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Vous êtes libres d'y croire ou de ne pas y croire,
mais vous devriez y croire !
"Il ne faut pas se retourner en arrière !
"Fuyez jusqu'à cette montagne et ne vous retournez pas !"
Il suffisait d'obéir,
mais comme la femme de Loth
avait toujours vécu là,
elle se dit qu'elle avait le droit de se retourner.
A cet instant, elle se transforma en statue de sel.
Ce serait vraiment dommage que
vous croyiez que c'est une légende.
Ce n'est pas une légende.
Je vous bénis afin que vous y croyiez.
Amen ?
C'est un fait historique.
En une statue de sel !
Juste parce qu'elle s'est retournée !
Regarde.
Ça augmente le poids.
Ah bon ?
Non, pas comme ça. Comme ça.
C'est à cause de l'air.
N'est-ce pas ? C'est plus lourd.
Le poids est le même.
Mais en les écrasant,
elles paraissent plus lourdes.
Moi, j'ai commencé...
le 23 septembre.
Pendant un mois et demi,
c'était vraiment dur.
Je comprenais pas.
Je connaissais pas les routes.
C'était la première fois.
J'étais au parc d'Ueno.
Voilà ce que j'ai fait :
je n'arrivais pas à m'orienter.
Tous les jours,
je partais d'Ueno
et je marchais tout droit, tout droit
et je revenais tout droit.
J'ai appris comme ça.
Après, j'ai fait pareil en partant d'ailleurs.
Toujours tout droit.
Comme ça, pendant près de deux semaines.
Les rues, les voies rapides,
les feux rouges,
la durée d'un feu,
le fait qu'il n'y en ait pas à tel endroit,
les pentes...
Il faut se souvenir de tout ça.
Mais nous autres,
qui ramassons des canettes ou des cartons,
notre situation psychologique
n'est pas si mauvaise.
Parmi ceux qui ne peuvent plus rien ramasser,
il y en a qui se pendent.
Mais moi...
Comment dire ?
Ça peut paraître bizarre,
mais je suis chrétien.
Tous les jours...
Ils sont là-dedans.
je lis l'Ancien et le Nouveau Testament.
Jésus...
Même si je suis misérable,
Il me gâte toujours.
Le matin, avant d'aller travailler,
je prie :
"Faites en sorte que j'aie beaucoup de canettes."
Ça, là, c'est pas bon.
Il doit bien y avoir 200 kilos là.
Si tu te pesais ?
Pourquoi pas ?
Ils sont en train de charger.
Ça les dérangera pas.
Combien ?
Mon poids va casser la balance !
Mais non !
Elle supporte jusqu'à 200 kilos.
Habillé, je fais dans les 55 kilos.
Ça va jusqu'à 150 kilos. Pèse-toi pour voir.
Voyons, ça monte.
54 kilos...
54,3 kilos.
Il calcule !
Il veut me vendre ! Quel salaud !
Le kilo à moins de 83 yens !
C'est trop cher, trop cher !
Il dit que c'est trop cher !
Connaissiez-vous les gens, là, avant de vous installer ici ?
Non. Nous étions tous dispersés.
C'est petit à petit
qu'on a formé un groupe de six.
Ca fait quatre, cinq ans.
Comme ils travaillent tous,
on va au bain tous les jours.
Et pour la nourriture...
Vous savez bien...
Les gens à la rue ramassent leur nourriture.
Nous, ça nous arrive jamais
parce qu'on travaille tous et qu'on s'entraide.
On achète et on cuisine.
Et pour l'électricité ? C'est des piles ?
Oui, oui.
Avec les piles,
on a aussi des choses comme ça.
On nous demande : "Vous avez pas froid juste avec du carton ?"
Mais dedans on a des tapis, des couvertures. On a chaud.
Et puis, c'est bien situé...
Oui, c'est vraiment central.
Ça serait dur de louer quelque chose ici.
Comme on n'a plus d'adresse,
pour louer un appartement,
on ne trouve pas de garant.
Alors, avec une vie comme la nôtre,
les choses sont plus libres.
Il y en a encore plein là-dedans.
Et tout neufs !
Ils ont encore leur étiquette.
5 800 yens.
Tout est neuf. Tout !
Donc, je peux les vendre tranquillement.
Regarde, tu l'as renversé.
Quoi ?
Hein ? C'est pas grave.
Je l'essuierai.
Essuie-le. Ce n'est pas grave.
Comme tout est neuf là-dedans,
c'est pas grave s'il y en un qui s'abîme.
N'est-ce pas ?
Les fautes sont les fautes.
Le vie future est la vie future.
