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Que nous soyons en ligne, en direct ou que sais-je, soyez patient avec moi,
tandis que j'aborde ces différents points.
Tout d'abord, prenez tous une profonde inspiration…
Expirez…
Beaucoup d'énergie se dégage ici, n'est-ce pas ?
Une mentalité de foule qui nous rappelle que nous faisons tous partie
du même organisme social. Nous sommes tous liés
les uns aux autres, de façon très profonde.
Mais la profondeur du lien qui nous unit
peut se révéler délétère ou dangereuse
si nous nous laissons influencer par des choses
qui nous conduiraient dans la mauvaise direction.
Je ne crois pas que ce soit le cas,
mais j'espère qu'on peut tous se détendre un peu
durant cet exposé à la fois bref, détaillé et complexe.
Comme vous le savez tous, je m'appelle Peter Joseph.
Je travaille au sein de l'organisation dénommée "le Mouvement Zeitgeist".
[Encouragements]
Merci.
Ce mouvement a été fondé en 2008 ; il prône la durabilité dans un monde
débarrassé des pays, des classes sociales
des religions et des races.
Il s'agit d'un concept global oeuvrant à l'unification de notre espèce
de façon humaine et durable.
Nous nous inscrivons sur le long terme
et nous cherchons à atteindre ce dont j'estime
que vous pourrez partager, à savoir la suppression de l'actuel système socio-économique.
J'entrerai dans les détails
au fur et à mesure de mon discours.
J'ai parcouru des livres d'histoire pour savoir
s'il y avait déjà eu des mouvements de ce type dans l'histoire récente,
s'il y a eu un mouvement qui se soit dressé
contre les pouvoirs financiers et corporatifs
à l'échelle de la communauté globale. C'est du jamais vu.
Cela n'est-il pas révélateur du niveau de conscience culturel ?
De nombreuses personnes hurlent contre les institutions politiques
et s'efforcent de faire pression sur elles, car elles sont persuadées
que l'establishment politique détient le pouvoir de changer le monde,
alors qu'en vérité le pouvoir a toujours été entre les mains
de l'establishment financier.
J'ai fait des recherches sur l'époque de la Grande Dépression.
J'ai constaté que le véritable pouvoir n'avait pas été attaqué.
Certains d'entre vous
connaissent peut-être les travaux de John McMurtry.
Il a proposé une remarquable analogie pour décrire le monde d'aujourd'hui.
Il a déclaré que nous assistons
à l'émergence d'un système immunitaire social
et non à l'émergence d'une idéologie politique.
Ce mécanisme de défense
est issu de l'essence même de notre culture,
qui prend conscience que quelque chose va très mal : un cancer
social généralisé se répand.
Nous, le système immunitaire social,
devons travailler à identifier la racine du mal qui nous accable
et œuvrer le plus rapidement possible à son éradication
avant qu'elle ne finisse par éradiquer l'humanité.
Le cancer qui ronge le système dont je vais vous parler
devient plus malin et nocif depuis sa mise en place
à travers la planète entière,
et ce peu importe le pays, la nation ou le parti politique.
On commence à voir ses effets destructeurs.
Tout comme le cancer se traduit par différents symptômes
qui attaquent différentes parties du corps, comme les poumons ou ses reins,
il faut se demander : où se trouve la racine de la maladie ?
Je viens d'entendre quelqu'un hurler "capitalisme !".
Est-ce la psychologie sous-jacente au problème dont nous sommes témoins
ou est-ce la manifestation de quelque chose
de bien plus grave à un niveau fondamental ?
Voyons-nous le cancer là où il se trouve vraiment ?
Travaillons-nous à corriger le problème à sa source
ou en restons-nous au niveau des symptômes ?
C'est ma question à la fois au mouvement "Occupy Los Angeles",
mais à tout le mouvement constitué de ceux
qui s'inquiètent de l'état des choses en ce monde.
Comment faire le bon diagnostic ?
Qu'éprouver envers le 1 % qui possède 40 % des richesses de la planète ?
Qu'éprouver envers les 400 Américains qui sont plus riches
que le groupe formé par 150 millions d'autres Américains ?
Qu'éprouver envers les gestionnaires de fonds spéculatifs
qui gagnent chacun 300 millions de dollars par an
et dans quel but ?
Ces gestionnaires de fonds créent-ils vraiment quelque chose ?
D'autant que je sache, la nature de notre système de marché
et la légitimité de sa nature compétitive
tient à ce que ceux qui contribuent le plus à la société
sont censés être ceux qui sont les plus récompensés.
Évidemment, c'est tout contraire qui est vrai.
Par ailleurs, j'affirme que s'il est quelque chose
qui représente la tumeur de notre système actuel,
c'est bien Wall Street, la Bourse
et l'establishment bancaire dans son ensemble.
