Patrick Stump Interview - Alternativ Nouvelles

Salut, je suis Patrick Stump ; je viens de Chicago dans l'Illinois aux Etats-Unis. Il y a beaucoup de choses que j'aimerais dire dans mes textes. Mais pour moi c'est vraiment une catharsis d'écrire, donc je m'épanche beaucoup. Je voulais parler de choses qui me touchent mais d'une façon indirecte en les projetant dans une histoire ou une chanson. Tu devrais pouvoir l'apprécier même si tu ne veux pas y réfléchir, donc ça doit parler d'une histoire intéressante je voulais parler de politique, de racisme, de cupidité et comment ces choses affectent les personnes directement. J'ai eu une très mauvaise année, des proches sont morts ou sont tombés malades, d'autres ont eu des problèmes d'argent… Dans ma vie privée beaucoup de proches ont eu des coups durs et je voulais en parler mais en évoquant comment ces choses et celles plus graves encore nous affectent de manière plus générale. Donc oui, je suppose que j'avais beaucoup à dire ! Je suis très excité pour Soul Punk. A la différence de Truant Wave (l'EP) qui a été composé de plusieurs petits bouts que j'ai accolés pour que ça fonctionne, l'album a quant à lui été conçu avec une vraie unité. Soul Punk est résolument un album pop, du moins en surface, car assez direct mais en fait c'est très subversif ; j'y ai glissé plein de choses. Il y a tellement d'événements dans le monde mais quand tu allumes la radio, tu tombes sur des chansons qui parlent d'alcool, de filles, de fêtes. C'est honteux, je pense qu'il y a beaucoup plus à dire. Ce que j'ai voulu faire c'est donc prendre ces chansons festives mais y glisser des messages plus personnels sur le racisme ou la cupidité… Surtout la cupidité d'ailleurs. Encore une fois ça m'atteint personnellement parce que j'ai des amis qui ont eu des problèmes à cause de ça ; il y a tellement de problèmes dans le monde à cause de la cupidité… Je pense que nous avons eu une décennie assez cupide. J'ai été végétarien pendant 5 ans et végétalien pendant 6 mois. Je ne suis pas straight-edge mais je ne bois pas beaucoup. J'ai beaucoup d'amis qui le sont donc on pourrait dire que je suis un sympathisant straight-edge. Je veux démontrer les excès contraires et il y a cette chanson sur Soul Punk qui s'appelle " Run Dry " et qui est écrite comme une chanson pour boire mais qui en fait montre à quel point c'est terrible, surtout au niveau des conséquences. Tout le monde ne parle que de l'aspect festif, alors que le lendemain tu te réveilles malade. Il y a tellement de choses terribles qui peuvent arriver quand tu ne considères pas les dangers de l'alcool. A nouveau j'essaye d'être subversif et de cacher certains messages. Oui, j'ai grandi avec la scène punk-rock, j'ai joué dans un groupe de punk pendant des années donc les gens me connaissent forcément à travers ça. Quand j'ai dit que j'allais faire un album solo les gens ont pensé que j'allais faire quelque chose de punk. Et d'autres personnes connaissaient le travail que j'avais pu faire en produisant des artistes hip-hop ou R'n'B. J'aime beaucoup la musique R'n'B et soul. Donc certaines personnes supposaient que j'allais faire un album soul. Et j'ai joué de ça car ce n'est ni l'un ni l'autre, je ne vais pas faire un album totalement punk-rock ou totalement R'n'B. C'est plus un challenge car c'est un album pop mais c'est un peu plus complexe que ça. J'avais envie de jouer avec ça et j'aime bien pouvoir dire plusieurs choses derrière ces deux seuls mots. C'est amusant parce que c'est vrai que j'écrivais différemment avec Fall Out Boy. J'écrivais d'abord la musique puis j'avais une mélodie pour le chant dans la tête et je plaçais les mots autour. Le texte venait en second du fait que c'était Pete (Wentz) qui écrivait les textes Il me donnait le texte complet et je devais trouver la bonne façon de les chanter. J'ai commencé à écrire d'une façon nouvelle pour ce qui est des paroles ; ça parait totalement différent si tu les lis. Mais la façon dont je mets les mots en musique n'a pas vraiment changé depuis le début. Oui en quelque sorte, ça dépend du concert. Je préfère être en studio. On me demande souvent pourquoi Fall Out Boy est en pause, pourquoi on ne fait plus de concerts. Une des choses c'est qu'aucun