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Comment vas-tu ?
MAISON DE L'ESPÉRANCE
- Sœur Helen la retardataire !
- J'ai un mot d'excuse de ma mère.
Besoin d'un nouveau cahier ?
Et toi, Melvin ?
L'assistant veut que nous allions
à leur réunion. Tu peux venir ?
Oui. De nouveaux livrets de poésie !
- Ton poème est tout taché.
- Taché ?
Sœur Helen, ce type m'a encore écrit.
- Qui ça ?
- Le détenu du couloir de la mort.
Ah, oui.
Vous pouvez lui écrire ?
Il a besoin de réconfort.
Oui. Je monterai après la classe.
- Il est taché !
- On arrive quand même à lire.
"Il y a une femme dans le noir,
elle a de grands bras pour vous serrer,
mais vous ne sentirez pas cette étreinte
avant de pouvoir voir son visage."
"Et vous attendez la lumière
au bout du tunnel."
- Idella, c'est très beau.
- Merci.
Apparemment, mon avocat a disparu.
J'ai besoin d'assistance juridique,
mais je me contenterai d'une visite.
C'est tellement silencieux ici.
Les condamnés à mort ne peuvent pas
se permettre d'avocat.
Ils nous appellent, désespérés,
- nous suppliant d'en trouver.
- Qui travaillent pour rien.
Exact. Les requêtes sont laborieuses.
Les avocats ne font pas
la queue pour s'en occuper.
MATTHEW PONCELET
PRISON DE LOUISIANE
Chère sœur Helen,
Merci de m'écrire. J'écris de chez moi,
une cellule de 2 mètres sur 3.
J'y passe 23 heures par jour.
Les condamnés à mort ne travaillent pas.
On est des cas spéciaux,
isolés des autres détenus.
On est l'élite, ceux qui vont y passer.
On se ramollit vite. Je soulève ma cantine
pour faire travailler mes muscles,
mais c'est dur de ne pas grossir.
Riz, pommes de terre, crêpes, haricots.
J'ai l'impression d'être une truie
qu'on engraisse pour Noël.
J'ai rêvé que j'allais griller sur la chaise
et qu'un gardien venait
avec une toque de cuisinier.
Il me roulait dans de la chapelure
en se léchant les babines.
Je suis peut-être pas très normal,
mais on déraille
quand on est entouré
de gens qui veulent vous tuer.
En tout cas, merci d'écrire.
Je reçois peu de lettres et de visites.
Personne dans ma famille
semble pouvoir venir ici. Je comprends.
Ça fait une trotte de Slidell.
- Bonjour.
- Bonjour, mon père.
- Sœur...
- Helen Prejean. Enchantée.
- Êtes-vous déjà venue dans une prison ?
- Non.
J'ai chanté avec sœur Clement
dans un centre éducatif renforcé.
Nous chantions "Kumbaya",
cela a plu aux garçons.
Ils ont changé les paroles,
"Quelqu'un s'évade, Seigneur..."
Les gardiens nous ont fait
chanter autre chose.
Et votre habit ?
Nous ne le portons plus depuis vingt ans.
Vous êtes au courant de la requête papale
sur la tenue des religieuses ?
Le pape a seulement parlé
de "vêtements distinctifs".
Vous l'interpréterez à votre gré,
comme bon vous semblera.
Matthew Poncelet.
Je me souviens de cette affaire.
Lui et un autre ont tué deux adolescents
d'une balle dans la nuque.
La fille a été violée,
et poignardée à plusieurs reprises.
Savez-vous dans quoi vous vous fourrez ?
De quoi s'agit-il, ma sœur ?
De fascination morbide ?
De compassion sentimentale ?
Il m'a écrit et m'a demandé de venir.
Il n'y a rien de romanesque ici.
Oubliez Jimmy Cagney criant
son innocence, demandant qu'on le croie !
Ce sont des taulards qui essaieront
de profiter de vous par tous les moyens.
Soyez très, très prudente.
Vous comprenez ?
Oui, mon père.
Ces hommes voient peu de femmes.
L'habit vous aiderait à inspirer le respect.
Si vous défiez l'autorité,
vous les encouragerez à en faire autant.
Femme à l'étage !
Attendez là-bas, on va vous l'amener.
Matthew, j'y suis arrivée.
Merci d'être venue.
Je m'attendais pas
à la visite d'une religieuse.
- Comme ça, vous êtes religieuse.
- Oui.
Je suis là pour vous écouter
et parler de ce que vous voulez.
Vous êtes sincère.
Que voulez-vous dire ?
Vous avez jamais fait ça.
Jamais vu un meurtrier de près.
- Pas que je sache.
- Où vous habitez, y a plein de négros.
Ils se descendent entre eux
comme un rien.
Quand j'ai vu "Helen" dans votre lettre,
j'ai pensé à mon ex-femme.
J'ai failli la déchirer.
C'est elle qui m'a dénoncé.
Elle a privé notre enfant de son père.
- Un enfant ?
- Un détenu père !
- Fille ou garçon ?
- Fille.
Comment elle s'appelle ?
- Que de questions !
- Je ne vous connais pas.
Ça n'a pas d'importance.
Vous écrivez que vous aidez les pauvres.
Un papa avocat.
Vous venez d'une famille riche, hein ?
Oui.
Et vous habitez dans un HLM ?
Qui est le plus fou de nous deux ?
- J'habite où je travaille.
- Dans la zone.
- Et vous ?
- J'habite ici.
Vous venez d'une famille pauvre ?
Y a pas de riche
dans le couloir de la mort.
Nous avons quelque chose en commun.
- Quoi ?
- Nous habitons avec des pauvres.
Vous me demandez pas ce que j'ai fait ?
- L'aumônier m'a mis au courant.
- Farley ?
C'est quelqu'un de très religieux.
J'ai tué personne. Carl a perdu la tête.
Vitello. C'est lui qui devrait être ici.
Il a perdu la boule. J'ai eu peur,
j'ai obéi, j'ai tenu le garçon.
C'est lui qui les a tués.
Vous l'avez regardé les tuer ?
Je vais vous dire la vérité.
Moi et Carl, on était sous acide
et bourrés à ce moment-là.
J'avais pas dormi depuis 48 heures.
Je débloquais.
Mais je les ai pas tués.
J'ai tué personne, je le jure devant Dieu.
Ally.
- Ally ?
- C'est son nom.
- Elle est mignonne.
- Elle a 11 ou 12 ans.
J'étais en prison quand elle est née.
Je l'ai vue qu'une fois.
- Elle a quel âge là ?
- Trois ans.
- Vous lui écrivez ?
- Je sais pas où elle est.
Au Texas, dans une famille d'accueil.
C'est bientôt l'heure, ma sœur.
Écoutez, ils vont s'offrir un mort.
Ils butent Tobias ce soir.
Les gardiens parient sur le prochain.
Par malheur, j'ai la cote.
Il me reste l'application des peines
ou la cour d'appel.
J'ai écrit le pourvoi en appel,
mais il faut le déposer.
Vous pouvez m'aider ?
Vous savez rédiger un pourvoi ?
Dans le besoin, on apprend vite.
J'ai une bonne motivation.
Je suis ici depuis six ans.
J'ai lu tous les livres de droit
que j'ai trouvés.
Voilà le dossier:
transcriptions des procès, documents.
Il vous aidera à accélérer les choses.
Trouvez-moi un avocat
et on dépose le pourvoi en appel.
- Vous reviendrez pas.
- C'est la seule copie que vous ayez ?
J'en ai une à moi. Mais si vous m'aidez
pas, je garde celle-là.
Je ferai mon possible.
Merci de votre confiance.
Ma sœur, j'ai confiance en personne ici.
Vous faites pas de lèche-cul
et vous me parlez pas de l'enfer.
Je respecte ça. Vous avez du cran.
Vous habitez dans un coin
où tous les négros sont armés.
Frappe-le, Helen.
Tu fais le mort ?
Tu crois qu'on marche, idiot ?
Tu crois nous rouler ?
- À quelle vitesse je roulais ?
- À 120 km à l'heure.
- Vous êtes une religieuse ?
- Oui.
Jamais donné de p.-v. à une religieuse.
