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K: Il y a beaucoup de monde
et j'espère que certains d'entre vous comprendront ce qui est dit.
Vous savez, nous avons parlé ensemble
pendant la semaine écoulée
de nos problèmes humains
comme deux amis conversant non seulement de cela
mais encore de ce que chacun de nous a découvert par lui-même
au cours de notre conversation
de notre exploration et recherche.
Cela doit devenir évident pour la plupart d'entre nous
pour autant que nous sommes sérieux et ne traitons pas ces réunions
comme une sorte de festival - un peu plus sérieux
qu'un festival pop, ou que d'autres sortes de festivals.
Il serait bon que nous parlions ensemble ce matin
comme nous avons parlé de la peur, du plaisir
de la souffrance, de la douleur, et de la mort
je pense que nous devrions parler ensemble ce matin
du problème très complexe et subtil de la méditation.
C'est un sujet très sérieux
et certains d'entre-vous voudront peut-être se donner la peine
de prêter attention à ce qui est dit, s'il vous plaît.
Ce mot est en train de se vulgariser à un point
que même les gouvernements commencent à s'en servir
même les gens avides d'argent
essaient de méditer pour en obtenir davantage.
Ils essaient de méditer
pour se calmer afin de faire de meilleures affaires.
Et les médecins s'adonnent à la méditation
car cela les aide à opérer efficacement
et ainsi de suite.
Et il existe divers types de méditation
la Zen, la Tibétaine, et celles que vous inventez pour vous-mêmes.
Et avec tout ceci à l'esprit, la méditation de type indien
la Tibétaine, la Zen, la méditation de groupe de rencontres
et l'aspiration à avoir l'esprit immobile, tranquille et silencieux
tenant compte de tout ceci
tâchons de découvrir ce matin, si nous le pouvons
pourquoi faudrait-il méditer et quel est le sens de la méditation.
Ce mot, récemment venu de l'Inde, s'est vulgarisé.
Et les gens se rendent en Inde, au Japon et ailleurs
afin d'apprendre la méditation
afin de s'exercer à la méditation
en vue de parvenir à certains résultats par la méditation
tels l'illumination, une meilleure compréhension d'eux-mêmes
avoir la paix de l'esprit, pour ainsi dire
et en général, ils obtiennent un peu de paix
mais pas un esprit paisible.
Et les gourous ont inventé leur propre système de méditation
etc., etc. N'est-ce pas?
Je suis sûr que vous avez conscience de tout ceci.
Et, bien entendu, il y a l'engouement éphémère
qu'on appelle la méditation transcendentale.
En réalité, c'est une forme de sieste le matin
de sieste après déjeuner, et de sieste après dîner, ou avant dîner.
de sorte que votre esprit soit tranquillisé
afin de vous permettre de faire davantage de mal après-coup. (Rires)
Alors, prenez tout ceci en compte
les divers systèmes et pratiques
et mettez ceux-ci en question.
Il est bon de douter
il est bon d'être sceptique, jusqu'à un certain point.
C'est comme un chien en laisse
il faut de temps en temps laisser le chien courir librement:
le doute, le scepticisme doivent donc toujours être tenus en laisse
mais il faut souvent leur permettre de courir librement.
Et la plupart d'entre nous accepte l'autorité de ceux qui disent:
'nous savons méditer, nous vous dirons tout là-dessus.'
Alors, je vous en pire, nous examinons ensemble tout le problème
ou la toute la question de ce qu'est la méditation
non pas comment méditer
car si vous demandez 'comment dois-je méditer'
vous trouverez alors un système pour méditer
le 'comment' impliquant une méthode.
Alors que si l'on se penche
sur cette question de ce qu'est la méditation
et de la raison pour laquelle il faut méditer
on ne demandera alors jamais comment méditer.
La question elle-même
le fait même de la poser, constitue le début de l'étude
c'est le commencement de la méditation.
Comme nous l'avons dit, c'est un problème très complexe
et il faut aborder très lentement, avec hésitation
mais subtilité, cette question.
Comme nous l'avons dit la semaine dernière
nous sommes en train d'étudier
d'approfondir ce sujet de sorte que vous n'écoutez pas l'orateur
vous vous posez vous-même la question
afin de trouver la réponse juste
sans accepter une quelconque autorité
surtout pas celle de l'orateur
qui est assis sur cette regrettable estrade.
Le fait de parler sur une estrade
ne lui confère aucune autorité.
Il n'y a aucune autorité en ce qui concerne les sujets spirituels
s'il m'est permis d'user du mot 'spirituel'
relativement à l'esprit
relativement à l'étude d'un sujet
qui demande à être examiné très, très, très prudemment.
Nous faisons donc ceci ensemble
nous ne méditons pas ensemble
mais cherchons ce qu'est la méditation
et ce faisant, découvrons par nous-mêmes
dans notre cheminement, le mouvement tout entier de la méditation.
Cela vous va-t-il?
Avant tout, je pense qu'il faut veiller à ce que
la méditation ne soit pas un acte volontaire.
La méditation est tout un mouvement
de recherche au sein du problème global de la vie.
C'est ce qui prime:
comment nous vivons, comment nous nous comportons
si nous éprouvons des peurs
des anxiétés, des souffrances
ou si nous recherchons sans cesse le plaisir
cherchons à voir si nous nous sommes construit
des images de nous- mêmes et des autres.
