Tip:
Highlight text to annotate it
X
Vous n'avez jamais dû
entendre parler
de Preston Thomas Tucker.
Un rêveur, inventeur et visionnaire.
Un homme en avance sur son temps.
Jolie, non ?
La voiture de M. Tucker a tout :
vitres de sécurité,
moteur arrière...
mais n'anticipons pas.
La première fois qu'il vit une voiture,
il n'était qu'un enfant.
Son émotion fut telle
qu'il se fit rouler sur les pieds.
Mais la terre était meuble.
Il ne fut pas blessé.
Telle fut sa rencontre
avec la machine
qui animera ses pensées et ses actes
tout au long de sa vie.
Afin d'apprendre sur sa fabrication,
il partit pour Detroit
où il rencontra Vera,
qui travaillait pour les téléphones.
Sitôt mariés,
ils fondèrent une famille.
Mais il n'oubliait pas son rêve :
concevoir et produire
la meilleure automobile
jamais fabriquée.
Spectateur assidu
du circuit d'Indianapolis,
il s'associa
au légendaire Harry Miller,
l'un des plus grands
concepteurs de voitures de course.
En 1936,
voyant la guerre
se profiler à l'horizon,
Tucker se mit à travailler
sur un engin de combat ultra-rapide.
Un véhicule blindé,
équipé d'un climatiseur,
et d'une tourelle mobile
à moteur électrique.
L'armée rejeta le projet.
Son défaut :
il était trop rapide !
À l'époque, le ministère estimait
qu'un véhicule d'assaut
ne devait pas dépasser les 50 km/h.
Mais sa tourelle électrique
fut immédiatement adoptée.
Qui sait combien d'Américains
elle a sauvé ?
Où étaient-elles fabriquées ?
Dans l'endroit le plus commode
que Tucker ait trouvé :
la grange de sa propriété du Michigan,
où il vivait avec sa famille.
Nom de Dieu !
Tout le monde descend.
Tiens !
C'est quoi, ce truc ?
C'est toi qui as déposé ça ?
- Qu'est-ce que c'est ?
- Ouvre-le !
Mes amis, vous allez vivre...
Comment dire ?
Un moment historique.
Et pour les chiens,
tu as une explication ?
Je les ai échangés
contre la Packard.
Douze chiens dressés !
Et qu'est-ce qu'on va en faire ?
Une affaire pareille,
ça ne se refuse pas.
Et ça ?
Vous voulez voir ce que c'est ?
Vous en crevez d'envie ?
D'après un sondage
sur leurs projets après la guerre,
87 % des Américains déclarent
qu'ils achèteront
une nouvelle voiture.
Et à votre avis, ils achèteront
une voiture d'avant-guerre...
ou la voiture de demain,
dès aujourd'hui ?
- Elle décoiffe !
- Et qui la fabriquera ?
Nous !
Et d'ici cinq ans,
- adieu les Trois Grands.
- Qui achètera ça ?
Buck Rogers ?
Sous le capot,
les valises !
Le moteur est à l'arrière.
Regardez ça.
Deux convertisseurs de couple !
T'es cinglé. Il te faudra
un écartement de 70 pouces !
À table !
- Venez !
- Qui reste ?
Tout le monde !
Millie !
Sers à ces chiens
ta meilleure pâtée !
- Tu vas lui dire quoi ?
- Tout.
Convoi d'assiettes sales
droit sur vous !
- Les ailes, les phares...
- C'est qui, ce Karatz ?
Un homme d'affaires.
Je l'ai rencontré dans le train.
Un financier.
Viens voir.
- C'est qui ?
- Le mec dont je parle.
Abe Karatz.
Bonne chance, chéri.
Je vais au repaire.
Regarde-le.
- Il fout les jetons.
- Il est de New York, c'est tout.
Merci d'être venu.
Pas trop long, le train ?
Tu aimes
vivre au milieu de nulle part ?
Et s'il te prend l'envie
d'un café à 2 h du mat' ?
- Je descends m'en faire un.
- À 2 h du matin ?
Je parlais surtout
de bavarder avec la serveuse.
Que des champs à l'horizon...
Ça nous plaît.
Tu l'aimes comment, ton café ?
En ville !
Paire de cinq.
Et voilà le travail !
Des voitures ?
Tu m'as fait venir
pour des voitures ?
Tu trouves
que ça ressemble à une voiture ?
C'est une mine d'or
sur un plateau d'argent.
Laisse tomber.
Tu n'as aucune chance.
Je ne t'ai même pas
exposé mes idées !
Tes idées ?
Les idées,
c'est bon pour Einstein.
Il n'y a pas meilleur que lui.
Mais ça lui coûte quoi ?
Un bout de papier, une plume...
Pour faire des voitures,
il faut des millions.
C'est à ça que sert Wall Street :
à lever des capitaux.
D'où tu sors ?
Qu'est-ce que tu en sais ?
Tu connais Wall Street ?
Ça va révolutionner
la fabrication de voitures.
- Abe, avec tes relations...
- Je n'ai pas de relations.
J'ai des relations qui en ont.
Et je me joins à eux ainsi qu'à Dieu
pour te dire de laisser tomber.
Tu n'as aucune chance.
- Tu y réfléchiras ?
- Bien sûr.
- Soyez prudent.
- Bien, monsieur.
Monte, beauté !
Venez prendre une glace !
Tout le monde !
Chacun à son poste !
Voyons si on peut battre
notre record de vitesse.
- Allez, dépêchons !
- Prêt !
Il était si emballé,
c'en était pathétique.
Se faire baiser les pieds
par un mec pareil, c'était gênant.
Tout ça pour une part du gâteau.
Je vais le faire mariner un peu.
Admirez cette exulcération !
On dirait encore Tucker.
C'est lui. Allons-y !
Qui veut une glace ?
Ça va, Doc ?
Impeccable,
si je fais abstraction de tout.
Glaces au soda pour tous ?
Des trois boules, ce soir.
Chocolat, pistache, fraise.
Et on mélange le tout.
MAISON PRÉFABRIQUÉE
Génial, ces préfabriqués !
Qu'est-ce que tu en sais ?
Aucun n'a été construit.
C'est écrit dans le magazine !
LA PUB, ÇA PAIE !
Grâce à un ami journaliste,
Tucker obtint deux pages
dans le magazine Pic.
Mais personne, pas même Tucker,
n'aurait pu prévoir ce qui arriva.
En une semaine,
150 000 lettres
affluèrent de tout le pays.
"Où peut-on voir une Tucker ?"
"J'en veux une."
"Où acheter une Tucker ?"
"Comment devenir concessionnaire ?"
Du jour au lendemain,
le pays s'enflamma pour Tucker.
Il y a un monde entre
bricoler une voiture dans sa grange,
- et la produire en masse.
BANQUE D'AFFAIRES
Que faut-il pour que ça marche ?
Une voiture.
- On l'a déjà.
- Un prototype qui fonctionne ?
C'est écrit dans le magazine.
Il nous faudrait aussi
des grands noms de Detroit,
à mettre sur nos brochures.
Par exemple ?
Je pense à l'ancien
vice-président de Ford,
Robert Bennington.
Aujourd'hui,
il dirige Plymouth,
mais ça ne va pas durer.
On peut lui demander.
Il acceptera un rôle consultatif ?
Consultatif ?
Bennington dirigera tout.
Tucker risque de refuser.
Pour placer leur argent,
les gens doivent avoir confiance,
à tort ou à raison.
- Si ce... Comment déjà ?
- Tucker.
Si c'est un chieur,
autant abandonner.
Aucune inquiétude.
Tucker est bon gars.
Que nous faut-il d'autre ?
Il faut une usine.
On a la voiture.
Dégotez Bennington,
à n'importe quel prix.
