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LES COMMUNIANTS
Notre Seigneur Jésus,
la nuit même où il fut trahi,
prit le pain, le rompit, et, après avoir rendu grâce,
le donna à ses disciples en disant:
"Prenez et mangez, ceci est mon corps.
"Faites-le en mémoire de moi".
Puis il prit la coupe et dit:
"Buvez-en tous,
"car ceci est mon sang,
"répandu pour la rémission de vos péchés.
"Faites-le en mémoire de moi".
Prions
comme Notre Seigneur Jésus nous l'a enseigné.
Notre Père qui es aux cieux
Que Ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel
Donne-nous aujourd'hui notre pain quotidien
Pardonne-nous nos offenses
Comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés
Ne nous soumets pas à la tentation Et délivre-nous du mal
Que la paix de Dieu soit avec vous.
Le corps de Notre Seigneur.
Le sang de Notre Seigneur.
Que la paix de Notre Seigneur soit avec vous.
Partez en paix.
Notre père céleste,
nous t'offrons ici nos âmes et nos corps.
Nous te prions humblement
de nous accorder ta grâce et ta sainte bénédiction.
Glorifions le Seigneur.
Offrez vos âmes à Dieu.
Recevez sa bénédiction.
Que Dieu vous garde
et vous accorde sa grâce.
Que sa paix soit avec vous.
Au nom du Père, du Fils
et du Saint Esprit.
- Vous paraissez souffrant. - Si je pouvais me coucher!
Demandez à Broms de vous remplacer à Frostnas, ce soir.
Impossible, il est absent.
C'est une bonne grippe.
Le pire, c'est ma gorge.
- Avez-vous trouvé une gouvernante? - Non.
Vous ne pouvez pas continuer ainsi.
Pourquoi? Je me suis bien arrangé pendant 5 ans.
Martha Lundberg serait ravie de vous aider.
Je peux lui en parler.
Non, merci.
Bonjour, M. Ericsson.
Comment allez-vous? Merci pour votre sermon.
Vous voulez quelque chose?
Non, seulement voir s'il ne manque rien.
En vérité... j'aimerais vous parler un moment.
A Frostnas, à 3h.
Vous avez le temps?
Oui, après le service.
J'irai en avance pour allumer le chauffage.
Les mêmes cantiques?
Vous n'êtes pas bien?
Non, j'ai la grippe.
C'est le temps, moi-même...
Il n'a qu'une pension.
Il faut qu'il gagne quelque chose comme sacristain.
C'est Mme Persson, elle veut vous voir.
M. Le Pasteur, je voudrais vous parler.
Je vous téléphonerai ce soir, si je peux vous aider...
Merci, ce ne sera pas nécessaire.
Vous désiriez me voir?
Enfin, c'est-à-dire...
C'est plutôt Jonas qui...
Mais il ne parle jamais. Alors, ce matin, j'ai pensé
venir à l'église et vous consulter.
Vous savez, nous sommes très troublés.
Moi, pas tant...
C'est Jonas, surtout.
Vous pourriez parler à Jonas?
Mais oui, sûrement.
Cette angoisse dure depuis longtemps?
Depuis le printemps.
Jonas a lu un article sur les Chinois.
Il paraît qu'ils sont élevés dans la haine.
Bientôt, ils posséderont la bombe
et comme ils n'ont rien à perdre...
C'est ce que disait le journal.
Moi, je n'y pense pas beaucoup.
Mais Jonas, lui, se ronge sans arrêt.
Nous ne savons plus où nous en sommes.
Que puis-je faire?
Avec trois enfants, bientôt quatre.
La même peur nous habite tous.
Plus ou moins.
Ayons confiance en Dieu.
Nous vivons notre petite vie.
Puis, des rumeurs terribles nous atteignent.
C'est trop pour nous, et Dieu est si loin.
Je me sens tellement impuissant à vous aider.
Mais je comprends votre détresse.
Nous devons vivre.
Pourquoi?
Vous devriez vous reposer, M. Le Pasteur.
D'ailleurs, les mots ne servent à rien.
Si, parlons. Essayons d'y voir clair.
Non, c'est inutile.
