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Alors si on prend les choses en partant du réel, en partant de l'actualité pour voir comment s'inscrit
ce travail constitutionnel dans le réel ; parce que ce qu'il faudrait, avant qu'on en discute, ce qu'il faudrait
c'est qu'on remette quelques mots à l'endroit, parce que presque tous les mots en matière politique
ont été mis à l'envers. Si on observe le réel... En ce moment c'est plus facile, parce qu'en ce moment
c'est vraiment caricatural. Ce qu'on observe en ce moment, c'est que nos acteurs politiques,
en faisant semblant, en prétendant, en poussant des hauts cris, en prétendant servir l'intérêt général...
nos acteurs politiques, aujourd'hui... Ça se voit plus en Grèce qu'en France,
mais ça nous pend au nez, on va l'avoir bientôt en France aussi, nos acteurs politiques servent
très prioritairement l'intérêt des banques, avant de servir l'intérêt général. C'est-à-dire que pour nous
on trouve pas l'argent, mais pour les banques on en trouve énormément, mais des milliers de milliards
pour les banques ; et même pas des millions pour les... les gens normaux. C'est-à-dire tout le monde !
Les 99 %. Alors jusqu'ici je disais « riches » et « pauvres », et ça pose un problème parce que
on s'identifie pas à un riche et on s'identifie pas à un pauvre. On veut pas être un riche,
on veut pas... Pourtant c'est vrai qu'on est toujours le riche de quelqu'un, mais quand je dis « riche »,
je pense aux ultrariches, au 1 %. Et en fait, 1 % ça va être mieux. Il faut que je... quand je dirai « riche »
il faut me corriger. Il faut dire 1%, c'est plus clair. Parce que c'est un tout petit, une toute petite partie
de la population que je vise quand je dis les « riches ». Et quand je dis les « pauvres »,
je parle de nous. Et pourtant on n'a pas envie de dire de nous des pauvres, donc ça pose un problème
ce mot-là. Ça dit bien ce que ça veut dire, mais pas... enfin ça... ça pourrait dire ce que ça veut dire,
mais il se trouve qu'il y a quelque chose qui est gênant. Donc si je dis 99 %, on comprend mieux.
Je dis « 99 % », c'est nous. C'est nous tous. Donc, ce qu'on observe de façon caricaturale,
et là je vais pas développer parce que je crois que vous avez suffisamment d'exemples pour être d'accord, mais si vous trouvez
que je me trompe ou j'exagère, on pourra en parler si vous voulez, mais il me semble que les...
... les gouvernements, les acteurs politiques aujourd'hui, suivent prioritairement les intérêts des 1%,
plutôt que l'intérêt des 99 %. C'est dit gentillement, ça pourrait être dit... plus en colère. Comment ça se fait ça ?
Alors pourtant, on nous dit, on nous rabâche tous les jours qu'on est en démocratie... Je vais commencer avec les mots là.
On nous dit tous les jours que nous sommes en démocratie. Là je n'éxagère pas. Moi, et je pense
que vous c'est pareil, depuis que je suis petit, tout petit, on me dit : « Élection égale démocratie, mon petit.
Démocratie égale élection. Répète. Élection égale démocratie, démocratie égale élection. » Ensuite à l'école
je l'apprends : démocratie égale élection, élection égale démocratie ; ensuite à la grande école, à la fac,
en droit, j'apprends que démocratie égale élection et élection égale démocratie. À la télé, j'entends parler
de démocratie, donc d'élection, d'élection donc de démocratie, dans les journaux, dans les livres.
À la maison, je dois avoir... 400 ou 500 bouquins sur la démocratie. Il y en a... 90 ou 95 %
qui ne parlent pas de la démocratie. Ils parlent du gouvernement représentatif, donc ils parlent
de notre régime actuel, du gouvernement prétendument représentatif. Ça c'est le vrai nom
de notre gouvernement - je vais en parler dans un instant - et ils parlent pas du tout de démocratie.
Alors, démocratie... Il y a 200 ans, tout le monde savait très bien ce que c'était.
Et depuis 2 500 ans, tout le monde savait très bien ce que c'était : la démocratie,
c'est dêmos kratos, c'est le pouvoir du peuple, c'est le peuple qui vote lui-même ses lois.
