Tip:
Highlight text to annotate it
X
Une production des Studios MOSFILM
BRILLE MON ETOILE, BRILLE
Scénario: Y. DOUNSKI, V. FRID, A. MITTA
Réalisation: Alexandre MITTA
Chef caméraman: Youri SOKOL
Chef décorateur: Boris BLANK
Peinture, sculpture, masques:
A. SPESHNEVA N. SEREBRYAKOVA
Sous-titres français: S. Kouzmitchev
Dans le rôle d'Iskrémas Oleg TABAKOV
Avec:
Oleg EFREMOV Evguéni LEONOV
Eléna PROKLOVA Léonid DIATCHKOV
Léonid KOURAVLEV Vladimir NAOUMOV
En 1920 diverses bandes semaient la terreur dans le sud de la Russie.
Une de ces bandes faisait rage dans le bourg de Krapivnitsy.
Personne ne savait d'où elle venait,
ni où repartait après l'incursion.
Mais chaque fois lorsque les bandits venaient,
la fumée montait du couvent,
des cavaliers galopaient dans la nuit,
les maisons de paysans brûlaient.
Notre histoire ne concerne pas que ça.
En ce temps-là un régiment blanc décollé des siens, s'efforçait
de se joindre à l'armée du baron Wrangel en Crimée.
Ce régiment passait par les arrières de l'armée rouge, et notamment
par le bourg de Krapivnitsy.
Mais notre récit commence par autre chose.
Shakespeare.
Premier acte.
Iskrémas arrive à Krapivnitsy.
Camarades.
Camarades!
Le Théâtre expérimental populaire
«« Iskremas »», ce qui veut dire:
L'art révolutionnaire pour les masses populaires,
vous présente un spectacle gratuit!
C'est la tragédie de William Shakespeare "Jules César"
supervisée par Vladimir Iskrémas!
Vous autres, Romains.
Votre empereur est tué, tué par les révolutionnaires.
Mais le tyran avait des amis.
L'un d'entre eux Antoine prononce
un discours sur le corps de César.
Antoine...
C'est moi.
Je vous signale qu'Antoine est un ennemi perfide et rusé.
Tous ensemble on va juger
cet apologiste de la monarchie et le suppôt de la tyrannie.
Spectacle cinématographique
«« Un drame sur la mer»».
Approchez tous.
O, Romains!
Concitoyens!
Amis!
Je ne suis pas là
pour glorifier César mais pour l'enterrer.
Il était mon ami sincère et tendre mais Brutus...
Mais où partez-vous, camarades?
Je ne sais pas jongler avec les tomates pour vous retenir là.
Ça m'étonne qu'un art véritable ne vous intéresse pas. Pourquoi?
Quel fléau, ces bandits!
Allez, avance!
M'sieur!
Attendez, m'sieur!
Ecoutez-moi, m'sieur!
M'sieur!
Qu'y a-t-il? Qu'est-ce que c'est?
Je vois que votre cheval ressemble à celui de mon papa.
Ça doit être son cheval. Rendez-le, s.v.p.
Mais quelle idée? Je l'ai acheté à un tzigane à la foire.
C'est mon cheval.
Je vous assure que c'est notre Lysko. Rendez-le, s.v.p.
Lysko, Lysko.
Il s'appelle pas Lysko. Il s'appelle Pégase.
Enfin c'est moi qui l'appelle comme ça.
Pégase, Pégase.
Il est fatigué. Pégase!
Rendez-le moi, m'sieur.
Eh, patron!
Patron! 'Y a quelqu'un?
Qui est le patron ici?
C'est moi le patron.
Tu bouges pas?
C'est comme tu veux.
Rendez-moi mon cheval.
Ecoute-moi.
Demain on ira au comité révolutionnaire
pour qu'ils décident là-bas à qui est ce chaval.
Et maintenant va dormir tranquillement.
Voilà.
Allez, mange.
- Tu t'appelles comment? - Kryssia.
C'est un surnom?
Non.
Mon surnom est Kotliarenko.
Et le prénom c'est Christine.
Mes patrons étaient Polonais. Ils m'appelaient Kryssia.
Allez, mange.
Ils étaient gentils mes patrons.
- Mais ils m'ont chassée. - Pourquoi?
J'avais tué leur enfant.
Comment ça, tué?
Pas à mort.
J'ai laissé tomber par terre leur bébé.
Ils m'ont chassée pour ça.
Je vois.
Tes parents, ils sont où?
Ils sont morts de typhus 'y a un an.
C'est pas *** ta vie.
Bon, faisons connaissance. Je m'appelle Iskrémas.
C'est pas un nom chrétien.
T'as raison, c'est mon pseudonyme.
Iskrémas, ça veut dire: L'art révolutionnaire pour les masses.
Iskremas par abréviation. T'as compris?
Non.
Ça m'est égal.
Je vois que t'es une fille intelligente.
On va sûrement s'entendre. Ce cheval n'est pas à toi, il est à moi.
- Non. - Bon, d'accord.