Je m'occupe de l'usine.
Merci.
Philadelphie, Pennsylvanie.
Norfolk, Virginie.
Omaha, Nebraska.
Celle-là
vient d'Anchorage, Alaska.
C'est la première de là-bas.
Abe devrait être là
depuis une heure.
Tu connais les trains.
Toujours en retard.
Qui c'est ?
- Vous auriez un moment ?
- J'attends quelqu'un.
Cinq minutes.
Au revoir, papa !
- C'est pour quoi ?
- Vous vendre quelque chose.
Quoi ?
Moi.
Cinq minutes, alors.
Merci.
Je m'appelle Alex Tremulis.
Je quitte l'US Air Force
dans quelques semaines.
Avant, j'étais étudiant
en ingénierie automobile.
L'article sur votre voiture
m'a rendu complètement dingue.
J'ai fait quelques croquis en 3D.
Si vous voulez jeter un œil.
Votre travail sur la carrosserie
est génial,
mais, en appliquant
les lois de l'aérodynamique,
on aura une voiture familiale,
- conçue comme une fusée.
- Tu as retouché mes portes !
Vous n'aviez que
80 cm sous plafond.
La taille moyenne
pour un homme est de 90.
Et dès qu'on ouvrait la porte,
on heurtait le trottoir.
Les miennes s'ouvrent vers le haut,
comme un avion.
- Temps écoulé, petit.
- Encore deux minutes.
Tu cherches un job ?
Tu l'as.
Au bureau d'études ?
Tu es le bureau d'études.
Alors, ça a marché ?
J'ai plein de nouvelles.
La rencontre a été fructueuse.
Jimmy Sakiyama, Abe Karatz.
- Mon associé.
- C'est un grand plaisir.
Enchanté.
Si Eddie demande,
on sera dans la salle à manger.
On avait pas enfermé
les *** dans des camps ?
C'est pas un ***.
Il est ingénieur.
Ça reste un ***.
Ils l'ont placé ici il y a 15 ans,
pour l'insérer par le travail.
Mais son père, sa mère
et sa sœur de 12 ans
sont internés
dans un camp du Colorado.
Si ça peut te rassurer.
Quel fêlé...
- Bonjour, M. Karatz.
- Bonjour.
Ça laisse trois usines militaires
désaffectées.
Ce n'est pas gagné.
Tout le monde louche dessus,
mais ça vaut le coup d'essayer.
Celle-ci est idéale :
jolie et petite.
L'autre est trop grande.
Elle coûterait le double
en équipement,
mais elle ferait l'affaire.
Et la troisième ?
Non. Impossible.
C'est là que Dodge
fabriquait ses B-29.
Où est le problème ?
L'usine se compose
de 16 bâtiments sur 190 hectares.
L'un des bâtiments
mesure 30 hectares.
D'un seul tenant !
Le plus grand au monde.
C'est parfait.
Tu vas adorer Chicago.
On y trouve la plus grande
galerie commerciale du monde.
C'est fantastique !
Je vais pouvoir construire
tout ce dont j'ai rêvé, ici.
Voitures de sport, familiales,
coupés, camions,
même des avions !
Il nous reste
à convaincre le gouvernement.
Tu les as contactés ?
On a rendez-vous avec
l'administration des biens de guerre.
- Quand ?
- Lundi, à 15 h.
- Ça ne sert à rien.
- Comment ?
Il faut que ce soit un déjeuner.
Tu sais quel mal
je me suis donné ?
Autour d'un rosbeef.
Saignant. Très saignant.
Toutes les 25 secondes,
l'automobile tue,
ou estropie quelqu'un
dans un accident.
60 % des accidents
ayant lieu la nuit
se produisent dans des virages,
à cause du temps de latence
entre le moment où vous tournez
et celui où
les phares éclairent devant vous.
Sur une Tucker,
les ailes et les phares
tournent en même temps.
Ainsi, on voit où l'on va
avant d'y être.
Cette femme est passée
au travers de son pare-brise.
Le pare-brise des Tucker
est éjectable.
Et afin que personne
ne se blesse au visage,
les vitres sont feuilletées.
Nous avons aussi
des ceintures de sécurité.
Pourquoi ?
Dites-moi pourquoi
les Trois Grands de Detroit
ont-ils pu empocher des milliards
sans jamais dépenser
un sou pour la sécurité.
Nous le savons bien,
le public le sait :
ils se fichent
complètement des hommes.
Ils ne pensent qu'au profit.
Laissez-moi vous dire
le fond de ma pensée.
L'industrie automobile
est coupable de négligence criminelle.
Si ça ne tenait qu'à moi,
elle serait inculpée pour homicide.
Messieurs, je vous remercie.
Félicitations.
Ils te haïssent,
et moi aussi.
Je n'aurais jamais dû
me laisser entraîner...
Oscar Beasley,
assistant de l'administrateur.
Pourriez-vous passer
à mon bureau demain, à 15 h ?
Bien sûr.
Dans ce cas, à demain.
Ça leur a plu.
On a le rendez-vous, non ?
Tu raisonnes logiquement,
mais on est à Washington.
C'est de la politique !
Ils vont nous utiliser à leur guise.
Nous n'avons aucune chance.
Comment a-t-on pu croire
qu'on aurait un prêt ?
On n'a que des dettes,
et encore des dettes.
Et comment fait-il,
ton génie de mari ?
Quoi qu'il gagne, il dépense
toujours le double de ce qu'il a.
Où étais-tu ?
J'allais raccrocher.
Alors ?
Ils me mangeaient dans la main.
J'aurais demandé la Californie,
ils me donnaient l'Arkansas en prime.
Désolée, chéri.
Ce n'est pas fini.
- J'ai un rendez-vous demain.
- Et Abe ?
Il n'y connaît rien.
- Tu as obtenu le prêt ?
- Ils réfléchissent.
Tu mens aussi mal que moi.
Je t'en prie, reviens vite.
- S'il te plaît.
- Promis, chérie.
- Je t'aime.
- Je t'aime aussi.
- À bientôt, mon amour.
- Au revoir.
M. Tucker.
La commission
vous confie l'usine de Chicago.
À condition que vos actifs
dépassent les 15 millions de $.
Concernant le statut de constructeur,
vous devrez produire 50 voitures
durant l'année suivant
la prise de possession.
Cela vous convient ?
Ma foi...
Évidemment...
Nous signerons les papiers
demain, à 17 h.
Merci.
Laissons M. Beasley
vaquer à ses occupations.
Klondike 436. De la part
de son mari, Preston Tucker.
Les syndicats ont dit à Roosevelt
que s'il voulait leurs voix,
il devait confier l'usine
à un constructeur automobile.
Pourquoi moi,
et pas l'un des Trois Grands ?
- Ils la trouvent trop grande.
- Ils sont dingues ?
Tu es le seul cinglé à accepter
d'y fabriquer des voitures.
Qu'est-ce qui se passe ?
Quoi ?
Ne quitte pas.
Quand la voiture
sera-t-elle à New York ?
J'ai un attaché de presse
au téléphone.
Pour le lancement,
il veut la présenter
devant Wall Street.
Fanfare, feu d'artifice
et tout le tremblement.
Les investisseurs prieront
pour obtenir des actions.
Tu entends ça ?
- Et comment !
- On a réussi !
La plus grande usine du monde !
Et c'est nous qui l'avons !
Génial !
Il nous faut juste
15 millions et une voiture.
Rien que ça.
Tu m'aimes ?
- Je t'aime.
- Moi aussi !
- À plus ***.
- D'accord.
- "Il nous faut une voiture" ?
- Allons arroser ça !
On n'a pas de voiture ?
Non. Mais ce n'est pas...
Frank, je te rappelle.
Ça va, Abe ?
