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Notre commerce avec les hommes
consiste surtout à des critiques.
C'est pourquoi j'ai pratiquement
cessé toute fréquentation
et je vis en solitaire.
Ma vie a été vouée au travail et j'en suis fier.
Une lutte continuelle pour le pain quotidien
qui devint une passion pour la science.
Mon fils est aussi médecin et vit à Lund.
Il est marié depuis longtemps, mais n'a pas d'enfant.
Ma mère vit encore.
Elle est toujours très alerte.
Ma femme Karine est morte depuis des années déjà.
M. le Professeur est servi.
Oui, merci.
Par bonheur, j'ai une excellente gouvernante.
J'avoue que je suis un vieux maniaque
ce qui souvent est gênant
pour moi et pour les autres.
Je m'appelle Eberard Isaac Borg.
J'ai 78 ans.
Demain, je serai nommé "docteur jubilaire"
à la cathédrale de Lund.
LES FRAISES SAUVAGES
À la fin de la nuit du 1er juin,
j'ai fait un rêve étrange.
J'ai rêvé qu'au cours de ma promenade matinale
je m'étais égaré dans des rues désertes
bordées de maisons en ruines.
Êtes-vous malade ?
Servez-moi le petit-déjeuner, je prendrai la voiture.
Retournez donc vous coucher.
Café à 9 heures,
départ à 10, comme convenu.
Alors je partirai sans rien prendre !
Et qui fera vos bagages ?
Moi-même.
Et moi ?
Vous pouvez m'accompagner
ou prendre l'avion. C'est comme vous voudrez.
Et moi qui m'étais réjouie d'assister à votre promotion.
Tout avait été prévu
et voilà que vous prenez l'auto !
Si je pars maintenant,
j'ai 14 heures devant moi.
Vous allez tout gâcher !
Votre fils vous attend à l'aéroport.
Vous trouverez bien une explication.
Alors, je ne vous accompagnerai pas !
Oh, voyons, écoutez, Agda.
Prenez la voiture !
Vous allez gâcher le plus beau jour de ma vie.
Mlle Agda, nous ne sommes pas mariés.
J'en rends grâce au ciel chaque soir.
Pendant 74 ans, j'ai employé mon bon sens
et je le ferai aujourd'hui aussi.
Est-ce votre dernier mot ?
Oui.
Mais j'aurais encore beaucoup à dire
sur les vieux égoïstes
qui oublient un dévouement de plus de 40 années.
Incroyable !
Me suis-je laissé commander tant d'années ?
Je peux partir demain.
Je prends l'auto
et vous faites comme vous l'entendez.
Je ne suis plus un enfant
et je me passe de vos ordres.
Personne ne fait les bagages comme vous.
Vieux grognon !
- Voulez-vous deux œufs ? - Oui, si vous voulez bien.
Merci.
"Docteur jubilaire" !
Pourquoi pas "idiot jubilaire" ?
Je lui rapporterai quelque chose...
J'ai horreur des gens rancuniers
et moi qui ne ferais pas de mal à une mouche
et encore moins à Agda.
Du pain grillé ?
Ne prenez pas cette peine.
Pourquoi est-il fâché ?
Vous ne désirez rien ?
Non, merci.
Bonjour, oncle Isaac.
Ma chère bru, de si bon matin ?
Qui pourrait dormir au son de vos disputes ?
Quelles disputes ?
Non. Rien.
Vous allez à Lund en auto ?
Oui.
Puis-je vous accompagner ?
Tu veux rentrer ?
Oui, je rentre.
Retrouver Evald ?
Si j'avais de l'argent, je prendrais le train.
Viens donc, si tu veux.
Je serai prête dans 10 minutes.
Je t'en prie, la fumée m'incommode.
J'avais oublié.
Une loi devrait interdire aux femmes de fumer.
Beau temps.
Oui... mais il fait lourd.
- Il va y avoir de l'orage. - Je le crois aussi.
Je préfère le cigare,
c'est un vice d'homme.
Quels vices y a-t-il pour une femme ?
Pleurer, enfanter et dire du mal d'autrui.
Quel âge avez-vous vraiment ?
Pourquoi cette question ?
Pour rien. Pourquoi ?
Tu fais de l'ironie ?
Je vous en prie.
Ne fais pas semblant. Tu ne m'as jamais supporté.
Je ne vous connais qu'en tant que beau-père.
Pourquoi rentres-tu ?
Une idée, comme ça.
Il se fait qu'Evald est mon fils.
Bien sûr...
Lui comme moi, nous avons des principes.