Tu vas dormir ici. Personne ne te touchera.
Je dois être sûr que tu ne vas pas décamper avec mon cheval.
Il faut que la confiance règne entre nous deux.
Entendu?
Oui.
Deuxième acte.
Iskrémas perd beaucoup
mais acquiert encore davantage.
Le monde est merveilleux!
Pégase, Pégase!
Pégase!
Pégase!
Pégase!
Kryssia.
Pitié, m'sieur, ne me tuez pas!
On a piqué notre cheval.
C'est peut-être mieux comme ça, que notre cheval soit volé.
Maintenantje reste encore un mois ici.
J'aimerais rentrer à Moscou vers le début de la saison, hélas!
Adieu, Kryssia.
- Adieu à jamais. - M'sieur...
Puis-je rester auprès de vous?
Comment ça...
...auprès de moi?
Comme ça.
Je peux faire la lessive et cuisiner.
Je n'ai besoin de rien. Je mangerai des restes de vos repas.
Non, surtout pas ça.
Ce serait avec plaisir mais
je n'ai pas de maison, je suis sans feu ni lieu.
Prenez-moi avec vous, m'sieur.
Tout seul vous finirez mal. Vous ne tiendrez pas le coup.
C'est sympa chez nous ici, c'est si calme.
Calme, tu dis? Et les bandits?
Ils ne fusillent que ceux qui collaborent avec les rouges.
S'ils apprennent ça ils te tuent où ils te brûlent la maison.
Et si j'étais un militant rouge?
Dieu préserve!
Oh, mon Dieu! T'es pas dingue, non??
Qu'est-ce que tu barbouilles là, sacré borgne?
Regardez, bonnes gens, ce pauvre imbécile!
Ayez pitié, bonnes gens!
II m'a gâché la vie, cet idiot. Quelle honte!
Mais qu'est-ce qu'il a encore dans sa tête malade?
Regardez ce qu'il a fait avec cet arbre!
Maintenant il faudra le couper.
Oh, malheur...
Il est foutu notre pommier. Qui a fait ça?
Les bandits lançaient les bombes.
T'aurais pu donner ces pommes au cauchon, sacré borgne!
Que tu crèves!
Regardez-moi ce guerrier rouge qui défend les infirmes.
Vous êtes badigeonneur?
II est vraiment extraordinaire cet homme.
Des gens méchants n'ont pas voulu que ces fruits murissent.
Et cet homme généreux est venu sauver tous ces fruits.
Alors, dis-moi qui est-il?
Un imbécile.
Que tu es bête. C'est un homme de bon coeur.
Dommage que personne ne t'aie jamais expliqué ça.
Excusez-moi, je vous prie.
Je me présente: Vladimir Iskrémas.
Je suis l'artiste de Moscou. Je suis là de passage.
J'aimerais organiser ici un théâtre révolutionnaire expérimental.
Pourriez-vous m'aider à peindre les décors?
J'ai déjà trouvé un local.
Le drame sur la mer!
Les hommes rigolent, les femmes pleurent!
Le drame dans la ville, affreux et sans vergogne!
Et voilà un dandy de Moscou!
Faites gaffe, mesdemoiselles!
Le voilà!
II est irrésistible, ce gandin.
En ville on fait comme ça:
Le mari parti, sa femme s'amuse avec son amant!
Pourquoi tu pleures?
Arrête, tu dois avoir honte!
Laissez-moi.
J'ai vu ça plusieurs fois. Ça me fait pleurer.
Quand elle faisait des galipettes
sa fille se noyait dans la mer!
Sacrés intellos! Pardon et merci!
Ils ont laissé mourir la pauvre enfant.
Tu viens pas voir le spectacle?
Non, je l'ai vu plusieurs fois.
C'est scandaleux.
A mon avis c'est trivial
et même très vulgaire.
Il faut faire quelque chose.
Vous avez tort de désapprouver ça, cher collègue.
Le public m'aime bien. Ils me payent avec du pain.
C'est fantastique.
C'est formidable!
Je ne pouvais même pas imaginer
qu'une chose pareille pourrait exister de nos jours.
Les gens ont vraiment besoin d'un art véritable.
Vous leur refilez n'importe quoi!
Videz les lieux!
Vous n'avez pas le droit.
Je paye le loyer.
Comment?!
II nous dit que nous n'avons pas le droit.
Je suis l'émissaire du théâtre révolutionnaire.
Tout ce que vous faites là c'est la profanation de l'art.
Autrement dit c'est de la contre-révolution.
Le comité révolutionnaire m'a chargé de réquisitionner ce local.
J'en ai le mandat.
Alors, c'est autre chose.
N'oubliez pas que j'ai fait pas mal de bonnes choses
pour les gens moi aussi.
Je t'ai vue pleurer.
D'où as-tu ça?
Tout ça, c'était de la fadaise.
Je te ferai découvrir un monde merveilleux.
Troisième acte.
Brusquement Iskrémas est frappé par un malheur.
Voyez-vous, Fedor, maintenant quand on n'a plus de pétrole,
ni sel, ni allumettes,
le philistin n'approuve plus la révolution, il en a même peur.