Tu me caches autre chose ?
Je n'ai pas un sou
pour la fabriquer.
- Ça va ?
VOULOIR, C'EST POUVOIR
50 000 $ pour une voiture ?
C'est un prototype fait main.
Ne l'oublie pas.
Combien faut-il pour commencer ?
Oublie les 50 000.
Pour commencer ?
Disons 10.
Je t'en donne 6.
Si tu as raison,
on vendra des franchises.
Mais rien n'est moins sûr.
Quel être sain d'esprit
paierait pour
une voiture qui n'existe pas ?
Et dire que je signe un chèque,
tout en disant que c'est de la folie.
Une seule chose.
Il nous la faut absolument
dans 60 jours.
Absolument sans faute.
"Sans faute" ?
Impossible.
- 60 jours ?
- Ou jamais.
Pourquoi ?
Nos ventes d'actions
ne paieraient même pas une roue.
Et ces lettres !
Ce sont des futurs clients,
pas des investisseurs.
- Aucun actionnaire majeur n'a investi.
- Mais pourquoi 60 jours ?
Car nous prenons
possession de l'usine le 1er juin.
Et c'est ce jour-là, pas avant,
que notre Arlésienne,
la voiture du siècle sera dévoilée.
Tonton Abe ?
Pourquoi vous faites ça
avec votre nez ?
Quoi ?
Vous le remuez comme un lapin.
- Bien, tous au lit !
- Je fais quoi ?
Allez, les petits travailleurs.
- Je fais vraiment ça ?
- Tu ne fais rien avec ton nez.
Chez Ford, ils mettent neuf mois
à passer du modèle au prototype.
Appelle les carrières.
Carrigan, Milton...
Appelle aussi Tully.
Qu'ils viennent demain.
Il nous faut de l'argile
pour commencer le modèle.
Et pour l'acier ?
- Il en reste des tourelles ?
- Un peu.
Il y a 24 heures dans une journée.
Qui, parmi vous,
osera me dire
que c'est infaisable ?
C'est infaisable !
À part toi !
Faudra t'y faire !
C'est infaisable !
Infaisable !
- Papa...
- M. Tucker ?
- Excuse-moi, fiston.
- Ça concerne la fac...
Papa, je veux te parler
d'un truc qui me tracasse,
mais à chaque fois
que j'aborde le sujet...
Regarde.
C'est quoi ?
La réponse de Notre Dame.
J'ai été reçu.
- Félicitations !
- Je ne veux pas y aller.
Écoute,
je veux apprendre
à faire des voitures avec toi.
- Je ne veux pas devenir président.
- Qui a dit que tu serais président ?
C'est toi !
Les pires professions qui existent,
c'est politicien et avocat.
Ne sois jamais président !
C'est un mélange des deux !
Alors, t'es d'accord ?
Bien sûr.
Tu peux rester avec moi.
Tu vas m'être indispensable.
Ils ne nous vendront pas
leur argile.
Sans argile, pas de modèle.
Sans modèle, pas de prototype.
Relax !
La vie est pleine de surprises.
Doug !
Chris !
Je vous présente Alex,
qui dirigera le bureau d'études.
Les meilleurs de la profession.
Ils transformeront tes plans
en merveilles de métal.
- Alors, ce châssis ?
- Pas mal, pour un début.
Autant te le dire maintenant :
on a des soucis avec le moteur.
J'aurais dû t'en parler
avant de commencer la conception.
Impossible.
Quand il a une idée en tête...
Le moteur arrière est le cœur
du projet. Alors débrouillez-vous !
Tu peux y arriver, Eddie.
"Tu peux y arriver, Eddie."
Je vous offre
la chance de votre vie :
une nouvelle concession.
Pour une voiture qui révolutionnera
l'automobile : la Tucker.
Un moment.
Accessoires de sécurité,
deux convertisseurs de couple...
Il faut renoncer
aux convertisseurs,
et mettre une transmission.
Pourquoi ça ?
Parce qu'on n'aura jamais le temps !
Vous vous rappelez, la Cord 18 ?
Je ne vois pas
d'autre transmission possible.
À condition d'en trouver une.
J'ai le choix ?
Mais c'est provisoire.
Une fois la présentation passée,
on fera la voiture annoncée.
Bien parlé !
7 500 dollars.
Si on m'avait dit
que ça arriverait un jour.
Les ailes ne tournent pas
avec les roues.
Et pourquoi ça ?
Vous vous rappelez
Frank Lockhard, dans sa Stutz ?
À grande vitesse,
les ailes faisaient gouvernail.
Il en est mort.
À la place,
j'ai mis un phare directionnel.
Le résultat est le même,
et c'est sans danger.
Désobéissez-moi comme ça
encore une seule fois...
et je vous augmente.
Plus de marche arrière !
C'est réparable ?
- Pas pour lundi.
- Mais si.
Junior, viens m'aider.
Allez, on y va.
Poussez !
- L'idée ne me plaît toujours pas.
- On n'a pas le choix.
Sans un homme d'expérience,
on ne vendra pas nos actions.
Tant qu'il ne cherche pas
à diriger ma compagnie.
M. Tucker.
J'admire les esprits novateurs
qui osent prendre des risques.
Pour notre nouvelle série, j'ai moi-même
introduit les housses en nylon.
Quand verrai-je cette voiture ?
Bientôt, M. Bennington.
J'espère bien.
Vous la présentez bien
la semaine prochaine ?
Le taux de compression est trois fois
plus élevé que sur une familiale.
Il lui faut une batterie de 24 V.
- Ça n'existe pas.
- Celles-ci sont de 6 V ?
Celle d'un camion fait 12 V.
Tu n'as qu'à en prendre deux.
Que penses-tu des photos,
sur les brochures ?
Je voulais justement t'en parler.
Tu verrais
le conseil d'administration.
J'ignore encore si Bennington
est croque-mort,
ou si c'est lui qu'on embaume.
"Quinze années de tests" ?
Ça fait bien plus de 15 ans
que je songe à cette voiture.
Y songer n'est pas tester.
C'est de la pub.
On n'est pas obligé d'y croire.
Un vendeur de bonbons ne dira jamais
que ça donne des caries.
Tu m'as vu, hein ?
Épargne-moi ce petit rictus.
Tu l'as volé à Clark Gable.
Quoi ?
Je n'ai rien volé à Clark Gable !
Je t'ai surpris un tas de fois
en train de t'entraîner.
Ce sourire, là.
C'est lui qui me fait vibrer.
C'est le vrai toi :
le canari qui a mangé le chat.
C'est mon sourire
qui te fait faire ça ?
À chaque fois.
Tu sais ce que ce sourire
me donne envie de faire ?
De te frapper.
Je préfère m'en tenir au canari.
M. Bennington,
MM. les membres du conseil,
nous avons un problème majeur.
Vraiment, M. Tucker ?
Quel genre de problème ?
Detroit fait pression contre nous.
On ne peut acheter
ni argile, ni acier,
ni rien du tout.
Ça ne m'étonne pas.
J'ai donc pris rendez-vous
avec le sénateur Ferguson,
pour régler ça directement.
- Mais...
- Non, Abe !
Les soucis,
il faut les tuer dans l'œuf.
Et votre sourire lui fera oublier
qu'il est le sénateur de Detroit,
et que nous produisons
des autos à Chicago ?
C'est aussi mon sénateur,
ne l'oubliez pas.
Le sénateur vous attend.
Parfait.
- C'est par là ?
- La porte en face.
M. Tucker.
A. H. Karatz.
K-A-R-A-T-Z, c'est ça ?
Asseyez-vous, messieurs.
J'irai droit au but.
Vous êtes un homme
très puissant, à Washington.
Votre mission
- est d'éviter aux Trois Grands...