Comme si je ne le savais pas !
- Cet emprunt, par exemple... - Je sais.
C'est une question d'honneur pour lui,
que de rembourser, etc.
Ce qui est dit est dit.
Nous ne sommes jamais libres et votre fils se tue au travail.
Tu as tes propres revenus.
Et vous, vous êtes riche comme Crésus.
Evald me remboursera,
car il me respecte.
Peut-être, mais il vous hait aussi.
Que me reproches-tu ?
- Puis-je être franche ? - Oui, je t'écoute.
Vous n'êtes qu'un vieil égoïste, sans le moindre égard pour autrui,
qui n'écoute que lui-même,
mais qui camoufle tout cela par ses bonnes manières
et son charme.
Vous êtes un égoïste
sous votre masque de philanthrope.
Mais nous vous connaissons. Impossible de nous duper !
En venant chez vous il y a un mois,
j'espérais que vous nous aideriez si j'habitais auprès de vous.
Je vous ai demandé de pouvoir rester quelques semaines.
Je t'ai dit que je t'accueillais volontiers sous mon toit.
Vous m'avez dit ceci :
"Ne viens pas à moi avec vos querelles de ménage."
"Cela ne regarde que vous."
- Ai-je dit cela ? - Plus que cela.
Vraiment ?
Exactement :
"Les douleurs de l'âme me laissent froid."
"Ne viens pas te plaindre à moi."
"Veux-tu de l'onanisme psychique,"
"va voir un charlatan"
"ou un prêtre, c'est à la mode."
Ai-je dit cela ?
Vous êtes absolu dans vos jugements.
Dépendre de vous, terrible perspective !
J'ai été heureux de t'avoir ici.
Comme un petit chat !
Chat ou créature humaine, tu es une femme bien.
Dommage que tu ne m'aimes pas !
Je n'ai rien contre vous.
J'ai pitié de vous.
Pitié ?
Je voudrais te raconter un rêve...
Les rêves ne m'intéressent pas.
Non, bien sûr.
Où est-ce qu'on va ?
Je vais te montrer quelque chose.
Nous habitions ici chaque été jusqu'à ma vingtième année.
Nous étions dix frères et sœurs. ça, tu le sais peut-être.
Est-ce encore habité ?
Pas cet été.
Je vais me baigner, comme nous avons le temps.
Le coin aux fraises des bois !
Me voilà devenu sentimental
ou peut-être un peu fatigué.
Je me sentais un peu mélancolique.
Mais il n'est pas exclu
que ces lieux, tout sonores encore des échos de ma jeunesse,
m'aient évoqué des souvenirs de cette époque.
Je ne sais comment cela est arrivé,
mais la claire réalité du jour a glissé
vers les images plus claires encore du souvenir.
Et ces images se présentèrent à mes yeux
avec l'intensité d'événements réels.
Sara !
Sara !
Je suis ton cousin Isaac.
Je suis vieux, c'est sûr.
J'ai certainement changé aussi.
Mais toi, tu n'as pas changé.
Que fais-tu, chère cousine ?
Je cueille des fraises des bois.
À qui les destines-tu
ces fruits cueillis de ta gracieuse main ?
C'est la fête de l'oncle Aaron.
Moi, j'ai oublié de lui faire un cadeau.
Alors je lui donnerai un panier de fraises.
Je vais t'aider.
Sigbritt et Charlotte ont fait une tapisserie.
Angelica, un gâteau
et Anna fait un tableau.
Les jumelles lui chanteront une chanson.
Mais l'oncle est sourd comme un pot !
Il en sera très content, idiot !
Tu as un bien joli cou.
Tu sais qu'il ne faut pas.
Qui a dit ça ?
Moi, je le dis.
D'ailleurs, tu es un ennuyeux petit monsieur.
Je suis ton cousin et tu m'aimes.
Toi ?
Viens, et que je t'embrasse.
Je dirai à Isaac
que tu cherches toujours à m'embrasser.
Pauvre Isaac ! J'en fais mon affaire !
Nous sommes secrètement fiancés.
Si secrètement que tout le monde le sait.
Est-ce ma faute si les jumelles ne tiennent pas leur langue ?
Quand vous mariez-vous ? Quand ?
Je me demande qui est le moins hautain de vous quatre.
Isaac est en tout cas le plus gentil
et toi le plus méchant, le plus ridicule
et le plus sot.
Avoue que tu as un faible pour moi.
Tu sens toujours le cigare.
C'est une odeur masculine.
Et les jumelles, qui savent tout,
disent que tu fréquentes la fille des Berglund.
