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La tourbe, contrairement à ce que beaucoup de gens pensent,
que ce soit du gazon qu’on utilise pour les gazons,
c’est des dépôts de matières organiques, puis, au Canada, c’est surtout
des mousses qui se sont accumulées, qui se sont partiellement décomposées,
puis qui se sont accumulées sur des milliers d’années pour
faire des dépôts qui peuvent avoir en moyenne quatre,
cinq, six mètres d’épais, mais on en a qui ont jusqu’à dix, onze mètres d’épais.
Ces milieux humides-là ne couvrent peut-être qu’environ trois pour cent
de la surface terrestre, mais les services écologiques
qu’on peut obtenir avec ces tourbières-là sont très grands.
Au Canada, on est très, très riche en tourbières. On possède
un tiers de la superficie des tourbières au monde. Mais, ce qui est
préoccupant quand même pour celles qui sont au Nord,
c’est – je dirais que la préoccupation se situe à deux niveaux :
un qui est relié avec le réchauffement climatique. Parce qu’avec
le réchauffement global, on a ces dépôts-là qui vont
peut-être se mettre à plus se décomposer, à relâcher plus de carbone
dans l’atmosphère. Et l’autre point, c’est qu’on a beaucoup
d’activités économiques qui montent maintenant dans
le Nord – de plus en plus d’activités minières,
d’extraction de ressources de tous genres.
Au Canada, on est un groupe de recherche parmi
les premiers à étudier l’écologie des mousses en phase de
recolonisation ou de régénération. Comment on s’y prend pour
restaurer une tourbière lorsqu’on arrive à un site?
Habituellement, les sites ont été abandonnés
quelques années. Il faut vraiment rafraîchir la surface.
On met tout le substrat bien à nu pour se débarrasser de
la croûte biologique qui empêcherait nos
mousses d’avoir contact avec l’eau du sous-sol.
Ensuite, on récolte du matériel dans des
tourbières qui vont soit être détruites ou, quand
on le prend de manière très superficielle, on a besoin
juste des premiers cinq centimètres.
La troisième étape, on doit recouvrir
ces mousses-là, qui n’ont pas de racines, pas
d’habiletés à se protéger contre la dessiccation, d’un paillis de paille.
Et la dernière étape, on procède au remouillage
de la tourbière en rebloquant les anciens
systèmes de drainage qu’il pourrait y avoir.
Le financement que j’ai obtenu par le CRSNG, je dirais que
le plus important a peut-être été le programme de partenariats.
Et ça a permis de développer vraiment un groupe de
recherche pancanadien. Ça nous a permis
vraiment de devenir les leaders mondiaux. On peut dire qu’en restauration
de tourbières, tout le monde vient nous voir.
On a beaucoup de demandes en consultation internationale
ou même pour faire des projets de recherche à l’international.
Le fait de pouvoir travailler comme ça, en partenariat avec l’industrie,
ça nous permet de solutionner plus rapidement des problèmes
pratico-pratiques, parce qu’on allie l’expertise, des années
d’expérience à travailler dans des milieux qui sont mous
de terrain, mais de pouvoir faire une mise à l’échelle qu’on ne serait
pas capable de faire, juste un groupe de chercheurs avec
des étudiants gradués, à l’intérieur
d’un laboratoire expérimental qu’on pourrait développer
dans une université donnée.