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Nous sommes à la veille de l'opération de Danny.
C'est le début d'un long parcours chirurgical.
Au terme de ce parcours, il sera physiquement l'homme qu'il a toujours été intérieurement.
Je ne pense plus qu'à l'opération de demain.
Je ne suis pas encore "enthousiaste"...
Je m'interdis d'y céder.
Vaut mieux que je dorme.
J'ai attendu ce jour en essayant de ne pas trop imaginer le résultat.
C'est plus facile comme ça.
Je n'ai jamais douté de vouloir être opéré.
Une chose est sûre, si je n'y avais pas eu droit, je serais déjà mort.
Tout ira bien, hein ?
Danny attend depuis toujours d'être délivré de son corps.
Mais depuis quatre ans, il est forcé de comprimer ses seins pour les cacher.
Dans moins de trois heures, ils auront disparu.
Maintenant, je vais dessiner les pointillés, OK ?
La réalité s'impose à chacun tandis que l'heure de l'opération approche.
C'est là qu'on va découper ? - C'est ça. Bien, c'est fait.
C'est le point de non-retour : Danny s'installe dans le bloc.
Danny ayant été anesthésié,
seules Sara et Alice s'inquiètent encore.
C'est très frustrant, je ne peux rien faire, rien.
Juste le soutenir, l'aider à être fier de lui.
Le docteur Davis, chirurgien plastique,
pratique entre soixante et cent mastectomies
chaque année sur des patients transsexuels.
Je ne change pas la structure existante, je retire seulement le tissu excédentaire
et je déplace le mamelon.
Et je le retaille pour le rendre plus masculin.
Je vais pratiquer l'incision...
Cette substance blanche est le tissu mammaire.
Aucune graisse n'est plus stockée là.
Contrairement à la graisse, le tissu mammaire est solide et fibreux.
On ne peut donc pas l'aspirer par liposuccion.
Il faut le détacher de la paroi thoracique,
en le sectionnant manuellement.
Cette opération est très simple. Il s'agit de vider la bourre qui donne l'aspect féminin,
ce qui reconstitue l'aspect masculin.
Le travail consiste à retirer la bonne quantité.
En retirer trop aboutit à une poitrine creuse.
L'aspect est aussi anormal qu'avec des seins.
Le docteur Davis doit soigneusement recoudre chaque vaisseau sanguin.
Or le sein compte des centaines de vaisseaux sanguins, ce qui rend la tâche délicate.
Nous avons retiré 85 grammes du côté droit.
Bien sûr, nous allons essayer de retirer également 85 grammes du côté gauche.
Voilà la cavité laissée par le tissu mammaire.
La voilà. Vous voyez ?
Passons à l'autre côté maintenant.
La bonne nouvelle pour Danny, c'est qu'il n'a pas de peau excédentaire,
seulement du "rembourrage" excédentaire.
Nous n'avons qu'à retirer ce rembourrage.
Les deux côtés sont égalisés. On va recoudre.
Nous allons rendre ses mamelons plus discrets,
il en a de trop gros pour un homme à présent.
Je vais simplement couper la partie supérieure.
Et il va cicatriser.
Dix pour cent des patients perdent toute sensation dans leur mamelon.
En un peu plus de deux heures, les seins de Danny, et leurs mamelons proéminents,
ne sont plus qu'un souvenir.
Je crois que de notre côté, c'est assez réussi.
Pourvu que ça dure.
Danny a rêvé toute sa vie de se réveiller avec un corps masculin.
Ce matin, son souhait devrait être exaucé.
J'ai pas trop mal. C'est comme si j'avais reçu un coup de poing en pleine poitrine.
J'avais un peu mal aux tétons, ça s'est calmé.
La forme ne va pas rester comme ça. On dirait que j'ai des implants...
C'est encore un peu gonflé.
Pour la première fois, je peux dire que je me sens vraiment heureux...
Mais j'attends encore de voir comment ça va guérir.
Entrez !
Bonjour Danny !
Mais le monde de Danny va basculer, avec l'inspection des bandages par l'infirmier.
Alors, nous allons regarder ce côté-ci...
Tu sais que... - ...ça va faire mal !
Tu tiens le coup ? - Ouais, nickel !
Son sein droit est gonflé par un hématome.
Une hémorragie interne a formé des caillots.
Ce sein est devenu deux fois plus gros qu'il ne l'était avant l'opération.
Tu as mal quand on te touche ? - Oui.
Dites-moi pourquoi.
Je crois qu'il y a un petit vaisseau sanguin...
qui a saigné toute la nuit.
C'est assez sérieux pour qu'on t'opère à nouveau.
Juste histoire d'ouvrir et de libérer le sang qui s'est accumulé sous la peau.
Vous devez le faire tout de suite ?
On va sûrement s'y atteler dans la soirée.
Mais d'ici-là, pas de mouvements brusques...
Barrez-vous de ma chambre.
A quoi bon tous ces efforts ? Voilà pourquoi je refusais de me laisser enthousiasmer.
Je finis toujours par être déçu.
Voilà ma récompense, voilà ma vie.
Si l'on intervient pas, le caillot peut le tuer.
Ainsi, moins de 24 heures après son opération,
et avant même que sa soeur et sa compagne arrivent,
Danny est reconduit dans le bloc opératoire.
Le chirurgien plastique venu assister l'équipe
rouvre la blessure, et aspire le sang accumulé.
En quelques heures seulement, le sang se fige.
Il prend une consistance gélatineuse.
L'hémorragie n'est pas rare, après une intervention comme celle subie par Danny.
Sa fréquence est de 5 à 20% des cas.
Les caillots ont quitté la plaie.
La poitrine de Danny a repris son aspect masculin.
Mais il faudra attendre demain matin pour être certain de l'issue finale.