Une fille vulgaire, disent les jumelles, et c'est vrai.
Que tu es belle quand tu rougis.
Embrasse-moi, je n'en puis plus.
Je suis terriblement amoureux de toi quand j'y réfléchis.
Que tu dis !
Les jumelles disent
que tu es fou des filles.
C'est vrai ?
Regarde toutes ces fraises !
Que va dire Isaac, lui qui m'aime vraiment ?
Comme je suis triste !
Tu m'as fait du mal.
Tu as fait de moi une fille perdue, ou presque.
Je ne veux plus te voir.
Du moins pas avant le déjeuner.
Il faut que je me dépêche, aide-moi à ramasser les fraises !
Regarde, j'ai taché mon tablier.
Où est Isaac ?
Papa et lui sont à la pêche
et n'entendront pas le gong.
Papa a dit de ne pas attendre.
Oui, papa a dit ça, je me souviens très bien.
Benjamin, va te laver les mains immédiatement.
Quand est-ce que tu vas apprendre la propreté ?
C'est déjà fait.
Sigbritt, passe le pain à Angelica.
Tes ongles sont sales !
Hagbart, du pain, s'il te plaît.
Ne prends pas tant de beurre.
Charlotte,
le sel est en morceaux.
Tu l'as laissé à l'humidité.
C'est de la peinture sous mes ongles !
Qui m'a cueilli des fraises ?
C'est moi.
C'est moi.
Parle plus fort. L'oncle entend mal.
C'est moi !
C'est gentil d'avoir pensé à moi.
Je te suis reconnaissant.
L'oncle a bien droit à un petit verre aujourd'hui.
Jamais quand papa n'est pas là !
Il en a déjà pris trois.
Nous l'avons vu en allant nous baigner.
Vous m'avez aussi cueilli des fraises ? Merci.
Silence, les jumelles !
Vous n'avez pas fait vos lits. Vous polirez donc l'argenterie.
Pas de réplique !
Benjamin, ne ronge pas tes ongles.
Que fais-tu, Anna ?
Tu n'es plus une petite fille.
Je voulais offrir le tableau à l'oncle.
Où est ton cadeau ?
Après le déjeuner.
Oh ! Une œuvre d'avant-garde !
Mais lequel des deux est l'homme ?
Que faisaient donc Sara et Sigfrid
au coin des fraises ?
On les a vus
de la cabine de bain !
On devrait leur coudre la bouche.
Silence ou sortez !
Et la liberté d'expression ?
Ferme-la, chenapan !
Sara rougit ! Sara rougit !
Sigfrid et Sara ! Sigfrid et Sara !
Silence à table !
Mais Sara...
Elles mentent, elles mentent !
Isaac est si bien.
Il est tellement bien,
et moral et si délicat.
Il veut que nous disions ensemble des vers
et que nous parlions sur la vie et la mort,
que nous jouions à quatre mains
et il ne veut m'embrasser que dans le noir.
Il me parle du péché,
et il est très digne.
Et moi, je me sens si indigne
et je le suis aussi sans doute.
Parfois, je me sens plus âgée qu'Isaac.
Tu me comprends ?
Je le trouve bébé
et pourtant, nous sommes du même âge.
Sigfrid est si hardi et troublant !
Je veux repartir.
Je ne veux pas être tout l'été tournée en ridicule.
Je vais parler avec Sigfrid.
S'il ne se tient pas tranquille,
papa lui donnera des devoirs de vacances.
Il trouve aussi que Sigfrid doit travailler.
Pauvre Isaac, il est si bon avec moi.
Comme tout est injuste !
Tout s'arrangera.
Elles chantent pour l'oncle.
C'est vraiment ridicule,
chanter pour un vieux sourd,
cela ressemble aux jumelles.
Un ban pour l'oncle Aaron !
Je vais au devant d'Isaac et son père.
Soudain, un sentiment de vide
et de tristesse m'envahit.
Je fus tiré de mes rêves par une jeune fille
qui me demandait quelque chose.
Est-ce ta maison ?
Non.
Tu as dit vrai
car tout appartient à papa.
J'ai habité ici il y a deux cents ans.
C'est là-haut ta carriole ?
Oui, c'est à moi.
Elle a l'air antique.
Antique comme son propriétaire.
Quelle ironie ! C'est formidable !
Où vas-tu ?
À Lund.
Parfait ! Moi, en Italie.
Quel bonheur !
Je m'appelle Sara. Idiot, n'est-ce pas ?
