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Maman, fais attention.
ALPENA, MICHIGAN 1984
C'est plus long qu'avant !
Quelle belle journée.
BASÉ SUR UNE HlSTOIRE VRAIE
- Papa a l'air en forme.
- Oui. Il a toujours été un battant.
- Regarde Mahtob.
- Une vraie fille à papa.
Tu l'étais aussi.
Moody, Mahtob, papa !
Limonade fraîche faite maison !
Venez tous.
Maman, papa m'apprend à pêcher.
- Je peux voir la pêche d'aujourd'hui ?
- Un jour, femme de peu de foi !
- Voilà. Papa, de la limonade ?
- Oui.
Voilà.
- Amère ?
- Un peu.
Ça manque de sucre ?
Je ne mets jamais la bonne dose.
Mahtob. Quelles vitamines
y a-t-il dans les citrons ?
- Quelles vitamines dans les citrons ?
- De la vitamine C.
Oui. Et dans les bananes ?
- De la vitamine C et B et des fibres.
- Bravo !
Mes enfants n'étaient pas si intelligents.
Merci, maman !
- Et que feras-tu plus *** ?
- Infirmière.
- Tu pourrais être docteur.
- Docteur et infirmière.
Tu apprends à Mahtob à pêcher
et tu n'as jamais pris un poisson.
Chérie, c'est le meilleur moyen.
Je n'ai aucun préjugé.
Il a acheté tout l'attirail du pêcheur
et a essayé tous les jours.
S'il faut choisir entre ma pêche
et ta limonade...
- Je veux aller sur les genoux de papa.
- C'est mon tour.
- Ne vous battez pas pour moi.
- Trouve d'autres genoux.
Et nous avons... Merci.
...une femme de 30 ans
pour un test de cancer de l'utérus...
Les Iraniens sont retournés
à l'âge de pierre.
Pourquoi venir aux Etats-Unis
étudier la médecine ?
On a le diplôme
en deux semaines en Iran.
En sept jours.
L'Ayatollah a d'excellentes idées.
Si un soldat est blessé, qu'il meure.
Il ira droit au paradis.
- Tu as vu ce journal ?
- La page comique iranienne ?
- Comment peut-il lire ça ?
- On dirait une de mes ordonnances !
J'ai lu cette ordonnance.
- Non, non. N'éteins pas.
- Ça ne fait rien.
- Chéri, qu'est-ce qui ne va pas ?
- Rien. Ça va.
Qu'y a-t-il ?
La famille, tout va bien ?
Tout le monde va bien.
Au fait, Mammal a appelé.
Lui et Nasserine ont eu un garçon.
C'est génial.
Des docteurs m'ont encore
lancé des piques.
- Qui c'était ?
- Qu'est-ce que ça peut faire ?
C'est important, Moody.
On a déménagé ici
pour échapper à cela.
- C'est affreux !
- Chérie, oublie ça.
Oublie ça.
Il y a des crétins partout.
N'y pense plus.
"Et le génie éclata de rire.
Ha ha ha !"
"Pauvre voleur des rues."
"Tu crois pouvoir épouser
la fille du sultan
alors que tous les princes de Perse
veulent sa main ?"
"Esclave idiot,
répliqua Aladin."
"As-tu oublié les bijoux précieux
dans la grotte ?"
"Tu es bête comme un âne."
"Je devrais te remettre
dans ta vieille lampe."
- La grotte d'Aladin existe vraiment ?
- Sans doute.
- On peut la trouver ?
- Je ne sais pas où elle est, mais...
Je suis né en Perse.
Ça s'appelle l'Iran, maintenant.
Si je t'emmenais là-bas,
on pourrait la chercher ensemble.
En Iran, il y a des grottes et
des montagnes, comme dans l'histoire.
Et des mosquées si belles
qu'on dirait des bijoux.
Quand le soleil les illumine,
elles vous éblouissent.
Tu aimerais les voir ?
Où en étions-nous ?
- Papa ?
- Oui ?
Est-ce que je dé*** les Américains ?
Bien sûr que non.
Lucille dit que je dé*** les Américains
parce que tu viens d'Iran.
Chérie... Lucille ne sait pas
ce qu'elle dit.
On ne devrait pas faire attention à elle.
Je vis aux Etats-Unis depuis 20 ans.
Je suis américain.
Et toi aussi. Embrasse-moi.
Un gros câlin.
Un gros câlin.
C'était Ameh Bozorg.
C'est toujours pareil.
Elle pleure sans arrêt au téléphone.
"Tu es comme un fils pour moi.
A la mort de ta mère, je t'ai élevé."
"Je suis malade.
Tu n'es pas là pour t'occuper de moi."
- Est-elle malade ?
- Non, pas malade.
Elle a 58 ans. Elle se sent vieille,
mais elle n'est pas malade.
- Elle veut me faire culpabiliser.
- Chéri, voyons.
C'est ta sœur.
Appelle-la plus souvent.
Elle veut me voir.
Mammal et Nasserine ont eu un bébé,
tout le monde est là-bas sauf moi.
Ça fait dix ans.
Je n'ai pas vu ma famille depuis dix ans.
Mammal et Reza sont venus ici.
Pourquoi pas elle ?
Elle a rarement quitté Téhéran.
Elle veut me voir là-bas.
Ils veulent nous voir.
Ils ne te connaissent pas, ni Mahtob.
- Elle nous invite à venir en vacances.
- Tu vas devoir lui expliquer.
- Expliquer quoi ?
- On ne peut pas aller en Iran.
Pourquoi ?
Je n'emmènerai pas Mahtob en Iran.
C'est bien trop violent.
On ne va pas faire du tourisme
dans le Golfe Persique.
On va passer deux semaines
avec ma famille.
Il se passe trop de choses là-bas.
Ta famille est la bienvenue ici.
Tu le sais.
Tu devrais peut-être y aller seul.
Non, ça non plus. Aucun de nous
ne doit y aller. C'est dangereux.
- Maman !
- J'arrive !
Tu exagères tout.
Je ne les ai pas vus depuis dix ans.
- Chéri, je...
- Maman !
J'arrive !
C'est bon, vas-y.
Je veux y aller plus que tout.
Ils me manquent beaucoup.
Tu dis toujours que la famille,
c'est important.
Je veux juste aller passer 15 jours
chez ma famille avec toi et Mahtob.
- Moody, ça me fait peur.
- Qu'est-ce qui te fait peur, chérie ?
