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Le Mouvement Zeitgeist
Londres, Royaume-Uni, 25 juillet 2009
Le titre de cet exposé est "Où en sommes-nous ?"
En m'efforçant de promouvoir les idées du mouvement
et du Projet Venus, j'ai découvert qu'environ 95% des critiques
tendent à ignorer la situation actuelle.
Ils critiquent simplement avec désinvolture les résumés
des solutions que nous proposons
sans jamais se pencher sur le raisonnement
utilisé pour déboucher sur ces solutions.
En réponse à cela, j'ai décidé de me focaliser sur l'information
qui mettra pour le moins en évidence le besoin urgent
de cesser nos pratiques sociales actuelles,
tout en soulignant la logique utilisée par le Projet Venus
pour parvenir à ses conclusions et à ses idées.
Nous n'inventons rien. Jacque Fresco ne s'est pas contenté
de lancer des idées novatrices. Son raisonnement charnière
s'appuie sur une base quasi empirique.
Nous aurons d'abord une vue d'ensemble
du mouvement et des principes du Projet Venus.
Dans la première partie, nous allons réfléchir
à la nature du système monétaire mondial et ses conséquences
et en deuxième partie, avec plus de recul, nous considérerons la condition humaine,
sa culture et les effets du système social en général.
Mais d'abord, notez que nous avions recommandé
aux participants de lire le Guide d'orientation activiste
ou de voir la vidéo activiste,
car je passerai très vite à travers ces informations
en présumant que beaucoup d'entre vous sont en terrain connu.
Sinon, ne soyez pas surpris de trouver certains concepts étranges.
Cette conférence est la première de deux conférences.
La seconde aura lieu dans un futur proche.
Je vais d'abord vous entretenir
du fait que notre système social est corrompu,
puis nous évoquerons les solutions envisageables
sans toutefois les détailler. Nous présenterons
le raisonnement qui les sous-tend.
Le "Zeitgeist" c'est le climat intellectuel,
moral et culturel d'une époque.
Le terme "Mouvement" implique l'action ou le changement.
Le Mouvement Zeitgeist est donc une organisation qui incite au changement
du climat dominant, culturel, intellectuel et moral de notre époque,
vers des valeurs et des pratiques qui serviront mieux
les intérêts de tous les humains, quels que soient leur race,
leur religion, leurs croyances ou leur statut social artificiel.
Le Mouvement Zeitgeist fonctionne comme agent de communication et de représentation
d'une organisation nommée Le Projet Venus,
qui est un ensemble d'idées conceptuelles et technologiques
constituant le travail de Jacque Fresco,
concepteur industriel et ingénieur social.
M. Fresco et son associée Roxanne Meadows travaillent depuis des
décennies sur les méthodes techniques et les impératifs éducatifs
qui permettront à la société de mettre fin aux guerres cycliques,
à la pauvreté perpétuelle et à la corruption généralisée,
et de créer une société améliorée et respectueuse de l'environnement,
tout en recherchant un degré d'efficacité maximale, et surtout
d'améliorer le standard de vie, la liberté personnelle et le bien-être,
non seulement d'une nation ou d'une classe sociale, mais de toute la famille humaine.
La matérialisation ultime de ces idées
prend la forme d'un nouveau concept social
aligné sur les connaissances actuelles, et qu'on peut appeler
une "Économie Basée sur les Ressources" (EBR).
Selon M. Fresco :
"nous appelons à une complète refonte de notre culture
où les maux anciens comme la guerre, la pauvreté, la faim, les dettes
et la souffrance humaine inutile sont perçus non seulement comme évitables,
mais aussi comme totalement inacceptables.
Si nous sommes moins ambitieux, les problèmes
inhérents au système actuel continueront de sévir."
Une économie basée sur les ressources utilise les ressources au lieu du commerce.
Tous les biens et services sont disponibles sans recours à une monnaie,
au crédit, au troc ou à toute forme d'endettement ou de servitude.
L'objectif de ce nouveau concept social est de libérer l'humanité
des tâches répétitives, non gratifiantes et arbitraires
qui nuisent au développement social,
tout en encourageant un nouveau système de motivation
basé sur l'auto-accomplissement, l'éducation,
la conscience sociale et la créativité, contrairement
aux buts artificiels, superficiels, égoïstes et générateurs de corruption
que sont la richesse, la propriété et le pouvoir, prévalant aujourd'hui.
À l'origine de ce concept, il y a la prise de conscience
que la gestion intelligente des ressources de la Terre
et l'application progressiste de la science et de la technologie modernes,
nous permettent de créer une abondance quasi globale sur cette planète.
Nous pouvons ainsi échapper aux conséquences nuisibles
de la rareté contrainte et du gaspillage qui prédominent aujourd'hui.
Il est possible de créer une bonne qualité de vie pour
la population mondiale entière et encore plus.
Le Projet Venus tient compte de ce qu'on a perdu de vue depuis longtemps
dans notre monde moderne mené par la finance,
ce sont les composants fondamentaux de la société
et la compréhension de base nécessaire au maintien du bien-être émotionnel,
intellectuel et physique d'une personne.
Tous les systèmes sociaux, quelle que soit leur philosophie politique, religieuse
ou leurs coutumes sociales, dépendent des ressources naturelles
sans lesquelles la société ne peut fonctionner.
En même temps, la société est une machine culturelle.
Il est donc naturel que la culture cautionne
les valeurs que défendent les institutions dominantes
de cette société, indépendamment des avantages de ces valeurs.
Autrement dit, la société récolte ce qu'elle sème.
Si les bases idéologiques d'une société soutiennent l'égoïsme,
l'élitisme, la cupidité et la malhonnêteté,
il ne faut pas s'étonner que certains membres de la société
tombent dans les extrêmes que sont l'assassinat,
la corruption financière ou la recherche du profit à tout prix.
La société n'est donc pas seulement le produit de la somme des valeurs de ses membres,
mais elle les inculque en plus à chaque nouvelle génération.
Il n'est pas étonnant que les gouvernements perpétuent
les valeurs nationalistes et patriotiques,
car en leur absence le peuple n'approuverait pas leurs programmes ou leurs guerres.
Il n'est pas surprenant que l'Église catholique perpétue l'idée
que les hommes naissent pécheurs,
car sinon les gens ne viendraient pas se faire sauver.
Il n'est pas étonnant que
toutes les grandes villes de la planète soient couvertes de publicités
qui raffermissent le matérialisme et l'insuffisance. Pourquoi ?
Car sinon les gens pourraient se contenter de ce qu'ils possèdent
et ne pas contribuer au profit et à la perpétuation
d'une corporation ou d'une économie.
Cependant, en matière d'influence culturelle, rien n'est comparable
aux implications psychologiques énormes qui se sont développées
à cause du système financier monétaire.
L'argent, contrairement à ce que la majorité des gens croit,
n'est pas une ressource naturelle et ne représente pas de ressources.
En fait, logiquement, l'argent est fonctionnellement pertinent
en société, seulement quand les ressources naturelles
et les mécanismes de création sont rares.
Un système a donc émergé où l'on donne aux gens une certaine valeur
pour leurs compétences en échange de leur servitude,
une valeur utilisable comme moyen d'échange
pour obtenir des biens soi-disant rares.
Malheureusement, notre culture est complètement inféodée
à ce cadre de référence aussi inévitable que le soleil levant
et refuse d'envisager un autre mode de fonctionnement.
Certains ont même redéfini la pertinence de l'argent lui-même,
ils sont conditionnés à penser que l'argent représente le choix.
Que l'argent est d'une manière ou d'une autre lié à la démocratie,
et la plus grande des illusions, que la structure monétaire est un outil de liberté.
Bien que l'argent ait en fait joué
un rôle positif en général au cours de notre évolution sociale,
nous ne pouvons pas arrêter le changement et l'adaptation.
Le fait est que la plupart des problèmes qui nous ont fait développer
le système économique actuel sont pratiquement résolus
grâce aux avancées dramatiques de la science et de la technologie.
Nous avons les moyens d'entrer dans un nouveau paradigme
où les effets négatifs de notre système social actuel
comme la guerre perpétuelle, l'exploitation de l'homme, la pauvreté,
et la destruction de l'environnement, ne sont plus tolérables.
