Tip:
Highlight text to annotate it
X
Onze.
Douze.
Treize.
C'est des quoi?
Drôle de dégaine.
>
On jurerait des revenants.
Deuxième partie
UN COMBAT D'INTÉRÊT LOCAL
16, Camarade adjudant chef.
Je vois.
File trouver Ossianina, le personnel se replie sur les positions de réserve.
Envoie-moi Britchkina.
Et on rampe, camarade interprète. De cet instant, toute la vie en rampant.
Camarade adjudant chef.
Respire un bon coup, Britchkina.
- Tu retrouveras le chemin du retour? - Oui.
- Le gros morceau - le marécage. - Je sais bien.
Attends, Elisabeth, ne prends pas la mouche.
Le gué est étroit: À gauche, à droite, pas le moindre écart.
- Je passerai. - Tu reprends ton souffle sur l'îlot.
Tu dis à Kirianova que la situation s'est modifiée.
Nous n'y arriverons pas avec nos seules forces.
Tu prends rien, tu vas comme ça.
N'oublie pas la perche pour passer.
- Fonce, Elisabeth fille de ton père... - Je laisse les cartouches?
Heureusement qu'on est passé.
Ça se gâte, les filles... Ça se gâte.
Ils sont donc 16...
Et ils seront là d'ici trois heures, je pense.
J'ai envoyé Britchkina au cantonnement.
On peut pas espérer du secours avant la fin de la journée.
Si nous déclenchons le combat, nous ne tiendrons pas le coup.
Aussi bonne que soit la position c'est impossible, ils ont 16 mitraillettes.
Quoi, on va les regarder défiler sous notre nez?
On doit pas les laisser prendre par les hauts. On doit les dérouter.
Les obliger à faire le tour du lac. Mais comment?
Non, ces Allemands-là ne sont pas venus ici pour se battre.
Ils avancent prudemment, évitent les lieux habités, pour pas être repérés.
Pour aller à l'objectif sans bruit, ni vu ni connu.
Il vaut peut-être mieux qu'ils nous voient,
et nous, on fait semblant qu'on les a pas remarqués?
Possible que dans ce cas ils vont se replier et s'engager autour du lac?
Et ça, c'est une journée de marche.
Et qui je vais leur montrer? Moi et vous quatre?
Lls auront vite reconnu que nous sommes cinq.
Ils nous cernent sans tirer une balle et tous les 5- à l'arme blanche.
Vas-y, Rita.
Camarade adjudant chef, et s'ils trouvent des bûcherons?
Quels bûcherons, où? Les bois sont déserts, c'est la guerre.
Pourquoi? Les femmes sont en train de faire leurs provisions de bois.
Juste, les filles! Bien trouvé.
On va leur monter un spectacle, même que je connais le bon endroit.
On se remue, le temps presse...
Nos filles arrivent!
- Attends, je te porte. - Non, pourquoi?
Ton mal t'a pas encore lâchée.
Ils arrivent, camarade adjudant chef.
- Elle est frisquette. - Relève ta jupe.
C'est pas dit dans le Règlement.
On oublie la terminologie militaire. Ils ont aussi leurs interprètes.
Comme si j'étais une môme...
Tu voudrais ta potion?
Ne cours pas où c'est mouillé. On se presse, les filles.
On doit encore monter le spectacle.
Bonne idée, le fichu de Lisa.
- Dommage qu'on l'a déchiré. - On lui en offrira un tout neuf.
Voilà quand les chiffons servent à quelque chose.
Elle pense qu'à se montrer...
En attendant tu te couvres et tu restes avec moi. Les filles, on commence.
On fait beaucoup de fumée, on ébranche en tâchant que ça s'entende.
Mais vous exposez pas.
Vous allez, vous venez, vous vous découvrez un peu mais pas trop.
- Prascovie! - Quoi?
- Prends ta hache! - C'est fait!
