Tip:
Highlight text to annotate it
X
23,976 FPS
www.calorifix.net Enfants d'Hiroshima (v.01)
Traduction : F-de-villers Correction : Ulairi, Sblourg
ENFANTS D'HIROSHIMA
Producteur : Kimisaburo Yoshimura
Producteurs associés : Tengo Yamada, Hisao Itoya, Setsuo Noto
Directeur de la photographie : Takeo Ito
Musique : Akira Ifukube
Décorateur : Takashi Marumo
Distribution :
Nokubo Otowa
Tsuneko Yamanaka, Jukishi Uno, Shinya Ofuji
Tsutomu Shimomoto, Osamu Takizawa, Takashi Ito
Chikako Hosokawa, Masao Shimizu
Mise en scène : Kaneto Shindo
Repos !
Passez de bonnes vacances, mais n'oubliez pas de travailler.
Nous nous reverrons en septembre.
- Au revoir ! - Au revoir, Professeur !
Vous partez camper ?
Je m'en vais à Hiroshima.
C'est votre ville natale ?
Ça doit être bien d'avoir une ville natale.
Moi, je suis né sur l'île.
Je n'ai donc pas de ville natale.
Vous avez de la chance d'être né ici.
- Bon après-midi ! - Bonjour !
C'est moi !
Bonjour !
Tu es en avance.
Je vais t'aider.
Tu ferais mieux de te préparer pour demain.
Ce ne sera pas long, j'en aurai vite fini.
Je pense y aller simplement comme je suis.
Tu prendras le bac du matin ou celui de l'après-midi ?
Je prendrai le premier.
C'est une bonne idée.
Tu seras à Hiroshima avant le coucher du soleil.
Je te prendrai un billet.
- Merci, c'est gentil. - Mais de rien.
Koji ! Tu as déjeuné ?
Veux-tu bien laisser ce bateau !
Pas question !
Sale gosse ! Bon, j'y vais.
Depuis combien de temps tu n'y es pas allée ?
Je n'y suis pas retournée une seule fois depuis ce jour.
Ça fait quatre ans.
C'est fou ce que le temps passe.
Je n'aime pas me rappeler le passé,
mais parfois c'est inévitable.
J'ai oublié le passé.
Bon, tu es la même qu'avant.
Tu es toujours tellement enjouée.
Merci à vous deux.
Vous m'avez permis de me sentir en famille parmi vous.
Où vas-tu loger, là-bas ?
Chez Morikawa, avec qui j'ai enseigné.
Takako.
N'oublie pas que ta famille est enterrée ici, sur l'île.
C'est ici chez toi, maintenant.
Dépêche-toi de revenir, nous t'attendons.
Merci, je reviendrai vite.
Mlle Ishikawa !
Où allez-vous ?
À Hiroshima.
De retour au pays ?
Mlle Ishikawa !
Elle était où votre maison ?
Près du bureau de l'ancienne préfecture.
Le mieux, c'est de laisser ce genre de souvenir en sommeil.
Voici Hiroshima.
C'est là que sont mortes
les premières victimes
de la bombe A en août 1945.
La rivière y passe, paisible,
tout comme ce jour-là, ce jour fatal.
Le ciel y déploie sa grande beauté,
tout comme ce jour-là, ce jour fatal.
Les enfants qui ont connu ce jour sont grands aujourd'hui.
Et sur ses ruines,
la ville s'est reconstruite petit à petit.
Père...
Mère...
Haru...
C'est moi, Takako.
Dépêche-toi un peu, Haru.
Chéri !
Il est déjà 8 heures.
- Tu rentreras *** ? - Non, je serai là de bonne heure.
J'y vais.
Fais bien attention.
Et sois attentive aux alertes de raids.
Et pareil pour toi.
Je suis partie.
6 AOÛT
Le QG de l'armée, à Hiroshima, annonce que
l'alerte aérienne de 8 heures est levée.
- Au revoir. - Bonne journée.
- Qu'est-ce qui t'arrive ? - J'ai oublié...
Ceci, non ?
Merci.
Tu cours donc toujours ?