La prochaine étape de notre évolution sociale ne devrait pas
être dictée par les opinions d'un groupe de personnes,
mais par les statistiques, les projections, les déductions et extrapolations
qui sont les composantes de la méthode scientifique.
Hélas, en dépit du caractère logique, de la clarté
et de l'évidence des nouvelles idées, la population
continue d'avoir peur de toute forme de changement social.
Cette attitude est principalement due à l'endoctrinement
auquel la population est soumise par les pouvoirs établis qui,
évidemment, s'efforcent de conserver leur pouvoir,
à savoir les institutions religieuses, gouvernementales et les multinationales.
En fait, ce ne sont pas les questions techniques
ni les implémentations matérielles qui posent problème
dans l'Economie Basée sur les Ressources.
Nous savons que c'est techniquement réalisable et possible.
L'analyse a été extrapolée.
Ce sont les valeurs culturelles obsolètes, un sujet si délicat.
Les valeurs culturelles et les barrières éducationnelles de notre culture conditionnée
sont l'aspect le plus difficile à analyser.
C'est une des raisons pour lesquelles je fais cet exposé.
Je veux que les gens comprennent qu'il faut que nous changions.
Et c'est là que le Mouvement Zeitgeist entre en jeu.
Nous ne sommes pas là pour dicter leurs pensées aux gens,
nous sommes là pour disséminer des informations statistiques
et des identifications de valeurs sociales positives
dans l'espoir de faire prendre conscience aux gens
du potentiel incroyablement positif de l'avenir.
Une fois que les gens auront assimilé ces éléments,
je crois qu'ils ne pourront plus jamais regarder le monde
comme avant, et les problèmes vus comme normaux aujourd'hui
deviendront simplement inacceptables, incitant au changement.
Il y a d'innombrables personnes bien intentionnées
dans des organisations activistes, et elles prolifèrent.
Leur nombre ne cesse de m'étonner
et elles sont admirables, et leurs voix en colère hurlent à pleins poumons
les problèmes et les injustices criantes de notre monde.
Cependant, très peu d'entre elles proposent de véritables solutions.
Celles qui en proposent les inscrivent toujours
dans le cadre du système établi actuel.
On accorde très peu d'attention à la structure de base
de notre société.
Le Projet Venus, et donc le Mouvement Zeitgeist, est différent.
Nous voulons surtout découvrir
les causes fondamentales de nos problèmes sociaux,
et les résoudre à partir de ce dénominateur commun le plus bas.
Lorsqu'on considère la corruption sociale, la pauvreté, l'insensibilité environnementale,
l'exploitation humaine et les bouleversements sociaux et personnels actuels,
on réalise que les conflits personnels et sociaux et ne sont pas dus
à telle entreprise multinationale, à une élite démoniaque
ou à une législation gouvernementale.
Ce sont les symptômes des problèmes fondamentaux.
Il est important d'avoir conscience de cela
pour bien comprendre notre monde.
Il existe un grand nombre d'attitudes irrationnelles
du type "c'est nous contre eux", qui sont
extrêmement préjudiciables à notre développement,
car les gens cherchent toujours à blâmer les autres
alors que ce sont eux-mêmes qui perpétuent
le système responsable de nos maux.
Le vrai problème est le comportement humain.
C'est la raison pour laquelle il sera traité dans cet exposé.
Il est en grande partie formé et renforcé par les modèles sociaux
auxquels l'homme est contraint de se plier pour survivre.
Nous sommes les produits de notre société
et c'est la base même de notre système socio-économique
et son cadre environnemental qui ont créé
la culture mortifère qui nous entoure.
Notre système est basé presque exclusivement sur l'exploitation humaine,
le mauvais traitement des ressources et le gaspillage.
C'est simplement ce que fait notre système.
Quant aux fameux "eux",
il s'agit d'une autre distorsion sociale
générée et renforcée par notre environnement.
Ce "eux" est un mythe.
Dans "Zeitgeist I", je décris "les hommes de l'ombre"
qui forment un groupe spécialisé dans l'économie
et contrôlent l'essentiel de la politique gouvernementale. Ce sont les banques.
Les banques contrôlent le monde depuis toujours,
mais elles ne sont que le produit d'un système dirigé par des êtres humains.
Nous sommes confrontés à des tendances négatives.
Le syndrome du "eux" est absolument obsolète.
Lorsque vous entendrez quelqu'un parler d'"eux",
montrez-leur donc que c'est une mentalité religieuse:
la dualité entre le bien et le mal.
En fin de compte, nous pouvons passer le reste de notre vie
à écraser les fourmis qui sortent de dessous le réfrigérateur,
à tendre des pièges ou à légiférer,
ou bien nous pouvons éliminer la nourriture avariée
qui a causé l'infestation pour commencer.
Ceci nous amène à la Partie I: La dynamique monétaire et ses conséquences.
Voici un courriel que j'ai reçu d'un docteur en économie
peu après avoir lancé "Zeitgeist Addendum" :
"Chers cinéastes, mon fils m'a montré
la première moitié de votre film et m'a demandé mon opinion
sur l'introduction concernant les pratiques de réserve fractionnaire.
Je suis docteur en économie depuis douze ans et j'enseigne la macro-économie.
Le processus de création monétaire m'était familier,
mais ma perspective limitée ne me permettait pas de percevoir
le problème de fond qu'exprimait votre film.
Je trouve très inquiétant que la création de valeur à travers la dette
soit, du point de vue de la logique formelle, une condition imposée de carence
et soit instigatrice de servitude publique.
Je ne saurais dire ce qui m'a le plus choqué :
le fait que cela soit vrai, ou le fait que je n'en ai jamais eu conscience,
malgré toutes mes années d'études en économie."
Il peut sembler contre-intuitif de penser qu'un individu censé être
un expert reconnu par tous dans un domaine donné,
de par ses récompenses et références
surtout dans le domaine purement intellectuel,
puisse voir son ouverture d'esprit entravée fortement
par son exposition à un curriculum fixé et établi.
On devient cognitivement fermé aux nouvelles idées et réalisations
et si en plus elles sortent du cadre existant et bien compris,
alors on n'a aucune chance d'en prendre conscience.
Notre perception a été restreinte.
Jacque Fresco, qui a quitté l'école à 14 ans,
a un bon exemple concernant ce problème de perception:
tandis que les frères Wright construisaient une machine volante,
les experts en physique et les ingénieurs écrivaient des livres
démontrant que l'homme ne pourrait jamais véritablement voler.
Les frères Wright, mécaniciens de bicyclettes de leur état,
ne lisaient pas ces livres.
En d'autres termes, la créativité vous servira toujours mieux que les livres.
Rappelons-nous cela, prenons du recul et posons une question très simple
sur la structure économique dans laquelle nous vivons.
Quels sont les plus petits dénominateurs communs
nécessaires pour perpétuer une économie de marché ?
(1) Le travail humain doit être vendu comme une marchandise sur le marché.
Mis à part les investissements et les héritages, presque tout l'argent
s'obtient par des revenus, provenant des salaires ou du profit
d'un emploi quelconque.
Il doit donc toujours y avoir des demandeurs d'emploi,
sinon l'économie ne peut fonctionner.
(2) L'argent doit être continuellement transféré
d'un acteur économique à l'autre pour soutenir la "croissance économique."
Cela se fait par une consommation constante ou cyclique
de tous les membres de la société.
Les emplois sont entièrement liées à la demande de production.
S'il n'y a pas de demande de biens et de services,
il n'y aura pas d'offres d'emplois
ce qui arrêterait la circulation financière.
Évidemment, ces deux aspects du système,
qui sont intimement connectés, sont absolument primordiaux
pour le fonctionnement du système financier.
Si l'un des deux était substantiellement atrophié,
l'intégralité de l'économie serait sérieusement compromise
et pourrait même devenir obsolète.
Étant donné cette réalité,
considérons hypothétiquement certaines variables
qui pourraient mettre ces mécanismes en danger.
Selon le premier point, le travail est vendu comme un produit en échange d'argent.
Que se passerait-il si le marché du travail devenait inutile
pour la production de biens et de services ?
