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Merde.
Vous cherchez du travail,
les vauriens ?
Amenez vos petites fesses ici
au plus vite.
Au mont Brokeback,
les services forestiers
ont des camps désignés
sur les lotissements.
Ces camps sont à 5 ou 6 km
des pâturages de nos moutons.
Des prédateurs en volent si personne
ne les surveille, la nuit.
Je veux un responsable
qui reste au camp principal,
comme les services
forestiers l'exigent.
Mais le berger,
il va monter une tente discrètement,
près des moutons,
et il va coucher là.
Tu soupes et tu déjeunes au camp,
mais tu dors avec les moutons
100 % du temps.
Pas de feu, ne laisse pas de trace.
Démonte ta tente chaque matin,
au cas où des agents viendraient.
Allô ?
Non.
Non !
Pas sur ta chienne de vie.
Tu as tes chiens, ta carabine,
tu couches là.
J'ai perdu près de 25 % du troupeau,
l'été dernier. Plus jamais ça.
Toi.
Le vendredi midi,
tu viens sous le pont
avec ta liste d'épicerie
et tes mules,
et on t'apportera des provisions
au point de rencontre.
Demain matin, on te conduira
au point de départ.
- Jack Twist.
- Ennis.
- Tes parents se sont arrêtés là ?
- Del Mar.
Heureux de te rencontrer,
Ennis Del Mar.
C'est ma deuxième année ici.
L'an dernier, pendant un orage,
la foudre a tué 42 moutons.
Je pensais que j'allais être
asphyxié par l'odeur.
Aguirre m'a engueulé, comme si
je contrôlais le temps qu'il fait.
Mieux que de travailler
pour mon père, remarque. Impossible.
C'est pour ça que j'ai commencé
le rodéo. Tu en as déjà fait ?
De temps en temps,
je veux dire, tu sais,
quand j'ai de quoi payer
les droits d'inscription.
Ouais.
Tu viens d'un ranch ?
J'en venais.
Tes parents t'ont mis dehors ?
Non, ils se sont tués. Il y avait
une seule courbe en 70 km de route,
et ils l'ont manquée.
Alors la banque a repris le ranch.
J'ai surtout été élevé
par mon frère et ma sœur.
Merde, dure vie.
Je peux ? Merci.
Ne les laisse pas s'éloigner,
sinon Joe aura ta peau.
Une chose à savoir,
ne commande jamais de soupe.
Pas faciles à emballer,
ces boîtes de soupe.
Eh bien, je ne mange pas de soupe.
Fais attention ici.
Ce cheval s'énerve facilement.
Je ne connais pas de jument
qui puisse me jeter à terre.
On y va, à moins que tu veuilles
continuer à te tourner les pouces.
Ah, merde.
J'ai hâte d'avoir mon propre ranch
et de ne plus avoir à endurer
Joe Aguirre.
Moi, j'économise
pour m'acheter un ranch.
Alma et moi, on va se marier
quand j'aurai fini mon travail ici.
Quelle merde,
rester avec les moutons, pas de feu.
Aguirre n'a pas le droit
de nous faire briser les règles.
Plus de fèves.
Maudit. Merde !
- Je ne sais pas.
- Un problème ?
Oui, et alors...
Pourquoi on n'a pas eu
de lait en poudre et de patates ?
C'est tout ce qu'on a.
Bon...
La liste pour la semaine prochaine.
- Tu manges de la soupe ?
- J'en ai assez des fèves.
C'est trop tôt dans l'été
pour en avoir assez des fèves.
Allez.
Allez. Allez.
Attendez.
Merde.
Revenez ici !
Attendez !
C'est bon. Oublie ça.
D'accord, mon salaud.
Où étais-tu, merde ?
J'ai passé la journée
avec les moutons, je suis affamé
et tout ce qu'on a, c'est des fèves.
Qu'est-ce qui s'est passé, Ennis ?
Je suis tombé sur un ours.
Le cheval a eu peur,
les mules ont foutu le camp
et dispersé la nourriture partout.
Les fèves, c'est tout ce qu'on a.
Tu as du whisky ou autre chose ?
Stupides mules.
Je n'en reviens pas. Maudit.
Laisse-moi voir.
Merde.
Il faut faire quelque chose
au sujet de la nourriture.
Je pourrais tuer un mouton.
Oui, et si Aguirre
s'en rend compte ?
On est supposé les garder,
pas les manger.
C'est quoi ton problème ?
Il y en a des milliers.
Je vais m'en tenir aux fèves.
Bien, pas moi.
Ouais !
J'en avais assez que tu vises mal.
Allons-y.
Faudrait pas que l'agence de Chasse
et Pêche nous trouve avec un élan.
Allez. Merde.
Ouais, je voyage
quatre heures par jour.
Je rentre déjeuner,
je retourne chez les moutons.
Le soir, je les couche.
Je viens souper,
je retourne chez les moutons.
Je passe la moitié de la nuit
à guetter les coyotes.
Aguirre n'a pas le droit
de me forcer à faire ça.
On peut changer.
Je m'en fous de coucher là-haut.
C'est pas le problème. On devrait
tous les deux être au camp.
La foutue tente
sent la pisse de chat, ou pire.
Ça ne me dérangerait pas
d'être là-haut.
Eh bien, je serais heureux
d'échanger avec toi.
Mais je t'avertis,
je suis pourri en cuisine.
Je suis assez habile
avec l'ouvre-boîte, par contre.
Tu ne peux pas être pire que moi.
Voilà.
Tu ne dormiras pas beaucoup,
laisse-moi te dire.
Ouais. Allez.
J'ai tué un coyote là-haut.
Toute une bête, avec des couilles
grosses comme des pommes.
Il aurait pu manger un chameau.
Tu veux de l'eau chaude ?
Elle est toute à toi.
Je ne fais pas beaucoup de rodéo.
C'est quoi le but
de monter du bétail
pendant huit secondes ?
- L'argent, c'est un but.
- C'est vrai.
Si tu ne te fais pas piétiner
en essayant de le gagner.
Ouais.
Mon père, il montait des taureaux.
Merci.
Il était assez connu dans son temps.
Mais il gardait ses secrets
pour lui.
Il ne m'a rien enseigné,
il n'est jamais venu me voir monter.
Ton frère et ta sœur,
ils te traitent bien ?
Ils ont fait de leur mieux
quand mes parents sont morts.
Considérant que tout
ce qu'ils nous ont laissé,
c'est 24 $ dans un pot de café.
J'ai fait un an d'école secondaire.
C'était avant que la transmission
du camion nous laisse tomber.
