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L'hiver
Si nous laissons ça ici jusqu’à demain matin…
Quoi?
Je crois qu’il s’est cassé. Vois-tu la graisse qui abonde sur le bord? Regarde!
Regarde!
Mais c’est impossible!
-Ça vient d’où, alors? -Je ne sais pas.
Mets ça là-bas!
Tourne-le un peu.
Et ça…
Très bien…
-Ne marche plus sur ces plaques-là! -D’accord.
Autrement tu vas tomber dans le feu!
Ça ne me derange pas, mais tu détruis mon fumoir à viande!
-Oh! -‘Oh’ quoi?
-Oh, j’ai oublié le seau! -Va le ramener, alors…
Tiens ça un moment.
Je vais mettre un bâton là-bas…
Aux saucissons, tout le monde!
Oui, Oui…
Attends, Liviu! Attends que je te donne un peu de saucisson.
Un moment, que je le sorte.
Voilà, c’est bon et frais!
Que Dieu reçoive!
-Que ça soit en mémoire de ton fils! -Ainsi soit-il.
Je vous baise les mains, Madame!
Bonjour, Liviu!
-Je lui ai donné un peu de saucisson... -Très bien.
-Mais qu’est-ce que tu as fait? Où les as-tu mis? -Pour en goûter…
-Ah! Mets-les ici! -Patience, il y en a encore…
-Doucement, pour ne pas les déchirer! -Voilà.
Bien.
Oh!
”Doucement, pour ne pas les déchirer...”
Justement… les voilà déchirés…
-Pas même un chien ne mangerait ça… -Possible!...
Et le chat, toujours après nous…
-Allez, montons tout ça d’un seul coup! -Mais nous ne pouvons pas…
-Vraiment? Même si je le corde? -Non, non, ne t’en fais pas.
Tiens ça un moment. Laisse-moi monter!
-Oh, Grand Dieu! -Ce n’est pas allumé là-haut!
Mais oui, c’est allumé depuis la dernière fois.
Tu crois?
-C’est sûr, je le vois! -Ah, je le vois aussi.
Faisons encore un tour de roue, Le maître du moulin est loin de nous!
Tiens!
Arrête, prends ça d’abord!
Oh la la!
-Fais attention, l’anse du seau est un peu cassée! -Mais non…
... Ce n’est pas permis, ça!
Hé, où es-tu?
Hé!
Puisque tu y es montée, reste là-haut!
Je reste…
Est-ce que je t’ai montée, moi?
Oh! Est-ce que ça va aller?
Je te l’ai dit!
Prends-le de l’autre côté!
Je ne peux pas. J’ai autre chose ici! Vas-y, laisse monter!
Allez…
Avec la grue!
Relâche maintenant! Bon…
Voyons si je peux le délier…
Tu l’as bien noué, toi!
-Oui, pour que le cochon ne s’enfuie pas! -Oui…
Le cochonnet.
Cette luge-ci, c’était à Ana.
C’est vrai?
Oui. Je l’ai faite pour elle quand elle était petite.
Tiens!
Maintenant c’est peut-être Ioana, sa fille, qui va s’en servir.
Peut-être. Mais elles viennent assez rarement par ici.
-Elles ont sûrement une autre luge. -Pardon?
-Elles ont sûrement une autre luge. -Oui, une luge moderne; un bobsleigh, peut-être.
Très bien…
Nous Te louons, Dieu…
Mais qu’est-ce que tu fais?
Tu vas chanter à l’église! Viens t’habiller maintenant!
Nous Te bénissons…
Viens!
Nous Te rendons grâce, Dieu…
Et nous T’adorons…
Viens, que je te voie habillé!
Et nous T’adorons…
T’adorons…
N’enlève pas ça!
T’adorons…
Mets ça…
Bien!
Ecoute, combien d’années sont passées depuis notre mariage?
Eh bien… compte…
53…
-Le 9 février… janvier… -Le 9 janvier…
-1953... -Oui…
Et maintenant on est en 2008…
Et voilà seulement… 55 ans…
Mon Dieu, comme ils sont nombreux!
-Quel hiver était en ce temps-là… -Tu vois… La neige montait jusqu’à la taille.
Oui…
Quel hiver, Bon Dieu… Quand je m’en souviens…
Comme s’il n’avait jamais été…
Tu te rappelle comme ils ont bloqué notre traîneau avant la fête des noces?
-Oh, c’était pour le dindon, selon la coutume. -Oui.
-Mais tu ne leur as rian donné… -Mais oui, j’ai donné… bien sûr…
-Ah, quand ils sont venus à la fête. -Oui, oui, je leur ai donné…
Quelle coutume!
Je vais prendre ma montre. Pour savoir à quelle heure revenir.
Beaucoup d’années sont passées… Avec des lumières et des ombres… Des tristesses et des joies…
Pardon?
Beaucoup d’années…
C’est ça…
Les années sont passées, nous avons vieilli…
Un de ces jours… nous irons dans l’autre monde…
D’autres prendront notre place…
Ainsi va le monde.
-Laisse ça, autrement tu ne pourra pas regarder ta montre… -Oh, tu as raison.
-Pour pouvoir regarder ma montre… -Oui, peut-être as-tu un rendez-vous…
Oui… avec une vieille…
Oui.
Une vieille…
-Eh, j’ai eu des rendez-vous, n’est-ce pas? -Bien sûr…
Mais c’était il y a très longtemps…
Vas-y, vas… De revenir n’oublie pas!
D’accord, revenir pour nourrir le bétail…
nettoyer l’écurie…
Autrement, si un autre venait…
-Quel autre? -Quelqu’un de plus vigoureux…
Je crois que tu fais bien ton travail.
Maintenant…je vais chercher un peu de parfum.
Attends, que te nettoye ça d’abord.
Voilà.
-Je ne t’ai pas donné d’argent. Est-ce que tu en as sur toi? -Oui, quelques 4 monnaies.
Je crois que ça ne marche pas. Mais qu’est-ce qu’il a?
Laisse ça, prends l’autre!
Tu peux garder ça pour toi.
Pour quoi faire?
Tu l’utilise quand…
Quand?
Ah, ça marche aussi.
Mais c’est pour dames…
-Oh, tu sais ce que ça veut dire… -Je vais sentir comme les femmes.
En voilà une!
-Comment as-tu pensé à ça?! -Ah!