Plus précisément, que se passerait-il si les technologies d'automatisation
atteignaient un niveau d'avancement permettant le remplacement
de 40%, 50%, voire 60% de la force de travail humaine ?
À partir de quel pourcentage de chômeurs se rendrait-on compte
que l'intégrité du système est menacée et doit
être remise en question ?
S'agissant du second point, le besoin de consommation cyclique,
que se passerait-il si la circulation d'argent perdait son dynamisme ?
Que se passerait-il si les gens n'avaient plus
besoin d'être des acheteurs perpétuels ?
Que se passerait-il si on découvrait que grâce à des
techniques et concepts de gestion des ressources et de production optimisés,
on pouvait soit rendre les achats les plus courants obsolètes
par des méta-rénovations
soit leur donner une si grande efficacité, une telle
longévité et durabilité presque sans entretien,
qu'ils dureraient toute une vie sans remplacement ni réparation majeure ?
Cette idée n'est bien sûr pas applicable aux biens périssables
comme les aliments, mais en suivant le même raisonnement,
que se passerait-il si la production de nourriture était si aisée et abondante
grâce à la technologie, que l'équation de l'offre et de la demande
réduise sa valeur marchande à néant ?
Autrement dit, considérons le concept économique classique
de la "théorie de la valeur".
Dans la société, théoriquement, toute chose a une valeur
basée sur deux considérations :
la rareté ou la disponibilité des matériaux utilisés
et la somme de travail humain nécessaire pour la produire.
Si la rareté des matériaux, à la fois en matière de disponibilité des ressources
et de qualité, ne posait pas de problème,
et si le travail humain n'était pas nécessaire pour créer un bien ou dispenser un service,
la notion de valeur serait techniquement abolie.
Or, comme la plupart d'entre vous le savent probablement déjà,
Jacque Fresco et le Projet Venus se sont rendu compte
qu'aucune de ces possibilités n'est hypothétique.
Nous espérons que l'ensemble de l'humanité
en prendra bientôt conscience.
Les humains sont effectivement remplacés
et deviennent obsolètes en tant que force de travail
grâce aux avancées des technologies de production.
De même, les progrès énormes des concepts de production efficace
et de gestion des ressources révèlent la faisabilité
d'une abondance globale et d'une efficacité maximale des produits.
On peut le prouver par l'analyse statistique
et en extrapolant à partir des tendances historiques.
Les grandes entreprises se gardent bien de l'annoncer
et il faut creuser profondément pour trouver ces informations.
En ce qui concerne les capacités d'automatisation de la production,
la première chose à considérer est l'évaluation statistique
du phénomène appelé "chômage technologique".
Depuis 300 ans, le chômage technologique, qui est
causé par l'utilisation des machines comme force de travail,
a continuellement et systématiquement exclu un nombre important
de personnes de chaque nouveau secteur émergent.
Le marché actuel de l'emploi se divise en gros en trois secteurs :
l'agriculture, qui inclut l'exploitation minière et la pêche,
l'industrie (les biens tangibles) et les services (les biens intangibles).
C'est une progression sociale quasi universelle,
toutes les sociétés tendent à suivre le même chemin de développement,
passant d'une dépendance à l'agriculture et à l'extraction minière,
au développement de l'industrie, qu'elle soit automobile
textile, navale, ou sidérurgique,
pour aboutir à un système fondé davantage sur les services.
La seule raison pour laquelle certains pays sont plus en retard
que d'autres dans ce processus est qu'ils n'ont pas accès
à la technologie requise pour passer au niveau suivant.
Cette progression scientifique est indépendante du système social
ou des tendances politiques des pays.
Étudions ce phénomène avec les États-Unis comme exemple.
Les États-Unis sont ma plus grande source d'informations,
mais n'oubliez pas que ça peut s'appliquer à toute économie.
En 1860, 60% des Américains travaillaient dans le secteur agricole.
Aujourd'hui, grâce aux machines et à l'automatisation, ils sont moins de 1%.
Ces avancées technologiques ont également donné lieu
à une révolution industrielle,
de sorte qu'en 1950, 33% des Américains travaillaient dans le secteur industriel.
De nos jours, en raison du degré croissant de mécanisation,
ils sont moins de 8%.
Si l'on considère que seulement 9%...
(ce chiffre peut varier en fonction des règles d'analyse utilisées)
Seuls 9% des Américains travaillent dans les secteurs agricoles et industriels.
Où sont passés tous les autres ? Dans le secteur des services.
La seule chose qui ait sauvé le marché du travail américain après la rénovation
des secteurs agricoles et industriels est la fuite vers le secteur des services.
Entre 1950 et 2002,
aux USA l'emploi dans le secteur des services est passé de 59% à 82%.
Le secteur des services est donc actuellement le principal employeur des Américains
comme de tous les pays industrialisés.
Naturellement, on se pose la question :
ce secteur est-il immunisé contre le chômage technologique ?
Bien sûr que non.
Avec l'avènement et l'augmentation des technologies informatiques,
nous observons le remplacement de la main d'œuvre humaine par les machines dans les services.
Les guichetiers et les caissiers sont remplacés par des kiosques automatiques,
les services téléphoniques utilisent des systèmes automatisés,
l'Internet a complètement redéfini la vente au détail,
sans parler des systèmes de kiosque sur les marchés physiques,
des machines dernier cri qui préparent à manger et même la recherche est automatisée.
Comme l'a si bien dit l'économiste Stephen Roach, "le secteur des services
a perdu son rôle de moteur débridé de création d'emploi."
En Allemagne, le premier restaurant complètement automatisé
est opérationnel. Il utilise des kiosques pour les commandes et les paiements.
La nourriture est servie par un système entièrement mécanisé.
Il n'y a aucun serveur.
Rien n'empêche cette idée
d'être adoptée dans chaque restaurant du monde.
En fait, les applications créatives de la technologie...
On voit des choses isolées ici et là
et on voit des reportages au sujet de telle technologie
capable d'accomplir telle tâche. Si on les appliquait créativement
je suis certain que les 90% de l'industrie des services
pourraient être éliminés demain.
L'unique raison pour laquelle ça n'est pas déjà fait est que la société
est rétrograde en matière de progrès social.
Pour illustrer encore mieux ce point,
cessons de voir la technologie en termes de chômage
et voyons-la sous l'angle de la productivité.
Ce qui est incroyable dans tout cela,
c'est que plus le chômage technologique augmente,
plus la productivité s'accroît également.
Dans les pays industriellement avancés du G7,
l'emploi industriel ne cesse de diminuer,
tandis que la production industrielle ne cesse d'augmenter.
Voici le graphique. Il est très éloquent.
J'aime cette citation:
"En vérité, le secteur industriel américain se porte bien,
sauf en ce qui concerne le nombre de personnes qu'il emploie.
Quelques économistes jugent de la bonne ou mauvaise santé
d'une industrie en utilisant l'emploi comme seul critère.
Selon ce critère, le secteur agricole est au plus mal depuis des
décennies, car il ne cesse de perdre des emplois.
Même si sa productivité a fortement augmenté au siècle dernier.
La santé industrielle se mesure mieux à l'aune de la
productivité, de la rentabilité et des salaires."
Cette personne oublie complètement une chose essentielle :
si les travailleurs humains sont remplacés par des machines,
ils n'ont pas de pouvoir d'achat, et ils cessent donc
d'alimenter l'économie par la consommation.
À ce niveau, peu importe notre taux de productivité.
Personne ne peut rien acheter.
Certains théoriciens appellent ce phénomène
"la contradiction du capitalisme",
puisqu'il implique à la fois l'obsolescence de la force de travail
humaine et celle du consommateur.
Le haut niveau de productivité généré par l'efficacité technologique
motive fortement les entreprises à poursuivre sur cette voie,
même si elles y perdront économiquement sur le long terme.
Ainsi, quel que soit le niveau de la productivité,
si les gens n'ont pas de travail, ils ne peuvent rien acheter.
Le seul fait que la productivité soit proportionnellement inverse
à l'emploi dans tous les secteurs devrait suffire
à justifier que l'on passe d'un système centré sur le travail humain
à un système où la technologie serait prioritaire.