Mais, cette tumeur n'est pas la source de la maladie sociale.
Ce sont des symptômes, tout comme les saisies immobilières
chassant les gens hors de chez eux sont des symptômes.
Des symptômes, comme le déclin économique continuel,
la baisse de la soi-disant croissance sont aussi des symptômes.
Symptômes, comme la crise des dettes, qui n'a pas encore atteint
son paroxysme aux États-Unis,
mais a sérieusement ébranlé l'Europe :
la Grèce, l'Italie, le Portugal et beaucoup d'autres.
Aucune solution n'a été trouvée. Pourquoi ?
Parce qu'ils essaient de résoudre les problèmes générés par le système
en ayant recours aux mécanismes de ce système.
Ainsi, lorsque les gouvernements renflouent les banques,
ils nous imposent l'austérité.
Est-ce le résultat de quelque chose de négatif ?
Sont-ils de mauvaises gens ? Veulent-ils faire le plus de mal possible
pour insulter notre humanité ?
Sont-ils corrompus, cupides, criminels, anormaux ?
S'agit-il d'extraterrestres venus d'une autre planète pour nous entuber ?
Ce sont des individus comme les autres.
Ils constituent un symptôme cancéreux,
mais n'en sont pas la cause.
À mesure que le monde s'éveille aux défauts du système financier,
j'ai remarqué qu'un changement radical de perspective se dessinait
et cela dépasse la tradition économique
que nous jugions comme un fait de la vie quotidienne.
Avez-vous remarqué notre tendance
à présumer que les systèmes au sein desquels nous sommes nés
sont empiriquement présumés valables ? Avez-vous remarqué cela ?
Nous regardons la politique et les gouvernements en général
comme des phénomènes valides. Pourquoi ?
Parce que nous les connaissons depuis toujours. Est-ce rationnel ?
Probablement pas. Ce n'est qu'une tradition, une coutume.
Il semble que nous soyons prisonniers de nos cadres de référence
au lieu des cadres de référence émergents.
C'est ce qui doit fondamentalement changer dans notre rapport à la réalité.
On pourrait voir le système de marché et l'usage de la monnaie
et croire qu'ils existeront toujours, n'est-ce pas ?
Non pas parce que ce système est une bonne mesure de l'économie
ou de ce qu'est la durabilité, pas plus qu'il n'est
une réalité scientifique expliquant les comportements humains
et la manière dont nous semblons suivre le modèle culturel en vigueur,
mais simplement parce que c'est tout ce que l'on connait.
Cependant, les pressions bio-sociales accablent
de plus en plus les travailleurs du monde entier,
les machines automatisées continuent de remplacer le travail humain
au profit des épargnes faites par les grandes entreprises
ce qui réduit le pouvoir d'achat et vos avoirs
et finit par étouffer la croissance économique.
Mais notre perspective pourrait se développer
et dépasser les normes traditionnelles que l'on nous a inculquées.
Peut-être que l'échange de la force de travail contre un salaire...
Une rhétorique dont beaucoup de personnes se plaignent :
"Où sont nos emplois ? ". Les fondements
de notre système économique ne fonctionneront peut-être simplement plus
parce que les effets continus de la science et de la technologie dont nous sommes témoins,
donc de la nature émergente de la réalité,
entrent en conflit direct avec nos présupposés traditionnels.
La crise de la dette grandissante
née du système de réserve fractionnaire,
le fait que l'argent soit créé à partir de dettes
et vendu en tant que marchandise en échange des intérêts,
tout cela ne peut exister qu'avec la vente de nouveaux prêts et la création
d'encore plus d'argent.
Peut-être que tous ces effondrements par la dette
ne résultent pas de décisions politiques, de délits corporatifs ou gouvernementaux.
Peut-être sont-ils le résultat de la structure du système
au sein duquel nous vivons.
La psychologie de la croissance et de la consommation
continue de créer
la destruction de l'environnement et du tissu social,
l'exploitation outrancière de la nature
que tant d'environnementalistes dénoncent
sans comprendre qu'elle constitue les fondations même du système.
Il se définit par la consommation et par le chiffre d'affaires.
Nous croyons que les entreprises devraient être tenues responsables
du pillage des ressources naturelles,
alors que ce comportement est exigé
par le modèle économique et compétitif dont ils font partie.
Je le répète, c'est structurel.
Comment est-ce possible dans un monde qui est censé économiser ?
Quelle est la définition du mot économie ? C'est la gestion d'un foyer.
Qu'est-ce que cela veut dire ? Cela implique le fait d'être économe.
Cela signifie que vous é-co-no-mi-sez, que vous épargnez, que vous agissez en stratège.
Comment une économie se reposant sur la consommation
pour garantir votre emploi pourrait-elle économiser ?
Il est évident qu'il s'agit d'une anti-économie.
