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Poussez !
Attention !
- Vous venez pour les pierres? - Oui.
- Combien pour un sac ? - 40 centimes.
40 centimes ! Ils sont remplis à moitié.
Normalement, c'est 30 centimes pour un sac plein.
C'est de l'arnaque !
Pas du tout.
Le sac me coûte déjà 5 centimes,
30 centimes, et mon travail ?
35, alors !
Combien de sacs?
Six. Pour les fondations de la maison.
D'accord, je les ferme.
Vous remplissez combien de sacs par jour ?
Parfois seulement 3 ou 4.
D'autres jours, j'arrive à remplir 5 ou 6 sacs.
Je ne suis pas aussi forte qu'un homme.
Les femmes ne peuvent pas porter de sacs trop lourds.
Où est votre mari ? Pourquoi il ne vous aide pas ?
Il était parti travailler à Toeuk Chhou.
Il a attrapé le palu.
Je ne pouvais pas acheter de quoi le soigner.
Alors j'ai dû vendre mon terrain.
Mais il est mort.
Je n'avais plus de terre, je suis venue ici casser des pierres.
- Combien d'enfants avez-vous ? - 4.
Mon fils ainé a 26 ans.
Il est parti en Thaïlande. On n'a jamais eu de nouvelles.
Ma deuxième fille a eu un bébé il y a 3 mois.
Elle était mariée mais a divorcé.
Elle ne peut pas travailler.
Le troisième est sourd.
Il faut parler fort pour qu'il entende.
Ou alors faire des gestes.
Le cadet est tombé quand il était petit.
Il s'est cassé la mâchoire, ses joues sont enflées.
Pourquoi vous n'allez pas à l'hôpital ?
Avec quel argent ?
Je gagne entre 75 centimes et 1 dollar par jour,
j'ai juste de quoi manger.
Si personne ne m'achète de pierres, je n'ai rien.
J'emprunte à mon entourage pour acheter à manger.
J'ai pitié de mes enfants mais je n'ai pas d'argent.
Voilà votre argent.
Viens ici !
Tu peux aller chercher les pierres ?
Tu les casses en morceaux et tu les ramènes.
On les vendra.
Vas les chercher, je les ai déja ramassées.
Tu vas y aller ?
Oui.
D'accord.
Il n'arrête pas de pleurer.
Je te rends 75 centimes pour l'instant.
Je te dois encore 1,75 dollar mais je ne sais plus quoi faire.
Une compagnie vient d'acheter la montagne.
Déjà avant, je gagnais juste de quoi manger.
Maintenant, on n'a plus rien.
Ils veulent nous tuer ou quoi ?
Je sais, j'avais toujours peur qu'ils m'arrêtent.
Je ne ramassais que quelques pierres à la fois.
Moi, j'en arrive à un point où je n'ai plus peur de rien.
Qu'ils nous mettent en prison, moi et mes enfants.
Au moins, on aurait à manger, et quelqu'un pour ramasser notre merde.
Je n'ai plus d'espoir.
Je n'ai plus de rizière, mon mari est mort.
Mes enfants sont illettrés, ils ne savent rien faire.
Je voudrais les laisser avec toi,
aller à Phnom Penh travailler dans la construction ou faire la vaisselle.
N'importe quoi pour avoir de l'argent et pouvoir nourrir mes enfants.
Ne t'inquiète pas, je les garderai.