Si on nous regardait plus chaleureusement,
Le nombre de sans-abri n'augmenterait pas comme ça.
C'est parce qu'on nous regarde comme ça,
que certains prennent des choses.
Y a pas à dire...
le regard...
j'avais oublié, mais comme disait ma mère,
le regard est le plus important.
Venez le 13 !
Vous en reviendrez pas !
J'aurai du vison !
Ouais,
des pièces faites avec du vison !
Oui, je vais vendre tout ça !
Regardez ! Moi, j'ai ça...
Sur tout mon dos, jusqu'ici.
Et ça aussi ! Regardez !
Filmez-le bien !
Le passé est le passé. Le présent, le présent.
On peut rien faire en pensant au passé.
Le passé est le passé !
Le clan m'a aussi confié ça.
Personne ne possède ça.
C'est la première fois que je le montre.
Avec ça,
Il me suffit d'appuyer
et ils viennent.
Je ne devrais pas montrer ça.
Vis-à-vis des camarades.
Mais moi,
comme je suis gentil,
je sais pas refuser.
Refuser, ça veut dire qu'on a pas la conscience nette.
Alors, on dit :
"Ne prenez pas de photo !
"Pas mon visage !"
Quand on a rien à se reprocher, on dit :
"Allez y ! Je collaborerai."
Merci !
Ça ira avec 100 yens !
Hein ?
Montrez !
Pour ça, il vaut mieux venir chez moi !
C'est mille fois mieux d'acheter ici !
Je suis ouvert tous les jours.
Lequel ?
Madame !
Ça aussi, c'est 500 yens !
A la prochaine !
Lui, il achète de tout.
Parce que c'est 500 yens !
Si on s'habitue à cette vie une semaine,
on ne peut plus revenir.
A la vie normale ?
Non.
Moi, j'ai des enfants.
Cinq enfants qui vivent tous à Shikoku.
Je peux pas les contacter.
Je connais même pas leur adresse.
On n'a plus aucun rapport.
Vous savez juste qu'ils sont à Shikoku ?
Parce que leur mère est avec un autre homme.
On m'a dit : "Va-t'en !".
Et elle est partie avec les cinq enfants.
Celui qui a reçu ça a dû être ravi !
Oui. Sans doute.
C'était sans doute pour une victoire.
Oui. Il y avait même ça dessus.
Ah ! Il y a ça aussi.
Mince, il a perdu sa tête !
C'était comme ça.
C'est assez lourd ça.
Je ne peux le faire que vingt à trente fois.
Tant que ça ?
Ouais. Trente fois.
Ça fait suer.
Et ça fatigue.
Comment vous appelez-vous ?
Moi ?
Masaharu.
Ça signifie "règne de la justesse".
et ça se dit : Masaharu.
Je suis venu à Tokyo en 1961.
J'ai d'abord été main-d'oeuvre.
Après, j'ai été sur les échafaudages,
puis je suis devenu charpentier-maçon
tout près d'ici, à Noborito.
Et vous avez perdu votre travail ? Démissionné ?
J'ai pas démissionné. Le chantier était fini.
Rentrer au pays...
Non, je peux pas rentrer.
Maintenant, les enfants de mon oncle sont mariés
et ont des enfants.
Si je rentrais, on demanderait :
"Qui est cette personne ?"
On ne vous reconnaîtrait pas ?
Non.
Je suis rentré une fois,
et je me suis dis que je n'y retournerai jamais.
Et depuis la mort de ma tante,
c'est devenu encore plus difficile de rentrer.
Oui, si on n'a plus sa place...
Oui, je n'ai plus ma place.
Je peux plus rentrer, maintenant.
Pour l'administration,
je suis aujourd'hui à Kawasaki.
Avant, c'était à la campagne.
Je payais mes impôts là-bas.
Maintenant, je n'ai plus d'adresse à la campagne.
Je n'ai donc plus ma place où retourner.
Y a quelqu'un qui a jeté ça chez moi,
Alors, je l'ai mis sur le toit.
Le salaud ! Mettre ça ici sans rien demander !
Il avait qu'à le jeter là-bas !
Il a fait ça chez moi ! Ça m'a énervé.
Au moins, ça fait un poids sur le toit.
Le vent ne fait pas trop de bruit avec le plastique ?
Non. Aucun bruit.
C'est bien tendu.
Ça fait pas de bruit.
Mais s'il n'y avait pas de train,
il me semble que ça manquerait.
Je peux deviner l'heure, en gros.
Ici, il y a énormément de passage.
Il y avait les odeurs, par exemple, corporelles.
Et puis... Comment dire ?
