vers des valeurs communes dans une communauté globale.
(C'est pourquoi le mouvement est international).
La pression que nous exerçons par la prise de conscience
produira le changement. Je pourrais évoquer la manière
dont la désobéissance civile ou d'autres projets pourraient voir le jour
au sein du mouvement, mais ce n'est pas pertinent.
Si les gens le comprennent, si l'espèce humaine en son entier
voit ces possibilités, la nature du véritable problème et ses solutions,
alors le système se corrigera de lui-même. C'est une question d'éducation.
Je pense que même les politiciens et hauts fonctionnaires
finiront par s'éveiller à cela et tôt ou ***
la transition se produira d'elle-même.
- C'est plutôt optimiste, étant donné que l'élite politique
tire un grand profit du pouvoir qu'elle exerce.
Mais j'apprécie de discuter de tout cela avec vous, pour clarifier
vos théories et vos réponses à certaines des questions
qui en découlent. C'était Peter Joseph,
réalisateur et fondateur du Mouvement Zeitgeist.
à sa sortie du Festival Zeitgeist.