Démocratie, c'est un régime... C'est pas forcément le meilleur, hein. Pour l'instant, je fais du vocabulaire
pour remettre les mots à l'endroit. Parce que si le mot est à l'envers, ça nous pose un vrai problème
pour trouver la solution. C'est très important ça. Donc démocratie, dêmos kratos,
c'est un régime politique dans lequel le peuple écrit lui-même les... les règles auxquelles il se soumet.
C'est lui qui exerce le pouvoir auquel il consent. Ça a existé dans le monde, mais ça a existé
à un seul moment dans l'histoire des hommes, que je sache. Peut être, il y a quelques petites exceptions,
et je suis open sur les autres, ça m'intéresse, hein, les autres expériences. Mais enfin, il y a une grande période
de la vie des hommes qu'on connaît bien, dans laquelle les hommes se sont organisés
pour produire eux-mêmes le droit auquel ils se soumettent, c'est Athènes ; Athènes il y a 2 500 ans.
Alors on va en parler un petit peu, parce que ces gens-là ont pratiqué pendant 200 ans le tirage au sort
- tous les jours et tous les matins ils tiraient au sort -, et il faut qu'on détaille pour qu'on comprenne
comment est-ce que c'est possible. Parce que, comme on ne l'a pas appris à l'école, et comme il ne faut pas compter
sur nos élus pour nous l'apprendre, parce que eux ça les mettrait au chômage cette idée-là. Donc ça leur plaît pas du tout, ils comprennent pas,
il entendent pas. Ils disent : « C'est... vous êtes populiste là, vous êtes... arrêtez, vous me tirez l'oreille. »
Donc ils sont pas capables d'entendre, et il faut pas attendre des journalistes ou des parlementaires
qu'ils défendent l'idée que je vais défendre, il faut qu'on en parle entre nous. Mais vous allez voir
que quand on en parle entre nous, nous qui sommes soumis au pouvoir, et nous qui ne comptons pas exercer le pouvoir,
on comprend vite. Bon, je détaillerai tout à l'heure. Démocratie, ça devrait être dêmos kratos,
le pouvoir du peuple ; et citoyen, ça devrait être le membre d'une démocratie qui est autonome,
cet autonome qui produit lui-même le droit auquel il se soumet. Si on n'est pas autonome, si on est...
Si on n'est pas autonome, on est hétéronome, c'est-à-dire qu'on subit la loi écrite
par quelqu'un d'autre. Or, c'est précisément la situation dans laquelle nous sommes, aujourd'hui.
Quelle est la situation... et je n'exagère pas. Je pense que vous seriez capables de dire exactement la même chose que moi,
il n'y a pas de difficulté. Quel est le régime, quels sont les pouvoirs qu'ont les humains
- je ne dis pas électeurs, citoyens -, que les humains vivant dans le régime actuel, qu'on appelle fallacieusement démocratie...
Quels sont les pouvoirs qu'on nous laisse ? Nous avons le droit, tous les cinq ans, de désigner
un... des maîtres politiques, des maîtres politiques, qui vont tout décider à notre place pendant cinq ans.
Ils vont tout décider à notre place. Je n'exagère pas. Quelle est la dernière fois que vous avez voté une loi ?
C'est bien eux qui vont voter les lois et pas vous. Donc, nous désignons tous les cinq ans, des maîtres politiques
parmi des gens que nous n'avons pas pas choisis. Moi je vois bien autour de moi des gens
que je ne craindrais pas et que je trouve valeureux, et qui seraient très bien pour écrire des lois, mais c'est pas eux
que je peux choisir. Ceux parmi lesquels je peux choisir, c'est vraiment des gens que je n'ai pas choisis.
Donc c'est typiquement un faux choix de me permettre de choisir entre deux affreux. En tous cas, entre deux personnes
que je n'ai pas choisies. Et pendant ces cinq ans, pendant ces cinq ans... Oui, parce que c'est pas
forcément des affreux, il peut y avoir des gens bien, mais je n'ai pas du tout de garanties là-dessus.
Et pendant les cinq ans où ces maîtres décident tout à ma place, je n'ai aucun recours dans le cas
qui n'est pas qu'une hypothèse d'école, hein, qui est une vraie possibilité,
où ils abusent de leur pouvoir, où ils mentent, ils trahissent leurs promesses.
C'est quelque chose qui peut arriver. Ça s'est déjà vu que des gens soient élus sur des promesses
et ne les respectent pas, voire même fassent le contraire de ce qu'ils avaient promis, ça...