-As-tu parfumé le bonnet de fourrure? -Oui.
Très bien!
Je vais te donner les bougies.
Je crois que j’ai encore les… Comment s’appellent-ils?
-Je les avais… Où les ai-je mis? -Tiens, fais brûler la grande.
-Qu’est-ce que c’est? -Fais brûler ça sur le tombeau. Elle va durer plus longtemps
Une bougie!
-Bonjour, Vasile! -Bonjour, oncle Costica. Moi aussi, je vais dans la vallée.
Viens!
Viens, je t’y conduis gratis.
Moi aussi.
Nous nous conduisons l’un l’autre.
-A l’église… -Moi aussi.
Viens, Gheorghe, montons!
-Difficile de monter, n’est-ce pas? -Oui, un peu.
C’est difficile.
Dieu sait combien de fois mon père a gravi ces marches.
Ces mêmes marches.
Qu’est-ce qu’on peut faire?
-Ça nous aide à nous maintenir en forme. -Oui, oui.
Lumière, née de la lumière, vrai Dieu né du Vrai Dieu
Engendré, non pas créé, de même nature que le Père,
Saint Dieu, Saint Fort…
Saint Immortel, fais-nous miséricorde.
Heureux les pauvres du coeur…
Le Royaume des cieux est à eux.
Heureux ceux qui pleurent…
Ils seront consolés.
Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur…
Ici je vais mettre des fils de nylon…
Je vais les fixer en petits carrés et tu vas mettre ça sur le pot.
Quand tu fais le fromageon, tu mets la toile sur ça.
-Tu vois? -Je vois. Bravo!
Eh bien, ton vieux barbon connaît des choses, mais il n’a plus de force.
-Il est seulement trop vieux. -Mais est-ce que tu as besoin de force pour ça?!
-Tu as besoin d’inspiration… -Oui, quelques œufs de poisson dans la tête…
Mais ma tête est vieille et bête, pauvre de tête!
Eh…
Ma tête, ma pauvre, pauvre tête…
Elle est bonne telle qu’elle est.
-Je vais enlever ça d’abord. -Je ne crois pas que tu puisses le faire.
-Tu ne crois pas? -Non.
Tu ne crois pas, mais moi, je crois.
-Où as-tu trouvé ça? -Tu sais la vieille machine à laver…
Je l’en ai détaché.
Voilà ce que j’ai trouvé!
Ah, tu as trouvé ton cahier!
J’ai trouvé mon cahier. Je l’avais cherché partout…
Et c’était où?
Et ce poème n’est pas depuis très longtemps. C’est depuis notre retraite…
-Tu veux l’entendre? -Oui, bien sûr.
“La vie est belle”
Quand on est jeune, on croit Que sans doute on sera roi.
Mais le temps passe à l’improviste Et on se trouve vieux et triste.
Quand on est jeune on a tout: Pouvoir, vie… l’amour est partout!
On ignore que toutes ces choses Sont fragiles comme les roses.
On est jeune, beau, vigoureux, Plein de charme jusqu’aux os.
Et un peu plus ***, tiens! On est resté sans rien:
Ni les yeux, ni les mains ne te servent plus
Et tu te demandes Si cette vie a vraiment un but.
C’est l’été Et chantent cigales et oiseaux,
Mais tu es sourd d’une oreille, parfois même des deux.
C’est vrai…
Voilà les enfants mûrs et grands,
Avec travail, famille et petits-enfants.
Les petits-enfants sont des pousses qui vivront après nous.
Aime-les toujours comme la prunelle de tes yeux!
Et si jamais leurs voix te causent d’ennuis,
Dis-toi que ce n’est rien, Car par eux tu continues la vie.
Et même s’il y a encore Des moments de vive douleur,
Dis-toi avec joie réelle Que, malgré tout, la vie est belle!
Bravo!
Tu vois?
-C’est vrai… -C’est assez récent, ce poème…
Ça c’est bien vrai!
-On vit par les enfants. -N’est-ce pas?
Tu m’as bien décrit dans ton poème, sourd d’une oreille…
Mais tu n’est pas le seul!
Sourd d’une oreille, eh? Mais toi, est-ce que tu n’es pas aussi sourde d’une oreille?
-Non, j’entends avec les deux. -Peut-être, mais pas si bien.
Tu sais, j’ai sûrement d’autres ennuis, mais pas celui-ci.
Moi, j’entends assez bien, mais je ne comprends pas.
Ce n’est pas clair…
Quand j’écoute les actualités…
J’entends et comprends seulement une présentatrice…
...Gabriela. Vranceanu-Firea.
C’est la seule. Je peux comprendre tout ce qu’elle dit.
Quant aux autres, je ne comprends point ce qu’ils disent.
Comme c’est beau!
Je te l’ai dit…
Je vais le laver encore quand tu auras mis les fils de nylon…
Je m’en vais. Je laisse ces lunettes ici et je prends les noires.
Je vais voir si les fils de nylon vont bien.
S’ils ne vont pas, je vais trouver autre chose.
Prends soin des vaches.
Vois si tout va bien…
Veille à ce que le veau ne boive pas tout le lait.
Le printemps
Dehors, chat méchant!
Voilà.
-Tu ne lui chantes plus? -Pardon?
-Tu ne lui chantes plus, comme d’habitude? -Quoi?
Tu ne chantes plus à la vache, quand tu la trais?
Je n’ai pas compris.
J’ai demandé si tu ne chantes plus quand tu trais la vache.
-Lui chanter? -Oui, pour qu’elle te donne son lait.
Nous te louons, Dieu…
A la fenêtre maints jours j’ai veillé,
Espérant te voir passer.
Mais tu n’est plus venu, Gheorghita,
Nos chemins ne se sont plus rencontrés.
Si tu étais venu, je t’aurais dit
Beaucoup de choses que je portais en moi,
Mes sentiments et mes pensées pour toi
Et tu aurais changé d’avis.
Si tu viens une seconde fois,
Prends-moi bien par la taille,
Serre-moi contre ton coeur,
Et avec feu embrasse-moi!
Nous aussi, nous avons été jeunes autrefois…
Nous nous rappelons les chansons de ce temps-là.
-Nous n’avons pas été jeunes! -Mais si!
Non, parce que nous étions usés par le travail.