Ramène-moi et reviens parler au pasteur.
Toi seul.
Quand revenez-vous?
II faut 10 mn pour rentrer.
Alors, dans 20 mn.
Promets au pasteur de revenir.
Je promets.
La voiture est là?
Oui, juste au coin.
Soyez de retour dans une demi-heure au plus ***.
Je l'obligerai à venir.
Je l'attendrai.
Je l'attendrai ici.
Quelle image absurde.
Ah! C'est vous.
Voici quelque chose de chaud.
Merci, j'ai apporté du café.
J'attends quelqu'un d'un moment à l'autre.
Je reste une minute, pas plus.
Il commence à faire très froid.
Pauvre Thomas!
Qu'y a-t-il, Thomas?
Rien qui vous concerne.
Dites-le-moi quand même.
Le silence de Dieu.
Le silence de Dieu?
Jonas Persson est venu avec sa femme.
J'ai dit que nous étions coupés de Dieu.
Mais c'est bien ce que je ressentais.
Que puis-je faire?
Pauvre Thomas!
Votre lit et du whisky, voilà ce qu'il vous faut.
Vous avez une grosse fièvre.
Pourquoi avoir communié?
La communion est une fête de l'amour.
Avez-vous lu ma lettre?
Votre lettre? Non, je...
Désespérant! Quand l'avez-vous reçue?
- Hier, elle est là. - Non.
Vous la lirez plus ***. Quand vous en aurez envie.
Ou dimanche, dans la vallée des larmes.
Je ne me sens pas bien.
Vous avez besoin de sympathie?
Alors épousez-moi.
Vous devriez m'épouser.
Pourquoi?
Pour me permettre de rester ici, par exemple.
Et pourquoi partiriez-vous?
On peut déplacer une institutrice.
On peut m'éIoigner de vous.
Bien, nous verrons.
Je sais.
Vous ne pouvez m'épouser parce que vous ne m'aimez pas.
Je dois partir. Tante Emma est là.
Elle s'apprête à faire un gâteau.
Et si Jonas Persson ne venait pas?
Alors, vous iriez vous reposer.
Et lire ma lettre.
Vous ne comprenez pas.
Le café est là.
Que voulez-vous, maintenant?
Pauvre Thomas.
Je vous ennuie.
N'en parlons pas.
Quelquefois, je vous dé***. Le silence de Dieu!
Dieu ne parle pas parce qu'il n'y a pas de Dieu.
C'est affreusement simple.
Vous allez attraper la grippe.
Je m'en moque, si elle vient de vous.
Je reste?
Non, c'est inutile.
Thomas, vous avez beaucoup à apprendre.
Oui, professeur.
Vous devez apprendre à aimer.
Vous me l'enseigneriez, sans doute.
J'en suis incapable.
Je ne sais rien.
Il faut qu'il vienne.
Ma chérie...
"II nous est difficile de parler.
"Nous sommes timides tous les deux.
"Et j'ai une fâcheuse tendance à l'ironie."
C'est pourquoi je vous écris,
au sujet d'une chose importante.
Souvenez-vous, l'été dernier...
j'avais de l'eczéma aux mains.
Un soir, tous les deux,
nous décorions l'autel pour la confirmation.
J'allais mal, alors.
J'avais les mains bandées
et je ne dormais plus.
Mes paumes étaient complètement à vif.
Nous arrangions les fleurs,
je me sentais nerveuse, irritable.
Tout à coup, la colère m'a prise
et je vous ai questionné sur la prière.
Si vous croyiez en son pouvoir.
Vous avez répondu oui, bien sûr.
Je vous ai demandé alors si vous aviez prié pour mes mains.
Non, vous n'y aviez pas pensé.
Je vous ai suggéré de le faire
et, à ma surprise, vous avez accepté.
Ce qui a augmenté ma colère. J'ai arraché les pansements.
Votre dégoût devant les plaies ouvertes
vous empêcha de prier.
Je vous comprends, maintenant.
Mais vous ne me compreniez pas.
Nous avions vécu ensemble, pendant deux ans.
C'est là un petit capital dans notre misère,
un pauvre effort... pour échapper au manque d'amour de nos relations.
