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Une histoire vraie
Los Angeles - Le 9 mars 1928
Walter, chéri.
C'est l'heure de te lever.
Encore dix minutes.
Désolée, chéri.
Demain, tu feras la grasse matinée.
Les samedis existent pour ça.
Le dos au mur.
Allez, allez.
Très bien.
Je l'ai. Regarde !
Bon, assieds-toi.
Ton déjeuner refroidit.
C'est des céréales.
C'est censé se manger froid.
Chéri, on est arrivés.
D'accord.
N'oublie pas tes livres.
Vas-y.
Oui, madame. Ne quittez pas.
Je vais chercher un superviseur.
Oui, elle arrive.
Elle s'en vient.
Un instant, je vous prie.
Parlez-lui, je n'en peux plus.
Ici la superviseure. Je peux vous aider ?
Vous avez une ligne partagée...
Malheureusement, certaines personnes
écoutent aux lignes partagées. On...
Qu'est-ce qu'il fait ?
- Seigneur.
- Tout va bien ?
Oui, monsieur, ça va.
Une dame a des ennuis avec sa connexion.
- Salut, mon grand.
- Salut, maman.
Ça s'est bien passé à l'école ?
- Oui.
- Vraiment ?
On a étudié les dinosaures.
Et je me suis bagarré avec Billy Mankowski.
- Comment ça ?
- Il m'a frappé.
Tu lui as rendu la pareille ?
Bien.
Tu connais la règle :
ne jamais provoquer la bagarre,
mais toujours la terminer.
- Pourquoi t'a-t-il frappé ?
- Parce que je l'avais frappé.
Tu l'as frappé en premier ? Pourquoi ?
Il a dit que mon père était parti
parce qu'il ne m'aimait pas.
Chéri, ton père ne t'a jamais connu,
alors comment pourrait-il ne pas t'aimer ?
Pourquoi est-il parti, alors ?
Le jour de ta naissance,
on a reçu autre chose par la poste.
La boîte était environ de ta grosseur.
Tu sais ce qui s'y trouvait ?
Des responsabilités.
Et certaines personnes
ont terriblement peur des responsabilités.
Il est parti parce qu'il avait peur
de ce qui se trouvait dans cette boîte ?
C'est stupide.
C'est ce que je me suis dit.
J'ai raté Amos 'N Andy ?
J'en ai bien peur, mon grand.
C'est l'heure d'aller te coucher.
On va toujours au cinéma demain ?
On m'a dit qu'il y a
un nouveau film de Charlie Chaplin
et un nouveau film à épisodes
intitulé The Mysterious Airman.
Qui est le pilote mystérieux ?
Personne ne le sait.
C'est pourquoi il est mystérieux.
Je suis trop lourd pour que tu me portes ?
Oh non ! Pas avant plusieurs années.
- Allô ?
- C'est Margaret.
Bonjour, Margaret.
- Comment allez-vous ?
- Bien.
Le 10 mars 1928
Jean ne peut pas travailler.
Il nous manque quelqu'un.
- Elle vient d'appeler ?
- Il y a 30 minutes.
Je ne trouve personne.
Et Myrna ?
Des heures supplémentaires lui...
Elle ne peut pas.
Vous ne pouvez pas venir ?
Non. Non, non, non. Je...
J'ai promis à Walter
de l'emmener au cinéma et...
Ce serait seulement jusqu'à 16 h.
D'accord, jusqu'à 16 h.
À plus ***.
Il y a un sandwich et du lait dans le frigo.
Et j'ai demandé à Mme Riley et à sa fille
de passer dans quelques heures.
Je suis capable de me débrouiller.
Je sais. Elles vont jeter un œil
sur la maison, pas sur toi.
Demain, on ira au cinéma.
Puis, on prendra le Big Red
jusqu'à la promenade de Santa Monica.
Ça te plairait ?
Je serai de retour avant la noirceur.
Je n'ai pas peur de la noirceur.
Je n'ai peur de rien.
Je sais.
Sois sage.
Je t'aime.
Les lignes sont occupées jusqu'en Ohio.
Il dit qu'il veut parler à un responsable.
Il me faut votre signature
pour une demande de fournitures.
- Le numéro...
-... s'il vous plaît.
Je vous écoute.
Passez-moi
la station d'acheminement d'Omaha.
Essayons de passer nos appels
à leurs téléphonistes.
Faites marcher cette console maintenant.
Christine. Je voulais justement vous voir.
J'ai étudié vos fiches de travail.
Je voulais vous dire
que je suis très impressionné.
Quand j'ai suggéré
qu'on engage des superviseures,
mes supérieurs n'étaient pas optimistes.
Mais vous travaillez aussi bien
que vos collègues masculins.
- Merci, M. Harris.
- Appelez-moi Ben. Je...
Je voulais vous dire
qu'on cherche un gérant
pour le nouveau bureau de Beverly Hills.
Si ça vous intéresse,
je pourrais vous recommander...
Ce serait merveilleux. Merci, monsieur.
D'accord, bien. Et on pourrait peut-être...
- En parler lundi ?
- Oui, bien sûr.
Ça vous va ?
Merci beaucoup, monsieur. Merci.
S'il vous plaît !
S'il vous plaît.
Walter.
Chéri ?
Walter.
Walter !
Chéri ?
Walter ?
Chéri !
Walter !
Walter, c'est l'heure de rentrer, chéri.
Suzie ? As-tu vu Walter ?
- Non, Mme Collins.
- Désolée.
Walter ?
Walter.
Le numéro, s'il vous plaît.
Le poste de police, je vous prie.
Je vous mets en communication.
- Division de Lincoln Heights.
- Je m'appelle Christine Collins.
J'habite au 210, avenue North, numéro 23.
Je vous appelle
pour signaler la disparition d'un enfant.
Quel est votre lien
avec cet enfant, madame ?
C'est mon fils.
Depuis combien de temps est-il disparu ?
Je n'en suis pas sûre. Je rentre du travail.
Ça pourrait être depuis ce matin
ou depuis une heure seulement.
Vous avez parcouru le quartier ?
Oui, bien sûr.
Il a peut-être oublié l'heure.
Non. Non, non.
Il reste toujours près de la maison
quand la nuit tombe.
Pourriez-vous envoyer quelqu'un ?
Je suis désolé,
mais il faut attendre 24 heures
pour une disparition d'enfant.
Quoi ?
La plupart du temps,
l'enfant est de retour le lendemain matin.
On ne peut pas rechercher tous les enfants
qui vagabondent avec leurs amis.
Non, non, non.
Non, ce n'est pas Walter. Il ne fait jamais ça.
Sauf votre respect, madame,
tous les parents disent la même chose.
Je vous en prie.
Je ne peux rien faire.
Je prends votre nom et votre adresse,
mais on ne pourra rien faire
avant demain matin.
Et demain, je suis sûr qu'il sera rentré.
C'est toujours le cas.
Vous êtes Mme Collins ?
Aujourd'hui, pensons encore
à Mme Christine Collins de Lincoln Heights.
Son petit garçon, Walter Collins,
a disparu il y a presque deux semaines.
Même si elle ne fait pas partie
de notre congrégation,
prions pour elle,
comme nous l'avons fait quotidiennement
depuis que nous avons eu vent
de sa situation.
La radio et les journaux
disent que le service
de police de Los Angeles
fait de son mieux
pour que cette mère retrouve son fils.
Je suis sûr que c'est la vérité,
mais comme ce service de police
est le plus corrompu, violent et incompétent
de ce côté-ci des Rocheuses,
je ne crois pas que ce soit assez.
Chaque jour, de nouveaux cadavres
font surface le long de Mulholland
et dans les fossés de nos villes.
C'est l'œuvre du chef de police James Davis
et de son escouade armée.
Chaque jour, la cupidité et l'appât du gain
passent avant les besoins
d'honnêtes citoyens.
Chaque jour,
cette ville s'enfonce de plus en plus
dans un abîme de peur,
d'intimidation et de corruption.
Autrefois, Los Angeles était surnommée
la Cité des Anges,
mais aujourd'hui, c'est un endroit
où ceux qui devraient nous protéger
nous brutalisent.
Un endroit où les représentants de la loi
se croient au-dessus de celle-ci.
Le 3 avril 1928
Je comprends. Merci.
Je rappellerai dans quelques semaines.
Merci beaucoup.
C'est le service des personnes disparues
de Las Vegas ?
Ici Christine Collins.
Je voudrais savoir
si vous avez trouvé des enfants disparus
portant la description de Walter Collins.
Oh, d'accord.
Oui, s'il vous plaît. Appelez-moi.
Je vous rappellerai dans...
Dans une semaine, si ça vous va.
Merci beaucoup. Merci.
DeKalb, Illinois - Le 20 juillet 1928
Deux dollars.
Merde, j'ai oublié mon portefeuille
à la maison.
Vous pouvez me faire crédit ?
Aucun crédit.
Vous payez, sinon j'appelle la police.
J'en ai assez des vagabonds de votre genre.
Je ne veux pas vous rouler, chef.
J'ai seulement oublié mon portefeuille
à la maison.
Je vais le chercher.
Je serai de retour dans cinq ou dix minutes.
Vous avez une garantie ?
Quelle meilleure garantie
que ma chair et mon sang ?
Reste ici, fiston. Je reviens tout de suite.
- Mais...
- Sois sage.
Il est bien aimable de nous faire confiance.
Reste ici, pendant que je vais chercher
mon portefeuille.
Dix minutes, sinon j'appelle la police.
Merde.
- Le numéro, s'il vous plaît.
- Myrtle ?
- Allô ?
- C'est Harve, du restaurant.
Oh, salut, Harve.
- J'aimerais parler au shérif Larsen.
- Oui.
Bonne journée à vous aussi.
Christine, j'ai des ennuis avec la connexion.
Je ne peux pas avoir la communication.
Je crois que oui. Oui, c'est mieux.
Vous avez un appel
de personne à personne, Fairfax 2231.
Interurbain. Pardon, vous pouvez répéter ?
Je vous mets en communication, madame.
Merci.
- Mme Collins ?
- Oui.
Capitaine J.J. Jones,
section jeunesse de Lincoln Park.
Mon bureau supervise les dossiers
d'enfants fugueurs ou disparus,
incluant celui de votre fils, et...
Il est vivant, Mme Collins.
La police de DeKalb, en Illinois,
l'a retrouvé il y a deux jours.
Il va bien et il n'est pas blessé.
Il accompagnait un vagabond.
On le recherche toujours,
mais votre fils va bien.
Merci beaucoup.
Oh ! Christine !
C'est merveilleux.
Merci.
Il y a beaucoup de journalistes.
Votre histoire connaît une fin heureuse,
Mme Collins.
Les gens aiment les fins heureuses.
Il faut se dépêcher. Le train entre en gare.
Reculez, tout le monde.
Merci. Merci !
Je ferai une déclaration bientôt,
mais en ce moment,
l'important est de réunir mère et fils.
Alors, excusez-nous.
Restez ici. Ne poussez pas.
Doucement.
Mme Collins, voici James E. Davis,
- le chef de police.
- Enchantée.
Les journalistes nous font rarement
des compliments,
alors cette fin heureuse est fantastique,
n'est-ce pas ?
Oui, monsieur.
Mes hommes
se sont-ils bien occupés de vous ?
