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[GOMA, PROVINCE DU NORD-KIVU,
RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO]
On remarque que le sol est très sombre,
[GOMA, PROVINCE DU NORD-KIVU,
RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO]
et c'est parce qu'en plus
d'être entourée de groupe rebelles,
Goma se trouve au pied d'un volcan en activité
qui est entré en éruption plusieurs fois
ces 20 dernières années,
ce qui a généré de nouvelles vagues de réfugiés,
qui s'ajoutent à
toutes les autres merdes qui se passent ici.
Toute cette zone est en état permanent de
en gros, "essayer de tuer tout le monde"
C'est marqué "guerrière du vagin" sur le t-shirt de cette femme
LES REBELLES DE LA BROUSSE
Goma est la capitale de la province du Nord-Kivu,
en RDC et se situe dans l'une des
pires régions géopolitiques du monde.
Au sud-est, il y a la frontière rwandaise,
qui est principalement composée de jungles montagneuses
à travers lesquelles des tonnes
de miliciens hutus sont passés
après le génocide de 1994,
fuyant les représailles du Président Paul Kagamé
et du nouveau
gouvernement tutsi, pour leur rôle dans le massacre.
Cette immigration armée a directement contribué
à l'intensification des 2 premières guerres du Congo,
dans lesquelles environ 5 millions de personnes
ont perdu la vie.
C'est aussi par ce couloir
que l'Armée de résistance du Seigneur
conduite par le célèbre Joseph Kony,
a traversé la frontière depuis l'Ouganda
pour pénétrer le cœur du Congo.
"Kony 2012" a été vivement critiqué
pour le manque de précisions
de ce qu'ils présentaient comme
des "faits" dans le documentaire,
mais ils nous ont quand même appris que
le meilleur moyen d'atteindre les dissidents de la jungle
n'était pas les réseaux sociaux, mais les bonnes vieilles
opérations psychologiques à l'ancienne, principalement
avec des brochures et des émissions de radio.
["UNE LUMIÈRE DANS LES TÉNÈBRES",
VIDÉO DE RECRUTEMENT DE LA MONUSCO]
Nous n'avons pas d'intérêt à vous mentir,
nous voulons être certains
que vous savez ce qu'il se passe.
Et je suis sûr que vous allez intégrer
le processus de DDR de votre gré.
Quand l'ONU nous a invités à
suivre leurs opérations dans différents endroits du pays
notre équipe a immédiatement accepté.
La DDR est le processus de désarmement,
de démobilisation, de rapatriement,
de réinsertion et de réintégration.
Le programme vise surtout les combattants étrangers
opérant au Congo.
Il y a des programmes de réinsertions nationaux, qui
facilitent leur réinsertion dans leur communauté d'origine.
La stratégie centrale de la DDR/RR
pour favoriser des redditions volontaires
et des rapatriements
est la sensibilisation par la radio. Ça signifie
qu'on passe des messages radio sur les réseaux FM.
FM Uruguay, 106.7
Siempre presente, que des hits,
que du rock, pas de bla bla.
Montevideo? Vous me recevez ?
Certains messages les appellent à déposer les armes
et à retourner chez eux. C'est pour qu'ils sachent
qu'il y a toujours... qu'ils peuvent encore rentrer chez eux,
l'espoir n'est pas perdu, leur famille les attendra.
Et des programmes leur permettront
de se réinsérer dans la société.
Voici l'un de nos camps, le camp de transit.
Dans ce camp, on les nourrit 3 fois par jour.
Nous les logeons.
C'est pas ce qu'il y a de mieux
parce que nous voulons les garder temporairement
pour qu'ils
puissent retourner dans leur pays.
On leur permet aussi de téléphoner,
pour qu'ils appellent des amis,
leur famille et leurs proches.
Pendant cette période, les anciens combattants
suivent une formation globale
qui doit les aider à réintégrer la vie civile.
C'est quoi, ça ?
[CÉRÉMONIE DE DESTRUCTION D'ARMES, JUILLET 2010]
Et maintenant, j'aimerais vous dire quelques mots.
Ça c'est cool.
Je crois que c'est censé... Ça doit représenter, genre
la paix en quelque sorte, mais ça ressemble
un peu à l'un de ces
oiseaux maléfiques de "The Wall".
Donc on est dans une base de la MONUSCO
Tout à fait à l'est, à la frontière avec le Rwanda et l'Ouganda.
Il y a un tas de groupes rebelles qui
se regroupent pour passer la frontière et
s'emparer de cet endroit,
c'est un vrai bordel. Le groupe
que le plus de gens connaissent,
c'est l'Armée de résistance du Seigneur,
ou la LRA,
elle est connue pour ses stratégies,
son utilisation d'enfants-soldats,
ses enlèvements et ses incendies d'églises
remplies de gens.