Puis, ma sœur est partie à Casper
avec son mari, un ouvrier foreur.
Moi et mon frère,
on est partis travailler
sur un ranch près de Worland
jusqu'à ce que j'aie 19 ans,
puis il s'est marié.
Et il n'y avait plus de place
pour moi.
C'est comme ça que j'ai abouti ici.
Quoi ?
Tu viens de parler plus que dans
les deux dernières semaines.
Je viens de parler plus
que dans la dernière année.
Mais mon père,
il était bon au lasso.
Il ne faisait pas de rodéo.
Il disait que les cow-boys de rodéo,
c'étaient des ratés.
Me semble !
Bien...
Voilà.
J'enfonce mes éperons dans son corps
en saluant les filles dans la foule.
Il se débat comme un fou,
mais je ne tombe pas. Que non !
Je pense que mon père avait raison.
La tente n'a pas l'air correct.
Elle n'ira nulle part. Laisse faire.
Cet harmonica ne sonne pas correctement,
non plus.
Il s'est fait un peu aplatir quand
cette jument m'a jeté par terre.
- Ah, oui ?
- Oui.
Tu disais que cette jument
ne te jetterait pas à terre.
Elle a eu de la chance.
Si j'avais eu de la chance,
l'harmonica aurait cassé en deux.
Je sais que je te rencontrerai
le jour du jugement dernier
Jésus, toi qui marches sur l'eau,
emmène-moi !
- Très bien.
- Ah, oui.
Ma mère, elle croit à la Pentecôte.
C'est vrai ?
C'est quoi au juste, la Pentecôte ?
Ma famille, c'était des méthodistes.
La Pentecôte.
Je ne sais pas ce que c'est,
la Pentecôte.
Maman ne me l'a jamais expliqué.
Je pense que c'est la fin du monde,
quand les gars comme nous
vont en enfer.
Parle pour toi.
Tu as peut-être péché, mais moi,
je n'en ai pas eu l'occasion.
Merci.
Merde !
- Il faut que j'aille aux moutons.
- Qu'ils aillent au diable.
Non, je...
Tu tiens à peine debout.
Trop *** pour les moutons.
Tu as une couverture en trop ?
Je vais me coucher là,
faire la sieste
et retourner là-haut à l'aube.
Tu vas te geler les fesses
quand le feu va s'éteindre.
Oh, ça va.
Tu devrais dormir sous la tente.
Ouais.
D'accord.
- Ennis !
- Quoi ?
Arrête de jacasser et viens-t'en !
Allez, allez.
Qu'est-ce que tu fais ?
On se voit au souper.
Oui. On y va.
Viens.
C'est une affaire d'une fois,
ce qui s'est passé.
Ça ne regarde que nous.
Tu sais que je ne suis pas ***.
Moi non plus.
Je m'excuse.
Ça va.
Ça va.
Couche-toi. Allez.
Twist.
Ton oncle Harold a été hospitalisé
pour une pneumonie.
Les médecins ne pensent pas
qu'il s'en sortira.
Ta mère m'envoie faire le message,
alors me voilà.
Mauvaise nouvelle.
Il n'y a rien que je puisse
faire d'ici, je suppose.
Pas plus qu'en étant
là-bas, j'imagine.
À moins que tu puisses guérir
la pneumonie.
Maudit ! Jésus !
Les moutons vont se disperser
si je ne retourne pas là-haut !
Tu vas tomber de cheval
par une tempête pareille.
Tu vas regretter de l'avoir tenté !
C'est trop froid ! Ferme-la !
On fait quoi maintenant, hein ?
On essaie de séparer
ces moutons chiliens des nôtres.
Oh ! Où est-ce qu'il est ? Merde !
La moitié des foutues
marques de peinture sont effacées.
Il faut qu'on essaie. Faut au moins
qu'on en ait le bon nombre.
- Salaud d'Aguirre !
- Oui, salaud d'Aguirre.
Et si on a de nouveau besoin
de travailler pour lui ?
Il faut qu'on tienne le coup, Jack.
Tu vas encore faire fuir les moutons
avec tout ce bruit.
Qu'est-ce que tu fais ?
Aguirre est encore venu
faire un tour.
Il dit que mon oncle n'est pas mort,
après tout.
Il dit de faire descendre
les moutons.
Pourquoi les faire descendre ?
On est à la mi-août.
Il y a une tempête qui s'en vient
depuis le Pacifique.
Pire que la dernière.
La neige est à peine restée
une heure.
En plus, le salaud, il nous coupe
tout un mois de paye.
Ce n'est pas correct.
Bien...
Je peux te prêter de l'argent,
si tu en manques.
Je te le donnerai
quand on sera à Signal.
Je n'ai pas besoin de ton argent.
Je ne suis pas à la rue,
tu sais. Merde !
Très bien.
On y va, cow-boy.
- Viens ici !
- On n'est pas au rodéo, cow-boy.
Oh, merde !
Ennis. Ennis.
Viens ici. Ça va ?
- Ça va ?
- Ouais.
Il y en a qui ne sont pas montés
avec vous.
Le compte n'est pas ce à quoi
je m'attendais, non plus.
Vous, les employés de ranchs,
vous êtes des bons à rien.
Appuie sur l'accélérateur.
Je ne peux pas croire
que j'aie oublié ma chemise là-haut.
Ouais.
Tu reviens l'été prochain ?
Peut-être pas.
Comme j'ai dit, moi et Alma,
on va se marier en novembre.
Alors...
Je vais essayer
de trouver du travail sur un ranch.
Et toi ?
Je vais peut-être aller
chez mon père, l'aider pour l'hiver.
Je vais peut-être revenir.
Si l'armée ne me met pas
la main dessus.
Bon, je suppose qu'on se reverra.
Très bien.
Qu'est-ce que tu regardes ? Hein ?
"Et pardonnez-nous nos offenses
"comme nous pardonnons aussi
à ceux qui nous ont offensés.
"Ne nous soumets pas à la tentation,
mais délivre-nous du mal.
"Car le royaume, le pouvoir
et la gloire sont tiens. Amen."
Par les pouvoirs
qui me sont accordés,
je vous déclare mari et femme.
Vous pouvez embrasser la mariée.
Sinon, moi je le ferai.
- Ça va ?
- Non.
Arrête !
S'il te plaît, pas ça !
Ma femme veut que je laisse
cet emploi.
Elle dit que je suis trop vieux
pour pelleter de l'asphalte.
Je lui ai dit que dans ma famille,
on a le dos fort et l'esprit faible.
Elle n'a pas trouvé ça drôle.