J'ai coincé un type de la perception.
J'ai eu un contrôle fiscal un an après.
Passe pour cette fois.
- Mais allez moins vite.
- Oui, monsieur.
Vendredi soir, Walter Delacroix, 17 ans,
et Hope Percy, 18 ans,
étaient simplement en train de fêter
un tournant dans leur vie.
Ils ont été tués de deux balles
dans la nuque, tirées avec un .22.
Poncelet et Vitello sont aussi accusés
d'enlèvement aggravé
et de viol aggravé.
Avant ce crime, ces deux hommes
avaient semé la terreur dans la région.
D'après la police,
dans le sillage des meurtres...
Poncelet a appelé le juge "patron",
et a ricané quand le jury
l'a déclaré coupable.
Poncelet dit
que c'est Vitello qui les a tués.
- Vous pensez tous qu'il ment.
- Vitello accuse Poncelet.
Ils se renvoient les meurtres.
Il y en a bien un qui ment.
Mais ils y étaient tous les deux.
L'un a eu la perpétuité, l'autre la mort.
L'État doit avoir plus d'éléments
contre Poncelet.
Vitello avait un meilleur avocat,
qui a su ébranler le jury.
Et il a eu la perpétuité,
et Poncelet la mort.
Quelle guigne !
Il faut l'aider, ma sœur.
Un avocat, Hilton Barber,
connaît l'affaire. Il m'a éconduit.
- Vous le ferez peut-être changer d'avis.
- Pour le faire sortir ?
Ça ne m'enchanterait pas
de le croiser dans la rue.
Ça n'arrivera pas.
C'est un complice, il aura la perpétuité !
La Louisiane ne commue pas
la perpétuité.
Vous évitez simplement
que l'État l'exécute.
Vous abandonnez ? Pas de problème.
Vous n'aurez pas à retourner là-bas.
Pas de cadeau avec les peines,
avec la conditionnelle,
avec l'indulgence des juges.
Sœur Helen ?
- Qui est à l'appareil ?
- Matt Poncelet.
Oui, je suis condamné,
mais d'autres sont là depuis des années.
Je m'y attendais pas. La date a été fixée.
- Quoi ?
- On va m'exécuter le 13 !
Je savais pas qu'il fallait un avocat
pour l'application des peines.
Je le ferais bien moi-même,
mais ils disent...
D'accord, Matthew.
Je connais peut-être un avocat
qui peut t'aider.
- Je ferai mon possible.
- Vous devez y arriver.
Je n'ai que vous.
On m'envoie au quartier de la mort.
J'ai plus eu de nouvelles de vous,
vous m'abandonnerez pas ?
Je trouverai un avocat. Ne t'inquiète pas.
Je te rappelle bientôt.
Il était temps que l'État le fasse.
Je suis peut-être sentimental,
mais j'aimerais qu'il crame.
Sauf appel de dernière minute,
Poncelet mourra
avec une nouvelle méthode
utilisée dans l'État.. l'injection létale.
- Allô ?
- Luis, c'est Helen.
Tu peux me donner le nom de l'avocat
que je devais voir ?
- Depuis quand faites-vous ça ?
- Quoi ?
- Suivre des condamnés à mort.
- Je ne le fais pas.
- Je ne l'ai rencontré qu'une fois.
- Votre impression ?
Je ne sais pas s'il me plaît.
Il a besoin d'aide,
le mieux était de vous le présenter.
Je ferai mon possible.
Les tribunaux rejettent les appels
sur les condamnations à mort.
Même si vous avez
de nouvelles preuves d'innocence.
Nous sommes des parias...
"Ayez des lapins."
Est-ce une mise en vente
ou un appel au secours ?
Peut-être une fanfaronnade ?
Le pauvre, il a acheté deux lapins
l'an dernier et il est envahi.
Un bombardement de lapereaux !
Comme le gouverneur se représente,
ils ont fixé une date.
- Pour montrer qu'il combat le crime.
- Vous avez raison.
La politique a beaucoup joué,
mais n'en parlez pas à l'audience.
- Pourquoi ?
- Ils sont nommés par le gouverneur !
Ils ne veulent pas qu'un condamné
leur dise qu'ils comptent pour zéro.
On vous présentera comme une personne
pour les persuader de vous épargner.
Il faut prouver mon innocence.
On prépare l'appel à la cour fédérale
et à la Cour suprême.
Là, c'est l'application des peines.
Ils se moquent que vous ayez tiré.
Ils penseront au crime,
ils vous verront comme un monstre.
On a vite fait de tuer un monstre,
pas un être humain.
Il faut des témoins en votre faveur.
Votre mère devrait venir.
Je ne veux pas, elle pleurera
et sera incapable de parler.
Votre mère devrait être là !
Elle entendrait les Delacroix,
les Percy, le procureur.
- Si elle ne vient pas...
- Excusez-moi.
Oui, elle sera bouleversée, mais...
c'est ta mère, Matthew.
Elle aurait l'occasion
de parler pour son fils.
- Elle pleurera comme une madeleine.
- D'accord, mais c'est son droit.
Si tu meurs
sans qu'elle ait pu parler pour toi ?
Elle se demandera pour toujours
si elle aurait pu te sauver.
Je vais y réfléchir, mais j'ai ma fierté.
Je leur lécherai pas le cul à ces gens,
je lécherai le cul de personne.
- Que fais-tu, Kenitra ?
- Une carte de Pâques pour maman.
LE CHAGRIN SANS FIN DES PARENTS
Joyeuses Pâques.
- Oui ?
- Mme Poncelet ?
Non.
Mme Poncelet, s'il vous plaît.
Elle habite pas ici. Qui c'est ?
Je suis sœur Helen Prejean,
je connais Matthew.
Joyeuses Pâques.
Vous êtes bien une religieuse ?
Vous n'êtes pas de la télé ?
C'est sûr ?
Comment vous connaissez Mattie ?
Je l'ai vu dans le couloir de la mort.
Allez savoir qui frappe à votre porte.
Que voulez-vous ?
Mattie veut de l'argent, des cigarettes ?
Qu'est-ce que vous voulez ?
La date de l'exécution
de Matthew a été fixée.
Oui. La prison a appelé pour savoir
si j'avais une assurance-décès.
Quelle rigolade !
J'ai même pas d'argent pour manger.
Son audience se tient mercredi.
Son avocat pense que vous devriez venir.
Qu'en pense Mattie ?
Il est inquiet. Il veut vous protéger.
C'est un peu trop ***.
On a parlé de Mattie dans Crime en direct.
On a dit que j'ai essayé de l'aider.
Je suis une nouvelle Ma Barker.
Je suis célèbre.
Hier, dans un magasin,
j'ai vu deux dames qui me dévisageaient.
Je m'approche, et une d'elles dit:
"J'ai hâte d'apprendre qu'on a exécuté
ce monstre, Matthew Poncelet."
C'est méchant.
Mes enfants en bavent à l'école.
On les agresse, on les frappe,
on les injurie.
Troy a trouvé un écureuil mort
dans son casier.
Il est rentré en larmes, le pauvre.
Qu'est-ce qu'il a fait, lui ?
Je passe mon temps à chercher
en quoi je me suis trompée.
La vie n'a pas été tendre avec eux.
Il a eu des ennuis à 15 ans.
- C'est normal à cet âge.
- Son père n'était pas là.
Les enfants de tes HLM
n'ont souvent qu'un parent.
Ils ne violent pas et ne tuent pas.
Helen, il t'exploite.
Et les parents des victimes ?
- Tu les as suivis ?
- Tu crois qu'ils me parleraient ?
Les gens de ton quartier
n'ont pas besoin de toi ?
Maman, je travaille encore avec eux.
Pourquoi vas-tu voir ces assassins ?
L'énergie que tu dépenses avec eux
pourrait préserver
d'autres enfants de la prison.
Des amis de maman ont lu un article
où tu étais associée à Poncelet.
- Dans le journal ?
- Cela n'a rien à voir.
Mais je suis curieuse.
Qu'est-ce qui t'a poussée à le faire ?
Je ne sais pas.
En fait, c'est arrivé tout seul.