Il y a un autre groupe, le M23, qui se trouve
officiellement à 20, 40 kilomètres du
centre-ville mais on a entendu
qu'ils seraient plutôt à 10 kilomètres.
Ces guerres ont commencé dans les années 1990,
comme différents petits conflits.
C'est un état de guerre permanent pour les Congolais.
Ce qui change, c'est leur adversaire,
selon le moment de la journée.
On va se joindre à une petite patrouille,
en espérant ne pas se faire tirer dessus.
Je les amène dans le tank ?
Ou tu veux les emmener?
C'est pas un problème.
Vous allez avec ces quatre véhicules.
On est arrivés à Goma ce matin, j'ai rejoint
un groupe de soldats uruguayens de l'ONU
qui vont nous faire visiter
la ville, voir à quoi ressemble une ville qui a subi 20 ans
de guerres rebelles.
Outre la LRA,
la RDC abrite aussi des milices
comme les Maï-Maï, les Raïa Mutomboki
et les Forces démocratiques de libération du Rwanda.
Mais la plus grande menace pour la stabilité de la région
pourrait bien être un groupe connu sous le nom de M23.
Dirigé par Bosco Ntaganda, que ses troupes
surnomment affectueusement
"Terminator", le M23 est formé de Congolais
tutsis qui ont déserté l'armée en avril dernier après
avoir décrété que le gouvernement de Kinshasa avait violé
les accords de paix signés le 23 mars 2009,
selon lesquels les membres du CNDP
devaient être intégrés dans
l'armée du pays, les FARDC.
Les affrontements entre le M23 et les troupes du gouvernement
ont pris une telle ampleur que l'ONU a dû
dévier des ressources et des soldats,
fortement nécessaires ailleurs
dans le pays, pour donner une chance
au gouvernement de Kinshasa.
Cela a créé un vide sécuritaire
dans lequel plusieurs groupes armés de la zone
se sont précipités,
réactivant le cycle des conflits tribaux qui ne
s'était jamais vraiment arrêté.
Ces tensions ethniques et géopolitiques aggravent
le combat que se livrent les milices locales
pour le contrôle
des mines de cassitérite, de wolframite et de coltan,
des minerais essentiels à la fabrication de
smartphones, de moteurs à réaction, et d'airbags.
Pour compliquer les choses,
on pense que le M23
recevrait de l'aide des gouvernements
rwandais et ougandais.
Et il a été rapporté que les FARDC
auraient approché les Hutus Maï-Maï
pour qu'ils les aident à combattre le M23,
majoritairement tutsi.
Une information largement négligée quand
Obama a envoyé 100 membres des Forces spéciales
pour soutenir
les pouvoirs régionaux dans leur recherche
du taré préféré de Facebook.
Et quand l'Armée de résistance du Seigneur
dirigée par Joseph Kony a poursuivi ses atrocités
en Afrique Centrale, j'ai envoyé
quelques conseillers américains
aider l'Ouganda et ses voisins à poursuivre la LRA.
Je suis pas fan de l'ONU en général.
Leurs antécédents sont toujours assez mitigés
depuis 65, 67 ans.
Ils semblent causer autant de problèmes qu'ils en résolvent
ou essayent de résoudre, et
on sait que la prostitution se développe
partout où ils s'installent.
En même temps, dans un pays comme le Congo où
même l'armée nationale n'est pas vraiment une force unie,
ils combattent tous les groupes rebelles.
Une autorité de surveillance est indispensable
pour maintenir le calme
et faire en sorte que chaque partie reste raisonnable.
Notre char patrouillait dans les rues
du quartier le plus pauvre de Goma
et parmi des centrales électriques, des pistes d'atterrissage
et des carrefours,
le genre d'endroit qu'une armée rebelle
pourrait bien attaquer.
On a compris que les troupes de l'ONU ne se préparaient pas
à une attaque dans la jungle
mais bien à une attaque du M23 directement sur Goma.
L'ONU est là pour une soi-disant
mission de maintien de la paix, ils sont censés
jouer un rôle de médiateur entre les groupes rebelles et
les factions de l'armée. Plusieurs sections
de l'armée congolaise, de l'armée rwandaise
et de l'armée ougandaise
viennent ici donc l'ONU doit jouer un rôle de baby-sitter,
d'adultes. En même temps,
ils sont dans un tank et c'est des soldats.
Les petits garçons aiment ça, mais
c'est bizarre. On dirait une armée d'occupation.
Je remarque qu'on est juste allés en ville
et c'est assez bizarre de faire juste une patrouille en ville,
c'est un peu comme si on fliquait la population locale
plutôt que de s'occuper des groupes rebelles.
C'est peut-être une manière de convaincre les locaux
de ne pas rejoindre le M23.