Et moi, comme au premierjour je lui dirai: "Que ton nom soit sanctifié!"
L'art dontj'ai rêvé toute ma vie,
devient autant accessible qu'indipensable.
La révolution m'a donné la liberté d'expression.
Actuellement on a besoin d'artistes nouveaux.
Il ne s'agit pas de moi, un autre artiste de talent viendra...
Qui suis-je? Un adepte impudent?
Oui, je cherche ma voie dans l'art,
dans l'art de la révolution.
Je suis là pour leur ouvrir les yeux, et ils s'en fichent...
J'emmènerai le théâtre sur les grandes places des villes.
Des milliers de gens y seront mes figurants...
Ils seront mes personnages principaux!
II fautjouer du Blok, Mystère Bouff, Verhaeren.
La révolution n'a pas besoin de bric-à-brac!
Avec le tzar c'était mieux.
Bonjour. Qui t'a dit ça?
Mes patrons.
Oui, sous le tzar tes patrons vivaient mieux.
Maintenant c'est nous qui vivons mieux car c'est nous les patrons.
On a de la visite. Il faut servir la table.
Il n'y a rien à servir.
Et les pommes de terre.
Il n'y en a pas.
Mais il nous a apporté un sac de pommes de terre.
Il n'y a plus rien.
Elle est très bizarre, cette fille!
Elle est têtue et méchante comme un cauchon d'Inde.
Elle n'est même pas capable de retenir mon nom.
Dis-moi commentje m'appelle?
Yakiman.
Iskrémas.
Je m'appelle Iskrémas.
Voici les pommes de terre. Pourquoi tu as menti?
Si on en donne à tout le monde, on va crever de faim nous-mêmes.
Tu ferais mieux de te taire, c'est compris?
Je vous en prie...
Assieds-toi, Kryssia, toi aussi.
Allez, mangez.
Regardez-moi cette larve, Fedor.
Je vais la métamorphoser en bonne actrice.
Parce que je suis certain que cette fille a du talent.
Tenez...
Votre bourg est tel un désert qui attend la pluie.
Et mon spectacle en sera une.
Ici chez vous je vais...
mettre en scène quelque chose dans le genre de Jeanne d'Arc.
Quoi?
Le public n'y viendra pas?
Mais si!
Et en foule.
Il y a 500 ans
les riches bourgeois
ont envoyé la belle Jeanne
au bûcher.
L'incomparable Jeanne d'Arc!
Venez tous là!
Approchez, bonnes gens!
Elle a levé l'étandard de l'insurrection sur la France!
C'est pour cela que les exploiteurs
du peuple l'ont brûlée sur le bûcher!
Honorables citoyens!
On va la brûler cette sorcière!
Par ici!
Venez tous!
Qu'est-ce que c'est que ça?
On va brûler une sorcière!
- C'est un cauchemar! - Non, c'est une comédie.
Approchez, bonnes gens, venez voir notre spectacle
à l'ancien théâtre «« Illusion»»!
On n'arrive toujours pas à neutraliser cette bande.
Faut-il écrire en haut lieu?
J'en ai ras-le-bol de cette bande.
Permettez-moi de vous parler.
Patientez un peu, on est occupés.
Excusez-moi alors.
Ecoute-moi, Okhrim.
On ne peut toujours pas comprendre d'où vient cette bande.
Si vous voulez mon avis, elle ne vient de nulle part.
Serait-elle de notre bourg?
Pardon, camarades, je veux vous dire deux mots.
Vas-y.
Mais vous délirez. Des bandits de chez nous, c'est impensable.
Il n'y a que des gosses et des femmes ici.
Tout de même, permettez-moi...
- Qu'est-ce qu'il y a? - Camarades...
Quoi?
Le théâtre a pris feu.
Quel malheur!
Bonnes gens!
Calme-toi.
Mais calme-toi.
Attendez.
Du calme, camarades!
Les flambeaux dans l'eau!
Voilà.
Camarade président, retirez-lui son mandat.
Mais il n'a aucun mandat.
- Comment cela? - On va mettre ça au clair.
Alors, le feu est éteint? Et alors?!
Qu'est-ce qui est arrivé?
On a raté le début mais ça a été grandiose!
Quoi? Où voulez-vous en venir?
Vous avez envahi le théâtre, et vous avez failli brûler les gens.
La fille l'a échappé belle.
Je voulais seulement faire peur aux philistins.
- Ça se fait pas avec les feux de Bengale. - Avec quoi alors?
Un art véritable a besoin d'un feu réel,
un feu qui brûle la peau!
C'est ça l'idée de mon spectacle. Cet incendie a été accidentel.
Ça veut dire que votre idée est stupide et insalubre.
C'est idiot de jouer avec le feu dans une baraque en bois.
Si vous ne le savez pas, il fallait demander aux gens.
Je n'ai rien à vous demander.
- Qu'est-ce que vous voulez dire? - Ce que je veux dire...
Vous ne devinez pas?
