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(Musique)
Bonjour.
Je m’appelle Brad Cousins. L’évaluation participative
existe maintenant depuis assez longtemps, probablement plus de 30 ans.
Elle trouve son origine dans le développement international, mais
dans les vingt dernières années environ, elle a vraiment gagné en popularité
en Occident, et plus particulièrement en Amérique du Nord. Alors, d’un côté
nous avons un corpus de recherche grandissant sur l’évaluation participative,
mais de l’autre subsiste beaucoup de confusion,
et c’est pourquoi j’ai voulu faire ce
petit segment vidéo.
J’aimerais d’abord parler de l’approche et des fondements.
Je voudrais ensuite dissiper
certaines idées fausses à ce sujet. Enfin, j'aimerais parler un peu
des orientations futures de la recherche sur la pratique.
De mon point de vue, il s'agit avant tout d'évaluation,
mais d'un type dans lequel des évaluateurs dûment formés travaillent en partenariat.
Et ils collaborent avec les intervenants engagés dans les programmes ou les projets,
en vue de produire un savoir en matière d'évaluation.
En fait, il s'agit d'une approche plutôt que d'un modèle
ou d'un plan. Une approche souple et fluide qui peut prendre différentes
formes dans différents contextes. C'est pourquoi nous voyons
cela comme une approche. Alors, il y a trois principales justifications.
La première a trait à la résolution de problèmes concrets.
C'est ce que nous appelons une justification pragmatique ou instrumentale.
Nous voulons améliorer le programme; nous voulons
combler certains besoins en matière de reddition de comptes;
nous avons des problèmes concrets à régler.
C'est là une justification pour recourir à une approche collaborative
comme celle de l'évaluation participative. Une deuxième justification concerne le
développement de compétences ou le développement
de capacités, c'est-à-dire le fait de travailler avec les gens pour
favoriser l'auto-détermination et l'action. Cela est lié de très près
aux intérêts en matière de développement international, mais
en fait c'est une justification politique ou transformative.
Et c'est lié de très près au fait d'aider les gens à connaître
leurs forces et à les mettre à profit. Une dernière justification consiste
à acquérir une compréhension plus profonde
de la signification de phénomènes complexes.
C'est là une justification philosophique ou épistémologique.
Donc, pour chacune de ces justifications, le degré
d’emphase variera en fonction des objectifs particuliers. Il y a de cela un
bon bout de temps, avec Bessa Whitmore, nous avons identifié
deux principaux courants d'évaluation participative.
Le premier, que nous avons appelé évaluation participative,
« transformative » est très libérateur et axé sur l'autonomisation.
C'est le genre d'évaluation que nous utilisons à des fins d'action sociale.
Le deuxième courant, que nous avons appelé évaluation
participative pratique, est plutôt axé sur
la résolution de problèmes concrets et est très axé sur l'utilisation.
Chacun de ces courants présente des liens avec les trois justifications que je
viens de mentionner.
Alors, c'est une question de degré et d'emphase.
Je pense que les deux courants sont fortement
orientés vers l'approfondissement de la compréhension et la recherche de sens.
J'ai dit qu'il s'agit d'un partenariat. Cela signifie que
les évaluateurs aussi bien que les non-évaluateurs ont un rôle à jouer.
Donc, si nous avons un partenariat, chacun des
partenaires apporte quelque chose différent à la table.
D'un côté, les évaluateurs apporteront des normes de pratique professionnelle.
Ils apporteront aussi une connaissance de la logique
de l'évaluation et des compétences en ce domaine. et une certaine connaissance
Ils pourront avoir une certaine connaissance des programmes
du contexte, mais ce n'est pas leur point fort.
Ces choses sont cependant le point fort des
intervenants dans le milieu des programmes.
Ils connaissent le contexte des programmes parce qu'ils vivent dans la communauté
et ils connaissent la fonction des programmes
parce qu'ils travaillent dans ce contexte
et qu'ils ont une expérience directe des programmes.
Ils pourront avoir une certaine connaissance
de la logique et des normes d'évaluation,
mais selon moi, elle sera probablement un peu plus limitée.
Je dois dire qu'une grande partie du travail que nous faisons
entre dans le courant de
l'évaluation participative pratique. Et le genre de contexte où je dirais
que cela fonctionne le mieux est axé sur
sur l'amélioration formative.
Si vous avez une question fermée, sommative ou moralisatrice,
ce ne sera peut-être pas le bon contexte pour faire une évaluation participative.
De plus, il y aura un assez bon consensus au
sujet des enjeux, et il n’y aura pas vraiment de
controverse au sujet des programmes ou projets que vous essayez de réaliser.