Je m'appelle Isaac, c'est aussi idiot.
Ceux-là n'étaient-ils pas mariés ?
Hélas, non ! Abraham et Sara l'étaient.
On les met ?
Il y a une dame avec moi.
Marianne, voici Sara.
Elle nous accompagne à Lund.
Sara va en Italie. Elle va nous accompagner jusqu'à Lund.
Toujours ironique... Mais ça te va bien.
En route !
Hop, les gars ! On part pour l'Italie !
Voici Anders et Victor.
Le père Isaac.
La poupée que vous lorgnez s'appelle Marianne.
Quelle arche de Noé !
Nous aurons de la place.
Les bagages derrière, si vous voulez bien.
Il faut que je vous avoue...
Anders est mon ami fidèle.
Nous nous aimons à la passion.
Victor nous chaperonne. Ordre du paternel.
Victor m'aime aussi.
Il surveille Anders comme un fou.
Papa est un vrai stratège.
Il me faut séduire Victor pour m'en débarrasser !
Je suis vierge, voilà pourquoi je suis si mal embouchée.
Je fume la pipe.
C'est sain à en croire Victor.
Il s'intéresse à la santé.
Un amour de ma jeunesse s'appelait Sara.
Je lui ressemble ?
Beaucoup, en fait.
Qu'est-elle devenue ?
Elle a épousé mon frère Sigfrid : ils ont six enfants.
Elle a maintenant 75 ans.
C'est dégueulasse de vieillir !
Oh, pardon.
Je viens de faire une gaffe !
Ça va ?
On n'a pas d'excuse. Tout est notre faute.
C'est ma femme qui conduisait. Pas de blessés ?
Tant mieux.
Les assassins se présentent. Alman, ingénieur
à la S.E.W.
Ma femme Bérit.
Une ancienne actrice. On était justement en train d'en parler.
Bérit, viens t'excuser.
Je vous demande pardon.
C'est de ma faute, entièrement.
J'allais le gifler
quand est venu le tournant.
Punition divine,
n'est-ce pas, Sten, toi qui es catholique ?
Remettons votre voiture sur ses roues.
Ne vous en donnez pas la peine.
Tais-toi. Il y a des gens qui sont désintéressés,
quoi que tu en dises.
Ma femme a reçu un choc.
Admirez donc monsieur l'ingénieur
comme il fait le costaud devant les jeunes.
Comme il fait des effets de muscles devant la belle !
Fais attention, mon chéri,
tu vas avoir une hémorragie cérébrale !
Elle adore me tourner en ridicule.
Je la laisse faire, excellente psychothérapie.
Je ne sais jamais si elle pleure ou joue la comédie.
Mon Dieu ! Ma parole, elle pleure pour de bon !
Elle a cru sa dernière heure venue.
Tais-toi !
Ma femme a une énorme faculté de suggestion.
Deux ans durant, elle m'a fait croire qu'elle avait un cancer.
Elle nous a tous empoisonnés avec ses soi-disant symptômes.
Même les médecins ne trouvaient rien !
À la fin, nous te croyions plus que les médecins.
Votre émoi est compréhensible
mais laissez donc votre femme en paix.
Ne touchez pas aux larmes des femmes : elles sont sacrées.
Vous, vous êtes belle, mademoiselle,
vous pouvez donc vous payer le luxe de la défendre.
J'en ai pitié pour diverses raisons.
Très sarcastique
et pourtant vous ne semblez pas hystérique !
Mais Bérit l'est. Elle est très hystérique.
Savez-vous
ce que cela veut dire ?
Vous êtes bien catholique ?
C'est ce qui m'aide à la supporter.
Je la ridiculise et elle me le rend bien.
Elle a son hystérie et moi mon catholicisme.
Vous comprenez, nous avons besoin l'un de l'autre.
Pur égoïsme que nous ne nous soyons pas déjà entretués.
Ça y est !
Une syncope, n'est-ce pas ?
Très drôle.
Avec un chronomètre, j'aurais pu prévoir la crise à la minute !
Ta gueule ! Tais-toi !
Ceci est peut-être le comble de la libération des complexes,
mais à cause des enfants,
je vous prie de descendre.
Pardonnez-nous, si vous le pouvez.
Je revis cette contrée avec des sentiments divers.
J'y ai débuté comme médecin
et ma vieille mère y habite encore
une grande maison dans les environs.
Bonjour docteur.
Vous voilà sur la grand-route ?
Le plein, je suppose ?
Vous avez la clé du réservoir ?
Eva, viens donc !
C'est le docteur Borg en personne !