Un homme, assis sur les marches, perdu dans ses pensées,
fut pulvérisé par l'explosion, instantanément.
Maintenant, seule la trace de ses pensées demeure.
La charité, Mademoiselle.
Ayez pitié d'un pauvre aveugle.
C'est vous, Iwakichi ?
C'est bien vous, n'est-ce pas ?
Moi, c'est Takako !
Vous vous souvenez de moi ? Je suis sûre que c'est vous.
C'est Takako.
Mlle Ishikawa...
De grâce, allez-vous-en.
J'ai trop honte. Je suis devenu mendiant.
Partez, je vous en prie.
Ma cécité m'empêche de travailler.
Voyez ce que je suis devenu.
Vous êtes totalement aveugle ?
J'y vois un tout petit peu.
Vous avez un foyer ?
Pas vraiment ce qu'on peut appeler une maison.
Mais c'est mieux que rien.
Vous me permettez d'y passer la nuit ?
Jamais de la vie.
C'est pas un endroit pour une jeune fille comme vous.
Ça n'a pas d'importance.
Ça fait longtemps, je veux parler avec vous.
Allez, venez !
Non, Mademoiselle, je vous en supplie.
Allons-y.
C'est là.
Tu es en retard, Iwakichi.
J'ai amené une invitée.
Ton dîner est déjà prêt.
Je suis désolé.
Attendez, je vais installer une lumière.
Entrez, je vous prie.
C'est rudimentaire, mais faites comme chez vous.
Je peux m'asseoir ici ?
Je suis désolé pour la crasse.
Vous pouvez vous asseoir là-dessus.
C'est là que je vis.
Ce n'est pas si mal.
Je suis confus de vous offrir ce genre de repas.
Il n'y a aucune raison.
Je peux aider ?
Il n'en est pas question.
Je me débrouille très bien. Restez assise, s'il vous plaît.
Voici un petit supplément.
Bienvenue à vous.
Qui est ton invitée ?
C'est la fille de mon dernier patron.
La jeune maîtresse ? Excusez-moi.
Elle est très aimable.
Elle est chiffonnière. Elle s'occupe de moi.
C'est gentil de sa part.
J'ai appris que vous étiez partie vivre chez votre oncle.
Est-ce que tout le monde va bien ?
Oui.
Tout le monde se porte bien.
Votre fils, Koji, qu'est-il devenu ?
On m'a renvoyé ses restes.
Et sa femme ?
Victime de la bombe A.
Ils n'avaient pas un enfant ?
Si.
Que lui est-il arrivé ?
Il a survécu ?
Oui.
Il est vivant.
C'est bien !
Il doit avoir huit ans maintenant. Où est-il ?
Dans un orphelinat.
Mais pourquoi ?
Je peux difficilement m'occuper de moi...
Mais pas de Taro en plus.
Alors je leur ai demandé de le prendre en charge.
Nous sommes tous les jouets du destin.
Si la vue m'était rendue,
je m'en occuperais, évidemment.
Sans cette bombe A,
rien de tout cela ne serait arrivé.
La bombe A a tué ma mère.
Papa est mort au combat.
Il ne reste plus que Grand-père et moi.
La bombe a aveuglé mon grand-père, alors il ne peut plus travailler.
Tous les 6 août, je me recueille
sur la tombe de mon père et de ma mère.
La plupart d'entre eux sont des orphelins de guerre.
En un seul instant, près de 200 000 morts.
Et une multitude d'enfants ont perdu leurs parents.
Selon les statistiques de 1948,
nous avons plus d'orphelins que Tokyo ou Osaka
qui sont des villes bien plus peuplées qu'Hiroshima.
Regardez, c'est Taro.
Le plus petit en train de transporter des pierres.
Nous recevons des fonds du gouvernement national et régional.
Sur la somme dont nous disposons par enfant et par jour,
les deux-tiers vont à la nourriture.
On a tenté de cultiver le champ à côté.
Mais vingt ares, c'est peu.
Mais les enfants se portent bien.
Je prévois de commencer à travailler avec eux.
Combien y a-t-il d'orphelins maintenant, à Hiroshima ?
Beaucoup sont morts des suites de la radiation.