Il faut un certain un engagement organisationnel,
un engagement des praticiens des programmes,
un engagement de la communauté, et ainsi de suite.
Enfin, il doit y avoir une bonne base de ressources,
en termes de temps, d’argent et de personnel.
Bessa Whitmore et moi avons aussi élaboré un petit cadre
qui aborde trois différentes dimensions
de l'enquête collaborative. Vous pourriez dire que ce sont
des échelles sémantiques différentielles. La première tourne
autour de la question : « Qui contrôle la prise
de décision technique sur l'évaluation? »
Est-ce qu'il s'agit de l'évaluateur, à une extrémité de
l’échelle, ou des intervenants, à l'autre extrémité?
La deuxième dimension concerne la sélection des intervenants.
Nous voulons nous assurer de sélectionner les bonnes personnes pour
participer aux activités.
Maintenant, il pourrait s'agir d'un groupe limité de personnes,
ou ce pourrait être un groupe défini beaucoup plus
largement, un groupe diversifié à de nombreux égards.
La troisième dimension a trait à
la participation des intervenants aux activités techniques d'évaluation.
Alors, à une extrémité, nous pourrions avoir une participation plutôt limitée,
du genre rôle consultatif,
tandis qu'à l'autre extrémité la participation
à toutes les activités techniques de l'évaluation
serait beaucoup plus active. Si nous regardons le diagramme que nous avons ici,
nous pouvons considérer ces dimensions fondamentales
de l'évaluation participative, de l'enquête collaborative
dans l'évaluation, comme orthogonales ou indépendantes.
Si nous abordons cela suivant cette approche
tridimensionnelle, nous pouvons distinguer les
différents types d'évaluation participative.
Ici, nous pouvons voir que l'évaluation participative pratique
et l'évaluation participative transformative
sont deux types d’évaluation où le contrôle est
pour ainsi dire partagé entre les évaluateurs et
les intervenants.
Là où elles diffèrent vraiment, toutefois, c’est
sous l’aspect de la participation des intervenants.
Dans l’évaluation pratique, ce seront surtout les principaux
utilisateurs, les gens qui sont réellement en mesure
de faire quelque chose avec l’évaluation.
Par contre, dans les contextes d’évaluation transformative,
ce sera probablement un groupe plus vaste,
parce qu’il sera alors question de délibérations,
de prise de décisions et de discussions démocratiques,
ce qui offre ne nombreuses possibilités de dialogue.
Ce diagramme montre également l’évaluation plus
conventionnelle, basée sur les intervenants,
où les évaluateurs exercent en bonne partie le
contrôle, et où les intervenants des programmes
ont un rôle davantage consultatif.
Alors, ce modèle nous a bien servis, en nous permettant de distinguer
différents types ou
genres d’évaluation participative.
Voici un autre diagramme, qui fait ressortir selon moi
certains intérêts que nous poursuivons
dans l’élaboration des principes d’enquête collaborative.
Tout d’abord, nous avons, vous savez, un appel à l’enquête collaborative;
il doit y avoir au départ une impulsion qui donne naissance au projet.
Quels objectifs particuliers sont poursuivis?
Cela reste à déterminer, et ce sera déterminé dans l’optique du contexte.
Nous pouvons voir ici que cela est représenté
par un prisme, d’où divers objectifs peuvent ressortir
en fonction du contexte.
Donc, de nombreux but et intérêts différents
peuvent être poursuivis dans une
évaluation participative, mais une fois que nous les avons cernés et compris,
il faut déterminer la forme que prendra l’évaluation.
Et c’est ici qu’intervient le cadre tridimensionnel.
Nous nous demandons qui contrôle la prise de décision,
nous nous demandons qui devrait participer,
et nous nous demandons quelle devrait être l’étendue de leur participation.
Alors, je pense que c’est vraiment une excellente
façon d’aborder l’évaluation participative,
parce que
cela rend bien sa fluidité,
en tenant compte de la nécessité d’être orientés
par un ensemble de principes pour pouvoir décider
de la forme que cela prendra en pratique.
En fait, c’est un projet dans lequel Bessa Whitmore,
Lyn Shulha et moi-même sommes présentement engagés.
Nous abordons en réalité l’élaboration en collaboration
avec les évaluateurs pour pouvoir comprendre
quels sont les
grands principes suivant lesquels nous pouvons décider de la forme
que prendra l’évaluation participative en pratique.
Voilà; je vous ai exposé certaines réflexions
au sujet des fondements de l’évaluation participative,
en essayant d’éclaircir un peu certains de ses principaux éléments
et en donnant des indications quant aux orientations futures.
Je vous remercie de votre attention.
(Musique)