Tout est clair.
Il faut arrêter ce type-là.
Ne le touchez pas, je vous dis!
Vous ne voyez pas qu'il est un peu toqué, non?
Tonton Yakiman, venez avec moi.
Laisse-moi, Kryssia! Ils veulent m'arrêter!
C'est ça notre pouvoir!
Je suis dévoué à la révolution autant que vous.
C'est peine perdue!
Parce que je suis là de passage.
Et moi, je pense que vous allez rester un bout de temps ici.
C'est un incendiaire. Ne serait-il pas envoyé par Wrangel?
Artiste!
On a déjà vu un artiste qui
nous montrait là des tours de magie.
Un beau roublard!
II nous a piqué deux lampes à pétrole.
Dites-moi, est-ce que je peux m'installer dans ces locaux?
Puisque je m'occupe de l'activité culturelle parmi les masses.
Ouvrier dans la mine,
Paysan dans son champ,
Bourgeois sangsue dans la Mer noire.
Regardez, camarades, ce dandy d'outre-mer qui
vient en Russie tuer nos frères.
C'est très bien dit.
C'est la bourgeoisie internationale qui fait ces choses atroces.
De la même façon nous allons noyer Wrangel dans la Mer noire!
Là tu exagères. C'est un enfant qui s'est noyé.
- Wrangel n'y est pour rien? - D'accord.
Quatrième acte.
Les blancs dans la ville.
Camarades! Camarades Tziganes!
Vous devez changer radicalement votre attitude envers les chevaux.
On va voir ça calmement.
Quant à vous, camardes villageois,
vous devez changer radicalement votre attitude envers les Tziganes.
Camarade Serdiouk, les blancs.
Comment ça, les blancs? T'es pas soûI, non? Une bande?
Non, c'est pas une bande.
Un régiment blanc vient chez nous, paraît-il.
Mais d'où viennent-ils? La ligne du front est à 300 km d'ici.
Je n'en sais rien mais ils avancent sous le drapeau du tzar,
tous en uniforme, et ils ont de l'artillerie.
Allez, va!
Vous êtes là!
Depuis ce matin je n'ai rien bu, ni mangé!
Où suis-je? Au service de contre-espionnage des blancs?
Je vous explique...
Oui, vous êtes entre les mains du service de contre-espionnage.
- Nous aussi. - Les blans sont en ville.
Je vous demande pardon.
Hierj'ai été un peu brusque avec vous...
De m'avoir traité de toqué?
- Moi... - Vous avez bien fait.
Si j'étais pas toqué, je serais pas là.
Faut pas s'engueuler, on est tous dans le pétrin.
On va encore voir à qui sera la victoire.
Eh, l'artiste, viens avec moi.
Voilà...
Donc, je serai le premier.
Adieu, camarades.
Si un jour vous venez à Moscou, dites à Lounatcharski que...
Un palais!
Iskrémas, c'est ton nom?
Un chef-d'oeuvre!
- C'est un truc français? - Pas tout à fait.
Monsieur l'artiste, j'ai un service à vous demander.
A l'occasion du retour du pouvoir légitime il faut organiser un spectacle
pour nos officiers et les heureux habitants de ce bourg.
Nous allons en Crimée nous joindre à l'armée de Wrangel.
Chez vous on ne fait que bivouaquer,
mais il faut persuader les gens que nous sommes là pour longtemps.
Je ne pense pas que je puisse
vous être utile.
Ecoutez, monsieur. C'est pas très poli.
Je vous ai fait sortir du mitard. Je suis votre ange gardien.
Votre nom et prénom?
Mon nom et prénom c'est capitaine en second.
Ecoutez-moi, monsieur en second, je dirige le théâtre de Shakespeare...
De quel Shakespeare parlez-vous?
Prince!
De quoi parlez-vous, maestro?
A part vous et moi personne ne le connais.
Faites-moi un spectacle amusant
dans le genre de french-cancan, avec chansonnettes, etc...
Sérioja.
Nos dames vont vous aider.
Mais on se couche où?
Fais ton lit par ici.
Tu vas bosser toute la nuit?
Oui, j'ai plein de choses à faire, donner à manger aux chevaux,
faire deux ou trois exécutions...
J'ai convaincu l'artiste d'organiser un spectacle.
Il y a un bain ici.
J'ai dit de me réchauffer l'eau. Tu peux disposer.
- Où est le savon? - Dans ma valise.
Réflexion faite, je ne pourrai pas vous être utile.
Vous avez un idéal?
C'est pas dans mes principes.
Drôle de pays!
Tout le monde se prend pour Robespierre ou Danton.
Vous avez eu de la chance, monsieur l'artiste
d'avoir affaire à un intellectuel.
Aujourd'hui nous avons coffré vos deux commissaires.
- Le prince les aurait fusillés. - J'ai arrêté de fumer.
C'est lui qui va faire justice.
Oui. Ils seront pendus d'après la loi.
Alors, je vous conseille, monsieur, de laisser tomber vos convictions.
Je vous le dis de tout mon coeur.