C'était pas bien pour des raisons d'esthétique urbaine.
Comme la mairie est maintenant près d'ici,
un tapis roulant a été construit et ils ont été chassés.
Je suppose que peu de gens leur parlent.
Ils étaient là, de chaque côté.
Ils dormaient là.
Il y a sans doute des gens bien parmi eux.
C'est peut-être parce qu'on ne va pas leur parler de nous-mêmes,
mais de leur côté aussi,
les sans-abri...
Disons que...
Ils sont enfermés dans l'image pleine de préjugés
qu'ils ont d'eux-mêmes.
Ça gênait le passage, oui.
En été, l'odeur était insupportable.
C'était la seule chose gênante.
Mais le fait qu'ils soient là...
Ils devaient avoir leurs raisons.
Des odeurs d'urine, oui... Ça sentait.
Je ne leur ai jamais parlé.
En fait... Comment dire ?
Même si la mairie les aide,
par exemple en leur attribuant un logement
pour qu'ils vivent décemment...
ils finissent par y retourner.
C'est donc d'eux-mêmes...
Ils ne me font pas pitié,
puisque ils semblent aimer vivre comme ça.
Je ne leur donne donc rien.
Non. Je ne leur ai jamais parlé.
Il m'est arrivé
qu'ils m'interpellent. C'est tout.
Où c'était, déjà ?
Je crois qu'on leur a construit
des habitations provisoires.
Et ils devaient être rassemblés là-bas.
Mais ceux qui étaient censés y aller
ont refusé et se sont dispersés.
Et aujourd'hui...
Vous connaissez Ryougoku ?
Il y a une rivière, là-bas.
Il y a pleins de tentes sur la rive.
C'est là-bas qu'ils semblent s'être installés.
Tous les gars, là,
ils faisaient la même chose.
Mais avec ce travail, on se casse le dos.
Ouais... Eux aussi, ils faisaient tous ça.
Et ils finissent comme ça...
Moi, je pense qu'il me reste cinq ans.
Après je serai comme eux.
Comment avez-vous commencer ?
Moi, je travaillais sur des chantiers.
C'était très grand.
Je transportais des matériaux avec une carriole.
J'ai pensé : "Avec la carriole, je peux aussi faire du carton."
Je m'en suis fait prêter une et j'ai commencé.
Je trouvais ça drôle.
Mais les choses ne vont pas si facilement...
Moi, j'aime beaucoup "Emmanuelle".
Je peux le voir des dizaines de fois.
toujours le même ?
Ouais... Je le manque jamais.
Chaque fois qu'il passe, j'y retourne.
Je m'en lasse pas.
Il passe aussi à la télé.
Mais à la télé, ils font sauter des morceaux,
comparé au cinéma.
Et les meilleurs, en plus !
Maintenant, avec ce travail, je peux plus y aller.
Je peux plus le voir. J'ai pas la télé.
Même pas l'électricité. C'est une carriole.
J'ai juste une lampe électrique.
Moi, j'aime pas les pentes.
Je prends que des routes plates.
Du côté de Bunkyo, c'est terrible ! Trop de côtes.
C'est un truc à étouffer.
Le coeur lâche, et j'y passe.
Près de Touzan aussi, c'est trop dur.
J'y suis allé une fois. Le retour est en pente.
Le frein marche pas.
Ca a usé mes chaussures.
C'est revient trop cher en chaussures, alors que le carton si bon marché.
Même les moins chères coûtent 500 yens.
J'en use trois paires par mois.
J'use les chaussures en marchant.
C'est du gâchis de chaussures.
C'est trop cher.
Une soupe de nouilles serait moins chère.
Même si nos visages sont noirs,
nos coeurs sont blancs.
Y en a parmi nous qui n'aiment pas être pris en photo.
Moi, j'ai rien à me reprocher.
Je suis correct.
Je fais rien de mal.
Comme je peux pas aller à l'étranger,
si on y emporte mon image,
c'est-à-dire un peu de mon corps,
je m'en réjouis.
Même si on peut pas évoquer ses vrais problèmes,
si je peux montrer
qu'il y a des gens comme ça au Japon,
en me faisant prendre en photo,
alors, j'aurais peut-être servi à quelque chose.
On est tous les mêmes humains.
Quand on a faim, on mange.
Quand on veut aller aux toilettes, on y va.
On fume, on boit, on dort...
Bonjour, bonsoir...
C'est pareil !
Si on enlève nos vêtements,
on est comme à notre naissance.
Personne ne peut faire la différence.
Celui qui peut est du niveau d'un professeur !
Oui, celui qui peut deviner que nous sommes sans-abri
quand nous sommes nus,
c'est un prix Nobel !