Regarde-moi.
Tu crois que je vous emmènerais, toi
et Mahtob, dans un endroit dangereux ?
Je vous aime toutes les deux
plus que tout au monde.
Ecoute. Mahtob est en vacances.
Elle va aller dans une autre école.
C'est le bon moment.
Je te jure...
sur le saint Coran
qu'il n'y aura aucun danger,
qu'on rentrera au bout de deux semaines
et que jamais je ne vous ferais
courir de risques, à Mahtob et à toi.
Allons, chérie.
Ce ne sera pas si terrible que ça.
Regarde ce qu'ils font.
- Bonjour, Betty.
- Bonjour, Nasserine.
Je suis contente de vous voir.
Voici Mahtob.
- Betty ! C'est Ameh Bozorg !
- Chérie, c'est la sœur de papa.
- Oh, mon Dieu ! Regarde, Mahtob.
- Mahtob !
Clair de lune. Tu es le clair de lune.
Je sais.
Mahtob signifie "clair de lune".
Betty ? Je suis si content
que vous soyez avec nous.
Oui. Seulement pour deux semaines,
mais je suis très heureuse.
Je me souviens bien
de votre maison en Amérique.
- Mammal, contente de vous revoir.
- Enfin, vous êtes là, Betty.
Oui. Je suis heureuse
de pouvoir vous rendre visite.
- Félicitations pour le bébé.
- Merci.
- Quoi ?
- Rien.
Elle dit que Mahtob est tout le portrait
de Moody et Ameh Bozorg.
- Quel accueil, hein ?
- C'est incroyable.
- Tu connais tous ces gens ?
- Tous.
C'est toute ma famille.
- Tu leur as beaucoup manqué.
- La voiture est juste là.
Ouvre, c'est un cadeau.
Merci. Comme c'est gentil.
Oh, merci. Merci.
- Vas-y, enfile-le.
- Maintenant ?
Oui... Ils se sont donnés du mal.
Ça leur fera très plaisir.
- D'accord.
- C'est de la bonne qualité.
Montons dans la voiture.
Mon Dieu... tout est si différent.
Tu as dit que les étrangères
n'avaient pas à porter la tenue islamique.
Je sais. Je me suis trompé.
Tout a changé.
Mais c'est seulement
quand tu sors de la maison.
A l'aéroport, je ne les reconnaissais pas,
elles étaient toutes couvertes.
La dernière fois, la moitié seulement
portait le tchador. C'est nouveau.
- Et si je ne portais pas ça ?
- Ameh Bozorg ?
Elle dit que tu serais arrêtée.
- J'ai envie d'aller aux toilettes.
- Attends. On y est presque.
Bonjour.
Non ! Ils lui font mal, maman !
Ils lui font mal !
Ils lui font mal !
C'est en signe de bienvenue.
Ils donnent la viande aux pauvres.
Chérie, il faut l'enjamber.
C'est la coutume.
Accroche-toi à moi.
Mahtob...
C'est la prière du vendredi.
De l'université de Téhéran.
Mahmood...
La prière...
N'oublie pas qu'on doit acheter
quelque chose pour tes parents.
Merci, chérie. Je vais te faire pareil.
Ça va ?
Arrange ton foulard !
Couvre tes cheveux !
Ils ignoraient que tu étais étrangère,
ils n'auraient pas été si sévères.
- Ce n'était qu'une mèche de cheveux.
- Fais attention. Ils sont stricts.
Vous devez tout couvrir.
Ne soyez pas négligente !
Chaque cheveu découvert est comme
un poignard dans le cœur des martyrs.
Viens.
Sois patiente, chérie. Ça va aller.
Regarde ces mains.
- Maman...
- Chut !
Ça doit vouloir dire qu'on peut manger.
Allons, assieds-toi bien droite.
Est-ce parce que je ne portais pas
de tchador ?
Tu as mal interprété.
Elle ne te regardait pas.
Tu n'as pas vu. Elle m'a regardée...
J'ai eu le même sentiment
quand la police m'a arrêtée.
Il y avait tant de haine.
Ça semble vraiment arriéré parfois.
Les croyances religieuses semblent
arriérées si elles ne sont pas les nôtres.
Mais couvrir les femmes
et les cacher ?
- Ont-ils peur de leur sexualité ?
- Non, ce n'est pas la raison.
Les Iraniennes aiment porter le tchador.
C'est une marque de respect.
Quand le Shah a voulu l'interdire,
il y a eu des manifestations.
La plupart des femmes
voulaient le porter à nouveau.
Désolée. C'est une culture différente.
Je suppose que je ne la comprends pas.
Pourquoi Mammal est-il
en colère contre toi ?
On dirait qu'ils t'attaquent tout le temps.
Ma famille... ils sont très religieux.
Ils ne sont pas sophistiqués.
Ce sont des gens de la campagne.
Tout a tellement changé.
Ils sont revenus au Coran.
C'est comme ça depuis la Révolution.
Quand ils ont emménagé
dans cette maison,
ils se sont débarrassés
de tous les meubles.
Maintenant ils me voient
et je leur parais américanisé.
Et ta femme est américaine.
- Oui.
- Je suis désolée.
Je n'ai pas voulu les insulter.
Je sais.
Chérie, ça va te paraître bizarre
pendant un moment,
mais crois-moi, ils veulent t'aimer.
Ils t'aimeront. Je te le promets.
D'accord.
- Quoi ?
- Rien.
- Rien.
- Qu'est-ce qu'il y a de drôle ?
Ils croient qu'on fait l'amour
tout le temps.
- Qui ?
- La famille.
Pourquoi ?
Après l'amour,
on doit prendre une ***.
On ne peut pas prier sinon.
C'est considéré impur.
Nous prenons deux ou trois douches
par jour !
Mon Dieu ! Ils nous prennent
pour des lapins ?
Je ne prendrai plus de ***.
Tu le savais depuis le début.
- Je ne te savais pas si obsédée !
- Tu le savais depuis le début !
- Tu ricanais dans le couloir !
- Ne te mets pas en colère.
- N'y va pas.
- Je dois y aller.
- Je t'en prie, reste.
- Je ne peux pas.
Tu te lèves aux aurores tous les matins.
N'y va pas.
Qu'est-ce qui te prend ?
On est chez ma famille.
Ce sont des Sayyeds,
les descendants directs de Mahomet.
Bien sûr, pour une Américaine
sophistiquée, c'est arriéré.