Mets la main à la pâte...
Qu'est-ce que je fais? Et, rran... Que je t'aide,,,
Ça brûle pas... Du bois humide sans doute.
Regarde, moi, si ça flambe...
Encore une fois! Ensemble... Il veut pas lâcher...
Encore... Encore un peu...
- Garez-vous! - Ça y est...
On coupe les branche, vite!
Prascovie, tu me suis...
Macha, tu as pelé tes pommes de terre?
C'est fait! Je sens plus mes mains...
Ménage-toi...
Les filles, un coup de main...
Allez...
Le centre a appelé. Ils nous envoient des camions.
On déjeune bientôt?
Dès que la patate est prête...
Les filles.
Restez très prudentes, j'insiste.
Déplacez-vous à l'abri des arbres, évitez la broussaille.
Celui-ci vous l'abattrez sans moi.
Komelkova, à moi.
Tiens ça, Galia.
Aniouta, passe la hache.
Trouve la tienne. C'est ma hache, je m'en sers.
Les filles, par ici les branches.
Quelqu'un m'aide...
Ils sont peut-être partis?
Qui peut le dire? C'est possible.
Ils savent ce qu'ils font. Une mission comme ça on n'envoie pas n'importe qui.
- Choura, tu m'aides... - Mais attends donc...
Attends!
Je vois bien.
Encore, encore, allez... On l'a eu!
On a eu bon nez.
Leurs éclaireurs.
Ils se sont quand même décidés.
Maintenant ils vont traverser et tout est foutu.
S'ils comprennent qu'on les a repérés,
ils nous comptent sur les cinq doigts et c'en est fait de nous.
Bien...
Ces deux-là je les amorce.
Pendant qu'ils videront leur mitraillette sur moi,
vous aurez peut-être le temps de vous replier.
Va, Komelkova, rejoins les filles. Je vous couvre.
Ra: Ï: A!
Véra! À la baignade!
Arrêtez! Revenez!
Les poiriers et les pommiers étaient en fleur.
Sur le fleuve déboulait le brouillard,
Katioucha s'en venait sur la berge,
la haute berge plongeant dans l'eau.
Katioucha s'en venait sur la berge,
la haute berge plongeant dans l'eau.
Elle venait, elle chantait sa chanson.
La chanson de l'aigle bleu de la steppe, celui qui...
Où es-tu, mon petit lvan?
Les filles, on se baigne!
- Tout de suite, Génia! - On arrive!
Attends-nous!
Où allez-vous? Et le boulot? Je vais vous en montrer, moi, des baignades...
Le boulot peut attendre, il lui arrivera rien!
On rattrapera après!
Gare à vous...
Attention aux mauvaises pierres!
Je vais vous apprendre à feignasser!
Vous irez vous baigner après le travail!
Repliez-vous sur ma position. Vous me couvrirez.
On me coupe ça vivement!
Mais où es-tu donc, lvan!
Dis, l'eau doit pas être chaude?
Mais où traînes-tu donc à la fin?
Vous ne voulez pas? Tant pis pour vous.
Je sors de l'eau...
Alors, les filles, on va se baigner?
J 'arrive, j'arrive...
Le centre a téléphoné, les camions arrivent, habille-toi.
C'est pas vrai...
Va-t'en d'ici, Komelkova!
Tu as peur de l'eau, lvan?
Lvan!
J'en peux plus. Tu vas voir, je me lève etj'ouvre le feu.
Il ne faut pas faire ça, Sonia.
Qu'est-ce que tu fais? Attends un peu...
Ivan lvanovitch, les camions sont là! On vous attend, dépêchez!
Assez joué avec le feu!
Habille-toi.
Réchauffez-la.
Calme-toi, calme-toi.
Ils s'en vont, Génia, ils s'en vont.
T'as vu comme on les a eus...
Regarde, tu m'as quand même fait prendre un bain.
- Elle a pas fait exprès. - De quoi?
