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Joanna !
Me voilà !
- Bonjour.
- Bonjour.
Le jour où j'ai acheté le roman...
j'ai su que le rôle
était fait pour Dustin.
Stanley Jaffe
producteur
Avec Benton, on s'est dit
qu'il ferait le Ted Kramer idéal.
On a écrit pour Dustin dès le début.
Le choix de Stanley était excellent.
Robert Benton
scénariste, réalisateur
On a terminé le scénario.
Son manager de l'époque
l'a lu et a adoré.
Il pensait que Dustin serait parfait.
Mais, il ne nous répondait pas.
Je travaillais et je...
J'avais des problèmes, aussi bien
personnels que professionnels.
J'étais en plein divorce.
Mon premier et unique divorce.
Quand on se marie,
on n'imagine jamais qu'on va divorcer.
Alors, c'était...
Et on avait des enfants.
Par ailleurs, j'avais des difficultés
dans mes projets professionnels.
C'était une époque où je me disais...
que je voulais abandonner le cinéma
et refaire du théâtre.
Bob et moi avons rejoint Londres...
pour le retrouver.
Il venait de Bath où il tournait.
Je l'ai appelé le vendredi,
juste pour confirmer.
Il m'a demandé ce qu'on faisait là.
Je n'en revenais pas.
Je lui ai dit
qu'on avait rendez-vous.
Il nous a donné rendez-vous
à l'hôtel à 1 6 h le dimanche suivant.
J'ai dit à Benton :
" Laisse tomber...
Il n'est pas du tout enthousiaste.
Il va nous rembarrer."
On y est allés.
C'est peut-être le jour de ma vie
où la chance m'a le plus souri.
Il nous attendait dans le hall.
Il voulait vraiment
qu'on reparte aussitôt arrivés !
Je voulais les retrouver en bas.
Si on reçoit quelqu'un
dans sa chambre...
on ne peut plus s'en débarrasser !
Et puis, ça aurait pris plus de temps,
ce que je voulais éviter.
Au restaurant, le maître d'hôtel...
était désolé car nous n'avions pas
réservé et il n'y avait plus de table.
Il a donc dû nous recevoir
dans sa chambre.
Comme quoi, des détails peuvent
avoir des conséquences incroyables !
On est montés
et j'ai commencé à parler.
Puis, Stanley a parlé,
et Dustin s'y est mis.
J'ai été franc avec eux.
Je leur ai dit
que j'étais en plein divorce.
Comme d'autres événements de la vie,
c'est le genre de choses...
pour lesquelles
on pense être préparé...
parce qu'on a entendu...
Iu ou vu des histoires qui en parlent.
C'est comme
la naissance d'un enfant...
Ia mort d'un parent
ou d'un proche...
c'est quelque chose qu'on doit vivre
pour le comprendre.
J'ai dit que ce que j'étais en train
de vivre était très différent...
et plus profond...
que ce que j'avais lu
dans le roman...
ou le scénario.
J'ai dit que je ne les sentais pas...
et que, vu que c'était
quelque chose que je vivais...
ce serait trop douloureux pour moi.
J'ai oublié ce qu'on s'est dit
et qui a dit quoi...
mais je crois
que ce qui a décidé Dustin...
c'est qu'il ferait ce qu'il y a
de plus dur pour un acteur :
jouer son propre rôle.
C'est dur
et ça demande un extraordinaire...
travail sur soi-même
et une grande discipline.
Peu d'acteurs possèdent le talent...
et la discipline nécessaires
pour se jouer.
Ça a l'air simple, mais
il n'y a pas plus dur pour un acteur.
Benton, qui est toujours souriant...
m'a demandé un jour,
au détour d'un sourire...
ce que je voulais faire.
Je lui ai dit : "Tu veux
qu'on partage une chambre...
pendant quelques mois ?"
Je crois que Benton a dit oui.
Puis Stanley a été d'accord aussi.
J'ai dit que je ne cherchais pas
à réécrire...
mon expérience personnelle...
d'un point de vue factuel,
mais à en dégager des vérités.
J'ai emménagé au Carlyle Hotel.
Bob et Dustin
venaient tous les jours...
et on passait au moins 1 2 heures
chaque jour...
à parler du scénario, de la vie...
et à dégager des vérités qu'on
pourrait inclure dans le scénario.
C'est comme ça que ça a commencé.
C'était long.
Dustin avait plein d'idées.
Des idées géniales.
Je m'emballais, alors Stanley disait :
" Non, le film c'est ça."
Il nous remettait
dans le droit chemin.
C'était comme une thérapie de groupe.
On parlait. On savait que ce qu'on
disait ne quitterait pas cette pièce.
On se faisait des confidences
sur l'identité des personnages.
Dustin absorbait tout ça.
Il est comme ça.
Une véritable éponge.
On est dans la rue, par exemple,
je lui parle, puis je me retourne...
et il en train de regarder un
sans-abri ou s'occupe d'autre chose.
Il absorbe tout.
On a fini par conclure...
que si un divorce est si douloureux...
c'est parce que l'amour
ne s'éteint jamais.
Pourtant, c'est ce que
les deux personnes voudraient.
Les premières rencontres.
Les premiers regards.
Tous ces moments fabuleux...
qu'on veut effacer, réprimer
et dont on veut se débarrasser...
sont comme des fleurs
fraîchement coupées.