D’accord, mais nous étions courageux, jeunes…
Et maintenant… je tisse tout ça pour nos funérailles.
Nous étions jeunes seulement le dimanche, quand nous allions à la danse, aux bals, s’il y en avait.
-Mais il y avait des danses, des bals. -Oui, c’était bien.
-Les filles venaient accompagnées par leurs mères… -Tout à fait.
Les mères tenaient nos vestes pendant que nous…
Aujourd’hui, les filles passent leur temps dans les bars, elles fument…
Personne n’écoute les parents maintenant.
En vérité, c’était très bien autrefois!
Vas-y!
Vas-y, canard! Sinon…
Tous ces programmes à la télé ne sont que des mensonges!
Ils veulent nous faire croire que c’est vrai!
Ils veulent nous tromper.
-Pourquoi regardes-tu si tu n’aimes pas? -J’aime regarder, mais pourquoi est-ce qu’ils mentent?
Je regarde parce que j’aime ça. C’est un art, fait par des gens doués, tu sais?
Qu’est-ce qu’on peut y aimer?
Tu ne dois pas croire tout ce que tu vois.
Tu m’as dit de ne pas commencer cette série de tapis. Ne les-ai je pas finis?
-Quoi? -Ces tapis.
Tu me disais “Non, ne te mets pas à tisser une nouvelle série, tu ne vas pas finir, ne vas pas finir…”
-Je n’ai pas voulu que tu travailles trop. -Mais nous devons déplacer le métier à tisser…
D’accord, mais tu as travaillé jour et nuit.
Oui, c’est vrai.
Tu as travaillé trop!
-Ils sont pour les funérailles. Et si l’un de nous deux mourait? -Tu dis?
Si l’un de nous deux meurt, qu’est-ce qu’on fait?
Si je meurs, tu les garderas.
Mais non, je vais les offrir à l’enterrement.
Comment est-ce que tu peux les donner après avoir tant travaillé?!
Tu travailles tellement pour les offrir aux funérailles?
Oui, comme ça les gens se souviennent de toi.
Il sauront que tu as fait quelque chose de ta vie, quelque chose de beau avec tes propres mains…
-Ç’est bien comme ça. -Mais tu meurs tout de même.
Avec ou sans tapis, tu finis dans la terre.
C’est vrai, mais c’est mieux que les gens se souviennent de toi pour quelque chose que tu as fait.
Les gens garderont une bonne impression après les funérailles.
Nous ne mourons pas tous le même jour, tu sais…
C’est la vie.
-Tu ne prends pas l’autre, aussi? -Lequel?
-Celui d’en bas. -Non. Nous allons le déplacer tout d’un coup.
Bien…
La prise de la télé…
Laisse celui-là… Et prends ça doucement.
-Et si ça tombe sur ma tête? -Il ne tombera pas.
Sait-on jamais?
-Tu ne prends pas l’autre, d’abord? -Non.
D’abord ça, et ensuite l’autre ira très bien à sa place.
Attends…
J’espère que celui-là ne va pas tomber.
Quand j’ai quitté le monastère, on m’a donné un métier à tisser.
Il était léger, pas comme ce géant.
Ceux qui nous voyaient le porter croyaient que c’étaient des croix.
Ils ne savaient pas ce que nous faisions…
Lâche!
Voilà.
-As-tu vu ça, ma chère? -Oui.
J’ai vu comme tu es courageux.
-Eh bien, je vais apporter… -Oh, je suis si fatigué!
Tu es fatigué?
Tu vas te reposer à Pâques.
Prends la table.
Mettons-là à sa place.
Constantin, Constantin...
Les voisins vont crier encore contre nous. Ils croiront que notre maison a pris feu.
Oh, non!
Oh!
Et tu disais de ne pas le nettoyer…
Je n’ai pas dit ça.
-Ce n’est pas grand-chose. -J’ai dit de ne pas le faire maintenant.
Pas maintenant? Et quand, alors? Après les Pâques?
J’ai cru que nous allions mettre un peu d’ordre…
Ah, mais qu’est-ce que tu fais? Vas-y!
Pourquoi seulement de l’herbe fraîche?
J’en ai apporté un peu pour les poulets.
-Ça suffit! Ne la gaspille pas pour les poules! -J’ai fini.
-Tu leur en a donné assez. -Oui.
Tu veux la garder?
Voilà, j’ai mis ça la-haut pour que vous ne montiez pas dans le grenier!
Tu te souviens quand tu m’as laissée dans le grenier et je t’attendais pour prendre la dame-jeanne,
pendant que tu causais avec Vasile?
Tout de même, c’est bien d’avoir quelqu’un!
Autrement, qui aurais-tu attendu pour te descendre? Sinon ton vieux compagnon?
Tu n’étais pas vieux en ce temps-là…
-Non? -Tu n’étais pas si vieux. Tu étais un peu…
Un peu plus jeune?
Oh, Bon Dieu!
Je suis un vieux barbon depuis que je me suis marié.
Ecoute…
Comment n’être pas vieux à 83 ans?
Mais… tu n’avais pas 83 ans quand nous nous sommes mariés!
Et je fauche encore, et je récolte… et je porte des poids sur mes épaules…
J’élève nos deux vaches le sac au dos…
Je le fais et j’ai 83 ans!
C’est bien que tu puisses le faire!
Je n’ai pas le choix!
Nous avons des petits-enfants, des arrière petits-enfants un autre qui vient…
N’ont-ils pas besoin de lait?
-N’avons-nous pas besoin de lait? -Mais oui, absolument.
-N’est-il pas trop sucré? -C’est très bon!
J’y ai mis un peu de chocolat. Voilà pourquoi c’est si bon!
-Eh… du café… et du chocolat… et du sucre… -Un petit extra…
D’accord, mais si ton vieux barbon attrape le diabète?
-Eh bien, désormais… -Peu importe, je peux mourir, n’est-ce pas?
Non, mais tu ne vas pas attraper le diabète à cet âge…
Tu ne peux pas mourir, sais-tu combien les funérailles sont chères?!
Dieu protège! Ne pense pas à la mort!
Mais vous pouvez simplement me jeter dans une fosse...
Crois-tu que je ferais ça?
Seulement si tu veux que les voisins disent que j’ai vécu en vain.
Salut!
Salut!
Il est ici depuis deux heures.
Il passe encore une fois.