- Betty ?
- Tu m'as fait peur.
Je me demandais où tu étais.
- J'ai fait une très belle photo.
- Il n'y a plus de lumière. Tu rentres ?
Oui.
- Betty ?
- Quoi ?
Il s'est passé quelque chose
avant qu'on ne vienne ici.
Quoi ?
Je ne voulais pas t'en parler,
comme on venait ici...
Moody, que s'est-il passé ?
J'ai été renvoyé de l'hôpital.
Renvoyé ?
Ça s'est passé juste avant qu'on parte.
Deux jours avant.
Je ne peux pas y croire.
Ils n'ont pas le droit.
Mais si. S'ils trouvent quelqu'un
qui fait le travail pour moins cher.
Oh, non !
Et qui n'est pas iranien.
Moody, je n'arrive pas à le croire.
- Ton travail marchait si bien.
- Tu crois qu'ils aiment les Iraniens ?
C'est toujours présent...
juste sous la surface.
Pas un seul de mes collègues
ne m'a défendu
quand j'avais un problème.
Chéri, ce n'est pas vrai.
On parle de la profession
médicale.
Ils sont censés être des gens éduqués.
Qu'allons-nous faire ?
Voilà ce qu'on va faire.
On va rentrer chez nous demain
et découvrir ce qui s'est passé.
On fera appel. C'est l'Amérique.
Il y a des lois.
On a des amis.
Tu as beaucoup d'amis.
Ça ne peut pas se passer comme ça.
Hé !
Arrête. Tu vas tout déplier.
Rassemble tes affaires.
- Ils ne nous laisseront pas le prendre.
- Mammal pourrait nous l'envoyer.
Tu veux mettre Toby le lapin dans un sac
ou le porter ? Il va faire chaud.
- Dans un sac.
- D'accord.
Assieds-toi et plie tous les vêtements
que tu as dépliés.
- Je peux les mettre dans la valise ?
- Oui.
Chéri, tu n'as rien rangé.
Tu veux que je le fasse ?
Non.
Il faut déposer les passeports à l'aéroport
trois jours avant pour l'autorisation.
- Quelle autorisation ?
- Il faut un ***.
- Vous ne partez pas aujourd'hui.
- Quand est le prochain vol ?
Je ne sais pas.
- Moody, que se passe-t-il ?
- Je ne sais pas.
Il faut attendre le prochain vol,
je suppose.
Pourquoi ne t'es-tu pas occupé
des passeports ?
- Personne ne t'en a parlé ?
- Personne n'y a pensé.
On va aller à l'aéroport
et on leur dira qu'on ne savait pas.
Peut-être qu'ils nous laisseront passer.
Sinon, on attendra le prochain vol.
Je ne sais pas comment te le dire.
On ne rentre pas. On reste ici.
Comment ça ? Combien de temps ?
Je veux travailler ici. Dans un hôpital.
- Quoi ?
- Je veux qu'on vive en Iran.
Non. Non.
- Il n'y a rien pour moi en Amérique.
- Non !
Tu as perdu la tête ? On est américains.
Ta fille est américaine.
Moody, chéri,
tu es bouleversé pour ton travail.
Je comprends. On va arranger ça.
- Je veux que Mahtob grandisse ici.
- Non !
- Elle doit devenir musulmane.
- Non !
Tu m'as menti.
Tu m'as menti. Tu as juré sur le Coran
qu'il n'arriverait rien.
- Maman.
- Tu avais tout prévu depuis le départ.
- On rentre chez nous aujourd'hui ?
- Oui.
- Descends et va dire au revoir.
- D'accord.
Moody, je sais ce qui s'est passé.
Ils n'ont pas le droit.
Tu dois résister.
Je sais que ta famille te manque
et qu'ils te font culpabiliser.
Je sais qu'ils te mettent
la pression.
J'ai promis qu'on reviendrait
passer du temps ici.
Mais on ne peut pas rester.
C'est un pays arriéré et primitif.
Je ne veux pas y vivre
ni y élever ma fille.
Tu veux élever Mahtob ici, mais tu as vu
comment ils traitent les femmes ?
- Je sais que c'est la bonne décision.
- Non.
- Pour nous tous. Pour toi et Mahtob.
- Tu ne peux pas être sérieux.
Je suis médecin. Ils en recherchent.
Je pourrais faire beaucoup de bien ici.
- Je t'en prie...
- De plus, je suis musulman.
- C'est ici que je dois être.
- Ne fais pas ça.
Je sais, ça paraît dur,
mais c'est dans notre intérêt à tous.
- Mahtob apprendra de vraies valeurs.
- Non ! Je ne resterai pas ici...
Ecoute-moi bien.
Tu es dans mon pays maintenant.
Tu es ma femme.
Tu fais ce que je dis. Compris ?
On reste ici.
Mammal, pouvez-vous me traduire ?
Pardonnez-moi si je n'emploie pas
les bons mots. Je suis un peu secouée.
Je voulais vous parler pour voir
si vous pouviez me comprendre.
Moody et moi sommes mariés
depuis sept ans.
Nous nous sommes aimés
et fait confiance.
La confiance a toujours été importante.
Je ne voulais pas venir ici.
Moody le savait.
J'ai été très claire avec lui.
Je suis venue en visite ici pour que
vous puissiez connaître notre fille.
Mais j'avais peur.
Moody m'a juré sur le saint Coran
qu'une telle chose n'arriverait pas.
Il tenait le Coran à la main
et me l'a juré.
N'est-ce pas, Moody ?
J'étais obligé.
Sinon, tu ne serais pas venue.
Baba Hajji,
vous êtes un homme religieux.
Comment Moody peut-il jurer
sur le Coran puis me faire ça ?
Allah lui pardonnera.
Non ! Non !
Ameh Bozorg,
je vous en prie, aidez-moi !
Vous ne pouvez pas faire ça !
Tu ne peux pas me garder ici !
Tu avais tout prévu depuis le départ !
Sois maudit !
Je serai avec toi.
Je t'aiderai.
Essaie de dormir.
Où sont les chéquiers
et les cartes de crédit ?
Il me faut les clés de la maison
et de la voiture.
Elles sont dans le petit sac.
Moody ?
- Parle-moi, je t'en prie !
- Il n'y a rien de plus à dire.
Moody, je t'en supplie. Parle-moi.
Mahmood...
Je vous ai dit d'arrêter d'appeler.
Non, elle n'est pas là.
