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En visite dans une école défavorisée, James à fait jouer les élèves au
Super Mario original. Pendant qu'ils jouaient, il regardait les enfants
essayer et échouer, puis essayer quelque chose de nouveau et réussir.
Il pensait leur parler de la méthode scientifique,
d'hypothèses et de confirmations,
mais la conversation a évolué vers quelque chose de très différent.
C'était le genre d'école où les élèves ne pensaient pas à aller à l'université.
Où une grossesse était juste "quelque chose qui arrive".
Une école où de nombreux élèves vivaient complètement dans le présent
sans trop réfléchir à leurs objectifs ou penser au futur.
Et je ne dis pas ça pour être rude :
ce n'était ni la faute des élèves, ni la faute des professeurs
La société avait failli à ces enfants, tout comme leurs communautés -
même si toutes deux avaient souvent les meilleures intentions.
Quand ces enfants ont commencé à jouer à Mario, ils ont
fait ce que tout le monde fait quand on joue à un jeu :
essayé quelque chose, et si ça ne marche pas, essayé autre chose.
Mais au lieu de mener à une conversation sur la méthode scientifique,
ils ont eu une conversation sur l'agentivité,
sur le fait que leurs choix sont importants,
et que tout n'était pas encore écrit.
Que ce qu'ils faisaient maintenant affectait ce qu'ils deviendraient.
C'est une source incroyable d'empowerment.
Quelque chose que nous avons tous besoin de reconnaître
pour nous faire une place dans le monde moderne.
Et même si cette séance en classe était loin d'être suffisante,
c'était un début.
Cette discussion n'allait changer ni la réalité
de la pauvreté de ces enfants, ni qui ils sont.
Mais personne ne prend le contrôle de sa vie
sans d'abord se rendre compte que c'est possible.
Ainsi, un des usages les plus valides des jeux dans l'éducation
est peut-être un des plus négligés :
le fait qu'ils peuvent aider à susciter l'agentivité.
Dans un jeu, tous vos choix vous appartiennent
et vous en observez les conséquences en accéléré.
Dans le monde réel, il faut parfois attendre des semaines
ou des mois pour voir les conséquences d'un choix.
Dans le monde réel, vous ne pourrez peut-être même pas
relier un choix à ses véritables conséquences.
Ou ce choix peut être si infime que son impact
est invisible, mais s'accumule avec le temps.
Supposons que je mange des sucreries au lieu d'un repas équilibré.
Quelles sont les conséquences ?
Qui sait ?
C'est juste un repas sur plus de 10000 dans l'ensemble de ma vie !
Est-ce que je relierais cause et conséquence en faisant le même choix
des centaines de fois ?
Si oui, est-ce que j'aurais l'impression d'avoir le pouvoir de changer ?
Dans les jeux, il n'y a pas de place pour cette abstraction.
Vous faites un choix et vous voyez le résultat tout de suite.
Souvent en quelques secondes, jamais plus de quelques heures.
Vos choix sont souvent très naturels et très concrets.
Vous avez vécu ou vous êtes morts,
vous avez fait monter ou descendre les chiffres.
Ces choses nous entraînent à réfléchir à nos choix
et comprendre que toute action a des ramifications.
De plus, en nous laissant refaire nos choix encore et encore,
les jeux nous permettent de voir combien ces ramifications peuvent varier.
Ils nous apprennent que de subtils changements peuvent faire la différence
entre succès épique et échec total.
Et ainsi, nous font faire attention aux décisions que nous prenons.
Les jeux nous emmènent loin du simple présent.
Même dans les jeux que la plupart n'associeraient pas à la planification,
vous avez toujours un but,
et un chemin dont vous pensez qu'il vous y mènera.
Même dans Call of Duty ou Mario,
vous pensez toujours à ce que vous tentez d'accomplir,
et concevez des stratégies pour y parvenir.
Même si vous essayez juste de sauter au-dessus d'un trou
ou tuer un adversaire de plus.
A l'inverse de la vie,
dans les jeux on ne fait rien sans une raison -
même si c'est juste pour faire n'importe quoi ou vous amuser.
Dans la vie, vous pouvez surfer sur le Web
ou choisir un restaurant pour déjeuner,
ou même faire des choses plus sérieuses
comme dire des choses que vous ne pouvez pas retirer à ceux que vous aimez
sans réfléchir, sans considération.
C'est ça, l'abandon de l'agentivité.
Les jeux nous entraînent à ne pas agir ainsi.
L'agentivité c'est aussi
la sensation d'empowerment,
ne pas faire l'impasse sur des choix que
vous pensez impossibles pour "les gens comme vous".
Et à vrai dire nos écoles font ça plutôt bien !
Même si ils n'ont pas de plan pour y parvenir,
allez dans n'importe quelle école en Amérique et les enfants vous diront
qu'ils veulent être astronaute, président, star du rap ou athlète.
Et les jeux vidéos peuvent aider à renforcer ces aspirations.
Les jeux vous permettent de raconter votre propre histoire
font de vous le héros ou celui qui doit sauver le monde.
De plus, un jeu bien fait peut transformer tout cet ego potentiel
en un empowerment salutaire,
qui aidera les enfants à échapper à l'idée que faire mieux que
leurs parents, leur communauté ou leurs pairs, ce n'est pas pour eux.
Et c'est fantastique !
C'est un don magique que nos jeux et nos écoles peuvent apporter,
ce sentiment d'agentivité, cette sensation de contrôle sur votre destinée,
est un droit pour chacun
et un objectif que nous pouvons sans aucun doute atteindre
dans un monde aussi prospère que le nôtre.
Alors que nous refermons cette série,
alors que nous répondons une dernière fois à cette question trop fréquente
"Pourquoi devrions-nous intégrer les jeux à l'école ?",
je dirai juste ceci :
un des cadeaux les plus importants que nous puissions offrir aux enfants de demain
est la liberté de choisir par eux-même le monde dans lequel ils veulent vivre.
et leur faire comprendre qu'ils ont le pouvoir de créer ce monde,
de savoir qu'il y a de la grandeur en nous,
et que c'est en pensant que nous ne comptons pas,
que nous n'avons pas le choix,
que nous n'avons ni impact ni influence sur les choses,
que les plus grands crimes sont commis.
Vous devriez inviter les jeux à l'école car
quand on parle des plus jeunes, de l'apprentissage et du futur,
c'est une honte de se priver de tout outil potentiel par préjugé.
Mais plus encore, nous devrions inviter les jeux à l'école car
ils renforcent une des plus grandes leçons que l'école transmet :
au final, c'est à nous de faire de notre vie ce que nous en voulons.
A la semaine prochaine !
Traduction : @Bookmore http://www.tommaillioux.fr