Il a des ennuis,
et je suis la seule en qui il ait confiance.
Tu as bon cœur,
mais c'est risqué quand on a la tête vide.
Ou le ventre vide.
Petite, tu amenais ces bêtes errantes.
Si nous les avions gardées,
nous n'aurions plus eu de quoi
nourrir la famille.
Tu as du cœur.
Ne laisse pas les autres en profiter,
je n'aimerais pas voir ça.
D'accord, maman.
Quand j'avais 12 ans,
mon père m'a dit de prendre un whisky.
Les bouteilles étaient alignées.
J'ai dit:
"Celle avec la dinde sur l'étiquette."
Les gars au comptoir étaient écroulés.
On a fini complètement schlass.
Mon père était bien.
Un métayer, un bosseur.
Mes mains de bosseur viennent de lui.
- Il est mort quand tu avais quel âge ?
- 14 ans.
- Pourquoi vous êtes religieuse ?
- Ça m'attirait.
C'est dur de répondre.
Saurais-tu dire pourquoi tu es ici ?
- La malchance.
- Et moi, la chance.
Ma famille m'a donné beaucoup d'amour.
J'ai senti le besoin de rendre cet amour.
Vous voulez pas d'homme ?
Vous marier, aimer, faire l'amour ?
Vous voulez pas en parler ?
J'ai de bons amis, hommes et femmes.
Je ne connais pas l'intimité sexuelle,
mais on peut être proches autrement.
En partageant des rêves, des pensées.
C'est une intimité, ça aussi.
On est intimes en ce moment, pas vrai ?
Je suis allée voir ta mère.
Elle a dit qu'elle comparaîtrait
si tu veux qu'elle le fasse.
J'aime bien être seul avec vous.
Je vous trouve très belle.
Regarde-toi.
Tu es à deux doigts de mourir,
et tu baratines outrageusement.
Je ne suis pas là pour t'amuser,
Matthew. Un peu de respect.
Pourquoi ?
Parce que vous portez une croix ?
Je suis un individu.
Tout individu a droit au respect.
Qu'est-ce que je dois dire à ta mère ?
Mattie a eu la vie dure,
mais c'était un brave garçon.
Quand il avait six ans...
il...
Mesdames et messieurs, soyons francs.
Les riches sont rares
dans le couloir de la mort.
Matthew Poncelet est ici
parce qu'il est pauvre.
Il a dû se contenter
d'un avocat commis d'office
qui n'avait jamais défendu
de crime capital. Un amateur.
La sélection du jury a duré quatre heures,
le procès cinq jours.
L'avocat n'a fait objection
qu'une seule fois.
Si Matthew avait eu de l'argent,
il aurait pu engager
des pontes du barreau.
Ils auraient pris de grands enquêteurs,
un expert en balistique,
un psychologue aurait établi
le profil des jurés souhaitables,
et soyez certains
que Matthew Poncelet ne serait pas ici
pour demander que sa vie soit épargnée.
La condamnation à mort.
Elle existe depuis des siècles.
On a enterré des personnes vives,
coupé des têtes,
brûlé en place publique...
Je voulais leur montrer cette photo.
De nos jours, nous avons cherché
des façons de plus en plus humaines
de tuer les indésirables.
Il y a eu des pelotons d'exécution,
la chambre à gaz.
Mais maintenant...
nous avons créé l'instrument
le plus humain de tous.
L'injection létale.
On sangle le condamné.
La piqûre n°1 l'anesthésie.
La piqûre n°2 bloque les poumons,
et la piqûre n°3 arrête son cœur.
On le met à mort comme un vieux cheval.
À son visage, il s'endort.
Mais ses organes vivent l'apocalypse.
Son visage devrait se convulser.
Mais la piqûre n°1 détend les muscles,
l'horreur n'est donc pas visible.
Nous ne savourons pas la vengeance
pendant que les organes d'un être humain
se tordent et se crispent.
Nous sommes assis, nous approuvons:
"Justice est faite."
Six ans ont passé depuis les meurtres
d'Hope Percy et Walter Delacroix.
Et justice n'a toujours pas été rendue.
Le procès de Matt Poncelet
a été minutieusement révisé.
Il a même eu un deuxième procès,
de nombreux appels
auprès de la cour fédérale,
et des requêtes déposées
par maître Barber.
Personne n'a jamais douté
de l'identité du meurtrier.
Poncelet n'est pas un brave garçon.
C'est un tueur impitoyable.
Ces meurtres étaient calculés,
ignobles et cruels.
Il a tué Walter Delacroix
de deux balles dans la nuque.
Il a violé et poignardé 17 fois Hope Percy
avant de la tuer
de deux balles dans la nuque.
Ces familles ne verront pas
leurs enfants faire leurs études.
Elles n'assisteront pas à leur mariage.
Elles ne passeront plus Noël avec eux.
Il n'y aura pas de petits-enfants.
Elles demandent simplement justice
pour cette perte insoutenable.
Respirez fort, cuirassez-vous,
et confirmez l'exécution
de Matthew Poncelet.
C'est bon signe quand on attend.
- Qui sait si nous avons avancé.
- Vous avez été très bien.
Il faudrait qu'ils comprennent
qu'ils seraient coupables d'une mort.
- Hilton.
- Excusez-moi.
Je suis le père de Walter Delacroix.
- Je suis navrée pour votre fils.
- Je suis catholique.
Comment pouvez-vous défendre Poncelet
sans avoir essayé de nous écouter,
moi, ma femme, ou les Percy ?
Comment pouvez-vous
vous préoccuper de Poncelet
sans penser que nous avons
peut-être besoin de vous ?
M. Delacroix, je croyais
que vous ne vouliez pas me parler.
Earl, tu viens ?
Mary Beth et Clyde Percy.
- Je regrette pour votre fille.
- Nous aussi. Excusez-nous.
Ma sœur, vous avez vu quelque chose
en Poncelet que personne n'a vu.
Il se tient bien avec vous,
il doit éveiller votre bienveillance.
Mais, ma sœur, c'est un infâme.
Il a enlevé des adolescents.
Il les a violés... et les a tués.
Cette ordure m'a privé de mon fils unique.
Mon nom de famille s'éteindra avec moi.
Il n'y aura plus de Delacroix. Jamais plus.
Je me sens concernée par votre famille,
et par ce qui est arrivé à votre fils.
Je vous donne mon numéro.
Appelez-moi pour quoi que ce soit.
Moi, vous appeler ?
Réfléchissez, ma sœur.
Pensez à votre arrogance.
Excusez-moi.
Ça va ?
Rentrons dans la salle.
La commission n'accorde pas
la clémence à Matthew Poncelet.
L'exécution aura lieu
comme prévu dans une semaine.
Ne perdez pas espoir, Matt.
Un juge peut encore la commuer.
Il y a la Cour suprême, le gouverneur.
Je demanderai à le voir en privé.
Je n'ai que vous.
Je peux choisir mon directeur spirituel.
Vous acceptez ?
Marchez dans le crépuscule avec moi.
Vous devrez passer quelques heures
avec lui tous les jours.
Le jour de l'exécution,
vous passerez la journée avec lui.
Une tâche délicate, généralement confiée
à un prêtre ou à un religieux musulman.
Ma sœur, autant être réaliste.
Nous avons une chance
sur mille de réussir.
La route est semée d'embûches.
S'il s'était agi du roi,
tu aurais pu reculer.
Tu peux en sauter trois,
et retourner en arrière.
Elle a un joker
et elle veut pas le poser.
Bon, c'est à moi.
Un as ! J'ai de la chance.
À qui il est ?
Ne le tuez pas, c'est un enfant de Dieu,
un poète, bla-bla-bla.
Gare à vous,
avocats des tueurs et des violeurs,
adversaires de la peine de mort.
Vous ne pouvez pas marcher sur Terre.
Cela vous est interdit moralement.
Suivez le rebut, car rebut vous...
- Que voulez-vous ?
- Excusez-moi de vous déranger.
Je n'arrive pas à vous oublier,
vous et votre femme.
J'ai essayé de vous appeler,
mais personne n'a répondu.
Puis-je vous parler ?
Oui.
Je m'excuse
de ne pas être venue vous voir avant.