Cela fait partie de notre vie et c'est par la compréhension
de cette vie et des divers problèmes qu'elle comporte
et s'étant affranchi de ceux-ci
s'en étant vraiment libéré
c'est par là seulement que nous pourrons alors étudier
ce qu'est la méditation.
Voilà pourquoi nous avons dit ces derniers huit ou dix jours
qu'il faut mettre de l'ordre dans notre maison
notre maison étant nous-mêmes - un ordre total.
Alors
une fois cet ordre établi, non selon un modèle
mais quand il y a compréhension
- une compréhension totale de ce qu'est le désordre
de ce qu'est la confusion
de la raison de nos contradictions internes
de cette lutte permanente entre les opposés
et ainsi de suite, ce dont nous avons parlé
pendant les dix jours ou la semaine écoulés
ayant mis cela en ordre, l'ordre dans notre vie -
le fait même de mettre les choses à la place qui leur revient
est le commencement de la méditation.
N'est-ce pas?
Si nous n'avons pas fait cela effectivement, pas théoriquement
mais dans la vie quotidienne
à chaque instant de notre vie
faute de tout cela
la méditation ne devient alors qu'une autre sorte
d'illusion
une autre forme de prière
une autre sorte de demande quelconque
d'argent, de situation, de frigidaire, etc.
Dès lors, nous demandons
qu'est-ce que le mouvement de la méditation?
Il nous tout d'abord saisir l'importance des sens.
La plupart d'entre nous réagit
ou agit en fonction des impulsions
des besoins et de la pression de nos sens.
Et ces sens
n'agissent jamais comme un tout, mais seulement en partie.
N'est-ce pas? Je vous en prie, comprenez-le.
Si vous voulez bien vous y pencher un peu plus
par vous-même, en en discutant ensemble
à savoir que tous nos sens
ne fonctionnent jamais comme un tout, intégralement.
Si vous vous observez et scrutez vos sens
vous constaterez que l'un ou l'autre
des ces sens prédomine.
L'un ou l'autre de ces sens
joue un plus grand rôle dans l'observation
dans notre vie quotidienne
donnant toujours lieu à un déséquilibre.
N'est-ce pas?
Pouvons-nous poursuivre à partir de là?
Alors, est-il possible
- ce que nous faisons là fait partie de la méditation
- est-il possible
pour les sens d'opérer comme un tout
de regarder le mouvement de la mer
les eaux scintillantes
les flots éternellement agités
d'observer complètement ces eaux, avec tous vos sens?
Ou un arbre, une personne
ou un oiseau en plein vol, une étendue d'eau
le soleil couchant, ou la lune qui se lève
d'observer cela avec tous vos sens pleinement éveillés.
Si vous le faites, vous découvrez alors de vous-même:
- ce n'est pas moi qui vous le dis, je ne suis pas votre autorité
je ne suis pas votre gourou, et vous n'êtes pas mes disciples.
- les disciples sont les gens les plus destructeurs qui soient
ainsi que les gourous
- si vous observez ceci
si vous observez ce fonctionnement de la totalité des sens en action
vous découvrirez l'absence de tout centre
à partir duquel agissent ses sens.
Est-vous en train d'en faire l'essai ici pendant que nous en parlons
regarder votre petite amie, votre mari ou votre femme
ou l'arbre, ou la maison
avec tous vos sens en hyper-activité, sensibilité?
Il n'y a alors là aucune limitation.
Faites-en l'essai.
Faites-le et vous le découvrirez de vous-même.
C'est la première chose qu'il faut comprendre:
la place qu'occupent les sens.
Car la plupart d'entre nous
fonctionne à partir de certains sens.
Nous ne bougeons ni ne vivons jamais avec tous
nos sens pleinement éveillés, épanouis.
Etant donné que la plupart d'entre nous vit
fonctionne et pense partiellement
un de nos objectifs à ce sujet
est donc que nos sens fonctionnent pleinement
et que nous réalisions l'importance des illusions que créent les sens
vous suivez tout ceci?
Et mettre les sens à leur juste place
ce qui signifie ne pas les réprimer, ne pas les contrôler
ne pas les fuir
mais donner aux sens leur juste place.
Vous comprenez?
C'est important, car dans la méditation
si vous voulez vous y adonner très profondément
si l'on n'est pas conscient des sens
ceux-ci provoquent diverses sortes de névroses
diverses formes d'illusions
ils dominent nos émotions, etc., etc., etc.
La première chose dont il faut prendre conscience est donc celle-ci:
si et quand les sens sont pleinement éveillés, s'épanouissant
le corps devient alors extraordinairement tranquille.
Ne l'avez-vous pas remarqué?
Ou suis-je en train de parler tout seul?
Car la plupart d'entre nous force leur corps à rester tranquille
à ne pas s'agiter, à ne pas remuer, etc. - vous savez.
Tandis que si tous les sens
fonctionnent sainement, normalement, avec vitalité
le corps se détent alors
et devient très, très tranquille, si vous bien faites cela.
Faites-le pendant que nous causons.
Se pose alors la question suivante: qu'est-ce que le temps?
Quelle est la place du temps dans la méditation?
Et quelle est la place du contrôle dans la méditation?
Vous comprenez?
Puis-je poursuivre?
J'espère que nous nous rejoignons, n'est-ce pas?
Voyons d'abord s'il est possible de vivre une vie
- quotidiennement, pas occasionellement - une vie
sans aucune forme de contrôle
ce qui n'a rien à voir avec la permissivité
ou faire tout ce que l'on aime
rejetant la tradition, et - vous savez, tout ce
que font les jeunes de l'époque moderne:
aucun regret, aucune contrainte
aucun contrôle, faites ce que vous voulez
- ce que font d'ailleurs les plus âgés
mais on pense que c'est leur prérogative
une invention à eux.