J'ai dû attendre 24 heures
avant de signaler la disparition et j'ai cru...
C'est des détails de procédure.
- Ils ont été merveilleux.
- Bien.
J'espère que vous le direz à la presse.
Dites-leur que la police de Los Angeles...
Les femmes. Attendez.
Reculez, reculez.
Retenez-les.
Eh bien, vous n'allez pas...
Ce n'est pas mon fils.
Quoi ?
Que dites-vous ?
Ce n'est pas mon fils.
Vous faites sûrement erreur.
Il n'y a aucune erreur.
Il vient de passer cinq mois difficiles.
Il a perdu du poids, il a changé.
Je saurais reconnaître mon propre fils.
Bien sûr, mais vous êtes en état de choc,
et il a changé.
Comment t'appelles-tu ? Tu sais ton nom ?
Walter Collins.
C'est un nom commun.
Où habites-tu, Walter ?
Tu connais ton adresse ?
J'habite au 210, avenue 23,
à Los Angeles, en Californie.
Et elle, c'est ma maman !
Mme Collins, écoutez-moi.
Je vous comprends.
Vous n'êtes pas sûre de vous-même,
et c'est normal.
À cet âge, les garçons changent vite.
Mais nous avons procédé
à une enquête approfondie.
C'est bel et bien votre fils.
Ce n'est pas Walter.
Pas le Walter dont vous vous souvenez.
C'est pourquoi il est important
que vous l'emmeniez à titre d'essai.
- À titre d'essai ?
- Oui, oui.
Quand il sera en terrain connu
et que vous vous serez remise
du choc de le voir dans un tel état,
vous verrez que c'est votre Walter.
Je le promets. Je le jure.
Je vous en donne ma parole.
C'est votre fils.
Si vous avez un problème,
n'hésitez pas à m'en parler.
Je m'en occuperai.
Je vous en donne ma parole.
Faites-moi confiance.
Mme Collins, il n'a nulle part où aller.
Je vous en prie.
Je ne pense peut-être pas clairement.
Et...
D'accord.
Vous ne pensez pas clairement, c'est ça.
On y va !
Merci. Merci.
Retournez-vous.
Comment vous sentez-vous, Mme Collins ?
Qu'avez-vous pensé quand vous l'avez vu ?
C'est difficile à expliquer.
Elle était en état de choc.
Elle n'a pas reconnu son fils,
ce qui est tout à fait normal.
Il a vécu toute une épreuve.
Comment vas-tu, petit ?
Es-tu heureux d'être rentré ?
Oui, c'est fantastique.
Le service de police
de Los Angeles remercie
le bureau du shérif de DeKalb
pour tout son travail.
Sans ces gens,
cette réunion n'aurait pas eu lieu.
La police de Los Angeles est là
pour servir les citoyens.
On peut prendre une photo
de la mère et de son fils ?
Absolument ! Voilà.
Comme ça.
Rapprochez-vous. Et voilà.
- Par ici, Walter.
- Souris.
- Une autre, s'il vous plaît.
- C'est bien.
Une autre.
Tu aimes ton sandwich ?
- Tu veux encore du lait ?
- Non.
- Non, merci.
- Non, merci.
Tu es couvert de suie à cause du train.
Tu devrais aller prendre un bain.
Ton pyjama est sur le lit.
Ça va ? Tu vas bien ?
Je suis tombé.
Espèce de baignoire stupide !
Ça va aller.
Tu es circoncis.
Sors de là.
Dépêche-toi.
La dernière fois que j'ai mesuré Walter,
la dernière fois que j'ai mesuré mon fils,
il était beaucoup plus grand que toi.
Qui es-tu ?
Que fais-tu ici ?
Qui es-tu ?
Qui es-tu ?
- Ce n'est pas mon fils.
- Mme Collins...
J'ignore pourquoi il dit le contraire,
mais ce n'est pas Walter. Il y a erreur.
On devait lui donner le temps de s'ajuster.
Il a 7 cm de moins que Walter.
Je l'ai mesuré.
Vous devez avoir mal mesuré.
Je suis sûr qu'il y a une bonne explication.
Il est circoncis.
Walter ne l'est pas.
Mme Collins.
Votre fils a disparu pendant cinq mois.
Il a passé au moins la moitié de ce temps
avec un vagabond inconnu.
Qui sait ce qu'un individu perturbé
a pu lui faire subir ?
Il l'a peut-être fait circoncire.
Il l'a peut-être...
Fait rapetisser ?
Pourquoi ne m'écoutez-vous pas ?
Je vous écoute, bon sang !
Et je vous comprends.
Il a changé, c'est certain, et c'est...
Vous avez tous deux eu une rude épreuve.
Il a besoin de votre appui
et de votre amour pour s'en sortir.
Ce n'est pas mon fils !
Pourquoi faites-vous ça, Mme Collins ?
Pourquoi faites-vous ça ?
Vous semblez être en mesure
de prendre soin du garçon.
Votre emploi paie assez
pour subvenir à ses besoins.
Pourquoi tentez-vous de fuir
devant vos responsabilités maternelles ?
Je ne fuis devant rien !
Je n'esquive pas mes responsabilités !
Je m'occupe même de ce garçon,
car il n'a personne d'autre que moi !
Mais vous, vous ne cherchez plus mon fils !
Pourquoi chercher quelqu'un
qu'on a déjà trouvé ?
Parce que vous ne l'avez pas trouvé.
Son identité a été confirmée
par les plus grands cerveaux
du domaine de l'identification des enfants,
par des gens qui savent ce qu'ils font.
Et moi, je ne sais rien ?
Je suis désolée.
Je vous remercie
pour tout ce que vous faites
et je sais à quel point vous travaillez fort.
C'est la vérité,
et je ne veux pas vous causer d'ennuis.
Mais il y a eu une erreur,
et vous devez m'aider à la corriger
pour que je puisse retrouver mon fils
avant qu'il ne soit trop ***.
Je vous en prie.
Je ne vous dérangerai pas plus longtemps.
Excusez-moi de m'être emportée.
Je suis vraiment désolée.
Oui, capitaine ?
- Sara, appelez le Dr Tarr.
- Oui, monsieur.
- Mme Collins ?
- Oui ?
Je suis le Dr Earl W. Tarr.
Le capitaine Jones m'envoie.
Il me consulte parfois
sur des dossiers d'enfants.
- Je peux entrer ?
- Oui, merci d'être venu.
Je pensais qu'il ne me croyait pas.
Je suis là pour tout arranger ça.
Où est le garçon ?
Le voici.
C'est un beau jeune homme.
Il a vos yeux, non ?
Et un peu de votre nez.
Il a l'air en forme,
malgré toutes ses épreuves.
Vous avez un garçon résilient, Mme Collins.
- Je croyais que vous deviez m'aider.
- C'est ce que je fais.
Le capitaine Jones a dit qu'il avait subi
d'importants changements physiques
et il m'a demandé de venir le voir
pour rassurer votre cœur de mère.
Mon cœur de mère ne s'en fait pas pour lui,
car ce n'est pas mon fils.
De telles déclarations n'aideront pas
l'estime de ce garçon,
n'est-ce pas ?
Le capitaine Jones a parlé
d'un changement de taille ?
Oui.
Viens.
Le dos au mur.
Il a 7 cm de moins que Walter.
Eh bien...
Ce n'est pas compliqué, Mme Collins.
On sait déjà qu'un traumatisme peut
entraver la croissance des enfants.
À cause du stress des cinq derniers mois,
sa colonne vertébrale doit avoir rapetissé.
C'est assez rare, mais c'est possible.
Et la circoncision ?
Son ravisseur doit avoir pensé
que c'était une bonne chose.
Après tout, la circoncision est hygiénique.
Mais ce doit avoir été
un événement traumatisant.
Il n'est pas étonnant
qu'il ait repoussé ce souvenir.
Je...
Il y a une explication médicale
pour tout ce qui vous tracasse.
Mais c'est bien
que vous souleviez ces questions.
Vous devez être au courant
des changements que votre fils a subis
pendant son absence.
Ne pensez-vous pas
que je saurais reconnaître mon propre fils ?
Je suis sa mère.
C'est pourquoi vous n'êtes pas objective.
Vous êtes en état de choc
et vous voyez un garçon
qui n'est plus
celui dont vous vous souvenez.
Il n'est plus le même.
Celui qui va à la guerre
revient aussi changé.
Le cœur d'une mère,
mené par l'intuition et l'émotion,
voit ses changements, se rebelle
et affirme que ce n'est pas son garçon.
Mais ça ne change rien aux faits.
Je suis prêt à mettre ma théorie à l'épreuve,
Mme Collins.
Et vous ?
C'est scandaleux !
Calmez-vous et écoutez-moi.
Non, non. Vous, écoutez-moi, s'il vous plaît.
Ce soi-disant médecin m'a fait faire
le tour de mon quartier,
comme si j'étais une mère infâme
qui ne reconnaissait pas son propre fils.
Et quelles ont été ses conclusions ?
Celles qu'il avait dès le départ,
soit celles
que vous lui avez demandé d'émettre.
- Mme Collins.
- Mais ce n'est pas...
Vous n'avez pas à être embarrassée.
Que j'aie été embarrassée
n'est pas le problème.
Le problème, c'est que pendant ce temps,
vous ne recherchez pas mon fils.
Le rapport est final, Mme Collins.
Eh bien, je veux recevoir ce rapport
pour pouvoir le réfuter
avant que vous le transmettiez à quiconque.
Très bien.
Bien. Bonne journée.
J'ai terminé.
Je peux aller dans ma chambre ?
Oui.
Bonne nuit, maman.
Cesse de dire ça !
Cesse de dire ça !
Je ne suis pas ta mère !
Je veux retrouver mon fils.
Tu n'es pas mon fils. Tu n'es pas mon fils !
Je veux qu'on me rende mon fils.
Je veux retrouver mon fils !
Que le diable t'emporte !
Je veux retrouver mon fils !
J'ai eu tort de crier après toi.
Tu n'es qu'un enfant.
Je crois que tu ne sais pas ce que tu fais.
Tu ne comprends pas la peine
que tu causes.
Mais tu dois comprendre
que mon fils est ma vie.
Il est tout ce que j'ai.
Peu importe ce que la police croit,
ou ce que le monde entier croit,
toi et moi,
on connaît la vérité, n'est-ce pas ?
On sait très bien que tu n'es pas Walter.
Tu dois dire aux policiers
que tu n'es pas mon fils
pour qu'ils puissent le retrouver.
Je t'en prie.
On parlera demain.
Allô ?
- Vous êtes bien Mme Christine Collins ?
- Oui.
Je m'appelle Gustav Briegleb.
Je suis le pasteur
de l'église presbytérienne Saint-Paul.
Oui, j'ai entendu vos sermons à la radio.
Je suis...
Merci.
Avez-vous lu le Times ce matin ?
Non.
Vous devriez le lire, puis venir me voir
dans une heure, pour le déjeuner.
Je crois qu'il faut se parler.
Allô ?
"La mystérieuse affaire de...
"À la demande
du service de police de Los Angeles,
"le Dr Earl W. Tarr, spécialiste de l'enfance,
a examiné Walter Collins
"pour établir la cause de sa perte de poids,
"de sa pâleur, de sa confusion
et de son état lamentable.