Le système actuel nie littéralement le pic de production.
Dans un monde où un milliard d'êtres meurent de faim,
je trouve ça extrêmement despotique.
Et ceci nous amène à l'un des points les plus importants de cet exposé :
l'intention sociale.
La société doit-elle s'efforcer de créer et de préserver des emplois
ou doit-elle s'attacher à maximiser la production
et à créer l'abondance ?
Elle doit choisir entre ces deux directions. Impossible de prendre les deux.
Hélas, nous ne pouvons que constater
que l'efficacité sociale est délibérément sacrifiée
sur l'autel du statu quo.
Je le répète, car je voudrais que vous reteniez cette phrase :
Notre système actuel sacrifie délibérément
l'efficacité sociale.
La raison principale qui fait que vous ne voyez pas la technologie
utilisée libéralement pour une multitude de fins imaginables,
comme la génération de nourriture, d'énergie et d'abondance matérielle,
c'est que le système financier est entièrement fondé
sur la perpétuation de la rareté et de l'inefficacité.
Pourquoi ? Parce que c'est plus égoïstement profitable.
Si une entreprise fabrique une voiture qui dure 60 ans
sans nécessiter de réparation et qui roule
sans un besoin constant d'être ravitaillée
sa valeur marchande après-vente serait presque nulle
et des milliards de dollars de manque à gagner seraient perdus,
car l'industrie du service automobile n'aurait plus de clients.
Cela pourrait être le cas aujourd'hui. Pourquoi pas ?
Parce que le système économique ne fonctionnerait pas
si son objectif devenait l'efficacité optimale.
Tout notre système est fondé sur la constriction, au sens économique.
La rareté et l'inefficacité sont créatrices d'argent.
Plus une ressource est abondante, moins elle rapporte d'argent.
Plus il y a de problèmes, plus il y a d'occasions
de faire de l'argent. Cette réalité est une maladie sociale,
car on peut en fait tirer profit de la misère d'autrui
et de la destruction de l'environnement. On appelle ça "risque moral"
dans l'industrie des assurances. Le système entier est un risque moral.
L'efficacité, l'abondance et la durabilité sont des ennemies
de notre structure économique, car les mécanismes requis
pour perpétuer la consommation sont opposés.
Il est impératif de bien comprendre cela. Une fois ces informations intégrées,
vous vous rendrez compte que le milliard de personnes
qui meurent de faim sur cette planète,
les innombrables bidonvilles et toutes les horreurs
dues à la pauvreté et à la dépravation ne sont pas des phénomènes naturels
attribuables à un immuable ordre des choses ou au manque de ressources naturelles.
Ce sont les produits de la création, de la perpétuation
et de la préservation de la rareté artificielle et de l'inefficacité.
Cerise sur le gâteau, la rareté ne sévit pas seulement
sur le marché des biens de consommation et des services,
mais concerne également un élément qui influence
le comportement de toute la société :
on fait en sorte que même l'argent en circulation
soit constamment limité en quantité.
Comme le dit "Zeitgeist Addendum", les banques centrales du monde
créent presque toutes l'argent à partir de dettes, par des prêts.
Ces prêts sont produits avec un intérêt
qui n'est jamais créé, lui, dans l'argent en circulation
ce qui génère un perpétuel déficit.
Les dettes engendrées par ces prêts
sont comme des cellules de prison virtuelles pour les citoyens
et les contraignent à travailler pour payer leur dette.
Cela les met dans un état perpétuel d'obligation.
Il existe un mot pour ça : esclavage, esclavage par la dette.
L'argent n'est pas réel et les intérêts encore moins.
La dette n'est pas réelle. Tout cela est une illusion.
Le monde entier aujourd'hui est pris dans l'illusion
qu'il n'y a pas assez d'argent pour faire ceci ou cela.
98% des pays du monde sont en fait
endettés vis-à-vis d'autres pays et banques.
En 2009, on a confirmé que le monde est en
récession, ce qui signifie en réalité une énorme
contraction de la masse monétaire.
Autrement dit, le monde entier est à court d'argent.
Suis-je le seul à trouver cela absolument incroyable ?
Cette stupidité est non seulement incroyable, elle est meurtrière.
Le marché et le système financier tels que nous les connaissons
refusent catégoriquement d'atteindre l'efficacité maximale
pour préserver leurs profits dans le cadre de l'ordre établi.
Qu'est-ce que l'efficacité maximale ?
Le plus haut degré d'efficacité technique possible du moment.
Pas le plus haut degré d'efficacité technique abordable,
mais le plus haut degré d'efficacité technique réalisable.
La question n'a jamais été : "Avons-nous l'argent ?"
La question a toujours été : "Disposons-nous des ressources
et des capacités techniques permettant d'y parvenir ?"
C'est tout ce qui a toujours importé.
Étant donné tout ceci
on comprend que le public aujourd'hui a du mal à croire
que la technologie peut apporter l'abondance et l'efficacité maximum,
car presque rien dans leur vie quotidienne n'illustre clairement ce point.
Tout ce qui les entoure vient renforcer l'idée
que la pénurie est un problème naturel dans le monde.
Pourquoi ? Parce que la recherche du profit par l'industrie limite toujours
la qualité de la conception au profit de la préservation monétaire.
Si une entreprise veut être compétitive sur le marché,
elle doit trouver un juste équilibre entre qualité et coût,
et elle sacrifie invariablement la qualité.
Une compagnie ne peut pas produire un produit
avec une efficacité maximum, par la nature même du jeu capitaliste.
Cela lui coûterait beaucoup trop cher.
C'est pourquoi il y a tant d'aliments malsains
et de camelote dans notre système.
Si on considère que la majorité des gens dans notre société
sont de classe moyenne inférieure et en dessous, on s'aperçoit que les entreprises
doivent réduire leurs coûts de production pour pouvoir être
accessibles financièrement à la démographie prédominante de notre culture.
J'habite à New York, dans un quartier très pauvre de Brooklyn.
Dans un rayon de six pâtés de maisons autour de mon appartement,
on trouve cinq boutiques de choses à 99 cents.
Ces produits sont faits de matériaux les meilleurs marché possible
et fabriqués avec une efficacité des plus réduites.
C'est de la camelote! Des trucs qui n'auraient jamais dû être fabriqués.
Pourquoi l'ont-ils été ?
Parce que les gens n'ont pas les moyens d'acheter autre chose.
Pourquoi n'ont-ils pas les moyens ? Parce que le système de marché crée aussi
et perpétue la stratification sociale
et les pauvres doivent exister pour que les riches existent.
Le niveau d'efficacité des produits est donc
artificiellement et directement proportionnel
au pouvoir d'achat d'une population cible donnée.
Donc, généralement notre perception de la qualité
est souvent fonction de notre statut socio-économique.
La qualité des marchandises reflète la stratification sociale.
Il en résulte un scandaleux gaspillage de ressources naturelles.
Vivant dans un monde qui prétend se soucier de plus en plus
de problèmes environnementaux, de ressources,
de changement climatique et de pollution, je trouve sidérant
que personne ne parle de la plus grande destructrice de la biosphère
et de la plus grande gaspilleuse de ressources, j'ai nommé
la recherche du profit.
Le capitalisme est fondé sur la libre recherche du profit
par quelque moyen que ce soit.
J'ai pris un taxi pour me rendre ici et le chauffeur a fait une remarque géniale.
Il me parlait des affaires qu'il traitait, puis il a lancé :
"Il n'y a pas d'amis en affaires."
Il a absolument raison. Je vais utiliser cette phrase, dorénavant.
Le capitalisme est fondé sur la libre recherche du profit
par quelque moyen que ce soit. Ce n'est rien de plus
qu'une stratégie de jeu. L'irresponsabilité qu'elle permet
par sa philosophie centrée sur l'intérêt personnel est profonde.
Bien qu'il y ait plusieurs manières de voir ceci, tenons-nous-en
à la production délibérée de produits de qualité inférieure.
Pensez-y : c'est complètement irrationnel du point de vue écologique.
Aucune raison valable ne justifie la production délibérée d'un mauvais produit,
qui se cassera, qui sera obsolète à courte échéance
ou sera produit en doublon, multipliant les gaspillages et la pollution.