C'est aussi ma femme.
Elle fait ce que je veux.
Vous ne l'aidez pas en faisant ça.
Oui, je sais et j'en suis désolé,
mais ça n'aidera pas sa maladie,
alors, laissez-nous tranquilles.
Non, je ne discuterai pas.
Je m'en fiche. Le Département d'Etat
peut faire ce qu'il veut !
Betty, il faut que tu manges.
Tu ne peux pas continuer,
tu te rendras malade.
Si je savais que tu voulais rester ici,
nous pourrions avoir une belle vie.
Tu sais... quand j'ai appris
que le Shah quittait l'Iran...
c'était juste après la naissance
de Mahtob.
Je n'arrivais pas à le croire.
C'était stupéfiant.
Tout le monde est descendu dans la rue.
Des millions de gens.
J'aurais dû être là.
Pour la première fois,
nous pouvions dire à tout le monde :
"C'est notre foi. Notre façon de vivre.
Nous sommes ainsi."
Et rien ne pouvait nous arrêter.
Tu ne peux pas imaginer
comment c'était.
Je sais que ça a été dur pour toi,
mais ça ira mieux.
Je te le promets.
- Seigneur, écoutez notre prière.
- Seigneur, écoutez notre prière.
Aidez-nous à quitter l'Iran
et à rentrer aux Etats-Unis.
Aidez-nous à quitter l'Iran
et à rentrer aux Etats-Unis.
Faites que rien ne nous sépare.
Faites que rien ne nous sépare.
Et prenez toujours soin de nous.
Et prenez toujours soin de nous.
- Amen.
- Amen.
- Allô ?
- Allô, Betty.
- Maman ? Mon Dieu !
- Ne parle pas. Ecoute.
Tu dois aller à la section des lntérêts
Américains à l'ambassade suisse.
Il n'y a plus d'ambassade américaine
à Téhéran.
C'est sur la rue Khiaban Fereshteh.
Le numéro est 625 475.
- 625 475...
- Qu'est-ce que tu fais ?
Le téléphone sonnait. J'ai répondu.
Pourquoi veux-tu m'humilier ?
Ne touche pas le téléphone
et ne quitte pas la maison.
- Tu comprends ?
- Oui !
Ambassade de Suisse.
La section des lntérêts Américains.
Je n'entends pas. Parlez plus fort.
- Je ne peux pas parler plus fort.
- Je ne vous entends pas.
Etes-vous là ?
Etes-vous là ?
Aidez-moi. Je suis retenue en otage.
Vous devez parler plus fort.
Votre voix est très faible.
Je suis retenue en otage.
Je vous en prie, aidez-moi.
Je suis désolé, je ne vous entends pas.
A qui parlais-tu ?
- Quand ?
- Au téléphone.
- Personne.
- Ne me mens pas !
- Arrête, papa !
- C'est entre maman et moi.
J'ai juste voulu appeler Nasserine.
Je me suis trompée de numéro.
Qu'est-ce que tu crois ?
Tu crois pouvoir me mentir ?
Tu crois pouvoir faire quelque chose
sans que je le sache ?
Ma famille me dit tout.
Ils t'observent tout le temps,
alors ne sois pas stupide.
Maman n'est pas stupide.
Elle va devoir aller à l'école bientôt.
Il lui faudra des vêtements appropriés.
- Je ne veux pas aller à l'école.
- Quelle école ? Quand ?
Les lntérêts Américains...
l'ambassade de Suisse.
Khiaban Fereshteh, c'est le nom
de la rue. Khiaban Fereshteh.
L'ambassade de Suisse.
Je m'appelle Betty Mahmoody.
Je suis citoyenne américaine.
Montrez votre passeport à l'intérieur.
- Merci.
- Passeport.
On n'a pas nos passeports. Mon mari
les a pris. Nous sommes américaines.
- Vous pouvez y aller.
- Maman, on va rentrer à la maison !
Je m'appelle Nicole Adjanian.
Betty Mahmoody.
Voici ma fille, Mahtob.
- Asseyez-vous.
- Merci.
Nous sommes si heureuses de vous voir.
J'ai parlé à ma mère aux Etats-Unis.
Je sais que le Département d'Etat
est impliqué.
Nous sommes ravies d'être ici.
Nous dormirons n'importe où.
Le temps qu'il faudra,
jusqu'à ce qu'on puisse partir.
De quoi parlez-vous ?
Vous ne pouvez pas rester là.
Je ne peux pas retourner chez mon mari.
Je veux rentrer aux Etats-Unis.
Peut-être, mais vous êtes en Iran.
- Vous êtes mariée avec un Iranien ?
- Oui.
Alors, vous êtes citoyenne iranienne.
Non. Je suis citoyenne américaine
et ma fille aussi.
Nous sommes nées aux Etats-Unis.
Nous avons des passeports américains.
Nous ne les avons pas maintenant.
Mon mari les a pris.
Nous n'avons pas changé
de nationalité.
En épousant un Iranien, vous devenez
automatiquement citoyenne iranienne.
Les lois sur les femmes
sont très strictes.
Vous ne pouvez pas voyager
sans permission écrite.
Vous n'avez aucun droit sur les enfants.
L'homme les garde en cas de divorce.
Désolée, vous devez retourner
auprès de votre mari.
Mais nous ne sortirons jamais d'Iran.
Nous sommes retenues en otage.
Ça a été presque impossible de venir.
Il y a ici beaucoup de femmes
américaines dans la même situation.
Puis-je vous demander pourquoi
vous êtes venue en Iran ?
Je ne sais pas.
Je ne sais pas.
J'avais peur de venir.
J'ai voulu lui faire plaisir.
Je lui faisais confiance.
J'avais peur, mais je ne pensais pas
que ça pouvait arriver.
Je le considérais comme un Américain.
Il a changé.
Mon Dieu, ce qu'il a changé...
Ecoutez, Mme Mahmoody...
Beaucoup sont rentrés
après la Révolution
se sentant coupables d'être partis,
d'avoir tourné le dos
à l'Iran et à l'Islam.
L'Iran est maintenant un état islamique,
beaucoup d'Iraniens en sont ravis.
Si je peux faire quelque chose...
Si vous avez besoin d'organiser
des appels téléphoniques aux Etats-Unis,
ou si vous voulez envoyer des lettres,
prévenez-moi.
Si papa demande, on est allées
se promener et on s'est perdues.
Maman ! Maman !
- Où étais-tu ?