Papa et maman parlent encore de lui.
Le meilleur médecin du monde !
Appelons notre rejeton comme lui.
Isaac Ackerman... ça sonnerait bien pour un président du Conseil !
- Et si c'est une fille ? - Nous ne faisons que des garçons.
Je vérifie l'eau et l'huile ?
Votre père va bien malgré son dos ?
Il vieillit
mais maman est toujours aussi allante.
Vous allez voir votre maman ?
Elle est étonnante pour ses 95 ans.
- 96. - C'est pas vrai !
Combien vous dois-je ?
Laissez donc.
Vous nous blesseriez, docteur. Nous aussi, on peut être généreux.
Mais pourquoi payer mon essence ?
J'apprécie.
Il y a des choses qu'on ne peut payer
pas même avec de l'essence.
Nous n'oublions pas.
Demandez aux gens d'ici...
Ils se souviennent tous de vous
et de ce que vous avez fait pour eux.
J'aurais dû rester.
Je ne comprends pas.
Vous avez dit que vous auriez dû rester ici.
Peut-être bien.
En tout cas, merci !
Je serai le parrain du garçon.
Vous savez où me trouver.
Au déjeuner, me sentant en forme,
je racontai
mes années de jeune médecin.
J'eus un certain succès.
Je ne pense pas qu'ils ne riaient que par politesse.
J'ai pris du vin, puis au dessert, du porto.
Quand tant de beauté partout se montre
Combien belle doit en être la source
Il veut être prêtre, et Victor médecin.
Ton lyrisme viole nos conventions
de ne pas parler de Dieu.
C'était beau pourtant.
Comment un homme moderne peut-il se faire prêtre ?
Toi et ton rationalisme desséché !
J'estime que l'homme moderne...
J'estime que...
... croit en lui-même
et en sa mort biologique.
Le reste est absurde.
L'homme moderne est de ton invention.
L'homme voit la mort avec angoisse.
Religion pour le peuple : *** pour les membres souffrants.
Ne sont-ils pas adorables ?
Avant, tu croyais au père Noël, maintenant tu crois en Dieu.
Tu n'as jamais eu d'imagination.
Qu'en pensez-vous, professeur ?
Vous m'écouteriez avec une indulgente ironie,
c'est pourquoi je me tais.
Ne seraient-ils pas malheureux, alors ?
Non, très heureux au contraire.
"où est l'ami que partout je cherche ?"
"Dés le jour naissant, mon désir ne fait que croître."
"Quand le jour s'achève..."
"Quand le jour s'achève, je ne l'ai pas trouvé encore."
"Mon cœur s'enflamme, je vois ses traces..."
Êtes-vous croyant, professeur ?
"Je sais qu'il est présent partout où la sève monte de la terre,"
"là où fleurissent les fleurs."
"L'air que je respire de son amour est plein."
"Dans le vent d'été, j'entends sa voix."
Pas mal, comme poème d'amour !
Me voilà devenue solennelle sans raison.
Je vais voir ma mère et serai bientôt de retour.
- Puis-je venir ? - Oui, bien sûr.
Au revoir, les jeunes.
Voilà l'orage.
Je t'ai envoyé un télégramme pour te dire que je pense à toi
en l'honneur de ce grand jour
et te voilà !
On a parfois ses moments lumineux.
Est-ce ta femme ?
Je ne veux pas la voir.
Elle nous en a trop fait.
Mais non, mère, ce n'est pas Karine,
c'est la femme d'Evald,
c'est ma belle-fille Marianne.
Qu'elle vienne me dire bonjour.
Pourquoi tous ces voyages ?
J'étais à Stockholm.
Pourquoi n'es-tu pas auprès d'Evald et de ton enfant ?
Nous n'avons pas d'enfant.
Les jeunes d'aujourd'hui sont curieux.
J'ai mis, moi, dix enfants au monde !
Marianne, voudrais-tu être très gentille ?
Va chercher la boîte.
Ma mère habitait déjà cette maison.
Vous veniez souvent la voir. T'en souviens-tu ?
Mais, très bien.
Voici encore certains de vos jouets.
Je ne sais plus à qui ils appartiennent.
Dix enfants. Tous morts. Sauf Isaac.
Vingt petits-enfants. Personne ne me rend visite,
sauf Evald qui vient de temps à autre.
Quinze arrière-petits-enfants que je n'ai jamais vus.
Tous reçoivent des cadeaux pour leur anniversaire.
Je reçois des lettres de remerciements,
mais pas de visite.