La question que nous posons à présent est celle-ci
veuillez l'examiner avec sérieux:
est-il possible de vivre une vie
sans aucune forme de contrôle
car le contrôle implique l'action de la volonté.
N'est-ce pas?
Suivez-vous?
Qu'est-ce alors que la volonté?
Je vais faire ceci, je ne dois pas faire cela
ou je devrais
à l'avenir, il faut faire cela, et ainsi de suite.
Le fonctionnement de la volonté.
Il nous faut donc voir ce qu'est la volonté.
La volonté n'est-elle pas le désir?
La volonté n'est-elle pas l'essence du désir?
N'est-ce pas?
Examinez cela, je vous prie.
Il ne faut ni le rejeter, ni l'accepter, mais l'examiner.
Car nous demandons à présent s'il est possible de vivre
une vie qui ne comporte pas l'ombre d'un contrôle
c'est-à-dire, pas l'ombre d'une intervention de la volonté.
Et la volonté est le mouvement même du désir.
Nous avons approfondi toute la question de ce qu'est le désir.
Je n'y reviendrai pas maintenant, car j'ai beaucoup à couvrir ce matin.
Le désir est
contact, perception
vision, contact
sensation
d'où émanent le désir
et la pensée avec ses images - tout cela est le désir
que nous avons vu et je n'y reviendrai pas.
Et nous demandons ceci:
est-il possible de vivre sans l'intervention de la volonté?
La plupart d'entre nous vit une vie de contrainte, de contrôle
de refoulement, et ainsi de suite, de fuite.
Et il faut se demander: qui est celui qui contrôle?
Lorsque vous dites 'je dois me contrôler, ma colère
ma jalousie, ma paresse, mon indolence, et ainsi de suite'
qui est le contrôleur?
Est-il distinct de ce qu'il contrôle?
Vous comprenez?
Ou bien sont-ils identiques?
Le contrôleur est ce qu'il contrôle.
Ceci est probablement trop difficile.
Cela va? Comprenons-nous?
Après tout, vous m'avez écouté pendant une semaine ou dix jours
dès lors, le langage, les mots dont
nous nous servons doivent vous être familiers et compréhensibles.
Donc, tant qu'il y a un contrôleur
celui-ci doit faire usage de son aptitude à contrôler.
Et nous disons que le contrôleur est l'essence du désir.
Et il s'efforce de contrôler ses activités, ses pensées
ses souhaits, et ainsi de suite, etc.
Ainsi, ayant pris tout cela en compte
pouvons-nous vivre une vie qui ne soit pas confuse
qui ne consiste pas à faire ce que vous aimez
mais une vie dépourvue de toute forme de contrôle, sexuel ou autre
et sans complaisance
sans volonté de contrôler ce que vous devriez, ne devriez pas [faire]
- vous savez, tout le problème du contrôle.
Bien peu de gens ont abordé cette question.
Et le mode de méditation oriental consiste en partie à contrôler.
Et personnellement, je conteste totalement
leur système de contrôle quel qu'il soit
car l'esprit n'est alors jamais libre
s'assujettissant toujours à un modèle
que ce modèle soit établi par un autre ou par soi-même.
Donc les sens, le contrôle.
Nous devons alors demander:
qu'est-ce que le temps?
Pas le temps de la science-fiction
la fiction scientifique du temps.
Qu'est-ce que le temps dans notre vie quotidienne?
Quel rôle joue-t-il dans notre vie?
Quelle importance prend-il dans nos activités quotidiennes?
Vous comprenez ma question?
Evidemment, le temps qu'indique la montre existe bien.
Il y a bien le temps solaire
déterminé par le lever et le coucher du soleil.
Le temps en tant qu'hier, aujourd'hui et demain.
Il y a le temps défini par un événement survenu dans le passé
dont on se souvient, et qui modèle le présent et l'avenir.
N'est-ce pas?
Il y a donc le temps physique, chronologique
et nous avons également le temps psychologique:
je serai, je dois, je suis violent et vais être non violent.
Tout cela implique un mouvement de temps.
N'est-ce pas? Mouvement signifie temps.
Veuillez bien comprendre ceci, je vous prie
car nous allons nous pencher sur la méditation
- c'est-à-dire si l'esprit peut être absolument tranquille
- dans laquelle le temps, en tant que mouvement, n'existe pas du tout.
Vous suivez tout ceci?
Cela vous intéresse-t-il? Q: Oui.
K: Ne fût-ce qu'à titre de curiosité intellectuelle?
Car il est très important de saisir
si le temps - non pas le temps chronologique
mais le temps psychologique - si ce temps peut prendre fin.
Ou ce mouvement devrait-il se poursuivre jusqu'à ma mort:
'je serai, je ne dois pas être, je devrais être, je ne serai pas'
regret, souvenir - vous suivez?
toute cette activité psychologique qui implique le temps.
C'est-à-dire, le temps peut-il prendre fin?
Voyez pourquoi c'est important, s'il vous plaît.
Car nos cerveaux sont conditionnés par le temps
nos cerveaux sont le produit de millions d'années et davantage
- peu importe combien - de temps immémoriaux
siècle après siècle, le cerveau est conditionné
il a évolué, s'est développé, s'est épanoui.
