Tip:
Highlight text to annotate it
X
Floresmiro Rodríguez Mazabel, Colombien et originaire de l'ethnie des Yalcones
retourne après plus de 40 ans aux endroits où il naquit et grandit,
pour transmettre sa mémoire à son fils Nabil, qui a toujours vécu à Bogota.
Le propos de venir ici
et faire le « Paw-waw » aujourd'hui, la célébration, la dance... tu te souviens?
c'est pour se rappeler des « paisanos ».
La dance Yalcón
Vallée de la rivière Magdalena Colombie, Amérique du Sud
Réserve indigène Pijao Totarco Dinde, Tolima
Est-ce que la « chicha » est savoureuse?
Celle-ci est très savoureuse!
Coca, le safran et le tabac...
- Et le tabac, et l'ail. - Ah, et l'ail.
- C'est comme quatre... - Quatre plantes.
Et les frotter, les prendre et les frotter le matin...
On utilise beaucoup le tabac ici?
Enfin, presque plus.
- Non plus? - Non, presque plus.
- Mon père est de Purificación - Vraiment?
- Mi père d'origine Pijao. - Vraiment?
Et je suis du Huila, je suis Yalcón.
Ma mère est descendante de « La Cacica Gaitana »
« La Gaitana ». Je ne sais pas si vous avez entendu parler d'elle?
Une « cacique » qui a vécu il y a longtemps et était une femme très forte.
- Vraiment? - Elle vivait dans Timaná, une ville là-bas.
Et elle... comme...
- Elle était la cheffe de tous les « paisanos » là-bas.
Comme disons un gouverneur qu'ils élisent.
exactement
Oui, « c'est ce que je vais vous comprendre ».
Mmh, comme un gouverneur... mais cette femme...
Elle... et alors? Est-elle morte déjà?
Oui, c'était quand les Espagnols sont venus.
... ah, que lorsque les prêtres « franciscanes » venaient
les prêtres «Je ne sais pas quoi», on m'informe
ils allaient baptiser toutes les personnes.
Alors les gens disaient « Non, ils viennent nous tuer. »
« Cachons-nous, creusons des trous dans le sol »,
« creusons des trous dans les collines »
« pour se cacher, parce que ce n'est pas pour nous baptiser. »
« C'est pour tuer. »
- Ils mouraient asphyxiés. - Oui
- Et pourquoi mouraient-ils asphyxiés? - Parce que l'air ne pouvait pas y arriver.
Monument à « La Gaitana ». Rodrigo Arenas Betancur
La Gaitana
Nous sommes un peuple asservi.
Nous n'avons pas à écouter ce que ces blancs nous disent.
Protégeons notre tribu. Prenez vos armes et au COMBAT!
À l'époque a laquelle il y a plusieurs années
certaines personnes qui étaient de l'Europe,
appelées « Espagnols »,
ils sont arrivés à ces terres par la rivière Magdalena.
Et après, ils ont décidé de venir plus près
dans un territoire appelé « Tamá » ou « Timaná ».
Et à Timaná vivait cette femme appelée « La Gaitana ».
Ensuite, les fils de La Gaitana dirent
qu'ils n'allaient pas payer à certains étrangers
parce qu'ils étaient originaires de cet endroit, et ils ne veulent pas payer cela,
parce que ces terres leur appartenaient.
Ici, ils pêchaient,... Quoi d'autre? Que pensez-vous qu'ils faisaient?
chassaient,... faisaient de l'artisanat,...
Désert de la Tatacoa, Huila
Regarde, je peins.
- Et qu'est-ce la Ceiba? - La Ceiba est cet arbre, regarde. Regarde attentivement.
C'est l'arbre de la ceiba.
Et regarde, petits oiseaux y vivent.
Qu'est-ce « guacharo »?
« Guacharo » est un grand oiseau qui vit ici à Huila
et appartenait aux Yalcones.