À moins qu'ils n'aient besoin d'argent.
Oui, je sais, je suis ennuyeuse.
Ne le prends pas comme cela, mère.
J'ai encore un autre défaut : je ne meurs pas.
L'héritage sur lequel comptent de raisonnables jeunes gens
se fait attendre trop longtemps.
C'était la poupée de Sigbritt.
Elle l'a eue le jour de ses huit ans.
C'est moi qui ai fait cette robe,
mais elle ne lui plaisait pas, alors c'est Charlotte qui l'a eue.
Je me la rappelle si bien.
Tu reconnais ? Sigfrid et toi, 3 et 5 ans.
Et moi ! Quel air on avait dans ce temps-là !
Puis-je avoir cette photo ?
Bien sûr. ça n'a aucune valeur.
Et cet album de peinture, je ne sais plus à qui il est.
Est-ce celui d'Anna ou d'Angelica ? Je ne sais plus,
elles ont toutes inscrit leur nom dessus.
Christina a écrit :
"J'aime papa plus que tout au monde".
Et Birgitta a rajouté : "Je vais épouser papa".
C'est pas drôle ? J'ai bien ri quand j'ai vu ça.
Ne fait-il pas froid ici ?
Le feu ne chauffe guère.
Non, pas spécialement.
J'ai eu froid toute ma vie. D'où cela vient-il, docteur ?
Surtout au ventre.
Trop peu de tension.
Je vais demander qu'on nous prépare du thé.
Nous pourrions bavarder.
Merci mère, nous ne voulons pas te déranger.
Regarde ici.
L'aîné de Sigfrid va bientôt avoir 50 ans.
Je pensais lui offrir la montre de père.
Les aiguilles sont parties.
Je le revois encore
dans son berceau
sous l'ombrage d'un lilas.
Maintenant il a 50 ans.
Ta cousine Sara s'occupait toujours de lui.
Elle a épousé Sigfrid, ce bon à rien.
Partez maintenant pour ne pas arriver en retard.
Merci d'être venu. J'espère te revoir.
Bonjour à Evald. À bientôt !
Où sont Anders et Victor ?
Ils disputaient de Dieu et s'arrachaient les yeux.
Anders a essayé de tordre le bras à Victor.
Victor a répondu
que c'était une piètre preuve de l'existence de Dieu.
Je leur ai dit : "occupez-vous plutôt de moi".
Il m'ont priée de me taire. C'était une question de principe.
Alors je suis partie.
Puis ce fut la bagarre.
Leurs sentiments profonds étaient blessés.
Alors ils vont se battre.
Où sont-ils maintenant ?
Là-bas.
Je vais voir.
Lequel des deux te plaît le plus ?
Et à toi ?
Sais pas. Anders veut devenir pasteur.
Il est pourtant mignon.
Mais, femme de pasteur...
Victor est sympa, d'une autre manière.
Victor ira loin, sûrement.
Explique-toi, Sara.
Les docteurs gagnent plus d'argent.
Les pasteurs, ça fait antique.
Mais il a de belles jambes et une jolie nuque.
Comment peut-on croire en Dieu ?
Alors, Dieu existe ?
Je me suis endormi.
Dans mon sommeil, j'étais obsédé de rêves
et d'images qui me parurent très réels et humiliants.
Je ne peux pas nier
que, dans ces visions oniriques,
les images avaient quelque chose de pénétrant.
Elles s'incrustaient dans ma conscience
avec une insistance presque insupportable.
T'es-tu vu dans la glace, Isaac ?
Je vais te montrer la tête que tu fais.
Terrifié et croulant, tu es au bord de la tombe.
Moi, j'ai toute la vie devant moi.
Je t'ai blessé.
Non, tu ne m'as pas blessé.
Mais si...
puisque tu ne supportes pas la vérité.
En fait, j'ai pris trop d'égards
et c'est comme ça qu'on devient cruelle
sans le vouloir.
Je comprends.
Non, tu ne comprends pas, nous ne parlons pas la même langue.
Regarde encore une fois. Non, ne te détourne pas.
Je regarde.
Écoute :
je vais épouser ton frère Sigfrid.
Pour nous, l'amour est presque un jeu.
Regarde ta tête ! Essaie de sourire.
Voilà. Maintenant tu souris.
Ça fait si mal.
En tant que professeur jubilaire, tu devrais savoir pourquoi.
Mais tu ne le sais pas.
Toi qui sais tant de choses, en fait, tu ne sais rien.
Il faut que j'aille m'occuper du bébé de Sigbritt.