Dans les semaines qui ont suivi notre première visite à Goma,
les violences entre le M23, les troupes congolaises et l'ONU
se sont accrues à des emplacements stratégiques
autour de la ville.
les rebelles attaquaient même les convois de nourriture,
d'essence et de ravitaillement en ville.
Une chose dont j'avais pas tenu compte
avant d'être dans le véhicule blindé,
c'est qu'on se dit que le mec du dessus
avec le flingue a la meilleure place.
Mais c'est une horreur pour les reins.
Dans toute cette zone,
c'est comme si tu te prenais une série de coups
dans les reins et le ventre
chaque fois que ça ralentit,
que ça accélère ou qu'on roule
sur un morceau de lave,
ce qui arrive toutes les minutes.
Après, l'ONU nous a invités à visiter un camp à Goma
qui accueille des combattants rebelles
qui se sont rendus récemment
à l'ONU ou aux FARDC.
Quand les déserteurs arrivent,
ils sont reçus par un membre de la communauté
qu'ils ont sans doute croisé sur les routes
ou dans la jungle,
sur une piste, et ils sont amenés
aux FARDC
ou à un camp militaire puis on
les garde dans un camp de transit pendant
une semaine maximum,
pendant laquelle on enquête sur eux.
On leur demande
des informations, on recherche leurs familles,
on prend contact avec la commission de l'amnistie
en Ouganda et avec nos homologues
d'Entebbe-Kampala.
On les retrouve à l'aéroport
où on leur remet la personne
qui sera réintégrée grâce à un système
propre à l'Ouganda.
Dans mon message du jour, je vais commencer
par les femmes.
Les femmes ont beaucoup de problèmes
dans la brousse.
Les femmes qui ont été enlevées et
utilisées comme femmes de la brousse, la plupart du temps
quand elles sont libérées,
c'est parce qu'elles ralentissaient le groupe
dans lequel elles étaient.
Donc les combattants ont décidé,
pour pouvoir se déplacer plus vite,
de libérer les femmes et les enfants.
Femmes de la brousse, c'est juste
une manière polie de dire
esclave sexuelle.
Oui. Ce sont des femmes qui ont été enlevées
et utilisées
comme esclaves sexuelles, porteuses et toutes
les tâches dégradantes qu'il faut faire dans la brousse.
Construit sur les ruines d'une maison de l'ancien
dictateur congolais Joseph Mobutu,
le camp était organisé selon une division
ethnique et administrative.
Un simple grillage séparait les combattants
hutus des Tutsis
qui, dans la jungle, ont répandu leur sang
par tonneaux
pendant des décennies. Le camp de Goma
représente bien
l'imbroglio géopolitique qu'est la RDC.
Les combattants qui sont dans le camp
doivent se rendre
et remettre leurs armes à l'ONU ou
aux troupes gouvernementales,
puis on les prend en charge et on les retient
pendant 72 heures.
Une partie des réfugiés sont des Rwandais
qui ont quitté leur pays pour la RDC et rejoint une milice.
C'est devenu des porte-flingues
qui veulent maintenant rentrer chez eux.
D'autres sont des Congolais qui ont combattu
les milices de Hutus et de Tutsis
avant de se rendre.
Mais il y a aussi un paquet de fermiers rwandais qui
se font passer pour d'anciens rebelles
pour que l'ONU les ramène gratuitement
de l'autre côté de la frontière.
Pour déterminer leur statut et déduire leur identité
et leur pays d'origine, on leur pose des questions
sur les faits locaux,
on prend leurs empreintes digitales et
on leur fait un scan rétinien.
Le camp fait partie d'un programme de l'ONU
qui doit transformer
les rebelles en civils et les réintégrer
dans la société, ou ce qu'il en reste.
En tant qu'officier en charge de l'information publique,
Sam Howard nous a fait une visite guidée
de la partie du camp où sont logés les soldats du M23.
Il était clair que le personnel de l'ONU
ne voulait pas nous parler
de la bataille tripartite qui opposait le M23
à l'ONU et aux FARDC.
Ils étaient tous ravis de parler d'autres groupes armés
qui sont aujourd'hui moins actifs,
comme celui Joseph Kony
et de ses combattants de la LRA, qui n'étaient pas
les rebelles qu'on avait en face de nous.
La dégradation de la sécurité
a forcé l'ONU à agir
et a provoqué une énorme réallocation
des ressources de l'ONU à Goma,
délaissant Dungu, Duru et Bangadi,
en Province Orientale, des endroits où la LRA était
et reste légèrement active.
Le gouvernement, ça veut pas dire grand chose.
Surtout parce qu'il n'a pas beaucoup
de ressources à disposition.
Y'a pas grand-chose, vraiment pas grand-chose.
Le village de Dungu se trouve sur la tranquille rivière Uele.