Sinon, ce que je veux ajouter,
c'est que, bien qu'on soit des sans-abri,
ne dites pas qu'on est sale,
mais qu'on est des êtres humains comme vous.
Je voudrais que tout le monde le sache.
C'est tout.
Sinon, j'ai rien à ajouter.
Quand le dernier jour viendra,
le ciel, la terre et la totalité du monde visible
vont fondre.
Tout le monde visible deviendra invisible.
Voilà ce que dit la Bible.
Vous croyez en cela ?
Que ceux qui y croient lèvent la main !
Les autres n'y croient donc pas ?
Vous avez bien le droit.
Mais vous serez responsables des conséquences !
De quoi a-t-on d'abord besoin ?
D'abord de la foi ! Même faible ! On a besoin de foi !
C'est parce qu'ils n'ont pas écouté la parole divine
que les gens d'Hiroshima ont vu leur corps s'évaporer
après l'explosion.
Les gens qui marchaient ont disparu d'un coup !
Alors qu'ils ne pouvaient pas échapper
à la bombe atomique et à ses dégâts,
ils ont ignoré la parole divine !
S'ils avaient fui, ils auraient survécu !
Ceux qui l'ont ignorée sont morts sur place !
C'est pas compliqué.
Moi, j'y crois.
Tout ce qui est écrit ici, j'y crois.
Je vous bénis au nom du Seigneur, afin que vous y croyiez aussi.
Amen ?
Alléluia !
Quand ma mère est venue ici avec mon père,
elle a dit :
"J'aimerais reposer dans un endroit calme."
Mais au Japon, c'est pas possible.
Sous terre, il y a le métro, en surface, les trains.
Avant de mourir, mon père disait :
"On ne peut pas reposer ici.
"Reviens à Okinawa."
Mais comme ma mère vit encore ici,
j'y retournerai après sa mort.
Avec l'âge, c'est dur.
Enfin... Dur...
C'est plutôt triste d'être ici.
Il ne me reste qu'à attendre la mort
sans déranger personne.
Le mot ^Isans-abri^I existe bien.
On peut pas remonter à la surface.
C'est pas possible,
une fois qu'on a commencé de vivre comme ça.
Si on refait surface tout de suite,
c'est possible.
Mais si on y reste deux, trois ans,
c'est comme si on s'enfonçait dans la boue.
Si je vis comme ça,
c'est parce que j'ai pas écouté mes parents.
Mais on vit tous désespérément.
L'être humain...
simplement...
quand il meurt et va dans l'autre monde,
il se dit qu'il aurait aimé mourir dans un lit.
Si je meurs ici, je serai un mort sans nom.
Si ma famille ne vient pas me chercher,
on me transportera à l'hôpital et on m'autopsiera.
Même si on dit que c'est rien, je serai un mort sans nom.
C'est une histoire aussi simple que ça.
C'est tout.
^IPlus de 70 ans que je suis au monde.^I
^IJ'ai vu le monde changer.^I
^ILes êtres humains font toujours de beaux discours,^I
^Imais la plupart ne vivent que selon leurs désirs.^I
^ILes autorités considèrent les sans-abri^I
^Icomme les perdants de la vie.^I
^IJe ne leur pardonnerai pas.^I
^IJamais.^I
En fait, nous sommes des réfugiés.
Oui. Des réfugiés.
Comme au Moyen-Orient... Nous sommes réfugiés.
Donc, en fait...
l'échec politique
du gouvernement Koïzumi...
Donc...
provoque la faillite
de plein de petites et moyennes entreprises.
Et les gens sont mis à la porte.
Et quand ceux qui sortent des écoles
cherchent du travail,
il n'y a plus du tout de place pour eux.
Et c'est pour ça
qu'il y avait déjà 5 585 sans-abri
l'année dernière
juste à Tokyo.
L'autre jour,
ils le disaient à la radio...
Ils sont maintenant 1 700, à Yokohama.
Il y en a toujours plus.
Moi, je suis né dans le Tochigi,
près d'Utsunomiya.
Je pourrais donc rentrer à la maison très facilement.
Je ferais un bon grand-père.
Mais j'ai mal agi...
Ça ne sert plus à rien de regretter.
Il ne faut pas penser à ce qui est fini.
C'est pour ça que je travaille.
Ce matin, je suis parti vers 3 h 30 à Shinjuku.
Les gens ne font pas ça. C'est pas correct.
Ils s'en remettent aux autres.
Mais il faut pas faire ça.
Tant qu'on peut travailler,
on doit travailler.