... c'est pas... c'est pas théorique, c'est une vraie... une vraie possibilité. Et dans le cas où ça arrive,
nous n'avons, et là je pèse mes mots, je vais doucement parce que c'est fort,
nous n'avons aucun moyen institutionnel de résister à ces abus de pouvoir pendant les cinq ans.
Nous sommes priés de nous contenter de pouvoir ne pas réélire, les pauvres chéris, ne pas réélire les affreux
qui nous ont menti pendant cinq ans. Menti ou trahis. La belle punition. Alors, en fait, ce qui se passe au bout de cinq ans,
vous virez celui dont vous n'êtes pas content parce qu'il vous a trahi, mais ce qui se propose au choix,
c'est lui ou le traître d'il y a cinq ans que vous avez viré parce qu'il vous a trahi les cinq années d'avant,
et que vous êtes obligé de reprendre parce que vous n'avez le choix qu'entre ces deux-là. J'exagère ou bien...
ou bien... Je n'exagère pas, je crois qu'on est vraiment dans le cas de figure. Alors c'est vrai
qu'il y a des petits... des petits outsiders, qui pourraient normalement, si on n'était pas bêtes...
ils nous sauveraient. Si on votait, c'est de notre faute quand même ; c'est nous qui votons pour ces affreux,
c'est toujours les mêmes ! Bon, n'empêche que... c'est vrai hein ? Mais le fait est que depuis 200 ans, puisque ça fait 200 ans
qu'existe le gouvernement représentatif. Ça fait 200 ans que... depuis la Révolution française, 1789,
1776 aux États-Unis, ça fait en gros deux siècles que nous pratiquons le « suffrage universel ». Et encore,
je mets des guillemets, parce que ce sufffrage universel, c'est ce dont je vous parlais, c'est-à-dire que ça consiste
à désigner des maîtres, parmi des gens qu'on n'a pas choisis et sans avoir moyen de résister
quand ils font pas ce qu'ils avaient promis ou ce qu'on attendait d'eux. « Ah mince on s'est trompés ! »
Eh bien vous vous êtes trompés, tant pis, vous allez en prendre pendant cinq ans. Il n'y a pas moyen
de résister. Donc suffrage universel... Moi, j'imagine autre chose. Suffrage universel, nous serions ici...
Alors, on est à Lyon, nous serions... dans le cinquième, je crois ; nous sommes l'assemblée
du cinquième arrondissement de Lyon et nous allons voter nos lois. Donc il y a les tirés au sort qui ont préparé...
... les lois sur les sujets de l'ordre du jour. On est au courant parce qu'il y a un ordre du jour, donc on a préparé un peu.
On est 6 000... On va pas discuter à 6 000, hein, mais par contre on a préparé le truc et on va voter.
On ne discute pas pendant l'assemblée, mais on va voter. On va dire : « Ça je suis d'accord ; ça je suis pas d'accord. »
Et c'est ça le suffrage universel... Enfin, il me semble que le vrai suffrage universel
dans une vraie démocratie... Donc, il faut comprendre que dans certains cas je vais dire « suffrage universel »
avec des guillemets : c'est celui d'aujourd'hui. Je vais dire « démocratie » avec des guillemets quand c'est aujourd'hui.
Et puis quand je vais vous parler de la vraie démocratie, je vous parlerai de démocratie
et de suffrage universel, mais, voilà, dignes de ce nom. Donc, aujourd'hui, on voit des gouvernants...
... qui ne servent pas l'intérêt général, qui servent l'intérêt d'une tout petite caste. Toute petite caste,
ultra riche. On voit que nous ne pouvons pas résister et que, en fait, en fait de démocratie,
nous n'avons pratiquement aucun autre pouvoir que celui de désigner des maîtres, ce qui est quand même...
... même pas le minimum, même pas le minimum, quoi, hein... En tout cas, on est très très loin du mot « démocratie ». Tout ça,
c'est... pas du tout, c'est... ça tombe pas du ciel, c'est pas une loi divine. Oui, ça se passe comme ça
partout dans le monde, c'est vrai. Enfin il y a pire, hein, il y a des dictatures, c'est encore pire.
D'accord, d'accord, je sais ça. Mais, on n'a pas... le choix n'est pas que entre dictature épouvantable,
militaire avec... on jette les gens en prison, on les torture, et puis le gouvernement représentatif
dans lequel les banques nous condamnent aux travaux forcés... Il y a d'autres branches à l'alternative.