Allez préparer le spectacle.
Vous savez, je ne suis pas sûr... que je réussisse.
Vous en faites pas.
Vous allez sûrement réussir ça.
Kryssia!
Où es-tu!
Kryssia,
je te présente ma petite amie.
C'est une femme très gentille.
Je vous en prie, madame.
Qu'est-ce que t'as à me regarder comme ça?
Je suis ivre comme un Polonais.
Ma pauvre petite.
Je ne veux pas que tu voies ça.
Sers-nous à manger et va chez les voisins.
Mais attends.
Il nous manque quelque chose.
Un concombre.
Kryssia, on n'a pas de concombres?
Si!
Mais si!
Qu'est-ce qui te prend?
Qu'est-ce qu'il y a?
Qu'est-ce qui se passe?
Les artistes!
Oui, je suis un lâche! Un minable!
J'ai trahi mon art!
Trois jeunes pages allaient quitter
La terre natale tant adorée.
Ils avaient les yeux pleins de larmes,
Et le vent de mer était amer.
J'aime tellement tes cheveux blonds,
Le premier dit en sanglottant
Qu'il allait mourir sous la falaise,
Dans l'écume de la haute vague.
Leurs menaces ne me font pas peur.
Il ne s'agit pas de ça.
Ils auraient pu me fusiller. Et alors?!
Je suis artiste, je dois m'entraîner chaque jour,
comme un violoniste qui fait ses gammes.
Quiconque aime sa reine,
Va mourir sans broncher.
Si je n'avais pas accepté, ils auraient fait appel à un fripon
qui aurait monté un truc affreux,
dans le genre de «« La vie pour le tzar »».
Mais qu'est-ce que vous faites là?
Personne n'a plus besoin de vos supplications.
Je vous en prie.
Contunuez.
Qu'est-ce que vous chantiez là?
Trois jeunes pages allaient quitter la terre natale tant adorée.
Je ne vois pas ce que vous voulez.
Je présenait ce numéro à Rostov devant les officiers.
- On me portait sur les bras. - Qui, les haltériphiles?
Comme ça ça va faire une chansonnette pitoyable.
Ces sornettes auront un sens plutôt sinistre.
C'est bien ce qu'il nous faut.
Donc, dansez et chantez dans ce genre-là.
C'est compris? Alors, au boulot.
Un... Deux...
Trois jeunes pages allaient quitter
La terre natale tant adorée.
Ils avaient les yeux pleins de larmes,
Et le vent de mer était amer.
Répétez avec moi...
Un, deux, trois... 0
Reprenez, s.v.p.
Un, deux...
Trois jeunes pages allaient quitter
La terre natale tant adorée.
Ils avaient...
Avec moi. Je vous prie.
Ils avaient les yeux pleins de larmes Et le vent de mer...
Avec moi, je vous dis. Ils avaient...
Les yeux pleins...
Mais concentrez-vous à la fin!
Vous le faites exprès ou quoi?
Ils avaient les yeux...
Pleins de larmes
Et le vent de mer était amer.
Excusez-moi. Encore une fois!
De plus belle, un peu plus vite!
Stop! Une fois encore!
Plus haut les jambes!
Un, deux...
Trois jeunes pages allaient quitter
La terre natale tant adorée.
Ils avaient les yeux pleins de larmes,
Et le vent de mer était amer.
Répétez après moi.
Monsieur le metteur en scène.
Un peu de silence!
- Oui? - Je peux vous parler deux minutes?
Continuez, je vous prie.
Ils vous ont relâchés? Vous ont-ils relâchés?
Mais non!
- On s'est évadés. - Je comprends.
On a pris le maquis.
Je reste là tant qu'il pleut. Vous permettez?
Oui, bien sûr, asseyez-vous.
Camarade Okhrim, vous pouvez compter sur moi.
Je ne suis pas de mon gré.
Mais quel bordel. Travaillez, travaillez!
Pardon.
- Camarade metteur en scène. - Oui?
Dites, s.v.p.
Pourriez-vous dire si quelqu'un est doué pour la scène ou non?
Pourquoi cette question?
Je suis instituteur mais j'ai toujours
rêvé d'être acteur.
C'est pas facile à expliquer...
C'est mon étoile au firmament.
Mon Dieu, dehors il fait un temps
de chien, les bombes explosent,
tandis qu'ici c'est la fête!
Aniouta, Margarita! Quel beau festin!
Ça c'est très original!
Qu'est-ce que c'est?
Une grenade artisanale.
Des manufacturées, 'y en a plus. Vous allez filer par la salle.
- Où est votre despote et tyran? - Il est là.
Je parie qu'il s'amuse avec une choriste.
On va troubler leur intimité.
Allons-y, messieurs, on a des choses à faire.
Voilà.
Quant au théâtre, on en reparlera un de ces jours.
Volontiers.
Au revoir.
Ecoutez-moi...
Faites votre numéro comme vous l'aviez fait avant moi.
Oh, Fedor...
qui purifie corps et âme.
Ça nous est indispensable!