C'est un cerveau très, très ancien
et comme il a évolué dans le temps
- l'évolution implique le temps - comme il a évolué
il fonctionne dans le temps.
Vous comprenez?
Je me demande si vous comprenez tout ceci!
Dès l'instant où vous dites 'je vais', c'est dans le temps.
Quand vous dites 'je dois faire cela', c'est aussi dans le temps.
Tout ce que nous faisons implique le temps
et nos cerveaux sont conditionnés
non seulement au temps chronologique - le lever, le coucher du soleil
- mais aussi au temps psychologique.
Le cerveau a donc évolué au cours des millénaires
et l'idée même
la question même de savoir s'il peut mettre fin au temps
- vous suivez? - est un processus paralysant.
Je me demande si vous le comprenez.
C'est pour lui un choc. Quelqu'un comprend-il ceci?
Car nous allons nous demander à présent
si le cerveau lui-même peut être absolument tranquille.
Vous comprenez?
Pas votre corps, pas votre respiration
pas vos yeux et votre pensée - le cerveau lui-même
qui est constamment en train de bavarder
constamment en train de penser à ceci ou cela.
Les cellules mêmes du cerveau
peuvent-elles être absolument tranquilles?
Nous devons donc comprendre la nature du temps.
C'est-à-dire, nous sommes psychologiquement, intérieurement
pris dans un maillage de temps.
Je vais mourir, j'ai peur
je serai, j'ai été
et je me souviens des événements heureux ou malheureux
et le cerveau fonctionne, vit dans le temps.
N'est-ce pas?
Vous pouvez le voir de vous-même. C'est là une évidence.
La méditation consiste donc en partie à découvrir par soi-même
si le temps peut cesser.
Vous ne pouvez le faire en déclarant: 'le temps doit cesser'.
Cela ne veut rien dire.
Mais il s'agit de comprendre toute la structure
la nature et la profondeur de cette question.
N'est-ce pas?
Ce qui signifie:
est-il possible
pour le cerveau de réaliser
qu'il n'a aucun avenir?
Comprenez-vous ce que je dis?
Nous vivons soit dans le désespoir, soit dans l'espoir.
N'est-ce pas?
Pas vous?
L'espoir fait partie du temps.
Je suis malheureux, mécontent, incertain, j'espère être heureux
comprenez-vous?
Cette structure destructrice de l'espoir est en partie le temps
ou l'invention des prêtres partout dans le monde - la foi.
Vous souffrez, mais ayez foi en Dieu et tout est pour le mieux.
Suivez-vous tout ceci?
Là encore, la foi en quelque chose implique le temps.
Pouvez-vous supporter, c'est-à-dire
pouvez-vous tolérer qu'il n'y ait pas de demain, psychologiquement?
Le pouvez-vous?
La méditation consiste en partie à découvrir
que psychologiquement, il n'y a pas de demain.
Nous parlions une fois avec quelqu'un de très intelligent
et cultivé, de cette question.
Et ce fût pour lui un véritable choc
que de nous entendre dire ceci:
l'espoir, la foi, le mouvement de l'avenir en tant que demain
est inexistant.
Il était horrifié par cette idée - vous comprenez, Monsieur?
'Je ne vous verrai pas demain, vous que j'aime'
comprenez-vous ce que je dis?
Peut-être vous rencontrerai-je, c'est probable
mais l'espoir, le plaisir
l'attente de quelque chose
tout cela est compris dans le temps.
Ce qui ne veut pas dire que vous n'avez pas d'espoir
que vous renoncez à l'espoir
mais que vous comprenez le mouvement du temps.
Si vous renoncez à l'espoir, vous devenez alors amère
vous dites alors 'à quoi bon vivre, quel est le but de la vie?'
et commencent alors toutes ces inepties: dépression
angoisse de vivre sans le moindre avenir
comprenez-vous tout ceci?
Il faut donc pénétrer cette question, pas verbalement
pas théoriquement, mais dans les faits
afin de découvrir si l'on éprouve psychologiquement
en soi, le moindre sentiment de demain.
La question suivante à propos de la méditation est celle-ci:
la pensée en tant que temps peut-elle cesser?
Ainsi que nous en avons déjà abondamment parlé
la pensée est importante quand elle est à sa juste place.
Mais psychologiquement, elle n'a pas la moindre importance.
Je me demande si vous le voyez?
Je dois y revenir brièvement.
La pensée est la réaction de la mémoire, elle est née de la mémoire.
La mémoire est de l'expérience
expérience emmagasinée dans les cellules cérébrales en tant que savoir.
Vous pouvez observer votre propre cerveau
point n'est besoin d'être un spécialiste
je n'en suis pas un, je n'ai fait que m'observer très attentivement.
Les cellules cérébrales détiennent cette mémoire.
C'est un processus matériel.
Il n'y a là rien de sacré, de saint.
Et tout ce que nous avons accompli
comme aller sur la lune, y planter un drapeau ridicule
descendre au fond de la mer
et y vivre
la pensée a créé tout cela
la technologie gigantesque et compliquée, avec ses machines.
La pensée a été responsable de tout ceci.
Et la pensée a également été responsable de toutes les guerres
- n'est-ce pas?
C'est une évidence, inutile d'en douter
car votre pensée a divisé [le monde] en Grande Bretagne, France
Allemagne, Russie vous suivez?
Et la pensée a créé
la structure psychologique du 'moi'.
N'est-ce pas?
Ce 'moi' n'est pas sacré, n'est pas une chose divine.