Mais... je n'ai jamais été impliquée
dans ce genre de choses.
En fait, vous avez peur.
J'aurais peur moi aussi.
- Entrez.
- Merci.
Ma sœur...
je peux vous poser une question ?
- Vous êtes communiste ?
- Communiste ? Non.
Il y a des gens qui le disent
parce que vous défendez cet assassin.
Mais je ne le crois pas. Asseyez-vous.
Merci.
- Une tasse de café ?
- Merci.
Je m'excuse pour le désordre.
Je me suis disputé avec ma femme.
Quand on est rentrés de l'audience,
elle... a sorti
tous les vêtements de Walter.
Elle les a mis dans des cartons.
Elle en fait don.
Elle veut tirer un trait sur le passé.
Elle dit que... sa vie doit continuer.
- Elle n'est plus la même.
- Ce doit être terrible.
Au début, je devais l'accompagner
sur la tombe de Walter tous les matins.
Elle a versé des torrents de larmes.
Des journées entières, des nuits...
pendant des semaines, des mois.
Si seulement il y avait un moyen
de changer le passé.
Ça me fend le cœur.
Elle était gaie comme un pinson.
Qu'est-ce que nous avons pu rire !
De si bons moments.
On riait... on riait comme des fous.
Walter a appris à marcher
sur ce plancher.
Il s'est fendu le menton
contre le bras du divan.
Et c'est dans cette causeuse
qu'il s'est assis avec Hope
une semaine avant leur mort.
Quand on perd un enfant,
tous les souvenirs
sont scellés dans un coin.
Scellés.
Comme dans un... reliquaire.
Vous avez demandé à être
la directrice spirituelle de Poncelet.
Oui, mon père.
- Pourquoi ?
- Il me l'a demandé.
C'est très inhabituel.
- Pourquoi ?
- Vous seriez la première femme.
C'est vrai ?
C'est une situation
qui demande de l'expérience.
Ce garçon est exécuté dans six jours
et il a grand besoin de se racheter.
Y arriverez-vous ?
Je ne sais pas, je l'espère.
Je prie pour que Dieu me guide.
Vous sauverez ce garçon
s'il reçoit les sacrements de l'Église
avant de mourir.
C'est votre tâche. Ni plus, ni moins.
Si vous avez besoin d'aide,
n'hésitez pas à faire appel à moi.
Merci, mon père.
Je veux pas être enterré ici.
Ils doivent appeler maman
pour l'enterrement.
Vous vous en occupez ?
Elle s'effondrerait.
Je m'en occuperai.
Tu lis la Bible ?
Oui. Je la lis pas beaucoup,
mais ça m'arrive.
Comme W.C. Fields lisait sa Bible.
- Qui ?
- W.C. Fields.
Il jouait un ivrogne au cinéma.
Il va mourir, et un ami le trouve
en train de lire la Bible.
L'ami dit : "W.C., tu ne crois pas en Dieu.
Pourquoi tu lis la Bible ?"
Et Fields répond:
"Je cherche une faille."
Moi, je cherche pas de faille.
La pluie...
Mauvais signe.
Ils ont exécuté un Noir, Tobias.
Purcell ce soir. Ça fait deux Noirs.
Au tour d'un Blanc.
On harcèle le gouverneur avec ça.
Et c'est moi.
Un négro avant moi,
j'espère qu'ils nettoieront la civière.
Ton père était raciste ?
- Ça veut dire quoi, ça ?
- On apprend la haine à un enfant.
- J'aime pas les négros.
- Tu as connu des Noirs ?
Y en avait partout quand j'étais petit.
Ils habitaient là.
- Tu as joué avec des Noirs ?
- Non. Ils ont eu mon cousin et moi.
- Que s'est-il passé ?
- On leur jetait des pierres.
Le lendemain, ils ont pris nos vélos
et ils les ont bousillés.
- Tu leur en veux ?
- Non.
Mais c'est du passé, l'esclavage.
Ils rabâchent cette histoire.
- Les gamins des vélos ?
- J'aime pas qu'on se pose en victime.
- Victime ?
- C'est tous des victimes.
Je ne connais pas de victimes,
mais des gens sympa, travailleurs.
Moi, je connais des fainéants noirs
qui sucent l'État.
- On dirait un politicien.
- Ce qui veut dire ?
- Tu as déjà été victime de préjugés ?
- Non.
Que pense-t-on des condamnés à mort ?
- Dites-le-moi.
- Que ce sont des monstres.
Des déchets qui sucent l'État.
Ils vont me tuer, et je suis innocent.
Je pleurniche pas sur la véranda
en parlant d'esclavage.
J'aime les rebelles. Martin Luther King,
qui est allé à Washington.
- Tu respectes Martin Luther King ?
- C'était pas un fainéant.
- Et les fainéants blancs ?
- Je les aime pas.
C'est les fainéants que tu n'aimes pas.
On peut parler d'autre chose ?
ŒIL POUR ŒIL
MEURS, REBUT DE L'HUMANITÉ
Jésus a dit : "Celui qui vit
par l'épée périra par l'épée."
Purcell l'a bien cherché !
Neuf, huit, sept, six...
C'est le seul moyen d'être sûr
qu'ils ne tueront plus.
La perpétuité sans conditionnelle ? Oui !
Combien de gardiens et de détenus
doivent-ils encore tuer ?
C'est des désaxés. Des fous.
Partons.
Si le gouverneur et les cours
rejettent l'appel,
Matt sera mort dans six jours.
Il faut trouver des pompes funèbres
et un cimetière.
Nos sœurs donneront peut-être
une de leurs tombes.
Et quelqu'un pour le service funèbre.
Des vêtements, je suppose... un costume.
Un costume ?
Quelle taille il porte, à ton avis ?
Je ne sais pas.
Il mesure combien ?
Je ne sais pas. Il est plutôt grand.
C'est quelle taille, ça ?
Grand, moyen, petit ?
Je ne sais pas, je n'ai jamais acheté
de costume d'homme.
Imagine le tableau ! Une religieuse
qui achète un costume d'homme.
Ce n'est pas mon rayon.
C'est tellement étrange.
Hope venait tout juste de passer son bac.
Elle entrait dans l'armée de l'air le 15 juin.
Le jour où c'est arrivé.
Elle allait quitter Slidell.
Elle voulait être envoyée à l'étranger.
Elle aimait voyager et être entourée
de gens d'autres cultures.
Le 15 juin, elle devait retrouver
le sergent recruteur
qui la conduirait à Baton Rouge
pour l'enrôlement.
La veille, on a acheté
ce dont elle avait besoin.
Des petites choses comme ça.
Ce soir-là, elle s'est préparée
pour aller chez Coreys,
où elle était serveuse.
Après, elle devait retrouver Walter.
Elle allait sortir,
l'ourlet de sa jupe pendait et...
Elle était pressée et...
Je l'ai fixé avec une épingle à nourrice...
et elle s'est précipitée dehors.
Quand on voit son enfant partir,
on ne sait pas
qu'on ne le reverra jamais vivant.
Si je l'avais su,
je lui aurais dit combien je l'aimais.
Mes derniers mots pour elle,
les derniers qu'elle m'a entendu dire,
étaient au sujet de l'ourlet de sa jupe.
Le lendemain, on attendait
qu'elle sorte de sa chambre.
C'était un grand jour pour Hope.
Notre petite s'en allait.
La chambre était vide,
le lit n'était pas défait.
Alors, j'ai appelé les Delacroix.
Notre cœur s'est serré quand on a su
que Walter n'était pas rentré.
Pendant un instant, on a pensé...
qu'ils s'étaient enfuis pour se marier.
Mais nous savions qu'elle était
trop raisonnable pour faire ça.
Je suis allé signaler
sa disparition à la police.
Trois jours plus ***,
le shérif a organisé des recherches.
- Je les ai suivies.
- Ça a duré toute la journée.
Ils ont fait des kilomètres, et rien.
Le jeudi 20 juin, des enfants
se promenaient près de Flank's Cove.
Ils ont trouvé un sac,
des vêtements et un portefeuille.
Ils les ont donnés à la police.
On a trouvé leurs corps le vendredi,
six jours après leur disparition.