Il y a d'autres possibilités. D'autres possibles, vraiment, vraiment ! Pourtant, dans tous les pays du monde,
et à toutes les époques depuis 200 ans, les Constitutions, qui sont les textes dans lesquels sont programmés
cette impuissance. Donc ça tombe pas du ciel, c'est écrit quelque part notre impuissance.
Le fait que nous ne pouvons qu'élire des maîtres parmi des gens qu'on n'a pas choisis, et contre lesquels
on ne pourra rien faire quand on sera pas contents - c'est ça la situation actuelle -, c'est écrit quelque part.
C'est écrit quelque part. Dans un texte, ultra important, dont tout le monde se fout.
On a à la fois le problème, là, et la solution. Parce que le jour où on va arrêter de s'en foutre,
ça va... tout va changer. Pour plusieurs raisons. On en parlera quand on sera à la fin,
sur les solutions, mais pour plusieurs raisons ;
vous allez voir qu'il y a plein de raisons d'être optimistes là-dessus, parce que...
En plus, ça va nous réunir ; c'est-à-dire que là on est divisés, on va... C'est une chose simple qui...
... pour laquelle il faudrait se battre. Je vous en parlerai à la fin. Donc, pourquoi est-ce que
dans toutes les Constitutions du monde, on voit programmée la même impuissance des peuples, à quelques riens près.
En Suisse, ils sont moins impuissants quand même, hein. En Suisse, il y a quand même l'élection avec les faux choix...
... mais ils ont une arme que nous n'avons pas, et qui existe dans quelques pays, qu'il faut connaître,
qui s'appelle le référendum d'initiative populaire. Tout le monde ne sait pas ce que c'est,
pourtant ça parle, c'est bien dit, référendum d'initiative populaire ça dit bien ce que ça veut dire...
Je vais vous donner un exemple, vous allez voir, comme ça... vous aurez compris très vite. L'année dernière,
nos parlementaires ont commencé la destruction de notre régime de retraite... Il y a une autre conférence,
c'est un autre sujet. Là on va parler de démocratie, mais une conférence sur la dette et le financement de l'économie.
Et dans le financement de l'économie, il faut que je parle de la... de la retraite, et là je prends le temps
de détailler. Ce soir j'aurai pas le temps.... enfin, sauf si dans les questions ça vous intéresse,
on en parlera. En tout cas, l'année dernière, nos parlementaires, les gens qui nous représentent,
les gens qu'on a élus, enfin nos maîtres, quoi, hein... C'est plus clair quand on dit nos maîtres que nos élus...
Nos maîtres ont commencé à dézinguer, à détruire notre système de retraite, en passant
l'âge de retraite à 62, mais vous savez que l'objectif, c'est 70, 72, 74... Donc, ils ont commencé,
ils sont passés à 62. Qu'est-ce qu'on a pu faire pour résister ? On est descendus dans la rue, on était des millions.
Ils s'en tapent totalement ! Ça c'est clair, ils s'en foutent complètement. Avant on avait des acteurs politiques
qui avaient un peu de vergogne... C'est important le mot « vergogne » ; je ne vais pas arrêter
d'ouvrir des parenthèses, excusez-moi, mais « vergogne » c'est un mot super important... Un mot que...
... dont j'ai découvert l'importance. Bon, on sait tous ce qu'est la vergogne, en gros...
... mais il y a un petit bouquin : « La démocratie », une très bonne anthologie, Bruno Bernardi, c'est un petit bouquin
très léger qu'on peut garder dans ses poches tout le temps, et dans lequel j'ai trouvé... Je vais vous le lire,
vous allez voir. Je vais vous lire un passage. « La vergogne, c'est l'importance
que nous donnons à l'opinion des autres. » Il y a des gens qui ont de la vergogne, il y a des gens qui sont gênés
quand les autres, quand il y a un regard réprobateur sur eux. Il y a des gens qui ont envie de se donner du mal
pour le bien commun quand il y a un regard... bienveillant qui se porte sur eux et reconnaissant.
Ceux-là ont de la vergogne. C'est bien pour la cité, c'est bien pour vivre ensemble. Par contre, ceux qui n'ont pas de vergogne,
ceux qui n'attachent aucune importance au regard des autres, qui se foutent pas mal
qu'on soit malveillant, qu'on ait un regard malveillant, un regard réprobateur, ils s'en foutent totalement,
ils n'ont pas de vergogne. Vous êtes reconnaissant, pas reconnaissant, de toute façon
c'est pas leur problème, c'est pas ça leur moteur, c'est autre chose. Alors, je vais vous dire ce que Platon
expliquait dans... C'est dans « Le Protagoras », je crois... Il fait parler Zeus, hein : « Donc Zeus répondit... »
Je passe... il faudrait le lire en entier, mais je... je vous dis juste le petit passage qui m'intéresse.