Non.
Ma jupe! Regardez, les filles...
C'est pas grave, on t'en donnera une autre. Eux au moins, c'est fini.
Vous les avez obligés à faire le tour du lac, ils n'ont pas d'autre chemin.
À condition, bien sûr, que Britchkina arrive à temps.
Elle réussira, rapide la fille.
Eh bien, si on trinquait pour l'occasion?
On boit à ses jambettes agiles.
À vos têtes éveillées.
Le plus grand péril est écarté.
Dès que nous rentrons, je vous avance toutes pour la médaille.
Et Génia, pour un ordre.
Je suis d'accord, pas d'objection.
En attendant, je vous remercie pour votre comportement exemplaire.
Pour l'Union soviétique!
Tu sens ça?
La civilisation les trahit. Les Allemands s'offrent un café noir.
Qu'est-ce qui vous le fait penser?
Je flaire le fumet, ça veut dire qu'ils se sont arrêtés pour le petit-déjeuner.
Tous les 16? Voilà ce qu'il faudrait savoir.
Il va falloir les compter, Marguerite.
Si les armes entrent en action
tu prends les filles et vous filez plein Est, jusqu'au canal.
Là-bas tu donnes l'alerte, mais je crois
que d'ici là la Lisabeth aura rejoint les nôtres.
- L'ordre est clair? - Non. Et vous?
Toi, Ossianina, arrête. On est pas là pour ramasser les champignons.
- Qu'est-ce que je dois dire? - L'ordre est clair, tu dois dire.
On poussera la chanson après, toi et moi.
On accomplit notre mission et on chante.
Au secours! Au secours!
Génia, tu as eu très peur?
Mais non, seulement après coup.
Si j'étais seule, mais vous êtes à côté.
Le dicton dit bien qu'il n'y a belle mort qu'au milieu des siens.
Ils sont pas partis, ils bivouaquent. Nous changeons de position.
Une chance que les Allemands n'aient pas de vrai rabatteur avec eux.
- Pourquoi? - Ça fait un moment que je vous flaire.
Tu m'apportes ma blague à tabac?
Mille pardons, Fédote Evgrafovitch, j'ai oublié...
Y a pas de mal, j'ai mon gros gris.
Déjà bien que tu as mon paquetage.
Dommage pour la blague, c'était un souvenir.
- Où vas-tu? - Je sais où elle est.
Tu bouges pas! Assieds-toi! Retourne!
Assis!
Il lui faudra d'autres bottes, elles claquent celles-ci.
Pas étonnant, deux pointures au-dessus.
Le principal, maintenant, c'est de pas trahir notre présence.
Aussi vous serrez bien vos paquetages, pour que ça brinquebale pas.
Je pense que Lisa Britchkina est arrivée, à l'heure qu'il est.
Dès que nous aurons lancé les renforts sur leurs traces,
je vous mets à l'abri dans les rochers.
Pour quelle raison?
À l'écart, pour que vous entendiez pas les jurons.
Il y a des chances que l'affaire doive se régler au corps à corps.
- Et alors? On fermera les oreilles. - On te demande pas ton avis.
À présent on se camoufle et on ouvre bien les yeux.
On s'abstient d'éternuer!
Et de tousser... Ça porte très loin.
C'est pas Gurwicz qui a crié?
Non, j'aurais cru.
Komelkova avec moi. Les autres attendent ici.
Suis-moi.
Les Allemands?
Ne parle pas. Quelle misère... Quelle misère...
C'est pour ça qu'elle a eu le temps de crier.
Il croyait frapper un homme.
Le premier coup n'est pas allé jusqu'au cœur
C'est ma faute ce qui t'arrive.
Reste un moment ici, ma petite Sonia.
Pas le temps de faire ta crise, Komelkova!
Reprends ton souffle.
Ils sont là.
Tout près. Il y en deux.