Ma fille était nue, les jambes écartées.
Le rapport du coroner disait
que son vagin était déchiré.
Ils n'ont pas trouvé
tout de suite son badge
qui s'était enfoncé
à cause des coups de couteau.
Elle adorait ce badge,
elle le portait tout le temps.
Il disait "Classe 88.
Une belle différence."
La police n'a pas voulu
qu'on identifie le corps.
Elle disait que le choc serait trop fort.
Mais je supportais pas
qu'on enterre ce corps
sans que je sois absolument sûre
que c'était Hope.
J'ai appelé mon frère, un dentiste.
Je lui ai demandé de comparer
la fiche dentaire de Hope au corps.
Avant qu'il mette la main
dans le sac plein de chaux
et qu'il en retire la mâchoire de Hope,
il était contre la peine de mort.
Depuis, il est pour.
Je savais que c'était Hope.
Rationnellement, je le savais,
mais je devais en être sûre.
D'accord. C'est sœur Helen Prejean.
Enchantée, Emily.
Oui.
D'accord. Allons dans la cuisine,
je vais faire du café.
J'ai été face à face avec Poncelet
dans un couloir, pendant le procès.
J'irai pas sur la chaise, papa.
Tu grilleras.
Et je te regarderai grésiller.
Il y avait un shérif près de moi.
J'aurais pu prendre son arme,
et tuer Poncelet sur place.
J'aurais pu le tuer ce jour-là.
J'aurais dû le faire.
Je serais plus heureux aujourd'hui.
Qu'est-ce qui vous a fait changer d'avis ?
- Changer d'avis ?
- Pourquoi avez-vous changé de côté ?
Je... voulais juste vous offrir
mon aide et prier avec vous.
Merci.
Mais...
il m'a demandé d'être sa directrice
spirituelle quand il mourra.
Et qu'avez-vous répondu ?
Que je le ferai.
On pensait que vous aviez changé d'avis.
On croyait que vous veniez pour ça.
- Et vous venez ici ?
- Comment pouvez-vous faire ça ?
Vous asseoir avec ce rebut ?
M. Percy, je n'ai jamais fait ça.
J'essaie...
J'essaie de suivre l'exemple de Jésus,
qui dit que tout individu
vaut plus que son pire geste.
Ce n'est pas une personne, c'est une bête.
Même pas ! Les bêtes ne violent pas
et ne tuent pas les leurs.
Matthew Poncelet est une erreur de Dieu.
Et vous voulez tenir
la main du pauvre assassin ?
Et le réconforter quand il mourra ?
Personne n'a réconforté Hope
quand ces deux bêtes
l'ont poussée dans l'herbe !
Je veux l'aider à prendre
la responsabilité de ses actes.
Avoue-t-il ? Regrette-t-il ses actes ?
- Il dit qu'il n'a tué personne.
- Vous êtes complètement dépassée.
Vous ne savez pas ce que c'est
de mettre au monde,
de vous relever la nuit
pour soigner votre enfant.
Vous dites vos prières, et bonne nuit.
Mes parents m'ont appris
à respecter les religieux.
Ma sœur, vous devez quitter
cette maison immédiatement.
Je suis désolée.
Attendez. Si vous êtes désolée
et que notre famille vous touche,
vous voulez que justice soit faite
pour notre enfant.
Vous ne pouvez pas tout avoir !
Vous ne pouvez aider cet assassin
et être notre amie.
Vous avez amené l'ennemi ici.
Allez-vous-en.
Je viens d'une famille honnête.
Elle n'y est pour rien.
J'avais deux familles.
Je vivrais et mourrais pour elles.
- L'autre famille est... ?
- Celle de l'homme, des détenus.
Les Blancs, la fraternité aryenne.
Vous croyez en la suprématie
des Blancs, en Hitler ?
C'était un leader. J'admire ce qu'il a fait.
Comme Castro. Hitler a peut-être
poussé la tuerie trop loin,
mais il avait raison pour la race aryenne.
Raison ? De tuer six millions de Juifs ?
- C'est pas prouvé.
- Mais qu'est-ce que je fais avec lui ?
...l'assassinat politique de Castro,
d'Allende, des Sandinistes...
Le gouvernement devrait pas...
- Allô ?
- Hilton Barber.
Voyons-nous pour établir une stratégie.
Poncelet a dit au journal
que s'il pouvait revenir en arrière,
il se rendrait utile en faisant sauter
des bâtiments du gouvernement.
Il ne faut plus qu'il parle de politique.
Henry, l'instance à la Cour suprême ?
- Dans deux jours.
- C'est trop *** !
- Le dossier n'est pas complet.
- Tu as tout depuis trois jours.
- Où étais-tu hier ?
- Ma fille allait chez le dentiste.
- Un homme va mourir et...
- Ma fille voulait me tenir la main.
Si ça ne te plaît pas,
trouve un autre volontaire.
On te prend pour un déséquilibré !
Admirer Hitler, devenir terroriste
pour faire sauter des gens !
J'ai parlé de bâtiments, pas de gens.
Les bombes n'atteignent pas les gens ?
J'aime pas le gouvernement américain.
Tu es insensé, tu leur facilites la tâche.
Tu apparais comme un Nazi raciste,
un fou qui mérite la mort.
- C'est ce que vous pensez ?
- Tu nous compliques les choses.
- Vous pouvez partir.
- Je ne le ferai pas.
À toi de voir.
Si tu veux que je parte, dis-le.
Tu ne penses jamais à ces adolescents ?
- C'est une histoire terrible.
- Qui ne devait pas arriver !
Tu penses à ce que toi et Vitello
avez fait à leurs parents ?
C'est dur de compatir
vu qu'ils veulent ma mort.
Réfléchis. Leurs enfants
ont été tués, poignardés, violés.
Ils sont morts dans un bois tout seuls.
Si c'était arrivé à ta mère,
à ton petit frère ?
- Qu'est-ce que tu ferais ?
- Je voudrais tuer leur assassin.
Je les comprends,
mais ils s'en prennent à un innocent.
- Je veux le détecteur de mensonges.
- Hein ?
Ils changeront pas d'avis,
mais maman saura que j'ai pas tué.
Bien joué !
Bonjour, on s'amuse ici ! Palmer.
- Herbie, est-ce que ça va mieux ?
- Oui.
- Kenitra, comment vas-tu ?
- Bien.
- On s'en va, Kenitra.
- Au revoir.
Attends, qu'est-ce qui se passe ?
Le quartier se pose des questions.
À cause du racisme de Poncelet,
et l'article citait ton nom.
Mon Dieu.
Tu n'es pas venue au centre.
Ils croient que tu t'intéresses
plus à lui qu'à eux.
- Colleen, je suis navrée.
- Ne t'en fais pas. Moi, je t'aime.
Mais je préférais te le dire.
J'ai trouvé ça au don de vêtements.
J'ai parlé à l'évêque Norwich,
il dira la messe.
J'ai aussi trouvé des pompes funèbres
qui offrent leur service.
Les directeurs de la congrégation
nous cèdent une tombe.
Si Matt meurt,
devine à côté de qui il sera enterré.
- Qui est morte en dernier ?
- Sœur Celestine.
Oh, seigneur !
Tu te souviens de la petite
qui nous a présenté son mari ?
Sœur Celestine a dit : "Dieu merci,
je ne dormirai jamais avec un homme."
- Elle tenait tant à son célibat.
- Je sais.
Et elle sera auprès d'un homme
à tout jamais.
L'assassin de ma fille aura peut-être
la conditionnelle dans un an.
Il n'a fait que six ans de prison.
Quand je pense qu'il sera libre
alors qu'elle, elle est morte et enterrée !
...tuée par son ex-mari.
...poignardé dans notre jardin
par le meilleur ami de mon fils.
Il passait la nuit chez nous,
nous accompagnait à la messe le matin.
J'ai perdu mon enfant.
Quand notre fille a été tuée,
on l'a retrouvée au bout d'une semaine.
La police nous a traités
comme si nous l'avions tuée.
Ma femme a demandé le divorce
cet après-midi.
Nous ne vivons pas
la mort de notre fils de la même façon.