- Limo est arrivé, sénateur.
Désolé, messieurs.
Cela devenait intéressant,
mais mon planning a changé
depuis qu'on a pris rendez-vous.
Cela arrive sans arrêt.
Je ne vais donc pas pouvoir...
Alice ?
- Vous vous êtes occupée...
- En arrivant ce matin.
Vous m'accompagnez à la voiture ?
Sénateur, n'oubliez pas
le rendez-vous de 16 h.
- C'est noté.
- Sénateur ?
Vous m'apporterez
le dossier à l'aéroport.
Vous aimez Jack Benny ?
C'est mon préféré.
- Les billets !
- Merci.
"Les problèmes sont des occasions
en vêtements de travail."
Je ne fais que citer mon ami,
Henry J. Kaiser.
- Karatz.
- Bonjour, sénateur.
Au fait, du nouveau ?
Ils m'ont appelé.
Appelez Tim.
Dites-lui que c'est de ma part.
Vous connaissez Harry MacDonald,
directeur de la SEC à Washington ?
- Pas encore.
- Un enfant du pays, un type loyal.
Quel est votre acteur préféré ?
C'est donc cela,
le secret de votre forme ?
Entre autres, sénateur.
Excellente idée
de vendre des franchises
pour une voiture qui n'existe pas.
Vous connaissez cette chanson ?
"La musique tourne et tourne
"Puis elle arrive enfin"
Inculper les Trois Grands
pour "homicide" ?
Très amusant.
C'était quoi, ce cirque ?
Qu'est-ce qu'il a voulu me dire ?
De rester en dehors
du business automobile,
si tu tiens à tes couilles.
- Quoi encore ?
- Pour l'injection, c'est mort.
Y aura pas d'injection ?
Il nous reste une solution :
le double carburateur.
Bordel de merde !
Où est ma voiture ?
Que va-t-il en rester ? Rien ?
Bonsoir, Abe.
- Comment ça va ?
- Très bien. Entre.
Tonton Abe !
Mon Dieu.
J'ai quelque chose pour toi.
- Ça vient de Chicago.
- Pour moi ?
J'espère que ça te plaira.
- J'adore, tonton Abe !
- J'espère que ça lui ira.
J'y connais rien en robe.
- Je peux l'essayer ?
- Bien sûr.
Tu m'as eu !
J'ai un cadeau pour toi.
Réponds-moi calmement.
On a une voiture de prête ?
On a quelque chose.
Elle ressemble
à ce qu'on avait annoncé ?
Oui, elle y ressemble.
Alors pourquoi t'inquiéter ?
Ils viennent la voir, c'est tout.
- Ton martini, Abe.
- Viens trinquer avec moi.
À la voiture.
Elle vous plaît ?
- Merci, tonton Abe.
- Y a pas de quoi.
Vous la trouvez comment ?
Elle est superbe, ma chérie.
Papa !
Où est papa ?
Viens vite.
On a une fuite d'huile.
On a pété un joint.
Ça fuit de partout.
Je m'absente une minute et voilà !
Où est Eddie ?
- Qu'est-ce qui se passe ?
- Exactement ce qu'on craignait.
Qu'est-ce que c'était ?
Ça va ?
Tu n'as rien ?
Ça va ?
On aurait pu y rester !
La suspension est morte.
- Ça va aller.
- Où est Dutch ?
Il nous faut quatre
nouveaux bras en acier.
- C'est possible ?
- Pas de souci.
Qu'est-ce qui t'arrive, bordel ?
Sa cervelle aurait pu exploser,
et ça t'a même pas effleuré !
Et pourquoi ?
Pour ce tas de boue !
C'est tout ce que c'est !
Un tas de boue !
Écoute-moi bien attentivement.
On la fera, cette voiture.
Celle de nos rêves.
Exactement telle qu'on l'a voulue !
Ça vous a plu ?
Je vous ai bien remonté le moral ?
- Vous êtes contents ?
- Tout va bien.
Ça vous fait rire,
de me voir perdre les pédales ?
Il y a encore mieux :
assister à ma propre crucifixion.
Ce qui risque d'arriver à Chicago.
Où en est-on ?
Voici Frank, l'attaché de presse.
Il dit "Frank-l'attaché-de-presse"
en un seul mot.
Je vous en prie.
- Ce sont les vigiles ?
- Ils font les trois huit.
Personne ne doit
approcher de la voiture.
Je leur ai dit.
Halte là, Frank !
Vilain garçon.
Non. Plus bas !
Voici Stan.
Il tourne une publicité sur vous.
C'est destiné aux représentants,
aux concessionnaires...
Si vous aviez
des photos de famille,
- des clichés...
- Des films amateurs.
Ferme-la.
Photos, films...
Tout ce qui pourrait servir.
- À quoi ?
- À vendre des actions.
Quel rapport avec ma famille ?
Nous vendons des voitures,
mais aussi une image,
de vous et votre famille.
Et pour être filmé
devant la Maison Blanche ?
Tu crois que le président
va venir te supplier ?
Ce genre de pub ne s'achète pas.
Tu l'as déjà fait.
Oui, pour de l'argent.
Bien sûr.
Ce que tu dis n'a aucun sens
et pourtant je te comprends.
Parce qu'on parle
le même langage !
J'aimerais vous prendre
devant l'enseigne.
Digne, sérieux,
et sûr de vous.
Le parfait capitaine d'industrie.
En direct des usines Tucker.
Le plus grand parking du monde
affiche complet.
Les gens sont venus de partout :
de Washington,
de New York...
Et avec leur famille,
ils brûlent de voir
les innovations de la Tucker,
dont ils ont tant entendu parler.
Alors qu'on attendait 300 invités,
1 000 personnes sont déjà présentes !
À 13 ans déjà,
alors garçon de bureau
du vice-président de Cadillac,
Preston...
Où m'avez-vous amené ?
Au plus grand jour
de l'histoire de l'auto.
Je ne m'attendais pas
à un tel cirque !
Vous n'avez encore rien vu.
Allez-y, poussez !
- Alors ?
- On a une heure de retard.
Ces fichues roues sont bloquées.
- Essayons de la secouer.
- Vas-y, Jimmy.
Dans l'autre sens.
Junior, passe dessous !
Eddie, prends le manchon !
- Des soucis, on dirait ?
- Les pauvres ont passé la nuit
à essayer de faire tenir
cette épave debout.
Elle ne recule même pas.
Il n'y a pas de marche arrière !
Ça vous dirait
de me rendre un petit service ?
On veut la voiture !
- Il se passe quoi ?
- Aucune idée. Ils s'impatientent.
Sénateur Ferguson ?
Il faut commencer, vite !
Faites quelque chose.
Bennington devient fou !
Quand c'est bon,
préviens-moi d'ici !
Mesdames et messieurs,
je suis Preston Tucker.
Désolé du retard.
Pour vous faire patienter,
les Tuckerettes !
- C'est quoi, les Tuckerettes ?
- Des filles !
Les roues arrière sont bloquées,
avec tout ce poids.
Essaie avec ça.
Applaudissons les Tuckerettes !
Junior,
préviens ton père.
C'est parti !
Ne sont-elles pas adorables ?
Par ici ! Ici !
Ça y est !
À présent,
mesdames et messieurs,
le fameux moment
que vous attendez tous.
On y va !
Poussez, les gars.
Stop !
Une nouvelle fuite !
Dis à ton père
de gagner du temps.
Papa !
Gagne du temps !
J'aimerais d'abord
vous présenter ma famille.
Ma tendre épouse Vera.
Ma fille, Marilyn Lee.
Adorable, non ?
Junior, le fer à souder !
Mon aîné est en coulisses.
En train de dormir ?
D'abord...
Papa !
Top !