Je lui ai dit
que ça me tient en forme.
- Bonjour.
- Bonjour.
Je suis arrivé *** hier,
je ne voulais pas vous réveiller.
Oh ! Non, j'étais juste...
Je voulais vous parler
avant que le sergent arrive.
C'est illégal de stationner
sur la plage.
Ouais !
Eh bien, regardez donc
ce qui vient d'arriver.
Bonjour, M. Aguirre.
Je me demandais
si vous aviez besoin d'aide cet été.
Tu perds ton temps ici.
Vous n'offrez pas de travail ?
Il n'y a rien au mont Brokeback ?
Je n'ai pas de travail pour toi.
Est-ce qu'Ennis Del Mar
est passé par ici ?
Vous avez vraiment trouvé
un moyen de passer le temps.
Twist,
je ne vous payais pas pour laisser
les chiens garder les moutons
pendant que vous vous bécotiez.
Maintenant, fous le camp d'ici.
Comment vont mes filles ?
Pas mal.
Jenny a encore le nez qui coule.
Ennis, tu pourrais essuyer le nez
de la petite Alma ?
Si j'avais trois mains,
je le pourrais.
Les filles vont bien ?
Oui. Jenny ne tousse plus.
Je devrais les emmener en ville
en fin de semaine.
Leur payer une crème glacée,
quelque chose, quoi.
On ne peut pas déménager en ville ?
J'en ai assez
de ces vieux ranchs solitaires.
Junior n'a personne avec qui jouer.
Et j'ai peur pour Jenny,
si jamais elle avait encore
une crise d'asthme.
Non. C'est trop cher,
vivre en ville.
Il y a un loyer pas cher à Riverton,
au-dessus de la buanderie.
Je pourrais l'arranger
pour que ça soit beau.
Tu pourrais arranger cette maison
si tu le voulais.
Ennis.
Je sais que tu aimerais ça aussi.
Un logement à nous,
des amis pour les filles.
Elles ne seraient pas élevées
en solitaire, comme toi.
Tu ne veux pas
qu'elles soient si seules, non ?
Ouais.
Viens ici.
On ne se sent plus trop seuls,
qu'en dis-tu ?
- Tu es sûr que les filles dorment ?
- Ouais.
Viens ici.
Ennis.
Laissez-la aller, les gars !
Jack Twist s'accroche à la vie !
Et il tombe ! Attention, les gars !
Il veut votre peau.
Faites sortir les clowns !
- Une belle performance de M. Twist.
- Merde !
Quatre secondes.
On les applaudit,
nos propres clowns de rodéo !
Donne-nous des bières, Doug.
J'aimerais payer une bière à Jimbo.
Le meilleur clown de rodéo
avec qui j'ai travaillé.
Non merci, cow-boy.
Si je laissais ceux que j'ai sauvés
d'un taureau
me payer un verre, il y a longtemps
que je serais alcoolique.
Vous tirer des pattes des taureaux,
c'est mon travail.
Alors garde ton argent
pour ta prochaine compétition.
Tu as essayé d'attraper
des veaux au lasso ?
J'ai l'air de pouvoir me payer
un cheval dressé pour ça ?
On devrait se rapprocher, non ?
Non. Allez, arrête.
Jenny va avoir peur.
Regarde cette foule !
Il risque d'y avoir pas mal
de chattes à sauter ici.
Excitées par
les ardeurs patriotiques,
prêtes à se faire prendre
comme des bêtes.
Où penses-tu
qu'il y a le plus de chattes ?
À Las Vegas ou en Californie ?
Merde, je ne sais pas.
Mais entre le Montana et le Wyoming,
je choisis le Wyoming.
Baissez le ton,
j'ai deux petites filles ici.
Va chier. Trou du cul.
Il a dû arrêter de baiser sa femme
quand les enfants sont nés.
- Tu sais comment c'est.
- Ouais.
Ennis, on s'en va.
On s'en va, d'accord ?
Je ne veux pas de problèmes.
Vous devriez fermer
vos sales gueules, compris ?
Tu devrais écouter ta femme.
- Vraiment ?
- Oui, bouge-toi ailleurs.
Eh bien ? T'as envie
de perdre la moitié de tes dents ?
Pas ce soir, l'ami.
J'aimerais mieux pas.
La voici, mesdames et messieurs !
Regardez-la filer !
Voici Lureen Newsome.
Elle vient d'ici, Childress, Texas !
Allez, vous tous,
applaudissez-la chaleureusement !
Elle tourne au deuxième baril !
La voici au troisième !
Allez, tout le monde,
on l'aide à terminer !
Allez ! Allez !
Un temps de 16 secondes,
neuf centièmes !
Et voici Cheyenne Hodson,
venue tout droit de Cody, Wyoming !
Vas-y, ma fille !
Elle s'approche du deuxième !
- Quelqu'un ici vient du Wyoming ?
- Madame.
Qu'en dites-vous, mes amis ?
Vas-y, Cheyenne.
Un temps de 17,2 secondes !
Et voici Scotty Griffiths,
de Lubbock au Texas.
Vas-y, Scotty !
Maudite affaire !
Applaudissez Scotty Griffiths.
Meilleure chance
la prochaine fois, cow-boy.
Je vous le dis, quelle façon
de gagner sa vie !
Maintenant, une future vedette !
Jack Twist, venu tout droit
de Lightning Flat, Wyoming.
Il monte Sleepy.
Espérons qu'il ne s'endorme pas !
On y va !
Ils sont partis !
Regardez Sleepy aller, mes amis !
Il veut sa liberté !
Vas-y, tourne et tourne et tourne !
Ouah ! Quelle montée, cow-boy !
Voyons ce qu'en disent les juges !
Je vous le dis, mes amis,
je pense qu'on a un champion !
Tu connais cette fille ?
Bien sûr. Lureen Newsome.
Son père vend de l'équipement
de ferme. De la machinerie.
Des tracteurs à 100 000 $,
des choses comme ça.
Tu attends quoi, cow-boy ?
L'appel de la femelle ?
Oh, attends, attends.
Tu ne penses pas
que je vais trop vite ?
Peut-être qu'on devrait ralentir.
Vite ou lentement,
j'aime où tu t'en vas.
- Tu es pressée.
- C'est à cause de mon père.
Il veut que je rentre
avec la voiture avant minuit.
Viens ici, viens ici.
- Salut, Monroe.
- Salut, Ennis.
Alma est là ?
Dans l'allée des condiments.
- Des quoi ?
- Le ketchup.
Merci.
Ton fils va rejouer cette année ?
- Excuse-nous !
- Oui, excuse-moi.