« Qu'on mette à mort comme un fléau de la cité, l'homme qui se montre incapable de prendre part
à la vergogne et à la justice. » Bon, ils étaient un peu brutaux à l'époque, hein ?, mais on n'est pas obligés de faire pareil
aujourd'hui. Mais on peut, on pourrait quand même faire attention dans le choix des gens qui nous représentent
ou des gens qu'on écoute, des gens qui... On devrait apprendre à l'école, d'abord à développer
notre vergogne, c'est-à-dire à donner de l'importance au regard des autres, et puis... à utiliser ce critère
- est-ce qu'il a de la vergogne ou pas ? Est-ce qu'il a de l'empathie ou pas ? Est-ce qu'il est capable
de se mettre à la place des autres ? - dans l'évaluation des gens. Parce que pour l'instant,
je ne sais pas si vous avez remarqué, mais pour faire de la politique et devenir le Président de la République,
il y a besoin de rien, pas de diplômes du tout ; il y a pas besoin, y'a pas d'examens, y'a pas...
On n'a rien vérifié quoi, hein. On a juste vérifié que c'était le plus menteur, le plus coriace, le plus...
... le plus assassin, le traître qui est capable de tuer tous ses amis pour arriver au sommet du parti
qui va le monter au pouvoir. Finalement, le système de filtre des partis, il fonctionne comme si...
... il nous sortait les pires, on a l'impression. Enfin, bon. Je développe pas parce que je veux pas faire le complotiste, le paranoïaque...
Comment ils disent ? Le conspirationniste. Donc je continue. Pourquoi je parlais de la vergogne ?
Quand j'ouvre des parenthèses, je perds mon fil... Je parlais de l'exemple suisse... les retraites...
Ah oui, voilà, voilà ! Merci ! Heureusement que je vous ais. Donc, nos élus, nos maîtres, donc, n'ayant rigoureusement aucune vergogne,
alors qu'ils venaient... un an avant de dire : « Non, la retraire on n'y touchera pas ! »... Notre Président de la République...
... un an ou quelques mois avant disait : « Non, non, mais la retraite il n'est pas question d'y toucher,
vous m'entendez ? Il n'est pas question d'y toucher, je n'ai pas reçu le mandat d'y toucher,
donc je n'y toucherai pas. » L'année d'après, il commence à la déglinguer, en disant... - l'année d'après
ou un ou deux ans après - il la déglingue en nous passant déjà à 62 ans, et puis ça va se dégrader encore.
Qu'est-ce qu'on a pour résister ? Rien ! On descend dans la rue, on blablate, on bavarde... C'est pas une démocratie.
C'est un gouvernement représentatif, gouvernement prétendument représentatif.
Moi, je fais la grève du mot démocratie, je n'appelle plus ça démocratie. Vous allez voir, je vais vous citer
une citation de Sieyès... Parce qu'on va nous dire : « Non mais ça s'est dégradé ; c'était une démocratie au départ
et puis petit à petit on a des problèmes, on n'arrive pas à garder le... on n'arrive pas à garder...
... la qualité du régime. » Je suis en train de chercher mon document, en fait, pour vous lire la citation.
C'est pas vrai, c'est pas vrai, c'était pas une démocratie au départ du tout. Pas du tout du tout ;
pas du tout du tout du tout. Depuis le début, ils savent très bien que c'est pas une démocratie. Il savait très bien Sieyès.
Sieyès c'était un abbé, en 1789... qui était un des plus grands penseurs de la Révolution française.
Quelqu'un qui a écrit « Qu'est-ce que le Tiers état ? » Vous savez, le Tiers état, il y avait, à l'époque
il y avait... Donc il y avait le roi, et puis il y avait les nobles qui avaient l'interdiction de travailler.
Donc eux ne travaillaient pas du tout, jamais. Et puis il y avait le clergé ; le clergé
il travaillait pas non plus. Il priait. Et ces gens-là exerçaient le pouvoir, et ils avaient tous les privilèges,
et puis il y avait tous les autres qui étaient... Alors, le Tiers état... En fait, quand Sieyès parlait du Tiers état,
il parlait pas du Tiers état, il parlait du 1 % dans le Tiers état, ce qui n'est pas du tout pareil en fait,
hein. Il faut comprendre que la Révolution française, elle a été faite par le 1 % du Tiers état.
