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Message aux professeurs
Je vais tenir quelques propos provocateurs et résumer certaines choses alors préparez-vous.
Collez-vous à vos sièges, professeurs.
Voici un autre professeur avec quelques comptes à régler.
Je crois que vous n'avez toujours pas compris.
Ça fait 25 ans maintenant que je m'y consacre.
Nos conclusions
l'affirment sans équivoque.
Mais vous n'écoutez pas.
Vous êtes pris dans votre pensée démodée que je qualifie ainsi :
Vous êtes tous des réalistes. Du moins, c'est la façon dont vous vous décrivez.
Réalistes. Je veux dire :
La raison du dénouement de la crise des missiles de Cuba
c'est-à-dire avec les Russes qui retirent leurs missiles de Cuba
et avec les Américains qui se déclarent victorieux... Victorieux entre guillemets.
Les Russes rentrent chez eux.
Kennedy est un héros.
Vous dites que les choses se sont déroulées ainsi parce que les Américains avaient dix-sept
fois le nombre d'armes nucléaires de la Russie.
Deuxième raison :
évidemment, les États-Unis
règnent dans les Caraïbes, où nous nous trouvons.
Ils ne peuvent pas s'opposer à nous.
Alors, ils sont bien moins avancés en matière d'armes nucléaires.
Ils sont bien moins avancés en matière capacité de guerre dans la région
où se déroule l'événement.
Partie terminée. Fin de la conversation. Fin de l'histoire. Russes, rentrez chez vous.
Idiots. Ils n'auraient pas dû s'essayer.
Le corollaire implicite est que la situation n'était pas si dangereuse que ça.
Khrouchtchev n'allait pas faire grand-chose. Il n'était pas idiot. Il fera ce qu'il peut puis il partira.
Ceux qui comprennent la crise des missiles la comprennent autant qu'ils comprennent la Deuxième Guerre mondiale,
la guerre de Napoléon ou la guerre du Péloponnèse.
Ils se fient aux nombres... Aux choses que l'on peut compter, que l'on peut peser,
que l'on peut toucher.
Munitions, chars,
positions, avions, bombes,
navires, ce genre de choses.
On joue avec les nombres.
On fait le compte.
Si la balance du pouvoir - le concept sacré - la balance du pouvoir penche d'un côté
ou d'un autre,
voilà le facteur déterminant.
Je vais commencer par Kennedy.
Vous ne comprenez rien des motivations de Kennedy.
Kennedy avait une peur morbide d'aller en guerre.
Maintenant, vous dites : eh bien, peut-être que oui peut-être que non.
C'est ridicule, pourquoi aurait-il peur
d'aller en guerre quand il a un tel avantage?
C'est l'ancienne façon de penser.
Parce que John F. Kennedy était le premier président américain qui avait bel et bien compris
que les armes nucléaires ne sont pas des armes.
Les armes nucléaires,
réunies,
russes et américaines,
les armes nucléaires sont un engin apocalyptique.
Une première explose, cinq autres explosent, mille autres explosent, dix mille autres explosent. Fin du monde!
C'est ça qui se passait dans son cerveau.
Et justement, c'est ce qui passait dans le cerveau de Khrouchtchev.
Écouter des personnes parler
de leurs plus grandes craintes,
de leurs pensées les plus profondes à l'époque de la crise des missiles et je parle des personnes au pouvoir.
Je veux dire les Cubains, les Russes et les Américains.
Nous leur avons tous parlé.
Tous ceux
du côté américain selon vous,
auraient dû se sentir confiants.
Ils avaient au moins tout aussi peur
de ce qui pourrait se passer que Khrouchtchev.
En fait, c'est pour cette seule raison
que nous avons choisi d'aller au-delà du paradigme dominant de nos recherches.
Au lieu d'examiner les faits qui nous venaient de l'extérieur, les nombres, dix-sept fois plus d'armes, déploiements classiques,
nous avons examiné ce qui venait de l'intérieur.
Il nous fallait une nouvelle façon de penser à cela.
Comment vous sentiez-vous? Quelles craintes aviez-vous?
Puis nous sommes allés chez les Russes pour leur demander : quelles craintes aviez-vous?
Devinez quoi, ils avaient la même crainte. Exactement la même crainte, c'est-à-dire :
la crainte que la situation devienne incontrôlable.
La crainte que la situation devienne incontrôlable et quelque part, d'une façon ou d'une autre
la flamme sera mise à la mèche
et on ne pourra pas l'éteindre
et avec toutes ces puissantes bombes nucléaires, toute la planète exploserait.
On ne peut obtenir ce point de vue,
qu'en parlant aux personnes,
qu'en écoutant les personnes.
Et pour en parler il faut s'identifier à l'adversaire.
Est-ce que je me mets vraiment dans la peau de l'autre?
Voici, je crois, collègues, la raison pour laquelle la crise des missiles s'est terminée à ce moment et de cette façon.
Parce qu'à la dernière minute, Kennedy et Khrouchtchev ont regardé dans leur miroir
et ont chacun vu l'autre.
- Tu te sens comme moi. Pas vrai? - Oui.
Leur correspondance le dit :
- Ça va être incontrôlable. - Arrêtons tout maintenant!!
Mais il y a une ombre au tableau : Fidel Castro à Cuba.
Kennedy pense que Khrouchtchev peut le maîtriser et Khrouchtchev pense
qu'il peut maîtriser Fidel, mais ce n'était pas le cas.
Fidel était un danger public, pour certaines raisons.
L'important, c'est qu'ils ont failli s'en rendre compte un peu trop ***.
Il leur restait 24 heures, 48 heures tout au plus.
Bien sûr que les troupes comptent, que les charges militaires comptent, que les nombres comptent.
Bien sûr que tout cela compte.
Mais en pleine crise, ce qu'il faut vraiment se demander c'est :
Est-ce que je crois comprendre l'histoire que l'autre gars se raconte?
Quelle est cette histoire et se rapporte-t-elle à celle que je me raconte?
Ajoutez ça à vos vieilles notes et parlez-en à votre prochain exposé sur la crise des missiles de Cuba.
Bonne chance.
Réalisé par Kristopher Young
Traduction : KSLinguistics.ca