D'autres ont été transférés.
Mais nous en avons 500 à 600,
répartis dans six établissements à Hiroshima.
Mais il y en a beaucoup en dehors des institutions.
Avec des recherches consciencieuses, on pourrait les recenser.
Les plus âgés ont su faire leur deuil,
mais les plus jeunes n'y arrivent pas.
Taro a l'air d'aller bien.
Je suis heureux d'entendre ça.
M. Iwakichi,
est-ce que je peux emmener Taro dans l'île ?
La famille de mon oncle s'occupera de lui.
Je serai sa tutrice.
Je peux l'emmener ?
Non, je ne peux pas accepter ça.
Je n'aurais plus aucune raison de vivre, alors.
Cependant,
ce serait bien mieux pour Taro.
Je suis touché par l'intérêt que vous nous portez.
Mais, je n'ai plus que lui maintenant.
Je ne peux pas me passer de lui.
C'est lui qui me maintient en vie.
Mais alors, vous pourriez venir aussi.
C'est tentant, mais ça ne marcherait pas.
Mais si, acceptez.
Je ne peux pas. C'est impossible.
M. Iwakichi !
M. Iwakichi !
Attendez, M. Iwakichi.
Mange pendant que c'est frais.
Je suis contente de te voir.
Je n'ai nulle part où aller, sauf chez vous.
Mange, je t'en prie.
Je me sens triste à cause de M. Iwakichi.
Le pauvre homme.
Il nous a été dévoué pendant tant d'années.
J'aurais voulu l'aider.
Bonsoir !
Bonsoir.
Fait chaud !
Nous avons une invitée.
Heureuse de vous rencontrer.
Mlle Ishikawa. Nous avons enseigné ensemble.
Mettez-vous à l'aise, je vous en prie.
Je fais couler ton bain, mon chéri ?
Pardonnez-moi.
Tu as mangé ?
Non, je meurs de faim.
Nous avons déjà pris notre repas.
Il est gentil.
Un peu trop insouciant, et il gagne une misère de salaire.
Il n'est pas très dégourdi.
C'est pour ça que je travaille comme sage-femme.
Et lui, où travaille-t-il ?
Au service sanitaire.
Et il en est fier.
Comment est ton bain, mon chéri ?
J'ai presque terminé.
Tu veux bien m'excuser un instant ?
Prends ton temps.
Désolé pour tout ce bruit.
C'est toujours comme ça.
Ce sont les annonces du festival d'été O-Bon.
C'est ce qu'il reste comme frisson à Hiroshima, après la bombe.
Une petite bière ?
Non, je la boirai en rentrant.
Tu vas jouer au shogi ?
Pas au même endroit.
Kuraschi dit que nous pouvons nous charger de son dernier enfant.
C'est leur cinquième et ce n'est pas facile pour eux.
Ils veulent vraiment nous le donner ?
Nous allons adopter un bébé.
Elle est devenue stérile.
Il est trop tôt pour l'affirmer.
Non, le médecin a dit que ce n'était pas possible pour elle.
La bombe m'a rendue stérile.
Il vaudrait mieux aller voir pour le bébé.
Oui, le plus tôt sera le mieux.
J'avalerai juste une tasse de thé en vitesse.
Ça me suffit.
Je suis parti.
Faites comme chez vous.
Fais attention !
Il est plein de vitalité...
Exactement comme un enfant.
Quand as-tu appris que tu étais stérile ?
Il y a deux ans maintenant.
J'étais désespérée, mais j'ai repris le dessus.
J'ai de la chance, au moins je suis en vie.
C'est la seule consolation.
Le docteur a dit que j'étais une exception.
Il y a trois petits du jardin d'enfants qui ont survécu, non ?
Il faut que je les voie. Sais-tu où ils sont ?
Oui, et ils se portent bien tous les trois.
Je les ai en photo.
Cet album est la seule chose que j'aie pu sauver.
Tu te souviens de ces trois-là ?
Oui, Sanpei !
Toshiko.
Et Heita.
C'est formidable que tu t'en souviennes.
Il faut dire que j'étais tous les jours avec eux.
C'était vraiment une époque formidable.