Les ruines d'un fort colonial belge font face
à la centrale hydro-électrique de Kibali,
qui est hors d'état
depuis près de 30 ans.
Depuis septembre 2008,
l'Armée de résistance du Seigneur a lancé
une série d'attaques brutales sur Dungu,
kidnappant par dizaines, tuant par centaines
et déplaçant 87 000 personnes.
Dans une débauche inhabituelle de brutalité,
les combattants de la LRA ont délaissé leurs habituels AK-47
et leurs RPG, leur préférant machettes et matraques.
Cette brutalité se ressent encore dans les dégâts infligés
à cette zone à l'infrastructure fragile.
Sans électricité ni réseau téléphonique,
la seule méthode de communication de masse
est la bande FM mise à disposition
par le programme de l'ONU.
Vous écoutez cette belle musique
sur la radio de la DDR/RR de la MONUSCO à
Dungu !
C'est Makoma qui nous offre cette jolie chanson.
C'est notre radio mobile
pour sensibiliser les anciens combattants
de cette zone.
On en a une ici et une à Bangadi.
On a vu les premiers exemplaires de ces flyers de l'ONU
avec Sam Howard, quand on était au camp de Goma.
Dessus, il y a des instructions en plusieurs langues,
qui expliquent à la LRA et aux combattants
la procédure à suivre
pour se rendre et être rapatrié.
Si vous trouvez un flyer,
cherchez la bonne station de radio
pour savoir où aller déposer les armes.
Puis, quand la LRA dort,
fuyez dans la nuit.
Troisièmement, rendez vous à l'ONU à la FDRC ou
à une autre force africaine approuvée.
Et pour finir, vous retrouverez votre famille
qui ressemble à des Asiatiques.
La radio mobile appelle les gens à rentre chez eux.
C'est que la LRA ? C'est le groupe le plus important ?
Oui, dans cette zone, c'est la LRA.
Dans ces zones, c'est principalement la LRA.
La LRA agit à Bengadi, Duru...
Ils ont du mal à aller d'une zone à l'autre
parce que la plupart des rivières sont en crue.
Ils attaquent juste pour trouver de quoi manger
et des médicaments.
La plupart d'entre eux, surtout les soldats,
veulent se rendre mais ils ont trop peur.
Si on leur assure qu'ils seront en sécurité chez eux,
je suis sûr que la plupart d'entre eux se rendra.
Ils quitteront la forêt.
Et leurs chefs les induisent en erreur.
Ils leur disent que ceux qui se rendent se font tuer,
ce genre de choses.
Je remercie Dieu et tous les gens avec qui j'ai été,
dans les combats qu'on a traversés, moi et les autres
dont vous vous souvenez.
Comme vous le savez, j'étais commandant.
J'ai traversé des épreuves difficiles, comme vous le savez
et comme vous l'avez vu.
Je demande humblement
à ceux d'entre vous qui sont encore dans le maquis
de réfléchir à ce message parce que si je vous le dis,
vous ne me croirez peut-être pas.
C'est dans votre cœur que vous trouverez
le remède à votre souffrance.
Quand j'ai quitté la brousse, ma famille
en a été informée et par chance,
j'ai appris que ma mère était toujours en vie.
Je me souviens avoir dit à mes camarades
que j'avais rêvé de sa mort.
Alors, venez voir. Faites ce qui est bon
pour vous et votre famille.
Je vous répète que
rien de mauvais ne m'est arrivé.
Suivez mes pas et prévenez vos camarades.
On pourrait leur dire clairement les difficultés
que nous avons avec ces gens-là
Parce que ce sont des gens qui ont passé
beaucoup de temps avec la LRA en brousse.
Quand il revient,
sa mentalité ne peut pas changer tout de suite.
C'est la peur qui les retient en brousse.
Ma question, c'était :
est-ce que ces communautés ont subi
les attaques de la LRA avant
l'arrivée de la DDR/RR, et qu'ont-elles subi ?
Bien sûr que oui !
Quand on l'entend parler,
c'est comme s'il ne comprend pas bien ce phénomène.
Comme il le connaît très bien,
est-ce qu'il connaît que la LRA était dans le centre de Dungu ?
Qu'ils étaient à l'aéroport (où il a atterri) ?
Qu'ils ont traversé le pont pour tuer les gens
et les kidnapper en brousse ?
Est-ce qu'il connaît que cela a été comme ça ?
Peu importe ce qui s'est passé et ce qu'ils ont fait,
tout le monde est prêt à les pardonner.
C'est vrai qu'il y a encore des gens qui les aiment.
Il y a encore des gens qui peuvent les pardonner.
Vous êtes les bienvenus, quand vous voulez.
On vous accueille à bras ouverts.