Vous voulez la voir, cette voiture ?
Stop ! Y a le feu !
Les extincteurs !
Mais avant tout,
j'aimerais vous parler
de ses équipements.
Tu me marches sur le pied !
Filme plutôt le feu !
Grâce à son moteur arrière...
L'incendie est terminé.
Vous pouviez pas vous grouiller ?
Même le pire mécano,
où que vous soyez,
sera en mesure
d'extraire le moteur,
et de le remplacer
en moins de 20 minutes.
On a abandonné l'idée.
Vous ne lui avez pas dit ?
Pourquoi en parle-t-il ?
Les Tuckerettes !
La voiture !
Dépêche, Tucker !
Le rêve peut devenir réalité.
Mesdames et messieurs,
ne laissez pas la Tucker
vous filer sous le nez.
Mesdames...
Excellent !
Montez, mes chéris !
Venez !
Et maintenant,
mon amour,
ma muse,
ma femme,
Vera !
D'habitude,
c'est samedi le jour du bain !
Nous sommes fiers d'annoncer
que cette nouvelle voiture
consomme 10 L aux cent
et atteint 205 km/h,
sans même forcer sur l'accélérateur.
Elle est équipée de ceintures,
d'un moteur arrière,
d'un habitacle renforcé,
et d'un intérieur capitonné.
Achetez une Tucker !
Ne laissez pas le futur vous doubler !
Ce Tucker est un danger public.
Il ignore tout
du fonctionnement des entreprises,
- et c'est un piètre ingénieur.
- Vous avez raison.
Si l'on n'y prend garde,
rien ne sera prêt à temps.
Une longue tournée promotionnelle
serait un bon prétexte
pour le tenir éloigné un certain temps.
- Bonne idée.
- Ça me plaît bien.
Preston, j'aimerais
te présenter Mme Mellon.
Voici la clé de notre ville,
et cette magnifique plaque
qui commémorera votre succès.
OFFREZ-VOUS UNE TUCKER
NE LAISSEZ PAS
LE FUTUR VOUS DOUBLER !
Les Tucker sont arrivés.
Et voilà Chicago.
Il y a au moins 100 étages.
Par ici, madame.
Alors, ça vous plaît ?
Je l'ai négocié à un bon prix.
Bonjour, Millie.
Comment vas-tu, chérie ?
Bonjour, Millie.
Voici la cuisine,
équipée d'un monte-plats.
Le plafond à caissons est superbe.
Ça explique le prix :
une famille d'artistes habitait là.
Riches, mais ils étaient...
nains.
- Je veux acheter une aciérie.
- Une aciérie ?
Il nous en faut une.
Je vais voir si Beasley ne peut pas
nous trouver une autre usine.
Comment tu comptes faire ?
Ils les attribuent au plus offrant.
Sacré briquet.
Voici les instructions
de M. Bennington.
20 cm au lieu de 15.
- Pour les roues...
- Qui êtes-vous au juste ?
Je travaille au bureau d'études.
Jetez un œil à nos croquis.
Nom de Dieu !
- Bordel !
- Qu'est-ce qui vous prend ?
Il y a des évolutions.
On doit renoncer au moteur arrière.
Pas de moteur arrière ?
- Pas de moteur arrière ?
- Ça ne fonctionne pas.
Pas de moteur arrière !
Nous représentons M. Tucker.
C'est très important.
Désolée, il ne peut vous recevoir.
Il est sorti.
La prochaine fois qu'il sort,
dites-lui d'emmener son corps.
Mme Tucker !
Quelle bonne surprise !
Je suis vraiment
ravi de vous voir, mais...
auriez-vous avoir l'amabilité
de contacter ma femme ?
C'est elle qui gère
les visites de courtoisie.
Ma visite n'a rien de courtoise.
Asseyez-vous, messieurs.
Allons droit au but.
Qu'est-ce que c'est que ça ?
Et ça ? Et ça ?
Quant à cela,
c'est ridicule.
J'admire énormément
les femmes qui prennent à cœur
les affaires de leur époux.
Pourquoi avez-vous changé
les plans de mon mari ?
Et les couleurs ?
Le bleu pâle
s'inspirait de la couleur
d'une de mes robes.
Le rêve de votre mari
d'avoir un moteur arrière,
n'est pas réalisable, c'est tout.
Cela ne sera d'ailleurs
peut-être jamais faisable.
- J'en suis navré.
- Et ceci ?
Preston s'était engagé
sur un prix de 1 000 $,
or dans cette note,
vous doublez le prix.
Mon épouse et moi-même
serions ravis de vous avoir à dîner.
T'occupe pas du dîner, Benny.
Réponds à la question.
Pourquoi ?
L'acier.
Impossible d'en trouver.
Il nous coûte deux fois
le prix accordé aux Trois Grands.
Je ne voudrais pas
me montrer grossier,
mais nous sommes au milieu
d'une réunion cruciale.
Quand vous êtes
au volant d'une Tucker
La voiture de demain
Dès aujourd'hui
"Bonjour à tous.
Ici Preston Tucker.
"Je n'aime pas faire
trop de bruit autour de mon nom.
"Le bruiteur s'en chargera pour moi.
"Plus sérieusement..."
Qui a écrit ça ?
Je préfère improviser.
Téléphone pour M. Tucker.
Je rappellerai.
- C'est votre femme. C'est urgent.
- D'accord. Je prends.
On peut faire mieux que ça.
Allô, poupée.
Rentre vite, chéri !
Bennington a changé tes plans.
Il a mis le moteur à l'avant,
changé la ligne...
Ne t'en fais pas, Junior.
Tout va bien.
Si Bennington équipe l'usine
pour sa Plymouth bis,
ça nous coûtera des millions
pour racheter des machines.
La priorité, c'est la vente d'actions.
Sinon, pas de voiture.
Alors oublie Bennington.
Dès mon retour,
je le renvoie
à ses pompes funèbres.
Bennington veut doubler
le prix de la voiture,
à cause du prix
auquel on achète l'acier.
Baissez-moi ça !
Pour finir, adieu le bleu pâle !
- Comment ?
- Notre couleur !
- Chérie, je rentre tout de suite.
- Très bien.
Fini le moteur arrière !
Vos propres ingénieurs
reconnaissent leur échec.
La présidence refusera
toute discussion à ce sujet.
C'est vous, "la présidence" ?
Ont également été écartés
sans possibilité de discussion :
les freins à disque,
le moteur à injection,
les soupapes hydrauliques,
les ceintures de sécurité...
Que leur reprochez-vous ?
Cela fait voir la voiture
comme un danger.
Tout peut être un danger !
Si quelqu'un meurt à cause
d'un élément que vous aurez supprimé,
- je vous jure...
- Laissez-moi vous rappeler
que vous n'avez pas
voix au chapitre.
C'est moi qui dirige cette société !
Quelle société ? La mienne ?
Vous ne trouverez aucune équivoque
à ce sujet dans mon contrat.
C'est vrai ?
Il nous fallait son nom
pour vendre des actions.
Un homme d'expérience,
pour diriger la manœuvre.
Mais je te le jure devant Dieu,
j'ignorais cette clause du contrat.
Quand on engage Falstaff,
il faut savoir qu'il a de l'appé***.
Que voulez-vous dire ?
Les petits bateaux
ne doivent pas s'écarter du rivage.
On dirait l'horoscope.
C'est ma compagnie.
Il y aura ceintures,
freins à disque,
et moteur arrière à injection !
Nous verrons cela, M. Tucker.
Ce fils de pute
ne dirigera pas ma société !
Pardonne-moi, chérie.
Ne quittez pas.
C'est pour toi, papa.
Il dit s'appeler Howard Hughes.
Si c'est une...
J'y serai.
Crois-moi, j'y serai.