Je n'arriverai jamais à les oublier.
Je vais aller voir les rescapés alors.
J'aimerais y aller aussi. Rappelle-leur mon affection.
D'accord ?
Je vais d'abord aller trouver Sanpei.
Sanpei !
Papa est en train de mourir ! Vite !
Hein ?
Tu l'as dit à Maman ?
- Pas encore. - Va vite la prévenir !
Maman !
Hall du Mémorial de la Paix
Maman !
Quoi ? Je n'ai pas le temps.
Papa est mourant !
- Comment est-il ? - Mal, j'appelle le médecin.
Comment il va ?
Il est en train de s'éteindre.
Papa !
Papa !
Hayakichi ! Ne te laisse pas aller !
Papa, tiens, c'est de l'eau.
Sanpei, où es-tu ?
Je suis ici, Papa.
Voilà le médecin.
Ses gencives se sont mises à saigner il y a dix jours.
Il n'avait plus d'appé*** du tout.
Le médecin ne sait pas ce que c'est.
C'est sûrement la maladie des radiations.
On ne sait jamais quand ça va se déclarer.
C'est fini ?
Quel malheur !
C'est terrible.
Va chercher Oncle.
Sanpei.
Tu te souviens de moi ?
Oui.
Qui êtes-vous ?
J'étais l'institutrice de Sanpei à la maternelle.
Mes très sincères condoléances.
C'est bien beau la compassion,
mais les morts, eux, ils n'en ont rien à faire.
Mais pourquoi es-tu parti ?
Pourquoi es-tu parti ?
Je cherche une ancienne élève, du nom de Toshiko.
J'étais sa maîtresse en maternelle.
Bienvenue à vous.
Vous arrivez à temps.
Allez la voir, je vous en prie.
Elle peut mourir d'un instant à l'autre.
C'est si soudain, que nous pensons que c'est dû aux radiations.
Vous avez vraiment bien fait de venir maintenant.
Elle est dans cette pièce.
Maîtresse.
Tu te souviens encore de moi.
Au début, non,
mais après ça m'est revenu.
Tu es restée ici pendant ces années ?
Oui, pendant six ans.
Le jour de la bombe, le prêtre m'a sauvée.
Et depuis, je suis là.
Ton père et ta mère ?
Ils ont été tués.
Maîtresse,
après la mort de mes parents, j'ai décidé de rester ici.
Ici, je peux prier pour eux.
Je demande à Dieu
de nous octroyer la paix pour toujours.
C'est très bien de faire ça.
Maintenant,
je sais que la guerre est ce qu'il y a de pire.
La guerre, c'est l'enfer.
Vous voulez bien chanter pour moi.
Quelle chanson ?
Celle que vous chantiez toujours au repas.
Celle qui parlait d'un bateau rouge.
Ta mémoire est bonne.
Je voudrais l'entendre encore une fois.
C'est entendu, je te la chante.
Ma chère maman
Va te coucher
Et ne pleure pas
Papa va revenir
À la maison
Demain
Dans un beau bateau rouge
Est-ce que votre île est belle ?
Oui, très belle. J'aimerais que tu puisses venir me voir.
Lorsque le soleil se lève à l'est, on dirait qu'il sort de la mer.
Et le soir, il y replonge à l'ouest.
J'aimerais venir, mais je ne crois pas que je pourrai.
Je vais bientôt mourir.
Ça ne me fait rien parce que je vais rejoindre ma mère et mon père.
Ça m'a fait plaisir de les voir, mais en même temps, j'étais si triste.
La bombe a engendré tant de tragédies qui se propagent comme des ondes.
C'est affreux.
J'ai peur qu'on s'en serve encore.
J'ai encore du verre sous la peau.
C'est douloureux si j'y touche.
Mais...
je le garderai là en souvenir du 6 août 1945.
Le bébé arrive ! Venez vite, s'il vous plaît.
Elle est en travail ?
Vite, dépêchez-vous, je prépare votre bicyclette.
Je n'en ai pas pour longtemps.
Comme je n'aurai jamais de bébé, j'aide les autres à mettre les leurs au monde.
