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Je suis Nazly Hussein, du groupe "Non aux procès militaires pour les civils"
Nous travaillons avec les familles des détenus depuis environ 10 jours
La situation est vraiment mauvaise.
255 personnes ont été arrêtées depuis le 25 janvier,
dont beaucoup d'enfants de 12, 13, 14 ans.
Ils sont détenus avec les adultes dans des camps de la Sécurité Centrale, dans des conditions déplorables.
Ils sont accusés de tentative de meurtre de policiers, d'avoir brûlé des blindés de police, de terroriser la population civile
de refus d'obtempérer aux forces de l'ordre, et d'avoir causé des dommages à l'Hôtel Semiramis—
bien que l'Hôtel lui-même ait remercié les révolutionnaires d'être intervenus quand il a été attaqué.
Mohammad Fadel, avocat
Cette fois, le nombre de détenus mineurs est beaucoup plus important qu'auparavant.
Nous avons été informés de l'arrestation de beaucoup de personnes, que nous n'arrivons pas à trouver.
Le nombre de personnes présentées au Procureur général est très inférieur au nombre de détenus.
Les mineurs sont détenus à six endroits différents.
Leurs familles sont obligées de chercher partout pour obtenir des informations sur leurs enfants.
Certains ont été détenus depuis 6 jours et n'ont pas été amenés devant le Procureur général—
bien que d'après la loi, ils doivent être présentés au Procureur dans les 24h suivant leur arrestation.
Donc la situation est vraiment très mauvaise.
Mon fils s'appelle Mo'men Naguib Mohammad Saleh.
Il vient d'avoir 19 ans et a disparu depuis 14h30, mercredi dernier.
Je ne le trouve nulle part. J'ai cherché partout et je ne l'ai pas trouvé—
à el Gabal el Ahmar, à Medinet el Salam... J'ai cherché partout, même au camp de Tora.
Voici mon fils, il s'appelle Mohammad 'Ayez Saad Ahmad Awadallah, et habite à Tora el-Balad.
Je le cherche depuis 5 jours et j'ignore où il se trouve.
Aidez-moi s'il-vous-plait, je veux juste savoir où il est.
Je suis le père de Mohammad Salah, 17 ans. Mon fils a disparu depuis 18h le 26 janvier.
Il est introuvable, où que ce soit en Egypte.
Je suis allé à tous les postes de police, et à Tora, à Medinet el-Salam, à Nadi al-Maqouline...
Je me crève à le chercher et je ne le trouve pas. Où est-ce je dois aller maintenant?
Je ne trouve plus mon fils depuis 4 jours. Ils l'ont arrêté sur le pont Qasr el-Nil, il allait acheter des vêtements.
Nous sommes allés à tous les tribunaux, il n'y est pas. Où dois-je aller maintenant?
Mon fils a disparu depuis 3-4 jours. Nous ne savons plus rien de lui.
Je veux juste qu'on nous dise où il est. S'il a pris une balle, qu'on le sache au moins...
Un nombre astronomique de gens ont été arrêtés cette fois, même comparé à l'ère de Moubarak.
Nous en sommes revenus aux détentions dans les camps de la sécurité, où les gens sont torturés, battus, mis à nu...
Certains sont détenus plus d'une journée. Ils ne sont pas présentés au Procureur, ne font l'objet d'aucune enquête.
La dernière chose que je sais de lui, c'est qu'il a été arrêté place Tahrir. C'est tout.
Je ne sais pas quoi faire. Je suis allé d'un tribunal à un autre, puis un autre... Je ne le trouve pas.
Personne de la police ne veut nous donner la moindre information.
Aidez-moi à savoir où est Mohammad, c'est tout. Mort ou vivant.
S'il est mort, laissez-nous l'enterrer. S'il est vivant, dites-nous où le trouver.
Ayez pitié, dites-moi où est mon fils.
Je n'ai pas pu manger, boire ou dormir depuis sa disparition.
C'est mon plus jeune fils. Je ne sais pas où il est.
Au nom de Dieu, que les responsables de ce pays me disent où est mon fils.
L'injustice, l'oppression, la violence et la torture que nous voyons depuis 10 jours...
vraiment, il n'y a pas de mots assez forts pour les décrire.
Les familles tournent des morgues, des hôpitaux, aux bureaux des procureurs, aux camps de la Sécurité centrale,
pour chercher des informations sur leurs enfants.
Certains sont détenus depuis 6 jours et n'ont pas été présentés au Procureur.
Il y a des enfants de 12-13 ans en détention dans des camps sans nourriture, sans couvertures, sans rien.
Leurs familles ne savent rien d'eux.
Certains détenus ont été présentés au Procureur et relâchés.
Ils disent, tuez-nous si vous voulez mais ne nous ramenez pas aux camps de la Sécurité.
Là-bas on nous met à nu, on nous asperge d'eau, on nous bat,
tous les traités des droits de l'homme, tout vestige d'humanité, toute légalité est bafouée là-bas.
Ce qui arrive maintenant dans les prisons et les camps est bien pire que du temps de Moubarak.
Mohammad el-Guindy est l'un des jeunes arrêtés dans la marche d'al-Sayyida Zainab le 28 janvier dernier.
Sa famille l'a cherché dans les morgues et les hôpitaux. Ils n'avaient aucune information sur son lieu de détention.
Ils l'ont trouvé à l'hôpital al-Hilal. Il était dans le coma, tellement on l'avait torturé.
Il avait probablement été détenu au camp d'al-Gabal el-Ahmar.
Il y avait un garçon non identifié dans le lit d'à côté. Or Abou Omar cherchait son fils depuis 5 jours.
Nous lui avons dit d'aller voir là-bas, car un garçon non identifié s'y trouvait.
Il était dans le coma et avait reçu une balle dans la tête, bien qu'il ait été en détention.
En allant voir Omar et Mohammad, par hasard, nous avons trouvé des corps de martyrs non identifiés,
dans des réfrigérateurs, et leurs familles ignoraient où ils se trouvaient.
Les jeunes relâchés ces derniers jours racontent des choses horrifiantes sur leurs conditions de détention.
Les enfants sont détenus avec les adultes, dans des lieux qui ne sont pas conçus pour la détention.
Il n'y a pas de couvertures, de lits, les cellules sont bondées et très froides,
on ne leur donne pas de nourriture, et s'ils en demandent, on leur fait boire de l'eau salée.
Tous les témoignages disent que certains détenus ont été très violemment battus et torturés,
et c'est pour cela qu'ils n'ont pas été présentés au Procureur depuis 6 jours.
La plupart des blessures sont au visage, à la tête, aux yeux, selon les témoignages.
La situation est vraiment désastreuse.
Nous avons vu la brutalité du Ministère de l'Intérieur en direct à la télévision hier, arrêtant ce citoyen...
C'est un citoyen comme les autres, comme ceux que nous recherchons maintenant.
Ils sont mis à nus, battus, torturés, trainés sur le sol.
S'ils sont contraints de leur permettre des soins médicaux, ils les amènent à l'hôpital entre la vie et la mort.
Cela fait 6 jours que nous ne savons rien de certains prisonniers—hommes, femmes et enfants...