Mais quand l'eczéma gagna mon front,
ma tête...
je vous vis reculer.
J'ai compris votre répugnance
bien que vous la cachiez avec tact.
Quand la maladie s'étendit aux mains, aux pieds,
ce fut la fin de notre liaison.
Et pour moi, un choc terrible.
La preuve absolue
de l'absence d'amour entre nous.
Impossible de vous aveugler plus longtemps.
Thomas,
je n'ai jamais cru en votre foi en Dieu.
D'abord parce que la question religieuse
ne s'est jamais posée pour moi.
Dans ma famille athée,
je trouvais la tendresse et la joie.
Dieu et le Christ ne représentaient pour moi
que de vagues concepts.
Aussi votre foi m'a-t-elle semblé obscure.
Par certains côtés, primitive, trop émotive.
Et surtout, je ne pouvais comprendre
votre indifférence à l'égard du Christ.
Maintenant, je vais vous parler
d'une prière qui fut entendue.
Je vous permets d'en rire.
Naturellement, moi, je n'y crois pas.
La vie est assez confuse déjà
sans ces facteurs supra-terrestres.
Vous vouliez prier pour mon eczéma,
mais le dégoût vous étouffait,
bien que vous l'ayez nié par la suite.
La fureur me poussait
à augmenter votre trouble.
Calmez-vous!
Je prierai à votre place.
Dieu, pourquoi m'avoir faite insatisfaite
et si amère?
Pourquoi dois-je souffrir
si cruellement de mon indifférence?
Si cette souffrance a un but, dites-le-moi et je la supporterai.
Vous m'avez donné une âme forte,
un corps solide,
mais tout cela ne sert à rien.
Donnez un sens à ma vie
et je serai votre loyale servante.
Cet automne, j'ai su que ma prière avait été entendue.
La lumière m'a été accordée.
Je sais maintenant que je vous aime.
J'ai prié pour que ma force ait un objet.
Je l'ai obtenu.
C'est vous.
Maintenant, vous connaissez les pensées d'une institutrice
quand elle est seule chez elle, le soir.
Je suis incapable de manifester mon amour.
Je ne sais plus que faire.
J'ai été si malheureuse
que j'ai failli prier de nouveau.
Mais il reste encore quelque dignité.
Cher Thomas,
c'était une bien longue lettre.
J'ai écrit ce que je n'ose vous dire,
même quand vous êtes dans mes bras.
Je vous aime.
Et c'est pour vous que je vis.
Usez de moi.
Derrière ma fausse indépendance,
je n'ai qu'un voeu...
Vivre pour quelqu'un.
Malheureusement...
je ne sais comment m'y prendre.
Je me trompe peut-être?
Dites-moi que non... mon chéri.
Je suis content de vous voir.
L'attente m'a semblé longue.
Excusez-moi.
Non, ce n'était pas un reproche.
Enlevez votre manteau. J'ai du café au chaud.
Non, merci.
La pêche est mauvaise en cette saison?
Oui, on ne sort pas beaucoup.
Mais vous travaillez?
Oui, je construis un nouveau bateau
au chantier de Tornstrom.
Ah oui? Le mien aussi a été construit là.
Pas d'ennuis d'argent?
Ils peuvent mener au désespoir.
C'est bien vrai.
Il y a longtemps que vous pensez au suicide?
Je ne sais pas.
Oui, depuis longtemps.
Avez-vous vu un docteur? Vous êtes en bonne santé?
Oui, je crois.
Vous vous entendez bien avec votre femme?
Karin est une bonne épouse.
Alors, c'est à cause des Chinois?
Ecoutez-moi, Jonas.
Je vais vous parler franchement.
Vous savez que me femme est morte il y a quatre ans.
Je l'aimais.
Ma vie était finie.
La mort ne me fait pas peur,
alors rien ne me forçait plus à vivre.
Pourtant, j'ai continué.
Pas pour moi, mais pour servir.
Quand j'étais jeune, j'avais de grands rêves,
de l'ambition.
J'ignorais tout du mal.
Quand j'ai été ordonné, j'étais comme un enfant.
Puis, tout se précipita.