Salut, chéri.
Que faites-vous tous ici ?
Je suis pressé.
Le patron a appelé
et il veut que je monte au ranch.
Maman.
Toutes les génisses ont dû décider
d'accoucher en même temps.
J'ai pensé te laisser les filles.
Ennis, c'est-à-dire...
Il faut que je m'occupe
d'un million de choses ici.
J'en ai encore pour trois heures.
- Maman, je veux des crayons.
- Pas maintenant, Alma.
Ennis, s'il te plaît.
Tu avais promis de t'en occuper.
Alma, je ne peux pas m'absenter
quand les veaux naissent.
Si un seul veau meurt,
je perds mon travail.
Et mon travail à moi ?
D'accord, ça va. J'appelle ma sœur.
- Je verrai si elle peut les garder.
- C'est bon.
Sois sage pour maman, d'accord ?
Je reviens cette nuit.
Ramène du steak haché,
si tu y penses.
Viens ici. Oh, Alma, s'il te plaît !
Mon Dieu.
- D'accord.
- Monroe, je suis désolée.
Ça va. Ça va, Alma.
Je nettoie tout
dès que j'ai appelé ma sœur
pour qu'elle les prenne.
Vraiment, Alma, ça va. Je m'en occupe.
- Alma, viens avec moi.
- Attention à tes pieds.
Alma.
- C'est comme ma main.
- Chérie, une surprise pour toi.
Salut.
J'ai deux boîtes de lait maternisé
pour toi.
C'est vrai ?
- 120 boîtes de conserve.
- 120 ?
L.D., où les as-tu mises ?
Sur le siège arrière de l'auto,
où je les ai laissées.
Rodéo peut aller les chercher.
L.D., je vois déjà
à qui le petit Bobby ressemble.
Beau travail, fillette.
C'est le portrait craché
de son grand-père.
N'est-il pas le portrait craché
de son grand-père ?
Ouais.
Regardez-moi ces yeux.
Salut.
Salut, chérie.
Dis, Ennis, tu connais quelqu'un
qui s'appelle Jack ?
Peut-être. Pourquoi ?
Tu as eu une carte postale.
C'était à la poste restante.
Mon ami, j'aurais dû écrire avant.
De passage le 24.
Dis-moi si tu y seras.
Jack.
Tu as été cow-boy avec lui ou quoi ?
Non, Jack, il fait des rodéos.
On allait à la pêche ensemble.
BUREAU DE POSTE DES ÉTATS-UNIS
c'est sûr.
- Tu peux colorier celui-là aussi.
- Je vais colorier la plage.
- On pourrait trouver une gardienne.
- Quoi ?
Inviter ton ami au Knife and Fork.
Non. Jack n'est pas
du genre restaurant.
On va probablement sortir se soûler.
S'il se pointe.
Encore une bouchée
et ton souper est terminé.
Ça, c'est une belle bouchée.
Tu peux quitter la table.
S'il te plaît. Merci.
Jack le sale Twist.
Enfant de chienne.
Viens ici.
Alma, je te présente Jack Twist.
Jack, voici ma femme, Alma.
- Comment allez-vous ?
- Enchantée.
Tu as un enfant.
J'ai deux petites filles,
Alma Junior et Jenny.
- J'ai un fils.
- C'est vrai ?
Huit mois. Il sourit beaucoup.
J'ai marié
la plus belle fille de Childress.
- C'est vrai ?
- Lureen.
Bon, moi et Jack,
on sort boire quelque chose. Ça va ?
- Ça marche.
- Ravi de vous avoir rencontrée.
On ne rentrera peut-être pas,
si on se met à boire,
à discuter, et tout.
Ennis ?
Tu me ramènerais des cigarettes ?
Il y a des cigarettes
dans la poche de ma chemise bleue.
Elle est dans notre chambre.
- Quatre ans. Maudit !
- Oui, ça fait quatre ans.
Je ne pensais plus avoir
de tes nouvelles.
Je pensais que tu étais fâché
à cause du coup de poing.
L'été suivant,
je suis retourné à Brokeback,
voir si Aguirre avait du travail.
Et puis...
Il m'a dit que tu n'y étais pas
retourné, et je suis parti.
Je suis allé au Texas
faire du rodéo.
C'est là que j'ai connu Lureen.
J'ai gagné 2 000 $ à monter
des taureaux. Failli mourir de faim.
Le père de Lureen est plein aux as.
Il vend de l'équipement de ferme.
Il me hait pour mourir, forcément.
- Tu n'es pas allé dans l'armée ?
- Non, pas assez en forme.
Les rodéos, c'est pas comme du temps
de mon père.
J'ai arrêté pendant que je pouvais
encore marcher.
Je te jure, je ne pensais pas
qu'on recommencerait ça.
En fait, oui.
J'ai fait de la vitesse.
J'avais trop hâte d'arriver ici.
- Et toi ?
- Moi ? Je ne sais pas.
Je ne sais pas.
On ne se remet pas de Brokeback.
On fait quoi maintenant ?
Je ne sais pas
si on peut faire quelque chose.
Je suis pris avec ce que j'ai ici.
Je passe tout mon temps
à essayer de gagner ma vie.
Salut.
Moi et Jack, on va à la montagne
pour un jour ou deux.
On va pêcher un peu.
Tu sais, ton ami pourrait entrer
boire un café.
Eh bien, il vient du Texas.
Les Texans ne boivent pas de café ?
Le contremaître ne va pas
te mettre dehors ?
Tu sais, le contremaître,
il m'en doit une.
J'ai travaillé pendant une tempête
à Noël, tu te rappelles ?
C'est juste pour un jour ou deux.
Apporte du poisson, papa.
Un très, très gros !
Viens ici. Viens ici.
Viens ici.
Je te verrai dimanche au plus ***.
Je suis affamé. Tu veux manger ?
Ouais.
Le dernier dans l'eau !
Il y a des trucs intéressants
là-haut, au paradis ?
Je faisais une prière
de remerciements.
Pourquoi ?
Parce que tu as oublié
d'apporter ton harmonica.
J'apprécie le calme et le silence.
Tu sais, on pourrait être comme ça,
exactement comme ça, tout le temps.
Oui ? Comment on ferait ça ?
Si toi et moi on avait
un petit ranch quelque part,
si on élevait des veaux
et des vaches ? Ce serait bien.
Je veux dire, le père de Lureen,
il me paierait
pour que je foute le camp.
Il l'a plus ou moins déjà dit.
Non, je...
Je t'ai dit
que ça ne serait pas comme ça.
Tu sais,
tu as ta femme et ton bébé au Texas.