- Et ici c'est... Huila? - Oui, ici c'est le Huila.
De celui-ci, le sel est extrait, sel pour manger.
Et comment est le sel retiré?
Les feuilles sont écrasées, puis brûlées.
- Et comment sont-elles écrasées? - On les écrase comme ça...
- Cette feuille est amère. - Amère? - Oui.
Peut-on manger les amères?
Non, pas les amères. Les douces sont celles qu'on peut manger.
Et pourquoi pas celles-là?
Parce que celles-là... Regarde, celle-ci aussi. Celle-ci est odorante.
- Et peut-on la manger? - On peut se baigner avec celle-ci.
Et celles-là, à quoi servent-elles?
Ces feuilles, par exemple, celle-ci est appelée « escoba »
Celui-ci est... regarde.
Tu veux sentir?
Et qu'est-ce Pericongo?
Pericongo est un endroit où
La Gaitana et de nombreux paisanos allaient faire des rituels, ils faisaient des danses
et ils dansaient et jouaient du tambour. - Et pourquoi jouaient-ils du tambour?
Ils faisaient des rituels... et dansaient avec force,
de façon que leur corps et leurs jambes soient forts.
Et pourquoi faisaient-ils cela?
Ils dansaient comme ça pour avoir beaucoup force pour courir par les montagnes.
- Et pourquoi par les montagnes? - Parce que ils vivaient là-bas, sur les montagnes.
Et ils emportaient beaucoup de maïs,
ils portaient du miel, et beaucoup de nourriture,
donc ils devaient être très forts.
La Gaitana... et aussi parcourait les rivières.
Oui, elle voyageait en radeaux par la rivière, la rivière Magdalena.
Elle avait l'habitude de sauter d'un endroit très élevé.
Elle a nageait là, sortait à la nage, parce que c'est très profond,
et elle sortait à la terre où il y avait beaucoup d'arbres.
Avez-vous vu?
« Bienvenus à Timaná. Terre de La Gaitana »
« Timaná, dans son 450e anniversaire, pour La Gaitana ».
- Et est-ce le village où elle vivait? - C'est le village où elle vivait.
- Pourquoi se souvient-on d'elle? - Parce qu'elle fit beaucoup de choses
pour les gens. Elle a beaucoup aidé les gens.
Et où sont ses fils à elle?
Ses fils, c'est nous.
Elle est la grand-mère?
Elle est la plus grande grand-mère
Environs de Pitalito, Huila
« Bienvenue au Lac Guaytipán »
J'ai vu l'aigle.
Celà c'est ce que, avec grand-mère, nous venions écolter ici
et avec tante Rafaela.
Et vous faites quoi avec ça?
Avec ceci nous faisions des chapeaux
et aussi des matelas pour dormir.
Et la maison était là, où est la hutte
Cimetière de Pitalito
Bienvenu à San Agustín Capitale archéologique de la Colombie
Le groupe ethnique Yalcón, selon l'histoire,
selon tout ma grand-mère m'a raconté,
et tout ce que mes parents m'ont raconté,
ceux qui conservent la mémoire,
nous vivions où aujourd'hui sont établis Timaná,
Neiva, Garzón, La Plata,
Pitalito, et San José d’Isnos,
ou la vallée Laboyos.
Comme tous les cultures qui existaient avant l'arrivée des Européens,
nous avions un propos dans ce continent,
qui était la protection de l'eau et de semences,
et la gestion du territoire dans cette région.
Lorsque les Européens sont arrivés,
ils virent alors l'importance de conquérir ce territoire,
et de le mettre sous leur domaine.
Nous avons commencé à vivre cette persécution vers 1528
lorsque Pedro de Añasco, avec Belalcázar,
prirent les Yalcones et les mirent sous leur domaine.
Par exemple, ils leur imposèrent des lois pour leur faire payer de l'argent
pour vivre dans leur propre territoire.
Un des premiers réactionnaires fut Timanco,
le fils de La Cacica.