Ce n'est que la pensée assemblant les anxiétés
les peurs, les plaisirs, la souffrance, la douleur
les attachements, la peur de la mort
elle a assemblé tout cela, qui constitue le 'moi'.
C'est ce 'moi', avec sa conscience.
N'est-ce pas? Je me demande.
Pouvons-nous avancer à partir de là? Vous suivez?
Tel est le 'moi', cette conscience.
Cette conscience est ce qu'elle contient.
Votre conscience est ce que vous êtes:
vos anxiétés, vos peurs, vos luttes
vos blessures, vos désespoirs psychologiques
plaisirs, et ainsi de suite.
Le contenu de votre conscience est son contenu.
N'est-ce pas?
Là encore, il n'y a pas matière à discussion
à complication, c'est simple.
Et cela résulte du temps.
N'est-ce pas?
J'ai été blessé hier, psychologiquement
vous m'avez dit quelque chose de brutal, cela m'a blessé
et cela fait partie de ma conscience.
J'ai eu du plaisir, cela en fait partie, et ainsi de suite.
La conscience est donc impliquée dans le temps.
Quand nous disons 'le temps peut-il prendre fin'
cela sous-entend vider totalement cette conscience de son contenu.
C'est sous-entendu.
Que vous le puissiez ou pas, est une autre affaire.
Mais c'est ce qui est sous-entendu.
Vous étudiez le temps [pour voir]
si la connaissance des innombrables couches de cette conscience
sensations, désirs et tout cela
couche après couche, toute sa structure
si cette conscience, qui résulte du temps
- j'ai été blessé hier, etc., etc
si cette conscience peut se vider complètement
d'où cessation du temps psychologique.
Je pose au préalable cette question afin que vous l'examiniez.
Nous pouvons ensuite demander: est-ce possible?
Comprenez-vous ma question?
Vous percevez votre conscience - n'est-ce pas?
vous savez ce que vous êtes, pour peu
que vous l'ayez suffisamment approfondi.
Vous l'avez sans doute fait dans une certaine mesure depuis une semaine.
Si vous l'avez approfondi
vous verrez que toute cette peine, toute cette lutte
ce malheur, cette incertitude, font partie de vous
partie de cette conscience, vos ambitions, votre avidité
votre agressivité, votre colère, votre amertume
tout cela fait partie de cette conscience
qui est l'accumulation de milliers d'hier à aujourd'hui.
Et nous demandons si cette conscience
qui résulte du temps
tant psychologique que physiologique
peut se vider afin que le temps prenne fin?
D'abord, avez-vous compris cette question?
Que quelqu'un me dise 'oui' ou 'non' s'il-vous plaît (rires) - au moins!
Q: Oui.
K: Ne vous endormez pas.
Nous allons découvrir si c'est possible.
Si vous dites que ce n'est pas possible, vous avez alors fermé la porte
vous pouvez alors tout aussi bien sortir
au lieu de rester assis là et perdre votre temps
si vous dites que ce n'est pas possible.
Et si vous dites que c'est possible, vous avez aussi fermé la porte.
Mais, si vous dites 'découvrons-le'
vous êtes alors ouvert à la chose, et en quête de découverte.
N'est-ce pas?
Ceci n'est pas un jeu intellectuel.
Ce n'est pas le divertissement d'un dimanche matin.
Ce n'est pas non plus un sermon.
Je dois vous raconter une jolie histoire à ce sujet.
Il était une fois un prédicateur, avec ses disciples
qui chaque matin faisait un sermon
de dix ou quinze minutes.
Et l'auditoire captivé l'écoutait. (Rires)
Un jour, il monte sur l'estrade
et alors qu'il est sur le point de commencer
un oiseau survient, se perche au bord de la fenêtre et se met à chanter.
Et le prédicateur ne souffle mot.
Après avoir chanté, l'oiseau s'envole.
Le prédicateur dit alors
'le sermon de ce matin est terminé'. (Rires)
D'accord?
Si je pouvais en dire autant! (Rires)
Désormais, la question est donc la suivante
si vous êtes assez sérieux pour l'aborder:
est-il possible de vider totalement
tout notre contenu
le contenu de notre conscience
cette conscience qui a été édifiée au cours du temps?
N'est-il pas possible - écoutez bien ceci, je vous prie
n'est-il pas possible de vider un des contenus de votre conscience
votre blessure psychologique?
Vous savez sûrement ce que cela signifie.
La plupart d'entre nous a subi des blessures psychologiques.
Dès l'enfance: parents, école - vous savez, toute notre existence
nous sommes blessés.
Cela fait partie de votre conscience.
Pouvez-vous mettre fin à cette blessure, complètement
l'effacer totalement, sans laisser de marque?
Vous le pouvez, n'est-ce pas?
Si vous prêtez attention à la blessure
sachant ce qui l'a causée
que c'est l'image que vous avez de vous-même
qui a été blessée
cela met fin à cette image blessée.
C'est possible si vous avez considérablement
approfondi la question.
Ou si vous êtes attaché à quelqu'un
que ce soit à votre femme ou à votre mari
peu importe à quoi - attaché à une croyance
à un pays, à une secte, à un groupe de personnes, etc
à Jésus, et ainsi de suite, ne pouvez-vous complètement
logiquement, sainement, rationnellement y mettre fin?
Car, voyez-vous, l'attachement implique
la jalousie, l'anxiété, la peur, la douleur
et du fait de cette douleur vous vous attachez toujours plus.