Il n'en irait pas ainsi si nous avions pour objectif d'optimiser des produits
en nous basant sur les dernières connaissances technologiques.
Ce qui nous amène au dernier thème de cette section : la mythologie du marché.
Nous avons parlé jusqu'ici des mécanismes structurels du système,
et mis en évidence ses contradictions et problèmes intrinsèques.
Grâce aux avancées magistrales de la science et de la technologie,
le système monétaire peut être vu comme structurellement obsolète,
car il n'est qu'une entrave paralysant le progrès social,
et en plus il détruit la confiance humaine dans l'environnement.
Mais c'est un tout autre sujet.
Hélas, l'endoctrinement social au sein du système de marché
a créé une mentalité qui soutient aveuglément le dogme social
en dépit des graves problèmes que nous avons signalés.
Les relations d'identité sont trop fortes.
À bien des égards, c'est comme une religion. Éliminer la croyance
dans le système de marché c'est comme éliminer chez quelqu'un sa croyance en Dieu,
car cela menace son identité.
Enfant, vous tirez sur les pantalons de votre mère.
Vous voulez des bonbons et elle répond : "Non, on n'a pas les moyens".
C'est un endoctrinement instantané du système monétaire
dès votre plus jeune âge, parce qu'évidemment
vos parents sont plus ou moins obligés de lutter pour vivre.
Cette idée de lutte permanente s'intègre à notre psyché.
Sans parler de ceux qui ont réussi à acquérir
une grande richesse...
Ils auront tendance à vous chanter les louanges du système.
C'est la nature du renforcement comportemental.
Les 3 endoctrinements psychologiques les plus importants
dont je veux parler sont la notion de propriété,
la notion de motivation et leur rapport avec la liberté de choix.
Commençons par la propriété.
L'économie capitaliste est fondée sur l'idée de l'échange de propriété
sur les marchés. Même votre travail est considéré comme une forme de propriété.
Notre monde est si étroitement lié au processus de vente et d'achat
que nous ne pouvons pas imaginer un autre mode de fonctionnement des affaires humaines.
La propriété est souvent associée à de soi-disant "droits".
Nos propriétés sont protégées par un système légal
et si quiconque veut s'emparer de nos possessions,
il peut se voir privé de liberté.
Il existe même une industrie dont le rôle est de nous dire
quels sont les biens que nous devons posséder. Il s'agit bien sûr de la publicité.
Dans ce monde obsédé par la notion de propriété, rares sont ceux
qui se demandent : pourquoi la propriété existe-t-elle ?
La réponse est simple : c'est la rareté.
La propriété est une conséquence de la rareté.
Plus nous reculons dans le temps, plus la création d'outils et l'extraction des ressources
étaient difficiles et consommatrices de temps.
Les hommes protégèrent leurs outils et leurs ressources, car le travail
effectué et leur possible rareté leur donnaient une immense valeur.
Comme c'est une forme légale de protection, les gens réclament le droit de propriété.
La notion de propriété n'est ni une idée américaine, ni une idée capitaliste.
C'est une ancienne perspective mentale que des siècles de rareté ont rendue nécessaire.
Si la rareté n'existait plus, la logique de la propriété
deviendrait non pertinente.
Abordons à présent l'idée de motivation.
La théorie nous dit que la recherche du profit est la motivation
qui pousse une personne ou une entreprise à élaborer de nouveaux produits
qui se vendraient sur le marché.
En d'autres termes, le postulat est que le remplacement
de la force de travail humaine par des machines résulterait
en une abondance qui anéantirait la motivation de servir l'intérêt général.
Selon eux, la motivation financière est la clé du progrès.
Cette hypothèse soulève deux problèmes évidents.
Premièrement, elle se fonde entièrement sur des valeurs projetées.
Or, ces dernières sont les fruits d'une culture donnée.
Nikola Tesla, Louis Pasteur, Charles Darwin, les frères Wright,
Albert Einstein et Isaac Newton n'ont pas apporté leurs immenses
contributions à la société par appât du gain..
Martin Luther King, a-t-il marché dans les rues de Birmingham
alors qu'un tas de racistes lui lançaient des pierres,
parce qu'il allait encaisser un chèque à la banque ?
Si la théorie de la motivation financière était vraie,
le monde actuel ne compterait pas un seul bénévole.
Étonnamment, un sondage Gallup de 1992 montre que plus de 50%
des adultes américains donnaient leur temps à des causes sociales
en moyenne 4,2 heures par semaine,
pour un total de 20,5 milliards d'heures par an.
C'est assez étonnant, surtout dans ce pays ultra-libéral qu'est
les États-Unis, le pays le plus puissamment orienté vers l'économie
de marché libre. L'idéologie capitaliste y est enracinée.
Je trouve ça assez incroyable.
Même avec la maladie de l'intérêt personnel, générée par le système monétaire,
les hommes s'efforcent de s'entraider et donnent de leur temps
à la société sans rien demander en retour.
Le plus étonnant, c'est que les pauvres et les classes moyennes
sont plus enclins à faire du bénévolat que les riches.
Les plus altruistes sont ceux qui ont le moins d'argent.
Ca vous fait comprendre les nuances psychologiques et culturelles.
qui sont créées: Plus vous avez d'argent, plus vous risquez
de tomber "malade". C'est un phénomène fascinant.
Deuxièmement, alors qu'il est vrai que des inventions
et des méthodes utiles sont les fruits de la soif
d'enrichissement personnel, l'intention sous-jacente à ces créations
est étrangère à des préoccupations humanistes,
car le but n'est pas d'améliorer l'humanité, mais de faire de l'argent.
Il y a donc un terrible découplage, et comme on vient de voir,
les moyens mêmes d'obtenir de l'argent dans notre système
sont fondamentalement contraires au progrès social,
car ils sont fondés sur la rétention délibérée d'efficacité.
Je n'ai même pas encore abordé la corruption traditionnelle
qu'on voit sévir quotidiennement et qui provient
de ce besoin d'avoir un revenu, s'étendant comme un cancer malin
d'intérêt personnel indifférent à tout,
les produits frauduleux, le meurtre, l'escroquerie, le vol, l'esclavage
l'externalisation, les ententes illicites sur les prix, la collusion monopolistique, le gaspillage superflu,
la destruction environnementale, les impôts illégaux,
le vol institutionnel, l'indifférence sociale, la distorsion psychologique imposée
ou publicité, et la source de motivation financière la plus morbide
de toutes, la guerre !
Voilà les véritables fruits de la motivation financière.
Et le dernier mythe pour cette fois : la Liberté de Choix.
La plupart des gens cèdent aux sirènes du marché libre,
car il leur fait accroire que les possibilités sont infinies
et qu'ils ont en tant qu'individus des choix innombrables.
Devant la vaste stratification de biens et de services
présentée par les médias et la publicité, les gens se disent
que la liberté de l'individu existe réellement
puisque de nombreuses options leur sont offertes dans l'absolu.
En effet, s'ils entrent dans un magasin, 25 sortes de détergents
et 75 sortes de céréales s'offrent à leur choix.
Mais ils refusent de voir le fait que leurs existences sont gérées par
deux partis politiques en moyenne.
Ils ne se soucient pas du fait que 40%
des richesses mondiales sont détenues par 1% de la population
et que 99% des habitants du globe n'obtiendront jamais
le luxe que peut s'offrir le 1%.
Plus spécifiquement, tous semblent oublier le fait qu'ils
sont obligés de se préoccuper de leur survie au quotidien
et qu'une dictature privée
les rend esclaves de leurs dettes.
De plus, la plupart de nos décisions sont contrôlées par ceux
qui sont au degré hiérarchique supérieur,
des degrés créés artificiellement.
Les économistes ne cessent de m'étonner
quand ils disent : "Les gens peuvent choisir leur lieu de travail."
En fait, ce choix doit s'inscrire dans un cadre spécifique
qui est déterminé par le niveau d'éducation des individus.
Et puis, il faut que vous ayez les bonnes relations en affaires.
L'illusion ultime selon laquelle n'importe qui peut devenir Président des États-Unis
a été perpétuée délibérément. En fait
les groupes élitistes se perpétuent eux-mêmes.