"Jusqu'à ce que mort nous sépare."
Nous ne sommes pas une exception.
Beaucoup se séparent
à la mort d'un enfant.
Environ sept couples sur dix.
Si j'arrivais à en rire, à trouver ça drôle !
Voilà ma voiture.
Merci de m'avoir invitée, M. Delacroix.
Prenez soin de vous, ma sœur.
Mais qu'est-ce que tu fous ?
Levez les bras.
Allez-y.
Asseyez-vous ici.
Ma nouvelle crèche vous plaît ?
Je suis un cas exceptionnel.
Je suis exceptionnel.
Tout ça rien que pour moi !
Il y a dix gardiens pour me surveiller.
Un d'eux vient voir si je me suis tué
tous les quarts d'heure.
Garde à vue contre le suicide.
Jamais autant de monde s'est intéressé
à mes faits et gestes.
Quand t'a-t-on amené ici ?
Hier soir. ***.
J'ai pas dit au revoir
à tout le monde, ils dormaient.
Le test du détecteur de mensonges ?
J'ai téléphoné, ça n'a encore rien donné.
C'est la fin, hein ?
Vacances au quartier de la mort.
Trois jours de silence. Je lirai la Bible.
Je chercherai une faille.
Tu as lu quelque chose
sur le Christ dans la Bible ?
Un saint. Il a fait le bien. Au ciel.
Loué soit le Christ.
Il y a des passages
où Jésus affrontait la mort seul,
tu pourrais les lire.
Lui et moi,
on voit pas les choses de la même façon.
C'est un de ceux qui tendent l'autre joue.
Ça demande beaucoup de courage, ça.
Tu dis que tu aimes les rebelles.
Qu'est-ce que Jésus était ?
- Pas un rebelle.
- Si, il était dangereux.
- C'est dangereux d'aimer son prochain ?
- Son amour a changé les choses.
Tous les marginaux - prostituées,
mendiants, pauvres -
ont enfin eu quelqu'un
qui les respectait, les aimait.
Ils ont compris qu'ils existaient.
Ils sont devenus si forts
que ceux du pouvoir ont pris peur.
Et ils ont fait tuer Jésus.
Un peu comme moi, hein ?
Non, Matt. Pas du tout comme toi.
L'amour de Jésus a changé le monde,
tu as laissé faire deux meurtres.
Éloignez-vous, ma sœur !
Que se passe-t-il ?
- Sors, mon gars.
- Qu'est-ce qui se passe ?
Ça durera une heure, allez prendre l'air.
- Où l'emmène-t-on ?
- Je ne peux rien dire.
Ma sœur ?
L'aumônier est à l'entrée. Il va arriver.
Merci.
Sergent, depuis quand ce grand arbre
est là, d'après vous ?
Aucune idée, madame.
Je vous ai vu partir
après l'exécution de Purcell.
- Vous sembliez bouleversé.
- Moi ? Non.
- Vous y avez assisté ?
- Je m'occupe des sangles.
De la jambe gauche, c'est mon boulot.
On amène le condamné
dans la chambre d'exécution.
- Ça doit être dur.
- Oui. Je n'en ai pas dormi de la nuit.
Ça doit marquer tout le monde,
qu'on soit pour ou contre.
Ça fait partie du boulot.
Les condamnés l'ont cherché.
C'est très facile de venir ici
et de critiquer la procédure.
Ce qui semble apparemment
irrationnel et inutile
paraît, après examen,
fondé sur une solide expérience.
Je demande seulement un cantique
avant l'exécution.
L'expérience enseigne
que la musique émeut.
Or, l'émotion peut avoir
un effet inattendu sur le détenu.
Bien. Vous opposez-vous
à ce que je le demande au directeur ?
J'y suis hostile,
mais si vous voulez le faire.
Merci. Et merci pour votre patience.
Vous avez protesté devant la prison
pendant la dernière exécution.
Oui.
Vous connaissez l'Ancien Testament ?
"Tu ne tueras pas."
"Celui qui répand le sang de l'homme,
son sang par l'homme sera répandu."
Oui. Mais dans le Nouveau Testament,
Jésus parle de réconciliation.
Poncelet doit comprendre
que Jésus est mort pour ses péchés.
S'il l'accepte, il y a réconciliation,
et son âme vivra à tout jamais.
Il ne s'agit pas
d'être pour ou contre la peine de mort.
Prenez l'épître aux Romains.
"Il faut être soumis aux autorités,
car il n'y a d'autorité que par Dieu."
"Et ceux qui s'y opposent attireront
la condamnation sur eux-mêmes."
- Qu'y a-t-il ?
- Elle s'est évanouie.
- C'est une attaque.
- Je me suis évanouie.
J'ai seulement besoin de manger.
Pouvez-vous avertir Matt, s'il vous plaît ?
- Quand nous aurons fini.
- Non, je dois le lui dire.
- Je m'en charge.
- Merci.
- Ce n'est pas une attaque.
- J'ai simplement faim.
Les visiteurs ne peuvent pas manger ici.
Croient-ils qu'on se nourrit d'air ?
C'est l'appareil
dont on se sert à l'exécution ?
Oui, madame.
Tout ça doit être très officiel.
Dieu merci, ce n'est plus la chaise.
L'aiguille est plus simple.
Ça fait partie du travail.
On va vous donner à manger.
Qui enfonce l'aiguille ?
C'est confidentiel.
C'est vous ?
Il est interdit de divulguer
des détails sur les exécutions.
Je vous donne à manger.
Puis rentrez chez vous.
- Je dois voir Matt.
- Je regrette.
Ordre du directeur.
C'est fini pour aujourd'hui.
Où êtes-vous passée hier ? Ça va ?
J'ai demandé, on m'a pas répondu.
Non ? Ils devaient vous le dire.
Ils m'ont emmené dans une pièce,
pour me mesurer.
- Te mesurer ?
- Pour le cercueil !
Après, personne.
J'ai passé la journée seul !
Matt, je suis désolée.
Vraiment désolée.
- Ça vous arrive d'être seule ?
- Oui.
Le dimanche, quand je sens
l'odeur des grillades,
que j'entends les enfants rire
alors que je suis seule,
je me sens toute bête.
C'est les femmes
qui me manquent le plus.
J'allais au bar,
je buvais en écoutant de la musique.
Je dansais jusqu'à trois heures du matin.
Sans mentir, je crois au sexe.
On prenait une bouteille, de l'herbe,
on allait dans les bois,
et on faisait l'amour.
Vous savez pas ce que vous ratez.
Si j'avais un mari et des enfants,
je serais sans doute avec eux
- et non pas ici.
- Ça, c'est vrai.
Je suis content que vous soyez là.
Dois-je transmettre un message à ta fille ?
Laissez-la.
Les cigarettes tuent.
Je les laisserai pas me rabaisser.
J'espère que mes jambes me porteront.
Mais c'est l'attente qui piège,
le compte à rebours.
Le verdict de l'appel fédéral va arriver.
Hilton et moi,
on rencontre le gouverneur ce soir.
Il fera rien.
Lui, risquer son fauteuil pour moi ?
Si je l'avais bouclé
sur Hitler et le terrorisme !
Quel crétin !
Hartman dit
que tu ne seras plus interviewé.
Tant mieux. Je fermerai ma gueule.
Tu passeras au détecteur
de mensonges demain matin.
Ça, c'est une bonne nouvelle.
Le spécialiste doute d'obtenir
des résultats dignes de foi.
- Pourquoi ?
- Tu seras exécuté demain.
Le détecteur peut confondre
la tension avec un mensonge.
Pas de problème, je suis tranquille.
Tu as lu la Bible ?
J'ai essayé hier soir.
Elle me donne sommeil.
Et j'essaie de pas dormir.
C'est gentil d'essayer de me sauver.
Mais moi et Dieu, on a passé un accord.
Jésus est mort pour nous,
il se chargera de moi
quand je paraîtrai devant Dieu
au Jugement Dernier.
La rédemption n'est pas gratuite
parce que Jésus a payé.
Tu dois chercher le salut,
tu dois y mettre du tien.
Tu devrais lire l'Évangile selon Jean,
chapitre huit, où Jésus dit:
"Vous connaîtrez la vérité,
qui fera de vous des hommes libres."