Je fus nommé aumônier dans la marine, à Lisbonne,
pendant la guerre d'Espagne.
Je ne voulais rien voir, rien comprendre.
Je refusais la réalité.
Mon Dieu et moi vivions dans un monde fermé.
Voyez-vous, comme pasteur, je ne vaux rien.
Je croyais en un Dieu absurde,
paternel, qui nous aimait tous...
et moi le premier.
Jonas, voyez-vous mon affreuse erreur?
Moi, si lâche, si égoïste,
je ne pouvais être un bon pasteur.
Pouvez-vous imaginer mes prières
à ce Dieu-écho si confortable?
Quand je le confrontais avec la réalité,
il devenait hideux.
Un Dieu araignée, un monstre.
C'est pourquoi je le préservais de la lumière.
Je le maintenais hors de la vie.
Seule ma femme pouvait voir mon Dieu.
Elle me soutenait, m'encourageait,
comblait les vides.
Je dois partir.
Ne partez pas.
Je vous expliquerai pourquoi je parle tant pour moi.
Je veux vous montrer quelle pauvre créature je suis,
un mendiant.
Je pars, sinon Karin va s'inquiéter.
Encore un instant...
Nous allons parler tranquillement.
Je vous parais obscur,
mais tout se passe dans ma tête.
Même si Dieu n'existe pas,
cela importe peu.
Car la vie a une explication.
Et la mort est simplement
la désintégration du corps et de l'esprit.
La cruauté des êtres, leur solitude, leur peur,
tout cela est clair, évident.
Il n'y a pas de "raison" à la souffrance.
Il n'y a pas de Créateur,
de Sauveur.
Pas de pensée, rien.
Dieu,
pourquoi m'as-tu abandonné?
Maintenant, je suis libre.
C'est fait.
J'espérais encore un peu
que ce n'était pas seulement mon imagination,
des rêves, des mensonges.
Il faut que je m'apprête.
Le service à Frostnas est à 3 heures.
Je vous accompagne.
J'ai vu votre voiture, M. Le Pasteur.
Alors je suis entrée.
Les fils de Fredicsson l'ont trouvé
juste sous les rapides.
Jonas Persson.
Il s'est tiré une balle dans la tête.
Le chef de la police est là-bas.
Les garçons sont allés le chercher.
Je les ai rencontrés.
Ils étaient terrifiés.
Au revoir, Thomas.
A la semaine prochaine?
Auriez-vous de l'aspirine?
Oui, et des pastilles contre la toux.
Ça peut servir.
Entrez.
Mais votre tante est là.
Attendez-moi dans la classe. Ce ne sera pas long.
Comment t'appelles-tu?
Strand.
Quel âge?
Dix ans.
- Que fais-tu ici, un dimanche? - J'ai oublié quelque chose.
Comment s'appelle le chien?
Jim.
Il est à toi?
Non.
Il est à ton frère? Celui qui sera confirmé bientôt?
Et toi, tu seras confirmé?
Pourquoi pas?
Je ne sais pas.
Et ton frère, la confirmation l'ennuie?
Non... Je ne sais pas.
Bon. Au revoir.
Tu étais là, toi?
Je cherchais quelque chose dans mon pupitre.
Comment va ton frère?
Beaucoup mieux.
Il reviendra à l'école la semaine prochaine.
Très bien. Donne le bonjour à tous.
Merci. Au revoir, Mademoiselle.
Attention, c'est chaud.
Faites dissoudre les pastilles.
Tante dit que cela fait beaucoup de bien.
Mais si, Tante dit que c'est bon pour la gorge.
Non, merci.
Prenez l'aspirine, au moins.
Un peu d'eau, pour l'avaler?
Non, c'est inutile.
Vous êtes odieux.
Quelquefois, j'ai l'impression
que vous me haïssez.
Prenez la boîte.
Tante en a une quantité.
Puis-je vous accompagner à Frostnas?
Je passe d'abord chez les Persson.
J'attendrai dans la voiture.
Mais votre tante a fait un gâteau.
Laissez-moi tranquille.
Vous en avez assez de moi?
Martha, je vous en prie, pas maintenant.