Ça rendait tout ce qu'on faisait...
Iourd de sens.
Vraiment lourd de sens.
Je t'aime, Billy.
C'est dans le premier plan.
Elle est plus belle
que n'importe qui à l'écran.
Une intelligence et une bonté
extraordinaires émanent d'elle.
Je crois que le public y est sensible.
Quelques acteurs sont...
Ils ressemblent à un navire de guerre
qui entre au port...
qui sort ses canons,
tire...
atteint sa cible,
rentre ses canons...
et reprend le large.
Le tout, sans effort.
Elle peut tout faire.
Absolument tout.
J'en ai entendu parler
par l'intermédiaire de mon agent...
...qui savait
que j'étais avide de travail.
Je jouais à Central Park
dans The Taming of the Shrew...
une interprétation libre
de Shakespeare. A Central Park.
En même temps, je tournais
dans un film de *** Allen.
Mais mon agent
m'a quand même envoyée...
car je n'avais que 2 semaines
de tournage pour ***.
Il m'a fait rencontrer
Stanley Jaffe qui a dit :
" Comment pouvez-vous envisager...
de jouer dans un film, dans
une pièce, et puis dans notre film ?
Notre film est très important."
J'ai dit que je n'avais
qu'un petit rôle...
au tout début et à la toute fin
du film...
et qu'il pouvait s'arranger pour que
je case le film de *** au milieu.
J'étais une actrice de répertoire.
Travailler sur plusieurs pièces
en même temps, c'était possible.
On a discuté du profil...
du personnage de Joanna.
Elle devait séduire le public
immédiatement...
parce que dans les 5 premières
minutes du film, elle fait...
Ia pire chose qu'une femme ferait :
elle abandonne son enfant.
On ne pouvait pas juste l'effacer...
jusqu'à son retour, à la fin du film.
S'il y a une constante...
dans mon travail,
dans mes personnages...
c'est que j'entretiens
une relation avec eux...
qui me pousse à les défendre.
Pour moi, elle était traquée
dans un labyrinthe.
Elle n'avait pas le choix.
Les malades ont rarement le choix.
Pour moi,
elle avait des troubles mentaux.
Elle était malade. En dépression.
Elle avait perdu le contrôle.
- Je te quitte.
- Chérie, je n'entends pas.
Vous aussi. Merci beaucoup.
A demain.
Vous avez mangé ?
Je te quitte.
Voilà mes clés...
ma carte American Express,
celle de Bloomingdale's...
mon carnet de chèque.
J'ai retiré 2 000 $ de notre compte.
C'est ce que j'avais en me mariant.
Beaucoup de gens...
Avery Corman
écrivain
...allaient jusqu'à changer de vie
pour tenter de se trouver.
C'était d'actualité et c'était,
d'une manière un peu longue...
I'aboutissement de ce qui s'était
passé dans les années 60 :
Ia "flower generation" ...
et l'idée qu'il ne fallait
pas trahir ses sentiments.
- C'est une blague ?
- Voilà le reçu pour le pressing.
Tu peux y aller samedi.
- Tu dois y aller samedi.
- Qu'est-ce qu'il y a ?
J'ai payé le loyer,
l'électricité et le téléphone.
Tu as bien choisi le moment.
Elle avait épousé un homme
qui ne savait pas...
vivre une histoire d'amour.
Elle était prise au piège
et ça la rendait folle.
Des tendances suicidaires ?
Une chose est sûre, son personnage
était au bord de la crise de nerfs.
Consciente de ça et refusant d'être
une mauvaise mère, elle a fait...
ce que la meilleure mère aurait fait.
Elle aimait assez son fils
pour l'abandonner.
Dis-moi ce que j'ai fait de mal.
- C'est pas toi.
- C'est quoi ?
C'est moi. C'est ma faute.
Elle savait que sa vie était
de l'autre côté de la passerelle.
Elle devait partir. Quitter le bateau.
Elle ne savait pas
ce qui allait en résulter.
Très souvent, quand on a affaire
à des gens aussi secrets...
on ne les comprend pas, parce
qu'ils ne donnent aucune explication.
Elle était enfermée
à l'intérieur d'elle-même.
Mais je savais que j'avais
la possibilité de revenir à la fin...
et d'expliquer...
qui était cette personne
détruite à l'intérieur.
Il sera mieux sans moi.
Joanna, je t'en prie.
En outre, je ne t'aime plus.
- Où vas-tu ?
- Je ne sais pas.
Il y a des magazines qui parlent
de la vie et puis il y a la vraie vie.
A l'époque, n'importe quel homme
avec un travail classique...
qui aurait pris plusieurs heures
dans la journée...
pour être avec ses enfants
ou sa famille...
qu'il vive en couple ou non...
aurait eu des problèmes au boulot.
Sa principale source de fierté,
à ce moment-là...
c'est sa vie professionnelle.
Il s'accommode de sa famille.
Il s'accommode des week-ends
parce qu'il rêve du lundi...
Ie moment
où il se sent le plus vivre.
Où est maman ?
- Quoi ?
- Où est maman ?
Il est quelle heure ?
La petite aiguille est sur le 7 et la
grande est sur le 9. Où est maman ?
J'ai grandi près de Manhattan,
où avait lieu le tournage.
Shirley Rich
était responsable du casting.
Ses recherches
étaient assez larges.