-Les mauvaises herbes ralentissent son travail. -Eh bien, qu’il passe deux fois.
C’est ce qu’il fait. Par là.
Demande-lui combien je dois payer. Tu entends mieux, car moi…
Fais attention!
Il connaît bien son métier!
Bien sûr. Puisqu’il a travaillé en Allemagne…
C’est un autre monde, là-bas!
210, 5 fois 5… 25… 250.
-Bon travail, n’est-ce pas? -Oui, très bon.
On sent encore le labourage de l’automne dernier.
On se revoit en automne!
Vas à ta place!
Voilà, mange!
Pousse-toi un peu pour que je puisse décrotter.
Vas-y…
Très bien!
Il semble que je doive tisser encore quelques tapis…
… pour nous. ...
-J’espère que cette fois-ci ils seront pour nous, pas pour… -J’espère qu’ils seront…
-Pour qui? -Pour moi!
Ecoute, je les fais et tu les veux seulement pour toi?
Oui, parce que si je meurs le premier, tu sauras quoi donner.
Mais si tu meurs, Dieu sait comment je vais m’en sortir.
Tu vas donner ce que tu vois dans ma chambre.
D’accord…
Nous avons 52 tapis. Nous avons besoin de plus.
-Combien?
C’est tout?
-Nous avons besoin de plus. -Oui, c’est vrai.
Madame Nazaria le lui a dit.
Ce métier à tisser est la dot que mon beau-père m’a donnée.
Un trésor. Un vrai trésor.
Grâce à tes mains, qui travaillent.
C’est ça.
Et le cerveau…
La vie passe si vite! On est content de ce qu’on laisse après nous.
C’est vrai.
Quant à nous… nous avons 8 petits-enfants…
-Et des arrière petits-enfants. -Deux arrière petites-filles…
Et un troisième qui va venir…
Oui.
Je me sens comme qui dirait:
"Un oeil rit et l’autre pleure”
Un oeil pleure pour ceux qui sont partis,
l’autre est content pour ceux qui viennent…
C’est comme ça.
C’est la vie.
C’est la vie.
C’est ça.
Oh…
Oh, Bon Dieu! Mais qu’est-ce que tu…?!
-Si j’avais ce ventre, je ne sais pas ce que je ferais. -Qu’est-ce que tu ferais?
Ce ventre me coûte beaucoup!
-Oui, j’en suis sûre! -Mais oui!
Voilà quelles mains belles et soignées.
C’est normal, puisque tu es le boulanger!
Nous faisons les brioches, n’est-ce pas?
Je n’ai pas de blouses, car tu es grand comme le fromage.
J’en ai, en fait, mais elles ne te vont pas.
J’en ai eu quand j’élevais des abeilles.
Vraiment?
Bien sûr.
Je ne me rappelle pas.
J’en ai eu une.
Mes abeilles l’aimaient.
Elles aimaient les couleurs: blanc, bleu, vert…
Quand j’étais petite, j’aimais aller chez mes grands-parents.
-Les enfants ne sentent plus comme ça aujourd’hui. -Mais si…
Seulement si on leur en dit. Mais nous, nous avons vu…
Ils apprennent d’autres bêtises à l’école. Ils sont occupés à apprendre les nouveaux styles de vie.
Crois-tu qu’on leur apprend la vie d’autrefois?
-A l’école? -Oui.
A l’école on leur parle…
du sexe…
Comment se protéger… ces choses.
C’est ça l’éducation aujourd’hui.
Rendons grâce à Dieu qu’on n’apprend la meme chose aux vaches.
Elles ne vêleraient plus…
Je suis content que mes enfants et mes petits-enfants m’aiment.
Et comment!
Ils n’ont qu’un grand-père… un arrière grand-père.
-Un grand-papa. -Et un arrière grand-papa.
Ils demandent toujours “Comment va grand-papa?”
”Comment va grand-maman?”
Ecoute, j’ai oublié ma montre…
Je ne peux pas nourrir les vaches sans ma montre.
Quel jouvenceau j’étais Quand je me suis marié;
Une jeune fille j’ai trouvé.
Le soir même du mariage Il y avait des nuages,
Tout autour était si noir Que je n’ai pas pu la voir.
On m’a donné un million Et aussi un laideron!
Quel jouvenceau j’étais Quand je me suis marié…
Le million en coffre, bonne affaire, Mais de la laide, que faire?
Quel jouvenceau j’étais Quand je me suis marié…
Aux souris le million, Avec moi le laideron!
Quel jouvenceau j’étais Quand je me suis marié…
Aux souris le million, Avec moi le laideron!
Quel jouvenceau j’étais Quand je me suis marié…
Viens, laide, allons fêter! Elle va vite se coucher.
Quel jouvenceau j’étais Quand je me suis marié…
Viens, laide, allons au bal! Elle se cache dans le plumard.
Quel jouvenceau j’étais Quand je me suis marié…
Je cherche un peu de lait cru, Tout n’est là que moisissure.
Quel jouvenceau j’étais Quand je me suis marié…
Tiens.
Je regarde dans la tinette: De petits vers rouges sur la tête.
Quel jouvenceau j’étais Quand je me suis marié…
Sauve-moi, ma chère maman, Elle me mangera demain!
Un peu moins cette fois.
Sauve-moi, ma chère maman, Elle me mangera demain!
Elle m’aurait mangé déjà, mais je garde une hache sur moi -C’est ça.
Elle m’aurait mangé déjà, Mais je garde une hache sur moi.
Quel jouvenceau j’étais Quand je me suis marié…
Si je chantais ça, tu te fâcherais.
Non, mais j’en ai oublié certaines parties.
Quel jouvenceau j’étais Quand je me suis marié…
Tu n’étais pas vraiment un jouvenceau!
Tu avais un certain âge!
-Pas si jeune? -Pas trop jeune.
-Mais une jeune fille j’ai trouvé! -Oui, une jeune fille.
J’ai trouvé une jeune fille…
Avec de l’argent et un métier à tisser.
Une jeune fille à métier.
Mets ça là-bas.
Jeune femme avec métier,
Pour nous deux elle va tisser!
2, 4... 2, 4, 6, 8...
Ça va aller très bien au four.
Je vais me reposer un peu.
-Oh, tu veux dire que le chien chante?! -Ecoute!...
Très bien, écoutons!
Il aime ça.