"On dit que son état est tel depuis
qu'il est rentré chez sa mère lundi dernier."
Belle syntaxe, n'est-ce pas ?
"Son état est tel
depuis qu'il est rentré chez sa mère."
Non seulement on vous identifie
officiellement comme sa mère,
mais on pourrait aussi en déduire
que vous êtes responsable de son état.
Et que la police s'inquiète
pour le bien-être de l'enfant
depuis qu'il est chez vous.
Essayez les œufs. Ils sont excellents.
"'J'ai bien examiné le garçon',
a dit le Dr Tarr.
"'Et il est évident
qu'il a quelque chose à dire.
"'Je suis sûr qu'en temps..."'
... qu'en temps et lieu,
il racontera son épreuve,
mais il devra avoir confiance
en la personne qui l'écoute.
Et c'est ce qu'il lui manque en ce moment.
On ne croit pas son histoire.
Au cours de mon examen,
je n'ai rien trouvé qui puisse réfuter
les conclusions de la police de Los Angeles.
Pourquoi feraient-ils ça ?
Pour éviter d'admettre
qu'ils ont ramené le mauvais garçon.
Évidemment,
toute personne intelligente lisant ce journal
Le comprendrait immédiatement.
Malheureusement,
ça exclut la moitié des lecteurs du Times.
Mme Collins, je me suis donné
pour mission de faire la lumière
sur ce que la police de Los Angeles voudrait
qu'on ne sache jamais.
Au sein de leur service, on retrouve abus,
violence, meurtres, corruption, intimidation.
Quand Davis est devenu chef,
il y a deux ans, il a dit...
Nous ferons la guerre
aux criminels de Los Angeles.
Je les veux morts, pas vivants,
et les agents qui auront pitié
d'un criminel seront réprimandés.
Il a choisi 50 policiers des plus violents,
il leur a donné des mitrailleuses
et la permission de tuer tout ce qui bouge.
Il les a surnommés "l'escouade armée".
Pas d'avocats ni de procès ni de questions.
Aucune suspension, aucune enquête.
Juste des tas de cadavres.
Des cadavres dans les morgues,
dans les hôpitaux
et sur le côté de la route.
L'objectif de la police de Los Angeles
n'était pas d'enrayer le crime. Non.
C'était plutôt d'enrayer la concurrence.
Le maire
et la moitié du service sont de mèche.
Le jeu, la prostitution,
l'alcool de contrebande, tout.
Si on donne aux gens la liberté
de faire tout ce qu'ils veulent,
c'est exactement ce qu'ils feront,
comme dans le jardin d'Éden.
Les policiers ne tolèrent pas
d'être contredits ni qu'on leur tienne tête
ni qu'on les mette dans l'embarras.
Vous pourriez les mettre dans l'embarras,
et ils n'aiment pas ça.
C'est pourquoi ils tenteront
de vous discréditer.
Je sais reconnaître leurs manœuvres.
J'en ai déjà été témoin.
Je voulais vous rencontrer
pour vous avertir de l'obstacle
auquel vous faites face
et pour vous aider à le combattre,
si vous le désirez.
Révérend, je vous remercie
pour ce que vous faites
et pour tout ce que vous avez dit,
mais je ne suis pas en mission.
Je veux seulement retrouver mon fils.
Mme Collins, de nombreux fils
ont été sacrifiés au nom de l'opportunisme.
Hélas, votre fils n'est pas le premier,
mais si vous faites ce qu'il faut,
il pourrait bien être le dernier.
Il avait deux caries à faire traiter.
Il s'est débattu, mais j'ai réussi.
Et puis ?
Votre fils avait un diastème
entre ses incisives centrales supérieures.
Il avait un écart de deux millimètres
entre ses incisives.
Ce garçon-ci n'en a pas.
Ça peut changer avec l'âge ?
C'est ce qu'ils diront.
Parfois, c'est possible.
Mais le tissu entre les dents de Walter rend
la chose impossible.
Les dents ne peuvent pas se rapprocher
sans opération coupant ce tissu.
Et ce garçon-ci n'a jamais subi
une telle opération.
Seriez-vous prêt
à signer une déclaration officielle ?
Oui, merde ! Excusez mon langage.
On dirait que l'anesthésie s'estompe.
Je devrais peut-être
écrire la déclaration maintenant.
Ça lui donnera un peu de temps
pour réfléchir à ses actions.
Si c'est lui, il a énormément changé.
- Tu sais qui je suis ?
- Une professeure.
Oui, mais même les professeurs ont un nom.
Quel est le mien ?
Je ne m'en souviens plus.
Je vous connais,
mais je ne me rappelle pas votre nom.
Mme Fox. Va t'asseoir à ta place.
Je n'ai pas dit "une" place, mais "ta" place,
celle qui t'a été assignée.
Tu dois te rappeler où elle est, non ?
C'est la tienne depuis plus d'un an.
Mme Collins,
si c'est votre fils, j'avalerai ma règle.
Je signerai une déclaration
et j'irai même témoigner devant la cour
ou devant le président Calvin Coolidge,
s'il le faut.
Merci.
On se voit ce soir, pour la diffusion.
Bonne chance.
Une question, madame.
Une petite question !
Mme Collins.
Bonjour. Je m'appelle Christine Collins.
- Bonjour.
- Bonjour.
Le 10 mars, mon fils de neuf ans,
Walter Collins, a disparu.
Après cinq mois d'enquête,
on a ramené à Los Angeles
un garçon de DeKalb, en Illinois.
On m'a dit, comme à vous tous,
que cet enfant était mon fils.
Mais ce n'est pas mon fils.
La police de Los Angeles a fait une erreur,
et c'est ce qui explique
cette soi-disant transformation.
Les professeurs et les médecins de mon fils
ont déclaré par écrit que ce n'était pas lui.
Je fais faire des copies de leurs lettres,
et vous les aurez demain.
La police de Los Angeles aurait pu
admettre son erreur
et se remettre à la recherche de mon fils.
Comme elle a refusé,
je dois exposer mon affaire au grand jour.
J'espère ainsi que les policiers décideront
de terminer ce qu'ils ont commencé
et qu'ils retrouveront mon fils.
Merci beaucoup.
Morelli !
Trouvez-moi cette Collins et amenez-la ici.
- Bill, faites-la entrer par la porte arrière.
- Oui, monsieur.
Par ici, madame.
Par la porte arrière ?
Ordre du capitaine.
Les journalistes bloquent la porte avant.
Asseyez-vous, madame.
Le capitaine Jones s'en vient.
Hé ! Quelqu'un veut prendre l'appel
de la G.R.C. ? Ybarra ?
On a perdu un orignal ou quoi ?
Ils veulent rapatrier un mineur
qui vit illégalement aux États-Unis.
Il habite chez son cousin,
sur un ranch près de Riverside, à Wineville.
- Vous le prenez ?
- Pourquoi pas ?
Merci.
Mme Collins.
Vous pouvez laisser le garçon.
Elle s'en occupera.
Asseyez-vous.
Vous nous avez causé beaucoup d'ennuis,
Mme Collins.
Cette situation est très gênante
pour le service de police.
Je ne voulais pas vous embarrasser.
Non, bien sûr que non.
Mais pour nous remercier d'avoir trouvé
votre fils, vous dites aux journaux
qu'on ne sait pas différencier deux garçons.
Vous voulez rire de nous, c'est ça ?
Ça vous fait rire ?
Bien sûr que non.
Je veux que vous retrouviez mon fils.
Savez-vous quel est votre problème ?
Vous rejetez
vos responsabilités maternelles.
Quoi ?
Vous aimiez être libre, c'est ça ?
Vous aimiez ne pas avoir
à vous occuper de votre fils.
Vous aimiez aller où vous vouliez,
faire ce que vous vouliez
et voir qui vous vouliez.
Mais on a trouvé votre fils et on l'a ramené.
Et maintenant, il vous incommode.
Vous avez donc inventé cette histoire
pour que l'État s'en occupe
et l'élève à votre place.
- N'est-ce pas ?
- C'est faux !
Ah oui ? Même le petit dit qu'il est votre fils.
Pourquoi dirait-il ça ?
- Pourquoi ?
- Je l'ignore, mais il ment.
Peut-être. C'est peut-être un menteur.
Mais c'est comme ça qu'il a été élevé,
n'est-ce pas ?
Le mensonge fait partie de vos vies.
Vous êtes une menteuse,
une fautrice de troubles.
Vous ne devriez pas être en liberté.
Attendez un peu.
Soit vous savez que vous mentez,
soit vous ignorez si vous mentez
ou si vous dites la vérité.
Alors, qu'est-ce que c'est ?
Êtes-vous une mère infâme ?
Ou simplement folle ?
Selon moi, c'est les deux seules options.
Je n'ai pas à vous écouter.
Vous voulez des experts ? Des médecins ?
En voici.
Infirmière.
Mme Collins, maintenez-vous toujours
que ce garçon n'est pas votre fils ?
Oui.
- Ne résistez pas.
- Quoi ?
- Non !
- Vous vous blesserez.
- Que faites-vous ?
- Du calme.
Vous ne pouvez pas faire ça. Non.
Emmenez la prévenue
en psychopathie à l'hôpital de Los Angeles.
Quoi ?
Veuillez inscrire
que l'accusée déclare
que les policiers l'ont flouée,
qu'ils lui ont remis un garçon
et qu'ils l'ont forcée
à croire que c'était son fils.
- Emmenez-la.
- Non. Non, non.
- S'il vous plaît.
- Venez, Mme Collins.
- Non, non.
- Par ici.
Nous connaissons Mme Collins
depuis le 10 mars 1928,
jour de la disparition
de son fils de neuf ans, Walter.
- Ce dernier a été retrouvé en août 1928.
- D'accord.
Depuis son retour,
elle affirme qu'il manque toujours à l'appel
et elle nous demande constamment
de poursuivre les recherches.
Elle souffre de paranoïa,
elle se sent persécutée
et elle est dissociée de la réalité.
Elle représente une menace pour elle
et pour les autres.
Nous recommandons
qu'elle demeure au service psychopathique
jusqu'à ce qu'elle retrouve la raison.
Un autre code 12.
- Le nom ?
- Collins. Christine.
Non, écoutez-moi. C'est une erreur.
Agent ordonnateur ?
Le capitaine J.J. Jones
de la division de Lincoln Heights.
Non, je vous en prie.
La police veut me punir...
Si vous continuez,
vous aurez une camisole de force.
- C'est ce que vous voulez ?
- Non, madame.
Soyez sage, alors. Code 12.
Je ne suis pas folle !
Je vous en prie.
Seigneur !
Très bien.
ADMISSIONS
Non !
Arrêtez !
Écartez les jambes.
Quoi ?
Encore plus.
Je ne suis pas malade !
Touchez-moi ! Touchez-moi !
Par ici. Voici votre chambre.
Le médecin a fini sa journée.
Il vous verra demain.
Puis-je... Puis-je parler à un responsable ?
Désolée.
C'est ma chambre !
Non, non, c'est ma chambre.
Puis-je téléphoner ?
Si vous êtes bien sage,
vous pourrez téléphoner.
Pas de magazines ni de radio ni de livres
ni d'objets pointus.
- Pour votre sécurité.
- Aidez-moi !