Le fait de voir la nature de l'attachement
la perception de l'attachement est l'épanouissement de l'intelligence.
Cette intelligence dit
qu'il est stupide d'être attaché - c'en est fini.
Vous comprenez ceci?
Alors, approfondissez-le.
Ou vous avez une certaine habitude psychologique
comme celle de toujours penser dans un certain sens.
Cela fait partie de votre conscience.
La pensée peut-elle sortir de l'ornière, du sillon?
Bien sûr qu'elle le peut.
Alors, est-il possible - écoutez bien - est-il possible
de totalement, complètement vider le contenu.
Cependant, si vous le faites élément par élément
c'est-à-dire l'attachement, puis vos blessures
votre anxiété, etc., cela prendra un temps infini.
Voyez ce que cela implique si vous le faites
élément par élément: cela prendra du temps.
Et vous voilà à nouveau pris au piège du temps.
Je me demande si vous le voyez.
Par contre, est-il possible de le vider
sans impliquer le temps, instantanément
en tout et non en partie?
Non, je vais vous le montrer, ne hochez pas la tête
ne soyez ni d'accord, ni en désaccord!
Comprenez-vous ma question?
Quand vous agissez élément par élément
vous êtes encore soumis au temps.
Si vous le réalisez, en voyez réellement la vérité
vous n'agirez alors pas partiellement.
N'est-ce pas?
Naturellement.
Vous abordez alors une question différente qui est celle-ci:
cela peut-il être fait en totalité?
C'est-à-dire, existe-t-il une forme d'observation de cette conscience
qui ne m'appartient pas en réalité:
ce n'est pas ma conscience personnelle
c'est la conscience universelle.
Ma conscience est semblable à la vôtre
ou à celle de quelqu'un d'autre, car nous souffrons
nous connaissons l'angoisse, etc., etc.
Peut-être y en a-t-il quelques-uns qui ont dit 'fini'
ils ont fleuri et sont allés au delà.
Ceci est hors de notre propos.
Nous demandons donc: est-il possible
d'observer cette chose dans sa totalité
entièrement
et l'observation même de cette totalité
[amène] sa cessation?
Vous comprenez ma question?
Ainsi, est-il possible d'observer
votre blessure, ou votre anxiété
vos culpabilités ou ce que vous voudrez, en totalité?
Vous comprenez ma question?
Supposons que j'ai de la culpabilité.
Je me sens coupable
ce n'est pas le cas, mais supposons-le.
M'est-il possible de regarder cette culpabilité
comment elle survint, quelle en fut la raison
et combien je la crains, etc
la structure entière de la culpabilité, puis-je l'observer totalement?
Bien sûr que c'est possible - non?
Vous ne pouvez l'observer totalement que
quand vous êtes conscient de ce que signifie être blessé.
Vous pouvez en être conscient, ainsi que de la culpabilité, etc
de toutes ces choses que nous avons amassées
vous pouvez en être conscient
si cette lucidité est dépourvue de tout motif ou de direction.
Compris?
Avez-vous compris ceci? Je vais vous l'expliquer.
Supposons que je sois attaché à quelque chose ou à quelqu'un:
ne puis-je observer
les conséquences de l'attachement
ce que l'attachement implique
comment cet attachement est survenu
ne puis-je en observer toute la nature, instantanément?
Je suis attaché, car je suis dans la solitude, il me faut du réconfort
je veux dépendre de quelqu'un, car je ne puis me débrouiller seul.
J'ai besoin de compagnie
j'ai besoin de quelqu'un qui me dise
'tu es quelqu'un de bien, mon vieux'.
J'ai besoin de quelqu'un qui me tienne la main. Je suis déprimé, anxieux.
Je dépends donc de quelqu'un
et cette dépendance engendre l'attachement
et de cet attachement naît la peur, la jalousie, l'anxiété.
N'est-ce pas?
Ne puis-je observer la nature de tout ceci, instantanément?
Bien sûr que oui, à condition d'être conscient
d'être profondément motivé par la découverte.
Nous disons donc qu'au lieu de procéder élément par élément
il est possible de voir toute la nature et la structure
et le mouvement de la conscience avec tout son contenu.
Le contenu constitue la conscience
et il est possible de la voir entièrement.
Et quand vous en voyez la totalité
elle se désintègre.
La question suivante est celle-ci - nous la posons:
comme le contenu de notre conscience fait partie
de la conscience de notre vie quotidienne
et que cette conscience est accumulation dans le temps
ce temps peut-il s'arrêter
c'est-à-dire, y a-t-il une fin à toutes nos luttes
- vous savez, tout ce qui s'en suit - instantanément?
Nous disons que c'est possible.
Je vous l'ai démontré.
Cela a été démontré par des exemples.
Ce qui veut dire
avoir un 'insight' total [une vision fulgurante]
de toute la nature de la conscience.
N'est-ce pas?
'Insight' signifie, implique
qu'il n'y a aucun motif, aucun souvenir
seulement une perception instantanée de la nature de la conscience
et cet 'insight' dissout de lui-même le problème.
Avez-vous compris ceci, tant soit peu?
Nous pouvons alors aborder le sujet suivant, à savoir:
Nous sommes occupés par la mesure.
N'est-ce pas?
Je suis grand, ou je suis petit.
Je dois être différent de ce que je suis.
La mesure - vous comprenez?
c'est-à-dire la comparaison, suivre un exemple.
Tout notre développement technologique repose sur la mesure.
Sans mesure
il ne pourrait y avoir de progrès technique.