Comme il est nigaud, ce chien!
M. Costica!
C’est le facteur, peut-être.
-M. Costica! -Oui, oui, entrez!
-Bonjour! -Bonjour! Nous t’attendons depuis quelque temps!
-Vraiment? -Depuis un mois!...
Toujours occupés, n’est-ce pas?
Assieds-toi! Nous nous préparons pour les Pâques.
-Viens, assieds-toi. -Assieds-toi.
-6, 8... 9... -Je n’avais pas encore vu ces nouveaux billets!
10, 11...
50, 60, 70, 80, 90...
Attends! Voyons ce qu’il y a dedans! Pas de mauvaises nouvelles, j’espère.
Non. S’il y en avait, il y aurait le cachet. Une carte postale pour les Pâques?
Une invitation de Lucian et Roxana, nos chers enfants.
-Dans ce cas, vous devriez mettre de côté l’argent. -J’ai déjà commencé un tapis…
-C’est quoi? Une invitation? -Regarde! De Lucian!
Lucian et Roxana.
Qui sont-ils? Vos petits-enfants?
Oui, mon petit-fils… Mon cher petit-fils!
-Laisse-moi voir la date. -En juillet, je crois.
Encore une retraite et vous vous en sortez!
-Ça va avoir lieu le 5 juillet, n’est-ce pas? -Oui, le 5.
-On va voir si on peut y aller. -Nous allons… Même si nous devons y aller à genoux.
Je dois m’efforcer de finir le tapis.
Vous avez déplacé le métier à tisser… C’est ici en été et à l’intérieur en hiver?
C’est bien ici. Je vois mieux dans cette lumière.
Elle voit aussi le bétail d’ici, les poules, toute la cour.
Elle voit même l’autour attaquer les poules!
-Au revoir! Joyeuses Pâques! -A vous, aussi!
Est-ce que je vous ai laissé le journal?
Je ne sais pas.
Non, je ne vous l’ai pas donné. Le voilà.
Merci beaucoup.
Bonne santé!
Au revoir!
Vois si Vasile est chez lui…
-Ce n’est pas bon. -Oh, c’est trop large.
Ça ne va pas.
Tu dois y faire un tout petit trou. Tu l’as gâché.
-Aide-moi avec ça, s’il te plaît. -Oui, oui, un moment.
-Les autres étaient très bonnes… -Lesquelles?
Celles qui avaient les bougies dedans.
Dedans…
Tu comprends, ma bonne?
Je ne sais pas.
Prends ça pour la mettre sur le tombeau.
Celle-ci.
-Regarde! Tu vois? -Oh, très bien!
Prends un oeuf. Pour dire “Jésus est ressuscité!”
Il y a assez d’oeufs là-bas… Je ne prends pas d’oeuf avec moi.
-C’est pour le tombeau? -Oui, ce type dure plus.
-Quand je reviens, est-ce que tu veux que je te réveille? -On verra. Je vais me réveiller toute seule.
-Et on dira “Jésus est ressuscité”, n’est-ce pas? -Tout à fait.
-Et qu’est-ce qu’on dit maintenant? -Maintenant on dit “Bonne nuit”.
-Bonne nuit et pardonnez-moi. -Que Dieu te pardonne…
Une voiture s’approche. Prenez garde!
Nous voilà après une année.
-Peut-être nous verrons-nous après une autre… -Seul Dieu le sait.
Nous vivons avec l’espoir, n’est-ce pas? Personne n’a de contract avec Dieu.
Quand la mort arrive, elle te trouve.
-On ne peut pas se cacher. -Non, elle te trouve n’importe où.
Ma vache est malade, la pauvre.
-Comment ça? -Elle ne peut pas toucher le sol d’un pied.
-Peut-être a-t-elle quelque chose dans le sabot. -J’ai vérifié. Il n’y a rien…
Venez et prenez la Lumière!
Jésus est ressuscité des morts…
Par la mort il a vaincu la mort…
Mère de Dieu, réjouis-toi, car ton Fils est ressuscité…
-Nous avons perdu le fil. -“Réjouis-toi” est chanté deux fois. Et seulement ensuite…
Oui, voilà pourquoi…
Conduis-nous, s’il te plaît, depuis le “Réjouis-toi”…
”Fais éclater ta joie, Sion…”
Eh bien, comme ça…
-Ne vas-tu pas te coucher? -Pardon?
Vas-tu te coucher?
-Pardon? -Vas-tu te coucher?
Ah, oui. Jusqu’au lever du soleil on a le temps…
Bien.
-Au moins une heure ou deux. J’ai oublié de voir l’heure.
Environ quatre, je dirais.
Quatre, n’est-ce pas?
Oui…
C’était bien à l’église?
Oui, mais seulement quelques personnes sont restées après le service.
As-tu chanté?
Bien sûr.
C’était très bien.
-Il y avait beaucoup de monde, n’est-ce pas? -Oui, beaucoup.
Il y avait même des gens de la ville!
L'été
-Tu es très beau! -Tu crois?
-Est-ce que tu m’aimes tellement? -Sans doute.
Tu sais combien tu as pleuré quand nous nous sommes mariés.
Je ne me rappelle pas ce que tu dis.
Tu dois l’avoir regretté, j’en suis sûr.
Tu aurais pu te marier avec un homme plus jeune, pas un vieux comme moi.
-Je crois que tu n’étais pas si vieux en ce temps-là! -Non, je n’étais pas, mais ne suis-je pas devenu?
-Mais moi, ne suis-je pas devenue vieille aussi?! -Devrais-je prendre mon chapeau?
Je ne sais pas…
Je crois que je ne pars plus, car je ne trouve pas mes chaussures.
Eh bien, ne viens plus… Je les ai vues quelque part.
Oh, mon Dieu! Je les ai mises dans le poêle!
-Où étaient-elles? -Dans le poêle!
Je crois que j’ai perdu la raison! Je les ai tant cherchées…
Allez, le pied!
-C’est ça. Et l’autre. -L’autre, c’est déjà bien.
-Est-ce que tu as un seul pied? -Oui, un seul. Viens!
Une bûchette contre la porte fermée Et nous pouvons sans peur nous en aller.
Mets une bûchette contre la porte, pour que les gens sachent qu’on n’est pas là.
”Pardonnez-nous, nous sommes partis à l’église.” -A qui demandes-tu pardon?