Moi, qui ai 76 ans,
et qui vais sur mes 77 ans,
je pars à 3 h du matin
vers Shinjuku à Okubo.
Et je ramène toutes ces canettes.
Les jeunes sont lamentables.
Ils bouffent juste ce qu'ils reçoivent.
C'est nul !
Je pourrais rentrer à la maison...
mais moi...
je dois la boucler.
J'ai agi égoïstement.
Oui, égoïstement.
Je peux plus aller chez mon fils.
Y a pas à dire...
l'homme se doit d'être sérieux.
Moi, j'ai loupé ça.
J'ai aussi une femme chez mon fils.
Mais je peux pas y aller.
Entrée et sortie interdites !
L'être humain,
même si c'est des objets qu'il a jetés,
si c'est nous qui les ramassons,
y a rien à faire,
ça ne lui plaît pas.
Et il râle.
On a beau dire :
"On a bien le droit, puisque vous les avez jetés."
Mais non.
Parce qu'à la mairie,
il y a les camions de ramassage.
Et nous, on s'introduit là-dedans.
Alors, ça râle.
Ceux qui ont faim n'ont qu'à crever !
C'est ce qu'ils pensent !
Et de l'autre côté...
C'est moi qui l'ai écrit.
"Avis d'urgence.
"Interdiction d'entrée,
"sauf aux personnes autorisées.
"Les contrevenants seront poursuivis
"pour viol de propriété privée.
"Ce document a valeur d'information."
Et, comme il y a plein de poupées...
"Le propriétaire de la maison des poupées."
Elle dort avec moi, cette poupée.
Je dors en l'enlaçant.
C'est les meilleures, les poupées,
parce qu'elles sont muettes.
Les femmes, elles râlent tout le temps.
Mais elle, elle dit rien.
Elle est froide !
Et donc, je la réchauffe.
Et si je m'en occupe avec amour,
même si c'est une poupée...
Les poupées ont une âme,
même si elles ne disent rien.
Quand il fait froid,
je la mets sous la couverture.
Et je la prends comme ça
dans mes bras, et on dort.
Alors, si je regarde son visage,
il a une expression de bonheur.
Même si elle dit rien.
Ouais, elle dort avec moi.
A Asakusa, dans le quartier San'ya,
il y a trois sans-abri qui possèdent des millions.
Ouais, des dizaines de millions.
Il y a aussi des gens
qui sortent de l'université de Tokyo.
Et parmi les gens du show-business,
il y a Morita Kenji.
Lui aussi, c'est un camarade sans-abri.
Lui, il est diplômé de l'université Waseda.
Moi, je suis originaire d'Ibaragi.
J'ai fait une école départementale.
Oui, il y a des gens comme ça.
Certains ont le permis.
Le patron de tout à l'heure, il a même le permis poids lourd.
Et puis, si on dit ça à l'ancienne,
moi, je suis le 185e descendant d'un roi.
Oui, le fils d'un roi.
Par ici, les gens diraient
que je suis de la classe de l'empereur.
Mais on doit rien dire.
Moi, je suis quelqu'un
que MacArthur a porté sur ses épaules.
Il m'a dit en pleurant...
J'avais six ans, je m'en souviens...
"On ne fait pas la guerre par plaisir."
Il m'a donné un bonbon.
"Ne m'en veux pas ! Ce sont les ordres d'en haut."
Il était vraiment gentil avec les enfants.
S'il mâchait un chewing-gum, il vous en donnait aussitôt.
il en imposait avec sa taille,
mais on courait tous vers lui.
Après lui,
il n'y a plus de président.
Et même pour la nourriture, il était pas compliqué.
Il mangeait de tout,
y compris des mets japonais.
La première chose qu'il a mangée à Yokohama
était du maquereau au ^Imiso^I.
Il a trouvé ça bon.
Il a dit : "Ne bombardez pas ici."
A Shizuoka, il pleuvait des bombes.
A Yokohama pas une seule.
C'était ses ordres.
C'était quelqu'un de bien, MacArthur.
Moi, je suis né aux Etats-Unis d'Amérique.
En 1944 à Okinawa.
J'ai déménagé ici
en 1961.
C'était après la rétrocession d'Okinawa.
En fait, ma véritable adresse est aux Etats-Unis.
Et mon adresse administrative est ici, au Japon.
Donc, inutile de m'inquiéter... Si je souffre trop,
les Américains m'accueilleront, j'ai le passeport...
Puisque je suis né aux Etats-Unis.
Okinawa a été américaine jusqu'aux années 50.
C'est pour ça, je ne m'inquiète pas.
Le parc de tout le monde,
rendons-le propre et beau tous ensemble.