Ils vont gravir la hauteur et ils passeront tout près de nous.
Tu te mets derrière ce rocher.
Quand ils seront à hauteur du pin, tu fais du bruit, n'importe quoi.
Mais ni avant, ni après.
On peut pas tirer, les autres rappliqueront. Allez.
Très bien, Komelkova.
Tu auras ta citation.
Écartez-vous. Seigneur... qu'est-ce que je vois?
Lls ont enfreint la loi humaine.
De ce fait, ils se sont eux-mêmes mis hors la loi.
Tu veux te passer un peu d'eau?
Je comprends. Ces choses-là il faut s'y habituer, ton cœur doit se durcir.
Des hommes, de solides gaillards, même eux...
Tant qu'on aura pas reforgé les consciences...
Tu sauras retrouver les nôtres?
Bon, va. Venez auprès de Sonia, enfin, là-bas...
Faites vos adieux.
Et pas de crises de nerf...
Elle était partout la meilleure.
À l'école, à l'université.
Oui...
Elle lisait des vers.
Et surtout, elle aurait eu de beaux enfançons.
Qui lui auraient fait des petits-enfants et des arrière-petits-enfants.
Et le fil ne se seraitjamais rompu.
Et eux, d'un coup de poignard, ils ont coupé le fil.
Chausse-toi.
Pourquoi avoir fait ça?
Mon soldat a rien à se mettre aux pieds. Ici on joue pas au hochet.
Il faut penser aux vivants. Y a pas d'autre loi à la guerre.
Je t'ordonne de mettre ces bottes.
C'est impossible. Comment pouvez-vous? Je vais...
Je l'écrirai à mes parents.
Cesse de nous bourrer le crâne! T'as pas de parents et t'en n'as jamais eu...
T'es une enfant trouvée, faut pas inventer des histoires!
Faut pas parler comme ça. C'est pas le moment d'être méchant.
D'ici à ce qu'on devienne des bestiaux, comme les Allemands...
Tiens ça.
Ne tire pas long, il bascule en haut.
- Je sais. - Ça me ferait mal de tirer court.
Alors on m'écoute. On cache le barda superflu.
Toutes les armes avec soi.
On se disperse!
À moi! Lls se replient.
Vous êtes touché?
Non, des éclats de pierre.
Sergent, merci pour la petite seconde que tu m'as laissée.
Cette seconde-la vaut qu'on te paie ta *** quotidienne, jusqu'à la tombe.
- Un miracle que vous êtes là. - Je suis chanceuse.
Chanceuse... La chance, c'est que je les ai vus le premier.
Restez un moment ici.
On lui parle gentiment, et elle...
Une komsomole! Lci chaque soldat compte.
Camarade adjudant chef, vous êtes au parti?
Évidemment.
Nous vous demandons de présider la réunion des J.C.
Et vous avez quoi à l'ordre du jour?
Le comportement indigne au combat d'un membre du Komsomol.
Sa lâcheté.
Autrement dit, on organise le petit théâtre bureaucratique?
On condamne la camarade Demikopek, on rédige un procès-verbal?
Et on demande aux boches de le valider - vous trouvez ça normal?
Pas moi.
Aussi, en tant qu'adjudant chef et membre du parti communiste,
j'annule présentement toutes les réunions.
Et quant à la lâcheté, il n'y a rien eu de semblable.
La lâcheté elle se voitjamais que dans le second combat.
Là, il s'agit de désarroi, par inexpérience, c'est tout.
Vrai, soldat Demikopek?
Je vous ordonne d'essuyer les larmes et le reste.
Ossianina, tu te postes à l'avant, surveiller le bois.
Les autres soldats se restaurent et si possible, se reposent.
Mange un bout, mon petit Demikopek.
- Mange. - Merci.
Pourquoi lls ont pas engagé le combat, qu'est-ce que tu crois?
Tu sais pas. Eh bien moi non plus.
