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Bonjour!
J'ai 27 ans et en 2030, j'aurai 45 ans. Shhhhhh!
Mais à ce moment-là ma génération sera au top de sa carrière.
On sera des décideurs ! Et je me demande quelles décisions on prendra.
Mais d'abord, regardons comment ça se passe aujourd'hui en 2012.
Les jeunes occidentaux sont face à un problème : le chômage.
Le taux de chômage pour les jeunes est de 17% dans les pays de l'OCDE,
50% en Espagne, 22% en France.
Même avec des diplômes, beaucoup passent des années chez leurs parents
à chercher un travail ou faire des petits boulots.
Mais quelles conséquences ça entraîne sur le moral des jeunes Français ?
C'est déprimant ! (Rires)
Entre mes 22 et mes 25 ans, j'habitais en Inde, un pays avec une économie en plein boum,
un pays qui se développe, un pays qui change,
un pays où c'est vraiment incroyable d'être jeune !
Tout est nouveau ! Tout est possible ! Beaucoup de jeunes indiens sont très occupés.
Ils montent leurs entreprises, ils font des placements immobiliers,
ils prennent des risques professionnels ;
ce sont ces jeunes qui développent l'Inde aujourd'hui !
Quand je suis arrivée à Paris, pour moi, c'était un rêve qui se réalisait.
Les expos, les tartes Tatin, le bon bordeaux, le théâtre...
Tout était mieux qu'à Mumbai !
J'ai choisi Sciences-Po et la France
en raison de son poids historique dans le domaine de la diplomatie,
pour me préparer pour un poste international dans l'action publique.
Donc, je suis arrivée avec tout mon enthousiasme, et en face, j'ai trouvé quoi ?
(Rires) (Applaudissements)
De la résignation ! J'étais tellement étonnée de voir que mes nouveaux amis français
n'avaient pas la même exaltation d'être jeune. Ils avaient peur de l'avenir,
peur d'avoir une vie plus dure que leurs parents,
peur de prendre des risques ! Mais c'est compréhensible,
parce qu'ils ne sont pas sûrs de trouver un travail pour assumer ces risques.
Ce qui m'a le plus frappée, c'était que mes amis
ne pouvaient pas envisager le futur à long terme,
ni le futur à long terme pour la France, le futur qui va exister en 2030,
quand ils seront des décideurs.
J'ai essayé de comprendre ce blocage. J'ai demandé à mes amis
pourquoi ils ne cherchaient pas de travail dans un autre secteur.
C'était des gens intelligents, énergiques, ils parlent anglais.
« Non ! » Ils m'ont répondu :
« En France, c'est quasiment impossible d'être recruté
dans un secteur différent de nos études. »
Ah oui ? Pourquoi pas déménager à l'étranger ? « Non ! Je ne parle pas la langue ! »
L'Afrique francophone ? « Nooon ! La culture est trop différente ! »
Et l'Inde ? « Non ! Comment convaincre une entreprise là-bas de m'embaucher ?
Je suis jeune, je n'ai pas l'expérience ! »
Là, j'ai réalisé que les jeunes Français se sentent prisonniers
parce qu'il n'y a pas assez d'opportunités en France aujourd'hui !
Ils pensent que c'est un handicap d'être jeune,
d'être inexpérimenté, d'être plein de fraîcheur.
Parce qu'ils n'ont rien prouvé !
Mais je pense que justement parce qu'on est jeune,
on a tout à prouver.
La façon dont on pense aujourd'hui va colorer la façon dont on pensera à l'avenir.
Et la façon dont on pensait avant a coloré la façon dont on pense aujourd'hui.
Maintenant, je voudrais vous raconter un peu mon histoire.
2030, c'est dans 18 ans, donc on va regarder 18 ans en arrière.
J'avais 9 ans et mes parents ont pris la décision de continuer un travail à l'étranger.
C'est pour ça que j'ai grandi en Arabie Saoudite,
au Nigeria, au Kazakhstan, à Singapour, au Koweit et en Californie.
J'ai eu la chance de voyager dans plus de 70 pays
et j'ai reçu une éducation vraiment internationale.
Moi, je n'ai jamais compris les frontières !
Et j'ai appris à m'adapter à toutes les différentes cultures.
Par exemple, je me rappelle que j'étais aussi contente
de porter l'habit traditionnel, l'abaya, en Arabie Saoudite
que d'aller danser dans ma première robe dos nu à Miami.
(Rires)
Mes parents ont eu la force de prendre cette décision
parce que 18 ans plus tôt, leurs mères avaient déjà
une projection de l'avenir, une projection de la mondialisation.
Ma grand-mère paternelle, elle était très courageuse.
Comme on dit à Paris : une meuf de ouf !
(Rires)
(Applaudissements)
En 1960, elle a émigré toute seule aux Etats-Unis pour chercher une vie meilleure.
A une époque où les femmes n'avaient pas cette indépendance.
Quand mon père a eu 18 ans, elle lui a dit de venir en Amérique
parce qu'il faut aller chercher les opportunités là où elles sont !