Elle voulait un petit garçon
qui, par son physique...
aurait pu être
le fils de Dustin Hoffman.
D'abord,
je trouvais que ça n'allait pas...
car Leave it to Beaver
avait été diffusé récemment...
et je trouvais
qu'il avait une image trop "télé" ...
avec sa frange
et son côté trop parfait.
Je voulais un garçon
qui ait l'air assez bizarre...
pour pouvoir être le mien !
Ça ne veut pas dire
que mes enfants ne sont pas beaux !
Mais si un gamin affreux
était entré...
je crois que je l'aurais choisi.
On avait la chance
que Dustin s'implique.
Il était à la plupart
des lectures avec les enfants.
Justin est le dernier petit garçon
qu'on ait vu.
Il a commencé à jouer la scène.
Dustin improvisait
et Justin improvisait à son tour.
Il dégageait
autant d'énergie que Dustin...
ce qui est très difficile
pour un enfant.
Il y a eu un moment magique :
Justin s'est assis près de moi.
Il était tout contre moi.
On parlait, on improvisait...
devant la caméra et, à un moment
donné, il a posé sa main sur ma jambe.
C'était tellement naturel !
Il se comportait comme l'aurait
fait l'un de mes enfants.
Parfois, en touchant ses parents,
un enfant établit un contact.
Comme chez les singes.
C'est juste une main
sur l'épaule ou la jambe.
C'était un moment magique entre nous.
Quand il a eu joué les 3l4
de la scène, j'ai crié : " Coupez !"
C'était lui. On était tous d'accord.
C'était mon gamin.
C'est ce que j'ai pensé
et eux aussi, je crois.
- " Mon gamin" .
- C'est lui qui le dit le mieux.
C'est l'acteur avec qui il a eu
le plus de mal dans sa carrière !
Le jeu ne pouvait pas être faux.
Il ne pouvait qu'être vrai.
Justin était incroyable.
Je n'ai jamais vu un enfant
jouer aussi bien.
- Tu as oublié le lait.
- Non. On met le lait en dernier.
On oublie des choses
quand on s'amuse.
Je voulais juste voir si tu suivais.
Quand est-ce que maman
te laissait cuisiner ?
Pas en morceaux. J'aime pas.
Peu importe,
ça ne change rien au goût.
En plus,
les toasts sont toujours pliés.
Dans les meilleurs restaurants,
on plie les toasts.
Il y a plus à manger.
Dans la scène des toasts, le jeu
de Dustin Hoffman est incroyable.
On a répété...
mais quand ils se sont mis à filmer,
ça n'avait plus rien à voir.
Je crois que l'histoire de plier
le pain et de le tremper...
c'était improvisé.
J'ai oublié si les toasts brûlés,
c'était improvisé...
ou si c'était dans le scénario
ou dans le bouquin.
On trouvait toujours le moyen
d'improviser sur le moment.
Papa, ça brûle !
- Quoi ?
- Ça brûle !
Et merde ! Elle fait chier !
Merde.
Quand il fait tomber la poêle...
il est vraiment dans le vif du sujet.
C'est comme si tout avait explosé.
On est vraiment au coeur du problème.
Quel travail formidable !
Justin arrivait et on lui expliquait
ce qu'on allait faire.
La scripte, Renata,
lisait les répliques avec lui.
Puis, on s'asseyait et on répétait.
Enfin, il jouait la scène avec Dustin.
Un jour, comme on s'appréciait
beaucoup avec Justin, je lui ai dit :
"Justin, tu ne parles pas
comme ça, en vrai.
On dirait un de ces gamins
qui jouent dans les sitcoms."
Du genre : " D'accord, papa !"
ou quelque chose dans ce goût-là.
Il m'a regardé.
Il était très futé.
Je lui ait dit :
"Tu sais, tu es très mûr.
Ton jeu est vrai." Il avait réussi
à incarner un autre enfant.
Je crois que Bob a dit aux parents,
qui furent très surpris...
de l'empêcher de
mémoriser ses répliques.
Ou de se préparer.
Juste de l'emmener...
et qu'on se chargerait du reste.
Maman achète celle
avec les ronds oranges.
- C'est pareil.
- Elle dit que c'est la meilleure.
Dustin m'a aidé à me connaître.
Il m'a aidé à comprendre
et à concrétiser des choses...
que j'avais en moi sans le savoir...
Il m'a aidé à les canaliser.
Il était mon modèle...
mon professeur, mon mentor...
mon ami.
Il apprenait très vite.
Il a tout de suite compris...
qu'on ne voulait pas Billy,
mais Justin.
Tu as pensé à rapporter
la glace aux pépites de chocolat ?
"J'ai pensé à rapporter
la glace au pépites de chocolat"...
mais tu n'en auras pas
avant d'avoir fini ton assiette.
Où vas-tu ?
Reviens ici, de suite.
Dustin a beaucoup contribué au film.
La scène de la glace, que beaucoup
considèrent comme l'empreinte...
ou la signature du film,
est tellement réaliste !
On a tous vécu ça.
On a tous senti la frustration
monter dans ce genre de moments.
Fais attention à toi.
Arrête ça tout de suite,
je te préviens.
Ce n'était pas dans le scénario.
Je m'en souviens, parce que
ma fille Jenna m'a fait le coup.
J'ai raconté l'histoire à Justin...
avant qu'on joue la scène.