Écoutez-moi.
Ma chambre.
Non, c'est ma chambre.
Seigneur !
Ma chambre.
Non, non, c'est ma chambre.
Ma chambre.
Ma chambre ! Ma chambre !
Ma chambre !
Ils ont dit que c'était ma chambre !
Vous avez un problème ?
Elle a surchauffé, c'est tout. Ça devrait aller.
Pouvez-vous m'aider ?
Je cherche le ranch Northcott,
près de Wineville.
Le ranch Northcott ?
Oui, oui.
Vous y êtes presque.
Vous... Continuez à l'ouest, sur cette route,
pendant 3 km... Non, plutôt 5 km.
Puis, tournez à droite.
Restez sur cette route-là et vous y arriverez.
- Il se passe quelque chose là-bas ?
- Non.
On cherche un mineur.
- Merci de votre aide.
- De rien.
Il y a quelqu'un ?
Hé !
Hé ! Hé !
Viens ici !
Police !
J'ai un mandat
pour un mineur nommé Sanford Clark.
Ouvre la porte ou pousse-toi.
Hé ! Arrête !
Arrête ! Arrête !
Arrête, sinon je t'enfonce le visage
dans le plancher !
- Arrête !
- D'accord !
Donne-moi les mains.
Allez, assieds-toi.
Seigneur !
C'est quoi, ton problème, petit ?
C'est un crime d'agresser un policier !
Qu'est-ce que ça change ?
On te renvoie au Canada, petit.
Ce n'est pas la fin du monde.
Quoi ?
Tu ne peux pas rester aux États-Unis
aussi longtemps que tu le veux, fiston.
Aucune nouvelle de Mme Collins ?
Rien.
Allez chez elle
et assurez-vous qu'elle va bien.
Si elle n'est pas là, parlez aux voisins.
- Demandez-leur ce qu'ils savent.
- D'accord.
Et maintenant,
KGF accueille le révérend Gustav Briegleb
de l'église presbytérienne Saint-Paul.
Ici le pasteur Gustav A. Briegleb
de l'église presbytérienne Saint-Paul
qui vous apporte la parole de Dieu
sur les ondes de KGF.
Bonsoir.
J'avais espéré avoir une invitée ce soir,
mais on dirait qu'elle a été retenue.
Comme elle n'est pas là pour nous répéter
ce qu'elle a dit aux médias cet après-midi,
je devrai le faire à sa place.
Je vous dirai ce qui s'est passé
et je vous le répéterai chaque soir,
sur ces ondes,
jusqu'à ce que quelqu'un fasse
quelque chose pour elle.
Le train numéro 45, le Dessert Local,
entrera en gare sur la voie deux
dans cinq minutes.
Bonsoir. Un billet pour le Canada.
Pour l'Alberta ou Vancouver,
ce qui part ce soir.
Je n'ai rien qui va aussi loin ce soir.
Je peux vous vendre un billet pour Seattle
et à partir de là,
prenez un train local ou une voiture.
Parfait.
- Un aller-retour ?
- Un aller simple.
- Ça fait 15 $.
- D'accord.
Voilà.
- Tenez. Bon voyage.
- Merci.
Le déjeuner sera servi dans une demi-heure.
S'il vous plaît,
je dois parler à un médecin en chef.
La cafétéria est au bout du corridor.
Le médecin vous appellera.
Voulez-vous des œufs ou du gruau ?
Tout le monde est là.
D'accord.
Vous pouvez garder le gruau.
Vous le prendrez demain ?
- Jetez-le.
- D'accord.
Tu devrais manger.
Manger, c'est normal.
Tu dois faire tout ton possible
pour avoir l'air normal.
C'est ta seule chance.
Je n'ai pas faim.
- Barbara, vous devez manger.
- Je n'ai pas faim.
Je m'appelle Carol Dexter. Et toi ?
Christine. Christine Collins.
Finis ton assiette.
C'est difficile, mais essaie.
Seigneur.
Je les ai entendus parler.
On t'a fait entrer en code 12.
Intervention policière.
Pour les médecins et le personnel,
si la police t'a amenée ici,
c'est qu'elle devait avoir une bonne raison.
Il n'y avait pas de bonne raison.
Je suis saine d'esprit
et je le leur expliquerai.
Comment ?
Plus on tente d'avoir l'air normal,
plus on a l'air fou.
Si on sourit trop, c'est qu'on délire
ou qu'on étouffe son hystérie.
Si on ne sourit pas, c'est qu'on est déprimé.
Si on reste neutre,
c'est qu'on se renferme sur soi
et qu'on est peut-être catatonique.
- Tu y as beaucoup réfléchi.
- Oui. Tu ne comprends pas ?
Tu es un code 12, et moi aussi.
On est ici pour la même raison.
On a contrarié les policiers.
Tu vois cette femme, là-bas ?
Elle était mariée
à un policier qui la battait constamment.
Quand elle a tenté d'avoir de l'aide,
il l'a amenée ici.
Je veux encore du jus.
Et celle-là ?
Remettez votre plateau.
La police a tabassé son frère
et lui a cassé les deux bras.
Quand elle a voulu le dire aux journaux...
Et toi ?
Je travaille de nuit.
Bien sûr.
Je travaille de nuit, tu comprends ?
- Oui. Dans les bars du centre-ville.
- Désolée.
J'avais un client
qui n'arrêtait pas de me battre,
alors j'ai porté plainte.
C'est alors que j'ai appris
que c'était un policier.
Et je me suis retrouvée ici.
- Ils ne peuvent pas faire ça.
- Tu veux rire ?
Une autre, c'est tout.
Tout le monde sait
que les femmes sont fragiles.
Elles sont sensibles,
illogiques et écervelées.
Quelqu'un ! Aidez-moi !
Parfois, si elles disent
quelque chose d'embarrassant,
elles perdent la tête.
C'est aussi simple que ça.
- Il faut laver la vaisselle.
- Oui.
Quand on est folle,
personne ne nous écoute.
Qui préfère-t-on croire ?
Une pauvre folle
qui tente de détruire l'intégrité de la police
ou un policier ?
Quand on nous enferme ici,
il faut apprendre à la boucler et à obéir,
sinon on ne rentre pas.
Vous avez fini ?
Ou on rentre dans cet état.
Arrête. Arrête.
Arrête !
S'il te plaît.
Clark.
Sanford Clark ?
Ici.
Les papiers sont arrivés.
Tu seras déporté au Canada après-demain.
Là-bas, la police locale s'occupera
de ton dossier.
J'espère que ton séjour ici t'aura appris
à ne plus traverser la frontière
illégalement, à l'avenir.
Attendez !
J'aimerais parler à l'agent qui m'a amené ici.
Il doit avoir des choses plus importantes...
S'il vous plaît. C'est important.
Christine Collins.
Merci. Mme Collins.
Je suis le Dr Jonathan Steele.
Asseyez-vous, s'il vous plaît.
J'espère que votre séjour se passe bien
jusqu'à maintenant.
Oui.
Vraiment ?
J'aurais cru que ce serait difficile au début.
Ce l'était.
Ça a été difficile,
mais ça s'est assez bien passé.
Je vois qu'on a fait une analyse de sang.
Le test de Wassermann.
C'est pour dépister la syphilis,
car cette maladie peut affecter le cerveau.
L'idée qu'on pense
que vous avez peut-être la syphilis,
ça vous bouleverse ?
Non. On m'a dit
que c'était la procédure normale.
C'est bien ça. C'est la procédure normale.
Il faut tout vérifier.
J'imagine
que pour certaines personnes,
ça pourrait être difficile,
mais moi, je comprends.
D'après votre dossier,
vous croyez que la police a remplacé
votre fils par un faux garçon.
Non, je n'ai pas dit
que c'était un faux garçon.
Mais ce n'est pas mon garçon.
On a ramené le mauvais garçon.
Et mon fils est toujours disparu.
C'est étrange, car j'ai un article de journal
où on voit une photo de vous, à la gare,
accueillant votre fils.
- C'est bien vous, n'est-ce pas ?
- Oui.
- Oui.
- Oui.
Donc, au début, c'était votre fils,
mais plus maintenant.
Ça fait longtemps que ça dure ?
Selon vous, les gens changent
ou deviennent autre chose ?
Les gens ne changent pas.
Vous croyez que les gens ne changent pas ?
Non, ce n'est pas...
La police ne vous persécute pas ?
- Non.
- Non.
La police est là pour vous protéger.
Oui.
- Vraiment ?
- Oui.
C'est étrange,
car lors de votre admission à l'hôpital,
vous avez dit à l'infirmière en chef
que la police complotait pour vous punir.
Donc, soit l'infirmière en chef et les internes
complotent aussi pour vous punir,
soit vous changez votre version des faits.
Avez-vous souvent de la difficulté
à différencier la réalité de la fiction ?
Non.
Navré de vous faire sortir
sous la pluie, enquêteur,
mais le garçon insistait.
Ça va. Je vais écouter ce qu'il a à dire,
puis je rentrerai me sécher.
Il pleut à boire debout,
alors c'est mieux d'en valoir la peine.
Encore toi ?
Voyons voir.
Eh bien ?
- Ce n'est pas facile.
- Ah non ?
Conduire jusqu'ici sous la pluie non plus.
Gordon Northcott est mon cousin.
Le ranch où j'étais lui appartient.
Il a dit que je pouvais y rester
si je surveillais la maison quand il part
et si j'acceptais de faire quelques corvées.
Il a dit que je pouvais rester
aussi longtemps que je le voulais.
Je croyais que ça voulait dire
que je pouvais aussi partir quand je voulais.
Tu étais prisonnier ?
Sottises.
Quand je suis arrivé,
tu étais libre comme l'air.
- Tu aurais pu partir n'importe quand.
- Non.
C'est une excuse ?
Pour cacher le fait
que tu étais ici illégalement ?
Non, c'est faux.
Je n'ai pas le temps pour ça.
- Écoutez-moi ! Il a dit...
- Quoi ?
Qu'a-t-il dit ?
Il a dit que si j'essayais de m'enfuir,
il me tuerait.
Vous ne le connaissez pas.
Vous ignorez ce qu'on a fait,
ce qu'il m'a forcé à faire.
Très bien. Reprends du début.
Que t'a-t-il forcé à faire ?
- On a tué des enfants.
- Quoi ?
Je ne voulais pas le faire, je le jure,
mais il m'a forcé à l'aider.
Il a dit que si je refusais,
il me tuerait, moi aussi.
Vous devez m'aider, s'il vous plaît. J'ai peur.
Je ne veux pas aller en enfer
pour avoir tué des enfants.
Voyons.
Quels enfants ? De quoi parles-tu ?
Je ne sais pas. Je n'ai jamais su leur nom.
Leur nom ? Il y avait combien d'enfants ?
Au total ?
Environ 20, je crois.
Non, tu mens.
Non ! C'est la vérité ! Je le jure !
Tu me dis que vous avez tué 20 enfants ?
Oui ! À peu près.
Après un certain temps,
j'ai cessé de compter.
Gordon a dit qu'un ou deux enfants
s'étaient peut-être enfuis.
- Mais...
- Non.
Personne ne peut tuer 20 enfants
comme ça !
On l'a fait.
On l'a fait.
Comment ?
La plupart du temps,
on n'en avait qu'un ou deux.