Ma grand-mère maternelle, elle était mariée à 17 ans,
dans un petit village à riche agriculture.
Même si elle n'avait pas dépassé l'école primaire, elle était très ouverte.
Elle a envoyé ma mère en Europe pour apprendre les langues
et travailler avant son mariage.
A cette époque, personne ne faisait ça en Inde !
Mes 2 grands-mères étaient des visionnaires.
Grâce à elles, je suis là aujourd'hui devant vous,
avec mon sari et je vous parle même en français
parce qu'elles nous ont encouragés à prendre le plus possible de l'Occident,
mais en même temps, de garder notre propre culture indienne.
Aujourd'hui, cette histoire n'est pas très originale en Inde.
Il y a plus de 27 millions d'Indiens qui vivent à l'étranger.
Quand il n'y avait pas de travail en Inde, ils sont partis,
par exemple en Amérique, en Europe pendant le boum informatique.
Et les sociologues attribuent une partie du développement en Inde aux efforts
de la diaspora indienne. Parce qu'ils ont embrassé la mondialisation,
parce qu'ils ont coopéré avec l'Occident, des millions d'Indiens sortent de la pauvreté
et entrent dans la classe moyenne. J'ai personnellement vécu cette expérience
quand j'habitais en Inde. En 2008, quand beaucoup de mes amis étaient licenciés en Europe
et aux Etats-Unis, j'ai décidé de déménager en Inde,
chercher les opportunités là où elles sont.
J'ai travaillé pour le Climate Project d'Al Gore,
pour la Section de l'environnement de Tata Consulting
et ils m'ont donné des responsabilités complètement exagérées pour une fille
de 22, 23 ans qui n'avait jamais étudié la science du climat.
J'ai fait mes études pour être institutrice,
je ne suis pas allée dans une grande école,
je n'ai pas un cv exceptionnel, mais j'ai grandi sans frontières,
je n'ai pas peur de l'inconnu et les entreprises m'ont embauchée
parce que je peux apporter une perspective occidentale
à leur business et à leurs clients.
Maintenant je vois que mes expériences en Inde
ont même valorisé mon cv en France et aux Etats-unis.
C'est intéressant que les jeunes Français, ils voient un monde qui manque d'opportunités
mais les jeunes Indiens, ils voient un monde qui en a plein !
Mais en fait, avec la mondialisation, il y a un seul monde et un seul futur.
Donc toutes les opportunités dans ce monde-là sont pour nous tous !
Moi, j'ai une image de 2030. Je sais que je ne suis pas économiste,
ni experte, ni sociologue, ni femme politique et je suis jeune.
Mais en rassemblant toutes mes expériences,
tout ce que j'ai appris pendant mes études, toutes les perspectives, les opinions
dans les pays où j'ai voyagé, j'ai créé une image de 2030.
Notre monde sera plus multiculturel, multilingue, intégré, interdépendant,
avec une économie qui favorisera ceux qui pensent au niveau mondial,
ceux qui sont ouverts.
Peut-être que ça vous inquiète de partir à l'étranger,
peut-être que vous avez peur de la mondialisation,
mais je sais que l'avenir de la France vous inquiète aussi.
J'ai l'impression que je fais beaucoup pour l'Inde aujourd'hui, j
juste en étant devant vous à vous raconter mon histoire
et l'histoire de la diaspora indienne.
De la même façon, je pense que vous ferez plus pour la France,
en fait que vous ferez plus pour créer des opportunités en France en 2030
si vous menez une carrière internationale,
si vous embrassez la mondialisation au lieu de chercher un travail à Paris.
(Applaudissements)
Oui, oui, il y a plus !
Aujourd'hui, j'espère que j'améliore mon français,
j'espère que j'ai fait progresser la présence des jeunes femmes
dans une forme comme TED,
j'espère que je rapproche,
j'espère que je rapproche les Indiens et les Français,
et j'espère que je vous donne envie de traverser les frontières,
parce que "Médecins sans frontières", c'est français !
(Rires)
Traverser les frontières pour aller là où il y a besoin d'aide,
là où vous pouvez être utile à la société,
là où vous apprenez une nouvelle culture, une nouvelle langue,
là où vous vous accomplissez personnellement,
c'est déjà dans votre culture, dans votre psychologie de vivre sans frontières.
Bon, réfléchissons.
Quelles sont les barrières, les frontières entre là où vous êtes assis aujourd'hui
et vous, ou vos enfants, en 2030, en train de faire un discours à TEDxNewDelhi,
(Rires)
en hindi,
(Rires)
avec vos habits traditionnels,
noir sur noir sur gris sur noir sur gris !
(Rires)
(Applaudissements)
Quelles sont les frontières ?
Je pense que si vous réfléchissez un peu, vous verrez vite qu'en réalité il n'y en a pas !
Et moi, moi je serai dans le public pour vous applaudir ! Namaste ! Merci beaucoup !
(Applaudissements)