Que Dieu nous pardonne tous! Que Dieu vous pardonne aussi.
-Jésus est ressuscité! Et bonne fête à vous! -En vérité, Il est resuscité! Merci beaucoup!
Les Démocrats-sociaux…
”Votez Ion Munteanu comme président du Conseil Départemental”
”Une vie meilleure pour les plus nombreux”... Que Dieu nous aide.
Cette rue est visiblement meilleure…
On a transporté les pierres de la rivière.
Bonjour, Bonne fête!
Merci beaucoup, que Dieu te bénisse!
Il y avait un vrai marais ici. Heureusement qu’ils ont apporté ces pierres.
Oui, ils ont fait un bon travail.
Tu vas nous rendre visite, n’est-ce pas?
-Je ne sais pas… -Et comment ça?
Le cadeau sans la visite?!
-Est-ce que c’est une bière? -Tu verras à la maison.
Que Dieu te donne bonne santé pour te réjouir auprès des autres enfants.
Que Dieu te donne la force pour… J’ai oublié ce que je voulais dire… J’oublie toujours.
Chaque Constantin et chaque Elena reçoit un tablier!
Ça tombe bien à la maison. On peut le mettre autour du cou…
Oh, très bien!
Vive Madame la mairesse et les Démocrats-libéraux!
Qu’est-ce qu’on nous a mis ici? Regarde!
Oh, ça va sauter!
-Attends, c’est autre chose là-dedans. -Il n’y a plus rien.
Mais si!
Oh!
C’est un type de bière peut-être…
Pepsi.
Du jus…
Changeons nos habits et au travail! Les vachent nous attendent.
Ioana.
Allô…
Je n’ai aucune idée de ce que j’ai fait ici!
… Demain on va se retrouver, Je ne sais pas comment...
Je ne savais que faire en ce temps-là, Je vais savoir maintenant…
C’est ça.
-C’est un poème d’autrefois, du temps de notre jeunesse. -Ce n’est pas depuis si longtemps.
Nous pouvons la lécher par l’extérieur.
Ouvre-la! Tu peux le faire, si tu as bonnes mains.
-C’est quelque chose que je ne sais pas faire. -Mais oui, regarde!
Je le savais. Et toi qui disais que tu ne le pouvais pas.
Oh, regarde ce que tu as fait!
Tords-la!
Santé!
Je crois que c’est Liviu qui vient.
J’ai du travail.
Le chat dort ici encore, elle voit que c’est bien.
-On, Bon Dieu! Je vais être bourré comme un coing! -Oui.
Oh, mon frère, je t’ai cherché partout, Pour te dire la vérité nue:
Je voudrais quitter les moutons pour toi Et vous joindre, hors la loi…
Laisse ça, va aux vaches!
Tu peux nous rejoindre, c’est bien, Si tu jure de ne pas nous trahir. Viens!...
Oh, Bon Dieu!
"Boisson rafraîchissante et carbo… gazeuze."
Contient de la caféine. Tu vois?
Mais qu’est-ce que tu fais? Qu’est-ce que tu lis?
-On m’a interdit de parler. -Mais non! Qui te l’a interdit?
Toi-même.
Impression que tout ça! Parfois tu as de telles impressions…
Distribué dans la République de Moldavie. C’est incroyable!
-J’ai lu de quoi cette chose est faite. -Pardon?
De quoi cette chose est faite.
Tu disais que tu allais nourrir les animaux.
J’ai assez de temps.
”La Vallée de l’Ours”
Nous avons été là-bas, n’est-ce pas?
Oui, nous y avons été.
-Qu’est-ce qu’on a fait là? -Il y avait une fête de noces.
-De qui? -De… Ion Pavel.
Exactement!
Oui, je me suis rappelé.
On a fait tous l’effort d’y aller et finalement ils ont divorcé.
Venez, mes petits, venez à Maman!
Venez à Maman! Où êtes-vous?
Emmène tes petits, venez!
Appelle tous tes petits. Très bien!
Ils ne sont pas tous!
N’arrête pas de les appeler! Ne vois-tu pas qu’ils ne sont pas tous?
Appelle-les! C’est ça. Très bien!
Vas-y, cane! Bête!
Voilà une autre qui vient!
Vas-y, cane!
Oh, la poule va te manger!
Tu le mérites! You deserved that!
Bien.
Allez, mangez!
”Quand on regarde le paysage magnifique, on reste sans souffle” .
Oh! On ne souffle plus!
On va au lac et on y laisse le souffle!
Imagine quel air pur est là-bas!
Vrai, mais n’est-il pas pur par ici, aussi?
Avec la forêt monter de ton jardin,
quel autre air pur peut-on desirer?
La meilleure prevue: moi-même.
A 83 ans, je fauche, je porte des poids sur mes épaules, j’élève du bétail.
N’est-ce pas grâce à l’air?
La nourriture aussi, et… Est-ce qu’on peut vivre seulement de l’air?
L’ambition, aussi.
Mais tu es malade, tu n’as plus d’ambition.
L’ambition d’avoir des biens et d’en offrir.
Presque 80 000 personnes du département de Neamt présentent le risque d’attraper le diabète.
C’est à cause de la vie aisée.
Autrefois, quand nous mangions de la polenta avec des fruits des bois,
il n’y avait aucun risque de diabète.
-As-tu mangé ça? -Oui, quand on nous a volé les réserves.
Nous nous trouvions sans nourriture dans la forêt, pendant la famine.
Nous n’avions pas de nourriture.
Alors, pour pouvoir travailler, nous avons été obligés à manger de la polenta avec des fruits des bois.
-Et n’ont-ils pas volé aussi la polenta? -Ils en ont volé seulement une moitié, une autre ils ont laissé.
Ils n’ont pas tout pris. Ils ont été des voleurs gentils.
Ils se sont dit:
”Laissons quelque chose pour qu’ils puissent travailler, comme ça nous aurons de quoi voler la semaine prochaine aussi”.
Et est-ce qu’ils sont revenus la semaine suivante?
Eh bien, je ne sais pas. En fait, j’ai eu la chance d’être appelé pour faire mon service militaire.
Et là, il y avait de la nourriture même pendant la famine.
Les Saints Empéreurs Constantin et Hélène.