Les déserteurs qui viennent
sont très hésitants quand ils arrivent parce qu'avant,
les réactions des communautés qui avaient subi des attaques,
celles qu'ils ont terrorisé dans le passé,
leur première réaction, c'était de les tuer.
Le lendemain matin, on s'est levés avant l'aube
et on a volé 30 minutes jusqu'à Bangadi,
une zone où la LRA est toujours en activité.
Messieurs, veuillez éteindre
vos téléphones et vos autres appareils électroniques
pendant toute la durée du vol.
Ce vol est non-fumeur et sans boisson alcoolisée.
C'est comme ça entre Dungu et Bangadi.
Rien que de la forêt. On voit même plus de huttes,
pas de routes.
Des kilomètres de forêt.
De la forêt et de la brousse inexplorées.
Imaginez poursuivre une armée de 400 personnes maximum.
C'est même plus une aiguille dans une botte de foin.
C'est une aiguille dans une montagne de foin.
Vous allez rester combien de temps ?
On a prévu de rester jusqu'à 1320.
Vous devez connaître le planning,
donc sachez que je vais arriver à
1220.
- OK, ça marche.
Je veux que vous ayez fini votre travail
et que vous reveniez ici pour 1200.
Parce que je suis pas censé arriver ici
et que vous n'y soyez pas.
- Non, bien sûr.
Il faut que vous réfléchissiez comme ça.
On suit la défense.
On est allés dans le centre de Bangadi
où Tahir, le représentant de la DDR dans la province orientale,
nous avait arrangé un rendez-vous
avec les responsables locaux,
pour qu'on ait un aperçu de la situation sur place.
Ouais, je crois que c'est là.
Bienvenue.
Avec les discussions de Juba II,
la LRA devait cesser ses activités.
Après l'échec de Juba II,
c'était pratiquement l'impasse.
La LRA a refusé de cesser ses activités rebelles.
Enfin, "plus jamais" est un défi pour les nations.
C'est une vérité amère.
Le monde a trop souvent échoué à empêcher
le meurtre d'innocents
à grande échelle, et nous sommes hantés
par les atrocités
que nous n'avons pas empêchées.
C'était comment, avant les camps ? Il y avait
des soldats de l'ONU ? Il y avait de la présence ?
Une présence défensive ? Non.
Non, il y avait juste des soldats congolais, les FARDC
et l'UPDF, les militaires ougandais.
- Ils étaient là alors qu'on est au Congo ?
- Oui.
Il y a un gros changement depuis que l'ONU
est dans la région.
Mais dans les environs de Bangadi,
on passe pas 2 jours sans
recevoir un rapport concernant
les agissements de la LRA :
enlèvements, meurtres, attaques etc.
Ils sont toujours actifs dans cette zone.
D'autres preuves du passage de la LRA
étaient les traces que laissent
les rebelles sous-équipés pour
s'échanger des informations.
Ils laissent des marques,
et là, ils mettent des morceaux de bois.
L'UPDF interprète très facilement.
Je voulais entendre un récit de première main des
techniques de la LRA et les gens de l'ONU
ont arrangé un rendez-vous avec
Bolobo, un jeune qui a été enlevé par
la LRA quand il était ado et qui a
rencontré le mystérieux Joseph Kony.
Ils nous ont ligotés et emmenés à Napkoko,
où on a passé la nuit.
Ils ont tué un de nos amis d'une balle.
Puis ils nous ont emmenés dans un camp appelé Nigeria.
On a passé un mois au camp Nigeria.
Puis ils nous ont amenés voir le Grand Kony.
On l'a salué.
Quand les combats ont commencé,
l'aviation nous a bombardés
et on s'est éparpillés dans la brousse.
Après la fuite, ça a été très dur. On mangeait pas bien.
On avait perdu espoir et j'ai eu l'occasion de m'échapper.
Ils nous ont donné des armes mais on se battait pas.
ils nous ont jamais appris à tirer.
Ils nous ont donné des armes,
ils nous ont juste appris à les ouvrir,
les nettoyer et mettre de l'huile.
C'est tout.
Ils voulaient faire de nous des soldats.
C'était leur but.
Les filles devenaient leurs femmes.
Il y avait des filles dans ton groupe ?
Oui, beaucoup, car tous les chefs ont des femmes.
Même le grand chef, Kony.
La loi d'amnestie qui donnait aux déserteurs de la LRA
un certain degré d'amnestie a été abrogée.
C'est un nouvel écueil pour nous,
puisque ça a détruit la meilleure motivation qu'on avait
pour encourager les combattants de la LRA à arrêter.
En plein milieu de la route? Vous l'avez enterré, après ?
Dans la volonté de désarmer ces gens
et de les inviter à se rendre,
ça aide pas vraiment.
Le colonialisme à l'européenne a fait ses débuts
au Congo en 1876,
après que le célèbre explorateur Henry Stanley,
employé par Léopold II de Belgique,
a forcé les chefs tribaux à signer des traités
qui donnaient les terres au monarque.
