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"Sparkle in the Park" se déroule à Manchester.
C'est une date importante dans l'année des personnes transgenres britanniques.
Ici, le genre ne dépend pas de ce que vous avez entre les jambes.
On y célèbre les gens dont l'identité de genre n'est pas conforme à leur sexe biologique.
C'est ma vie. J'aime être libre d'être moi.
J'aime pouvoir porter le style de vêtements ou de maquillage qui me plaît !
On montre aux gens qu'on a des choses à dire, et qu'il n'y a pas de quoi avoir honte.
Mais sous les paillettes et talons hauts, les difficultés sont réelles.
1 anglais sur 4000 se tourne vers la médecine parce qu'il ne supporte pas son sexe biologique.
Sur ces 4000, plus de 2500 font le choix d'une opération de changement de sexe.
Adèle a contacté l'émission "Embarrassing Bodies".
Elle présente des caractéristiques à la fois masculines et féminines.
Elle est intersexe. De nombreux intersexes sont satisfaits de leur aspect de naissance,
mais Adèle a été élevée comme un garçon.
Plus *** dans sa vie, elle a décidé de se faire opérer pour devenir physiquement plus féminine.
Mais elle ne s'est pas toujours adressée aux bonnes personnes pour ces opérations.
Certaines interventions à l'étranger ont eu des résultats désastreux.
Les séquelles la font toujours souffrir.
En Asie, j'ai fait poser des implants au niveau de mes fesses.
L'opération a mal tourné.
Je suis restée abîmée physiquement, mais par-dessus tout, psychologiquement.
J'ai vraiment besoin de me soigner pour reprendre le cours de ma vie.
Adèle, bonjour !
Asseyez-vous et dites-moi en quoi je peux vous aider.
J'ai deux problèmes à résoudre.
Mes cheveux, et des implants fessiers qui me font souffrir.
Pourquoi avez-vous ces implants, et quel est le problème avec vos cheveux ?
Je suis née intersexe, et j'ai été élevée en tant que garçon.
Une personne intersexe possède à sa naissance des caractères à la fois mâles et femelles.
Le sexe de l'embryon se décide 6 à 7 semaines après sa conception, sous l'effet de chromosomes
qui viennent de l'ovule de sa mère et du spermatozoïde de son père.
Tous les ovules portent le chromosome X, mais le spermatozoïde apporte un X ou un Y.
La combinaison de deux X produit une femelle,
la combinaison XY, un mâle.
Mais pour une naissance sur cent, la combinaison n'est pas si simple.
Le bébé peut alors naître porteur de caractères à la fois mâles et femelles.
Il est parfois difficile de définir son sexe selon les formules traditionnelles.
En tant que garçon, Adèle fut appelée "Adam".
Je savais que j'étais une fille, ça remonte à mes plus lointains souvenirs.
J'ai toujours eu ce comportement, ces goûts, j'ai toujours choisi cette direction.
Je me disais que les autres se trompaient sur mon compte.
Mais un jour, ils prendraient conscience de leur erreur et tout rentrerait dans l'ordre.
Ma mère acceptait de m'acheter des jouets de fille, mais en secret.
Adèle a l'impression que son père ne l'a jamais acceptée.
J'avais l'impression de dégoûter mon père.
Je crois qu'il avait toujours voulu un fils avec lequel jouer au football.
Il m'a même fait faire de la boxe.
J'ai tenté de me suicider quand j'avais 11 ans.
Je savais que j'approchais de la puberté, et l'idée de devenir un homme...
c'était terrifiant pour moi.
J'ai arrêté l'école à 14 ans, car mes camarades avaient préparé un complot contre moi.
Ils comptaient me déshabiller pour inspecter l'apparence de mes organes sexuels.
Quelqu'un m'a prévenue qu'à la sortie, ils allaient passer à l'action.
Je n'y suis jamais retournée.
Adèle, ou Adam, comme on l'appelait alors, passa la décennie suivante à s'enfuir.
Persécutée lorsqu'elle vivait en fille, elle adopta l'image d'un homosexuel.
Je me disais : puisque j'ai ce pénis, je vais être obligée de vivre en homme.
Les gens me percevront comme un homme. Je me suis rasé la tête, j'ai fait tatouer mes bras.
J'ai même commencé à prendre de la testostérone pour avoir l'air plus masculine.
Vers l'âge de 17 ans, elle arriva à Soho,
où elle avait plus de chances d'être acceptée.
Mais elle était sans domicile.
Je trouvais des abris provisoires pour la nuit, à l'hôpital, dans des halls, des squats...
C'était assez dangereux, car les gens s'attendaient à ce que je couche avec eux,
ou essayaient de me faire prendre de la drogue.