Alors que l'ennemi, il faut savoir le comprendre.
La guerre, c'est pas à qui descendra le plus de bonshommes.
La guerre, c'est à qui fera le mieux marcher les méninges.
Vous devriez vous reposer un peu.
Non, Marguerite, faut repartir en reconnaissance. Même si t'en peux plus.
Qui prenez-vous avec vous?
T'es un bon soldat, Ossianina, mais tu sais pas ton Règlement.
Et le Règlement... Qu'est-ce qu'il dit le Règlement?
Le chef n'est pas uniquement un supérieur militaire.
Il est tenu en outre d'être un éducateur.
Pas elle. Vaut mieux Génia.
Bien sûr que c'est mieux.
On peut pas admettre que quelqu'un cesse de se respecter.
Marchez à distance, sans rien emporter, juste les armes
Si vous entendez des coups de feu ou un double cri de canard,
vous vous abritez et vous attendez qu'on vous rejoigne.
Et si vous nous voyez pas venir, vous vous repliez
sans qu'on vous voie en direction de l'Est, jusqu'aux premier village.
- Tu as quel âge, toi? - Pour de vrai? Dix-sept ans.
Quoi, tu leur as menti, au recrutement?
Menti. J'ai dit que les Allemands ont tué mes parents,
Ben dis donc...
Enfin, j'ai pas eu des parents un jour?
C'est à l'orphelinat qu'ils t'ont appelée comme ça?
- L'idée de l'économe. - Un bon nom.
- Il vous plaît? - Petite monnaie mais qui vaut cher.
Bouge plus! T'es pas là!
Maman!
Première section, les prendre par derrière!
Les autres me suivent!
Pour la Patrie soviétique, hourra...
Courons, Rita, courons, ils ne sont que deux...
On ne peut pas, Génia, un ordre est un ordre...
Cernez-les, les gars! Morts aux charognes fascistes!
On me suit! En avant!
Feu à volonté sur les charognes fascistes!
Comme tu veux. Alors j'y vais sans toi.
Soldat Komelkova, tu joues pas aux gendarmes et aux voleurs - la guerre!
Vive Staline! En avant!
Tu entends?
Il fait diversion pour qu'ils n'arrivent pas sur nous et sur Galia...
Il a promis d'être là demain.
Encore un peu de thé?
Lls sont six.
Ils y arriveront.
Comme les nuits son claires...
Claires mais froides.
Le Nord.
Il ne faudrait pas que les filles prennent du mal.
Comment ça t'est donc arrivé, Lisabeth?
Me suis un peu dépêchée.
- Fédote Evgrafovitch! - Fédote Evgrafovitch!
Camarade adjudant chef!
- Fédote Evgrafovitch, c'est nous! - Nous sommes ici!
Notre cher Fédote Evgrafovitch...
Vivant...
Notre cher homme... Vous voilà... Enfin...
Allons, les filles... Allons...
Au moins, vous avez mangé une miette, dormi un brin?
On avait pas envie, camarade adjudant chef.
Quel camarade adjudant, sœurettes? Je suis comme votre frère, maintenant.
Appelez-moi Fédote, et même Fédia, comme ma maman m'appelait.
Mon nom n'est pas très pratique, mais j'en ai pas d'autre.
Nous avons enterré notre Galia.
Nos camarades sont tombés de la mort des braves.
Galia Demikopek - dans un échange de tirs.
Lisa Britchkina elle s'est noyée dans le marécage.
Ça fait qu'avec Sonia, nous avons déjà perdu trois des nôtres.
C'est comme ça.
Mais voilà une journée que nous immo- bilisons l'ennemi. Toute une journée.
Alors adressons-nous en pensée à nos petites sœurs.
Pensons à elles en bien.
Pourquoi vous n'avez pas exécuté l'ordre?
Quel ordre?
Je vous ai donné l'ordre de vous replier vers l'Est.