L'élitisme fonctionne également dans le monde des entreprises.
Votre liberté est absolument restreinte.
Vous n'êtes pas libre, car vous devez faire le travail tel que présenté.
Tous ces grands économistes m'étonnent beaucoup avec cet argument.
Ils disent: "Vous êtes libres. Vous pouvez choisir votre lieu de travail".
Non, vous ne pouvez vraiment pas.
Une fois diplômé, un mur d'emplois s'offre à vous
et vous pouvez trouver votre niche. C'est tout. C'est votre choix.
C'est un choix prédéterminé.
Alors je vous demande, de quelles libertés parlons-nous ?
Notre degré de liberté est proportionnel à notre pouvoir d'achat.
Les statistiques démontrent que le milieu socio-économique de votre naissance
sera probablement celui de toute votre vie.
Si vous êtes né pauvre, vous le resterez probablement.
Pourquoi ? Parce que toutes les chances sont contre vous.
Si vous êtes riche, vous le resterez probablement. Pourquoi ?
Parce que les chances sont de votre côté. C'est la nature du système.
Par exemple, si vous déposez un million de dollars sur un compte
au taux annuel de 5%, vous gagnerez 50 000 dollars par an,
uniquement par ce dépôt. Vous faites de l'argent avec de l'argent.
L'argent engendre l'argent. Rien de plus.
Pas d'invention. Pas de contribution à la société. Absolument rien.
Si vous appartenez à la classe moyenne ou inférieure,
avez peu d'argent et devez en emprunter avec intérêt
pour acheter une maison ou utiliser des cartes de crédit,
alors vous devez payer des intérêts à la banque
qui les utilisera théoriquement pour payer à notre millionnaire
ses 5% d'intérêts.
Cette équation est non seulement révoltante parce que l'usure
sert à voler le pauvre pour donner au riche,
mais aussi parce qu'elle perpétue la stratification sociale par son concept même:
maintenir les classes inférieures sous le poids constant de la dette
et de la servitude, en maintenant la richesse des classes
supérieures qui peuvent accroître leur richesse en ne faisant rien.
La seule idée que l'on puisse faire de l'argent à partir d'argent
est absolument hilarante
et corrompue.
De même, il n'est pas étonnant que le monde
soit gouverné par la collusion des cartels et des gouvernements,
car la concurrence est fondée sur une stratégie de jeu, rien de plus.
En d'autres termes, la concurrence génère la corruption.
Les économistes ont l'habitude de dire :
"Le libre marché était parfait, puis les choses ont changé
et maintenant on a tous ces cartels." Non.
Le monopole est une finalité dans un environnement compétitif.
C'est incroyable que nul ne s'en rende compte.
Peu importe le nombre de lois qui combattent la domination
d'une industrie ou d'un secteur. Cela continuera.
Quant à l'action coercitive des multinationales
sur les gouvernements, elle est irrésistible.
C'est une progression naturelle de stratégie de marché
que de faire du gouvernement un allié.
En vérité, année après année, le système économique
mondial se rapproche continuellement d'une chose,
le fascisme. Ou plus précisément le fascisme inversé.
C'est le contrôle occulte des entreprises sur la politique gouvernementale.
C'est une tendance naturelle.
Quand on jette un regard en arrière, on a le sentiment
que les choses ne font qu'empirer. C'est vraiment le cas.
Ceci m'amène à la partie 2: La culture et l'impératif bio-social.
Je vais faire un détour. Gardez vos questions en tête,
vous pourrez les poser durant la session de questions/réponses.
Dans cette partie, nous allons traiter des problèmes
concernant notre être physique et social.
Ce sujet est très pertinent pour moi, et pour l'ensemble de cet exposé.
Hélas, la majorité ne pense jamais à ce genre de questions.
Pour pouvoir choisir parmi les voies de changement social,
nous devons comprendre clairement notre conditionnement,
notre biologie et notre rapport à l'environnement.
Lorsqu'on a pour but le changement social, le plus grand obstacle
à vaincre est constitué par l'idéologie traditionnelle, les
identifications et les dogmes, déclarés comme immuables
par la culture établie.
Parmi ces idées, l'une particulièrement tenace
affirme que la nature humaine est quelque chose de rigide
et de fixe, et que certains comportements sont immuables.
La logique veut donc que les structures sociales soient prisonnières
d'un modèle insurmontable dû à la nature même de l'espèce.
Pour répondre à cette assertion, nous devons d'abord examiner les
ramifications de la culture.
Socialement, la culture est définie par un ensemble d'attributs partagés,
de valeurs, de buts et d'usages
qui caractérisent une institution ou un groupe social donné.
L'exemple le plus évident, et pourtant souvent ignoré, des mécanismes de la culture
est le fait prouvé que nous sommes façonnés par le type de société dans lequel nous vivons.
Le type de langage que nous utilisons, les stratégies utilisées
pour survivre, notre perception de la beauté, les modèles familiaux,
les traditions que nous perpétuons, nos croyances religieuses
les légendes et les mythes urbains qui définissent notre vision des choses
sont autant d'exemples des caractéristiques arbitraires
que nous avons héritées de notre culture de naissance.
En vérité, si l'on creuse un peu,
on se rend compte que toutes nos croyances et pensées
existaient préalablement dans notre environnement.
Un homme insulté qui sort un revolver et tue quelqu'un a forcément appris
à un moment de sa vie ce qu'est un revolver, comment s'en servir,
tout comme ce qu'il se doit de trouver insultant.
Invariablement, chaque mot que je prononce a été appris.
Chaque concept transmis est une accumulation collective d'expérience.
Un bébé chinois élevé peu après sa naissance dans une famille britannique
adoptera la langue, le dialecte, les manières,
les traditions et l'accent de la culture britannique.
Indéniablement, l'environnement exerce une grande influence sur le comportement,
mais ce n'est qu'une partie de l'équation,
car nous sommes également biologiquement déterminés.
J'aurais beau consacrer un temps infini à conditionner un chat
pour qu'il apprenne l'anglais, c'est impossible,
en raison des limitations inhérentes à son état biologique.
Ces limitations sont fondamentalement définies par les gènes.
Les gènes ont été découverts assez récemment
et il y a eu beaucoup de spéculation
sur leur spectre de pertinence.
Une controverse fait rage en biologie comportementale.
Ce domaine étudie l'influence de la génétique sur le comportement.
L'idée que les gènes sont la source possible des comportements
s'est popularisée au 19e siècle.
L'un des postulats émergents était l'idée
que les comportements humains anormaux comme la criminalité
pouvaient s'expliquer par les gènes: la vieille idée du "gène criminel".
C'est assez écoeurant, mais des opérations eugénistes de stérilisation
eurent même lieu pour tenter de débarrasser la société
des "criminels, idiots, imbéciles et violeurs".
Cela impliquait que certains humains sont naturellement
"mauvais" à cause de leurs gènes.
On entend ce discours partout. On dit "son sang est mauvais",
ou "elle est juste diabolique".
Je trouve fascinant que ces simplifications sociales
pour expliquer le comportement des individus
soient en parfait accord avec la dualité primitive postulée
par presque toutes les religions établies: celle du Bien et du Mal.
Dans ce cas le gène a remplacé
le démon satanique qui possédait jadis la personne
et donc elle n'a aucun contrôle sur ses actes maléfiques.
Autrement dit, elle est esclave de ses gènes.
Mais les progrès de la recherche ont démontré que ce n'est pas vrai.
Les gènes sont des segments d'ADN qui produisent des protéines
indispensables au fonctionnement du cerveau,
du système nerveux et de tout notre corps.
Mais ce ne sont pas des initiateurs autonomes de commandes.
Ils ne sont pas la cause du comportement en tant que tel.
Selon Robert Sapolsky, professeur de biologie à Stanford et
également anthropologue renommé, "on ne peut pas parler
de l'inéluctabilité des gènes, surtout pour les êtres humains,
leur cerveau et leur comportement. Parlons plutôt de
vulnérabilités et de tendances."
En fait, le facteur déterminant en matière de tendances génétiques,
particulièrement pour le comportement, c'est l'environnement
dans lequel l'organisme évolue.