Parfois, on en avait trois.
Je le savais quand on s'apprêtait à partir.
On nettoyait la voiture.
On vérifiait les pneus.
Et le moteur.
Parce qu'il avait peur qu'on tombe en panne
et qu'on se fasse attraper.
Mon beau bébé
Chaque fois,
on allait dans un endroit différent.
On changeait toujours de quartier.
Parfois, on se promenait
pendant des heures
avant de trouver un enfant.
Eh bien ! Te voilà !
On te cherche depuis des heures.
- Vraiment ?
- Oui.
Tes parents ont eu un accident.
On nous a envoyés te chercher.
Ils sont blessés.
La police les a amenés à l'hôpital,
mais ne pouvait pas te trouver,
alors ils nous ont envoyés.
Allez, viens.
Allez, monte. Dépêche-toi.
Il faut te conduire à l'hôpital
pour que tu puisses voir tes parents.
La plupart des enfants ne montent pas
dans la voiture d'un étranger,
mais quand il y a un autre jeune...
Bon garçon.
Pousse-toi, San.
... c'est plus facile.
Accrochez-vous bien.
Ils me voyaient et se disaient...
La route sera longue.
"S'il est en sécurité... "
On va se dépêcher.
"... je le serai aussi. "
Chaque fois
qu'ils montaient dans le camion,
je voulais mourir.
Dès qu'on arrivait au ranch,
il les mettait dans le poulailler.
Vous avez faim ?
Surveille la porte, Sanford !
Hé ! Surveille la porte !
Qu'est-ce qui se passe ?
Je ne vous ferai pas mal.
Vous avez peur que je vous fasse mal ?
Mais non !
Approchez.
- S'il vous plaît !
- Je ne vous ferai pas mal.
Parfois, il les tuait tout de suite.
Quelquefois,
il attendait d'en trouver d'autres,
jusqu'à ce qu'il en ait quatre ou cinq.
Oui.
- Non ! Non ! Non !
- Quoi ?
Comment ça, "non" ?
Allez. Allez. Allez !
Sanford, surveille cette porte !
Non ! S'il vous plaît, non ! Non ! Non !
Non ! Non ! Non ! S'il vous plaît ! Non !
Parfois, il en laissait un ou deux
au seuil de la mort.
Puis, il me disait : "Achève-les, San.
"Achève-les, sinon...
Achève-les, sinon je t'achèverai, toi."
Et je le faisais.
Je les ai tués. Seigneur ! Je les ai tués !
Seigneur !
- Hé. Hé.
- Quoi ?
Regarde-moi.
Ces enfants...
Si tu les voyais,
tu pourrais les reconnaître ?
Je ne sais pas.
Peut-être.
Les photos ne sont pas à jour,
mais on va essayer.
Regarde...
Regarde-les, d'accord ?
Si tu en reconnais,
pose leur photo sur la table.
Je suis désolé !
- Mon Dieu.
- Je ne voulais pas. Il m'a forcé.
Merde.
Celui-ci. Regarde-moi.
Tu en es sûr ?
J'en suis sûr.
Bon sang.
Seigneur ! Seigneur !
Bon sang !
Merde !
Seigneur.
Il ment.
Avez-vous perdu la tête, Les ?
- Vingt enfants, monsieur.
- Il dit n'importe quoi.
Il sait qu'il a des ennuis,
alors il a inventé une histoire
pour vous faire croire qu'il a été forcé.
Sauf votre respect, je ne pense pas.
Vous ne l'avez pas vu.
Ce jeune, il est terrorisé.
Il a reconnu le petit Collins,
celui qu'on a déjà retrouvé !
Vous ne lisez pas les journaux ?
- Ou c'est peut-être pour ça.
- Monsieur, écoutez-moi...
Capitaine, il est de retour.
- Qui ?
- Le révérend Briegleb.
Il a des questions sur Christine Collins.
Dites à ce salaud
de quitter le poste de police,
sinon je l'arrête pour avoir troublé la paix.
Je l'ai fait, mais il dit qu'il ne partira pas.
Ses amis non plus.
Quoi ?
Bon sang !
Seigneur !
Mon Dieu !
Capitaine ?
- Ybarra ?
- Oui.
Écoutez-moi bien.
Oubliez ça et revenez immédiatement.
Monsieur, le règlement nous oblige
à enquêter
sur toutes les allégations d'homicide.
C'est des enfants, bon sang !
Le règlement, c'est moi qui en décide.
Je vous ordonne de revenir ici
avec cet enfant, compris ?
Ne parlez à personne
et revenez avec ce jeune. Compris ?
Ne parlez à personne !
- Capitaine Jones.
- Salut, les gars.
Qu'avez-vous fait de Christine Collins ?
N'essayez pas de mentir,
car plusieurs de ses voisins l'ont vue
monter dans une voiture de police.
Mme Collins a été placée
en garde préventive
à cause d'une dépression nerveuse.
Une quoi ?
On lui prodigue les meilleurs traitements.
Ce sera tout.
Suivante.
- Avancez.
- C'est pour quoi ?
- C'est un médicament.
- Pour quoi ?
Un bon médicament.
Ça vous aidera à vous détendre.
- Je n'en veux pas.
- Allez.
- Je ne prendrai rien qui...
- On peut
- vous forcer.
- Je n'en veux pas !
- Non. Dr Steele ?
- Allez. Infirmier.
- Dr Steele ?
- Je comprends. Venez.
Mesdames, avancez, allez.
Je ne veux pas avaler
un médicament inconnu.
Je ne suis pas folle.
Je n'ai pas besoin de ça.
Vous n'êtes pas folle.
- Je ne suis pas folle.
- Non.
- Vous êtes saine d'esprit.
- Oui.
Donc, vous n'hésiterez pas à signer ceci.
En signant ça,
vous attestez que vous aviez tort de dire
que le garçon
que la police a ramené n'était pas votre fils.
Vous attestez aussi que la police a eu raison
de vous envoyer ici en observation
et vous la dégagez de toute responsabilité.
Signez ici.
Je ne signe pas ça.
Je refuse de signer.
Votre état ne s'est pas amélioré, alors.
Si vous le signez,
vous pourrez partir demain matin.
Mais je n'avais pas tort.
Ce n'est pas mon fils.
Il est toujours disparu.
Mme Collins, vous êtes agitée.
Oui, mais... Je refuse de signer ça,
car ce n'est pas mon fils.
Infirmier !
- Ce n'est pas mon fils.
- Infirmier.
Mon fils est toujours disparu !
- La patiente est hystérique !
- Non ! Je veux mon fils !
Donnez-lui des sédatifs.
- Sortez-la d'ici.
- Non ! Non ! Non !
- Suivante !
- Non !
- Non, non !
- Infirmier, tenez-la.
Arrêtez !
- Non !
- Ouvrez la bouche.
- Doucement !
- Vous l'avez ?
- Seigneur !
- Avalez ça.
Arrêtez !
Reculez.
- Vous !
- Sortez-la d'ici !
Vous l'avez ?
Ne vous mê*** pas de ça !
Ça regarde la police, pas vous !
Je vous avertis. Ne vous mê*** pas de ça !
Une pute comme vous
n'a pas déjà assez d'ennuis avec la police ?
Agression contre le personnel. Salle 18.
Non, non ! Arrêtez ! Non !
Non ! Non !
Non ! Arrêtez !
Allez, petit.
Walter Collins - 9 ans
Je ne sais pas. Peut-être. Il était près.
Excusez-moi.
- Ça va, je m'en occupe.
- Mais j'ai...
On doit l'interroger.
- Il faisait noir.
- Merci. Viens.
Brady, Ross.
Vous venez en renfort.
Je vous expliquerai en chemin.
Oui, monsieur.
Je n'en suis pas sûre.
Elle dit qu'elle a déjà eu le croup.
C'est peut-être une pneumonie.
C'est ce que je lui dis, mais elle refuse.
Vous devez insister.
Tu n'aurais pas dû faire ça.
- Laissez-moi sortir !
- Entrez !
Je voulais le faire.
Ça m'a fait du bien.
- Laissez-moi sortir ! Non !
- Vous l'avez ?
J'ai perdu deux bébés
lors d'avortements clandestins.
Je n'avais pas le choix.
Je n'ai jamais pu me battre pour eux.
Toi, tu le peux.
N'arrête pas.
Je n'arrêterai pas.
Qu'ils aillent tous se faire foutre !
Une dame ne parle pas ainsi.
Merde.
Parfois, c'est le langage qu'il faut utiliser.
Ah oui ?
Quand on n'a plus rien à perdre.
Vous n'avez pas le droit d'être là !
Toi, reste là.
Vérifiez la maison. Vérifiez la grange.
Il n'y a personne.
Personne ici.
Apportez-moi cette pelle.
Bon, allons-y.
Viens.
Tu vas me montrer où c'est.
Allez, montre-le-moi.
C'est ici ?
- Tu en es sûr ?
- Oui.
Creuse.
Tu les as mis en terre,
tu peux bien les déterrer.
Allez, creuse.
Tu m'as bien entendu. Creuse.
Mon Dieu.
Seigneur.
Appelez au poste.
Faites venir le coroner
et tous les agents des environs.
Ensuite, lancez une recherche
pour Gordon Stewart Northcott.
Les renseignements sont dans ma voiture.
Allez-y.
Tu peux arrêter, fiston.
Tu peux arrêter. C'est fini.
Hé !
On s'occupera du reste. On s'occupe...
On s'occupera du reste, d'accord ?
C'est fini.
Ça va aller.
Ça va aller.
C'est fini.
D'accord ?
Le dossier.
Laissez-nous, s'il vous plaît.
Vous refusez les médicaments,
et on doit vous forcer à manger.
D'accord, Michael. Au dîner ?
Ça fait six jours, Mme Collins,
et toujours pas de progrès.
Il faudra prendre les grands moyens.
À moins que vous ne soyez prête
à nous prouver que vous allez mieux
en acceptant de signer ceci.
Allez vous faire foutre.
Salle 18.
Je veux parler au responsable !
Tout de suite !
Je vous en prie.
Qui est le responsable ?
Ouvrez la bouche.
Je suis le médecin en chef.
Vous êtes le médecin
qui a interné Mme Collins ?
Je suis désolé, monsieur.
Ces dossiers concernent la famille.
Oh ! Mais vous allez me parler de celui-ci.
Lisez ça.
- Monsieur.
- Lisez-le.
Arrêtez.
Mme Collins, pour la dernière fois :
allez-vous signer cette lettre ou non ?
Non.
Vous pouvez partir.
Quoi ?
Vos vêtements sont dans l'autre salle.
Allez vous changer.
- Dans l'autre salle ?
- Oui, c'est bien ça.
Allez-y.
ENFANTS ASSASSINÉS
RETROUVÉS À RIVERSIDE
Seigneur.
- Pourvu que ce ne soit pas l'original.
- Non.
Le voici.
C'est le dossier de Baker ou de Larson ?
- Celui de Baker.
- Il a dit qu'il voulait...
Garde, je veux voir
le dossier de Mme Christine Collins
au grand complet
et je veux le voir immédiatement, compris ?
Tout. Quand sortira-t-elle ?
C'est par là.
D'accord. Allons...
Un ouragan touche West Palm Beach !
Babe Ruth frappe son 53e coup de circuit !