Howard Hughes.
Qu'en penses-tu, petit ?
Il est énorme.
C'est ce que tout le monde dit.
Vous aimez les pistaches ?
Les avocats...
Tout ce qui les intéresse,
c'est de savoir s'il volera.
Mais on s'en fiche.
Ça n'a aucune importance.
Spruce Goose.
Pourquoi un tel surnom ?
Vous trouvez ça drôle ?
Je ne comprends plus.
Les gens...
Ai-je changé ou bien...
est-ce l'humour qui a changé ?
Autrefois, je riais avec eux.
Cette...
enflure,
Homer Ferguson.
Il en a après moi aussi.
Il m'a convoqué
devant une commission d'enquête.
Et si je ne m'y présente pas,
il m'enverra en prison.
Je suis déjà en prison.
L'acier...
C'est pour ça
que je vous ai fait venir.
Il y a une usine d'hélicoptères,
à Syracuse,
la Air-Cooled Motor Company.
Sans le moindre lien
avec un organisme gouvernemental.
Les politiciens
ne pourront rien contre vous.
Cette compagnie possède
tout l'acier dont vous avez besoin,
et elle est proche
de la banqueroute.
Si vous vous dépêchez,
ils seront prêts à traiter.
Ils fabriquent aussi
un très bon moteur en aluminium.
Mais attention,
je compte sur vous.
Pas de...
Je me demande...
Je me demande
avec quoi on nettoie le sang.
- T'en penses quoi, Jimmy ?
- C'est un moteur d'hélicoptère.
Il faudra le modifier
pour le refroidir à l'eau,
mais ça peut être un début.
Il est petit, c'est un avantage.
Je l'emmène.
Je vais en faire un schéma.
Ah, le temps...
Bennington aura fini sa voiture
avant que j'aie réussi à le chasser.
On va devoir tout faire ici,
dans le dos de Bennington.
La commission d'enquête du Sénat
a convoqué Howard Hughes,
l'ingénieur aéronautique.
Il faut un nouvel arbre à came.
Et revoir l'admission, aussi.
Pardon, mais dans un hélicoptère,
le moteur est à la verticale.
Si on veut coucher le nôtre,
il faudra un carter d'huile.
Faites en sorte que tout s'adapte
à notre chaîne de montage.
C'est bon, messieurs.
Eddie, amène-toi !
Tout doit être prêt demain.
Démarre.
Amène une autre batterie.
Gagné !
- En avant ! Roule !
- Et c'est parti !
Filme-la comme un cygne
à la surface de l'eau.
Dégagez de là !
Vous êtes dans le champ !
Quel joli son !
On va se relayer !
Elle va rouler
une journée entière !
On va la pousser au maximum !
Espérons qu'elle tienne.
- C'est super.
- Contente ?
On en est où ?
17 h 30.
C'est le temps qui reste ?
Merde !
Très bien.
Le lâchez pas.
Charlie, c'est Homer.
Cet enfoiré de Tucker a réussi.
Pas la voiture annoncée,
mais il nous faudra une fortune
pour rester dans la course.
Je vais m'occuper de lui.
On a réussi !
Nom de Dieu !
Coupez !
- Eddie, ça va ?
- Une ambulance, vite !
Attention !
Ça va ?
"Au maximum",
comme on avait dit.
Regarde-moi ça !
Je parie qu'elle roule encore.
Démarre, pour voir.
Qu'est-ce que je disais ?
C'est une sacrée bagnole !
Une sacrée putain de bagnole !
Et t'es un sacré pilote !
Tu l'as eu, j'espère ?
- Oui, on l'a.
- T'as pas l'air sûr. On l'a eu ?
- Si, on l'a.
- J'espère.
- On l'a bien, hein ?
- Non. On l'a loupé.
On reprend les plans d'origine.
Avec moteur arrière
et tout le reste.
On change juste ces valeurs :
- 13...
- Tucker !
C'est quoi, ce cirque ?
Vous relancez la production
de votre voiture à moteur arrière.
Qui vous a permis ?
Selon mon avocat, on doit faire
la voiture prévue dans le contrat.
Si vous croyez vous en tirer...
Confucius préférait
les petits bateaux
aux "vieux bateaux à rames
qui font grand bruit,
"mais ne vont nulle part."
Vous entendrez parler
de mon avocat. Soyez-en sûr.
Au revoir, monsieur.
Plus rien ne nous arrêtera.
"Vous entendrez parler
de mon avocat."
Superbe plan sur la calandre.
Et maintenant, elle tourne.
Et là, une vue de profil.
Ensuite, le pompiste arrive.
Il présente mieux
que le gros qu'on avait.
Attendez le plan suivant.
Il est génial.
Il pose le chiffon. J'ai évité
le coup du pied dans le pneu.
- Pourquoi ?
- Regardez ça !
Regardez sa tête !
Ensuite, j'hésite.
- Un gros plan, peut-être ?
- Un coup de pied dans le pneu ?
Le doigt, c'est pas mal.
Je ne sais pas si on le garde.
Pas le doigt, mais le pneu oui.
Abe, viens voir.
Stan a fini la pub !
Viens voir.
C'est bon !
Coupez. Je reviens
dans une minute voir la fin.
Alors, ça vous a plu ?
- C'est quoi, tout ce mystère ?
- Ton bureau est sur écoute.
La salle de réunion, l'usine
et même les toilettes.
Depuis les essais de la voiture,
40 agents t'épient jour et nuit.
- Pourquoi ?
- Ta voiture est trop parfaite.
C'est le but :
mettre le client dans la nasse.
C'est toi, le poisson.
Qu'est-ce que tu dis ?
On a réussi.
Dans deux semaines,
on sortira 100 voitures par jour.
Selon Frank, l'attaché de presse,
dans deux semaines,
les Trois Grands auront eu ta peau.
Tiens.
Ma lettre de démission.
- Prends-la.
- Tu quittes le navire ?
Les capitaines
coulent avec leurs navires,
pas les hommes d'affaires.
Regarde-moi dans les yeux.
Un bon vendeur
regarde son client en face.
- Tu crois que ça m'amuse ?
- Tu me poignardes dans le dos !
- Pourquoi ?
- Tu veux la vérité !
Commençons par là.
J'ai fait trois ans de prison
pour fraude.
Et alors ?
Ils s'en serviront contre toi.
Et ce bout de papier
les en empêchera ?
Fiche-moi la paix, d'accord ?
Dix ans que je suis sorti,
ma condamnation ne m'a jamais gêné.
Pourquoi m'aurait-elle gêné ?
Qui s'en souciait ?
Mais que vous le sachiez,
toi, Vera et les enfants...
J'ai vraiment honte.
Quand j'étais petit,
vers 5 ou 6 ans,
ma mère m'a mis en garde :
"N'approche pas trop près des gens,
"sinon tu attraperas leurs rêves."
Bien après,
j'ai compris le malentendu.
Elle parlait de la crève :
"Tu attraperas leur crève."
Faut que je te dise.
J'ai fait affaire avec toi
pour faire du fric. C'est tout.
Comment aurais-je deviné...
qu'en t'approchant de trop près,
j'attraperais tes rêves.
Tiens.
Pour connaître leur coup de grâce,
écoute Drew Pearson à la radio.
Noble, règle-moi ça.
Inutile de crier.
Bonsoir.
Ici Drew Pearson.
L'information du jour
concerne Preston Tucker,
l'ambitieux et auto-proclamé génie
de la construction automobile.
Depuis quelques mois,
la SEC enquête sur son cas,
et s'apprête à révéler
l'une des fraudes les plus habiles
et coûteuses perpétrée
aux dépens du peuple américain.
Cette voiture n'a aucun
des accessoires annoncés,
mais de plus,
chacune de ces pièces
provient de casses
ou de décharges.
