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L'aérodrome militaire de Payerne situé à environ 50 km au sud-ouest de Berne.
C'est de là que décollent les avions de l'armée suisse pour des vols d'entraînement.
Une navette spatiale qui devrait être construite à Payerne d'ici quelques années veut aller encore plus haut.
A l'avenir, l'accès à l'espace devrait s'ouvrir au plus grand nombre.
« Space for all, l'espace pour tous »
telle est la devise de la société Swiss Space Systems, également appelée S3, qui veut construire cette navette.
Pascal Jaussi, ancien ingénieur d'essais en vol, a échangé le siège éjectable pour le fauteuil de directeur de S3.
« Nous ne partons pas de zéro et ainsi nous
économisons du temps et beaucoup d'argent. Cet argent provient des différents
partenaires. Nous avons des partenaires qui apportent de l'argent, d'autres des ingénieurs
et encore d'autres des parties d'avions. Parfois 3 pièces, d'autres fois 2 pièces et ceci est très important pour nous. »
L'idée: un airbus transporte une navette sans pilote sur son dos jusqu'à une
hauteur de 10 km.
De là, la navette s'élève de manière autonome jusqu'à 80 km.
A son bord, des petits satellites avec un poids pouvant aller jusqu'à 250 kg.
Ceux-ci sont ensuite mis en orbite autour de la Terre à l'aide d'une capsule.
Parmi les futurs clients de S3, on trouve notamment,des universités qui construisent des satellites pour l'observation de la terre.
« Cette maquette est à l'échelle 1 :10. Le shuttle mesure en réalité 16 m de long
et 13 m de large et pèse 30 tonnes.
C'est l'équivalent d'un petit avion, un business-jet.»
Le lancement officiel de S3 a eu lieu en mars 2013 à Payerne.
Son parrain est le célèbre astronaute suisse, Claude Nicollier.
« Le système devrait être relativement abordable pour amener un certain nombre
de kg en orbite. Il a l'avantage d'offrir une grande flexibilité car on peut opérer ce système depuis de nombreux aérodromes
EPFL, Lausanne.
A l'Ecole polytechnique on suit les projets de S3 avec intérêt.
Un décollage de la navette ne devrait coûter que 8 mio d'Euros,
soit 4 fois moins qu'un décollage avec une fusée à même capacité.
« Je pense que le risque principal est un risque financier en raison du challenge technologique.
Sera-t-il possible de fournir ces prestations au prix annoncé actuellement ? »
Il est difficile d'estimer quelles sont les chances de réussite.
L'expert du domaine aérospatial serait-il prêt à parier qu'une navette suisse existera réellement un jour?
« Je ne parie en principe que lorsque je suis certain de gagner.
Etant donné que chaque projet est lié à un certain taux de réussite,
je ne parierais vraisemblablement pas, mais j'y investirais et j'y collaborerais afin que ce soit une réussite.»
De retour à Payerne.
C'est dès 2017 qu'un airbus y compris sa navette devraient décoller depuis le même endroit que les
jets militaires pour les premiers vols d'essai.
Quatre clients attendent d'ores et déjà le décollage de la navette.
Les ingénieurs de S3 se basent sur des développements des agences spatiales NASA et ESA qui ont déjà travaillé sur des projets de navette
similaires il y a quelques décennies, mais qui ont été contraints de les arrêter pour des raisons de manque d'argent.
Aujourd'hui, ces différents développements existants sont combinés de manière nouvelle.
Pour le moment, seules quelques dizaines de personnes travaillent pour S3, mais l'entreprise
dispose d'un budget de 200 mio d'Euros et prévoit un développement rapide.
« C'est fou ce qu'il y a comme savoir en Suisse.
C'est incroyable le nombre d'ingénieurs et de personnes motivées que j'ai pu trouver
dans un rayon de 200 km autour de Payerne et Berne. C'est une vraie chance.»
L'avion solaire « Solar Impulse » de Bertrand Piccard a également décollé de Payerne
pour ses vols d'essai avant de faire la une des journaux avec sa traversée des USA.
Le hangar de Solar Impulse se trouve juste au bord de l'aérodrome de Payerne.
Si tout se passe comme prévu, c'est aussi là que, la halle servant à l'assemblage de la navette spatiale
devrait voir le jour d'ici 2 ans.
Le départ dans l'espace de la navette est ensuite prévu depuis des aéroports situés en Malaisie ou au Canada.
Depuis les USA, où il ramène son avion solaire, le pionnier des airs,
Bertrand Piccard, se réjouit déjà de l'arrivée de ses nouveaux voisins à Payerne.
« A l'heure actuelle, les grandes agences
spatiales telle que NASA et ESA n'ont pas assez d'argent et il est incroyablement intéressant
de voir que ce sont des sociétés privées qui lancent des fusées.
Swiss Space Systems est un nouveau projet privé.
Je trouve que c'est merveilleux, car cela se passe en Suisse et la Suisse est ainsi de retour dans l'espace.»
On n'en n'est pas encore là.
Mais dès 2018, il est prévu que la navette spatiale suisse atterisse
de ses missions régulières dans l'espace aux côtés des avions militaires.