- Enfants assassinés à Riverside !
- Le voici.
Le plus grand crime
de l'histoire de Los Angeles !
Le petit Collins serait parmi les morts !
Lisez-le dans le journal !
Mme Collins, je suis désolé.
Capitaine, à cause de votre gestion
de l'affaire Collins,
notre service de police est devenu
un objet de risée.
Des accusations civiles et criminelles
seront peut-être même portées.
Monsieur, personne ne pouvait savoir
ce qui se passait au ranch.
Pas nous ni le bureau du shérif
ni les commissaires.
Pour ce qui est de Mme Collins,
on ignore encore
si son fils est une des victimes de Wineville.
- Vous l'ignorez ?
- Oui.
Il y avait quatre autres photos
de garçons disparus lui ressemblant.
Le jeune Clark a peut-être fait erreur.
Peut-être.
Mais on s'en fiche un peu, non ?
Pardon ?
Le maire veut qu'on règle cette histoire.
Et moi aussi.
Pour y arriver,
il faut cesser de dire que Walter Collins
ne fait pas partie des garçons assassinés
sur ce maudit ranch.
Si Walter Collins n'est pas
le garçon qu'on a ramené
et s'il n'est pas mort sur ce ranch,
alors où diable est-il ?
On va nous demander où il est.
Et pourquoi on ne fait pas notre travail.
Par contre,
s'il faisait partie de ces pauvres enfants
assassinés à Wineville,
l'enquête s'arrêterait là.
Vous devrez vivre avec ce petit embarras.
Mais mieux vaut un embarras passager
qu'un problème persistant,
n'est-ce pas, capitaine ?
Oui, monsieur.
Le garçon est disparu
depuis presque un an.
Si on avait pu le retrouver,
ce serait déjà fait.
La vérité, c'est qu'il est probablement mort,
sur ce ranch ou ailleurs.
Il vaudrait mieux
que sa mère l'accepte maintenant, non ?
- Oui, monsieur.
- Bien.
Ce sera tout, capitaine.
Si c'est ce que tu veux, on a terminé, alors.
Appelez la prison. Il ira en procès.
Attendez. Je n'ai rien fait.
Je n'étais même pas ici quand c'est arrivé.
En prétendant être Walter Collins,
tu entraves une enquête policière
sur des enlèvements et des meurtres.
On peut te poursuivre
comme complice après le meurtre.
C'est dommage.
La prison de comté est pire
qu'un centre jeunesse ou un foyer d'accueil.
Bien pire.
Vous ne pouvez pas faire ça.
Je ne suis qu'un enfant.
Tout comme Sanford Clark.
Il n'a que 15 ans, mais il s'en va en prison.
Tous les meurtriers et leurs complices vont
en prison. Tout le monde sait ça.
Amenez-le. Je ne peux plus rien pour lui.
Attendez. Je ne veux pas aller en prison.
Prouve-le.
Je...
Je savais qu'on tournait
les films de Tom Mix à Los Angeles.
J'ai pensé que si je rencontrais Tom Mix,
il me laisserait monter son cheval.
Son cheval s'appelle Tony. Vous le saviez ?
- Comment vous sentez-vous ?
- Ça va.
Il y a une voiture de police dehors.
Je crois qu'ils attendent de voir
ce que vous allez faire.
- Je rentre à la maison.
- Et après ?
Eh bien, j'ai beaucoup réfléchi.
Ce qu'ils ont fait à ces femmes,
et comment ils ont agi pour Walter...
Je lui disais toujours :
"Ne provoque pas la bagarre,
mais termine-la."
Je n'ai pas provoqué cette bagarre,
mais je vais la terminer.
Mme Collins, en ce moment,
vous êtes tellement connue
que même la police hésiterait
à vous harceler,
mais sachez que ça pourrait changer
si les policiers se sentent menacés.
Ça pourrait changer rapidement.
Que pourraient-ils me faire ?
Ils ne peuvent plus rien contre moi.
Je rentre à la maison.
Vancouver, Canada - Le 20 septembre 1928
Salut, sœurette.
Gordon.
J'ignorais que tu étais en ville.
Je suis arrivé il y a quelques jours.
J'ai voulu te faire une surprise.
- Ça te dérange ?
- Non, non. Entre, voyons.
Où est ma petite nièce ?
Elle est allée en ville.
Elle sera de retour ce soir.
- Mais Bob est ici.
- Oh ! Bien.
Je voulais lui demander
pour rester ici quelques jours.
- Rester ici ?
- Oui.
Je pourrais utiliser ta salle de bains ?
Le voyage a été long.
J'ai besoin d'une ***.
- Bien sûr.
- Bien.
Merci.
Est-ce...
Bon, va chez les voisins.
J'appelle la police. Dépêche-toi.
Téléphoniste. Qui voulez-vous joindre ?
Il est à l'étage, monsieur.
Allez de l'autre côté !
Empêchez-le de sortir !
- Suivez-moi.
- Oui, monsieur.
Allons-y !
Mme Collins, je voudrais
vous présenter mon ami, M. Hahn.
Mme Collins,
mes condoléances pour votre perte.
On peut entrer ?
Vos paroles me touchent,
mais on n'a pas encore retrouvé...
On n'a pas encore identifié
les restes de mon fils.
Le temps ne facilite pas les choses.
Ma fille a succombé à la polio
il y a cinq ans.
Chaque jour, je me prends à penser :
"Ah ! Je devrais dire ça à Claudine."
Puis, je me souviens qu'elle n'est plus là.
Asseyez-vous, s'il vous plaît.
J'ai passé la matinée au téléphone
avec la secrétaire aux rendez-vous
de la commission de police.
On ne me laissera pas témoigner
aux auditions ni présenter mes témoins.
On dit que ce ne sera pas nécessaire.
Je sais. Mes sources m'ont dit
que la commission de police
soutiendra que Jones et la police
de Los Angeles n'ont rien fait de mal
et que le vrai problème,
c'est ce jeune garçon et vous-même.
Vous étiez obstinée et vous les avez forcés
à vous faire interner pour votre sécurité.
Je devrai donc engager un avocat
et porter une action au civil.
Je suis allé voir le meilleur avocat en ville,
un homme qui a poursuivi la ville
quatre fois. Et qui a gagné.
Malheureusement,
on ne peut pas se payer ses services.
Je comprends.
C'est pourquoi j'ai accepté
de vous défendre bénévolement.
Il me fera plaisir de défendre votre honneur,
Mme Collins.
Je suis avocat depuis 15 ans
et je n'ai jamais vu quiconque se battre
aussi fort et aussi longtemps que vous
pour que justice soit faite.
Merci.
Je vais regarder sur la tablette.
Je vais y aller.
- Oui ? Puis-je...
- Mon nom est S.S. Hahn.
J'ai un mandat pour que vous relâchiez
toutes les femmes détenues
sous un code 12
pendant qu'on fera enquête
sur les raisons de leur détention.
Désolée, mais le médecin responsable
ne sera pas ici
- avant demain matin.
- Écoutez-moi.
Soit vous libérez les femmes nommées
dans cette ordonnance,
soit vous serez mise sous verrous
et cette fois, vous n'aurez pas la clé.
- Je ne peux pas autoriser...
- Madame, poussez-vous.
- Je peux la voir ?
- Bien sûr.
Comment va-t-elle ?
Reculez, tout le monde. Laissez-le passer.
Le voici.
M. Northcott, des commentaires ?
- M. Northcott, comment allez-vous ?
- Je vais bien.
J'étais en vacances, comme vous le savez.
J'ai passé de belles vacances.
La police s'est assurée de me divertir.
- Vous étiez caché ?
- Comment avez-vous réussi ?
Doucement. C'est assez.
- J'ai plutôt échoué, non ?
- Une autre photo !
Avez-vous vu votre photo dans le journal ?
J'ignorais qu'on me recherchait
jusqu'à récemment.
Je n'ai même pas essayé de me cacher.
Mes initiales sont encore
sur mes bagages, les gars.
Saviez-vous
pourquoi la police vous recherchait ?
Non, mais j'ai cru bon de ne pas m'en mêler.
Avez-vous des remords ?
Avez-vous quelque chose à dire aux parents
des enfants que vous avez tués ?
- Aucun commentaire.
- Une autre photo par ici !
Monsieur le maire. Quelle surprise !
Voici d'autres surprises.
Assignations à témoigner,
demandes de déposition, interrogatoires.
Tout ça grâce à M. Hahn
et à sa nouvelle cliente, Christine Collins.
Pas besoin de les lire.
Vos copies arriveront bientôt.
Le conseil municipal a lui aussi
décidé de faire la lumière là-dessus.
- Merde !
- Je croyais que ça devait se régler.
C'est une année électorale.
Je ne peux pas me permettre ceci.
Ce sera réglé, monsieur.
Le capitaine Jones doit s'en occuper.
J'ai bien peur
que même s'il avoue son erreur,
ce ne sera pas assez.
Si on se débarrassait de lui
pendant quelque temps,
ça pourrait calmer les esprits
jusqu'à la fin de l'audition.
- Qu'est-ce qui se passe ?
- Vous ne le savez pas ?
C'est une énorme manifestation.
- Une manifestation ?
- Oui.
Et tout ça
à cause de cette salope de Collins.
On veut la justice ! On veut la justice !
Seigneur !
LA POLICE DE LOS ANGELES
DEVRAIT AVOIR HONTE
M. Harris.
Les voies du Seigneur sont impénétrables,
Mme Collins.
C'est incroyable.
Mesdames et messieurs,
votre attention, s'il vous plaît.
Cette salle d'audience...
Le 24 octobre 1928
... n'a jamais contenu autant de gens.
Je vous demande donc
de vous abstenir de toute réaction.
Dites la vérité ! La vérité !
Nous sommes ici
parce que nous voulons connaître la vérité.
Tout le monde pourra prendre la parole,
même si ça doit prendre une semaine.
M. Thorpe, je ne vois aucun membre
de la commission de police.
Y a-t-il des membres du service de police ?
Le chef Davis est-il là ?
Le capitaine Jones est-il là ?
JUGE THORPE
Qui représente la police ?
Mme Collins, voulez-vous me suivre
de l'autre côté du couloir, je vous prie ?
Il y a quelque chose que vous devriez voir.
Je ne pensais pas lever la séance si tôt,
mais il faut faire quelques appels.
La police a décidé
de ne pas parler de cette affaire
pour éviter le genre de manifestation
qui se déroule de l'autre côté de la rue.
Mme Collins. Je m'appelle Leanne Clay.
- Voici mon mari, John.
- Bonjour.
Je voulais vous transmettre
mes condoléances.
Ce fut extrêmement difficile
d'attendre d'avoir des nouvelles
de notre fils, David, mais ça...
La police n'avait pas le droit
de vous traiter de la sorte.
Aucun droit.
Veuillez vous lever.
- Veuillez vous asseoir.
- Huissier.
Salut.
Je vous ai vue dans les journaux.
Vous avez du courage
de vous élever contre la police.
Que l'accusé se lève.
Gordon Stewart Northcott,
trois chefs d'accusation de meurtre
au premier degré pèsent contre vous
et 17 autres sont en révision
par le bureau du procureur.
Comment plaidez-vous ?
Non coupable, M. Le Juge.