Voilà l'un des endroits où j'ai passé la nuit.
Comme vous voyez, le bâtiment est à l'abandon.
On dormait là-dedans.
C'était une vie difficile : entre les seringues et les rats.
Après une vie chaotique, Adèle fut enfin diagnostiquée comme intersexe, à 28 ans.
C'est alors qu'elle abandonna sa vie d'homme pour la féminité qui l'avait toujours habitée.
D'Adam à Adèle.
Des années de testostérone l'avaient laissée marquée par une calvitie masculine.
Elle voulait pour son corps des formes féminines.
Je ne pouvais pas me payer les bons chirurgiens, alors je suis allée voir un boucher, en somme.
Elle avait entendu parler de cliniques qui ne demandaient pas trop cher, en Asie.
Elle se fit poser des implants fessiers pour un résultat désastreux,
et l'intervention capillaire échoua, ce qui l'amène à consulter le docteur Christian.
On dirait qu'on vous a simplement cousu un morceau de cuir chevelu sur le front.
Mais le problème, c'est que vous avez maintenant des cheveux très fins, clairsemés, à l'avant.
Oui, et je n'arrive pas à les cacher.
Et pour les fesses, qu'est-ce qui ne va pas ?
Pour me recréer des formes plus féminines, j'ai fait poser des implants dans mes hanches.
Je regrette vraiment cette décision.
Pourquoi ces regrets ?
Depuis leur pose, ils me font horriblement mal, au point que je ne peux plus marcher parfois.
Le trou dans mon dos, par lequel les implants ont été introduits,
n'a pas été suturé correctement et a mis 4 mois à cicatriser.
Bon, on va examiner ces implants.
Levez-vous et soulevez votre haut.
Commencez par me montrer approximativement où ils se situent.
C'est ce qui ressort quand je contracte.
Oui, on distingue leur forme à cet endroit.
Et ici. Et voilà l'endroit où ils ont découpé pour les glisser sous ma peau.
Oui, c'est vraiment une cicatrice importante.
Parlons d'abord des implants. Leur forme ne pose pas de problème.
Je ne sais pas d'où viennent vos douleurs, nous allons consulter un chirurgien spécialiste.
La cicatrice, c'est simple : on découpe, on resserre la peau et vous en aurez une plus fine.
Les cheveux, ce sera un peu plus compliqué.
Un bon chirurgien, spécialisé dans le transplant de racines, devra les placer une par une.
On peut vous aider. - C'est vraiment fantastique !
Nous retrouverons Adèle pour la remettre en état des pieds à la tête.
De son côté, Paul a misé sur la chirurgie pour devenir Jenny-Anne.
Il s'agissait en réalité de composer le corps avec lequel j'aurais dû vivre depuis toujours.
Adèle se retrouvera face à face avec ce qu'elle était autrefois.
Quand je vois mes vieilles photos,
j'ai l'impression de voir quelqu'un d'autre.
Ce soir, nous découvrons deux femmes
qui s'adressent à l'émission "Embarrassing Bodies" avec deux problèmes liés au genre.
A la grande fête transgenre britannique, "Sparkle in the Park" à Manchester,
on discute ouvertement de la question : changer de sexe, avec ou sans opération ?
Toute procédure chirurgicale qui permet... qui me permet, par exemple,
de me sentir mieux, plus heureuse, plus détendue et plus libre, dans le corps qui en résultera...
ça ne peut être qu'une bonne chose !
Je ne compte pas faire complètement la transition vers la femme, si je peux dire.
J'ai été opérée il y a deux semaines, et je compte me faire poser des implants mammaires.
Je passe du bonnet A au bonnet C !
Vous voulez connaître les résultats ?
Jenny-Anne est membre du jury, était sûre de vouloir se transformer physiquement en femme.
Elle fait partie des 2500 personnes qui ont subi une réassignation de sexe en 2012 au Royaume-Uni.
Jenny-Anne souffre de ce qu'on appelle la dysphorie de genre.
Elle se sent prisonnière de son corps, dont le sexe biologique ne lui correspond pas.
Le système de santé publique lui a fait passer une longue série de tests psychologiques,
avant de l'opérer pour lui offrir le corps qu'elle a toujours souhaité.
L'opération est un succès, mais elle s'adresse à "Embarrassing Bodies"
car elle ne se sent pas arrivée au bout.
Quand je me regarde dans le miroir, je ne vois pas celle que je suis vraiment.
Je ne vois pas apparaître la féminité que je ressens en mon for intérieur.
Jenny-Anne, enchanté. Prenez un siège. - Merci.
Alors, comment puis-je vous aider ? - Comme vous voyez, je suis transsexuelle.
