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Bonjour tout le monde.
Comme vous le savez peut-être, mon nom est Steffin Johnson
et je joue du piano.
En général, une chose intéressante se produit
quand je dis ça aux gens.
Ils pensent automatiquement à Art Tatum,
ou à Oscar Peterson, ou encore à Herbie Hancock.
Et ça m'a fait penser :
La musique a-t-elle une couleur?
Bon, je veux être sûr que vous me compreniez :
j'adore les grands musiciens de jazz !
Et la performance musicale de Nat King Cole
sur « Tea for two » va changer votre vie !
C'est à cause de moi que la vidéo a été vue
autant de fois. (Rires)
Mais, je préfère jouer du Mozart, et ça, grâce à ma mère.
Elle m'a fait découvrir la musique classique très jeune.
J'ai une histoire pour vous.
En ce moment, j'étudie à la Jacobs School of Music
à l'Université d'Indiana.
Mon premier jour à l'école,
j'ai entendu quelqu'un jouer dans le hall de récital.
C'était superbe ! Je me disais que ça devait être
ce célèbre professeur ou interprète.
Je suis donc allé vérifier.
Je vais jusqu'à la fenêtre et je regarde à l'intérieur.
Ah ! C'est un étudiant !
Et ce type est un sauvage !
Il est partout ! Il a genre 13 bras !
Il est comme une pieuvre ! Il est juste...
Et là je me suis dit que ça n'était vraiment pas sympa !
Je ne voulais vraiment pas entendre ça !
Que ce type soit la première personne que j'entende ici !
Je suis pas à la hauteur du tout !
Donc, quelques jours plus ***,
je suis dans le bâtiment de répétition.
Ce bâtiment, c'est un cercle.
Et il y a un autre cercle dedans.
On dirait un doughnut en béton !
Il n'y a pas de fenêtres, pas de lumière naturelle ;
C'est une vraie tombe de musique !
Donc, je suis là, et je répète ce morceau --
(Piano)
Et je commence un peu à m'énerver ! Ça fait des heures que je suis là.
Ça ne va pas comme je veux. J'ai besoin d'une pause.
Donc, j'ouvre la porte et juste là, y'a ce type
que j'ai vu jouer le premier jour.
Il s'amuse avec son téléphone.
Lui ne m'a jamais vu
et il ne sait pas que je l'ai vu jouer l'autre jour.
Nos regards se croisent et on fait ce truc de mec -- ah, oh, eh, oh.
On s'en va chacun de notre côté et un peu plus ***, je reviens.
Bon, cette partie-ci n'est pas intéressante,
mais le bâtiment est en cercle, et il n'y a aucun repère distinctif.
Je me suis perdu ! J'ai pris beaucoup trop de temps à retrouver mon chemin.
Je ne sais pas ce qui s'est passé. Quand enfin, je retrouve la salle,
ce type est toujours là, à s'amuser sur son téléphone.
Je rentre dans la salle et je recommence à répéter.
(Piano)
Boum !
Ce type pète la porte de la salle !
Je lui dit : « Eh, mon gars, faut que tu t'expliques là,
T'as failli me faire avoir une crise cardiaque !
Faut que tu me dises ce qui se passe là. »
Et il répond : « J'espère que tu ne vas pas mal le prendre,
mais tu es la première personne noire que j'entends
jouer de la musique comme ça. »
Je ne l'ai pas mal pris. Il a juste dit ce qu'il pensait.
Et pour vous dire, on est devenu amis depuis.
Je vais vous faire voyager dans le temps.
1905.
Maurice Ravel est un compositeur français impressionniste.
Et le morceau que je jouais est de Maurice Ravel.
Et cet espèce de bruit de lavages est un son traditionnel
des impressionnistes.
Donc, en 1905, il écrit une série de morceaux appelée « Miroirs ».
Il y a cinq morceaux dans la série.
Mais le quatrième est particulièrement intéressant,
parce que c'est un morceau espagnol.
C'est donc très différent
des sons calmes et larmoyants de l'Impressionnisme.
C'est beaucoup plus propre comme --
Il évoque le style espagnol
de la guitare du Flamenco, entre autres.
Donc, maintenant,
moi, Steffin Johnson, espérant changer votre image
type d'un musicien classique
vais jouer un morceau d'un compositeur
qui a changé l'image de la musique :
Alborada del Gracioso de Maurice Ravel.
(Piano)
(Acclamations) (Applaudissements)