Bien oui, nous nous sommes repliées.
- Repliées... - On a récupéré tout le fourbi.
Pour le fourbi, merci. Et maintenant, on écoute le nouvel ordre.
Préparez-vous, rangez le fourniment et en avant, marche.
Nous n'avons plus de secours à attendre de nulle part.
Et les Allemands ils avancent. C'est donc pas le moment de faire la sieste.
Et toi, Fédote?
C'est mon tour, à présent, de gagner une journée.
Les trois qu'on nous rendra pas,
je les aurai sur la conscience jusqu'à la fin de mes jours.
T'as perdu quelque chose, Fédia?
Me voici sans artillerie. L'amorce a fichu le camp.
Une grenade sans amorce c'est plus que de la ferraille.
Un bon pavé serait plu utile.
Ça ne fait rien, Fédote, on les repoussera.
On les repoussera, camarade adjudant chef.
Dégagez, vous autres, et plus vite que ça. Je vous donne trois minutes.
Nous refusons de partir.
Dites donc... Vous ne voulez pas aller en cour martiale pour non exécution...
Est-ce que vous pensez à moi, mes petites filles?
Nous aussi on est sur le gril, camarade adjudant chef.
Plus de deux jours déjà.
Pas le plus petit signe de vie.
Pas d'émissaire non plus. Je dis - pas d'émissaire, rien!
Je vois plus ou moins l'itinéraire.
Compris, me présenter immédiatement!
Camarades soldats!
L'ennemi armé jusqu'aux dents avance sur nous.
Nous n'avons personne, ni à droite, ni à gauche.
Et de secours à attendre de nulle part.
En conséquence, ordre à tous,
moi y compris, de tenir le front.
Et tenir bon. Même quand les forces manqueront, tenir malgré tout.
De ce côté, il n'y a pas de terre pour les Allemands.
Parce derrière nous il y a la Russie.
Plus simplement, la Patrie.
Belle la vie, mes frères,
Belle la vie, mes frères, belle la vie
avec l'adjudant, on a pas de souci!
On ne tire pas avant que les boches n'entrent dans l'eau.
En attendant, on respire 1 fois sur 2, pour que les oiseaux entendent pas. Vu?
Vu.
Prend, mais pour la rive d'en face - la carabine. En réserve, la mitraillette.
C'est quand ils traverseront qu'elle te sera utile. Vu?
- Vu. - Attends.
Garde un œil de ce côté-ci. Des fois qu'ils tentent de te tourner.
- Compris. - Allez.
Camarade adjudant chef.
Dépêchez! Rita!
Là.
- C'était quoi? - Une grenade.
De l'eau... De l'eau...
- Un instant. - Non.
Des chiffons! Du linge!
Plus vite!
- Pas de soie, du lin... - Il n'y en a pas.
Merci, Génia.
Les Allemands? Où sont les Allemands?
Va... va...
- Tu nous couvres? - Ouais.
Ce n'est rien... ce n'est rien... Rita.
Simples éraflures, Ça se cicatrisera.
Va... va là-bas. Génia, elle est là-bas.
Où vous allez si vite?
Elle les dévoie. Pour qu'ils la prennent en chasse.
Laisse-moi.
Laisse.
On les encercle! Suivez-moi!
Il me disait:
Sois à moi
etje vivrai
une passion brûlante.
Sourire charmeur,
regard mutin,
tout me promet
les joies du paradis.
Une fois il souriait,
une autre il versait des larmes,
Une fois il souriait,
une autre il versait des larmes,
Mais il ne m'aimait pas...
À mon pauvre cœur il parlait ainsi...
Les salauds! Allons, venez ici, vermine...
À mon pauvre cœur il parlait ainsi...
Mais il ne m'aimait pas, non, il ne m'aimait pas du tout...
Il ne m'aimait pas!
Finies... Moi!
Il avait promis...
Curieux.
Hé, vous!