Pourquoi vous débarrasser de moi?
Thomas, vous vieillissez.
Tout vous pèse. Votre vie, vous-même.
Et moi, je ne fais pas partie du tableau.
Ou trop?
Vous voyez!
Je sais, vous avez vos rêves, je les supporte.
Quelquefois, je les méprise un peu.
Tout cela est sans importance.
Je suis trop autoritaire.
Ne dites pas le contraire.
Voulez-vous m'écouter?
Pardon, je parle trop.
Tous ces bavardages m'humilient.
Au début, personne ne s'occupait du pasteur.
Ou le considérait comme un instrument nécessaire.
Puis les rumeurs commencèrent.
Ces affreux bavardages sur vous et moi.
C'est cela, la raison?
Ne soyez pas méprisante.
Epousez-moi, alors.
Non.
Thomas, ce n'est pas facile de plaider sa propre cause.
Je le sais.
Vous ne devez pas me repousser.
Comment pouvez-vous être aussi aveugle?
Martha, pas d'hystérie.
Vous dites toujours cela quand je pleure.
Oui, je suis sans doute un peu hystérique.
Calmez-vous. Si votre tante vous entendait?
Je ne peux pas m'empêcher de pleurer.
Mais je vous écoute, continuez.
Je croyais avoir inventé une si bonne raison...
La réputation du pasteur!
Mais vous avez vu clair.
C'était un mensonge.
La vraie raison,
c'est que je ne veux pas de vous.
M'entendez-vous?
Oui, j'entends ce que vous dites.
J'en ai assez de vos soins,
de vos conseils,
de vos petites bougies sur la table.
Je ne supporte pas votre myopie,
vos mains maladroites,
votre timidité,
vos caresses.
Vous me forcez à m'occuper de tous vos malaises...
de votre estomac délicat,
de votre eczéma,
de vos engelures.
Je veux sortir de ce lot d'ennuis ridicules.
Je n'en peux plus.
J'en ai assez de vous.
Pourquoi n'en avez-vous jamais rien dit?
Je suis poli.
On m'a appris à regarder les femmes
comme des êtres supérieurs.
Des créatures à vénérer.
Et votre femme?
Je l'aimais.
Entendez-vous? Je l'aimais.
Vous, je ne vous aime pas.
Je suis mort quand ma femme est morte.
Je me moque de ce qui peut m'arriver.
Comprenez-vous?
Elle était tout ce que vous essayez en vain de devenir.
Vous la parodiez de façon hideuse.
Je ne l'ai jamais vue.
Je pars maintenant.
Avant de dire des choses pires encore.
Que pourriez-vous dire de pire?
Cessez de vous frotter les yeux.
Pardon.
Regardez-moi. Je peux le supporter.
Je vous vois mal, sans lunettes.
Tout est brouillé.
Vous n'êtes pas réel.
Je vois maintenant que je me suis trompée.
Je pars. Je dois avertir Mme Persson.
Chaque fois que je vous haïssais,
j'essayais de changer la haine en pitié.
Vous n'en sortirez pas, cher Thomas.
Rien ne peut vous sauver.
L'horreur de vous-même vous tuera.
Assez!
Laissez-moi tranquille! Allez-vous vous taire?
Vous venez à Frostnas?
Vous le souhaitez vraiment?
Comme vous voudrez. Mais je vous le demande.
Très bien. Je viens.
Je n'ai pas le choix.
Tante!
Je rentrerai à six heures.
Je monte voir si tout va bien.
Votre mari est mort, Mme Persson.
Il s'est tué d'un coup de fusil.
Me voilà seule, maintenant.
Nous allons prier.
Non.
Non, merci.
Je dois prévenir les enfants.
Je serai chez moi ce soir. Si je peux vous aider...
Merci. Je passerai dans la semaine.
Il faut penser à l'enterrement.
Je lui ai parlé. J'étais impuissant à le secourir.
Vous avez fait tout ce que vous pouviez.
Mes parents m'ont poussé à devenir pasteur.
Les cloches ont sonné 20 secondes de trop.
Regrettable, mais compréhensible.
D'habitude, je fais partir les cloches,
j'allume les cierges
et je reviens à temps pour arrêter la sonnerie.