Je regarderai, ça me plaît. "La vérité
fera de vous des hommes libres."
Je passe au détecteur, et c'est bon.
Si tu meurs... je t'aiderai
à mourir avec dignité.
Mais pour ça, tu dois reconnaître
le rôle que tu as joué
dans la mort de Walter et de Hope.
Hilton Barber, l'évêque Norwich.
Enchanté. Bon, voilà le topo.
Le gouverneur n'aime pas trop
la peine de mort.
Il a le pouvoir
d'empêcher l'exécution et de gracier.
C'est un vestige du droit divin des rois.
Seulement, il faut faire appel
à lui discrètement.
D'où ce rendez-vous particulier.
Mais puisque je représente cet État,
je dois observer les lois
et étouffer mes opinions personnelles
pour respecter la volonté publique.
J'examinerai cette affaire.
Mais s'il n'y a pas
une preuve d'innocence éclatante,
je n'interviendrai pas.
Il reste la cour, ma sœur.
On décrochera peut-être la timbale
avec un recours légal.
Helen ! Helen, à table !
Tu cherches un amour si grand
qu'il puise dans le mal.
Les Annonciations sont communes.
Les Incarnations sont rares.
Tu n'es pas une sainte, Helen.
Maman.
- Ça va ?
- Oui, je rêvais.
- À quelle heure dois-tu être là-bas ?
- À 9 h pile.
Tu as mis le réveil ?
C'est tellement bizarre.
Demain, un homme sera tué
sous mes yeux.
- Il a fait des aveux ?
- Non.
Il déborde de haine.
Il n'a confiance en personne...
Il continue à me repousser.
Tu as fait un saut dans l'inconnu.
Tu te souviens
quand tu m'as fait un coquard ?
- J'avais la fièvre.
- Tu délirais, tu étais comme folle.
Tu voulais sortir dans la rue.
Tu m'as frappée
en disant que tu me détestais.
Tu criais, mais je t'ai tenue fort.
Les bras d'une mère sont forts
quand son enfant est en danger.
J'ai pas dormi de la nuit.
J'ai pas pris le calmant
qu'ils voulaient me donner.
Je regarde la mort en face. Je suis prêt.
Matt, je veux te dire
que je respecte ton intimité.
Si tu veux être seul
ou ne voir que ta famille,
je ne le prendrai pas mal.
Vous devez être là.
Je veux parler à quelqu'un jusqu'à la fin.
Je serai là.
Si seulement j'étais sûr
de mourir tout de suite ! Je le sentirai ?
Ça commence par les poumons.
Comme une... suffocation rapide.
Ça doit faire mal.
Ils disent que...
le corps remue pas.
Il s'agite pas.
Pauvre maman.
- Pas de nouveau pour l'appel ?
- Non. C'est bon signe.
Ils ont peut-être trouvé
quelque chose de substantiel.
- Je vous rappellerai.
- Merci, Hilton.
Dites-moi, ma sœur.
Que fait une religieuse ici ?
Vous n'enseignez pas aux enfants ?
Vous savez ce qu'il a fait ?
Comment il a tué ces gamins ?
Je ne lui trouve aucune excuse.
Mais de là à tuer pour montrer
qu'il ne faut pas tuer !
La Bible dit œil pour œil.
Que demande encore la Bible ? La mort
pour adultère,
prostitution, homosexualité,
violation de terre sacrée,
outrage à père et mère.
Je discuterai pas de la Bible
avec une religieuse, je perdrai.
Elle lui parlait depuis deux minutes
et elle craquait déjà sur Matt.
J'ai repris le téléphone.
Tu me piquais ma copine !
- Ordure !
- Elle avait l'air d'une chouette petite.
Pas si petite que ça.
Sois gentil, fais pas de bêtises.
Elle ressemble un peu à...
la nana que tu avais au lycée ?
J'en ai eu des tas au lycée.
- Celle qui avait un drôle de nom.
- Ah, oui ?
Maddie... Maldy ?
Madrigal.
Madrigal Parmelee. Elle était super.
- Une de ces gonzesses.
- Matthew !
Pardon, maman. Une jeune fille très bien.
Et toi, Troy ? Tu as une petite amie ?
Non.
- Pourquoi ?
- Pas le temps.
Je vais pêcher et camper.
- Il a une tente neuve.
- Comment elle est ?
C'est une tente de l'armée,
pas de chochottes.
- Raconte l'autre nuit.
- Il campait dans le jardin.
C'est moi qui l'ai fait rentrer !
J'étais inquiète.
- Je lui ai demandé de rentrer.
- C'est pas vrai.
- Allez, dis-lui.
- Vas-y.
Moi et Paul, on a monté la tente,
on a préparé notre dîner.
On a fait rôtir des pommes de terre,
et des saucisses.
Et ? Continue.
- Vers minuit...
- Moi, je dirais neuf heures.
- On a entendu une bête.
- Quelle bête ?
Une grosse.
- Un lapin ?
- Un opossum ?
- Un écureuil ?
- Une souris ?
- C'était gros et méchant !
- Regarde-moi dans les yeux.
Tu es rentré à cause de maman
ou tu avais peur ?
Dis la vérité.
Regarde-moi dans les yeux.
On l'a eu !
Quand on me parle de ton enterrement,
je dis que tu n'es pas encore mort !
- Désolé, c'est terminé.
- Il est tôt, non ?
Ils ont le droit de rester jusqu'à 18h45.
Préparez-vous à partir.
- Tiens, Poncelet.
- Merci.
Ces tales contiennent mes affaires.
Prenez-les avec vous.
Je veux pas que la prison les envoie.
Craig, partage-les.
Sauf mes bottes.
Je veux aller à l'exécution avec.
- Debout.
- Faites vos adieux.
À plus ***, Matt.
- Au revoir.
- Dis pas ça, petit mec.
- Non.
- Elle ne peut pas l'embrasser ?
Je regrette, question de sécurité.
Pleure pas, maman.
Je veux pas qu'on pleure.
Je dis pas au revoir maintenant.
- J'appelle ce soir.
- Salut, Matt. Sois fort.
Pleure pas, maman. J'appellerai.
Nous t'aimons, Mattie.
Si j'avais serré mon fils,
je ne l'aurais plus lâché.
Ma maman va bien ?
Elle va bien, Matt.
D'accord. Au revoir.
J'ai jamais mangé de crevettes.
C'est bon.
Qu'est-ce qu'il a dit ?
Le détecteur de mensonges ?
Tes réponses étaient tendues,
comme prévu.
Les résultats ne sont pas concluants.
Non... Il en est sûr ? Complètement sûr ?
Ça allait quand j'ai répondu,
j'étais pas tendu.
Comment j'ai pu rater le test ?
Il faudrait être un robot ou fou
pour ne pas être tendu.
Je peux pas croire
que ça n'ait pas marché.
Parlons de ce qui s'est passé.
Parlons de ce soir-là.
Je veux pas en parler.
- Sors.
- T'es mignonne comme tout.
Violation de propriété privée.
- Partons.
- On vous arrête. Sortez.
On s'en va. On ne savait pas...
Sortez !
- Où on va ?
- Il y a un petit bar là-bas.
- Notre patron y est.
- On peut pas vous laisser partir.
- Il sera pas content.
- Il vous laissera peut-être partir.
On y est. Voilà le bar !
- Un verre ?
- À genoux.
Je suis en rogne !
Contre ces gamins ! Contre les parents
qui viennent me voir mourir !
Contre moi
qui ai laissé faire Vitello.
Je sais ce que je dirai
aux Percy et aux Delacroix.
- Ce seront des mots de haine ?
- Percy aimerait me piquer lui-même !
Pense à sa colère.
Il ne reverra jamais sa fille.
Plus un baiser, plus un rire avec elle.
Tu leur as fait tant de mal.
Il ne leur reste que le chagrin.
Voilà ce que tu leur as donné.
- Qu'est-ce que tu faisais dans ce bois ?
- J'étais complètement défoncé.
Vous harceliez des couples
depuis des semaines, des mois !
- C'était quoi ?
- Que voulez-vous dire ?