J'ai ma vie à Riverton.
Vraiment ?
- Toi et Alma, c'est une vie ?
- Ne dis rien sur Alma.
Ce n'est pas sa faute.
Le problème, c'est que
si on est l'un près de l'autre
et que ça nous prend à nouveau,
au mauvais endroit,
au mauvais moment,
on est morts.
Je te le dis,
il y avait deux hommes ensemble
sur un ranch, d'où je viens.
Earl et Rich.
On riait d'eux en ville,
même si c'était des durs.
Quoi qu'il en soit,
on a trouvé Earl mort
dans un fossé d'irrigation.
On l'avait battu avec un fer
et des éperons
et on l'avait tiré par la queue
jusqu'à ce qu'elle tombe.
- Tu as vu tout ça ?
- Oui, j'avais à peu près neuf ans.
Mon père s'est assuré
que mon frère et moi le voyions.
Pour ce que j'en sais,
c'est peut-être lui qui l'a tué.
Deux gars qui habitent ensemble ?
Jamais de la vie.
On peut se voir de temps en temps,
au milieu de nulle part, mais...
"De temps en temps."
Une fois tous les quatre ans ?
On ne peut rien faire, Jack.
Il faut vivre avec.
Pendant combien de temps ?
Aussi longtemps qu'on peut tenir.
Cette bête n'a pas de rênes.
C'est presque l'heure du souper.
Où vas-tu ?
Travailler !
- Je pensais que tu avais congé !
- Tu t'es trompé.
- Il faut faire manger les filles.
- Alors, fais-le !
Alma ! Alma !
Le souper est sur le poêle !
On ne mangera pas
si tu ne nous sers pas !
J'ai déjà promis
de faire un jour de plus !
Dis-leur que tu as fait
une erreur, alors.
Maudit, Alma ! Alma !
- Vous voulez que je vous pousse ?
- Non.
Écoutez-la ronronner, messieurs !
Ce n'est pas votre Cadillac
qui va faire ça !
Je vous ai dit ce qu'elle peut faire
et maintenant, je vous le montre.
LES ÉQUIPEMENTS NEWSOME
Cet imbécile ne montait pas
des taureaux, avant ?
Il essayait.
Chérie, tu as vu mon manteau bleu ?
La dernière fois, tu le portais.
Le jour de la tempête de verglas.
Il me semblait bien l'avoir vu ici.
Tu sais...
Tu vas au Wyoming
depuis toutes ces années.
Pourquoi ton ami ne vient pas
pêcher au Texas ?
Parce que les monts Bighorn
ne sont pas au Texas.
Et puis, je ne crois pas
que son camion tiendrait le coup.
Le nouveau modèle arrive
la semaine prochaine.
Tu es notre meilleur vendeur
de moissonneuses-batteuses.
Le seul, en fait.
Je serai de retour.
Si je ne meurs pas de froid.
Et je mourrai sans mon manteau.
Eh bien, je ne l'ai pas,
ton sale manteau.
Tu es pire que Bobby pour ce qui est
de perdre des choses.
Parlant de Bobby,
tu as appelé l'école
au sujet du tuteur ?
Je pensais que tu appellerais.
Je me plains trop.
L'enseignant ne m'aime pas.
- Maintenant, c'est ton tour.
- D'accord, je le ferai plus ***.
C'est bon. D'accord.
Au revoir.
J'ai 14 heures de route devant moi.
Non, tu vois, ce n'est pas juste.
Tu vas là-bas deux,
trois fois par année
et lui ne vient jamais.
Ennis, ils engagent
à la centrale électrique.
Ça paie peut-être bien.
Maladroit comme je suis,
je m'électrocuterais.
C'est le pique-nique de l'église
en fin de semaine.
Tu seras revenu
de ton voyage de pêche ?
S'il te plaît, papa !
D'accord, tant que je n'ai pas
à chanter.
Merci papa.
Tu oublies quelque chose ?
- Tu es en retard.
- Regarde ce que j'ai apporté.
Comme ça.
Voilà ! Pas de mains !
Elle est toute à toi ! Toute à toi.
Venez, venez.
Entre, Alvin.
Ça fait des heures
que j'essaie de t'appeler.
C'est samedi soir.
On peut encore se mettre chics
et aller à la soirée de l'église.
Ces obsédés de l'enfer ?
Il me semble que ça serait bien.
Ennis.
Endettés comme on est,
ça me rend nerveuse
de ne pas prendre de précautions.
Si tu ne veux plus d'enfants de moi,
ça me fera plaisir
de te laisser tranquille.
J'en voudrais
si tu pouvais les faire vivre.
La garde des deux enfants mineurs,
Alma Del Mar Jr.
Et Jennifer Del Mar,
revient à la plaignante.
Le défendeur devra lui payer
une pension alimentaire
de la somme de 125 $ par mois
pour chaque enfant mineur
jusqu'à ce qu'elles atteignent
l'âge de 18 ans.
Le divorce des Del Mar est prononcé
en ce 6 novembre 1975.
BIENVENUE AU WYOMING
Roi de la route !
Entre.
Que fais-tu ici ?
J'ai appris pour ton divorce.
Viens ici.
Bon, voici Jack.
Jack, voici mes filles.
- Alma Jr. Et Jenny.
- Salut.
- Dites bonjour, les filles.
- Bonjour.
J'ai reçu ta carte, comme quoi
ton divorce est officiel.
- Oui.
- Alors, me voici.
J'ai dû demander
où tu avais déménagé
à 10 personnes à Riverton.
J'imagine que ça veut dire que tu...
Non, Jack, je ne sais pas quoi dire.
J'ai la garde des filles
en fin de semaine, et...
Eh bien, je...
Je suis vraiment désolé.
Tu dois me croire.
Je ne les ai qu'une fois par mois
et j'ai raté le mois dernier.
Alors j'ai juste...
Il fallait rassembler les bêtes.
Alors...
- Eh bien...
- Oui, ça va.
Jack.
Je te verrai
le mois prochain, alors.
EL PASO 104
JUAREZ-FRONTIÈRE MEXICAINE 109
Ça s'en vient.
On y va. On y est !
Minute, Rodéo.
C'est le chef qui fait le service,
par ici.
C'est sûr, L.D.
Je voulais vous épargner la tâche.
Bobby, si tu ne manges pas
ton souper,
je vais fermer la télé.
Pourquoi, maman ?
Je vais manger la même chose
pendant deux semaines.
Tu as entendu ta mère.
Tu finis ton repas,
et ensuite tu écoutes la partie.
Papa ?
Papa.
