Tip:
Highlight text to annotate it
X
Les zombies. On pourrait penser en avoir enfin fini avec eux,
mais on voit encore des livres de zombies, des BDs de zombies,
des films de zombies, des séries de zombies, des parades de zombie...
On ne pourrait pas passer aux harpies, aux manticores ou autres?
C'est comme s'ils nous obsédaient,
et il y a plusieurs théories pour cela.
La plus logique à mes yeux est que la maladie
reste la seule menace tangible contre l'humanité.
Et les morts en sont un rappel plutôt alarmant
ainsi qu'un risque assez traditionnel de maladie.
Donc oui, les morts sont flippants.
Et c'est encore pire quand ils se mettent à bouger !
Bien sûr, il y a aussi le truc de manger des cerveaux.
Ce qui m'amène aux prions, non pas les prions
qui s'écrivent de la même façon, se prononcent pareil et qui
sont des oiseaux ; ni les préons qui se prononcent pareil (en anglais),
s'écrivent différemment
et sont des particules hypothétiques dont les quarks
pourraient être composés ; mais des prions,
ces petites protéines mal repliées qui détruisent le cerveau
et se transmettent d'animal à animal le plus souvent par
consommation de tissus nerveux. Ce qui veut dire manger des cerveaux.
Les protéines ont une séquence linéaire inscrite dans l'ADN,
mais cette séquence ne détermine pas comment la protéine travaille.
Pour que la protéine fonctionne
il faut qu'elle aie une structure tri-dimensionnelle correcte.
Le processus de repliement est très compliqué mais dans les prions,
la structure 3D est incorrecte. Et c'est pas bon du tout.
Toutes les maladies à prions sont causées par un mauvais repliement
de la même protéine, appelée PrP. Après des années d'études
on a déterminé qu'elle faisait... sans doute quelque chose.
Elle semble affecter la création des souvenirs,
et joue apparemment un rôle important dans le sommeil,
puisqu'une mutation de cette protéine chez la souris cause
"l'insomnie fatale." Exactement, elles meurent du manque de sommeil.
Mais quoi que fasse cette protéine lorsqu'elle est correctement repliée,
on sait que c'est important car elle est encodée
par ce qu'on appelle une "séquence hautement conservée"
une séquence de notre ADN qui est similaire chez de
nombreux êtres vivants. Dans notre cas : les mammifères.
Tous les mammifères ont une forme similaire de cette protéine PrP "saine"
Lorsqu'on parle de séquences hautement conservées,
on sait que même de légères mutations sont mortelles.
C'est aussi pourquoi les maladies à prions sont facilement transmises
de mammifère à mammifère, car toutes ces protéines sont très semblables.
Le plus gros problème ici n'est pas que les protéines
mal repliées sont dangereuses, mais qu'elles soient très fortes
pour convaincre les protéines saines de changer pour la structure altérée.
Alors que les prions transforment de plus en plus de
protéines saines en prions, elles s'agglutinent et
s'accumulent dans le tissu cérébral.
Ces masses de prions tuent les cellules nerveuses,
provoquant des trous dans le cerveau, ce qui transforme
littéralement le tissu cérébral en éponge.
C'est pour cela que le nom scientifique de la maladie de la vache folle est
encéphalopathie spongiforme bovine.
Ce qui, traduit littéralement, veut dire "maladie du cerveau-éponge de la vache".
J'aime comme parfois que quand on traduit un nom latin en français
on a l'impression que les scientifiques ont quatre ans.
A ce qu'il paraît, avoir un tissu cérébral spongieux
peut vous rendre bizarre, voire peut-être, et même sûrement, mort.
Les symptômes de ces maladies sont une démarche chancelante,
une détérioration du langage, des mouvements de plus en plus
difficiles lorsque la maladie progresse, des crises de fou rire,
une incontinence urinaire et fécale ... Des trucs habituels de zombie.
Il n'y a, d'ailleurs, pas de remède pour les maladies à prion.
On est zombifié, puis on meurt.
En tant qu'humains on est pas trop habitués à manger des cerveaux,
de la colonne vertébrale ou autres. Du coup, on pourrait se demander
comment est-ce qu'on peut attraper une maladie à prion au départ?
Et bien, parfois, très rarement, les protéines peuvent mal se replier
d'elles-mêmes dans le cerveau.
Et parfois des gens ont des maladies comme celle de Creutzfeldt-Jakob
parce qu'ils ont reçu une transfusion de sang contaminée
ou subi une opération avec des instruments médicaux
mal stérilisés. Mais le plus souvent, les malades ont été
contaminés en mangeant de la viande d'animaux malades.
C'est pourquoi ils ont tué toutes ces vaches au Royaume-Uni lors de
l'épidémie et pourquoi on ne nourrit plus les vaches avec des cerveaux de vaches.
Revenons-en au mangeage des cerveaux.
On doit examiner l'étrange cas du kuru,
une maladie à prion trouvée dans la tribu des Fore en Papouasie Nouvelle Guinée.
Jusqu'aux années 50, les Fore avaient comme tradition
de dévorer leurs morts lors de festin mortuaires.
Comme on a l'habitude de faire.
Les hommes de la tribu mangeaient les muscles de leurs amis décédés
alors que les femmes et les enfants se contentaient des cerveaux.
Entre les années 20 et les années 60, une épidémie de kuru
a sévi chez les Fore, en tuant jusqu'à 200 par an.
Les femmes et les enfants étant bien sûr les plus vulnérables,
puisqu'ils mangeaient le plus de cerveaux.
Mais, arrive l'incroyable : le scientifique étudiant
l'épidémie de kuru chez les Fore découvrit que certaines femmes
ayant participé aux festins mortuaires possédaient
une mutation génétique qui les protégeaient du kuru.
Elles avaient une résistance à la maladie.
Les chercheurs étudiants cette résistance génétique
pensent que des ancêtres cannibales humains ont existé
il y a quelque chose comme 500 000 ans, ce qui est une raison probable
pour laquelle les maladies à prions ne sont pas plus communes.
Donc, nous pouvons remercier le cannibalisme pour au moins une chose.
Autre bonne nouvelle : lors d'un décès pour cause de maladie à prion
dans 100% des cas, jusqu'à maintenant, le mort est resté mort.
Merci d'avoir regardé cette vidéo du SciShow,
Si vous avez des commentaires, des questions ou des idées
vous pouvez nous trouver sur Facebook, Twitter, et bien sûr dans les commentaires.
Et si vous voulez continuer à apprendre des choses avec nous,
vous pouvez aller à youtube.com/scishow et vous abonner.