Tu admirais Vitello ?
Tu le trouvais génial ?
Tu voulais l'impressionner ?
Je sais pas.
- Tu aurais pu t'en aller.
- Il a perdu la boule.
Ne rejette pas la faute sur lui.
Ou le gouvernement, la drogue,
les Noirs, les Percy,
les gamins parce qu'ils sont venus !
Où est Matthew Poncelet dans tout ça ?
C'est un innocent ? Une victime ?
Je suis pas une victime.
Poncelet.
La cour fédérale a rejeté l'appel.
Désolé.
Ma sœur, allez dans le couloir.
Je reste à la porte.
- Matt ?
- Oui.
- Je suis désolé, j'ai échoué.
- Non, vous n'avez pas échoué.
Merci pour tout
ce que vous avez fait pour moi.
- Qu'est-ce qu'elle tape ?
- Les formulaires des témoins.
Non, c'est la justice de ce pays
qui m'a trahi. Elle pue.
Je me mets en route, j'arrive.
Seigneur, aide-moi.
Quel endroit terrible !
Tellement froid. Un meurtre calculé.
Fais qu'il ne s'effondre pas !
Qu'il soit fort. Aide-moi, Seigneur.
Mon Dieu, aide-nous.
Aide-nous à être forts.
Ils m'ont rasé le mollet.
Pourquoi ?
Au cas où ils trouveraient pas
ma veine dans le bras.
Ce numéro ?
Je l'ai fait à la prison de Marion.
Si quelqu'un me tuait,
on pouvait m'identifier.
Tu as eu mal quand on t'a tatoué ?
Vous allez me prendre pour un voyou
avec ces tatouages.
Non, mais tu es plus coloré
que je ne pensais.
Ils voulaient me faire deux piqûres.
Un sédatif et un antihistaminique.
Si je fais une allergie à la piqûre
qui endort, c'est la pagaille.
J'ai quelque chose pour vous.
Ma Bible.
Je l'ai datée moi-même.
Merci, Matt.
Éloignez-vous, ma sœur.
Je dois appeler chez moi.
Vous allez rester ?
Oui, je m'éloigne
le temps que tu appelles.
Salut, vieux.
Tu sais ce que je fais. Et toi ?
Oui. Les minutes passent.
Hé, tu lui as pris le téléphone ?
Tu dors sous la tente ce soir ?
Maman, j'attends pour te parler.
Ne pleure pas, maman.
Ne pleure pas.
Ce n'était pas ça, maman.
J'étais... j'étais petit.
DATES DES EXÉCUTIONS
Ça n'avait rien à voir avec lui.
Oui, je l'entends. Passe-le-moi.
Troy, occupe-toi bien de maman.
D'accord, petit mec ?
Prends bien soin de maman.
Je t'aime, maman.
Je me suis pas retenu.
J'ai dit à maman que je l'aimais.
J'ai parlé à mes frères.
J'ai horreur des adieux.
J'ai dit que j'appellerais encore
si je pouvais.
Quoi, Matt ? Qu'y a-t-il ?
Maman a dit que c'était Vitello.
Elle regrette que je l'aie connu.
Je voulais pas qu'elle pense ça.
À cause de ce que vous avez dit.
J'aurais pu partir.
Je l'ai pas fait.
J'ai été une victime.
J'ai été un pétochard.
Il était plus vieux, c'était un dur.
Je me... cuitais
pour être aussi dur que lui, et...
J'ai pas eu le cran de lui tenir tête.
J'ai dit à maman que j'étais lâche.
Elle répétait : "C'était pas toi, Matt."
Ta mère t'aime, Matt.
Le garçon...
Walter.
Oui ?
Quoi ?
Je l'ai tué.
- Et Hope ?
- Non.
Tu l'as violée ?
Oui.
Tu prends la responsabilité
de leur mort ?
Oui.
Hier, quand la lumière a baissé,
j'ai prié pour eux.
J'avais jamais fait ça.
Oh, Matt.
Il y a des douleurs que Dieu seul atteint.
Tu as fait quelque chose de terrible, Matt.
Mais tu as une dignité maintenant.
Ça, personne ne te le prendra.
Tu es un fils de Dieu, Matthew Poncelet.
On m'a jamais dit
que j'étais un fils de Dieu.
On m'a appelé fils
de vous savez quoi, mais pas de Dieu.
J'espère que ma mort
soulagera les parents.
La meilleure chose à souhaiter
aux Percy et aux Delacroix,
c'est la paix.
J'ai pas vraiment connu l'amour.
Et j'ai pas vraiment aimé de femme
ou qui que ce soit.
Je devais mourir pour trouver l'amour.
Merci de m'aimer.
Regardez l'heure, le temps passe vite.
J'ai froid.
Il peut avoir une veste ? Il a froid !
Et la chanson que vous deviez jouer ?
Le cantique ?
La musique est interdite en prison.
Je ne peux pas le jouer.
Vous connaissez les paroles.
Chantez-le.
- Je chante faux.
- Ça fait rien.
Allez-y.
Si tu traverses la mer déchaînée,
tu ne te noieras pas
Si tu marches dans les flammes,
Tu ne te brûleras pas
Si tu es auprès des forces infernales
Et que la mort... est près de toi,
Sache que je serai là
Tout le temps
N'aie pas peur
Je suis toujours devant toi
Viens, suis-moi
Je te donnerai le repos
Merci.
Allez dans le couloir, ma sœur.
Mes bottes ! Je les veux !
Aller mourir avec une couche
et des pantoufles !
Au moins, j'aurai plus de barreaux,
plus de vie en cage !
Sœur Helen, je vais mourir.
Tu connais la vérité.
Elle fait de toi un homme libre.
Dieu connaît la vérité sur moi.
Je vais dans un monde meilleur.
Je m'inquiète pas.
Vous allez bien ?
Oui, ça va.
- Le Christ est là.
- Je m'inquiète pas.
Bien.
Écoute, la dernière chose
que tu dois voir, c'est un visage d'amour.
Alors, regarde-moi à ce moment-là.
Regarde-moi.
Je serai le visage de l'amour pour toi.
Oui.
Il faut y aller, Poncelet.
- Sœur Helen peut me toucher ?
- Oui.
Le condamné à mort !
"Ne crains pas,
car je t'ai racheté."
"Je t'ai appelé par ton nom."
"Tu es à moi."
"Quand tu traverseras les eaux,
je serai avec toi."
"Quand tu marcheras au milieu du feu,
tu ne te brûleras pas."
Dieu ait pitié de ton âme,
au nom du Père, du Fils
et du Saint Esprit.
Vous n'allez pas plus loin, ma sœur.
Vous irez voir
maman de temps en temps ?
Oui, Matt. Je te le promets.
Avez-vous un dernier mot à dire ?
Oui, monsieur.
M. Delacroix,
je ne veux pas quitter le monde
rempli de haine.
Je vous demande pardon
pour ce que j'ai fait.
J'ai fait une chose terrible
en vous prenant votre fils.
Et nous ?
M. et Mme Percy,
j'espère que ma mort vous soulagera.
Je veux juste dire...
qu'il ne faut pas tuer,
peu importe qui le fait.
Que ce soit moi, vous,
ou votre gouvernement.
Je vous aime.
ARMÉ
MARCHE
FIN
Que l'amour de Dieu
et de notre Seigneur Jésus-Christ
nous bénisse et nous réconforte
et essuie les larmes de nos yeux. Amen.
Que Dieu vous bénisse,
le Père, le Fils, et le Saint Esprit.
- Allez dans la paix du Christ.
- Merci, Seigneur.
Sois fort pour ta maman.
M. Delacroix.
- Ma sœur.
- C'est bon de vous voir.
Je ne sais pas pourquoi je suis là.
J'ai tant de haine. Je n'ai pas votre foi.
Ce n'est pas la foi. Si c'était aussi simple !
C'est du travail.
Peut-être...
pourrions-nous nous entraider
pour oublier la haine.
Je ne sais pas.
Je ne crois pas.
Je dois y aller.
Bonjour.
- Bonjour, Idella.
- Colleen !
NOUS VOUS AIMONS, SŒUR HELEN
Rippé par loupinou