Je lui ai dit :
"Tu sais ce que ça me rappelle ?"
Je lui ai raconté l'histoire de Jenna.
J'ai dit :
" Elle a sorti la glace du freezer."
Plein d'angoisse, il m'a dit :
" Et après ?"
J'ai dit : " Elle a désobéi.
Elle l'a prise et l'a mangée."
Il a dit : "Je veux faire pareil."
J'ai répondu : "Vas-y !"
Le cameraman et l'éclairagiste
ont bondi et ont dit :
"On a prévu d'éclairer la table.
Pas le réfrigérateur." !
Tu m'écoutes ?
Tu vas m'écouter, oui ?
Ne fais pas l'idiot.
Repose ça et finis ton dîner avant.
Si tu en manges une bouchée,
ça va aller mal.
C'était formidable. On s'éclatait.
Il y allait à fond.
J'ai dit : "Je dois parler à Bob" .
Bob était dans la pièce à côté
et étudiait le planning avec Stanley.
Quand Dustin avait une idée,
il me disait :
" Ne dis pas non
avant d'avoir écouté."
Je n'avais qu'une envie : dire non.
Mais j'ai écouté.
Je me souviens que Stanley a fait...
Ça impliquait
qu'on refasse tout l'éclairage...
ce qui aurait pris entre 30
et 40 minutes. Mais il a accepté.
C'était génial. Irrésistible.
C'était tellement mieux
que le scénario. C'était parfait.
Je te préviens,
je ne le répéterai pas.
Ça a plu à Bob.
C'est un bon point de plus pour lui...
parce qu'en général, les gens
veulent tourner ce qui a été prévu.
C'est comme quand on réserve
une table dans un resto qu'on adore.
En y allant, on en voit un autre...
et quelqu'un dit :
"Allons plutôt là !"
C'est pas évident
de convaincre tout le monde.
C'est un restaurant
qu'on n'a jamais essayé.
Bob a dit : " D'accord" .
- Je te dé*** !
- Moi aussi, sale merdeux !
- Je veux voir maman !
- Tu n'as que moi.
Je veux voir maman !
Certains passages étaient
directement inspirés de la réalité.
C'est ce qui met le film
à la portée de tout le monde.
La plupart des gens cherchent
à faire un film générique.
Nous, on cherche à faire
un film unique. On se dit :
"Si ça nous est arrivé,
c'est aussi arrivé à d'autres."
C'est une autre façon de travailler,
plus très en vogue aujourd'hui...
car le montage
est beaucoup plus rapide.
Mais à l'époque, dans les années 70...
Ies gens s'intéressaient aux
comportements de leurs semblables.
Je revois encore Dustin criant :
" Non ! Ne coupez pas !"
Parce que souvent,
c'est avant un plan ou juste après...
qu'on est le plus sincère à l'écran...
et que l'histoire coule
le plus naturellement du monde.
Il faut dormir, maintenant.
Il est très ***.
Bonne nuit.
- Fais de beaux rêves.
- N'aie pas peur des bêtes.
Je te verrai demain matin.
- Papa ?
- Oui ?
Je t'aime.
Moi aussi, je t'aime.
L'essentiel du travail
avec Dustin Hoffman...
...consistait à improviser.
J'avais moi-même
beaucoup improvisé au théâtre...
car je faisais partie du groupe Second
City de Paul Sills dans les années 60.
J'adorais l'improvisation
et ça ne me posait aucun problème.
Mais j'étais ravie que Benton
soit là pour écrire...
Ie produit fini, le scénario.
Jane est unique.
C'était un petit rôle...
mais il lui a valu une nomination
pour un oscar...
parce qu'elle y a mis
énormément de coeur.
Dis-moi où tu étais.
En fait...
mon professeur de français
m'a finalement invitée.
- Quand ?
- L'autre jour.
Un dîner galant ?
Deux amis
qui parlent de tout et de rien.
C'est peut-être ma scène préférée
dans le film.
Tout y est si vrai !
Deux personnes qui s'apprécient...
et discutent au parc
tout en gardant leurs enfants.
C'est l'exemple parfait d'une scène
à la fois écrite et improvisée.
Ils commençaient à se connaître
et à connaître leur personnage.
Ils pouvaient leur faire faire
ce qu'ils voulaient.
Les mots n'étaient
que des mots qu'on devait...
On parlait beaucoup,
même entre les prises.
Pour entrer dans notre jeu.
"Comment ça va, Jane ?
Quelles nouvelles ?
Tu as un petit ami ?
Ça se passe bien ?
Combien de temps a duré
ta plus longue histoire d'amour ?"
Il me dit qu'il est marié...
qu'il fait une analyse.
- Il me raconte sa vie...
- Splendide !
et pendant ce temps, je pense...
que je paye la baby-sitter
3, 25 $ de l'heure...
pour écouter ses problèmes.
Papa ! Regarde !
- Lâche ce truc.
- J'y vais.
Tu m'entends ?
Nestor a arrangé le plan...
pour qu'on puisse disposer des
protections autour de l'aire de jeu.
Il y avait
toutes sortes de protections :
des coussins de caravane, des sacs de
sable ! C'était la plus haute chute...
même si je ne tombais
que d'1 ,2 m environ.
Tout le monde paniquait,
à cause de l'assurance.