Jusqu'en 1908, Léopold a régné sur le Congo
qu'on appelait l'État indépendant du Congo,
une entreprise privée dont il était
l'unique actionnaire et le président.
On a vite compris que les bénéfices de l'entreprise
provenaient de l'exploitation brutale des habitants et
du pillage des ressources naturelles du Congo.
C'est-à-dire, le caoutchouc.
En 1965, après une série de coups d'État
qui ont mis un terme à la relative stabilité
de la nation indépendante depuis peu,
Joseph Laurent Mobutu
a pris le contrôle de l'État et a renommé le pays Zaïre.
Pendant plus de 30 ans, il est resté à la tête
de ce régime violent, construit
sur le culte de sa personnalité. Par exemple,
sous Mobutu, dans une école primaire,
on aurait appelé Ronald Reagan
le Mobutu américain.
En mai 1987, Laurent-Désiré Kabila,
le père de l'actuel dirigeant de la RDC Joseph Kabila,
a accédé à la présidence du Zaïre
et a changé le nom du pays,
une fois de plus, en
République Démocratique du Congo.
Le vieux Kabila a changé de régime grâce à une rébellion
soutenue par le Rwanda et l'Ouganda,
au cours de laquelle une grande marche
depuis le Kivu l'a conduit à travers 1500 km
de la jungle la plus dense du monde.
C'est le sort qui menace aujourd'hui les rebelles du M23.
Il y a de grosses différences entre le travail fait aux Kivus
et celui fait dans la Province Orientale.
Au Kivus,
les combattants à qui on s'adresse
sont plus faciles à atteindre.
Il y a un réseau de téléphonie mobile,
on peut les contacter et parler,
essayer de négocier leur venue.
Ça n'existe pas dans la Province Orientale.
Là, on est en pleine jungle, il n'y a pas de réseau,
on n'a pas de contact au sein de la LRA,
pas d'accord de paix, donc notre travail
se base beaucoup sur
la croyance et l'espoir qu'ils reçoivent le message.
Il y a une nouvelle initiative de l'Union africaine
pour développer une stratégie visant à contrer la LRA
On déploie aussi des troupes au sol
qui font des patrouilles et on fait en sorte
qu'elle soient faites uniquement
par des personnes armées,
que ce soit des gens à nous ou des FARDC.
Pendant la patrouille, on a convaincu le convoi de nous déposer
à Duru, un village qui a été très touché par l'attaque
de la LRA à Dungu, en 2008.
C'est aussi là que, selon les rumeurs locales,
une bande de combattants aurait récemment pillé des fermes.
C'était notre convoi.
Il y a les forces spéciales américaines,
qui restent assez évasives quand on leur demande
ce qu'elles font.
Ils viennent d'enlever leurs insignes
avant de rentrer au Sud Soudan, y compris
le patch drapeau, ce qui est assez
intrigant.
Il y avait un policier du Burkina Faso.
Il a confirmé ce qu'on pensait depuis le début. La LRA
est faible et à terre, en ce moment.
On dirait que c'est lié à la mode.
La campagne Facebook Kony 2012
a poussé les forces internationales
à envoyer des troupes ici
plutôt qu'à Goma, où il y a beaucoup
de troupes du M23,
alors que c'est là-bas qu'on a besoin d'elles.
Plutôt que de poursuivre cette armée
composée de 400 affamés cadavériques
qui n'attaquent que pour manger.
On va rester là. Voir comment les gens se débrouillent
4 ans après le massacre.
Comme vous le voyez, on est traumatisés.
Très traumatisés.
Mon fils, comme le petit qu'on voit ici,
ils ont tué une fille sous leurs yeux,
ils l'ont battue à mort.
Ils tuaient. Il pleurait et eux rigolaient.
Comment chasser ces horreurs de nos esprits ?
Le chrétien doit pardonner.
Mais parfois, même un chrétien ne peut pas.
On reste comme ça.
Chez moi, quand on verse le sang de quelqu'un,
on sait que Dieu nous attend au Paradis.
Un jour, ils se rencontreront et
on saura qui était coupable.
OK, merci.
Que Dieu vous protège.
On va fumer ça. À la prochaine.
J'ai rencontré des locaux qui vont nous amener à Nambya,
un petit village au sud d'ici.
Mais entre les 2, c'est la jungle.
C'est là que la LRA se met pour embusquer
les voitures seules.
Les militaires marocains ont bien voulu
nous mettre une escorte à disposition.
On va leur demander à quoi ressemble la LRA aujourd'hui.
On nous a dit que c'était pas glorieux.
Ce qui est arrivé cette semaine et la semaine dernière,
c'est que la LRA est souvent dans le coin,
y compris dans le centre de Duru.