On ne mange pas avec les yeux.
Tu veux que ton fils
devienne un homme, hein, ma fille ?
Les garçons
devraient regarder le football.
Pas tant qu'il n'a pas terminé
le repas
que sa mère a mis trois heures
à préparer.
Assoyez-vous, vieux salaud !
C'est ma maison, c'est mon enfant
et vous êtes mon invité.
Assoyez-vous
avant que je vous botte le cul.
Papa, raconte-nous
quand tu montais des taureaux.
C'est une histoire courte,
ma chérie.
J'ai passé à peu près trois secondes
sur un taureau.
Il m'a envoyé planer dans les airs.
Sauf que je n'étais pas un ange,
comme toi et Jenny.
Je n'avais pas d'ailes.
C'est l'histoire de ma carrière
de monteur de taureaux.
Voilà.
Tu devrais te remarier, Ennis.
Moi et les filles, on s'inquiète
de te voir tout seul.
Quand on s'est fait prendre
une fois...
Tu vas encore à la pêche
avec Jack Twist ?
Pas souvent.
Je me demandais pourquoi
tu ne ramenais pas de truites.
Tu disais que vous en preniez plein,
et tu sais comme on aime le poisson,
moi et les filles.
Une nuit, j'ai ouvert
ton panier de pêche,
la nuit avant que tu partes
pour un de tes petits voyages.
Le prix était encore dessus,
après cinq ans.
J'ai attaché une note à ta ligne.
Ça disait : "Salut Ennis,
ramène du poisson. Bisous, Alma."
Tu es revenu l'air tout joyeux,
disant que vous aviez attrapé
des truites et les aviez mangées.
Tu te rappelles ?
J'ai regardé dans ton panier
dès que j'ai pu.
Ma note était encore là.
Ta ligne n'avait jamais
touché l'eau.
Ça ne veut rien dire, Alma.
N'essaie plus
de faire semblant, Ennis.
Je sais ce que ça veut dire.
Jack Twist.
- Alma.
- Jack contre nature !
Vous n'alliez pas pêcher.
Toi et lui...
Écoute-moi.
Tu ne sais pas ce que tu dis.
- Je vais appeler Monroe.
- Fais ça,
et je te fais manger le plancher.
Sors d'ici !
- Et toi aussi !
- Sors ! Sors !
Sors de ma maison, Ennis Del Mar !
Tu m'entends ? Sors d'ici !
Papa ?
Alma ?
Au revoir, papa !
Au revoir.
Eh ! Trou de cul, regarde où tu vas.
Jésus. Qu'est-ce que...
Jésus...
Espèce de trou du cul !
Maudit !
Mon Dieu. Maudit.
Ah, merde !
Maudit !
Tout ce que je dis, c'est que
ça donne quoi d'en gagner ?
Si les impôts ne le prennent pas,
l'inflation le bouffera.
Tu devrais voir Lureen
avec sa calculatrice.
Elle cherche les zéros.
Ses yeux deviennent tous petits.
C'est comme regarder un lapin
essayer d'entrer
dans un trou de serpent
avec un coyote au derrière.
Tout un divertissement,
si tu veux savoir.
Pour ce que ça vaut.
Entre toi et Lureen,
c'est normal et tout ?
Oui.
Elle ne se doute de rien ?
Tu as déjà eu l'impression que...
Je ne sais pas...
Quand tu es en ville,
que quelqu'un te regarde
l'air soupçonneux,
comme s'il savait ?
Tu es sur le trottoir,
et tout le monde te regarde
comme s'ils savaient tous aussi ?
Peut-être que tu devrais
partir d'ici.
Aller vivre ailleurs,
comme au Texas.
Le Texas ?
Tu pourrais peut-être
convaincre Alma
de laisser toi et Lureen
adopter les filles.
On pourrait tous vivre ensemble
avec les moutons.
L.D. Newsome ferait pleuvoir
de l'argent sur nous
et il y aurait des rivières
de whisky. Brillant, Jack.
Va chier, Ennis Del Mar.
Tu veux vivre ta chienne de vie ?
Vas-y.
- Bien.
- Je réfléchissais tout haut.
Ça réfléchit fort,
là-dedans. Maudit...
Jack le sale Twist.
Il pense à tout, hein ?
Ça va, chérie.
Je viens de finir de travailler.
Tu veux danser ?
- Je m'en allais...
- Je suis Cassie Cartwright.
Ennis. Del Mar.
Plus de danse pour moi, j'espère.
- Tu es en sécurité.
- Oui ?
- J'ai mal aux pieds.
- Dur travail, c'est ça ?
Oui, des soûlons comme toi
qui veulent bière après bière,
qui fument. On s'en fatigue.
Tu fais quoi dans la vie,
Ennis Del Mar ?
Eh bien, aujourd'hui,
j'ai castré des veaux.
Qu'est-ce que tu fais ?
J'essaie de me faire
masser les pieds, idiot.
D'accord.
C'est bien ?
J'étais dans la sororité Tri Delta,
à l'université.
Et je n'aurais jamais pensé
que je finirais dans un trou
comme Childress.
Puis j'ai rencontré Randall
à un match de football,
et il étudiait l'élevage
des animaux.
Ça fait un mois qu'on est ici,
et il est contremaître
sur le ranch de Roy Taylor.
Que ça me plaise ou non, me voilà !
Tu étais dans Tri Delta ?
Moi, j'étais dans Kappa Phi.
Bon, même si nous ne sommes pas
de la même sororité,
on va peut-être devoir
danser ensemble, Lureen.
Nos maris ne sont pas du tout
intéressés à danser.
Ils n'ont pas le moindre
sens du rythme.
C'est drôle, non ?
On dirait que les maris ne veulent
jamais danser avec leur femme.
Pourquoi c'est comme ça, Jack ?
Je ne sais pas.
Je n'y ai jamais pensé.
Vous voulez danser ?
- Oui, merci.
- Ça vous ennuie ?
- Non, allez-y.
- D'accord.
Excusez-nous.
Merci de m'avoir demandé de danser.
J'apprécie vraiment.
Randall ne le fait jamais.
La dernière fois,
c'était à notre mariage.
Heureusement que toi et Lureen
nous avez secourus,
sinon on serait encore pris
au bord de la route
dans ce foutu camion.
J'ai dit : "Prenons l'auto".
Évidemment, il ne m'écoute jamais.
Il ne m'écouterait pas plus
s'il savait qu'il devenait sourd.
Je lui ai dit qu'il faudrait plus
que de la gomme et du fil
pour réparer le camion.
Il n'a jamais été
très bon mécanicien.