Stanley a dit,
juste avant de tourner :
" Formons un cercle de gens autour
au cas où il y ait un problème."
Bien sûr, j'ai loupé les coussins.
Je crois que c'est Stanley...
qui m'a redirigé vers eux.
Ensuite, on a étendu Justin
au bon endroit...
avec du faux sang.
Et là, il savait qu'il devait pleurer.
C'était la 1 ère fois
qu'il le faisait devant une caméra.
Comme tout acteur, il disait :
"Qu'est-ce que je vais faire ?"
Quand je raconte ça à des amis,
ils me trouvent cruel.
Ils se demandent
comment j'ai pu faire ça à un enfant.
Mais il fallait avoir vécu
la relation qui nous unissait...
pour comprendre.
J'ai commencé à lui parler
et à lui dire...
combien l'équipe et moi-même
aimions travailler avec lui.
A cette époque, il ne savait pas...
combien les rapports avec l'équipe
et les acteurs sont éphémères...
et que quand c'est fini, c'est fini.
Parfois, on ne les revoit plus jamais.
Et parfois,
on les revoit très rarement.
Mais ça ne sera plus jamais
la même chose.
Je faisais exprès de lui dire ça,
car il adorait travailler.
Il était couché dans la tache de sang,
et me regardait.
J'ai dit : "Tu sais, Eddie Brown,
le cameraman que tu aimes bien ?"
Tu ne vas peut-être
jamais revoir aucun de nous.
Ses yeux se sont remplis de larmes
et j'ai dit :
"Tu ressens quelque chose,
n'est-ce pas ?"
J'en parle parce que
dans un sens, c'était de l'impro.
Pendant cette séquence,
je ne me suis jamais senti manipulé.
Je m'amusais bien,
et apprendre à pleurer...
en pensant à des choses tristes,
c'était chouette !
C'était super de contrôler
mes émotions comme je voulais !
Mais à la fin,
il ne s'arrêtait plus de pleurer.
Tout le monde était un peu angoissé
car il avait à peine 6 ans.
" Coupez ! Splendide !"
Et il sanglotait toujours.
Je me souviens
que je l'ai pris dans mes bras...
et que j'ai un peu marché avec lui.
J'ai dit : "Tu te sens mieux ?"
Et lui : "Oui, oui."
J'ai répété : "Tu es sûr ?"
Il a répondu, inconsolable : "Oui !"
J'ai dit : "Tu as été très bon.
Tu t'en es rendu compte ?"
Il a répondu : "Oui, oui."
J'ai dit : " Ça fait quoi de pleurer
pour de vrai dans une scène ?"
Et il a répondu : " C'était génial !"
Et ça coulait... Je lui ai dit :
"Tu es un acteur, alors !"
- Je n'y vois rien !
- Pose ta tête.
Attention !
J'ai écrit cette scène
avec un très long travelling...
qui commence
quand il quitte le parc...
et se termine
quand il arrive à l'hôpital.
Je crois qu'il y a deux coupes...
ou plus, parce qu'il fallait aller
aussi vite que Dustin.
Il a couru une fois,
deux fois, trois fois...
J'avais très peur.
Ils m'expliquaient que les conducteurs
étaient des cascadeurs.
Qu'ils contrôlaient chaque voiture.
Pauvre Dustin !
Il n'arrêtait pas de courir !
Et avec un gamin de 30 kg
dans les bras !
Ce bout de chou
n'était pas si léger que ça !
Justin avait une bonne
masse musculaire.
Il était sacrément lourd !
Mais je savais
qu'une fois la porte ouverte...
j'entrais et on coupait !
Je pouvais le laisser tomber
comme un sac de pommes de terre...
sur le sol !
"Débrouille-toi tout seul,
maintenant. "
Ils cousent un petit coussin
à côté de ma tête.
On dirait que le médecin
est en train de me recoudre.
Il fallait trouver le bon moment
pour gémir.
Quand personne ne parle,
pour ne pas les interrompre.
On a mis au point un code.
Quand Dustin serrait ma tête,
ça voulait dire que je devais gémir.
Je ne voyais pas les mains du docteur.
Quand le docteur
plantait l'aiguille comme ça...
Justin était naturellement très doué.
Il n'avait que 7 ans...
et jouait avec un naturel
extraordinaire.
Je me souviens d'une scène où
il était dans un chariot d'hôpital...
Il venait de tomber, à l'hôpital...
et on s'apprêtait à tourner.
Le petit Justin m'a regardée
et m'a dit :
"Où est mon Dustin ?
Où est mon Dustin chéri ?"
Il était si mignon !
prendre un bain tous les soirs...
et se laver les cheveux
deux fois par semaine, non ?
- Pas vrai ?
- Oui.
D 'accord.
Dustin était formidable
avec ce petit garçon.
Vraiment formidable.
Il s'est débrouillé...
pour qu'il tombe amoureux de lui.
Je ne le faisais pas avec maman.
Je me fiche de ce que tu faisais
avec ta mère...
Pas vrai, papa ?
Tu m'écoutes ?
On en reparlera ce soir,
d'accord ?
Embrasse-moi.
Quoi ?
Tu es super.
C'est le tournant du film :
Meryl revient...
et réclame son fils.
Au moment même où je deviens
père et mère à la fois.
Je veux mon fils.
C'est impossible.
Ne sois pas agressif.
Je ne suis pas agressif.