Des recherches récentes ont démontré la possible existence du gène de la dépression.
Mais la simple existence de ce gène
n'implique pas la dépression de son porteur.
Il faut une forme de stress environnemental important
pour déclencher la réponse génétique, comme la mort soudaine d'un proche
ou quelque chose de très grave.
L'environnement déclenche une propension génétique existante.
Même une prédisposition génétique à une maladie particulière
ne garantit pas que vous la contracterez.
Une chaise au pied cassé n'est pas dangereuse si l'on ne s'assied pas dessus.
Autrement dit, il est intéressant de savoir à quel point
l'environnement affecte même les grandes caractéristiques physiologiques
souvent laissées à la seule génétique dans le débat sur l'inné et l'acquis.
Une étude a été réalisée à l'École de Médecine de Miami
sur des bébés prématurés au service de néonatologie
dans laquelle on touchait simplement certains de ces bébés
quelques fois par jour, tandis que les autres n'étaient pas touchés.
Leur alimentation et tous les autres paramètres restaient identiques.
Les bébés qui avaient été touchés ont grandi 50% plus vite
et étaient visiblement en meilleure santé.
Ils sont sortis de l'hôpital une semaine plus tôt que prévu.
Plusieurs mois plus ***, ces mêmes bébés étaient en meilleure santé
et étaient plus agiles que ceux qui n'avaient pas été touchés.
C'est une extraordinaire découverte à plusieurs niveaux,
car elle démontre que la croissance hormonale génétiquement déterminée
peut être profondément influencée par une simple
et subtile expérience environnementale.
De plus, l'environnement peut non seulement activer des propensions génétiques
ou influer sur leur ampleur, mais aussi les dépasser jusqu'à un certain point.
Il y a 2 ans, une autre étude a été menée à l'Université de Princeton.
Des scientifiques ont modifié génétiquement des souris
en leur enlevant un gène clef de leur système neuro-transmetteur,
ciblant celui de l'apprentissage et à la mémoire.
Il en a résulté que ces souris échouaient
à divers tests de mémoire et d'apprentissage.
Elles avaient du mal à reconnaître de simples objets.
Leur odorat était altéré et elles ne parvenaient pas à assimiler
des informations très accessibles à des souris normales.
Une fois que leur incapacité fut confirmée et établie,
les scientifiques ont placé les souris adultes cognitivement diminuées
dans un environnement riche et stimulant.
Avec le temps, ils ont vu ces souris génétiquement modifiées
surmonter leurs difficultés d'apprentissage par la simple exposition
à un environnement intellectuellement enrichissant.
Autrement dit, l'environnement est en fait capable de rétablir
des connexions neurologiques apparemment inexistantes.
Cela témoigne de l'influence importante de l'environnement
sur notre cerveau et notre comportement.
Nous sommes constamment façonnés, modelés par ce qui nous entoure
et cela influe très directement sur nos gènes
et sur les choses qui pourraient être innées. C'est très important.
J'ai utilisé ces deux exemples pour illustrer le fait
que l'environnement est indiscutablement le plus grand déterminant
de notre comportement.
L'acquis contrôle l'inné de plusieurs manières,
à plusieurs niveaux, du comportement à la physiologie
(la psychologie n'est pas pertinente ici) à la physiologie
et à la santé. Donc, il est faux de croire
que l'être humain est esclave de sa biologie,
surtout quand il s'agit de ses actes.
Ce puissant mythe doit être combattu et discrédité.
Lorsque nous aurons pris conscience de l'importance
de l'environnement, nous serons beaucoup plus enclins à le changer.
Hors contexte, mon discours peut vous sembler abstrait,
mais nous devons reconnaître que nous sommes le résultat
de l'interaction entre notre environnement et notre biologie.
En guise de dernier exemple qui, selon moi,
résume parfaitement l'immense pouvoir de la culture
environnementale à laquelle nous sommes exposés,
j'ai choisi de considérer le cas des enfants sauvages.
Il s'agit d'enfants qui ont vécu à l'écart
de tout contact humain depuis leur plus jeune âge.
Ils ont donc été isolés de la société humaine.
Les exemples historiques vont des enfants
enfermés dans une pièce pendant des années par leurs parents
aux enfants abandonnés dans la nature et élevés, pour ainsi dire
par des animaux.
Voici Genie. Elle fut libérée en 1970 après
avoir passé dix ans enfermée toute seule dans une pièce.
Quand elle a été trouvée à 13 ans, elle comprenait à peine le langage
et ne connaissait que quelques mots. Elle mesurait 1m40,
ses yeux ne pouvaient voir clairement au-delà de 4 mètres,
elle marchait maladroitement, les épaules voûtées
et ne pouvait pas mâcher de nourriture solide.
Les psychologues et scientifiques ont commencé immédiatement
à rééduquer Genie, créant autour d'elle un environnement stimulant.
Elle a commencé rapidement à surmonter beaucoup de ses déficiences,
mais en raison des graves traumatismes psychologiques
qu'elle avait subis, un problème très spécifique a émergé,
directement pertinent par rapport à ce que je veux prouver,
il s'agit de son incapacité à apprendre le langage.
Même si les êtres humains sont génétiquement prédisposés à parler,
ce genre de cas nous démontre que, si notre environnement
ne sollicite pas cette prédisposition à un certain moment
de notre développement,
alors nos capacités linguistiques s'étioleront.
Il faut que l'environnement stimule cette capacité.
C'est une chose importante que je me permettrai de répéter.
Le calvaire de cette fillette a pris fin en mai dernier, en Russie.
Elle a été enfermée plusieurs années dans une pièce avec des chiens et des chats
et se comportait comme un animal. Elle ne savait pas parler,
elle lapait sa nourriture et sa boisson et elle marchait à quatre pattes.
Elle avait 5 ans quand elle a été trouvée, mais sa taille était celle
d'une enfant de deux ans.
C'est à la fois fascinant et horrible.
Les enfants sauvages imitent donc des éléments
de leur environnement qui nous semblent absolument inhumains.
Voici une fille appelée Oxana Malaya.
Elle a également souffert de terribles négligences.
De l'âge de 3 ans jusqu'à ses 8 ans, elle a vécu son enfance
avec des chiens à l'arrière de la maison familiale.
Elle a dormi pendant 5 ans dans le chenil avec les chiens
avait adopté un comportement incroyablement canin : elle aboyait
et avait un odorat et une ouïe nettement supérieurs à la moyenne.
Elle mangeait de la viande crue, marchait à 4 pattes et ne parlait pas.
Ces exemples sociologiques nous invitent à prendre du recul et à nous
demander quel est le plus petit dénominateur commun
de ce qui est supposé être la nature humaine.
Il n'est pas dans mon intention de nier que nous,
les êtres humains, sommes programmés d'une certaine manière.
Néanmoins, il est incontestable que nous sommes doués d'une incroyable capacité
d'adaptation à notre environnement, surtout dans l'enfance.
Nous sommes exceptionnellement malléables
et des études ont démontré que nous nous adaptons aux choses
que cautionnent et renforcent nos conditions sociales.
Si les facultés bien connues de l'homme, telles que marcher debout,
apprendre à parler, etc. ne sont pas déclenchées
par son environnement, elles pourraient ne pas se manifester.
L'être humain est un organisme qui est le fruit d'une culture donnée.
La qualité de la santé d'un individu et de son comportement
est proportionnelle à celle de l'environnement,
de la culture et des influences sociales auxquels il est exposé.
Il est très important que la société comprenne bien cela et en tienne compte.
Le monde dans lequel nous vivons n'est pas surprenant
quand on examine l'environnement qui nous a façonnés.
Le point suivant est crucial :
En tant qu'individus, nous sommes
des composites dynamiques de nos expériences de vie.
Nous sommes les expressions ambulantes et les fruits des divers
environnements que nous avons traversés jusqu'ici.
Lorsqu'il s'agit de survivre, seuls les attributs comportementaux
qui ont été fonctionnels dans notre environnement
sont renforcés et rendus dominants.
Une fois que vous avez compris cela, le monde corrompu
qui vous entoure devient parfaitement sensé.