Donc les gens très riches, qui étaient... qui en avaient marre de voir le roi, les nobles
et le clergé exercer tous les pouvoirs alors qu'ils avaient même pas d'argent ; ils étaient pauvres
par rapport à eux. Eux, ils étaient en train de devenir très très riches et ils voulaient le pouvoir.
Et en fait, ils ont organisé des famines, donc ça s'appelle les guerres du blé, les guerres des farines,
dans les deux ou trois ans qui ont précédé la Révolution française, pour soulever... pour que le peuple
n'en puisse plus, quoi, ça suffit, quoi, et qu'ils rejettent, qu'ils abattent les pouvoirs anciens
pour prendre la place. C'est ça qui s'est passé et Sieyès était un des penseurs, non pas représentant toute... Alors il parlait
au nom du peuple... C'est Talleyrand, cette crapule de Talleyrand qui disait : « Agiter le peuple
avant de s'en servir. » J'ai dit cette crapule... J'arrête pas d'ouvrir des parenthèses... Je dis cette crapule
parce que je suis en train d'écouter Guillemin, Henri Guillemin ; il faudrait que vous notiez quelque part.
Il faut absolument découvrir Henri Guillemin. Vous cherchez sur Internet, c'est facile.
Vous cherchez « Henri Guillemin - Napoléon » ou « Henri Guillemin - La Commune », ou « Henri Guillemin - 1914 - 1918 »,
ou « Henri Guillemin - 1939 - 1945 ». C'est pas « Les Dossiers de l'Histoire », c'est à la manière
des « Dossiers de l'Histoire ». C'est un gars... un gars... un vieux monsieur, je crois qu'il était Français...
C'est sur un site suisse, il a habité en Suisse, mais je crois qu'il était Français. Et vous allez adorer. C'est un...
... un gars d'une loyauté, il est d'une honnêteté, d'une gentillesse, il est parfait cet homme-là.
Et un bosseur, il connaît le sujet et il défend la cariatide ; la cariatide, c'est nous, c'est le peuple,
c'est les gens qui travaillent, c'est les 99 % qui portent... cariatides, c'est les statues qui portent
et qui portent tous les autres, les nobles, le clergé, le prince, et puis les 1 % qui ont pris le pouvoir en 89.
Et il nous explique... Il nous explique dans des petites conférences télévisées, donc c'est des vidéos
d'une demi-heure, c'est court ; ça s'écoute en voiture, ça se télécharge, ça s'écoute en voiture...
Bon, on regarde pas la vidéo, on l'écoute en voiture... C'est très très bien la voiture pour écouter
des conférences, je vous recommande, hein. Alors, c'est compliqué à télécharger, le mettre sur un appareil,
ensuite le brancher sur... Bon, il faut investir là pour que ça marche ce truc, mais ça vaut le coup après,
parce que quand vous avez un trajet d'une demi-heure, d'une heure, d'une heure et demie, deux heures,
vous le voyez pas passer, c'est une merveille ce truc. Alors, si vous écoutez Guillemin, il va vous expliquer la...
... la création du gouvernement représentatif, c'est-à-dire le régime dans lequel nous sommes aujourd'hui.
Il va vous expliquer Bonaparte qui assassine la Révolution française... qui tue les espoirs du peuple
nés à l'époque de Robespierre, [17]92-94, quoi... Il y a deux ans pendant lesquels le peuple a été défendu,
et après ça c'est thermidor et c'est le début de la contre-révolution avec la république bourgeoise,
la république des riches pour les riches. Mais ça c'est un mot, on dirait un slogan de marxiste
ou d'anarchiste, ou de... Enfin, j'utilise des étiquettes qu'on utilise d'habitude, des étiquettes infamantes,
là, qu'on utilise pour dire : « C'est tous les mêmes ! » Oui, je sais ça, mais écoutez Guillemin, vous allez voir.
Il n'est pas marxiste du tout ; lui il est chrétien... c'est pas un marxiste. Mais il donne
les mille exemples, les exemples qui ne trompent pas, qui permettent de comprendre qui commande depuis 200 ans
dans cette soi-disant démocratie qui est pas du tout une démocratie. Alors, avec Guillemin vous allez voir que...