de nous n'aimait le vacarme de la foule quand tu fais des grandes scènes, avec plein de lumières, de flammes… Ce n'est qu'un groupe, avec des musiciens qui jouent et prennent du bon temps. Je ne pouvais pas maitriser ça, c'est pour ça que j'aimais être en studio plus qu'être sur ce type de scène. Par contre monter sur scène quand tu peux voir les gens, les entendre, etc. J'aime ça autant qu'être en studio. Je ne voulais pas produire mon album, j'ai eu des rendez-vous avec plein d'autres producteurs. Je ne produirai sûrement pas de A à Z mes prochains albums car je ne veux pas être dans mon monde, je veux être un peu plus objectif. Mais pour cet album je pense que c'était important de montrer aux gens ce discours. Encore une fois on en revient au titre Soul Punk qui je pense est une description plutôt juste ; mais quand je dis ça tu peux imaginer de centaines de façons comment cela va sonner. Je devais montrer ma vision et je n'ai pas trouvé le bon producteur donc je l'ai fait tout seul. Je ne crois pas que j'essaye de révolutionner la musique, je pense que j'essaye d'être honnête, d'être moi-même et de m'éloigner d'un contexte spécifique. Quand je regarde en arrière je n'ai pas beaucoup de regrets avec Fall Out Boy, je suis très fier de ce qu'on a fait. Mais un de mes regrets est de ne pas avoir tout donné car je pense que j'aurais pu apporter plus au groupe mais j'étais effrayé de moi-même et de ce que pouvaient penser les gens de moi. Un exemple, quand j'écoute le premier album de Fall Out Boy, ma voix ne sonne pas du tout pareil. Mes amis m'ont dit que ma voix était mieux, qu'elle sonnait plus mature. Ce n'est pas vrai je ne pense pas que ma voix soit mieux, j'ai juste arrêté d'en avoir peur, j'ai arrêté d'avoir peur de ma façon de chanter. J'étais terrifié de chanter, terrifié par ma propre voix alors j'essayais de la masquer, de la modifier. Maintenant que je vieillis je ne me soucie plus de ça, je chante ce que j'ai envie de chanter. Quand ma mère a écouté l'album, elle m'a dit " ça sonne comme toi ", ce qui signifie beaucoup pour moi. Prendre une direction artistique trop radicale, peu importe tant que c'est honnête. Je n'essaye rien c'est là l'essentiel, j'écris et je m'exprime simplement. Si ça marche, tant mieux, sinon tant pis. Parce que je sais que certaines personnes essayent de faire quelque chose et c'est ce que je dé*** le plus ; quand tu écoutes un disque, que tu lis un livre ou voit un film, peu importe, et que tu les vois en train d'essayer de t'impressionner… Je ne veux impressionner personne je m'en moque. Je veux juste aimer ce que je fais et m'exprimer. La toute première tournée qu'on a fait c'était avec un vieux van qui servait à livrer des fleurs et qui tombait en ruine. Les freins fonctionnaient de moins en moins, c'était vraiment dangereux sur la fin de la tournée, en plus les dates étaient annulées. On arrivait en disant " mais on vient de conduire 300 km ! " et le mec répondait " désolé on n'a plus besoin de vous ". C'était vraiment stressant et flippant, très amusant aussi mais lamentable ; on était couverts de sueur, fatigués, entassés dans un vieux van qui pue... Ca me fait penser que la confiance fait tout. Pas l'arrogance… J'étais probablement plus arrogant jeune mais je n'avais pas vraiment confiance en moi, je n'étais pas à l'aise. C'est la vraie différence avec maintenant. Je pense être à l'aise avec qui je suis, j'espère. Sur cette tournée j'étais vraiment incertain sur moi-même. Il y a beaucoup de choses que je fais maintenant sur scène et que je ne ferais pas si j'étais trop complexé du regard des autres, mais je ne m'en soucie plus maintenant. Pas tout à fait c'était un peu plus ***, on a eu un très grave accident, ça devait être en 2003 ou 2004. C'est toujours le fait d'être de plus en plus à l'aise. Je me souviens que sur l'enregistrement de Take This To Your Grave, j'ai chanté Saturday avec cette voix de fausset pour déconner parce qu'on jouait déjà cette chanson en live. Mais les groupes de pop-punk ne chantaient pas comme ça donc j'étais terrifié de me faire lyncher si je la chantais comme ça sur scène. Je l'ai juste fait en répétition et Pete a dit " Fais ça ! Fais ça ! C'est cool ! " et j'étais là " Sérieusement ? ", " Oui, oui fais-le ! C'est génial ! ", " D'accord ". Donc j'ai commencé à incorporer ça et lorsque nous avons enregistré (From Under The) Cork Tree, j'expérimentais plus encore, pour voir jusqu'à quel point l'on me laissait faire. Mais je me rappelle que lorsque nous avons été nominés aux Grammy pour Cork Tree - ce qui est très important, j'ai pris ça très au sérieux - je voyais tous ces gens professionnels et talentueux et j'avais un peu honte parce que je trouvais que le groupe était bon mais que je n'étais pas à la hauteur. Donc quand on a fait Infinity On High, j'ai vraiment commencé à travailler ma voix pour être un chanteur à part entière. J'ai arrêté de penser à ce que les gens voulaient entendre et je me suis juste mis à chanter ; après pour Folie A Deux j'étais déjà plus à l'aise. Maintenant je ne suis plus inquiet, du moment que je chante juste. Parce que tu ne peux rien y faire, certains aimeront ta voix, d'autres non. C'est allé mieux dès que j'ai compris ça. S'ils n'aiment pas ma voix je ne peux rien y faire, donc je dois juste chanter de mon mieux. Oui je suis très excité à propos de Vices & Virtues, j'ai l'impression qu'ils vont vers quelque chose de très intéressant pour un groupe. J'ai beaucoup écouté l'album et je suis heureux de les voir comme ils sont maintenant. Je porte beaucoup d'attention aux percussions. Je suis un batteur avant tout. Je dirais que la batterie et le texte font tout. C'est ce à quoi je porte le plus d'attention ; si la batterie n'est pas entrainante, ou alors s'il n'y a pas de batterie ou un manque de percussions, il faut néanmoins que ça me parle rythmiquement parlant. Les paroles sont devenues de plus en plus importantes pour moi au fur et à mesure des enregistrements. Je pense beaucoup au texte car si les paroles sont efficaces, la chanson l'est. On a été dans le même groupe, on a des goûts musicaux communs mais on n'en arrive pas au même point. Dans ce qu'il fait maintenant il y a une influence reggae alors que de mon côté j'ai l'impression d'apporter quelque chose de plus agressif et R'n'B. Mais au final c'est mon meilleur ami donc on se marchera toujours sur les pattes. Ah c'est super je les ai vus en concert à Los Angeles, ça devait être au Roxy. Ils étaient phénoménaux, ils ont géré, c'est vraiment un bon groupe. Je suis très content de voir ce que chacun de nous fait désormais. Est-ce que leur musique est un virage trop radical par rapport à ce qu'on a pu faire avant ? Je ne crois pas car ça provient d'une démarche honnête. Je sais que c'est ce que Joe veut jouer. Même s'il aimait aussi jouer les chansons de Fall Out Boy, quand il rentrait chez lui le soir et qu'il jouait seul, c'était du The Damned Things. C'est ça qui est excitant, de voir que chacun de nous fait sa propre musique. Oui c'est certain, on m'a déjà demandé qui m'avait inspiré pour cet album, ce qui est bizarre. Je n'ai pas écouté des albums en me disant " tiens il faut que je sonne comme lui et comme lui ". Par contre, qui m'inspire en tant que musicien, c'est une question totalement différente ; particulièrement en tant que chanteur et parolier Michael Jackson est une énorme influence, ainsi que Prince. C'est amusant parce que dans les années 80's il y avait ce perpétuel débat, qui est le meilleur : Prince ou Michael Jackson ? Moi j'étais là à dire " je les aime tout les deux " et je pense vraiment qu'ils ont eu une réelle importance dans l'intérêt que j'ai porté à la musique. Après David Bowie m'a également énormément influencé, je l'entends beaucoup dans mes compositions. Tu ne confondras jamais une des mes chansons avec celles de Bowie mais je pense qu'il y a beaucoup de lui dans mes titres. Comme parolier, j'admire beaucoup Tom Waits, je pense que son écriture est ma préférée. Je ne veux pas dire que mes textes sonnent comme les siens mais des fois les rythmes de mes couplets ou les jeux de mots ont une vraie filiation avec les siens. Je me situe probablement quelque part entre ces quatre-là. Et je suis tombé dans la musique avec Elvis Costello et Herbie Hancock. Quand j'étais petit mon père jouait beaucoup de Herbie Hancock. Mince je me souviens plus de la mélodie, quelque chose comme " la mer " ? Je suis désolé je ne parle pas français. Merci.