- Je suis allée me promener.
- Où étais-tu ?
- On est allées se promener !
Tais-toi !
Si tu recommences,
je te tue.
Mon Dieu.
Joyeux anniversaire
Joyeux anniversaire
Joyeux anniversaire, Mahtob
Joyeux anniversaire
Bonsoir.
Bonsoir.
Nasserine a dit que tu voulais me voir.
Je n'arrive pas à croire
qu'elle a cinq ans, et toi ?
Non.
Merci pour cette journée.
La poupée et le reste.
Elle me manque.
Je n'ai pas passé beaucoup
de temps avec elle récemment.
Moody...
Je veux que ça marche.
Tu as été un merveilleux père
aujourd'hui.
Ça m'a rappelé le passé.
Chéri, je veux que tu sois heureux.
Je veux te rendre heureux.
J'ai besoin que tu m'aides.
Oh, Betty.
Je ne voulais pas
que ce soit comme ça.
Je t'aime.
Je ne veux pas te faire de mal.
Moody, j'ai besoin de ton aide.
On ne peut pas rester
dans cette maison.
C'est la maison de ma sœur.
Elle sera offensée si on part.
Non. Elle ne veut pas de nous ici.
Elle ne m'aime pas.
On n'a nulle part où aller.
On pourrait aller
chez Mammal et Nasserine.
On les a aidés
quand ils étaient aux Etats-Unis.
Nasserine suit des cours. Je pourrais
garder le bébé. Je pourrais aider.
Je t'en prie.
Oh, Betty.
Je ne veux pas te perdre.
Je veux que tu me dises
ce que je peux faire.
- La cuisine ?
- Cuisine.
Je ferai la cuisine.
Je suis si reconnaissante, Nasserine.
Merci mille fois.
Je leur disais que les mêmes règles
s'appliquent ici.
Tu dois mettre un tchador ce soir.
Ah oui ?
Mon oncle est un mollah
très respecté.
C'est un homme très influent.
Il a écrit des livres sur l'Islam.
Il m'aidera peut-être à trouver du travail.
Betty, vous êtes
une bonne cuisinière iranienne.
- Merci.
- Vous avez de la chance.
Pourquoi portez-vous le tchador ?
- J'ai pensé que je le devais.
- Pourquoi ?
Le tchador vient de la tradition persane.
Il n'est pas nécessaire à l'intérieur.
Certains exagèrent de nos jours.
Mahmood m'a dit
que vous lisiez le Coran.
Oui. J'essaie.
- J'aime bien.
- Très bien.
- Vous suivez des cours de Coran ?
- Non.
Mahmood doit vous y envoyer.
Il y a des cours en anglais.
- Vous aimeriez ?
- Oui. Beaucoup.
Les hadiths ou récits
sont les paroles du Prophète
avec des commentaires
faits par des dévots et des érudits.
Dans nos lectures du Coran, nous
étudierons les hadiths au moment voulu.
- A quelle page sommes-nous ?
- Je ne sais pas. Elle...
- Vous êtes américaine ?
- Oui.
...sans qu'il y ait un imam
pour guider le peuple vers Dieu.
- Nous y avons habité !
- Vous plaisantez ?
- Chicago.
- Mais j'habitais dans le Michigan.
- Où cela ?
- Près de Lancing.
- Où ?
- Une petite ville. Owasso.
J'y ai vécu cinq ans !
Je suis allée au collège là-bas.
- Mon mari y avait son cabinet.
- Mon mari est médecin aussi.
C'est incroyable !
Je travaille pour un magazine
anglophone pour les femmes islamiques.
Vous êtes devenue musulmane ?
- Vous vous êtes convertie ?
- Je l'ai voulu, je suppose.
Mon mari était content que je le fasse.
Ça a arrangé les choses.
Je... je dois partir.
- Ellen, c'était...
- Non, vraiment.
Moody.
J'ai rencontré une Américaine au cours.
D'Owasso. Son mari est médecin.
- Ils sont là ?
- Ils viennent de partir.
Elle nous a invités. Tu es d'accord ?
Oui, c'est bon.
Je veux que tu poses des questions
quand tu sors avec papa.
Pose-lui des questions
sur les taxis et les bus.
- Sur combien coûtent les choses.
- D'accord.
D'accord ? Pose-lui des questions
sur les panneaux, ce qu'ils veulent dire.
- D'accord.
- Après tu pourras m'apprendre.
Pourquoi veux-tu apprendre tout ça ?
Je dois le faire,
pour qu'on puisse partir.
- C'est quoi ?
- Son nom sur le panneau.
- Qu'est-ce qu'il vend ?
- Toutes sortes de choses.
Ce sont des photos des gens
qui sont morts à la guerre.
- Pourquoi toutes ces questions ?
- Et là, c'est quoi ?
- C'est le reste du marché...
- Qu'est-ce qu'ils font ?
Téléphone. Téléphone.
Dès que le Shah est parti,
j'ai voulu rentrer en Iran,
mais Ellen ne voulait pas.
J'ai dit : "D'accord, je pars sans toi."
Alors, elle est venue.
La première année en Iran,
ça allait très mal entre nous.
Elle n'arrivait pas à s'adapter.
N'est-ce pas, Ellen ?
Il lui a fallu du temps pour apprendre
à être une bonne épouse.
Il fait chaud, n'est-ce pas ?
Oui.
Pourquoi êtes-vous revenue ?
Mon Dieu, il vous a laissée
aller aux Etats-Unis...
et vous êtes revenue.
Peut-être au début...
Bien sûr il y avait le problème
de la garde des enfants...
Ça a été dur pour moi.
Je n'avais aucune expérience.
Je venais d'une petite ville.
- Etait-il violent ?
- Aux Etats-Unis, jamais.
Il ne faut pas l'être.
Ce n'est pas islamique.
Les mariages fonctionnent ici.
Ils peuvent être bons.
Ça a parfois été dur pour moi,
mais il faut être patient, Betty.
L'Islam est tellement beau.
Je suis heureuse que mes fils
soient élevés en musulmans.
Ellen...
Je suis contente
que nous soyons amies.
En apprenant d'où vous veniez,
j'étais ravie.
C'était comme un miracle.
Ellen...
Je voudrais vous dire quelque chose.
Pouvez-vous garder un secret ?
Ne pas le dire à votre mari ?
Je suis désolée.
Ellen, je suis désolée.
Oubliez ce que j'ai dit.