- Faites vite ! - J'arrive !
Ne m'attends pas.
Bonne chance !
Heita est par là ?
Je sais pas.
Tu sais où se trouve Heita Masuda ?
Oui.
Heita !
Heita !
Quoi ?
Y a quelqu'un qui te cherche !
- Tu me reconnais ? - Ouais. Mon institutrice.
Tu as l'air en forme.
Je suis allée chez toi. Il n'y avait personne.
Ma sœur est chez le coiffeur.
Elle va se marier.
Tais-toi donc !
- Venez à la maison avec moi. - Entendu.
Je nage encore un peu.
- Sois prudent. - Mais oui !
Vous avez vieilli, Mademoiselle.
Toi aussi.
Oui, j'ai douze ans maintenant.
C'est ici chez moi.
Je suis rentré.
Tu t'es baigné tout ce temps ?
J'ai ramené mon ancienne maîtresse d'école.
Ton ancienne maîtresse ?
Celle de la maternelle, tu sais ?
Bonjour !
La maîtresse.
C'est gentil de venir nous voir. Ça fait bien longtemps déjà.
C'est vrai.
Je voulais des nouvelles d'Heita.
Elle va se marier ce soir.
Ne dis pas de bêtises.
Mes compliments.
Tu es bête !
Entrez, je vous en prie.
Oui, venez.
Venez.
Asseyez-vous.
Je suis très contente de vous voir.
Mon frère aîné va bientôt arriver.
Lui, il travaille à l'usine.
Le suivant est au lycée.
Papa et maman ont été tués.
Ma sœur s'est blessée la jambe quand la maison s'est effondrée.
S'il vous plaît.
Merci, mais je dois partir dans un instant.
Vous pouvez passer la nuit ici.
Oh ! Oui, restez !
Je ne pourrai pas.
Mon frère serait tellement content !
Il sera bientôt là.
Heita, va acheter du poisson.
Je prends des sashimis ?
Je file !
Il ne faut pas partir.
Il a l'air si content de vous revoir.
Je suis rassurée de le voir en parfaite santé.
Il a grandi.
C'est moi !
Mon frère est rentré.
Bonjour !
Qu'est-ce qu'il se passe ? Tu devais te préparer.
C'est l'institutrice qu'Heita avait en maternelle.
Elle voulait de ses nouvelles.
Je suis son frère.
Merci d'être venue.
Aujourd'hui ma sœur se marie.
C'est le plus beau jour depuis la fin de la guerre.
C'est le Bon Dieu qui vous amène.
Veuillez fêter l'événement avec nous.
Je vais prendre un bain.
Vous venez avec moi ?
Nous n'avons pas de baignoire. Alors, nous allons aux bains publics.
Allons au bain ça nous détendra.
Allons-y.
Elle vient avec nous.
Prends-lui une serviette.
C'est sur l'autre rive.
Je suis fou de joie qu'elle se marie avec Tanaka.
Il avait promis de l'épouser une fois la guerre finie.
Mais quand l'accident a esquinté sa jambe,
elle n'y croyait plus.
Elle a abandonné tout espoir de mariage.
Elle croyait qu'il ne voudrait plus d'elle.
Je suis heureuse pour elle.
Tanaka a été rapatrié en 1946
et il est venu nous voir peu après.
Il a dit qu'il avait promis de l'épouser.
Il m'a tellement ému.
Je me suis senti heureux d'être en vie.
Le monde n'est donc pas entièrement mauvais.
Il y a encore des gens dignes de confiance.
Mais il a demandé un délai de cinq ans.
Tout ce qu'il possédait avait été réduit en cendre.
Il voulait rétablir sa situation.
Aujourd'hui, c'est le terme de ces cinq ans.
C'est vraiment formidable.
Oui, c'est vrai.
C'est vraiment formidable.
Père et Mère vont être très heureux.
Portons un dernier toast.
Merci.
On y va ?
Oui.
J'ai été une charge pour toi.
Prends soin de toi.
Yoshio, sois prudent.
Oui, toi aussi.
Écoute bien ce qu'on te dit, Heita.
Père,
Mère,
je quitte cette maison.