Viens par ici et dis-moi,
as-tu remarqué que les femmes
se poudrent le nez
avant d'aller à une fête ?
Et qu'elles le poudrent de nouveau
à la fin de la fête ?
Pourquoi se poudrer le nez
pour rentrer dormir à la maison ?
Je ne sais pas.
Même si je voulais savoir,
Lashawn ne me laisserait pas
le temps de le demander.
- Elle parle jusqu'à manquer d'air.
- Elle est enjouée.
Tu aimeras travailler
pour Roy Taylor.
- Il est fiable, Roy.
- Oui, c'est quelqu'un de bien.
Il a un petit chalet au lac Kemp.
Une cabane de pêche,
un petit bateau.
Il a dit que je pouvais m'en servir
quand je voulais.
On pourrait y aller,
une bonne fin de semaine.
Boire un peu de whisky, pêcher.
S'évader, tu sais ?
Je venais de finir l'université.
J'aurais pu prendre
n'importe quel job à North Dallas.
Alors j'ai choisi Neiman Marcus.
Un vrai désastre,
parce qu'en matière de vêtements,
je n'ai aucune volonté.
Je dépensais plus que je gagnais.
Plus que Randall ne gagnera jamais.
On vient par ici
pensant voir des gros chapeaux
et des Marlboros.
On n'était vraiment pas à jour.
Salut, Junior. Tu es prête ?
Qu'en penses-tu ?
Ton père va penser à se remarier,
un jour ?
Je ne sais pas. Peut-être
que ce n'est pas son genre.
Tu crois que ça ne l'est pas ?
Ou tu crois que je ne suis pas
la bonne femme pour lui ?
Tu fais l'affaire.
Tu ne parles pas beaucoup,
mais tu te fais comprendre.
Désolée. Je ne voulais pas
être impolie.
D'accord.
Tu restes debout, cow-boy.
Excuse-moi, chérie.
La prochaine fois, je vous prendrai
après la messe, toi et Jenny.
D'accord.
Ça va ?
Oui.
Tu es sûre ?
Papa, je me disais,
avec le nouveau bébé et tout,
maman et Monroe sont
pas mal sévères avec moi.
Plus avec moi qu'avec Jenny, même.
Je pensais
que je pourrais peut-être...
Je pourrais peut-être
habiter avec toi.
Je t'aiderais beaucoup,
je sais que je pourrais.
Tu sais bien
que je ne peux pas t'accueillir.
C'est bientôt le temps
de rassembler les bêtes,
je ne serai jamais à la maison.
Ça va, papa.
- Je dis pas que je voudrais pas...
- Ça va, je comprends.
On se verra dimanche, alors.
Au revoir.
Au revoir, chérie.
Il va neiger ce soir, c'est sûr.
Ouais.
Après tout ce temps,
tu ne t'es toujours pas remarié ?
Je me tape
une jolie jeune femme de Riverton.
Elle est serveuse. Elle veut devenir
infirmière, quelque chose du genre.
Je ne sais pas trop.
Toi et Lureen, comment ça va ?
Lureen est bonne
pour faire des ventes de machinerie,
mais pour ce qui est
de notre mariage,
on pourrait régler ça au téléphone.
J'ai une petite aventure avec
la femme du contremaître
d'un ranch à Rutters.
- Quoi ?
- Je risque de me faire tuer
par Lureen ou son mari
chaque fois qu'on se voit.
Tu le mérites probablement.
Je vais te dire une chose.
La vérité, c'est que...
Parfois, tu me manques tellement
que c'est dur à supporter.
Je vais aller
dans le coin de Lightning Flat.
Voir la famille
pour un jour ou deux.
Il faut que je te dise une chose.
Je ne pourrai pas revenir par ici
avant le mois de novembre.
Après avoir envoyé le bétail
et avant l'alimentation d'hiver.
En novembre.
Et le mois d'août, tu en fais quoi ?
Bien...
Merde, Ennis.
Tu as eu toute la semaine
pour m'en glisser un mot.
Pourquoi on est toujours
dans le froid ?
On devrait aller dans le sud,
là où il fait chaud !
On devrait aller au Mexique.
Au Mexique ?
Jack, tu me connais.
Le plus long voyage que j'ai fait,
c'est autour d'une cafetière
pour en trouver la poignée.
Allez, Jack.
Quelque chose de plus simple.
On peut chasser en novembre.
Tuer un bel élan.
J'essaierai d'avoir
le chalet de Don Wroe.
On s'était bien amusés
cette année-là, non ?
Il n'y a jamais assez de temps,
jamais assez.
Tu sais, mon ami,
on est dans une maudite chienne
de situation insatisfaisante.
Avant, c'était facile de te voir.
Là, c'est comme voir le pape.
Jack, il faut que je travaille.
Avant, je laissais tomber
le travail.
Toi...
Tu oublies ce que c'est,
d'être tout le temps cassé.
La pension alimentaire, tu connais ?
Je te dis,
je ne peux pas laisser mon travail
ni partir en vacances.
C'était déjà assez dur
d'avoir ce congé.
J'ai renoncé à celui du mois d'août.
Tu as une meilleure idée ?
J'en ai déjà eu une.
Tu en as déjà eu une.
Tu es déjà allé au Mexique,
Jack Twist ?
J'ai entendu dire ce qu'ils ont
pour les gars comme toi, au Mexique.
Oui, merde, je suis allé au Mexique.
C'est quoi le maudit problème ?
Je vais te le dire une seule fois,
Jack le sale Twist.
Et je ne blague pas.
Toutes les choses que j'ignore
pourraient causer ta mort,
si jamais je les apprenais.
Je ne blague pas.
Eh bien, en voilà une
que je ne dirai qu'une fois.
- Vas-y !
- Je vais te dire une chose.
On aurait pu vivre ensemble.
Avoir une belle vie.
Un ranch à nous !
Mais tu n'en voulais pas, Ennis.
Alors ce qu'on a maintenant,
c'est le mont Brokeback !
Tout ça part de là.
C'est tout ce qu'on a.
Alors j'espère que tu sais ça,
si tu n'en sais jamais plus !
- Maudit.
- Tu comptes les rares fois
qu'on a été ensemble
en près de 20 ans,
tu mesures la laisse
que tu m'as passée au cou,
tu me parles du Mexique
et tu me dis que tu me tueras
parce que j'ai besoin d'une chose
que je n'ai presque jamais.
Tu n'as aucune idée
à quel point ça me manque !
Je ne suis pas comme toi.
Je ne peux pas me contenter
de quelques baises en montagne
une ou deux fois par année !
