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Lyon m’a fait l’effet d’un électrochoc, et j’ai tout oublié un temps durant.
Je me suis lancé dans la quête désespérée d’un appartement
sans être capable de prononcer plus de trois mots en français.
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J’ai finalement trouvé un superbe appartement "Canut"
à la Croix Rousse, le quartier des artistes.
J’ai commencé à me faire de nouveaux amis
et parmi ceux ci, j’ai rencontré Amandine.
Mon nom est Amandine Larachiche.
Je ne l’utilise pas souvent car en tant qu’artiste musicienne,
j’utilise plutôt mon pseudonyme MamZelle Amandine, ou parfois Miss Tralala...
en fait j’ai de nombreux pseudonymes!
J’ai découvert la musique à l’âge de 25 ans.
A cette époque je vivais à Lyon et je ne connaissais pas beaucoup de monde car je venais d’arriver dans la ville.
Un soir j’ai rencontré des gens qui jouaient de la musique devant la cathédrale St Jean.
Je me suis assise pour les écouter, chanter avec eux, partager un bon moment,
et quelques personnes sont venues me voir pour me dire qu’il fallait absolument que je me mette à la musique,
que j’avais de l’or dans la voix et que je devais en faire quelque chose.
Ce que j’aime dans le fait de jouer dans la rue, c’est qu’on peut toucher tout le monde,
pas seulement les gens qui fréquentent les pubs,
ou qui ont les moyens d’aller voir un spectacle,
mais tout le monde : des familles, des enfants, des vieux, des jeunes...
et ça c’est un gros défi!
Mon projet principal s’appelle MamZelle Amandine.
C’est un mélange entre comédie et chanson.
Je suis partie de mes chansons
qui sont déjà en soi pleines de théâtralité et de vie.
Je me souviens la première fois ou j’ai chanté une de mes chansons à l’un de mes amis.
Il m’a dit: "c’est drôle, le nombre de choses qui se passent sur ton visage quand tu chantes!"
et j’ai demandé "qu’est ce que tu veux dire par là?"
Il a répondu: "en fait, c’est comme si je pouvais lire la chanson juste en te regardant!"
car oui, je suis très expressive!
Je ne peux pas séparer l’amour de la passion.
Certains disent que c’est mauvais
mais je pense que c’est essentiel.
Il est impératif de mettre de la passion dans tous les domaines et surtout dans l’amour!
Je ne suis pas le genre de personne à être en couple,
je fais des rencontres d’une nuit, d’une semaine, d’une année.
Ca dépend de ce que l’on a à partager avec l’autre.
Si j’ai l’impression d’avoir fait le tour d’une personne en une journée, alors pourquoi continuer?
Parfois une semaine suffit à connaitre une personne.
Et si cette personne est vraiment très intéressante, alors peut être un an?
Je reste amie avec tous mes ex.
Je ne brise jamais le lien car je considère que si j’ai aimé une personne réellement,
alors ça signifie que cette personne est bonne pour moi,
qu’on a partagé quelque chose d’intense, qu’il y a une connexion.
Il n’y a aucun ex avec qui je n’ai pas gardé de bonnes relations,
c’est la vérité!
Donc en gros si vous rencontrez un de mes amis, il s’agit surement d’un ex!
J’ai été mariée quand j’étais très jeune, j’avais 20 ans.
Vous devez vous dire "comment a t elle pu se marier
alors qu’elle n’arrive pas à parler d’engagement?"
En fait, à cet âge, je n’avais pas du tout la même vision de l’amour,
j’étais plus idéaliste qu’aujourd’hui.
Je me suis donc mariée à un homme d’origine Pakistanaise,
qui venait d’une famille plutôt aisée.
Il avait je crois sept ou huit voitures différentes avec lesquelles
il pouvait aller à l’université chaque jour... une histoire incroyable!
Son père est tombé gravement malade, d’une tumeur au cerveau, et tout a basculé.
Soudain il n’avait plus un sous, il est passé comme ça de tout à moins que rien.
J’imagine combien ça a du être dur pour lui.
Il faisait des études politiques et s’engageait pour la démocratie.
En français on dit "sa tête était mise à prix"
Il pouvait être tué du jour au lendemain, donc il a décidé de quitter le Pakistan,
pour rester en vie. En venant en France il espérait trouver un travail,
féchapper à la corruption, gagner de l’argent pour sauver sa famille...
je trouve cela très courageux.
C’est surement la raison pour laquelle je suis tombée amoureuse de lui, il était tellement fort!
Ce que je crains le plus en amour, c’est la routine.
C’est le sujet principal de mes chansons,
devoir affronter la routine, et la question de savoir
comment aimer une personne toute sa vie.
Je ne sais toujours pas répondre à cette question!
J’ai l’impression de me lasser très vite des gens.
J’essaye toujours d’avancer, d’aller de l’avant, et j’adore ça,
mais j’ai parfois l’impression qu’il n’y a rien de stable dans ma vie.
Alors, l’amour, en tout cas ma définition de l’amour,
pourrait être ce qui me rend stable quand tout bouge autour de moi.
L’une de mes chansons parle de la quête de l’amour idéal.
Ca s’appelle "Le fil d’Ariane". Tu connais le mythe d’Ariane?
Dans ma chanson c’est elle qui se retrouve coincée dans le labyrinthe
et elle donne sa pelote de laine à quelqu’un pour trouver la sortie.
J’ai utilisé ce mythe comme une métaphore,
imaginant qu’Ariane est perdue dans le labyrinthe car elle veut offrir son amour,
ans savoir à qui le donner, et qu’elle reste ainsi à jamais coincée dans le labyrinthe
en donnant à chaque fois sa pelote au premier venu, qui n’est pas le bon!
Je crois que c’est une bonne image de ce que représente pour moi l’amour.
La chanson d’Amandine semble avoir été écrite pour moi.
Comme dans sa version du mythe d’Ariane je me sens perdu dans le labyrinthe.
Le fil semble s’être rompu et je ne sais pas si je pourrais sortir de là,
ou si quelqu’un viendra me chercher.
realisation: Riccardo Tamburini assistant: Salim Benarab