... y a pratiquement pas d'exception, c'est-à-dire que pendant 200 ans c'est tout le temps les riches,
tout le temps les riches qui ont fait la pluie et le beau temps, y compris les guerres.
Et que quand on est allés se faire tuer, enfin quand nos parents sont allés se faire tuer, c'était...
... c'était pas du tout pour la patrie, pas du tout du tout, pas du tout du tout, c'était pour la banque et les affaires.
Alors, juste une citation, et vous allez voir, elle paie. Parce que, tous les jours, je répète, tous les livres,
nous rappellent qu'aujourd'hui on est en démocratie. Ça, c'est avoir mis un mot à l'envers.
On a pris le mot « démocratie », qui est un très beau mot ; c'est un mot super important ! Pendant 200 ans à Athènes,
ils ont tiré au sort, ils ont vécu en démocratie, pendant 200 ans, c'est les 99 % qui commandaient,
et les 1 % de riches qui n'ont jamais, jamais, ils n'ont commandé ! Pendant 200 ans à Athènes,
dans une vraie démocratie... Je vous fais pas perdre votre temps avec un truc qui n'a pas d'enjeu.
Il y a un vrai enjeu. Aujourd'hui, on est dirigés par les 1 % parce qu'on n'est pas en démocratie. Donc si on accepte
d'appeler démocratie le régime qui pose problème... Si on appelle du nom de la solution, le problème,
on s'interdit de formuler la... on s'interdit de la concevoir, on s'interdit de vouloir la solution.
Vous comprenez ? C'est super important le travail sur les mots. Donc, ils ont réussi à mettre le mot démocratie à l'envers,
c'est-à-dire à nous faire appeler démocratie un truc qui dès le départ n'était pas la démocratie.
Alors, c'est important que je puisse vous donner les armes dans la discussion,
qui vont vous permettre ensuite... parce que, quand vous allez sortir, vous allez voir, ils croient tous
qu'on est en démocratie, et puis ils y croient dur comme fer ; c'est normal ça fait 50 ans qu'on nous dit :
« Démocratie égale élection, élection égale démocratie...
Voilà, ce pays sort de la tyrannie et arrive en démocratie. » On est, on est...
On nous rebat les oreilles avec ce refrain depuis des dizaines d'années ; ça laisse des traces.
Donc... vous allez voir qu'il faut un moment pour se désintoxiquer... Je pense que, vraiment,
cette citation, vous allez voir qu'elle vaut son pesant de poils à gratter. Vous allez voir. C'est Sieyès qui parle,
donc un des grands penseurs, un des plus grands penseurs de la Révolution française, quelqu'un qui a gagné thermidor,
qui a assassiné Robespierre, qui a mis en place le gouvernement des riches après.
Avec cet enfoiré de... on ne dit pas ça, avec ce salaud de... avec ce... coquin de Benjamin Constant,
cette crapule de Talleyrand, ce... ce voleur, cet aigrefin de Napoléon, enfin, etc. Alors, qu'est-ce que disait Sieyès ?
Écrit, hein, discours en 1789, donc c'est pas du tout caché, c'est très très clair.
Ouvrez les guillemets, Sieyès, par l'abbé Sieyès : « La France n'est pas une démocratie et ne saurait l'être. La... »,
Alors là je suis en train de me tromper de... Enfin celle-là elle est pas mal aussi, hein :
« La très grande pluralité de nos concitoyens n'a ni assez d'instruction, ni assez de loisirs
pour vouloir s'occuper directement des lois qui doivent gouverner la France, leur avis est donc
de nommer des représentants. » Mais j'en ai une meilleures de citation, où est-ce que je l'ai mise ?...
Alors, Chouard, qu'est-ce que t'as fait de ton truc, là ? Bon, je la retrouve pas... Elle est bien vous allez voir...
Vous allez attendre un peu, mais vous allez voir...
Ça fait du bien quand il s'arrête...
Alors, c'en est une autre de Sieyès, parce qu'il le disait... il le répétait sur tous les tons, hein !
C'était un refrain, mais qui variait... Alors on est partis, ouvrez les guillemets : « Les citoyens
qui se nomment des représentants », qui se nomment à eux-mêmes « des représentants renoncent
et doivent renoncer à faire eux-mêmes la loi. Ils n'ont pas de volonté particulière à imposer. » Là il parle des autres, hein,
parce que lui il sait qu'il est élu et qu'il va écrire les lois, hein. « S'ils dictaient », les citoyens,
« S'ils dictaient des volontés, la France ne serait plus cet état représentatif, ce serait un état démocratique.