Qui est partie il y a 15 mois ?
Je m'en fiche.
Je suis encore sa mère.
A 4 500 km de distance.
Tes cartes postales
ne te donnent pas le droit de revenir.
Je n'ai jamais cessé d'y penser.
Qui te dit
qu'il veut que tu reviennes ?
Et qui te dis qu'il ne veut pas ?
C'était sa scène.
Pourtant, j'entendais
une petite voix qui me disait :
"Je veux Billy" .
On a répété plusieurs fois.
C'était sa scène !
Mais j'ai dit à Benton :
" Il y a quelque chose qui cloche."
Je n'arrivais pas
à expliquer ce que c'était.
J'ai dit : " Il y a quelque chose...
Je suis vraiment furieux...
C'est juste que je ne supporte pas...
Ça me rend fou. "
- Ne me parle pas comme ça.
- Je m'en doutais.
Fais ce que tu veux,
et moi aussi.
Je suis désolée.
Fais ce que tu dois faire.
Le verre qui se brise
contre le mur du restaurant...
était le fruit de l'invention
et de la spontanéité de Dustin.
Je crois que c'était une scène
improvisée.
En improvisation,
on ne fait pas mieux.
J'ai dit au cameraman :
"Tu vois ce verre sur la table ?"
On parlait
comme deux voisins de cellule...
qui ne veulent pas être entendus
par les gardiens.
Moi : "Tu vois ça ?"
Lui : "Ouais."
"Si je l'envoie valser
en me levant...
Je ne l'enverrai pas par terre,
mais vers le mur...
pour ne pas risquer de la blesser."
C'était un vrai verre. Je lui ai dit :
"Tu l'as dans le plan ?"
" Déplace-le un peu vers la gauche."
J'y retourne et il me dit...
Je le regarde et il me fait...
Personne ne sait ce qu'on trafique.
Il est prêt.
Benton est au courant,
il sait que je voudrais la refaire.
Meryl pense que je veux faire
quelque chose, mais ignore quoi.
Elle ne s'attend pas à ces sottises.
Et ça tourne !
Ça m'a fait un bien fou.
Et elle est vraiment...
Elle est elle-même.
Vous savez,
Meryl fait beaucoup de...
Pendant 99 % de son temps,
elle ne "joue" pas.
Elle est spontanée. Mais ici,
elle l'est plus que d'habitude !
Elle était furieuse.
J'ai appris plus ***,
pendant la promotion du film...
qu'il était vraiment...
Qu'il m'en voulait.
Et je... Lui, Dustin,
m'en voulait à moi, Meryl.
Je ne savais pas !
Je ne sais pas pourquoi !
J'ai lu des articles.
Quand on l'interviewait,
il disait...
qu'il était furieux contre moi
et que je jouais avec lui.
Qu'il avait l'impression de jouer
au tennis contre Pete Sampras...
qu'il devait être prêt à bondir.
Je ne sais pas jouer au tennis
et je n'avais aucun défi à relever.
Je suis sûr que, tout au long du film,
j'ai transféré sur elle...
Ies émotions que je ressentais
vis-à-vis de la femme...
dont je me séparais en vrai.
C'était la 1 ère fois, dans un film...
que mon jeu d'acteur
se confondait avec ma vie privée.
Un écrivain ou un peintre...
peuvent exorciser ce qu'ils
ressentent à travers leur oeuvre.
Nous, c'est différent.
C'est assez inhabituel
de vivre un divorce...
mon premier et unique divorce...
et, au même moment, de jouer
le rôle d'un homme qui divorce.
Les gens pensaient
que c'était douloureux.
Je disais : " C'est super."
Comme Justin qui disait :
" C'est génial !"
Parce que...
C'était extraordinaire.
Je n'avais qu'à me pointer...
et eux, à mettre la caméra en marche !
Il a passé sa colère sur le verre
au lieu de la passer sur moi.
Je devrais lui être reconnaissante !
Dustin parvient à obtenir...
tellement de choses des acteurs
hors caméra !
Parfois, il les déstabilise
complètement !
Il dit quelque chose
qui n'a rien à voir avec le scénario.
Il attend une réponse spécifique.
C'est une approche de réalisateur.
Il m'arrivait
de vouloir étrangler Dustin.
Je voulais terminer ce qu'on faisait
et remettre le reste à demain.
Dustin refusait.
Et il avait raison !
J'apprenais à lui faire confiance.
Je commençais par râler,
mais c'est ça aussi, faire un film !
Il faut permettre aux autres
d'avoir des idées.
Tant que ça reste
dans les limites...
de ce à quoi on croit pour son film.
Bob Benton est...
un réalisateur qui m'a rendue
insupportable...
pour les gens
avec qui j'ai travaillé depuis.
Il m'a appris le sens du mot
"collaboration" .
J'ai cru que tout le monde
travaillait comme ça.
Ce n'est pas le cas.
Grâce à lui,
je me suis sentie importante...
alors que je n'apparais
que 1 5 mn dans le film.
Parfois, il s'arrachait les cheveux...
tellement on allait loin
dans la collaboration.
C'est un homme adorable, avant tout.
C'est pour ça
que c'est un grand réalisateur.
Il sait où il va.
Et il sait
que pour réussir à obtenir...
ce qu'il veut des acteurs,
il ne faut pas les forcer.
Il ne faut pas insister.