Ça ne fait rien. Allez-y.
Je ne lui dirai pas. C'est promis.
Pourriez-vous porter cette lettre ?
J'essaie de rentrer aux Etats-Unis.
Ma famille s'en occupe, mais Moody
sait où je suis à chaque instant.
Vous êtes folle ? Vous savez ce qui
pourrait arriver ? Des choses terribles.
Vous ne pouvez pas, Betty.
S'ils vous attrapent,
ils pourraient vous exécuter.
C'est pour l'ambassade. S'il vous plaît.
Tu peux croire ça ?
Ils ont grand besoin de médecins
avec les blessés de la guerre.
Comme j'ai un diplôme américain,
on ne me donne pas de boulot.
Ce n'est pas la raison.
Difficile de croire que ce pays
était assez évolué avant la Révolution.
On construisait des usines chimiques,
des raffineries de pétrole,
des installations
valant des millions de dollars.
Tout est en train de pourrir
parce qu'ils ne savent pas s'en servir.
C'est tellement arriéré !
Chéri, quelqu'un doit aller au marché.
Il nous manque de la viande.
- Je ne peux pas y aller.
- C'est pour le dîner.
Je ne peux pas y aller.
Attends que Nasserine revienne.
Elle rentre ***.
Que ferons-nous ce soir ?
Je ne sais pas. Tu ne peux pas
y aller seule, pour changer ?
Si, je peux.
Je connais le chemin, ce n'est pas loin.
J'emmène les enfants.
Fais-moi une liste
de ce dont tu as besoin
et je te dirai
à quelle heure tu dois rentrer.
Emmène le bébé.
Mahtob restera ici avec moi.
- Vous êtes américaine ?
- Oui.
J'ai besoin de dozaari pour le téléphone.
Je suis allé plusieurs fois en Amérique.
New York. Amarillo, Texas.
Vous voulez téléphoner ?
Entrez, je vous en prie.
Merci.
La section des lntérêts Américains.
Nicole Adjanian.
Nicole, c'est Betty. Vous avez
des nouvelles du Département d'Etat ?
Non, je ne peux pas.
Il me surveille tout le temps
ou il me fait surveiller.
Je ne le savais pas.
Nous laisseront-ils partir si je divorce ?
Quoi ?
Je ne peux pas faire ça...
Je ne peux pas.
Je ne veux pas la laisser.
Nicole... Nicole, je ne la laisserai pas.
Très bien.
J'irai à l'ambassade si je peux.
Merci. Vous êtes très gentil.
Vous pouvez téléphoner
quand vous voulez. Pas de problème.
- Merci.
- J'aime beaucoup l'Amérique.
Mon fils était à l'université du Texas.
C'était mon fils.
C'est un martyr de la guerre.
Je m'appelle Hamid.
Si vous voulez téléphoner, venez.
Je m'appelle Betty.
- Qui m'emmènera à l'école demain ?
- Je ne sais pas, chérie.
Ce sera soit moi, soit papa.
- Je veux que ce soit toi.
- Je ne sais pas si je pourrai, Mahtob.
Pourquoi tu ne pourrais pas ?
Chérie...
Je te promets que je serai là
et que tout ira bien.
D'accord ?
Allez.
- Mon Dieu.
- Mon Dieu.
- Entends notre prière.
- Entends notre prière.
- Aide-nous à quitter l'Iran.
- Aide-nous à quitter l'Iran.
- Et à rentrer en Amérique.
- Et à rentrer en Amérique.
Je reviens cet après-midi, chérie.
Je reviendrai.
Je reviendrai, chérie.
- Je ne veux pas y aller, papa !
- Ne t'inquiète pas, chérie.
Maman, je t'en prie, ne me laisse pas !
Ne me laisse pas !
Nasserine, prends le bébé.
Je vais chercher du riz.
Hamid, je ne peux pas rester.
Vous devez entrer.
Il y a quelqu'un ici.
Mlle Nassimi. Elle est venue vous aider.
Hamid m'a dit
que vous vouliez quitter l'Iran.
Vous savez que c'est
extrêmement dangereux.
Je dois rentrer aux Etats-Unis.
Pourquoi n'essayez-vous pas
de divorcer ?
Non. Si je divorce,
mon mari aura la garde de ma fille.
S'ils vous attrapent avec votre fille,
ils pourraient vous exécuter.
- Je ne peux pas la laisser.
- S'il vous plaît.
Attendez.
Je crois qu'on peut vous aider.
Mon frère a aidé beaucoup de gens.
Je serai ici mercredi et jeudi
à la même heure si vous pouvez venir.
Voilà mon numéro de téléphone.
Mémorisez-le. Ne le gardez pas.
Merci.
Betty !
J'ai le riz.
Désolée.
Que s'est-il passé ?
Elle a encore pleuré toute la journée.
J'ai dû aller la chercher.
On ne peut pas lui faire ça, Moody.
Elle a peur.
Je sais. Demain, ils veulent
que tu ailles à l'école avec elle.
D'accord.
Ils veulent que tu restes avec elle
tous les jours.
Bien sûr. Je resterai avec elle.
Ce sont toutes
des femmes pieuses là-bas.
Tu seras épiée.
D'accord.
Je veux juste que Mahtob soit heureuse.
Qu'elle ait une enfance heureuse.
Ne le veux-tu pas aussi ?
L'Islam est le plus beau cadeau
que je puisse offrir à mon enfant.
Tu as dit qu'il n'y aurait pas de danger.
Mahtob aurait pu être tuée !
C'est l'Amérique qui fait ça.
Qui fournit les bombes, les avions ?
Qui soutient l'lraq ?
Ne sois pas si naïïve. L'Amérique
est responsable de cette guerre.
Vous ne devriez pas agir ainsi.
J'ai dû le dire à Hormoz.
Votre devoir d'épouse
est de tout dire à votre mari.
Vous ne pouvez pas avoir de secrets !
Très joli. Très joli.
Mahtob... très jolie.
Très jolie.
Je suis désolée... C'est mauvais en Iran.
Mauvais pour vous... votre mari.
Je suis désolée.
On vous aide. On vous aide.
- Je peux téléphoner ?
- Téléphone ? Non, non !
Mari, pas de téléphone.
Vous, à l'intérieur.
Oui.
Venez après le matin. Onze heures.
- Après le matin.
- Je peux venir *** avec Mahtob ?
Baleh. Baleh.
Merci.
Il y a trois chemins principaux
pour sortir d'Iran.