Ceux qui la surnomment Tin Goose
s'amusent de constater
que la "voiture de demain"
de M. Tucker,
ne peut faire marche arrière.
- Foutaises !
- Comme Tucker, d'ailleurs.
Homer Ferguson, sénateur
et administrateur des biens de guerre,
a bien l'intention
de découvrir ce qui est advenu
des 26 millions de $
levés par Tucker.
Une chose est sûre,
ils n'ont pas servi
à faire des voitures.
Nouvelle rumeur
autour du Capitole...
Ils n'ont pas le droit !
Faut les tuer !
Tu vas les laisser faire ?
Tu crois qu'ils ont affaire
à un dégonflé ?
Sans le savoir, ils viennent
d'ouvrir la boîte de tante Dora.
On t'adore, papa.
Mais c'est "la boîte de Pandore".
L'AFFAIRE TUCKER
La SEC saisit les archives
Bonjour, Mle Yanpaulski.
- La SEC est venue quand ?
- Ils n'ont pas mis les pieds ici.
J'ai appelé chaque chef de service.
Appelez le rédacteur en chef.
C'est pas incroyable ?
Bonjour.
Arrêtez !
Vous n'avez pas le droit d'entrer !
Nous enquêtons pour la SEC.
Nous avons ordre
de saisir vos archives,
correspondance, livres de compte...
Plus vous coopérerez,
plus nous partirons vite.
Sacré journal, monsieur !
Il donne les nouvelles
avant qu'elles n'arrivent.
Au nom
de tous les membres du conseil,
nous présentons notre démission.
Elle prend effet immédiatement.
Et les concessionnaires
qui vous attaquent en justice ?
Une réaction face à la confiscation
des actifs de la société ?
Merci de poser
vos questions à M. Bennington.
Combien de temps
l'usine restera-t-elle ouverte ?
L'usine est officiellement fermée.
C'est papa !
- Ton permis de conduire ?
- Où sont les filles ?
- Il est venu tout seul.
- Tiens-moi ça.
J'adore l'intérieur.
Une semaine de plus,
et on n'avait qu'à pousser un bouton
pour sortir 100 voitures par jour.
Dis-moi.
Si on sort 50 voitures avant juin,
ils ne peuvent pas confisquer l'usine.
C'est écrit dans le contrat.
- On a combien de voitures prêtes ?
- 47.
Il n'en manque que trois !
Et qui va les faire ?
Bosser gratos, on connaît.
Assembler trois voitures en un mois !
Qui parmi vous osera
me dire que c'est infaisable ?
- C'est infaisable.
- À part toi.
Tu te rases plus ?
- Qui ça, moi ?
- Oui. Toi.
Tu as déjà le look
de chef de service.
C'est toi ?
Ne rentre pas chez toi.
La police t'attend.
Ils vont t'arrêter.
Tu ne vas pas me croire,
mais devant le commissariat,
il y a peut-être une centaine
de journalistes. Et même la télé.
Ils vont te coffrer !
Tu plaisantes ?
Planque-toi quelque part.
Ils veulent du sensationnel,
je vais leur en donner !
- Papa, tu vas où ?
- Je rentre à la maison.
Vous auriez du feu, les gars ?
Il est où ?
Je sais pas.
On l'a paumé.
Du calme !
Merci.
C'est quoi, tout ce cirque ?
Demandez à vos flics
ce qu'ils pensent
de leur poursuite à 160 km/h
derrière mon épave.
- Vous voulez me coffrer ?
- Entrez immédiatement !
Info locale :
le procès Tucker se tiendra
dans la salle même
où Al Capone fut condamné.
25 chefs d'accusation pour fraude
sont portés contre lui,
cinq atteintes au règlement
de la SEC et enfin,
complot d'escroquerie.
Tucker, libre après paiement
d'une caution de 25 000 $,
risque une peine maximale
de 155 ans de prison,
ainsi qu'une amende de 60 000 $.
Asseyez-vous.
Quant à son génie révolutionnaire,
c'est en matière d'escroquerie
qu'il l'a mis en pratique.
Il voulait l'argent des autres
sans rien en échange,
et c'est ce qui est arrivé.
L'État soutient que M. Tucker
a trompé l'opinion publique
en faisant miroiter
la sortie d'une voiture idéale.
Il s'agissait d'un mensonge,
pour gagner de l'argent.
Ça va, maman ?
Il fait chaud ici.
Ton père dirait : "Ce n'est pas
la chaleur, mais l'humilité."
La société Tucker commença
son activité en toute bonne foi.
L'accusé avait l'intention
de fabriquer des voitures.
Il ne put y parvenir
à cause d'un manque de financement,
dû à d'importantes
ingérences extérieures.
Je n'aurais pas mis 7 500 $
dans une concession automobile
sans garantie de livraison.
Ils devaient produire
1 000 voitures par jour.
Je tiens une station-service
et je vends de l'occasion.
Reconnaissez-vous
l'homme venu vous démarcher,
dans la salle ?
C'est lui.
Notez que le témoin
a identifié M. Abe Karatz.
Vous a-t-il parlé de ses trois ans
de prison pour fraude bancaire ?
Objection.
Non pertinent.
Objection rejetée.
Confirmez-vous avoir été condamné,
en juin 1935,
pour détournement de fonds,
et avoir purgé
une peine de trois ans,
- dans un pénitencier fédéral ?
- C'est exact.
Pensez-vous vraiment qu'ici,
l'un d'entre nous croira
en la parole d'un ancien condamné ?
Au moins un.
Une société bien gérée
ne gaspille pas d'argent
en recherche et développement.
Sauf lorsque la concurrence
l'oblige à le faire.
Voici un homme, M. Tucker,
dont la tâche est
la bonne gestion de son entreprise.
Il possède
la plus grande usine du monde,
avec deux fonderies,
une douzaine d'ateliers,
et tout l'équipement imaginable.
Pourquoi diable
construire son moteur
dans une grange sous-équipée ?
- Objection !
- Retenue.
Veuillez vous en tenir
à l'interrogatoire du témoin.
Ce procès est un cadeau de Noël
que Detroit s'offre à elle-même.
J'aurai de la chance
si je m'en sors avec 15 ans.
Il n'a encore rien prouvé.
Ils verront
ce qu'ils voudront bien voir.
Je suis expert-comptable
auprès de la SEC.
Combien la société a-t-elle payé
pour concevoir le prototype qui n'est,
nous l'avons démontré,
qu'un assemblage de vieilles pièces ?
Une somme de 223 000 dollars.
Quoi ?
C'est un mensonge.
Au bénéfice de... ?
La Ypsilanti
Machine & Tool Company.
Pouvez-vous décrire leur usine ?
Quelle usine ?
C'est une grange !
Ils ont falsifié
toute la comptabilité.
J'ai tout gardé : reçus, factures,
chèques, relevés bancaires...
De quoi démontrer
que les chiffres qu'ils avancent
ne correspondent pas à la réalité.
Pourquoi l'affirment-ils,
si on peut prouver le contraire ?
Les gens croient
ce qu'ils lisent dans les journaux.
S'ils me présentent comme un escroc,
je coulerai et ma voiture avec.
C'est le but de l'opération.
Je vais éplucher
toutes nos archives.
Ils font leurs titres
avec des mensonges,
on fera pareil avec la vérité.
J'arrive pas à dormir.
Ça tombe bien.
On a besoin d'aide.
Et tout nous indique
que M. Tucker a escroqué,
à son profit personnel,
un million de dollars
aux souscripteurs.
J'ai ici la copie
d'un article du Detroit News
à propos de l'enquête de la SEC
sur la société Tucker,
et citant mot pour mot
certains éléments
présents uniquement
dans le rapport de la SEC.