Il ne dit jamais non.
Il dit : " C'est très intéressant."
Ce qui signifie : " C'est la pire idée
que j'aie jamais entendue."
Mais il est très doué
pour écouter les gens...
Iaisser de côté
ce qu'il n'aime pas...
et ne garder que ce qu'il aime.
Il n'a pas l'orgueil du scénariste
et pense qu'on peut trouver mieux.
Je tournais aussi dans le film
de ***, Manhattan.
Et *** disait :
" Il y a une virgule au milieu
de cette phrase.
C'est pas pour rien.
Tu devrais t'en tenir au scénario,
d'accord ?"
Moi, je pensais :
"Très bien ! Mais dans l'autre film,
on me laisse faire ce que je veux."
A la fin du film... Aucun autre
réalisateur ne m'a dit ça.
Il m'a demandé
si je voulais être co-scénariste.
Comme un idiot, j'ai refusé !
J'aurais reçu un autre oscar !
C'était typique de Bob
et très généreux de sa part.
Il n'y a souvent
qu'une ou deux personnes à l'écran.
On peut se concentrer sur elles.
Bob est, à mon avis...
très doué pour dégager la vérité
dans ce genre de moments.
Dustin est doué
pour trouver sa vérité.
Il avait peur de ne pas trouver
la vérité dans sa déposition.
La conception de Meryl était :
"Où est la vérité ?"
Ils étaient libres
de jouer avec leur déposition.
Mme Kramer,
depuis quand êtes-vous mariée ?
Huit ans.
Diriez-vous
que c'étaient huit ans de bonheur ?
Les deux premières, oui.
Mais après, c'est devenu
de plus en plus difficile.
J'ai dit à Meryl,
dans un moment d'euphorie :
"J'ai écrit ta déposition
pour la scène du tribunal.
Le fond de la déposition me plaît.
Je suis satisfait du début
et de la fin...
mais j'ai l'impression...
qu'elle est écrite par un homme
pour une femme.
Pourrais-tu la réécrire
et me montrer ce que ça donne ?"
1 5 minutes plus ***,
j'ai oublié que je lui avais dit ça.
Le 1 er jour de tournage
au tribunal...
Meryl arrive et me dit :
"J'ai réécrit la déposition
comme tu me l'avais demandé."
Soudain, ça m'est revenu
et j'ai pensé :
" Mais qu'est-ce que j'ai fait ?"
Je vais perdre une journée de travail.
Ça va être affreux."
J'ai dit que j'allais y jeter un oeil.
C'était écrit à la main.
C'était même pas tapé.
C'était un peu trop long...
mais c'était parfait.
Billy n'a que sept ans.
Il a besoin de moi.
Je ne dis pas
qu'il n'a pas besoin de son père...
mais je crois
qu'il a plus besoin de moi.
J'ai été sa mère
pendant cinq ans et demi...
et Ted a pris la relève
pendant 18 mois.
Elle y a mis ce qu'il fallait pour
que son discours soit génial.
Je ne sais pas
comment on peut penser...
que mon rôle de mère
serait moins important...
que celui de M. Kramer.
Je suis sa mère.
Je suis sa mère.
Quand elle dit ça,
on ne peut plus lutter.
C'est quelque chose
que je n'aurais jamais écrit.
Je n'ai jamais divorcé, mais j'ai
des amis qui ont vécu ça...
où tout est entre les mains
des avocats et où tout est déformé.
Le divorce prend toute sa réalité
quand on perd l'autre.
Il devient impossible
de se parler.
On ne se connaît plus.
Dans un sens, c'est pour ça que les
drames dans les tribunaux sont si...
inexorables.
Les gens posent la main
sur la Bible...
et jurent de dire la vérité.
Mais c'est une vérité intime...
et celle qui doit leur permettre
d'obtenir ce qu'ils veulent.
Sur le tournage, il y a quelque chose
qui n'a pas échappé à Benton.
Il a assisté à l'un des meilleurs
moments de ma carrière d'acteur.
Ma carrière d'acteur de cinéma
qui a duré environ 35 ans.
Ça ne lui a pas échappé.
Il s'agit de...
C'est quelque chose de très personnel.
Meryl avait perdu son compagnon...
très peu de temps avant le tournage.
John Cazale.
Je crois qu'on prononce comme ça.
Il avait joué dans Godfather
et Dog Day avec Pacino.
Je savais qu'elle ne s'en était
toujours pas remise.
C'est le genre de choses
dont on ne se remet jamais.
Je suis allé trouver Meryl
et je lui ai dit quelque chose.
Je ne sais plus quoi,
mais ça avait à voir avec John.
Je lui ai demandé de me regarder
à un moment précis.
Avez-vous échoué dans la plus
importante relation de votre vie ?
Oui ou non ?
Non.
Mon signe de tête
n'avait rien à voir...
avec les répliques,
c'est-à-dire avec le texte.
Mon signe de tête...
Iui montrait que je savais
que John lui manquait toujours.
Je lui avais dit quelque chose
à propos de ça.
C'est comme
s'il s'était passé quelque chose.
Benton voulait voir
ce qu'elle regardait hors-champ.
Il m'a vu faire ça.
Ça l'a un peu agité.
Il m'a demandé :
"Qu'est-ce qui s'est passé ?
Elle a fait ça et toi ça."