Il est donc grand temps
que nous reconnaissions que les problèmes dont on parle
prennent leur racine dans la structure fondamentale
de ce qu'on appelle notre système économique.
Il s'agit de la mentalité qu'il suscite, qu'il soutient et récompense.
Dans le mouvement "Occupy", j'entends souvent la phrase : "Nous sommes les 99 % !"
Je comprends et j'admire cet élan expressif,
mais j'aimerais l'analyser d'un point de vue un peu plus technique.
Je pense qu'il est plus juste de dire :
"Nous ne sommes pas les 99 %, mais les 100 %."
Nous sommes tous fautifs.
Le 1 % a ce qu'il a pour la simple raison
que les 99 % continuent de soutenir tous les éléments
qui alimentent la fortune du 1 %.
Le système est littéralement conçu pour que les 99 % servent le 1 %.
Les valeurs que véhicule notre culture ont pour fonction d'assurer
qu'on aspire à faire partie du 1 % .
Souvenez-vous, cela s'appelle "le rêve américain".
Seul le 1 % vit le rêve américain, depuis toujours.
Notre richesse matérielle est souvent perçue comme la mesure de notre réussite,
ou la façon dont on devient admirés dans notre culture.
Notre dignité dépend de ce que les autres pensent de nous.
Est-ce là la véritable réussite ?
Non, il s'agit d'une valeur fausse et déformée, fruit d'un système
qui fonctionne grâce à une avidité, un sens de la compétition, une férocité
et une inhumanité généralisés.
L'illusion historique, je dois le souligner,
qui persiste encore et qui se manifeste ici, à travers
les réactions de cet auditoire et partout dans le monde
(à juste titre, mais cela demeure une illusion) consiste à en jeter
explicitement la responsabilité sur une personne ou un groupe.
Plutôt que de nous focaliser
sur le fait que 1 % de la population mondiale possède plus de 40 % des richesses
demandons-nous plutôt : comment est-ce possible ?
Comment le système actuel peut-il permettre une telle chose ?
Avons-nous vraiment des raisons d'être surpris
par la façon dont le monde fonctionne ?
Lorsque l'on connaît le fondement de ce qui motive l'ordre social actuel
peut-on encore être surpris par ce qui se passe dans le monde ?
Qu'est-ce que l'économie ? Je vous pose la question.
Le modèle du marché monétaire régnant sur le monde
implique que le pouvoir et les biens
de toutes sortes peuvent être légalement achetés et vendus
au moyen du mouvement des capitaux.
Tout se "vend" sur le libre marché
tout comme tous les politiciens, les administrations,
les polices en général sont à vendre
sur le libre marché. À quoi vous attendez-vous
quand tout le système est fondé
sur l'achat et la vente des propriétés, de l'influence et du pouvoir ?
Rien n'échappe à l'influence de l'argent en ce qui concerne
les politiques gouvernementales. Pourquoi ?
Parce que dans ce système, le gouvernement n'est qu'un commerce.
Il ne peut pas être autre chose. J'espère que cela deviendra clair
dans la tête de beaucoup d'entre vous, afin que
l'espoir du changement ne vienne plus
du lobbying auprès du gouvernement pour qu'il nous écoute. Il faut aller plus loin.
Tandis que les gens continuent de protester contre le système,
ils inventent des termes comme "corporatisme", "capitalisme de copinage"
ou même "fascisme", pour souligner que les affaires
influent sur toutes les législations à travers ce qui s'appelle
le "lobbying corporatif ", pourtant légal. Pourquoi ne le serait-il pas ?
Telle est la nature même du système.
Ceux qui essaient de nous faire croire
que le système n'est pas ainsi sont l'objet de mon inquiétude.
Ce système a toujours été fasciste depuis le début.
Cela a pris tout ce temps pour qu'il prenne racine jusqu'au sommet,
parce que le cancer croît toujours.
Désormais, le système immunitaire le détecte.
Et c'est la seule différence.
Savez-vous ce qui crée des emplois
dans le monde d'aujourd'hui ? Les problèmes.
Tout le monde parle de travail. Qu'est-ce qui crée de l'emploi ?
Les problèmes ! Dans un monde efficient, tous n'auraient pas
besoin de travailler ou de s'engager dans une activité à long terme
que l'on considérerait comme un emploi.
Les gens apprendraient à être satisfaits et non cupides.
Ils apprendraient à comprendre leur lien avec l'environnement.
Les progrès minimiseraient le besoin de résoudre des problèmes
comme on doit le faire aujourd'hui, car il y en aurait moins.
Autrement dit, il y avait un décalage empirique
entre ce qui supporte la vie sur cette planète et la réalité scientifique
dont nous faisons partie et que nous découvrons.
C'est inhérent au système.
C'est le coeur du système de marché monétaire lui-même
qui doit être supprimé, et non les politiques qui le régulent.
