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[Malala Yousafzai] Je vous remercie de me donner l'occasion de m'exprimer.
Cette journée est particulière pour moi et pour nous.
C'est la journée des filles,
l'occasion de défendre nos droits.
Nous défendons l'égalité,
l'égalité des droits entre garçons et filles.
L'éducation doit être obligatoire dans le monde entier,
notamment dans les pays en développement, pour tous les enfants.
Les États et les organisations doivent accorder la priorité à l'éducation,
parce que c'est la solution à tous les problèmes rencontrés par les enfants.
Faisons entendre notre voix et luttons,
avec des livres, des stylos, en criant nos revendications.
C'est pour moi un grand honneur de pouvoir inspirer la Banque mondiale.
Je suis ravie que la Banque mondiale se mobilise autant.
Mais je veux que toutes les organisations privilégient l'éducation,
parce que ce droit est fondamental.
Quand on éduque un enfant, on ne fait pas que l'éduquer.
C'est une réponse à la pauvreté, au travail et au trafic des enfants.
L'éducation change les mentalités.
Ceux qui se livrent au terrorisme,
ceux qui pensent comme des terroristes,
ils ont été éduqués à penser comme ça.
Alors à présent, il faut changer les mentalités de la nouvelle génération.
Nous devons les ouvrir au monde et leur parler de paix.
Nous devons leur faire connaitre la tolérance.
Je suis convaincue que l'éducation est indispensable.
Si les institutions, notamment la Banque mondiale, œuvrent pour l'éducation
si elles accordent une priorité absolue à cette cause,
pour moi, ce serait formidable.
Le lien entre pauvreté et éducation est très simple.
Une famille dans la nécessité, qui n'a pas d'argent,
envoie les enfants travailler.
Les enfants sont contraints à ramener de l'argent à la maison et ils ne peuvent pas aller à l'école.
Voilà comment l'éducation et la pauvreté sont liées.
Si nous aidons les familles à percevoir un revenu,
ce qui est pour moi une nécessité première,
c'est la meilleure manière d'aider les familles,
pour qu'elles n'aient pas à envoyer leurs enfants travailler toute la journée et manquer l'école.
La pauvreté est un vrai fléau qu'il nous faut combattre.
Je voulais vous féliciter du prix Sakharov que le Parlement européen vous a décerné,
c'est un prix très prestigieux pour les droits de l'homme.
Vous avez manqué d'une courte tête le prix Nobel ce matin,
et je vous félicite aussi pour cette nomination exceptionnelle.
[Malala] Chaque prix que je reçois, chaque distinction sont importants pour moi
parce qu'ils viennent appuyer ma campagne pour l'éducation des filles.
Ce qui m'a touchée le plus dans cette nomination,
c'est que ce sont les gens qui m'ont désignée.
Les habitants de Swat et du Pakistan ont fait entendre leur voix.
Ils portaient des affichettes Tous avec Malala. Ils m'ont soutenue.
Les gens du monde entier disaient que je méritais ce prix.
Moi, je pense que je ne le mérite pas.
Mais quand je vois l'amour des gens, quand j'entends leurs prières,
quand je vois leur soutien, je me sens très honorée.
Que le prix Nobel de la paix me soit décerné ou non,
cela n'a pas beaucoup d'importance.
Ce qui m'a rendue follement heureuse, c'est que les gens m'aient nominée.
Ces preuves d'amour sont tout pour moi.
Aujourd'hui, ma voix est entendue et elle porte.
Qu'aimez-vous faire dans la vie, à part parler au nom de millions d'enfants dans le monde ?
J'ai peu de temps à moi, mais quand je suis à la maison,
j'aime bien faire mes devoirs.
La télé, ça ne me plaît plus, mais je la regardais beaucoup au Pakistan.
Ce que j'aime bien aussi, c'est me disputer avec mes frères.
C'est eux qui commencent. C'est jamais moi.
Je vous assure.
Et ils sont très méchants.
Hors de chez moi, de notre famille,
on me respecte, on me traite avec égard, on me soutient,
mais à la maison, c'est une autre histoire.
L'autre jour, on se chamaillait, et mon frère m'a lancé :
Malala, tu as pardonné aux talibans. Pourquoi tu ne me pardonnes pas ?
Voilà mon quotidien à la maison.
C'est comme… c'est la routine.
Mais je suis très heureuse du soutien que je reçois en faveur de l'éducation.
Si je manque un programme télé ou que je ne peux pas jouer au cricket comme tout le monde,
ça me va, parce que j'ai un objectif extraordinaire,
qui vaut bien que je sacrifie un peu de mes loisirs.