Tu es trop pour moi, Ennis.
Enfant de chienne de fils de pute !
J'aimerais savoir
comment te laisser !
Alors pourquoi tu ne le fais pas ?
Pourquoi tu ne me laisses pas
tranquille, hein ?
C'est à cause de toi, Jack,
que je suis comme ça.
Je ne suis rien.
Je ne suis nulle part.
- Ça va.
- Lâche-moi !
Ça va aller. Ça va aller.
Va chier, Ennis.
Je ne peux plus
vivre comme ça, Jack.
Viens, tu dors debout
comme un cheval.
C'est ce que ma mère me disait
quand j'étais petit.
Et elle chantait pour moi.
Il faut que j'y aille.
Je te verrai demain matin.
Excuse-moi.
Salut.
Ennis Del Mar.
Tu étais où ?
Ici et là.
J'ai donné un message pour toi
à Steve au ranch.
Et tu dois avoir eu les notes
que j'ai laissées chez toi.
On dirait que j'ai compris
le message, de toute façon.
Carl ?
Oui, j'aime bien Carl.
Il parle, même.
Un plus pour toi.
Ouais.
Un plus pour moi.
Je ne te comprends pas,
Ennis Del Mar.
Je suis désolé.
Je n'étais probablement
pas trop amusant, n'est-ce pas ?
Les filles ne tombent pas
amoureuses des hommes amusants.
DÉCÉDÉ
Jack - Novembre, qu'en dis-tu ?
J'irais à Pine Creek pour toi.
Ennis Del Mar
- Allô ?
- Allô, c'est Ennis Del Mar.
Qui ? Qui parle ?
Ennis Del Mar,
je suis un vieil ami de Jack.
Jack a déjà parlé de vous.
Vous alliez à la pêche
ou à la chasse, je sais ça.
Je vous aurais informé
de l'accident,
mais je n'étais pas sûre
de votre nom ni de l'adresse.
Jack gardait les adresses
de ses amis dans sa tête.
C'est pour ça que j'appelle,
pour savoir ce qui s'est passé.
Ah, oui.
Jack gonflait un pneu du camion
qui avait crevé
sur une petite route,
et le pneu a explosé.
La jante du pneu l'a frappé
en plein visage,
cassant son nez et sa mâchoire.
Il a perdu connaissance.
Le temps que quelqu'un arrive,
il s'était noyé dans son sang.
Il n'avait que 39 ans.
Allô ? Allô ?
Allô.
Il est enterré par chez vous ?
On a mis une pierre.
Il a été incinéré,
comme il le voulait.
La moitié de ses cendres sont ici,
l'autre moitié avec sa famille.
Il voulait qu'on répande ses cendres
au mont Brokeback,
mais je ne savais pas où c'était.
J'ai pensé que c'était dans le coin
où il avait grandi.
Connaissant Jack,
c'est peut-être un endroit
qu'il a inventé,
avec des oiseaux bleus qui chantent
et une rivière de whisky.
Non, madame.
Nous étions bergers à Brokeback,
un été.
C'était en 1963.
Il disait que c'était
son endroit préféré.
Je croyais qu'il voulait dire
pour se soûler. Il buvait beaucoup.
Sa famille est encore
à Lightning Flat ?
Ils y seront jusqu'à leur mort.
Merci de votre temps.
Je suis vraiment désolé.
Nous étions de bons amis.
Contactez sa famille.
Ils apprécieraient sûrement
que l'on réalise son dernier vœu.
Pour les cendres, je veux dire.
Vous voulez une tasse de café ?
Un morceau de gâteau aux cerises ?
Oui, madame. Je prendrai un café,
mais je ne peux pas manger de gâteau
pour le moment.
Je suis vraiment désolé pour Jack.
Merci.
Je ne peux vous dire à quel point
je suis désolé.
Je le connaissais depuis longtemps.
Je suis venu vous dire que
si vous voulez, je peux disperser
ses cendres au mont Brokeback,
comme sa femme dit qu'il le voulait.
Je serais heureux de le faire.
Je vais vous dire une chose.
Je sais où est le mont Brokeback.
Il se croyait trop bien
pour être enterré avec la famille.
Jack disait...
Il disait souvent : "Ennis Del Mar,
"un de ces jours,
je vais l'emmener par ici,
"et on va remettre ce maudit ranch
en bon état."
Il avait cette drôle d'idée
que vous alliez emménager ici
tous les deux,
construire une petite maison,
donner un coup de main sur la ferme.
Puis, le printemps dernier,
il parlait d'un autre gars
qu'il allait emmener ici,
construire une maison,
aider sur le ranch.
Un voisin à lui sur le ranch,
au Texas.
Il allait quitter sa femme
et revenir vivre ici.
C'est ce qu'il disait.
Mais comme la plupart
des idées de Jack,
ça ne s'est pas fait.
J'ai gardé sa chambre de garçon
comme elle était.
Je crois qu'il appréciait ça.
Vous pouvez aller voir sa chambre,
si vous voulez.
Oui, j'aimerais ça. Merci.
Je vais vous dire une chose.
Notre famille a une place
au cimetière. C'est là qu'il va.
Oui, monsieur.
Revenez nous voir.
Merci, madame.
- Salut, Junior.
- Salut, Papa.
Viens ici.
Tu aimes cette voiture ?
- Oui. Elle est à toi ?
- Elle est à Kurt.
- Tu ne sortais pas avec Troy ?
- Troy ?
Papa, ça fait deux ans.
Troy joue encore au baseball ?
Je ne sais pas ce qu'il fait.
Je sors avec Kurt maintenant.
- Il fait quoi, Kurt ?
- Il travaille dans le pétrole.
- C'est un ouvrier foreur, hein ?
- Oui.
Je suppose qu'à 19 ans,
on peut faire tout ce qu'on veut.
Oui.
- Papa, il te faut des meubles.
- Oui, bien,
quand tu n'as rien,
tu n'as besoin de rien.
Alors, c'est quoi, l'occasion ?
Moi et Kurt,
on va se marier.
Eh bien...
Alors, tu le connais
depuis longtemps, ce gars ?
À peu près un an.
On se marie le 5 juin
à l'église méthodiste.
Jenny va chanter
et Monroe s'occupe de la réception.
Bon. Ce Kurt,
il t'aime ?
Oui, papa.
Il m'aime.
J'espérais que tu y serais.
Oui.
Je dois rassembler des bêtes
dans le coin des Tetons.
Tu sais quoi ?
Ils peuvent se trouver
un autre cow-boy.
Ma petite fille se marie.
À Alma et Kurt.
Jack, je te jure...