Pour Rita! Pour Galia! Pour Sonia! Pour Lisa!
Il me disait:
Étoile lumineuse,
mon âme en veilleuse
tu l'as éclairée!
Et l'espérance...
dans mon cœur... tu l'as allumée!
Par ici, venez!
Mais venez donc!
Ah, vous avez le trouille?
Charognes!
Tuée sur le coup?
Sur le coup.
Elle pouvait se planquer, mais elle n'a pas voulu.
Et où sont les Allemands?
Lls sont partis, sans doute chercher de l'explosif.
Ils ne nous ont pas vaincus! Tu comprends? Pas vaincus!
Tu as mal?
J'ai mal là, oui.
Je vous ai sacrifiées, sacrifiées toutes les cinq.
Et au nom de quoi? Pour ces dix boches?
Tu as tort de dire ça.
Tu sais bien que c'est... la guerre.
La guerre, je sais.
Mais après, quand la paix reviendra?
Qu'est-ce que je saurai?
Qu'est-ce que je répondrai quand on me dira -
alors, les hommes,
vous n'avez pas su les garder des balles, nos mamans?
Dis pas ça, nous défendons la Patrie.
Arrête de te torturer comme ça.
Allonge-toi un moment, moi je jette un coup d'œil par là.
C'est vrai qu'il me reste 2 cartouches.
Toujours ça. On se sent rassuré.
Attends.
Viens ici.
Tu te rappelles, quand je suis tombée sur les Allemands, au croisement?
J'allais en ville voir maman.
Mon fils est avec elle, mon petit igor.
Maman est gravement malade.
Te tourmente pas, Rita, j'ai compris.
Je te remercie.
Je fais ma petite reconnaissance etje reviens.
On rejoindra les nôtres à la nuit.
Embrasse-moi.
Tu piques...
Va. Jette sur moi quelques branches et va.
Tu dois réussir, sans faute.
Nous réussirons ensemble.
Qu'est-ce que t'as fait, ma petite? Mais qu'est-ce que t'as fait?
Hände hoch!
Lageit!
Lageit! Lageit!
Lageit! Lageit!
Alles! Alles! Dans le coin!
Alles! Dans le coin!
Dans le coin! Hände hoch!
Hände hoch!
Quoi, vous nous avez eus?
Vous nous avez eus, hein?
Cinq filles!
Cinq filles en tout et pour tout. Cinq! Et vous n'avez rien pu faire!
Vous n'êtes pas passés! Vous crèverez ici!
Vous crèverez tous! Je vous tue, de ma propre main!
Qu'on me juge après... Qu'on me juge...
Ici Moscou. L'lnformburo communique:
Bulletin du soir.
Ce mercredi 3 juin un calme relatif régnait sur tout le front.
Dans quelques secteurs on notait
des combats d'intérêt local.
La nuit s'en revient sur les montagnes assoupies.
Auprès du feu de bois ce sont les yeux des copains qui brillent ainsi.
Le vent retombe avec la dernière chanson
sans doute est-il parti à ta recherche.
S'ils pouvaient tous ensemble venir par hasard jusqu'ici,
au pays où les glaciers se rompent avec bruit.
Dans tous les pays j'ai beaucoup de copains,
mais pourquoi n'es-tu pas parmi eux?
Je te chercherai, j'espèrerai en chemin,
même s'il me faut marcher des siècles.
Je te chercherai, carje crois encore
que je te retrouverai quelque part, très loin d'ici...
- Ça te plaît? - Très.
Ces fantômes hantent encore les parages.
C'est tout, père.
Eh bien, parfait comme ça, lgor.
Elisabeth Britchkina
Sofia Gurwicz Evguénia Komelkova
Marguerite Ossianina Galina Demikopek
GLOIRE ÉTERNELLE À CEUX QUI SONT TOMBÉS POUR LA PATRIE
FIN
Ripped by: SkyFury