Ils viennent souvent.
La LRA enlève souvent des gens,
même des enfants, des hommes âgés,
et les tuent à coups de bâtons.
Sans vous mentir, jusqu'à présent,
je suis une victime, parce que mon enfant
a été enlevé à l'école,
La situation de la LRA,
c'est la fin du monde.
Où est le chef ?
J'ai quitté mon village pour aller chasser le singe.
J'étais avec mon fils, on avait des gros calibres.
On les a rencontrés. Il y en a un qui marchait sur la piste.
Ils ont cru que le soldat de la LRA était des FARDC.
On a continué et on l'a salué.
Mais quand ils sont arrivés à son niveau,
d'autres étaient cachés.
J'ai remarqué qu'il parlait mal le Lingala
et 2 autres sont apparus.
Quand Martin a voulu les saluer, ils l'ont attaché.
Ils nous ont attachés par les hanches.
Ils ont pris tout ce qu'on avait.
Et Martin et son fils étaient sûrs qu'ils allaient mourir.
On est retournés dans la brousse, on a suivi des empreintes.
On a trouvé la rivière Kpaikpa.
On l'a traversée et on a marché à travers la forêt.
Donc on restait autour de la rivière,
on la traversait sans arrêt,
on tournait autour et on a fini par retourner sur nos pas.
Vers 19 h, Martin a dit aux soldats de la LRA
que s'ils lui confiaient une arme,
il irait chasser pour eux.
Ils ont accepté en lui disant de ne pas s'enfuir.
Il leur a dit qu'il ne partirait pas.
ils lui ont dit qu'il pouvait y aller seul,
que son fils restait avec eux.
Ils ont coupé la corde qui me reliait à mon fils,
l'un des soldats a sorti une machette
et voulait frapper mon fils.
Il a dit : "Non, s'il vous plaît."
Et le soldat s'est arrêté.
Puis ils l'ont rattaché.
Avant de partir, Martin leur a dit qu'après avoir tiré,
il frapperait sur un arbre pour leur prouver
qu'il était encore là.
Martin a fait le tour du campement
à distance de sécurité
et a attendu que la lune se lève.
Quand son coup de feu a résonné dans la nuit,
les hommes de la LRA, trompés par l'idée du confort à venir
ont posé leurs armes et se sont endormis.
Quand Martin a frappé l'arbre, comme convenu,
son fils s'est échappé et les 2 sont rentrés au village.
Le chef avait une autre requête.
Il voudrait que plus de soldats des FARDC
soient déployés dans le coin.
Actuellement, il y en a moins de 10,
parce que tous les soldats des FARDC
sont envoyés dans le Nord-Kivu.
Ils ont laissé les villages sans surveillance.
Aucune protection.
Dans la brousse, quand ils étaient avec les rebelles,
ils ont vu des flyers de la DDR/RR,
les papiers jaunes ?
Oui, à l'endroit où ils gardaient leurs affaires,
il y avait des papiers.
Ils les ont ramassés pour les lire.
Ils ont vu un papier jaune.
Ils ont essayé de le lire, ils ont parcouru le papier,
puis ils l'ont jeté et ont dit :
"Dis-leur qu'on sortira jamais d'ici."
C'est assez radical.
Presque partout où on est allés, on a rencontré
des opinions divergentes sur la répartition des troupes
et de l'équipement à travers le pays.
Dans les zones où la LRA est encore active,
on avait peur du vide créé par l'envoi des troupes de l'ONU
et des FARDC vers le Kivou.
Au Kivou,
par peur de se confronter au M23,
les responsables opèrent dans des provinces comme
la province orientale, en ignorant le loup qui est à leur porte.
On dirait que toutes ces peurs étaient bien fondées.
On s'est fait dépouiller !
C'est marrant, je m'attendais à en voir une
dans la bouche du chien et dans celle
des petits. T'es prêt ?
Ce matin, on cherche des hippos
avant notre vol. On part aujourd'hui.
Pas d'hippos pour le moment.
Ils doivent glander dans l'herbe.
C'est décevant, mais en même temps
c'est une métaphore
de la LRA dans la région.
Ce qui devient clair,
quand on voit toutes les ONG et la présence de l'ONU,
toutes les agences, Invisible Children,
sont bien organisées
alors que "Kony 2012", c'est
de la merde. On retrouve l'attitude des ONG
qui se concentrent sur un domaine précis,
sur un seul problème
dans la région. C'est comme ça que ça fonctionne,
on se concentre et on se spécialise, mais
dans une zone aussi complexe
que l'est du Congo, où tout est connecté,
rassembler les troupes au nord, là où il y a la LRA,
on les bats, si on peut dire, mais
tout ce qu'ils ont réussi à faire, c'est à éparpiller
les troupes. Ils se séparent en groupe de 2 ou 3,
ils se cachent dans la brousse
et c'est impossible de les supprimer
en tant que forces.
