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Le corps humain est défaillant,
de toutes les manières possibles.
Je veux vivre jusqu'à mes 1000 ans.
Je ne veux pas mourir.
Je comprends pas comment on pourrait en vouloir autrement.
En plus d'infiltrer nos systèmes de communication, les hackers
s'emparent aussi des corps humains.
En sortant des circuits de la médecine traditionnelle,
les biohackers tentent de dépasser les limites de l'évolution.
Je suis à Essen, pour rencontrer le biohacker Tim Cannon.
Tim compte s'implanter une puce dans l'avant-bras,
afin de pouvoir enregistrer et transférer ses données biométriques.
J'aimerais savoir si cette technologie
s'apprête à tous nous transformer en robots.
Je m'appelle Tim Cannon.
Je fais partie de la société Grindhouse Wetware.
Nous sommes des biohackers.
On construit des dispositifs qui peuvent s'intégrer au corps humain.
On travaille sur une sorte de fusion DIY entre l'homme et la machine.
Voici le Circadia, il est un peu grand.
Une fois que la puce est implantée,
qu'est-ce que tu en fais ?
Pour l'instant, ça ne prend en compte que ma température.
Je vais m'en servir afin de déterminer
ce qui provoque mes changements de température.
Je vais sans doute la connecter à mon téléphone
pour recevoir un texto dès que j'ai de la fièvre.
On va baisser la lumière.
Comme tu peux voir ici,
ça indique des sources et et des signaux différents.
Et ça fonctionne sur n'importe quel système Android ?
Je pourrais en choper un sur mon téléphone
et te hacker le bras ?
Tout à fait. Plein de gens me demandent
si ça me fait peur.
Pas du tout, je suis un hacker.
C'est fait pour s'amuser, pour solliciter l'imagination des autres.
Parle-moi de la procédure.
J'ai un tatouage ici,
que je vais me faire inciser.
On va soulever ma peau et la séparer du tissu adipeux.
On va insérer le dispositif dans l'espace ainsi créé,
puis on va refermer le tout.
Ça va pas te faire méga mal ?
Si, ça va faire vraiment mal. On n'utilisera aucun anesthésiant.
Je dois suivre le mode opératoire
que les aficionados de la modification corporelle
appellent "Raw Dog."
Et voilà, ce truc va aller directement dans mon bras.
Tim et moi nous sommes rendus à la conférence de la Modification Corporelle.
J'y ai rencontré Steve Haworth,
qui s'occupera d'implanter la puce dans le bras de Tim.
En tant que "flesh engineer",
il fait des implants depuis près de 20 ans.
C'est une vraie légende.
Comment avez vous commencé à travailler avec Tim ?
Tim m'a envoyé un email pour me demander
si j'étais capable de le faire.
Je lui ai dit que c'était possible, tant que la configuration était appropriée.
On a discuté autour d'un dîner.
Cinq mois plus ***, il m'envoyait
son premier prototype.
Les docteurs ne font pas ce type d'opération.
L'Association médicale américaine prétend que c'est une mauvaise chose
d'éloigner son corps de ce que la société considère
comme étant normal ou plaisant, sachant que certaines personnes
trouvent les poitrines anormalement grosses plaisantes.
Un docteur peut perdre son droit d'exercer avec de telles opérations.
Voici le premier dispositif informatique
non-médical jamais produit.
En implantant cette puce,
on va écrire l'histoire.
En apparence, le projet de Steve et Tim
n'a rien de spectaculaire.
Pourtant, leur approche DIY est bien plus radicale
que tout ce qui relève de la science-fiction aujourdhui.
Tim est en train de se faire opérer.
Les seules personnes présentes
sont Tim, Steve et son assistant.
Je me demande
s'ils seront satisfaits du résultat,
après avoir travaillé dessus aussi longtemps.
Je voulais voir Tim juste après l'implantation,
je l'ai donc attendu dans le hall de son hôtel.
Hé, comment ça va ?
Tu vas bien ? Ça s'est bien passé ?
Ça s'est bien passé.
J'ai eu très mal.
C'est vraiment gros.
Comme on pouvait s'y attendre.
Bien sûr, la peau est un peu ridée ici,
ça se voit au niveau des coutures.
Mais bon, c'est fermé, ça marche.
Tu veux voir ?
Bien sûr !
Montre-moi de quoi ce truc est capable !
Alors, voyons voir...
Je dois me connecter.
Ça se connecte. C'est bon.
Je vais allumer la lumière.
Tu peux me montrer le transfert de données ?
Ça marche par Bluetooth, non ?
Oui, c'est ça.
Je vais me reconnecter.
Voilà les données.
En voilà d'autres.
C'est incroyable.
Ici ça devrait indiquer la température,
mais c'est vide, comme tu peux voir,
parce que ça fonctionne par intervalles.
Périodiquement, le compteur s'allume
et ça permet de préserver la batterie.
Ça prend ma température en fonction du temps.
C'est assez cool, parce que tu peux
avoir des graphiques, des tableaux et tout ce que tu veux.
T'as l'air très en forme.
Comment s'est déroulée l'opération ?
T'es pas fatigué ?
Je suis crevé.
Mais je suis aussi plein d'adrénaline.
Mon corps est en train de récupérer.
Là, mon corps a l'impression d'avoir été poignardé à plusieurs reprises.
Comme si je revenais d'une bataille médiévale.
Mon corps est encore en état de choc.
Tu te sens plus proche des cyborgs maintenant ?
Oui, un tout petit peu plus proche.
Je suis content d'être ici.
Les gens comme Tim voient l'accélération expérimentale de l'évolution
comme une tâche à accomplir soi-même.
Quand on voit les avancées significatives
des données et les améliorations de notre société
on peut se demander qui sera chargé de déterminer
de quoi le corps sera capable,
et à quoi se résumeront nos existences.
L'industrie médicale pense vraiment qu'il est immoral
d'essayer de dépasser ses limites.
C'est taré, non ?
Je voudrais améliorer toutes ces imperfections.
C'est le meilleur moyen
de préserver la pensée consciente dans cet univers.