Autrement dit, le savoir est un mouvement dans la mesure.
Je sais, je vais savoir.
Tout cela est de la mesure.
Et cette mesure
s'est introduite dans le domaine psychologique.
Suivez tout ceci, Monsieur.
Suivez-vous?
Q: Oui.
K: Observez-vous, voyez comment cela marche. C'est très simple.
Ainsi, nous passons notre temps à comparer psychologiquement.
A présent, pouvez-vous mettre fin à la comparaison
ce qui équivaut aussi à mettre fin au temps?
N'est-ce pas?
Mesurer signifie se mesurer à quelqu'un
et vouloir être comme cela, ou pas comme cela.
Le processus positif et négatif fait partie
de la mesure, par la comparaison.
Je me demande si vous le voyez?
Etes-vous fatigué?
Q: Non.
K: Approfondissez-le vous-même, vous verrez.
Est-il donc possible de vivre une vie quotidienne
sans comparaison d'aucune sorte?
Vous pouvez bien comparer deux étoffes
un velours côtelé d'une couleur à un velours côtelé d'une autre
mais psychologiquement, intérieurement
il s'agit d'être complètement affranchi de toute comparaison
ce qui signifie être affranchi de la mesure.
La mesure est le mouvement de la pensée.
Alors, la pensée peut-elle prendre fin?
Vous suivez tout ceci?
Voyez-vous, la plupart d'entre nous s'efforce de cesser de penser
ce qui est impossible.
Vous pouvez bien dire 'j'ai cessé de penser' pendant une seconde
mais c'est forcé, imposé, c'est un peu comme dire:
'j'ai compté une seconde pendant laquelle je ne pensais pas'.
Nous soulevons donc une question
que tous les novateurs qui ont vraiment approfondi le sujet
se sont posée, à savoir: la pensée peut-elle finir?
C'est-à-dire, la pensée née du connu - vous comprenez?
bien sûr, le savoir est le connu, c'est-à-dire, le passé
- cette pensée peut-elle finir?
C'est-à-dire, peut-on se libérer du connu?
Vous comprenez ma question?
Car nous fonctionnons toujours à partir du connu
et par conséquent, nous sommes devenus extraordinairement capables
imitant, comparant
..dans cette tentative continuelle de vouloir être quelque chose.
N'est-ce pas?
Alors, la pensée peut-elle finir?
La pensée, lorsqu'elle est consciente d'elle-même
connaît ses limites et trouve par conséquent sa place.
Je me demande si
Faites-vous tout ceci pendant que nous en parlons?
Nous avons donc parlé de
la mesure, du contrôle
de l'importance des sens et de la place qui leur revient.
Tout ceci fait partie de la méditation.
Et nous demandons ensuite ceci:
lorsqu'on a atteint un certain stade
les sens peuvent acquérir
des perceptions extrasensorielles
parce qu'ils deviennent extraordinairement sensibles:
la télépathie, lisant les pensées des autres
le contrôle, diverses formes de clairvoyance, etc., etc.
Ces choses n'en restent pas moins dans le domaine des sens.
N'est-ce pas?
Elles n'ont donc pas
l'importance colossale que l'homme leur prête.
N'est-ce pas?
Je me demande si vous le voyez.
L'orateur est passé par tout cela.
Excusez-moi de me citer personnellement:
on est passé par tout ceci et l'on voit le danger qu'il y a
à se laisser prendre par toute cette excitation sensorielle.
C'est stupide.
Donc, bien que ces choses existent
indubitablement, elles sont sans importance.
Nous soulevons à présent
une nouvelle question, à savoir:
l'homme est toujours en quête de pouvoir.
N'est-ce pas?
Les politiciens, les prêtres
l'homme et la femme ordinaires veulent dominer
veulent contrôler, veulent posséder.
Le pouvoir a acquis une importance extraordinaire.
Les deux super-puissances.
Ce qui signifie le pouvoir détenu par quelques-uns
qui dictent ce que les autres doivent penser
l'église chrétienne s'y est excellée à une certaine époque.
Les hérétiques, la torture, l'inquisition, tout cela.
Contrôler l'homme
par la propagande, les livres, les paroles
par les images, par ses peurs
par la récompense et la punition.
Toute forme de dissidence est réprimée, que ce soit par la torture
l'expulsion, les camps de concentration, ou le bûcher.
N'est-ce pas?
Telle est l'histoire de la stupidité humaine
sous le couvert de patriotisme, de religion.
Nous demandons à présent:
est-il possible de vivre sans aucun sentiment de pouvoir?
Vous comprenez ce que je dis?
Suivez-vous tout ceci, cela vous intéresse-t-il?
Ce qui signifie, pouvez-vous vivre dans un anonymat, une humilité totale
quand bien même auriez-vous un nom, pourriez-vous écrire un livre
ou parler comme nous le faisons ici et jouir d'une certaine
renommée ou notoriété - peu importe le terme
dans la mesure où il n'y a rien derrière?
Vous n'êtes donc pas en quête de pouvoir
au moyen de la clairvoyance
de la télépathie - tout ceci peut être utilisé par des gouvernements
pour contrôler le commandant du sous-marin.
Ils expérimentent tout cela
soyons-en conscients, pour l'amour du ciel.
Et peut-on vivre sans aucun sentiment de pouvoir?
Vous savez, il y a une grande beauté
dans le fait d'être totalement anonyme.
Et le monde entier est en quête d'identité
de pouvoir
de situation.