Par ailleurs, pour ceux qui ne l'ont pas encore vu,
toute la structure de notre économie est intrinsèquement injuste.
Il y a en effet un attribut dominant du système actuel qui passe inaperçu :
si vous disposez de $1,000,000, que vous le déposez sur un compte
à un taux de 4 %,
vous gagnez 40 000 dollars
chaque année en faisant quoi ?
[Rien]
En revanche, si vous contractez un prêt pour acheter
votre maison, vous payez des intérêts
sur le crédit accordé. Et devinez où vont ces intérêts ?
Sur les comptes du 1 %, des riches qui déposent
de plus en plus d'argent et en accumulent de plus en plus.
Suis-je le seul à y voir un énorme défaut du système ?
En tout cas, on voit rarement des pancartes
définissant ou justifiant le système des intérêts.
Rares sont les personnes
qui demandent "Pourquoi devons-nous payer des intérêts ?"
Le système des intérêts passe inaperçu
au profit du 1 %.
Cela semble correct et normal. Voilà le problème.
Personne n'a conscience de la nature du problème structurel.
Ils ne se rendent pas compte que leurs actions
contribuent à son maintien.
Les gens sont persuadés qu'ils le combattent.
En fait, je dirai ceci :
les valeurs de notre culture d'aujourd'hui
constituent ce qui maintient en place les classes supérieures
et leur permettent de nous opprimer sans qu'on s'en rende compte.
J'ai commencé à évoquer
ce que résume Stokely Carmichael, le célèbre activiste des années 60
avec l'expression "racisme institutionnel".
Il se référait à la subtilité peu reconnue
des politiques et des structures dans le système social
qui minent les chances de succès et d'égalité des Afro-Américains.
Nous subissons une nouvelle version de ce concept :
la discrimination de classe institutionnelle.
C'est tout autant une problématique de droits civils
que tout autre évènement historique.
Pour revenir sur la nature de "Occupy Wall Street".
Wall Street lui-même, c'est bien connu, est l'ultime démonstration
du traitement de l'argent comme une marchandise
plutôt que comme un outil de création et de contribution sociale.
C'est l'objet naturel d'une opposition symbolique.
Wall Street ne devrait même pas exister
et ne devrait pas être doté d'autant de pouvoir
vis-à-vis de la stabilité de notre économie.
Cela dit, que cela soit bien clair :
Wall Street et le système bancaire ne sont pas la source de nos problèmes.
Ce ne sont que des symptômes d'un ordre économique cancéreux
qui perpétuera et augmentera le déséquilibre,
mais qui finira par s'écraser sous le poids
de ses présomptions obsolètes à propos des comportements humains
et du fait de ses relations déficientes avec l'environnement.
Selon moi, les évènements qui se passent dans le monde
signifient le début de la fin
lorsqu'il s'agit du mouvement de protestation qui a été lancé.
Nous assistons au début d'un changement de valeurs et de structure
qui aurait dû se produire il y a très longtemps.
Notre compréhension émergente est en train de bousculer
les présupposés traditionnels qui gardent ces structures en place.
J'aimerais vous poser une dernière question.
Si l'on vous offrait de participer
à un programme de partage
portant sur vos valeurs où quelqu'un vous dirait :
"Si je te donne, me donnerais-tu ?"
non pas la notion de troc,
mais la simple valeur de ce qu'implique le don
et la compréhension que lorsque vous observerez votre passé
vous vous rappellerez
(et je parle à tous ceux qui écoutent et non à vous seuls)
vous rappelleriez-vous de tout ce que vous avez fait à votre seul profit ?
Lorsqu'ils considéreront leur vie passée,
est-ce que les PDG, les banquiers et les élites
éprouveront de la fierté en pensant que tout l'agent
qu'ils ont acquis représente la mesure de leur réussite ?
La véritable mesure de la réussite
ne réside-t-elle pas dans votre capacité à tisser
des liens avec votre environnement
confirmant notre unification intrinsèque et notre unité ?
En parlant du système monétaire, je ne dis pas
que de la chirurgie n'est pas nécessaire pour contrer
les effets cancéreux du système :
les tumeurs. Nous en avons grand besoin.
Il faut que nous exercions de grandes pressions politiques
et que nous aidions le système à s'orienter dans la bonne direction.
Mais je vous rappelle que tant que
la racine du mal n'est pas extraite
et que le mouvement global ne s'installe
tel qu'il le fait lentement en acceptant de travailler ensemble
pour dépasser le système tel qu'il existe ;
non pas pour siéger à la "table des prophètes",
mais pour établir une table complètement nouvelle,
aucun changement durable ne fonctionnera.
Je vous laisse là-dessus et je loue profondément votre courage
et vous remercie de m'avoir accordé votre temps. Et bonne chance !
[Applaudissements]