Mon pauvre petit enfant.
Il faut que tu dormes, il est l'heure.
N'aie pas peur du vent
ni des oiseaux, des corneilles et des mouettes,
ni des vagues de la mer.
Je suis là et te protège.
Ne crains rien.
Bientôt il va faire jour.
Personne ne te fera de mal.
Je suis là.
Je te tiens dans mes bras.
Entrez donc, professeur Borg.
Asseyez-vous.
Avez-vous votre carnet ?
Bien entendu.
Le voici.
Voulez-vous me faire l'expérience bactériologique ?
Il y a quelque chose qui ne va pas.
Le microscope marche pourtant.
Je ne vois rien.
Lisez ce texte, voulez-vous.
Que signifie-t-il ?
Je ne le sais pas.
Je suis médecin et non philologue.
Alors, je vais vous dire, professeur Borg.
Sur ce tableau est marqué le premier devoir du médecin.
Au fond, savez-vous ce que c'est ?
Oui. Laissez-moi réfléchir...
Prenez votre temps.
Le premier devoir du médecin, le premier...
Je l'ai oublié.
Le premier devoir du médecin,
c'est de demander pardon.
Naturellement, je m'en souviens maintenant.
Vous êtes d'ailleurs coupable.
Coupable ?
Je note que vous n'avez pas compris l'inculpation.
Est-ce grave ?
Oui, malheureusement.
J'ai le cœur fragile.
Je suis un vieillard malade, il faut m'épargner.
C'est évident, non ?
Votre dossier n'en parle pas.
Voulez-vous interrompre l'examen ?
Non, non, je vous en supplie.
Faites votre diagnostic.
Mais la malade est décédée.
Qu'écrivez-vous dans mon carnet ?
Le verdict...
Et c'est... ?
Il sanctionne votre incompétence
et des accusations de délits apparemment minimes,
mais graves :
froideur, égoïsme, dureté.
Votre femme vous accuse.
Vous allez être confronté avec elle.
Mais ma femme est morte depuis des années !
Vous croyez que je plaisante ?
Veuillez me suivre.
Vous n'avez pas le choix.
Venez.
Beaucoup oublient une femme morte depuis 30 ans,
quelques-uns honorent une image pâlie.
Mais vous vous souvenez de cette scène.
N'est-ce pas curieux ?
Mardi, 1er mai 1917, vous étiez à ce même endroit
et entendiez et voyiez ce qu'ils disaient et faisaient.
J'avouerai tout à Isaac.
Je sais fort bien ce qu'il dira :
"Pauvre enfant, tu me fais de la peine."
Comme s'il était Dieu le Père !
Puis en pleurant je dirai :
"N'as-tu donc aucune pitié en ton cœur ?"
Et il dira : "Au contraire, j'ai à ton égard une infinie pitié."
Et je pleurerai davantage. Je lui demanderai pardon.
Il dira :
"Mais tu n'as pas à me demander pardon."
"Je n'ai rien à te pardonner."
Mais il ne pense pas ce qu'il dit
car il est toujours complètement froid.
Puis, soudain, il deviendra tendre
et je crierai : "Mais tu es fou !"
"Ta fausse noblesse me dégoûte."
Puis il voudra me donner un calmant
et dira qu'il comprend tout.
Je lui dirai : "C'est ta faute si je suis ainsi !"
Il me regardera tristement et dira que c'est sa faute.
Mais en fait, rien ne l'émeut car il est complètement froid.
Où est-elle ?
Vous le savez. Elle est partie.
Ils sont tous partis. Vous entendez le silence ?
Grâce à une simple opération, professeur.
Un chef-d'œuvre chirurgical :
pas de douleur, pas de sang !
Oui, tout est silencieux.
Une œuvre complète à sa manière, professeur.
Et la punition ?
Je ne sais pas. Toujours la même, j'imagine.
Toujours la même ?
Oui, bien sûr : la solitude.
La solitude ?
Parfaitement.
N'y a-t-il pas de grâce ?
Ne me le demandez pas. Je n'en sais rien.
Qu'est-ce qu'il y a ?
Les enfants voulaient se dégourdir les jambes.
Il pleut encore.
J'ai parlé de ton jubilé et ils veulent te féliciter.
Bien dormi ?
Oui, mais j'ai rêvé.
Je fais d'étranges rêves depuis quelques mois.
À certains égards comiques.
Qu'ont-ils de comique ?
C'est comme si je voulais me dire quelque chose
qu'au fond je ne veux pas entendre.
Quoi donc ?
Que je suis mort
bien que je vive.