J'ai dit : " Non, c'est juste..."
Il a dit : "Tu as l'air de lui dire
qu'elle n'a rien à se reprocher.
Je veux tourner ton passage
une nouvelle fois."
Ça aussi,
c'est un moment-clé du film.
Ces deux personnes se sont aimées.
Ils se battent pour la garde...
mais malgré eux,
car c'est vraiment ça...
malgré eux,
un contact s'établit.
Le rêve qu'ils ont partagé
dans leur vie de couple...
et leurs efforts pour le réaliser...
Ça s'est effondré.
C'est une vraie tragédie
de ce point de vue-là.
Ils sont obligés d'écouter.
Ils sont obligés de s'écouter.
Ils sont obligés de se souvenir
qu'ils se sont aimés.
C'est un moment décisif
dans la narration...
Ia scène du tribunal.
Elle a une importance capitale.
Elle marque le début
de la réconciliation.
Le plus important, c'est
qu'il y a un terrain d'entente...
dans la relation
entre Ted et Joanna.
Ils ne reviennent pas ensemble,
mais trouvent une solution pour Billy.
Tu es prêt ?
On a tourné la fin une 2ème fois...
parce qu'au début, elle disait :
"Je ne supporte pas
le regard des autres" .
On aurait dit
qu'elle se sentait coupable.
Benton a trouvé
que c'était trop abrupte...
sa manière de revenir et de dire :
"Je te le rends" .
Je me suis demandé
ce qu'elle ressentirait vraiment...
et ce que ça ferait d'arracher
cet enfant à son environnement.
Je suis venue
ramener mon fils à la maison...
mais il a déjà une maison.
Je l'aime beaucoup.
Elle fait
le dernier acte héroïque du film.
Elle ne renonce pas à Billy
parce qu'elle ne l'aime pas...
mais parce qu'elle l'aime.
Je me souviens
que j'étais enceinte...
quand on a tourné
la dernière scène.
C'est la meilleure façon
d'être filmé en gros plan.
Ils ne peuvent pas filmer le ventre !
Elle m'a regardé, dans sa peau
de Meryl et m'a demandé :
" De quoi j'ai l'air ?"
Elle avait pleuré
dans la scène précédente.
Le mascara, tout ça... Elle ne
voulait pas qu'il coule partout.
Elle s'était un petit peu arrangée
pour sa dernière scène.
J'ai dit : "Tu es superbe."
Benton a dit :
"Quoi ? Qu'est-ce que tu as dit ?"
J'ai dit : " Elle veut savoir de quoi
elle a l'air pour sa dernière scène."
Il savait que le film
finirait comme ça.
Super.
Je ne crois pas
que ce soit la fin de l'histoire.
Je crois que ce n'est qu'un début.
Quand on a un enfant...
même divorcé, on est impliqué
dans la vie de l'autre, pour toujours.
Elle est de nouveau de la partie.
Ils ne vivent pas ensemble...
mais ils traversent ces moments
tous ensemble.
Qui sait où Billy...
Je suis sûre qu'à l'adolescence,
on l'a envoyé chez sa mère !
Le succès du film m'a étonnée.
C'était une belle histoire,
mais "sans prétention" .
Elle a ému énormément de gens.
J'ai vécu une expérience formidable.
C'était génial.
En arrivant, je ne connaissais rien...
et en repartant,
j'étais devenu quelqu'un d'autre.
Le film a été très bien accueilli.
C'était formidable...
de faire partie de cette aventure...
et d'être aussi attaché
à toutes les personnes...
qui avaient partagé cette expérience.
Quand je suis ressortie
de la projection...
tout le monde s'exclamait : "Waouh !"
Peut-être que Benton
avait tout prévu...
derrière la caméra
quand on tournait...
J'ai été surpris que des ados
aillent voir le film.
Je pensais
qu'ils l'auraient boudé.
Mais, en fait...
soit ils étaient des enfants
de divorcés...
ou leurs meilleurs amis l'étaient.
Ils avaient besoin de savoir
que ça finirait bien...
sans pour autant...
tomber...
dans des platitudes.
Je crois que Kramer vs. Kramer a eu
des répercussions dans notre culture.
Des juges spécialisés dans
les conflits familiaux m'ont dit...
qu'ils s'étaient servi de ce cas...
pour rendre
leurs décisions de justice.
On m'a même dit qu'on s'y référait
pour résoudre des conflits...
aussi souvent
qu'à n'importe quel autre précédent.
Je crois que ça a provoqué...
des changements culturels.
Il y avait une sténographe
qui tenait le rôle...
de sténographe, justement,
dans le film.
J'imagine qu'aucun acteur
ne pouvait le faire aussi bien...
que cette femme,
dont c'était le métier.
Je parle avec les gens. Un jour
qu'on discutait entre deux prises...
j'ai dit : "Vous êtes spécialisée
dans les divorces ?"
Elle m'a répondu :
"J'ai arrêté. J'en pouvais plus.
C'était trop douloureux.
J'adore ce que je fais maintenant."
" C'est-à-dire ?"
" Les homicides."
C'est bien mieux !
Elle m'a regardé et m'a dit :
" Ça n'a rien à voir.
Un divorce, c'est plus...
Peu importe la gravité de l'homicide.
Rien n'égale la souffrance et
le stress d'une audience de divorce.
Je suis toujours partante
pour un homicide."