Comme il était celui qui commandait tous les procès dans ces territoires,
il fut pris prisonnier, et fut torturé et décapité
les pièces étant dispersées dans différents endroits.
Ceci fut très douloureux pour sa mère, La Cacica,
également appelée La Gaitana.
Alors elle a commença une « Minga » de la parole,
en passant par différents endroits,
par le Cauca, par le territoire des Calarcáes,
des Pijaos, des Andaquíes,
des Huitoto ou Murui,
et plusieurs autres groupes qui se joignirent
à ce mouvement.
Et de cette façon, elle put faire résistance,
et entrer en combat frontal avec eux,
et ils réussirent à gagner une bataille, et capturèrent Pedro de Añasco.
Et puis, à Timaná et à d'autres villages,
ils prirent la tête de Pedro de Añasco
... et pourquoi l'ont-ils sorti?
Cela conduit à une persécution impressionnante.
Ma mère et ma grand-mère Eustaquia
m'ont raconté qu'on disait que
ils ne voulaient pas voir une goute fleurie de sang Yalcón
Il fallait l'attaquer, il fallait la détruire.
Nous parlons du peuple Yalcón comme pratiquement éteint
parce que quand il reste très peu de gens,
ou nombreux parents qui existent encore,
mais ils ne se reconnaissent pas comme Yalcones,
ce qui est un phénomène fréquent dans ce continent.
... celui-ci appartenait à un paisano.
Celles-ci sont les jambes, et ça fait partie de la tête
et ce sont des colliers...
C'est comme un aperçu de notre Histoire,
en fait, de ce que je ressens comme Yalcón.
Car une chose est ce les personnes décrivent,
en se rapprochant à un côté de la réalité, à une interprétation des gens,
mais une autre chose est
ce que l'on ressent...
ce que l'on vit...
ce que j'ai ressenti dans mon esprit...
dans mon être...
à chaque instant... où je me déplace...
quand les gens disent « Mais est-ce que vous existez encore? »
« Est-ce que vous marchez encore? »
Eh bien, si! Et je ne peux pas trouver une façon de l'exprimer,
parce que si! Je le suis! Je le sens!
et j'essaie de récupérer ce qui reste encore:
la mémoire du territoire
de la même façon qu'on l'a fait avec moi, comme ma grand-mère l'a fait,
m'emportant au lac,
allant à beaucoup de nos endroits de pouvoir
qui sont sacrés à nous
et en nous racontant notre Histoire.
Mais, l'être ici aujourd'hui avec mon fils,
et après lui avoir raconté beaucoup de nos histoires,
et avoir fait les danses,
les danses que nous faisons, qui appartiennent à ma mémoire,
la danse du Tigre, la danse de l’Aigle.
Je suis du clan Tigre Aigle, qui est le même clan que La Gaitana,
qui est le même clan de notre famille,
et est donc le clan de mon fils.
Et l'être ici, dans ce voyage avec lui a également été un apprentissage pour moi,
et partager et lui offrir ma mémoire,
et le voir comme un bâton de ce savoir.
Puisque c'est très différent de transmettre un savoir
quand il y a une communauté, quand tout est structuré,
lorsque les gens ont leur maison cérémonielle,
et d'autre, de la façon comme je vis, avec une mémoire
à laquelle je m'accroche et je soutiens
mais que je vis dans une ville, où j'ai partagé cette mémoire avec lui
mais tout ce qu'il a appris et j'ai été capable de lui donner de mon cœur,
c'est ça: ce que je suis, ce que j'ai,
aussi simple que ça,
et j'essaie de donner un message à tous les gens
de s'accrocher à ce que l'on est
à ce que l'on a: ses aliments, sa danse, ses chants,
son mode de vie, que parfois on perd,
et s'en va dans d’autres directions que n'ont rien à voir avec notre Histoire.
- Puis-je y aller? - Nous partons maintenant.