Aujourd’hui les Orthodoxes fêtent les Saints Empéreurs…
-Oh, mais on les a déjà fêtés. -Pas aujourd’hui. Ce jour-là.
Cette fête chrétienne est représentée par les Les Saints Empéreurs Constantin et Hélène.
Saint Constantin a été le 32e empéreur de l’Empire Romain,
après August… August…
-Augustus... -Oui,August.
Toute sa vie a été une lutte…
pour libérer l’Eglise chrétienne de l’opression payenne.
Lui et sa mère. Mais elle était payenne.
Elena, source de mon chagrin, Que je noie chaque soir dans le vin!
Un grand feu brûle dans mon cœur : C’est mon amour pour toi, n’aie pas peur!
Voilà le jour qui point déjà, Et je soupire encore, Elena.
Les jeunes filles se moquent de moi Et avec elles les villageois.
Elena, ma chère Elena, Laisse-moi t’embrasser une fois de plus
Et te montrer ce qu’est l’amour…
Elena, ma chère Elena, Laisse-moi t’embrasser une fois de plus,
Et te montrer ce qu’est l’amour…
Au diable vais-je montrer à mon âge… ce qu’est l’amour…
L’amour… L’amour est quand on aime quelqu’un,
quand on la respecte,
on s’entend bien…
Voilà ce qui est l’amour.
Elena, ma chère Elena, Laisse-moi t’embrasser une fois de plus…
Oh, Bon Dieu!
L'automne
Que Dieu ait son âme…
-Que Dieu le pardonne! -Qu’il repose en paix.
Madame votre femme n’est-elle pas venue?
Non, elle ne peut pas aller si loin.
Elle ne peut pas.
Si notre voisin Gica ne l’avait pas aidée, elle aurait pu mourir en dix minutes.
Vraiment?
Cet automne.
Qu’il soit pardonné, par Dieu et par nous tous.
C’est très dur…
De perdre un parent…
Mais… la chose la plus dure est de perdre un enfant, comme nous.
Dieu protège!
Le cortège allait comme ça… très lentement…
-Pourquoi ça? -C’est ce qu’on a dit au chauffeur.
C’était leur voiture, tout était à eux.
Et nous marchions comme ça, donc nous sommes arrivés à l’église à midi et… demi.
On a fait un long chemin. Ensuite, le service a commencé.
Assieds-toi et raconte.
Beaucoup de prêtres.
Cinq prêtres!
Ils ont chanté si bien…
C’est sûr.
Et ensuite ils ont respecté toutes les traditions.
C’est peut-être Ana.
Puis…
Allô? Oui…
Depuis combien de temps ne t’ai-je pas utilisé?
Notre arrière petite-fille a besoin de toi maintenant.
Comme c’était bien quand j’y berçais sa mère…
Voilà.
-Pousse-là en bas! -Arrière grand-papa!
Allez, fais attention! Prends-la!
l’un pour Sadoveanu… l’autre pour lui-même…
Ils trinquent les verres… Il avait soif, car il avait fait un long chemin…
Ne la mets-pas sur le chat!
-Il approcha le verre de sa bouche… -Laisse-la, laisse-la…
Et il but…
Non, laisse-la, je vais l’épousseter un peu. Elle est pleine de poussière.
Et il but tout le vin d’un trait, Sadoveanu…
Quand l’autre a vu ça, il a dit: ”Il est un grand ivrogne, comme moi…”
Voilà…
Comme ça je berçais mes petits-enfants…
mes arrière petits-enfants…
Et maintenant cette nouvelle arrière petite-fille.
Eh bien…
C’est bien comme ça.
C’est bien comme ça.
C’est bien comme ça. Dur comme ça.
C’est la boîte de Pandore! On ne peut ni l’ouvrir, ni la fermer.
Comment ça? Laisse, ne la rompt pas!
Hé… Mais qu’est-ce qu’il y a là-dedans?
-Qu’est-ce qu’il y avait là? -Qui sait?
Des bouteilles…
Ça c’est bon pour les oeufs.
-On peut mettre des oeufs dans chaque compartiment. -Oui.
Tu vas l’envoyer à Bucarest, pour Andrei.
-Et crois-tu que les oeufs ne vont pas se casser? -Non, ils ne vont pas se casser…
Tu vas les envelopper.
Je ne vais pas la défaire. Je vais la laisser comme ça.
-Laisse-la comme ça, laisse-la comme ça… -D’où as-tu ça?
-C’est peut-être de Nina. -Non, non…
Non, non, je crois que c’est de Florin.
Avec de la glace ou autre chose… Je vais l’épousseter.
Mets-la sur le lit de l’autre pièce.
Le chien aboie! Je crois que ce sont nos chers enfants qui viennent!
Le bébé!! Le bébé de grand-maman est arrivé!
Bonsoir!
Bienvenue!
-Est-ce qu’elle dort? Est-ce que tu dors, ma petite? -Oui, elle dort.
Laisse-moi la prendre dans mes bras!
Et le chaton...
-Voilà qui est venue nous voir! -Bonsoir, grand-papa!
Bienvenue!
-Mais où est Ioana?
Elle a une leçon de piano… Elle prépare un récital.
Bonsoir!
Ferme la porte, s’il te plaît.
-Elle pousse… -Oui, je laisse pousser ma barbe.
-Oh, ma petite chérie! -Bonsoir, arrière grand-maman.
Qu’elle prenne une pierre dans sa bouche… Car elle est pour la première fois chez sa grand-maman!
Quelle merveille! Sois préservée du mauvais oeil!
Regarde, arrière grand-papa! Regarde!
Elle me regarde, petit ange!
Quand vas-tu m’appeler “mémé”?
Quand?
Sa soeur va le lui apprendre.
Oh…
Nous l’ennuyons avec ces choses…
Regarde, ma douce, où dormait ta maman quand elle était petite.
Oui, oui.
C’est tout ce que grand-maman a pour l’instant… pour ton sommeil…
Voilà…
Ne pleure pas, ne pleure pas…
Fais dodo, mon petit chéri…
Fais dodo…
Mon petit chéri…
Je lui ai donné quelque chose pour acheter son sommeil.
Je vous remercie!
J’aurais voulu lui donner plus, mais le facteur n’est pas encore venu avec la retraite de ce mois.
Nous ne voulons pas d’argent. Nous voulons que vous soyez en bonne santé et faire la dot de notre petite.
Oui.