Par le Baloutchistan, en traversant
les montagnes vers le Pakistan.
Au sud-ouest par Bandar Abbas,
en traversant le Golfe
en bateau jusqu'à Oman.
Voici la route la plus dangereuse.
De Téhéran, à travers les montagnes de
Zagros puis le Kurdistan, vers la Turquie.
Il y a des postes de contrôle
et la frontière est lourdement armée.
- Quelle est la meilleure route ?
- Le Golfe.
Combien ça coûtera ?
Quand vous serez en Amérique avec
votre fille, vous pourrez me rembourser.
Des dollars me seront plus utiles
que la monnaie iranienne.
Restez en contact avec ma sœur.
D'accord.
Cours ! Cours !
- Où étais-tu ?
- Arrête, papa !
Où es-tu allé ?
Maman !
- Maman !
- Lève-toi ! Lève-toi !
Je vais te tuer ! Je vais te découper !
T'es morte !
Descends.
Betty !
Betty !
Nicole Adjanian.
Nicole Adjanian.
Nicole ? Il va me tuer.
Il va me tuer !
Il a dit qu'il allait me tuer !
Elle est de l'ambassade.
Je dois emmener Mahtob.
Non, non ! Impossible.
Enfant va avec père.
Il va me tuer.
Je dois emmener ma fille.
Madame, attendez. Mari venir.
- Je veux mon enfant !
- Madame ! Madame !
Je veux mon enfant !
Je veux mon enfant !
Je veux mon enfant !
Betty, elles ne vous laisseront pas
l'emmener.
Le Département d'Etat vous dit de voir
le ministre des affaires étrangères.
Non !
Le Département d'Etat ne comprend pas
la culture. Ils vont aggraver les choses.
- Attendez votre mari.
- Dites-lui, je veux mon enfant !
Je ne peux pas. Je vous en prie...
Ecoute-moi, chérie,
ne parle pas.
Tu ne dois pas parler de Hamid
ou de l'ambassade.
Si tu le fais,
jamais ils ne nous laisseront partir.
Ne dis rien, tu m'entends ?
Maman, ne pars pas. Ne t'en va pas.
Je te promets que je ne te laisserai pas.
Tu m'entends ? Je ne te laisserai pas.
- Où sont Mammal et Nasserine ?
- Toi, ne pose pas de questions.
Tu en as assez, chérie ?
Ils se sont installés chez Ameh Bozorg.
- Moody, qu'est-ce que tu fais ?
- Maman !
Je t'en prie, ne l'emmène pas !
Moody ! Je t'en supplie !
S'il te plaît, ne l'emmène pas !
Je t'en prie, Moody !
Moody, je t'en supplie ! Moody !
Moody !
Moody !
Moody, ne l'emmène pas !
Maman t'emmène dans des aventures ?
Allez, où t'emmène-t-elle ?
Aux cours de Coran.
On a vu des chameaux.
Ah oui ?
Vous allez ailleurs ?
Pourquoi étais-tu en retard à l'école ?
- On s'est perdues.
- Non, je sais que ce n'est pas vrai !
- Mais si !
- Où étiez-vous, bon sang ?
- Où étiez-vous ?
- On s'est perdues !
- Où étiez-vous ?
- On s'est perdues !
Moody ?
Je t'en prie, ne pars pas.
Comment va Mahtob ?
Je t'en prie, ne pars pas. Elle va bien ?
Mahtob. Mahtob.
Betty ?
Betty ?
Mahtob. Mahtob.
Tu me l'as ramenée.
Merci. Merci.
Mon bébé. Merci, Moody.
6 MOIS PLUS ***
Joyeux anniversaire,
joyeux anniversaire, Mahtob
Joyeux anniversaire
- Ça va aller ?
- Oui, mais quand vas-tu revenir ?
- Dès que possible. Sois courageuse.
- D'accord.
On vous emmènera en avion
à Bandar Abbas
et on vous fera traverser le Golfe
en vedette.
Jamais je ne pourrai vous remercier.
Voyons, Betty. Ce n'est pas nécessaire.
Du moment que vous arriviez
saine et sauve.
J'aurais aimé que vous voyiez
ce jardin en été.
Toutes les fleurs sont fanées,
maintenant.
Les jardins ont toujours eu
une place spéciale en Perse.
A travers toute notre histoire.
En fait, le mot "paradis"
vient du persan.
C'est dur de croire
que l'idée du paradis
sera toujours intimement liée à l'Iran.
Quand je pense à ce qui arrive à mon
pays, je me souviens de ses jardins.
Essayez de me téléphoner
dès que vous le pourrez.
A Noël, vous serez chez vous.
Betty.
Joyeux Noël.
Désolé, le Golfe
est devenu trop dangereux.
Des bateaux de guerre contrôlent
tous les bateaux civils.
Zahedan est plus sûr.
J'ai réservé un vol pour vous et Mahtob
le mercredi 29 janvier,
dans dix jours.
Mercredi. Bien.
Moody travaille à l'hôpital le mercredi.
Le 29, emmenez Mahtob au car,
comme d'habitude.
On vous prendra à l'arrêt du car
et on vous mènera en lieu sûr,
jusqu'au départ.
Est-ce qu'il souffrait ?
Et maintenant ?
Combien ? Depuis quand le sait-il ?
- Il ne réagit pas au traitement ?
- Qu'y a-t-il ?
- Et ils ont proposé ça ?
- Quoi ?
Maman, tu peux patienter un instant ?
C'est mon père. Il va mal.
Ils pensent qu'il faut l'opérer et...
Dis-lui que tu vas aller le voir
aux Etats-Unis. Vas-y.
Dis-lui que tu vas venir le voir.
Dis-lui maintenant.
Maman ? Moody
dit qu'on va venir à la maison.
- Je suis désolé pour ton père.
- Merci.
Tu vas pouvoir venir avec nous ?
Non, je ne peux pas.
Je perdrais mon travail à l'hôpital.
- Mais Mahtob pourra venir ?
- Non, tu devras y aller seule.
- Je ne peux pas y aller sans Mahtob.
- Pourquoi ?
Tu verras ton père.
Quel est le problème ?
Je n'irai pas sans elle.
Betty...
Tu partiras dès que possible.
Tu verras ton père et tu liquideras
nos biens aux Etats-Unis.
C'est mon argent et je le veux !
Ne faites pas ça, Betty.
Vous ne reverrez jamais votre fille.