Le peuple, je le répète », c'est Sieyès qui parle, je vous promets, « dans un pays qui n'est pas
une démocratie (et la France ne saurait l'être) », ça peut pas être plus clair, « le peuple ne peut parler,
ne peut agir, que par ses représentants. » Moi, je trouve que c'est quand même... ça a le mérite d'être clair.
C'est-à-dire que quand on nous dit que c'est une démocratie, on se fout de nous.
C'est-à-dire ce sont des élus qui ont mis en place un système où on élit les représentants, c'est-à-dire eux.
C'est-à-dire qu'ils ont mis en place un système qui les mettait, eux, au pouvoir. Donc, c'est sûr que si on demande
à des futurs élus, des gens qui se projettent dans l'avenir et qui sentent qu'ils vont être candidats
et qui vont très probablement être élus, parce que à l'époque, la plus grande partie de la France
était analphabète, hein, donc il n'y avait pas beaucoup de candidats. Et donc ça se comprend que des élus à l'époque
aient décidé de choisir l'élection. D'ailleurs, on peut peut-être leur faire le crédit de penser que...
Effectivement, à l'époque, comme l'éducation n'était pas encore aussi développée qu'aujourd'hui,
il n'y avait peut-être pas d'alternative. Il fallait désigner parmi une petite élite qui était pas nombreuse ;
peut-être à l'époque, admettons ! En fait, quand vous voyez, quand vous écoutez Guillemin,
quand vous voyez ce qu'ils ont mis en place, mais tout de suite après là... Napoléon, et puis la Restauration...
C'était pas parce qu'ils pouvaient pas faire autrement, c'est parce qu'ils voulaient la place et le fromage.
C'étaient des millions, des millions, des millions de l'époque, des millions, des sommes colossales...
... qu'il s'agissait de prendre à la cariatide. Donc... Qu'est-ce qui fait que dans tous les pays... Parce que là c'est la France,
mais c'est comme ça partout dans le monde, hein. Partout dans le monde, les Constitutions programment l'impuissance des peuples...
- Presque partout. - Presque partout. Bah oui, mais presque partout. C'est vrai, merci.
C'est pas un complot... C'est pas un complot partout dans le monde, à toutes les époques, depuis 200 ans.
Non, non, c'est pas ça, c'est autre chose. Il y a une raison qu'il faut chercher, qu'il faut comprendre.
Si on comprend la raison... Formuler un problème, c'est l'avoir à moitié réglé. Si on arrive à trouver
la vraie raison, on est vraiment sur la voie de régler nos problèmes. C'est mieux que ça...
Je vais vous donner ma méthode. Et je l'ai pas inventée, je l'ai piquée à quelqu'un qui est formidable. Ce quelqu'un
c'est Hippocrate, donc il y a 2 500 ans. 2 500 ans, je crois que c'était à l'époque d'Athènes. Hippocrate,
un médecin, nous a laissé une toute petite phrase que je trouve, pas importante, que je trouve
extrêmement importante et utile. Une phrase qui... Moi, maintenant elle fait partie de mes rouages,
elle fait partie de ma mécanique intellectuelle. Cette phrase d'Hippocrate qui était médecin...
Son conseil qu'il nous a laissé c'est : « Cherchez la cause des causes. »... Ça, je vais bientôt commencer à écrire dans mon bureau des...
... des aphorismes, des grandes phrases, celles qui comptent, là, vraiment les plus fortes,
les plus importantes. J'ai découvert que Montaigne faisait ça et je trouve que c'est une idée formidable ça.
C'est-à-dire que si dans notre salon on mettait : « Pas de démocratie sans tirage au sort. » La prochaine fois
que vous recevez des invités, il y a un poster dans votre salon, juste au-dessus de l'aquarelle
il y a : « Pas de démocratie sans tirage au sort. » La prochaine fois que vous recevez des amis,
vous allez voir, vous parlerez moins de... de la recette, de vin, de foot, de people, de...
de ce dont ils nous ont parlé à la télé ; mais on s'en fout ! « Pourquoi t'as écrit ça, là ? »
Et puis vous allez avoir un sujet de conversation qui va être...
Donc... dans les aphorismes que je vais mettre, je pense que je vais...
... dans les premiers je vais mettre : « Cherchez la cause des causes. »