Les hommes ne naissent pas cupides,
ni corrompus, ni compétitifs par nature.
Ce sont le système social et l'environnement qui les rendent ainsi.
Exactement comme une petite fille marche à quatre pattes
et aboie parce que son environnement l'y incite, comme elle
nous devenons corrompus et égoïstes
parce que notre culture nous y pousse.
L'impératif social qui ressort de tout ceci à la longue, c'est que
nous devons absolument prendre très grand soin
de notre environnement social.
Nous devons changer le système pour qu'il ne suscite plus,
ne cautionne plus et ne renforce plus ces comportements socialement nuisibles.
C'est la raison d'être du modèle social.
Il est intéressant de souligner...
Ici commence une sous-section.
Il est intéressant de souligner que la compétition et la hiérarchie,
qui semblent dominer aujourd'hui,
n'ont pas été la philosophie majeure de l'humanité
pour la plus grande partie de son existence sur cette planète.
Avant la révolution agricole ou néolithique,
qui eut lieu il y a environ 10 000 ans, les sociétés de chasseurs-cueilleurs
jouissaient d'une structure sociale égalitaire et non hiérarchique.
Les valeurs sociales qui prévalaient étaient l'égalité,
l'altruisme et le partage, interdisant littéralement
l'arrivisme, la domination, l'agression et l'égoïsme.
Nous le savons grâce aux recherches anthropologiques menées
sur des sociétés de chasseurs-cueilleurs encore existantes au siècle dernier.
Je trouve fascinant que durant la majeure partie de notre existence
en tant qu'espèce, 99% de nos sociétés aient été virtuellement
non hiérarchiques, non matérialistes.
Ils avaient la sagesse de se contenter d'une aisance minimale,
contrairement à la culture mue par la domination, l'excès
et l'insatisfaction qui prévaut aujourd'hui.
Cette réalité historique remet donc en question la notion
que la hiérarchie sociale est une tendance humaine naturelle.
C'est une condition sociale qui a été créée de toutes pièces.
Selon Robert Sapolsky,
"la subsistance des chasseurs-cueilleurs était constituée de milliers de sources de nourriture sauvage.
L'agriculture a changé tout cela,
générant une dépendance à quelques douzaines de sources de nourriture.
L'agriculture a permis le stockage des surplus de ressources,
et donc, inévitablement, ces stocks inégaux ont créé
la stratification de la société et l'invention des classes,
favorisant ainsi également l'invention de la pauvreté."
La base fondamentale de la hiérarchie sociale
est la rareté réelle ou perçue.
La hiérarchie sociale est un système formalisé d'inégalités
qui sert de substitut aux conflits perpétuels
dus à la rareté des ressources.
Comme nous l'avons mis en évidence, la société occidentale
s'efforce de préserver la rareté.
On voit facilement comment nos classes sociales se perpétuent inutilement.
Mais le problème ne s'arrête pas là. Une autre conséquence
qui est très nouvelle a trait à la chaîne de causalité.
Elle affecte chacun de nous de manière presque cachée
il s'agit de l'impact que ce système a sur notre santé.
Des études ont montré que les gens d'un statut socio-économique
élevé vivent plus longtemps, en meilleure santé et ont moins d'infirmités
alors que ceux des classes sociales inférieures meurent plus jeunes
et souffrent plus de maladies et d'infirmités.
Ces études prennent souvent la forme d'une pente, allant
des classes les plus supérieures jusqu'aux classes inférieures,
et chaque mouvement entre les échelons de cette échelle socio-économique
représente un changement respectif de qualité de la santé des gens en moyenne.
En apparence, tout cela vous semble parfaitement logique, n'est-ce pas ?
Les classes sociales inférieures se nourrissent souvent mal à cause de leur faible pouvoir d'achat.
Ils ont plus souvent tendance à vivre dans des zones polluées.
Ils bénéficient probablement de soins de santé de piètre qualité
et, par manque d'éducation, ils ne s'occupent pas d'eux-mêmes
de manière optimale.
Ces critères sont certes liés au niveau de santé, mais
de nouvelles études ont démontré que d'autres facteurs
contribuent à l'augmentation des problèmes de santé
et d'immunité des gens
à mesure qu'on descend dans la hiérarchie sociale.
Une des études les plus documentées sur ce sujet
s'appelle "L'étude Whitehall". Elle a eu lieu ici, à Londres,
à l'University College de Londres
avec les membres du Service civil britannique comme sujets d'étude.
Ils ont découvert que l'échelle de qualité de la santé dans les sociétés industrialisées
ne se réduit pas à un constat de mauvaise santé
pour les classes défavorisées et de bonne santé pour les autres.
Une chose nouvelle se produisait.
Rappelez-vous qu'au Royaume-Uni, la médecine est socialisée
et que, théoriquement, elle est égale pour tous.
Ils ont également découvert qu'il existait une distribution
sociale des maladies : du haut en bas de l'échelle socio-économique,
le type de maladies que contractent les gens change
en moyenne, mais qu'elles sont corrélées.
Ainsi, les classes les plus inférieures ont 4 fois plus de chances
de mourir d'une maladie cardiaque, comparées aux classes supérieures.
Si je me souviens bien, celles-ci contractent des mélanomes
à force de rester allongés sur leurs yachts.
J'ai trouvé cela assez amusant.
Tel est donc le modèle structurel, et ces facteurs
ne dépendent pas de la qualité du système de santé.
Les maladies prolifèrent malgré l'existence d'un système de santé public.
Même dans un pays doté d'un système de santé universel,
plus le statut financier d'une personne est bas,
plus elle risque de tomber malade.
Pourquoi en est-il ainsi ? Il s'avère
que le stress psychologique
que génère l'inégalité sociale est responsable,
et non les sous-produits de l'inégalité comme la mauvaise nutrition,
l'insuffisance des soins et de l'éducation. L'inégalité en elle-même
et la subordination psychologique en sont responsables.
D'autres recherches menées par Richard Wilkinson de l'Université de Nottingham
ont mis en évidence que plus il y a d'inégalités de revenus dans une société,
plus les taux de morbidité et de mortalité sont élevés,
et ce, indépendamment du revenu absolu,
de la qualité des soins ou de la nutrition.
À l'évidence, plus il y a d'inégalités de revenus dans une société,
autrement dit, plus une société est stratifiée,
plus on divise l'argent au sein d'une culture donnée,
plus se produisent des problèmes de santé dans les classes
supérieures et inférieures ensemble. Ce n'est pas tant l'argent en lui-même
que les ramifications psychologiques, le stress psychologique
ou psychosocial généré par la hiérarchie sociale elle-même.
Par ailleurs, et c'est une parenthèse,
des travaux ont prouvé que plus il y a d'inégalités de revenus,
plus la criminalité est fréquente.
Les risques d'agression, de vol et de meurtre augmentent.
Ce n'est pas la pauvreté et les privations
qui en sont la cause, mais l'augmentation de l'inégalité.
Est-ce que vous comprenez cela ? C'est un point très intéressant
et les États-Unis l'illustrent parfaitement,
avec les plus grands écarts de revenus sur la planète,
le taux de criminalité le plus élevé du monde,
la plus importante population carcérale du monde et, chose amusante,
nous sommes aussi la nation la plus agressive et la plus armée du monde.
Allez comprendre !
Si l'on compare le système hiérarchique au système égalitaire,
en d'autres termes, des individus égaux
à des individus stratifiés, l'égalitarisme ou l'égalité
l'emporte de loin sur la stratification quand on parle de santé
liée au stress psychologique,
ou des forts taux de criminalité et de maladies.
En guise de conclusion à cette section - j'espère avoir été clair,
car c'est un sujet d'une importance capitale -
les classes sociales sont non seulement une invention récente de la société humaine,
mais en plus il est scientifiquement établi
qu'elles sont nuisibles à la santé de tous
de par leur nature même.
Je veux conclure cet exposé en vous donnant
l'une des motivations les plus irrésistibles pour chercher des alternatives.
Le tissu même de la société dans son ensemble
est intrinsèquement malsain, c'est prouvé.
Et avec tous les autres points dont je vous ai entretenus,
cela augmente encore notre envie d'évoluer vers quelque chose de nouveau.
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