La question suivante est celle-ci:
le cerveau, - écoutez s'il vous plaît
le cerveau, qui date de millions et de millions d'années
est si lourdement conditionné, si plein
de tout ce que l'homme a rassemblé au cours des siècles
et par conséquent, agit tout le temps mécaniquement
ce cerveau peut-il être libéré du connu
et ce cerveau peut-il ne jamais, jamais vieillir
dans le sens physique du terme?
Vous comprenez ce que je dis?
Ne vous posez-vous pas ces questions?
Le faites-vous?
Peut-être, quand vous vieillissez
quand vous êtes quelque peu décrépit
quand vous avez perdu l'aptitude à réfléchir
que vous perdez la mémoire dites-vous alors:
'mon dieu, si je pouvais revenir en arrière et être à nouveau jeune
avoir un esprit alerte, jeune et décidé.'
Ne vous posez-vous pas parfois cette question:
Ce cerveau peut-il abandonner son fardeau
et être libre, et ne jamais se détériorer?
Ne dites pas 'oui' ou 'non', découvrez-le.
Ce qui signifie - écoutez s'il vous plaît
ceci vous intéresse
ce qui signifie ne jamais enregistrer psychologiquement quoi que ce soit.
N'est-ce pas?
Comprenez-vous?
Ne jamais enregistrer la flatterie, l'insulte
les diverses contraintes, pression, jamais.
Maintenir la bande magnétique complètement vierge.
[Le cerveau] est alors jeune.
L'innocence signifie un cerveau qui n'a jamais été blessé.
N'est-ce pas?
C'est cela l'innocence
qui ne connaît ni malheur, ni conflit, ni souffrance, ni douleur
tout cela étant enregistré dans le cerveau
qui est alors toujours limité
subissant le vieillissement physique.
Tandis que si aucun enregistrement, quel qu'il soit, n'a lieu
psychologiquement, le cerveau devient
alors extraordinairement calme
extraordinairement frais.
Ceci n'est pas un espoir, ni une récompense (rires)
ou vous le faites et le découvrez
ou vous vous contentez d'admettre les mots et dites:
'comme cela doit être merveilleux'
'ah, si je pouvais expérimenter cet état'
et vous êtes à côté de la plaque.
Tandis que si vous le faites, vous le découvrirez.
Ainsi, du fait de cette perception
dont nous avons parlée
du fait de cet 'insight'
les cellules du cerveau subissent un changement.
Il ne s'accroche plus à des souvenirs.
Il n'est plus la demeure d'une vaste collection d'antiquités.
N'est-ce pas?
Voilà pour cela.
Il faut alors aussi poser la question suivante:
existe-t-il dans la vie quelque chose de sacré?
Y a-t-il quelque chose de saint, que la pensée n'a jamais touché?
Comprenez-vous ma question?
Tâchez de la comprendre, s'il vous plaît.
Ce qui est sacré, saint
a été placé dans les églises en tant que symboles
la Vierge Marie, le Christ sur la croix.
Allez en Inde: ils y ont leurs propres images
les pays bouddhistes ont leurs propres images
et c'est devenu sacré
le nom, la sculpture, l'image, le symbole
dans certains lieux: églises, temples, mosquées, etc.
Dans les mosquées, il n'y a, bien entendu, pas d'images
mais de ravissantes écritures qui ont aussi valeur d'image.
Nous posons maintenant une question:
existe-t-il dans la vie quelque chose de sacré?
Sacré dans le sens de ce qui est immortel, intemporel
de l'éternité à l'éternité
qui n'a connu ni commencement ni fin
comprenez-vous?
C'est ce que nous demandons.
Vous ne pouvez le découvrir - non, vous ne pouvez pas le découvrir
personne ne peut le découvrir
cela peut survenir une fois que vous avez rejeté
tout ce que la pensée a créé de sacré:
les images, les musées, la musique
les églises et leurs croyances, leurs rituels, leurs dogmes
quand tout cela a été compris et rejeté. Complètement.
Il n'y a ni prêtre, ni gourou, ni disciple.
Alors, au sein de cette formidable qualité de silence
dans ce silence peut survenir
quelque chose que la pensée n'a pas touché
car ce silence n'est pas créé par la pensée.
Il faut donc interroger, pénétrer toute la nature du silence.
Il y a le silence entre deux bruits
il y a le silence entre deux pensées
il y a le silence entre deux notes, dans la musique
il y a le silence qui suit le bruit
il y a silence quand la pensée dit, 'je dois être silencieux'
et crée ce silence artificiel
pensant que c'est là le vrai silence.
Le silence qui existe quand on est assis paisiblement
contraignant son esprit à être silencieux.
Ce sont là tous des silences artificiels.
Ils ne sont pas réels
profonds, non cultivés, non prémédités.
Nous avons dit que le silence ne peut s'établir psychologiquement
qu'en l'absence de tout enregistrement, quel qu'il soit.
L'esprit, le cerveau lui-même est alors absolument
sans mouvement.
Alors, dans cette insondable profondeur de silence
non provoqué, non cultivé, ne résultant pas de pratiques
dans ce silence peut surgir ce sentiment extraordinaire
de quelque chose d'immesurable, d'indiscible.
Tout ce mouvement qui s'est déroulé du début à la fin
de ces causeries, fait partie de la méditation.
Terminé.
Q: (inaudible)
K: Je regrette, vous ne pouvez poser de questions après cela.
J'espère que nous nous rencontrerons à nouveau.
Q: Merci.