On en a marre
de tous ces compromis...
Salut, les confrères!
Qu'est-ce qu'il veut celui-là?
Mettez-le dehors!
Fedor, Vladimir Pavlovitch,
Je sais qu'après le bain vous aimez manger des écrevisses.
Je vous ai préparé de la gnole!
- D'accord, qu'il reste avec nous. - Merci beaucoup.
En temps de guerre nous les intellos, on doit se solidariser.
J'adore le bain de vapeur mais ma tronche ne le supporte pas.
Bonjour. Joyeuse compagnie.
Bonjour.
Frangins! Des écrevisses incroyablement géantes!
Plutôt de petits crocodiles.
Comment tu disais là? Aux armes, citoyens!
Et moi, pauvre imbécile... Je vous ai pris pour un badigeonneur.
- Vous êtes artiste-peintre... - Ça me plaît beaucoup.
Franchement dit...
Des tableaux comme ça, il y en a plein au marché.
D'ores et déjà nous pourrions être fiers d'avoir côtoyé
cet homme remarquable.
Je vous en prie.
Un jour l'humanité comprendra que ces tableaux
sont dignes d'être exposés au Louvre et Prado.
On va exposer vos tableaux sur la Place rouge à Moscou!
II ne me fait que souffrir ce sacré borgne!
II a gâché sa vie et la mienne avec!
Tu es sa parente?
C'est mon beau-père.
Il est un peu zinzin!
II t'ennuie?
Non, puisqu'il est zinzin.
C'est sa femme.
V.P.
Avec mes meilleurs voeux
de réussir dans la vie.
Qu'ils crèvent tous les deux!
Je suis sûr que le cinématographe est un art de l'avenir.
Tes zigotos qui se tortillent à l'écran sont ridicules
face à la beauté du corps humain vivant.
Pourquoi?
Le contact spirituel direct
avec le public, c'est ça le théâtre!
Et ton cinématographe, c'est de la machinerie futile.
C'est génial! Mais je dois te dire que pour moi
le cinématographe est un art qui me rapporte.
Fedor, mais dis-lui!
Quelle vipère!
Un peu de patience, Fedor.
On aura les jours meilleurs.
Dans ce bled oublié de Dieu
je vais monter un spectacle extraordinaire, sensationnel.
Moscou et St-Pétersbourg vont nous envier!
Vous allez me peindre d'admirables décors,
un beau rideau, vous allez décorer la salle.
A chaque spectateur on va offrir un petit tableau de vous.
Le public va montrer vos oeuvres à ses parents et enfants.
Il faut initier le public à l'art véritable.
Pavel va travailler avec nous.
Il va vendre les billets.
Rien que ça? Pourquoi?
Mon cher Pavel,
moi avec Fedor, on est poussés par de belles ambitions,
et toi, tu n'en as pas.
C'est pas vrai.
J'ai une ambition moi aussi.
Laquelle?
Survivre à tout ça.
Fedor.
Réponds-lui.
Va chercher du chou.
Brille mon étoile, brille,
Ma précieuse étoile d'amour!
Tu m'es plus cher que tout
Je n'en aurai pas d'autre!
Ma vie est éclairée
Par ta lumière magique...
Après ma mort au-dessus de ma tombe
Je veux que tu brilles, mon étoile!
Attention, il y a une marche.
'Y a quelqu'un?
Ah, monsieur Stanislavski, quelle agréable surprise.
J'avais entendu des voix et j'ai décidé de passer vous voir.
J'ai voulu jeter un coup d'oeil juste pour savoir
pourquoi ce festin en pleine peste.
Asseyez-vous, messieurs. On serait mieux assis.
Moi aussi, je m'assoie.
Je sais que ma visite est incongrue.
Mais ça me fait plaisir de vous voir
et de bavarder avec vous.
Asseyez-vous.
Assis!
Allez, recule et dégage un peu.
Très intéressant.
Pas mal.
Je connais cette peinture.
C'est toi qui as peint les murs de l'état-major des rouges?
Quels fumiers...
On veut les traiter correctement, Et eux, ils cherchent à nous bafouer.
Vakhraméev.
Toi...
Mets-le au mitard.
Allez, va.
Magne-toi.
Allez!
Ne vous en faites pas...
- Asseyez-vous, monsieur l'artiste. - Merci.
Il est peintre, il s'exprime par allégories.
Voilà, deux mufles sont partis, dont un au cachot et l'autre le garde.
Je vous en prie.
Buvez.
Prenez place vous aussi.
Merci à vous.
Tu m'étonnes, Vladimir.
Tu n'es même pas capable de distinguer un intellectuel.
A votre santé.
Reviens ici.
Pas par là, par ici.
Slonov était vraiment quelqu'un.
- Un coup de feu? - Et alors?
Il était seul sur la scène vide.
En maillot rose. Un spectacle inoubliable.
Qu'est-ce qu'il y a?
II s'est enfui. Vous permettez?
Comment ça, enfui?
II n'a pu partir loin.
Les Cosaques n'ont plus de coeur.