Je viens d'avoir mon opération de réassignation.
Mais je ressens le besoin d'aller un peu plus loin, pour apparaître plus féminine en public.
Vous êtes opérée : adieu les organes masculins, et les organes féminins sont en place ?
C'était il y a combien de temps ? - Il y a environ 7 semaines.
Comme vous venez d'être opérée, j'aimerais vérifier que tout évolue correctement,
que vous guérissez normalement, sans signe de mauvaise cicatrisation ou de complications
qu'il faudrait immédiatement prendre en charge. Nous allons regarder tout ça rapidement.
Je dois dire que c'est très impressionnant.
Je m'attendais à un tissu cicatriciel rouge et gonflé.
Mais ce n'est pas du tout le cas. - Non, en effet.
Voyons cela. Je remarque que vous n'avez pas, en réalité, de vagin au sens d'une cavité.
Cela en donne seulement l'impression. C'est ce que vous souhaitiez ?
Oui, l'opération était uniquement esthétique. A mon âge, je n'éprouvais pas le besoin
d'une reconstruction en profondeur, invasive.
Pour transformer les organes externes de l'aspect mâle à l'aspect femelle,
on détache la peau extérieure du pénis.
On retire l'intérieur et on retourne la peau pour créer la paroi vaginale.
Les terminaisons nerveuses sensibles de l'extrémité formeront le ***.
L'urètre est raccourci et replacé à sa nouvelle position.
Les testicules sont retirées dans leur totalité, et la peau du *** forme les nouvelles lèvres.
Vous vous identifiez à cette nouvelle anatomie ? C'est bien vous ? C'était la bonne décision ?
Absolument, oui. Cela m'était nécessaire pour me sentir complète en tant que femme.
Il s'agissait en réalité de composer le corps avec lequel j'aurais dû vivre depuis toujours.
Mais ce n'est pas fini, je crois savoir que vous n'avez eu aucune intervention sur la poitrine ?
Mais vous avez pris des hormones. - J'en ai pris pendant cinq ans.
Je crois qu'ils ne pousseront pas plus que ça ! - Une augmentation mammaire pourra vous aider.
Et on peut aussi agir au niveau du visage.
Je vais vous adresser à un chirurgien mammaire,
ainsi qu'à un chirurgien spécialisé dans la féminisation des traits du visage.
Oui, je vous remercie. - Mais de rien. Vous pouvez vous rhabiller.
Nous allons suivre l'incroyable transformation de Jenny-Anne, et ses opérations drastiques,
pour s'éloigner du masculin et se rapprocher du féminin.
Adèle consulte le docteur Christian à la suite d'opérations bâclées subies en Thaïlande.
Elle a fait pratiquer des implants fessiers et une transplantation capillaire.
Le docteur l'adresse à la clinique Crown de chirurgie esthétique, à Manchester,
pour tenter la réparation de son cuir chevelu.
Au fur et à mesure que la date se rapprochait, j'étais de plus en plus impatiente.
J'essaie de ne pas me faire trop d'espérances, car c'est vraiment très important pour moi.
Après une consultation avec le spécialiste des transplantations capillaires, le dr Shahmalak,
la procédure choisie est complexe : une greffe de racines.
Bonjour Adèle, vous êtes prête ?
Je vous conduis en salle de traitement.
Trois semaines plus ***, tout est prêt pour une intervention de 7 heures
qui reconstruira la chevelure d'Adèle en extrayant des racines ailleurs sur sa tête,
pour les greffer là où elle en manque.
Le médecin choisit d'abord l'emplacement dont il pourra retirer certaines racines.
On compte la quantité de cheveux au centimètre carré,
et on a trouvé un endroit suffisamment dense.
On peut y prélever beaucoup de racines sans que cela se remarque.
Je ne ressens pas vraiment la douleur.
Adèle restera pleinement consciente pendant les 7 heures que dure l'opération.
Une bande de peau de 2 cm est découpée là où sa chevelure est la plus dense.
La peau est ensuite découpée par une équipe spécialisée dans la chirurgie capillaire.
On l'observe au microscope et on découpe de minuscules lambeaux entourant chaque racine.
A midi, Adèle est recousue et le processus de transplantation des racines peut commencer.
Jusqu'à quatre cheveux peuvent se développer à partir d'un unique follicule.
Chaque follicule doit s'enraciner séparément.
Sur une durée de 5 heures, l'aiguille percera la peau d'Adèle environ 2000 fois.
Une fois pour chaque greffe.
Nous avons implanté environ 2000 racines.
Elle y a gagné plus de 3000 cheveux, environ 3500.
Ouvrez les yeux.