Ça va prendre des années. Ces gars vont rester là,
c'est devenu des bandits.
En même temps,
des groupes du sud comme les Maï-Maï et le M23
profitent que l'attention soit concentrée sur
la LRA pour rassembler leurs forces et constituent
maintenant une menace majeure
dans les Kivous.
Je suis le colonel Baudouin Ngaruye.
Je suis le représentant du M23.
Nous sommes heureux de constater
que des élèves et des étudiants
sont aussi venus nous saluer.
Aucun militaire ne forcera les professeurs
à porter leurs bagages.
Les militaires respectent nos chefs.
Kabila doit respecter les étudiants.
En quoi l'armée du M23 peut-elle vous aider ?
Vous devez accepter le fait
que l'armée du M23 vous a aidée.
Mama ne peut pas s'occuper de sa ferme
car elle est invalide.
Mais si l'armée du M23 peut l'aider,
elle lui en sera reconnaissante et priera Dieu.
Même si l'ennemi attaque,
on enverra un homme s'occuper de la ferme de Mama.
Lundi prochain, la police et l'armée prendront leurs outils,
ce chef nous montrera où est la ferme de mama.
Ils travailleront jusqu'à ce que ce soit terminé.
Même si elle n'a pas de graines...
On peut savoir ce que vous avez dans la main ?
C'est un billet d'un dollar
Je suis très heureuse.
Merci beaucoup, ce sont des bienfaiteurs.
[19/11/12 : LA RADIO OKAPI DE LA DRR/RR FAIT ÉTAT DE TIRS DE MORTIERS
TIRÉS SUR GOMA DEPUIS LE RWANDA.]
[20/11/12 : SUITE À UN ÉCHANGE DE TIRS PRÈS DE L'AÉROPORT DE GOMA,
LES TROUPES DES FARDC SE SONT RETIRÉES DE CETTE VILLE
QUI PRÉSENTE UN INTÉRÊT STRATÉGIQUE.]
[LE MANDAT DES TROUPES DE LA MONUSCO NE LES AUTORISE PAS
À AFFRONTER DIRECTEMENT LE M23. LES SOLDATS
ONT DONC REGARDÉ LA VILLE TOMBER AUX MAINS DES REBELLES.]
La première condition pour gagner une guerre,
c'est la maîtrise du sol.
Ils n'ont pas ça. Ni toutes les armées du monde.
Nous avons réussi à infiltrer cette armée,
qui est quand même l'armée de la RDC.
Aucune force au monde ne saura nous déloger
de là où nous sommes.
C'est une terrible erreur que de croire
que les problèmes du Kivou
peuvent être réglés par la force.
C'est impossible.
[21/11/12 : PENDANT LE SIÈGE, PLUS DE 2000 SOLDATS CONGOLAIS
ET 700 POLICIERS ONT REJOINT LE M23.]
[LES REBELLES ONT ORGANISÉ UN RASSEMBLEMENT DANS LE STADE DE GOMA, DEVANT UNE FOULE ENTHOUSIASTE DE PLUSIEURS MILLIERS DE PERSONNES. ILS ONT DIT VOULOIR PRENDRE LE CONTRÔLE DU PAYS.]
Et si la communauté internationale vous demande
de vous retirer, vous pouvez vous retirer facilement ?
Pour aller où ?
Ils nous l'ont déjà demandé.
Au quotidien, on a vu qu'un problème à la fois,
y'a pas de bonne manière de faire,
les solutions viendront, la situation va s'améliorer
mais ça va durer 20 ans. Cette merde s'éternise,
ça fait partie de...
De la vie des gens : la guerre, les châtiments,
ça empire mais ça fait partie de leur vie.
Ce camp est encore là un moment.
Les soldats vont rester ici longtemps.
Les gens vont se battre et mourir pendant longtemps.
Et le nombre de signataires d'une pétition Facebook
n'y changera rien.
[30/11/12 : LES REBELLES DU M23 SONT SORTIS DE SAKE ET MASISI
ET SONT RETOURNÉS À 15 KM DE GOMA.]
[LE M23 A PRÉCISÉ QUE S'IL ÉTAIT FAIT DU MAL AUX HABITANTS DE GOMA
OU SI LES NÉGOCIATIONS À KINSHASA N'ABOUTISSAIENT PAS,
ILS REPRENDRAIENT LA VILLE.]
[DANS LES 6 JOURS QUI ONT SUIVI LE SIÈGE DE GOMA,
LE M23 A RÉCUPÉRÉ 1000 TONNES D'ARMES
ABANDONNÉES PAR L'ARMÉE EN DÉROUTE.]
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Ne jamais trahir le Congo.