Ils sont enivrés par la révolution
et ne peuvent plus arrêter de boire.
Pourquoi vous avez fait ça?!
O, Seigneur!
Les bourreaux!
Vous avez tué un peintre!
Un peintre de grand talent!
Vous n'êtes qu'un salaud!
Je n'y suis pour rien.
Tant pis pour toi!
Lui c'est une sale brute qui accomplit des ordres,
Et toi, tu es une brute intellectuelle, la pire qui puisse exister!
Tonton Iskrémas, il va vous tuer!
Qu'est-ce que tu veux?!
Je te hais, tu m'entends? Je te hais!
II ne faut pas l'écouter.
Je te hais!
II est très déconcerté.
Non, il ne faut pas.
Alors, t'as fini?
Ecoute-moi, pauvre cabotin.
C'est pas Roméo ni Juliette que tu vas me jouer.
Je vais te faire jouer le coucou. Tu sais ce que c'est?
Alors, je t'explique:
Tu seras le coucou, et nous on sera les chasseurs.
Tu vas faire coucou,
et nous on tire dessus.
On aura tous des chargeurs pleins
Si tu en sors vivant, ça va être ta chance.
Ça m'étonerait.
Messieurs, on comence.
Monsieur l'artiste, coucou!
Alors, mon coucou!
Fais coucou!
Vas-y.
Fais coucou.
Allez, fais coucou.
Pourquoi tu ne fais pas coucou?
Allez!
Fais coucou!
Vas-y!
Coucou.
T'es vivant?
Si t'es vivant, fais coucou.
- Vas-y! - Fais coucou!
- Allez, mon brave! - Coucou!
C'est pas possible! Laissez-moi tirer!
Messieurs, il se couche par terre.
Tirez.
Il a du courage.
Alors, monsieur l'artiste, une heureuse délivrance, c'est ça?
C'était une plaisanterie. On tirait à blanc.
Tu ne vaux même pas une balle!
II m'a fait bien rigoler!
Un drôle de type!
Mais j'ai pas tiré à blanc moi! J'ai tiré à vraies balles...
Comment ça, à vraies balles?
Je ne vous comprends pas.
Vous avez entendu? Le prince tirait à vraies balles.
Vous auriez pu nous abattre tous! On vous a expliqué, n'est-ce pas?
Je ne vous ai pas bien compris.
J'ai été en face de vous. Vous auriez pu me tuer.
J'ai pas bien compris.
Pauvre âne!
C'est une insulte. Tu me le payras!
Je vais t'arracher la moustache!
Arrêtez cette bagarre!
Qu'est-ce qu'on fait avec lui?
Avec celui-là?
Donnez-lui une bonne fessée et flanquez-le dehors.
Comme les roses étaient belles!
La Russie prospérait avant que ne viennent ces sales commissaires.
On s'adonnait tous à la passion ardente.
Mais on était sincères et honnêtes.
L'enfant a été englouti dans la mer.
Et ceux qui sont restés en vie, leur sort est-il enviable?
Ses père et mère seront massacrés par la Tchéka.
Mais le cavalier blanc les vengera tous!
Oleksa, tiens bien le serf-volant!
- Les officiers vont dîner quand? - Serdiouk a dit à 9 heures.
On va leur tomber dessus. Serdiouk viendra avec du renfort.
Debout!
On va vous graisser l'épaule.
On va vous graisser le dos.
Qu'est-ce qui se passe?
Les rouges sont entrés en ville.
Ils se cachaient dans la forêt.
Comment tu le sais?
On me l'a dit au marché.
C'est pas un grand secret...
Je dois aller les rejoindre.
Vous n'irez nulle part.
Vous êtes souffrant.
On va casser toutes les vitres!
C'est dommage.
Les vitres ça coûte cher.
Ils vont me payer ça, ces fumiers.
En avant!
Messieurs!
Arrêtez-vous, messieurs!
Messieurs!
Mais arrêtez-vous!
Messieurs!
Camarades.
Cinquième acte.
Iskrémas donne son spectacle et périt.
Le pouvoir blanc s'en va. Le pouvoir rouge est de retour.
Et nos verts, ils viennent quand?
II faudra patienter un peu.
On en a marre de ne rien faire. Finies nos incursions nocturnes.
Arrête ton baratin, sinon je t'arracherai ta mauvaise langue.
Chef, les gars veulent savoir quand on reprendra nos coups.
On vous a dit de patienter un peu.
Imagine-toi une grande foule de gens autour de toi!
Ils sont par ici, par là. Toute la France est là!
Ils sont venus dire un dernier adieu à Jeanne d'Arc.
Ils t'aiment et ils te plaignent.
Ils sont pris de terreur et tremblent de peur.
On va te brûler mais depuis cet échafaud
tu les appelles à vaincre la peur.
Pourquoi tu ne dis rien?
Bonnes gens, n'ayez pas peur.
Tu dois les faire comprendre que tu as surmonté la peur.
Qu'est-ce qui te fait rire? Ils ne l'ont pas surmontée!