-Nous voulons une dot… un tapis pour la petite. -Que Dieu m’aide à… vivre encore.
En fait, j’ai une petite carpette pour elle.
Est-ce que maman te marie, ma petite?
Laquelle trouves-tu la plus jolie?
Regarde!
Comme elles sont belles!
Quand les as-tu faites? Récemment?
-J’ai fait quelques-unes récemment… Si j’ai dû donner les autres… -J’aime cette nuance de bleu.
Oui.
Peux-je la laisser choisir? Laquelle prefères-tu, ma chérie?
-J’aime beaucoup ce bleu. -Ce que tu préfères.
-Laisse la petite jouer avec elle. -Lève-toi et joue, cher bébé!
Quand elle va grandir un peu.
Tu sais que Ioana se mettait à genoux sur une de ces carpettes et priait?
-Merci de tout coeur! -Volontiers!
-Que tu aies bonne santé pour lui faire une dot. -Que Dieu nous aide!
-Est-ce qu’elle dort? -Elle mange et elle dort. Quoi d’autre?
Elle est si belle…
-Comment vont tes mains? -Mieux, maintenant.
Mieux? Je ne l’aurais pas dit à première vue.
Si je ne fais rien, c’est plus dur. Mais comme je travaille,
mes mains sont toujours en mouvement et je ne sens pas la douleur.
-Le médecin ne te manque pas? -Personne ne me manque.
-Mais j’avoue qu’il m’a fait du bien. -Oui…
Il m’a donné ces médicaments que je prends encore.
Un soir je ne les avais pas prises
et le jour suivant j’ai eu mal aux mains et aux pieds.
J’en suis dépendante maintenant.
-Oui. -Je dois les prendre toujours.
Oh… Je change le sujet.
Tu sais, sur le mur en-dessus de mon lit se trouve le tapis que tu m’as donné au mariage.
J’ai essayé de me rappeler les noms des fleurs qui sont tissées là.
J’ai voulu les dire à mes filles, mais je n’ai pas pu m’en souvenir.
Je ne sais plus quels sont les pivots, les iris… comme tu m’a appris.
-Je ne me rappelle plus. -Eh bien, je vais te les dire maintenant.
Depuis toujours j’ai amassé Couleur après couleur
Et avec elles j’ai tissé La plus belle fleur.
Voilà le fil jaune-doré, Dont j’ai fait avec art
Les riches épis de blé De notre terre natale.
Du rose et du rouge ardent Avec attention, douceur
Je fait un pivot charmant Dans sa robe d’empéreur.
Les bleu est très utilisé, Car j’en habille les bleuets.
Fleur près de fleur je mets, Myosotis et violettes.
Je prends le blanc le plus pur Pour faire les muguets,
Mais aussi le perce-neige sans peur Qui salue gentiment le soleil.
Et beaucoup, beaucoup d’oiseaux, Par les couleurs j’aime créer.
Les voilà tout joyeux, Comme s’ils gazouillaient!
Je tisse depuis longtemps Et j’aime la tapisserie,
De l’Olténie ou Moldavie. Là je mets toute mon âme
Car c’est de Roumanie.
Mais les fleurs les plus précieuses, de ma vie même cueillies,
Sont mes petits-enfants, les chéris.
Je prends la plus jeune dans mes bras Et lui chante une chanson d’autrefois.
Elle s’endort et je l’attends, Entourée des autres petits-enfants.
Elle défait mon chignon De sa molle et petite main
Et me demande gentiment: « Pourquoi ils sont blancs, tes cheveux? »
Je lui réponds avec tristesse Que j’ai vécu beaucoup d’hivers,
Que je m’approche de la vieillesse et il neige dans mes cheveux.
La petite laisse tomber sa tête, ”Tu t’es attristée, ma chère poupée?”
La voilà qui reste muette Et moi, j’avale une larme discrète.
Tu vois quelles sont mes fleurs?
Les fleurs de mamie.
Les plus belles de toutes.
Les plus précieuses.
Tu t’es vraiment attristée, ma chère poupée?
Un ingénieur, homme grand comme moi, mais sans mes trois ventres, dit :
”Bonjour, êtes-vous M. Vinca?”
”Oui.”
”A partir de ce moment vous travaillez pour nous” Il m’a laissé bouche bée.
Mangeons le gâteau!
-Nous deux, nous pouvons aller dans l’autre pièce. -Non, restons ici.
Mets bas le chat.
Comme je te disais, il m’a laissé bouche bée...
Je vais finir. Et il me conduisit vers une barraque…
C’était un chantier, tu as compris?
-Est-ce qu’on construisait l’usine de Savinesti en ce temps-là? -Oui.
-Est-ce que les travaux venaient de commencer? -Tout à fait.
-A quel point de l’histoire êtes-vous? -Seulement au début, il y en a encore…
-Il était très jeune. -Ils avaient juste commencé à construire Savinesti…
Et je suis resté là, j’ai étudié là-bas,
J’ai été embauché comme installateur, J’ai fait des études d’installateur.
-Où avez-vous étudié? -A Savinesti, puis à Piatra… une année.
Une année dans une école spécialisée en installations sanitaires…
Tu devrais voir mon livret scolaire: seulement de très bonnes notes!
Donc vous avez travaillé à Savinesti jusqu’à la retraite?
-Pardon? -Est-ce que vous avez pris votre retraite là?
Non, j’ai été embauché pour construire l’hôpital de Piatra
Il a pris là sa retraite.
-Raconte-nous aussi quelque chose, ma petite! -Oui, oui.
Prends le petit lit en bois.
Mais sans la couverture.
Comme vous voulez.
-Est-ce que tu peux le porter, mon cher? -Bien sûr.
-On peut aussi le prendre une autre fois… -Non, je le prends maintenant.
Comme il est fort, mon époux!
La porte, s’il vous plaît.
Donnons un bisous à mémé!
-Allez, vite, ela petite va transpirer. -Oui, allons y!
Au revoir!
Que Dieu vous bénisse! Bonne santé!
Bisous! Au revoir, arrière-mémé.
Laisse-moi l’embrasser.
Bonne santé pour faire la dot!
Que Dieu m’aide.
Et pour chanter à mes filles!
Que Dieu vous protège!
Dieu, ait pitié!
Quel vent!
Oui, quel vent froid!
-L’hiver arrive. -Oui…