- Il ne vous laissera pas revenir.
- Mon père est en train de mourir.
Il ne voudrait pas que vous courriez
le risque de perdre votre fille.
Je peux y aller maintenant,
revenir et essayer de fuir plus *** ?
Vous ne pouvez pas laisser Mahtob
avec la famille de Moody.
Ils viennent des provinces,
ce sont des fanatiques.
Ce régime les encourage.
Certains considèrent qu'une fille
peut se marier dès neuf ans.
Les mariées enfants existent.
Si vous voulez être libre avec Mahtob,
vous devez partir le 29 comme convenu.
Il risque de me faire partir avant,
peut-être demain. Il ne m'a pas dit.
Pour la guerre.
Ils les prennent de plus en plus jeunes.
A 12 ans parfois.
Ils leur donnent des clés du paradis
en plastique fabriquées à Taiwan,
et leur disent qu'ils iront
au paradis s'ils meurent.
Ils les utilisent pour nettoyer
les champs de mines.
Ils courent dans le champ
et sautent sur une mine.
C'est bon.
Il ne nous reste qu'une semaine.
Il doit faire valider votre passeport.
Il n'aura pas le temps. C'est impossible.
Il vous fait confiance maintenant.
Essayez de le retarder.
- Où étais-tu ?
- Moody. J'étais au marché.
Je voulais acheter des cadeaux
à mon père, mais je n'ai rien trouvé.
Pour une fois que je rentrais tôt.
Je t'ai laissée sortir.
Je t'ai donné de la liberté.
Ecoute-moi.
Si tu ne m'obéis pas, je t'enfermerai
et tu ne verras plus jamais Mahtob.
Le 26, tu prendras l'avion
pour les Etats-Unis.
Tu enverras nos affaires ici
puis tu rentreras.
D'ici là, ne touche pas le téléphone
et ne sors pas de la maison. C'est clair ?
Oui.
Moody ?
- Tu as réservé pour le 26 ?
- Comment ça ? Bien sûr, j'ai réservé.
Tu as la validation ?
Tu te souviens l'autre fois ?
Zia connaît du monde. Tout est fait.
J'espère que votre père ira mieux.
Désolé de ne pas vous accompagner.
Revenez-nous vite.
Nous vous aimons.
Je dois retourner à l'hôpital.
Je dois y aller.
Je vais au marché.
J'ai quelques courses à faire.
J'en ai pour 20 minutes.
- J'y vais.
- Non, ce n'est pas la peine.
J'ai besoin de prendre l'air.
J'aimerais acheter des cadeaux
à mon père. Je n'ai pas eu le temps.
Chérie ? Mahtob,
prends ton foulard et ta veste.
Houssein.
Houssein.
Houssein, elle est avec moi.
C'est ma dernière chance.
Nous devons partir maintenant.
Betty. Venez.
Mon frère veut que vous appeliez
votre mari pour le retarder.
Je dois d'abord dire à Houssein
que vous êtes en sûreté.
- J'ai oublié Toby le lapin.
- Quoi ?
J'ai oublié Toby le lapin.
Chérie... tu veux rentrer chez nous
en Amérique ?
Mahtob, arrête de pleurer.
Arrête de pleurer.
Ecoute-moi.
Si on retourne chercher Toby le lapin,
on devra rester avec papa.
C'est ce que tu veux ?
Mais quand est-ce que je reverrai papa ?
Je ne sais pas.
Arrête de pleurer maintenant.
Je t'aime.
Tu vas être une grande fille
courageuse.
Bon.
- Je ne monterai pas dans cet avion.
- Pourquoi ? Qu'est-ce que tu mijotes ?
Rien. Je ne mijote rien.
- J'appelle la police.
- Vas-y, appelle la police.
- J'ai aussi des choses à leur dire.
- Quoi ?
Je sais que la clinique est illégale.
Tu n'as pas de permis d'opérer.
Je l'ai découvert.
Tu croyais que je ne remarquerais rien ?
J'essaie juste d'être bon avec toi.
- Oui.
- On n'a pas besoin de la police.
Je suis d'accord.
Ça ne sera pas nécessaire.
On pourrait se retrouver
et en discuter. Betty ?
Je dois y réfléchir.
Tu as intérêt. Je ne crois plus un mot
de ce que tu dis.
Comment as-tu pu prendre Mahtob ?
Tu me voles mon enfant.
Non, je ne vais rien
te promettre, Betty.
Tu es ma femme. Ramène-toi ici !
Allô, Betty.
Ici, Zia.
Zia. Dites à Moody
que j'ai un avocat.
Je ne veux pas le voir seule.
S'il veut me parler, je serai là
entre 11 heures et midi demain matin
et entre six et huit heures demain soir.
Dites-lui cela.
On est prêts. On doit partir. Ils vous
trouveront si vous restez à Téhéran.
D'accord, je prends mes affaires.
On n'a pu préparer aucun papier.
Ça peut vous poser problème en Turquie
mais ils ne vous renverront pas ici.
Allez à l'ambassade
américaine à Ankara.
On vous conduit
aux montagnes de Zagros.
Des passeurs vous feront traverser.
Des Kurdes. Ils sont amicaux.
Ils savent éviter les postes de contrôle.
Ne montrez jamais
que vous êtes américaine.
Attention au poste de contrôle
à la sortie de Téhéran.
Betty...
Bientôt, vous vous promènerez
dans votre jardin, chez vous.
En Amérique.
Vite.
STOP
CONTRÔLE
Quoi ?
Que faites-vous ?
Mon Dieu, que faites-vous ?
Non !
S'il vous plaît !
S'il vous plaît...
- Maman ? Maman, réveille-toi !
- Non.
- Maman !
- Non, lâchez-moi !
Lâchez-moi !
- Maman.
- Non, tout va bien.
La Turquie ! La Turquie !
On rentre à la maison, mon bébé.
- On rentre à la maison.
- Maman.
BETTY ET MAHTOB ONT RETROUVÉ
LEUR FAMILLE LE 9 FÉVRIER 1986
BEAUCOUP DE FEMMES ET D'ENFANTS
SONT RETENUS CONTRE LEUR GRÉ
DANS DES PAYS ÉTRANGERS.
ECRIVAIN ET CONFÉRENCIÈRE,
BETTY SE CONSACRE AUJOURD'HUI
À AIDER CEUX QUI SE TROUVENT
DANS UNE SITUATION SIMILAIRE.