Mais aujourd'hui, j'ai pris du retard.
Les cierges étaient neufs, difficiles à allumer.
Mauvaise fabrication, sans doute.
Et puis l'ankylose ralentit mes mouvements.
Enfin! N'en parlons plus.
Je laisse l'église dans la pénombre jusqu'à l'heure du culte.
A mon avis, l'électricité gâte tout.
N'est-ce pas, MIle Lundberg?
Vous vouliez me parler?
Oui, et même d'urgence.
Pour combattre mes insomnies douloureuses,
vous m'aviez conseillé la lecture.
Oui, je m'en souviens.
Pour m'occuper l'esprit,
j'ai commencé par les Evangiles.
Cela valait bien les somnifères.
Maintenant, j'en suis à la Passion du Christ.
Et je me suis dit qu'il fallait en causer avec vous.
La Passion du Christ... oui.
Mais on insiste trop sur ses souffrances.
Qu'en dites-vous?
Nous pensons toujours à ses tortures.
Ce n'était pas si terrible.
Excusez-moi, ça peut sembler présomptueux mais...
je pense que physiquement, j'ai souffert autant que le Christ.
Et puis, son agonie a été courte.
Quatre heures, je crois?
La douleur morale était pire que la douleur physique.
Je me trompe peut-être
mais pensez à Gethsémani, Pasteur.
Les disciples dormaient.
Il n'avaient rien compris, pas même la Cène.
A l'arrivée des soldats, ils s'enfuirent.
Et Pierre l'a renié.
Pendant 3 ans,
Jésus a vécu avec eux, leur a parlé.
Ils vivaient côte à côte.
Mais ils n'ont rien compris à ses paroles.
Et ils l'ont abandonné.
Comme il a dû souffrir.
Savoir qu'on ne vous comprend pas.
Etre délaissé quand on aurait tant besoin de soutien.
Quelle affreuse douleur.
Et ce n'était pas le pire.
Quand il fut cloué sur sa croix,
près de mourir, il cria:
"Mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné?"
II cria très fort.
Il crut que son père l'avait vraiment abandonné.
Il pensa que son enseignement était mensonge.
Il fut rempli de doute au moment de mourir.
M. Le Pasteur, ce fut sûrement le plus dur,
le silence de Dieu.
Pas de service. Il n'y a personne.
Vous, ne vous comptez pas.
Qu'y a-t-il?
Ce pasteur qui vous plaît tant, il ne vaut...
Je sais, vous prenez ce qui est à votre portée.
Martha, pour votre salut,
partez d'ici, vite.
Il n'y a que nuit et pourriture, dans ce trou.
Regardez-moi.
Souvenez-vous des soirées musicales d'autrefois.
Je donnais de vrais récitals.
Et Thomas, lui-même...
Les gens accouraient à l'église.
Sa femme était là, alors.
Maintenant, c'est le vide.
Sa femme, oui.
Lui, Thomas, il ne connaît rien à la nature humaine.
Il ne voyait qu'elle, ne vivait que pour elle.
Il l'adorait.
Tout lui venait de cet amour.
"Dieu est amour"...
"L'amour est la preuve de l'existence de Dieu"...
"L'amour est la réalité de l'existence."
Balivernes!
Je peux tout réciter. J'ai bien suivi ses sermons.
N'est-ce pas, ma colombe?
Partez, pendant que vous le pouvez.
Non, je ne vous serre pas la main. Gardez votre grippe.
On dit le service ou non?
Je ne suis pas bien.
Ça se voit.
Florence Nightingale va prendre soin de vous.
Moi, je fais un petit somme.
Je joue en ville, ce soir.
Que dites-vous, Algot?
Rien.
Je m'en doutais. Je monte à l'orgue.
Algot me fera signe pour commencer.
Il n'y a que MIle Lundberg.
C'est l'heure des cloches.
Ça fera venir les gens.
Si nous osions témoigner notre affection,
si nous pouvions croire.
Si nous pouvions...
Alors, nous commençons le service?
Béni soit le nom du Seigneur.
Sa gloire s'étend sur toute la terre.