Veuillez vous asseoir, M. Northcott.
Comme l'accusé aime traverser la frontière,
aucune caution ne sera acceptée.
Les motions préliminaires commenceront
demain matin.
Walter Collins a été porté disparu
le 10 mars 1928.
Des recherches furent lancées
d'un bout à l'autre du pays.
Le 18 août, on a reçu un câblogramme
selon lequel un garçon
répondant à sa description
avait été retrouvé à DeKalb, en Illinois.
Après avoir été interrogé,
il a admis être Walter Collins.
On a donc préparé son transfert
jusqu'en Californie.
Où Mme Collins vous a dit
que ce n'était pas son fils.
Oui. Elle a nié que c'était lui,
malgré toutes les preuves du contraire.
Mais comme l'ont prouvé
les événements subséquents,
elle avait raison.
Donc, pourquoi avez-vous décidé
de l'envoyer en évaluation psychologique ?
Que ce garçon soit son fils ou non
n'a pas influencé ma décision.
Durant cette période,
elle agissait étrangement.
Elle était souvent calme,
distante et sans émotion,
surtout quand on lui a amené
le garçon retrouvé à DeKalb
et lors de notre conversation qui a suivi.
C'est à cause de son comportement étrange
que je l'ai fait admettre en observation
au service psychopathique
de l'hôpital de Los Angeles.
Juste comme ça.
Vous claquez des doigts,
et une innocente est jetée à l'asile !
- Elle n'a pas été jetée.
- Les familles de l'État sont en grand danger
quand un capitaine de police peut
faire venir une femme à son bureau
et cinq minutes plus ***,
décider de la jeter à l'asile !
Elle n'a pas été jetée.
Elle n'a pas été jetée ! Elle n'a pas été jetée !
Qu'avez-vous dit, capitaine ?
Elle n'a pas été jetée. On l'a escortée.
Escortée, jetée.
Le verbe importe peu, capitaine.
Ce qui importe, c'est que son internement
a été ordonné sans mandat.
Voici une copie conforme
de l'affidavit d'insanité
qui a été produit dans le cas
de La Californie contre Christine Collins.
- Qui a signé cet affidavit ?
- Moi.
Voyons voir si je comprends bien.
On a jeté une femme à l'asile sans mandat,
car il n'y avait aucun mandat.
Quand on en a finalement produit un,
des jours plus ***,
plus besoin de le signer
ni d'aller voir un juge,
car cette femme était déjà à l'asile !
- C'est bien ça, capitaine ?
- Techniquement, oui.
Des mesures extraordinaires étaient
nécessaires, car c'était...
C'était une situation extraordinaire.
Est-ce notre faute si on a été dupés
par un garçon prétendant être
Walter Collins ? Non.
À cause de ses déclarations
et du comportement de Mme Collins,
tout le monde aurait pensé que ça clochait,
chez elle.
- Car elle refusait de vous croire ?
- Parce qu'elle n'écoutait pas !
Parce qu'elle était têtue !
Parce qu'elle a tenté
de régler cette affaire elle-même
au lieu d'écouter des agents chevronnés !
La désobéissance civile...
Parce qu'elle luttait pour la vie de son fils !
Un garçon qui était peut-être encore en vie
pendant que vous perdiez votre temps
à nier que vous aviez mal agi !
Et au bout du compte,
c'est ce qui s'est passé, n'est-ce pas ?
À un moment donné,
pendant toute cette tourmente,
Walter Collins a été sauvagement assassiné,
tout comme 19 autres garçons,
sur le ranch Northcott à Wineville.
C'est bien ça, capitaine ?
Oui.
C'est honteux.
Pas d'autres questions.
Embarquement du train 14 sur la voie...
Après beaucoup de travail,
on a pu identifier ce garçon
qui nous a causé
tant d'ennuis dernièrement.
Il s'appelle Arthur Hutchins
et il vient de Cedar Rapids, en Iowa.
Avec ce dossier
et l'arrestation de l'homme soupçonné
d'avoir tué le vrai Walter Collins,
on a résolu deux des plus gros mystères
de l'histoire de Los Angeles.
J'espère que vous, chers journalistes,
parlerez autant de nos bons coups
que des erreurs qu'on commet
de temps en temps.
Messieurs,
voici la vraie mère de ce garçon,
Mme Janet Hutchins.
Arthur.
J'espère qu'il ne vous a pas embêtés.
Oh non ! Pas du tout.
Une photo, les gars ?
Une autre.
Mme Hutchins,
la femme chez qui il restait, Mme Collins,
voulait qu'il ait ceci.
Les vêtements qu'il a portés.
Merci.
C'est gentil, n'est-ce pas, Arthur ?
Remercie l'agent.
Je n'en veux pas.
Donnez-les à quelqu'un d'autre.
Il n'est pas gêné, n'est-ce pas ?
Ce n'était pas ma faute,
mais celle de la police.
Ils ont dit que j'étais Walter Collins,
pas moi ! Ce n'était pas mon idée !
- Pas mon idée !
- Viens...
C'est ça. Accusons la police de nos erreurs.
C'est fréquent, ces temps-ci !
Prends soin de toi, Arthur ! Bon voyage.
C'est tout pour aujourd'hui, les gars.
Monsieur ! Que voulait dire le garçon ?
Le 10 mars, à mon retour du travail,
mon fils de neuf ans, Walter, avait disparu.
Le capitaine Jones croyait
que ces renseignements étaient exacts.
Walter Collins avait un diastème,
ou un écartement dentaire.
Je n'ai jamais enseigné à cet enfant.
Je peux en témoigner.
On fait confiance
à nos amis du service de police
quand ils nous amènent des gens
qui présentent
un comportement social anormal.
Environ 10 cm de moins que Walter.
Certaines de ces photos prouvent
ce que Sanford Clark m'a dit,
c'est-à-dire qu'il a participé
aux meurtres de ces enfants.
Merci, enquêteur.
Messieurs du jury,
je vous prie de bien regarder ces images.
Elles établissent
hors de tout doute raisonnable
les circonstances et la nature
de ces crimes haineux.
Je suis ici, révérend.
Quand Walter était là,
je passais devant sa chambre
pendant qu'il dormait.
Même si je ne le voyais pas,
ne l'entendais pas,
je sentais sa présence.
C'est pourquoi je ne crois pas
que Walter soit mort.
Je sens encore sa présence.
- Mme Collins...
- Non.
Je sais ce que la police a dit.
Mais cet endroit et les restes...
On n'a pas pu les identifier officiellement.
Et peut-être que ce petit a fait une erreur
en désignant la photo de Walter.
Je comprends
que vous ne vouliez pas l'accepter.
Quelle mère le pourrait ?
Mais je crois
que vous devez continuer d'avancer
et recommencer à zéro.
C'est ce que votre fils voudrait.
Peut-être.
Ou peut-être voudrait-il
que je continue à le chercher.
Peut-être m'attend-il quelque part.
Je crois qu'il vous attend, madame.
Il vous attend là
où nous irons tous, un jour,
pour être réunis avec nos êtres chers.
Et ce jour-là, il saura plus que quiconque
que vous avez fait tout votre possible,
Mme Collins.
Tout.
On devrait y aller, madame.
Un instant.
La séance est ouverte.
Ce comité a entendu tous les témoignages,
et à la lumière
des faits qui ont été présentés,
il recommande
que la suspension du capitaine Jones
soit permanente.
Silence ! S'il vous plaît !
M. Le président, le jury s'est-il prononcé ?
Oui, M. Le Juge.
Que l'accusé se lève.
Ensuite, des mesures doivent être prises
pour changer les lois et les règlements
selon lesquels les citoyens de cette ville
peuvent être incarcérés
dans un hôpital psychiatrique du comté.
Vous pouvez lire le verdict.
"Nous, membres du jury,
reconnaissons Gordon Stewart Northcott
"coupable de tous les chefs d'accusation
de meurtre au premier degré."
Enfin, nous croyons
que le public ne peut regagner confiance
en la police
que si le chef de police est destitué.
C'est les recommandations du comité.
La séance est levée.
L'accusé désire-t-il faire une déclaration
avant la lecture de sa peine ?
Je veux que les gens sachent
que vous n'avez pas été juste envers moi,
M. Le Juge,
et ce tribunal non plus.
La seule bonne personne ici, c'est elle.
C'est la seule
qui n'a pas parlé de moi aux journaux.
C'est la seule qui comprend ce que c'est
d'être victime
- d'un coup monté de la police.
- C'est assez.
Puis, d'être jeté en prison pour y pourrir
- jusqu'à la fin des temps.
- Gordon !
- Maître !
- C'est bien ça ?
Je n'ai pas tué votre garçon, Mme Collins.
- Maître, assez !
- Je ne ferais pas ça.
- Je ne blesserais pas Walter.
- Maîtrisez-le,
sinon il sera menotté !
C'est un ange.
- Venez, Gordon.
- Lâchez-moi !
Asseyez-vous.
Gordon Stewart Northcott,
ce tribunal a décidé
de vous envoyer à la prison de San Quentin.
Vous serez mis en isolement cellulaire
pendant deux ans,
jusqu'au 2 octobre 1930.
À cette date, vous serez pendu par le cou
jusqu'à ce que mort s'ensuive.
Que Dieu ait pitié de votre âme.
Le 30 septembre 1930
- Je fais une pause de dix minutes.
- Bien sûr.
Vous savez,
un de ces jours, vous devriez vraiment
faire une pause de dix minutes.
Ça pourrait vous faire du bien.
On verra.
Ici Christine Collins.
Je vous ai appelé hier.
Je me demandais
si vous aviez pu étudier les dossiers
pour trouver une correspondance
avec celui de mon fils, Walter Collins.
Je comprends.
Si ça ne vous dérange pas,
je rappellerai dans un mois.
Merci beaucoup.
- Mme Collins.
- J'étais seulement...
Oui, je sais.
En fait,
c'est pour ça que je voulais vous voir.
C'est à propos de Walter. On a reçu...
On a reçu un étrange télégramme.
De la part de qui ?
De Gordon Northcott. Il veut vous voir.
Pourquoi ?
Il sait que vous cherchez toujours votre fils
et il dit qu'avant de mourir...
Il dit qu'il a menti
lorsqu'il a juré ne pas avoir tué Walter.
Christine, il est prêt à tout avouer.
Il dit que si vous venez le voir en personne,
il vous dira la vérité
pour que vous puissiez continuer votre vie
et tourner la page.
Comme vous le savez, il doit être exécuté
après-demain à San Quentin.
Vous n'avez plus beaucoup de temps.
J'ai passé la matinée
à faire tous les arrangements.
Vous êtes la première femme en 30 ans
à qui l'État permet
de rendre visite à un tueur en série
La veille de son exécution.
Ça va aller, madame ?
- Oui.
- On sera à la porte.
Vous avez 20 minutes.
Vous n'auriez pas une cigarette ?
M. Northcott,
vous m'avez demandé de venir.
Vous avez dit que si je venais,
vous me diriez la vérité sur mon fils.
Oui.
Vous avez raison, j'ai dit ça.
Mais voyez-vous,
je ne pensais pas
que vous viendriez réellement.
Et maintenant...
Et maintenant, quoi ?
Je ne pensais pas que vous...
Je ne veux pas vous voir.
- Vous ne voulez pas me voir ?