Partons maintenant.
Bonne chance à vous.
Merci.
Tu seras raisonnable, Heita.
Veille bien sur lui.
Allez, on y va.
Si on les accompagnait un peu ?
Ma sœur !
Je vais rester ce soir.
Je voudrais te parler.
M. Iwakichi.
Avant de regagner l'île,
je voulais savoir si vous aviez changé d'avis.
Laissez-moi m'occuper de Taro.
Mon oncle et ma tante n'ont qu'un enfant.
Il l'élèveront comme leur propre fils.
C'est ce qu'il y a de mieux pour lui.
Vous pouvez venir aussi, si vous le désirez.
Ça dépend de vous.
Quand je vous ai entendu dire des choses si gentilles,
j'ai pleuré.
Vous nous avez été très dévoué,
c'est tout à fait normal de vous aider.
Je vous supplie de ne pas me le prendre.
Je ne peux pas vivre sans lui.
Je vous en prie, ne m'obligez pas.
Je ne vous forcerai pas.
Je comprends ce que vous ressentez.
Je n'en parlerai plus.
Pardonnez-moi, s'il vous plaît.
Non, pardonnez ma désinvolture.
C'est vous qui décidez. Vous pourrez toujours m'écrire
si jamais vous changez d'avis.
Et prenez bien soin de vous.
Vous aussi, Mademoiselle.
Au revoir.
Vous rentrez directement chez vous ?
Je vais prendre le ferry du matin.
S'il vous plaît, ne dites pas à votre oncle ce que je suis devenu.
Je ne dirai rien. Au revoir.
Iwakichi.
J'ai tout entendu.
Ça m'a fait pleurer.
C'est vraiment une grande dame.
Je comprends bien que ce soit très douloureux pour toi.
Mais il faut penser à tout ce que ça apporterait de bien à Taro.
Pourquoi tu t'obstines à vivre comme ça ?
Le petit n'est même pas près de toi.
Je suis un mendiant et toi ? Tu es une chiffonnière !
Je vivrai avec Taro quoiqu'on en dise !
Tu ne peux pas comprendre ce que je ressens.
Bien sûr que je peux.
J'avais une fille et un petit-fils.
Tais-toi, n'en dis pas plus !
Je t'en prie, réfléchis.
Combien de temps te reste-t-il à vivre ?
La bombe a ruiné ta santé.
Tu peux mourir d'un jour à l'autre.
Et alors ? Que deviendra Taro ?
Repense à tout ça.
Personne n'est éternel.
Je ne vais pas mourir de si tôt !
Je veux que tout le monde voie ce visage !
Je sais ce que tu veux dire,
mais notre vie est sans avenir.
Père, Mère, je quitte Hiroshima.
Iwakichi a changé d'avis.
Emmenez Taro avec vous.
C'est vrai ?
Je vais le faire sortir de l'orphelinat.
Allez le voir dans sa cabane.
Je suis heureuse que vous ayez changé d'avis.
Je ne me plaindrai plus.
Je vous le confie, occupez-vous de lui.
Me voilà. Taro, entre.
Grand-père ?
Je veux te parler, mon petit.
Assieds-toi.
Cette dame est la fille de mon patron d'avant.
Tu dois la saluer.
Bonjour.
Elle a une très belle maison
et habite sur une île.
Est-ce que tu aimerais vivre là-bas, aussi ?
Tu viendrais avec moi ?
Grand-papa vient aussi ?
Je te rejoindrai un peu plus ***. Tu y vas le premier.
Taro, c'est mieux comme ça.
Tu vas pouvoir prendre le bateau avec moi.
Vas-y.
- Je veux pas partir sans Grand-papa. - Je viendrai très bientôt.
J'irai que si Grand-papa vient avec moi !
Taro !
Taro,
tu pars le premier et Grand-papa te suivra.
C'est pas vrai !
Les gentils garçons doivent obéir à ce qu'on leur dit.
Pars avec la dame.
Non, je veux pas !
Comment ça, tu ne veux pas !
Dis-moi, je veux savoir !
Qu'est-ce que tu vas faire ?
Grand-papa !
Ne me fais pas partir !