Comment le Detroit News
a-t-il obtenu ces informations ?
Aucune idée.
M. Blue,
j'ai sous les yeux la déposition
d'une certaine Susan McNamara,
votre secrétaire privée, je crois.
Elle déclare
vous avoir vu remettre
une copie du rapport
à l'auteur de l'article.
Elle ajoute avoir reçu l'ordre
de mettre à sa disposition
un bureau dans un bâtiment fédéral.
Pourquoi la SEC
communique-t-elle ainsi
des informations sur M. Tucker,
vraies ou fausses,
en infraction totale
avec son propre règlement ?
Objection.
Ce n'est pas le procès de la SEC.
Si la SEC
a bien divulgué des informations
pour salir la réputation de M. Tucker,
et qu'elle continue de...
M. Kirby !
Comment la croire
quand elle accuse M. Tucker ?
Votre conduite n'est pas admissible.
Je rappelle aux jurés
que les paroles des avocats
ne constituent pas des preuves.
M. Kerner,
d'autres témoins ?
Rien à ajouter.
Voilà la troisième !
La numéro 50 !
Je suis fier de toi !
On a réussi !
Avec une semaine d'avance.
Une vraie merveille !
Demain, c'est à nous de jouer !
On va les réduire en bouillie.
Ferguson, sa femme...
On va montrer exactement
comment tout s'est passé
depuis le début.
Demain, je veux voir
toutes ces voitures
garées devant le tribunal,
dès 8 h 30.
Où sont les voitures ?
On ne peut plus attendre.
- Une réaction...
- Pas de commentaire.
- Sur quoi ?
- Vous n'êtes pas au courant ?
"Dirigée par Ferguson,
"la commission créée
par le Président Truman ordonne
"à l'administration des biens de guerre
de confisquer l'usine Tucker
"et de la confier à Lustron,
pour la réalisation de préfabriqués."
Papa !
Dépêchez-vous !
C'est après le virage !
Toutes les rues sont en travaux.
On a dû passer par la Chine.
Je comprends pas.
On n'est que le 24 mai.
On avait jusqu'au 1er juin.
Jusqu'à ce qu'ils changent d'avis.
- C'est mon choix !
- Je ne vous laisserai pas faire.
Ils n'ont pas le droit
de la confisquer !
Oubliez l'usine.
La voiture Tucker est morte.
C'est de la politique.
Je ne vous laisserai pas
vous saborder.
Vous ne réalisez pas les forces
qui jouent contre nous.
Je ne vous laisserai pas faire ça.
Tucker, regardez-moi.
Si vous n'y prenez pas garde,
vous passerez 20 ans en prison.
Nous y produirons
des préfabriqués.
Ravi de vous voir,
sénateur Ferguson.
Afin de loger les plus démunis.
J'aurais jamais cru voir ça :
un politicien qui garde
la main dans sa propre poche !
La défense a décidé
de ne présenter aucun témoin.
Nous pensons que l'accusation
a été incapable d'exposer sa preuve.
En outre, votre Honneur,
l'accusé demande à la cour
la permission de présenter
ses conclusions lui-même.
Il s'estime seul capable de remettre
les choses à leur juste place.
Pas d'objection.
Permission accordée.
Si vous dites quoi que se soit
d'inacceptable dans un tribunal,
je vous interromprai.
Merci, votre Honneur.
Merci, sénateur.
Dites-leur qu'un échec honnête
n'est pas une faute.
L'accusation affirme
que je n'ai jamais eu l'intention
de construire une voiture.
Que seul l'argent m'intéressait.
Si vous décidez que c'est vrai,
alors je suis coupable.
Mais selon la loi,
si j'ai essayé de faire des voitures,
même de mauvaise qualité,
et même si
je n'en avais fabriqué aucune,
si vous pensez que j'ai essayé,
alors je ne suis pas coupable.
La loi n'interdit pas
d'être idiot ou inconscient,
comme j'ai pu l'être au début.
Mais ce que personne n'a dit ici,
c'est qu'après ce prototype,
j'ai fabriqué la voiture annoncée.
Et 50 d'entre elles
sont garées sur Adam Street.
Si la Cour vous autorise
à faire un tour dans l'une d'elles,
le procès sera fini !
Preuve irrecevable.
Retenue.
Laissez donc le jury
regarder par la fenêtre.
Objection.
On les voit d'ici.
Le jury doit savoir que j'avais
l'intention de fabriquer ces voitures.
Huissiers, maîtrisez-le.
Laissez-le parler !
Écoutons ce qu'il a à dire.
Si ça continue,
je n'aurai d'autre choix
que d'ajourner le procès.
Je ne tolérerai plus
le moindre débordement
de quiconque, dans ce tribunal.
Excusez-moi.
Vous avez une minute, M. Tucker.
Merci, votre Honneur.
Quand j'étais enfant,
je dévorais les livres
sur Edison, les frères Wright,
M. Ford...
C'était mes héros.
"De la misère à la richesse",
c'est plus qu'un livre.
C'est l'essence même de ce pays.
Nous avons inventé
la libre entreprise,
qui permet à tout individu,
d'où qu'il vienne,
quelle que soit sa classe sociale,
pourvu qu'il ait en tête
un projet excellent,
de pouvoir s'élever sans limite.
J'ai dû me tromper de génération,
car dans le système actuel,
le rêveur solitaire, l'original
qui s'amène avec une idée folle,
dont tout le monde se moque
mais qui révolutionne tout ensuite,
on l'étouffe sans lui laisser
sortir la tête de l'eau !
Les bureaucrates tremblent
devant les idées novatrices.
Aujourd'hui,
Benjamin Franklin serait en prison
pour pilotage de cerf-volant
sans permis.
C'est la vérité.
On est bouffis d'orgueil
parce qu'on a inventé la bombe.
Et on s'en est servi,
pour matraquer
les Japonais et les nazis.
Mais quand on claque la porte
à un jeune esprit novateur,
non seulement
on barre la route du progrès,
mais on sabote aussi ce pour quoi
on s'est toujours battus.
La raison d'être de ce pays.
On finira en bas de l'échelle,
sans savoir comment
on a pu tomber aussi bas.
À acheter nos voitures
à nos ennemis d'antan.
Je ne crois pas
que cela arrivera.
Je ne veux pas le croire,
car si je cessais de croire
au bon sens du peuple américain,
je ne pourrais plus
sortir de mon lit chaque matin.
Je vous remercie.
Pourquoi vous ai-je laissé faire ?
Asseyez-vous.
Le jury est-il parvenu
à un verdict ?
Oui, votre Honneur.
Accusé, veuillez vous lever.
Nous, les jurés,
déclarons l'accusé,
Preston Tucker,
non coupable.
Et si maintenant,
on allait tous ensemble
faire un tour dans une
de ces Tucker qui n'existent pas ?
Regarde.
Les gens adorent la voiture.
Ça me rend fou.
La Tucker Company est morte.
- Il n'y aura jamais de Tuckers.
- Elles sont là.
Il y en a 50.
Quelle différence ?
Après, c'est juste de la production.
Ce qui compte, c'est l'idée.
Et le rêve.
Tu mijotes quoi, cette fois ?
Je réfléchis
à un réfrigérateur bon marché,
destiné aux plus démunis.
Il aurait de quoi contenir
deux bouteilles de lait.
C'est tout.
Grâce à ça, les enfants
échapperont au rachitisme.
Sur les 50 Tuckers produites,
46 roulent encore.
Ses innovations :
aérodynamisme, confort,
sécurité, moteur à injection
et freins à disque,
sont présentes
dans nos voitures actuelles.
Tucker mourut six ans après le procès,
mais ses idées vivront toujours.
Sous-titres : eric & Loupinou
[ French TeAm ]