Tu es Jeanne d'Arc!
Tu es la révolution! Allez!
Bonnes gens, n'ayez pas peur.
Il serait plus facile d'apprendre ça à un perroquet ou un corbeau!
Alors, ne me tourmentez pas! Je fais ce que je peux!
Je fais de mon mieux.
Croyez-moi, je ne sais pas ce que je dois faire.
Je me tourmente toute ma vie
parce que je sais que les gens
en ont besoin. Toi, moi, enfin tout le monde.
Oui, c'est difficile d'imaginer que cette place est pleine de monde.
Qu'il y a là les juges qui vont te rendre la justice.
Qu'il y a là le peuple qui va assister à ton exécution.
Fais donc un effort d'imagination.
Là tu vois l'évêque Cauchon qui
ressemble bien à un cauchon.
A côté de lui un Anglais tout roux.
Les sentinelles qui te gardent.
Et beaucoup de monde tout autour.
Ces bourreaux personnifient le passé.
Le passé dé*** toujours la révolution.
Et le peuple ne sait pas encore ce que tu vas lui dire.
A ces derniers instants de ta vie tu dois trouver
pour les gens des paroles qu'ils attendent de toi.
Vous feriez mieux de me faire brûler, je supporterai, mais
je ne peux rien m'imaginer.
Tu te souviens de Fedor?
Quand ils l'avaient tué
tu n'avais pas peur, n'est-ce pas?
Tu t'es précipité vers moi.
Rappelle-toi ce que tu as ressenti en ce moment-là.
Les garçons!
Levez-vous, sinon vous risquez de prendre froid!
Venez ici.
Nous aurons un studio théâtral et vous en serez les élèves.
Venez!
Tu es dans les mains de tes ennemis qui te torturent, veulent te briser.
Plus vite, les gars.
Ils t'agressent de toutes parts.
Ils veulent que tu montes à l'échafaud brisée et résignée,
que tu leur demande grâce.
Bougez un peu, aidez Kryssia!
Ils triomphent d'avance...
A des moments pareils l'homme découvre en soi
des forces insoupçonnables. Alors il peut faire des miracles!
Viens ici.
Il ne s'agit pas de toi seule.
Tu n'es pas seule, tu es la seule qui agisse pour tous!
Tu iras sur le bûcher en vainqueur!
Oui, c'est vrai, c'estjuste!
Vas-y!
Bonnes gens!
Regardez! Je n'ai pas peur! N'ayez pas crainte vous non plus!
Je veux vous sauver!
Je dois vous sauver!
Je peux vous sauver!
- Engagez-moi dans votre troupe. - Okhrim!
- Vous me trouvez incapable? - Bonjour.
Vous voulez vraiment nous aider?
Mais oui.
Où est-ce qu'on va jouer? Ici dans la cour, non?
Pour notre spectacle j'ai trouvé un autre endroit.
C'est là, Okhrim.
La guerre a dévasté et ravagé cette belle église.
Nous, on va la consacrer par notre art révolutionnaire.
Il n'est pas bon cet endroit.
Partons d'ici.
Il n'y a rien à faire ici.
Vous pensez vraiment que c'est pas un bon endroit pour notre spectacle?
Et vous rêvez d'être artiste?
Vous ne serez jamais artiste car
vous ne voyez pas que cet endroit est idéal pour notre spectacle.
C'est curieux.
Bon, d'accord. Faites ça ici.
Aujourd'hui vous allez voir «« le Mystère de Jeanne »»!
Venez tous au couvent!
Qui s'occupe du rideau?
Vérifiez les cordages! Faites gaffe!
Si ça va nous tomber dessus, nous serons tous morts.
Okhrim.
Qu'est-ce que tu fais là?
Pendant que tu t'amuses là ils ont arrêté Onischenko.
C'est pas vrai. Serdiouk me l'aurait dit.
Imagine que Serdiouk ne te fait plus confiance.
Tout est possible.
Mon spectacle sera dédié à la mémoire de Fedor.
Tu vas monter sur l'estrade et tu diras au public:
«« Notre spectacle est dédié
à la mémoire d'un peintre tombé pour la révolution. »»
Tu l'as retenu?
Qu'est-ce qu'il y a, Okhrim?
J'ai froid.
Pas encore maquillé?
J'ai tout mon temps.
Merde! On ne te laisse pas faire ce que tu veux.
On ne te laisse pas vivre comme tu veux non plus.
Qui donc t'empêche dans la vie?
Mais personne.
On vous attend avec impatience!
Macha n'ouibliez pas de pressurer des cerises pour imiter le sang.
Je vous en prie.
Et terminez là avec les costumes!
Alors, Okhrim, aujourd'hui on va moucher camarade Serdiouk.
Oui, sûrement.
Répondez-moi à une question, cher monsieur...
Oui?
Pourquoi vous aimez tant le pouvoir rouge?
Je me pose une autre question: Comment puis-je l'aider?
- Puisque c'est mon pouvoir... - Non, il n'est pas le vôtre.
F l N �