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En mars 2014, la Russie accueillera
pour la première fois les Jeux paralympiques
dans la ville côtière de Sotchi.
Il s'agit d'une opportunité importante pour le gouvernement
de montrer à ses propres citoyens et au reste du monde
qu'il s'engage à garantir les droits des personnes handicapées.
Des chercheurs de HRW se sont rendus à Sotchi,
et ce qu'ils ont observé contraste fortement
avec ce que le gouvernement prétend à propos de la ville.
Lorsqu'on se promène à pied autour du marché
on voit beaucoup de nouveaux immeubles,
des bâtiments empilés les uns sur les autres,
mais aucun n'est accessible [en fauteuil roulant].
Nous avons vu des voitures stationnées illégalement
et des trottoirs abaissés mais dont les bords
étaient trop aigus pour des fauteuils roulants.
Des magasins avaient bien des rampes d'accès
mais des porte-vêtements étaient placés juste devant l'entrée.
La loi russe est plutôt progressive,
elle stipule en effet que les infrastructures
doivent être accessibles aux personnes handicapées.
Selon la loi russe, les gens ont le droit d'avoir un logement accessible
si leur handicap est mentionné dans leur dossier médical officiel.
C'est la mise en application de cette loi qui pose problème.
Nous vivons dans un petit appartement étroit avec des couloirs étroits.
Même cette pièce est étroite.
Vous pouvez constater qu'il n'y a pas de place
ici pour se déplacer en fauteuil roulant.
Il est non seulement confiné dans son appartement,
sans pouvoir descendre dans la rue,
mais même ici, il est obligé de rester principalement sur son lit
parce qu'il n'y a pas assez de place pour se déplacer en fauteuil roulant.
Ils ont coupé l'électricité aujourd'hui.
Voici notre salle de bain, c'est très petit.
Kolya ne peut pas s'assoir ici car il tomberait.
Il faut le soutenir au-dessus des toilettes.
Il y a un tuyau d'eau chaude et donc il ne peut pas s'appuyer contre le mur.
je dois le soulever et le porter jusque dans la baignoire pour son bain.
Les Titkov ont gagné leur procès,
obligeant la ville à leur fournir un appartement accessible,
mais on ne leur a jamais attribué l'appartement promis.
Les autorités municipales n'ont que de piètres excuses :
« Il n'y a pas de fonds municipaux, pas de ressources,
ou aucun appartement en rez-de-chaussée disponible...»
Peu importe le nombre de fois où nous avons demandé,
ils ne nous prennent pas au sérieux,
ils ne veulent pas résoudre ce problème.
Beaucoup de personnes avec qui nous avons parlé vivent dans des lieux
sans ascenseur en état de marche ni rampes accessibles,
et il leur est donc très difficile, voire impossible,
de sortir de chez eux.
Les transports publics constituent un autre obstacle.
Seulement quelques stations de métro sont accessibles
aux personnes souffrant de handicaps physiques.
Nous avons parlé avec un jeune homme qui est tombé trois fois
de la plate-forme des trains de banlieue à Moscou,
car il ne pouvait pas déceler où la plate-forme se terminait.
Comme il n'y a pas d'indices tactiles,
il faut trouver un moyen de
localiser le bord de la plateforme
et de le suivre avec la canne,
afin de ne pas tomber.
Le gouvernement russe devrait en priorité
faire appliquer ses propres lois au regard de l'accessibilité.
Or à Sotchi par exemple, des inspecteurs peuvent déclarer
qu'un bâtiment est accessible [aux personnes handicapées]
sans que personne ne vérifie vraiment si c'est vrai.
Lorsque j'ai vu qu'il n'y avait aucun accès, je lui ai dit
qu'il faudrait une rampe d'accès pour fauteuils roulants.
Et là, je reviens, et rien n'est fait.
Ces obstacles font qu'en Russie, des millions de personnes
talentueuses, compétentes et désireuses de contribuer à la société
ne sont pas en mesure d'avoir une vie sociale active.
Les Jeux paralympiques de Sotchi présentent une opportunité pour le gouvernement
de démontrer aux citoyens russes et au reste du monde
son engagement à faire respecter ses propres lois sur l'accessabilité
afin que les personnes handicapées puissent participer pleinement
à la vie en société.