Je serai sage !
Ne pleure pas.
Je ne te ferai partir nulle part.
M. Iwakichi, je reviendrai.
Où allez-vous dormir cette nuit ?
Chez une amie.
Où est-ce que c'est ?
Juste derrière le tribunal.
Chez Morikawa.
Je suis désolé pour toutes ces contrariétés.
Au revoir, Taro.
Au revoir, Madame.
Je regrette.
Aidez-moi, par pitié.
S'il vous plaît,
pourriez-vous écrire une lettre pour moi ?
Pourquoi tu m'as acheté des souliers tout neufs ?
Parce que tu as bien travaillé.
Ils sont beaux, hein ?
J'avais envie d'avoir des souliers.
Maintenant, nous allons dîner.
C'est quoi comme poisson ?
Je n'en sais rien.
En tout cas, nous allons le manger.
Ça fait bien longtemps que nous n'avons pas mangé ensemble.
Nous allons fêter ça.
Il est comment ?
Fais attention aux arêtes.
Tu veux davantage de riz ?
Oui, je vais me servir tout seul.
Mange à ta faim, nous avons beaucoup de riz.
Tu dois partager ton lit à l'orphelinat ?
Non, je dors tout seul.
Tu te sens seul, parfois ?
Non, jamais.
Tu es un gentil garçon, Taro.
Qu'est-ce que tu ferais si je venais à mourir ?
Tu ne vas pas mourir.
J'ai plus faim.
Tu as assez mangé ?
Oui.
J'aime bien mes souliers.
Tu les as encore aux pieds ?
Je vais dormir avec.
Taro,
tu veux bien faire une course pour moi ?
Où ?
Chez la dame qui était ici aujourd'hui.
J'irai demain.
Elle s'en va demain alors il faut y aller ce soir.
On y va comment ?
C'est facile,
une fois que tu es au tribunal, c'est juste à côté.
Tu demandes la maison de Morikawa.
- Je vais me perdre. - Mais non, fais-le pour moi.
- Je peux garder mes souliers ? - Évidemment que tu peux.
Voilà la lettre.
J'y vais tout de suite.
Taro !
N'oublie pas, Morikawa.
Répète.
Mo-ri-ka-wa.
C'est bien.
Fais attention.
Koji, Yasuko...
Votre fils, Taro, m'a quitté.
C'est comme ça.
C'est fini.
Au moins, Taro aura une bonne vie.
Soyez en paix mes enfants.
C'est mieux comme ça.
Fichue guerre !
Saleté de guerre !
La bombe !
Les asticots...
Les morts ne sont plus que des asticots.
PRENEZ SOIN DE TARO. IWAKICHI
Il n'a rien dit d'autre ?
Iwakichi ! Iwakichi !
Taro !
Taro !
Mange autant que tu veux, j'en ai préparé beaucoup.
Non, je veux rentrer.
Écoute, Taro...
On lit un livre ?
Oui, un livre plein d'images.
Venez tout de suite !
Vite !
Oh ! Taro...
La jeune dame est ici.
Taro aussi.
M. Iwakichi, c'est moi.
Occupez-vous de Taro.
Ne vous faites pas de souci pour Taro.
Où est-il ?
Je suis là, Grand-papa.
Reste en bonne santé.
Et fais bien tout ce qu'on te demande.
Grand-papa !
Donnez mon corps à la Recherche.
En hiver, mes cicatrices me piquent
comme un millier d'aiguilles.
- M. Iwakichi ! - Grand-papa !
Iwakichi !
Partons.
Iwakichi,
repose en paix.
Taro est parti avec elle.
Je voulais le voir partir, mais le cœur m'a manqué.
Il a l'air si triste.
C'est normal.
Taro.
Fais bien attention sur le bateau.
Grand-papa vient aussi.
Vraiment ? C'est merveilleux.
Tu vas lui montrer l'océan, d'accord ?
Bon, nous embarquons maintenant.
Au revoir !
Au revoir, Taro.
Au revoir.
Un avion !
Il est là !
Mlle Ishikawa,
il faudrait vous dépêcher.
Au revoir, Taro.
FIN