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Décentralisation.
Comme vous le savez, ici à Desarmes,
il n'y a pas beaucoup de possibilités pour les jeunes.
Alors, même si c'est difficile,
nous trouvons des moyens de les envoyer à la ville
dans l'espoir qu'ils aient une vie meilleure.
Quand vous perdez trois filles qui devaient vous aider à l'avenir...
Je prends de l'âge.
Je ne peux pas travailler autant qu'avant.
Ces filles, c'était mon espoir.
Pour Desarmes, et pour les autres régions du pays,
il faut qu'il y ait une décentralisation,
pour qu'il y ait des possibilités dans chaque région,
dans chaque quartier, pour que les jeunes qui sont encore ici
puissent aller à l'école et trouver au moins quelque chose à apprendre.
Comme ça, ils n'ont pas besoin d'aller dans d'autres parties du pays.
Si c'était déjà le cas,
beaucoup de personnes qui sont mortes seraient encore vivantes.
Quand un chrétien souffre, tous les chrétiens souffrent.
Quand un chrétien crie, tous les chrétiens crient parce que,
chaque fois qu'une personne crie, c'est Dieu qui crie.
Parce que nous sommes tous les enfants de Dieu.
Je pense que pour les chrétiens du Canada et des États-Unis,
nous leur demandons d'être solidaires avec nous,
de faire pression sur les dirigeants de leur communauté, du Congrès,
pour développer un plan spécial pour reconstruire ce pays.
Il faut qu'il y ait une stratégie centrée sur les besoins des gens.
C'est ce qui est le plus important.
Il faut qu'il y ait une stratégie économique concentrée sur le marché interne
et une stratégie économique basée sur la façon
dont l'état peut soutenir les acteurs les plus dynamiques de l'économie.
Les acteurs les plus dynamiques sont les paysans.
Malgré le fait que 50 % de la population travaille dans le secteur agricole,
malgré le fait qu'il produit environ la moitié de la nourriture consommée dans le pays,
c'est un secteur qui a été complètement négligé,
avec peu d'investissements par l'état.
Par exemple, le Ministère de l'agriculture est le plus grand ministère du pays
et il reçoit 3 à 4 % du budget national.
Il ne peut donc pas vraiment offrir un soutien aux paysans.
S'il n'y a aucune volonté politique de la part des responsables
d'accorder de l'importance à ce que nous appelons la « production locale »,
dans peut-être 10 ans encore,
tout ce qui nous est nécessaire pour vivre viendra de l'étranger.
Les institutions financières internationales ont joué un grand rôle
pour imposer des politiques qui ont détruit l'économie agricole d'Haïti.
Les citoyens canadiens et américains ont donc un grand rôle
à jouer pour plaider en faveur d'un changement du caractère des politiques
des pays étrangers envers Haïti.
Regardez ce qui a réellement causé ce problème.
Il y a beaucoup de gens qui disent
« Nous ne pouvons pas les laisser construire encore des bidonvilles ! »
Ce sont des paroles en l'air parce que la construction de bidonvilles
répond à une réalité historique,
une réalité sociale et une réalité économique et il a fallu 200 ans pour en arriver là.
Il faut donc attaquer les problèmes structurels
qui sont l'inégalité sociale, l'exploitation,
l'exclusion et la marginalisation des gens du reste du pays.
Tous les peuples des Amériques,
tous les peuples de la Terre doivent travailler ensemble
pour aider le peuple haïtien à résoudre cette crise.
C'est la capacité à résoudre une crise aiguë comme celle que connaît Haïti
qui démontrera la capacité à aller vers un autre monde :
un monde solidaire.