- Non. Je ne peux pas faire ça.
Je ne veux pas vous parler. Je ne peux pas.
C'est à cause
de ce qu'on va me faire demain.
C'est facile d'envoyer un télégramme,
Mme Collins.
Mais vous avoir devant moi, c'est...
Je ne peux...
Je ne peux pas dire
ce que vous voulez entendre.
Et pourquoi pas ?
Parce que je ne veux pas aller en enfer
à cause d'un mensonge.
J'ai purgé ma peine
et j'ai demandé à Dieu de me pardonner,
ce qu'il a fait, je pense.
Et depuis, j'ai été très gentil.
Mais si je mens maintenant,
si je commets un péché,
je n'aurai plus le temps
de me faire pardonner.
Et je vous le dis tout de suite :
je n'irai pas en enfer.
Je ne...
M. Northcott,
vous m'avez demandé de venir.
M. Northcott, regardez-moi, s'il vous plaît.
M. Northcott, regardez-moi, s'il vous plaît.
Avez-vous tué mon fils ?
Avez-vous tué mon fils ?
J'ignore de quoi vous parlez.
Vous le savez, vous le savez.
Avez-vous tué mon fils ?
Je vous ai dit
que je ne voulais pas vous parler.
Avez-vous tué mon fils ?
Avez-vous tué mon fils ?
Avez-vous tué mon fils ?
- L'avez-vous tué ?
- Je l'ignore.
Vous l'ignorez ? Vous oubliez ?
- Avez-vous tué mon fils ?
- Oh non !
Répondez-moi ! Répondez-moi !
- J'ignore leur nom.
- Vous l'avez tué ? Oui...
- Lâchez-moi.
- Sinon ?
- Avez-vous tué mon fils ?
- Je l'ignore.
Avez-vous tué...
Avez-vous tué mon fils ?
- Vous savez son nom !
- Non !
Oui. Vous avez dit que c'était un ange !
- Non.
- Vous savez son nom !
- Non.
- Avez-vous tué mon fils ?
Ils appelaient leurs parents en pleurant et...
Avez-vous tué mon fils ?
Avez-vous tué mon fils ?
- Répondez-moi !
- Sinon ?
Répondez-moi !
Qu'allez-vous faire ?
Vous allez me faire mal ?
J'espère que vous irez en enfer.
J'espère que vous irez en enfer.
- Avez-vous tué mon fils ?
- Gardien !
Avez-vous tué mon fils ?
- Avez-vous tué mon fils ?
- Madame.
- Allez.
- J'espère que vous irez en enfer !
J'espère que vous irez en enfer !
J'espère que vous irez en enfer !
Désolé, madame.
Avez-vous tué mon fils ?
"Gordon Stewart Northcott,
"vous avez été reconnu coupable de meurtre
"et vous avez été condamné à la pendaison.
"Il n'y a eu aucun sursis ni pardon,
"donc vous serez exécuté
"comme le stipulent les lois
de l'État de la Californie."
Avez-vous quelque chose à dire ?
Non.
Rien.
J'ai été sage après ma confession, révérend,
comme je vous l'avais promis.
Est-ce que...
Est-ce que ça fera mal ?
Je vous en prie, pas si vite.
Ne me faites pas marcher si vite !
S'il vous plaît !
S'il vous plaît !
Non, je ne veux pas.
Non ! Treize marches.
Treize marches.
Je ne les ai pas toutes touchées,
espèces de salauds.
Je ne les ai pas toutes touchées.
Je ne les ai pas toutes touchées.
Je vous en prie !
Une prière, s'il vous plaît !
Seigneur !
Je vous en prie, quelqu'un !
Dites une prière pour moi !
Non, Seigneur ! Non !
Non ! Non !
? nuit d'amour
Sainte nuit
Dans l'étable
Aucun bruit
Sur la paille
Est couché l'enfant
Le 27 février 1935
Je fais une soirée chez moi ce soir
pour la remise des oscars.
- Vous voulez venir ?
- Non, j'ai du travail.
Venez, s'il vous plaît !
Vous avez fait sauter
toutes les lignes jusqu'à Baltimore.
Je dois les réparer.
Mais amusez-vous. J'ai la radio.
D'accord.
- Vous en êtes sûre ?
- Oui, bonne soirée.
- Bonne soirée.
- Bonne soirée.
Écoutez, je...
Bonsoir, Ben.
Je vais souper chez Musso et Frank
avec quelques amis.
On diffusera la cérémonie des oscars
dans le restaurant.
On devrait passer une belle soirée.
J'aimerais beaucoup
que vous m'accompagniez.
J'ai beaucoup de travail à terminer.
Bonne soirée.
Ben ?
Je...
J'ai parié 2 $ que New York - Miami
remporterait l'oscar du meilleur film.
On dirait que je suis la seule
à penser qu'il puisse battre Cléopâtre.
Si je remporte mon pari, voulez-vous
célébrer au restaurant demain soir ?
Marché conclu, Christine. À plus ***.
Si votre film gagne, je vous appelle.
Je serai ici.
- Bonsoir.
- Bonsoir.
... L'Introuvable, Cléopâtre...
Surestimé.
... et New York - Miami.
Clark Gable, Claudette Colbert.
Ce devrait être évident.
Pourrais-je avoir l'enveloppe,
s'il vous plaît ?
Et l'oscar est remis à New York - Miami.
Je le savais ! Je le savais !
Je paie le souper.
Est-ce bien Christine Collins ?
Oui.
Ici Mme Clay. Vous souvenez-vous de moi ?
Bien sûr, Mme Clay.
Il fallait que je vous appelle.
- Que se passe-t-il ?
- La police vient d'appeler.
On a trouvé un garçon, Christine.
- Où est-il ?
- Au poste de Lincoln Heights.
- On part maintenant.
- J'arrive.
Ici.
Je voulais aller le voir,
mais ils ont dit
qu'ils devaient lui parler en privé.
- En sont-ils sûrs ?
- Certains.
Mais ce qui importe encore plus,
c'est que moi, j'en suis sûre.
C'est bien mon garçon. C'est David.
Il est vivant, Christine.
Il a été retrouvé à Hesperia.
Tu rentrais de l'école.
Ils t'ont demandé
de les aider à trouver un chien.
Oui.
Quand tu es monté dans le camion,
que s'est-il passé ?
On a roulé pendant un bout,
puis on est arrivés au ranch.
Allez. Allez, Davy.
- Davy ! Allez.
- Lâchez-moi.
Arrête de te débattre. Hé !
Y avait-il d'autres garçons ?
Oui. Cinq, je crois.
Mais ça fait longtemps.
Salut, les gars. Voici Davy.
Je suis sûr que vous le... Hé !
Non. Non ! Hé ! La ferme !
Leur as-tu parlé ?
Oui ? Tu te souviens de leur nom ?
Oui.
Il y avait deux frères.
Je crois que c'était des Winslow.
L'aîné s'appelait Jeffrey.
Et il y avait Walter.
Walter ?
- Oui.
- Te souviens-tu de son nom de famille ?
Collins.
Walter Collins.
Si tu te rappelles seulement quelques-uns
des noms de ces garçons,
comment peux-tu te rappeler
son nom au complet ?
À cause de ce qui s'est passé.
Walter et Jeffrey parlaient.
- Tire.
- Ils ont fouillé le poulailler
et ils ont trouvé un endroit
où les fils étaient mal liés.
Sois prudent !
Dépêche-toi !
On a fait un trou pour s'enfuir.
Quand on sera sortis,
on se sépare, d'accord ?
Ils ne peuvent pas tous nous attraper.
Ça allait faire beaucoup de bruit.
Pas un bruit. Compris ?
Le trou devait être assez large
pour ne pas rester coincés.
Attendez. Aidez-moi ! Vite !
Mon pied est coincé !
Vite, aidez-moi ! S'il vous plaît !
Il arrive ! Il...
Mon pied !
Il arrive.
Vite, cours, cours !
Hé ! Qu'est-ce que vous faites, merde ?
Bon sang ! Hé ! Hé ! Hé !
Revenez ici ! Hé ! Attendez !
Hé !
Hé !
Arrêtez !
Va voir les autres !
Arrêtez ! Merde !
Je vais vous attraper, les gars !
Merde ! Merde !
Je vous trouverai,
peu importe où vous serez !
- Ils ne sont pas là !
- Allez ! Monte !
Je vais vous trouver ! Merde ! Merde ! Viens.
Merde ! Monte dans la voiture, Sanford !
C'est la dernière fois que je les ai vus.
Tu ne sais donc pas
si les deux autres ont été capturés ?
Non.
Tout ce que je sais,
c'est que si Walter n'était pas revenu
pour m'aider,
je ne serais jamais sorti de là.
D'accord.
Et après, que s'est-il passé ?
J'ai évité les routes principales
jusqu'à ce que je voie un train arrêté
à un passage à niveau et j'ai sauté à bord.
Pourquoi n'as-tu pas averti quelqu'un ?
J'avais peur.
Je pensais qu'ils s'en prendraient à moi
ou à mes parents.
Donc, je ne l'ai dit à personne.
J'ai été seul jusqu'à ce qu'une dame,
Mme Lansing, me donne à manger.
Je lui ai dit que j'étais orphelin.
Elle a dit que je pouvais rester.
C'est ce que j'ai fait.
Chaque nuit,
je me réveillais en pensant
qu'ils étaient sous ma fenêtre.
Plus ***, j'ai entendu la police à la radio
décrire ce qui s'était passé au ranch.
Je me suis dit
que je ne pouvais plus rentrer.
Pourquoi pas ?
Parce que je n'avais révélé
à personne ce qui s'y passait.
J'avais peur qu'on m'accuse
de la mort de ces enfants.
Alors, je ne suis pas rentré.
Et pourquoi rentrer maintenant,
après tout ce temps ?
Pourquoi maintenant ?
Ma mère me manque beaucoup.
Mon père aussi.
Je veux seulement rentrer chez moi.
Je veux rentrer chez moi.
Est-ce que ça va ?
Je t'aime.
C'est incroyable.
Le dossier est fermé depuis cinq ans,
on le croit mort, mais le voilà.
Si Walter n'avait pas été là,
ce ne serait pas le cas.
Votre fils a été très brave, Mme Collins.
Vous pouvez être fière de lui.
Je le suis.
Croyez-vous toujours qu'il est vivant ?
Pourquoi pas ?
Trois garçons se sont enfuis ce soir-là.
Si un d'eux a réussi à survivre,
Les deux autres ont peut-être réussi aussi.
Walter est peut-être quelque part,
il a peut-être les mêmes peurs.
Peur de rentrer,
de révéler son identité, d'avoir des ennuis.
Mais de toute façon,
cette histoire m'a donné quelque chose
que je n'avais pas avant.
Quoi donc ?
De l'espoir.
Après les auditions,
le capitaine Jones fut suspendu,
Le chef Davis fut rétrogradé et le maire Cryer
n'a pas tenté de se faire réélire.
Le révérend Briegleb a continué,
pendant toute sa vie, à utiliser son émission
pour révéler les abus de la police
et la corruption politique.
Pour tenter d'oublier le scandale,
La communauté de Wineville, en Californie,
a changé son nom pour Mira Loma.
Christine Collins n'a jamais cessé
de chercher son fils.