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Des crises multiples: Des solutions féministes?
Mais on ne peut pas éliminer les violences conjugales, l'insécurité alimentaire sans s'atteler aux aspects politiques.
En particulier, sans s'occuper des politiques macroéconomiques, commerciales et financières, et de leurs liens,
et de la manière dont elles promeuvent, intensifient et aggravent les facteurs de violence conjugale, et ceux d'insécurité alimentaire.
Particulièrement, la crise financière - un exemple dramatique d'une recherche, menée par la finance,
d'actifs plus sûrs, où un actif plus performant peut entraîner
une augmentation des prix de la nourriture.
Au début d'une crise, c'est en général le plus souvent les femmes qui sont les plus touchées.
C'est pourquoi nous nous trouvons à un instant décisif en vue de la promotion du statut des femmes dans le monde du travail.
Je soutiens qu'il s'agit ici d'un important changement de tactique.
En fait, mon papier s'intitule "L'heure d'un changement tactique".
Pour nous éloigner de ce qui est devenu une litanie universelle aux réunions de l'ONU:
l'objectif de l'égalité des sexes comme plateforme principale pour le plaidoyer féministe.
Je suggère que la prise en compte du genre dans l'analyse de la politique du développement, de la théorie de croissance,
peut assurer les valeurs avec un changement de direction
et de substance qui permettraient l'atteinte des objectifs politiques,
ainsi que d'assurer l'égalité des genres.
Je crois qu'on a mis l'accent, malgré tous nos démentis,
sur des questions, idées, exigences liée à une différence physique,
biologiquement et socialement définie.
A mon avis, même des objectifs comme l'égalité des genres,
ne font que perpétuer le jeu vieux de rattraper le retard pris sur les hommes.
Nous dévoilons la discrimination, demandons la justice.
Nous demandons une meilleure reconnaissance de nos différences,
assistance sociale, travail non-rémuneré, attirer l'attention sur nos personnes.
Ce que je soutiens, c'est qu'il faut nous engager avec réflexion.
Nous devons développer des idées basées sur notre expérience intellectuelle et populaire.
Amartya Sen a une citation superbe à ce sujet.
Il dit: "De ne pas nous considérer comme des patients, mais comme des agents de changement".
Un autre aspect du rôle de manager et de leader de la femme
est la stimulation intellectuelle
en termes de l'importance accordée au foyer
comme site de production et de reproduction,
la réflexion avancée et l'analyse du rôle de chaque sexe,
leurs différences, les tendances et leur importance dans la performance économique
et l'inclusion de l'aspect social dans la politique macroéconomique et financière.
Ces idées qui nous viennent par exemple de Keynes et Raul Prebisch,
le monde entier les prend en considération: on parle tous d'économie keynesienne,
on parle de Prebisch and du commerce - on mentionne même Marx dans nos discours idéologiques -
mais on ne parle d'aucune théorie developpée par des femmes.
Les femmes ont créé des théories dans d'autres domaines, mais pas dans celui des sciences économiques.
Donc cette théorie de croissance bouillonnante
qui est largement acceptée comme étant celle que les femmes veulent voir appliquée au développement - du bas en haut.
doit être raisonnée en termes économiques.
Si on écrit et publie un livre sur cette théorie,
on devrait se dire "Voilà une nouvelle théorie à laquelle on peut se fier".
Nous féministes, nous nous sommes isolées;
notre connaissance, basée sur notre vécu ainsi que sur la recherche est restée derrière des barrières.
Nous sommes enfermées, nous nous sommes enfermées, dans l'état de femmes.
Je crois que l'un des défis
de renforcer la voix actuelle féministe dans le débat sur la politique publique
est l'invisibilité dont Devaki parlait,
ainsi que la fragmentation des approches.
Il n'existe pas de sentiment fort que les féministes ont des réponses réalisables
qui soient applicables à la résolution de nombreux problèmes - mais elles en ont.
Le sujet bien connu et applicable que la plupart du monde attribue aux féministes sont les budgets sensibles au genre.
Mais de fait, les féministes ont des choses très applicables, opérationelles, à appliquer
sur la politique fiscale, monétaire et commerciale - sur toutes les politiques.
Mais elles le sont de manière fragmentée et pas toujours cohésive, unifiée.
Extraits de l'atelier "Des crises multiples et genre: Repensant les voies alternatives pour développement"
qui fait partie de la série de séminaires d'UNRISD.
Collaborateurs: ILO & the South Center. Genève 25 juin 2012.
Pour plus d'infos: www.unrisd.org