Evald vous ressemble beaucoup.
Tu l'as déjà dit.
Il a dit la même chose.
Sur moi ?
Non, sur lui-même.
Mais il n'a que 38 ans.
Puis-je vous le raconter ?
Je t'en serais reconnaissant.
Dernièrement, je voulais causer avec Evald.
Nous sommes partis pour la mer.
Il pleuvait comme aujourd'hui. Il était assis à votre place.
Je suis tombé dans ton piège. Dis-moi ce que c'est.
Quelque chose de désagréable, bien sûr.
Je voudrais ne pas avoir à le dire.
Il y a un autre homme ?
Ne sois pas puéril.
Que dois-je croire ?
Tu veux me parler sérieusement.
Tu veux aller à la mer et il pleut.
Et tu ne sais pas comment commencer.
Ne me fais pas cuire à petit feu.
Tu me fais rire !
Que t'imagines-tu, au fond ?
Que j'ai tué quelqu'un ou volé de l'argent ?
J'attends un enfant.
En es-tu sûre ?
Le docteur l'a confirmé.
C'était donc ça, ton secret.
Je vais te dire une chose : je veux garder cet enfant.
Voilà qui est clair.
Oui, très clair.
Je ne veux pas d'enfant.
Tu choisiras entre l'enfant et moi.
Pauvre Evald.
Comment, "pauvre" ?
Il est absurde de mettre des enfants au monde
et de croire qu'ils auront meilleure vie que nous.
Ce n'est qu'une dérobade.
Je n'étais pas désiré dans une union qui était un enfer.
Je ne sais pas même si je suis son fils.
Ce n'est pas une raison pour se conduire comme un enfant.
On m'attend à la clinique, je n'ai pas le temps de discuter.
Tu es lâche.
Oui, je suis lâche.
Cette vie me dégoûte et je ne veux pas de responsabilités
qui me retiennent à la vie.
Tu sais que je parle sérieusement et que ce n'est pas de l'hystérie.
Je sais que c'est faux.
Il n'y a rien de vrai ni de faux.
On vit selon ses besoins.
Quels sont-ils ?
Les tiens sont de vivre et de donner la vie.
Et les tiens ?
De mourir, d'être complètement mort.
Fume, si tu veux.
Pourquoi m'as-tu raconté cela ?
Je vous ai vu avec votre mère
et j'ai pris peur.
Je ne comprends pas.
J'ai pensé :
"C'est là sa mère..."
"une femme très vieille,"
"complètement glaciale..."
"plus effrayante que la Mort."
"Et voici son fils !"
"Des siècles les séparent."
"Il dit qu'il est un mort vivant."
"Evald sera exactement aussi seul, aussi froid et aussi mort."
Et j'ai pensé à notre enfant.
J'ai pensé... "Tout n'est que froideur, mort
"et solitude dans cette famille."
"Cela doit avoir une fin !"
Tu retournes chez Evald ?
Mais je n'accepte pas ses conditions. Je veux cet enfant.
Personne ne me le prendra. Pas même l'homme que j'aime le plus.
Puis-je t'aider ?
Personne ne peut m'aider.
Nous sommes trop vieux. Et nous sommes allés trop loin.
Et qu'est-il advenu de votre conversation ?
Rien. Je suis partie.
Et Evald n'a pas écrit ?
Je veux éviter que nous en arrivions là.
Que veux-tu dire ?
Comme ce couple que j'ai fait descendre de voiture.
Comment s'appellent-ils ?
Je pensais justement à eux.
Ils me rappellent mon propre mariage.
Mais nous, nous nous aimons.
Nous t'offrons ces fleurs
et voulons te dire
que nous t'admirons d'avoir été docteur pendant 50 ans.
Tu dois être un homme plein de sagesse
qui connaît tout de la vie
et son mode d'emploi.
Merci beaucoup.
Il faut que nous partions maintenant, il est ***.
Enfin ! Nous avions perdu tout espoir.
C'est reposant de voyager en voiture, n'est-ce pas ?
Mettez votre habit immédiatement.
J'ai dit à Evald
que vous veniez.
Merci, excellente idée.
Quand même venue, Mlle Agda ?
C'était mon devoir, mais le plaisir n'y est plus.
- Soyez le bienvenu, père. - Merci beaucoup.
J'ai amené Marianne.
Je peux monter ?
La chambre d'ami, comme d'habitude ?
Je prends ta valise...
Allez dans la cuisine. Posez vos affaires ici.
- Vous avez fait bon voyage ? - Oui, merci, excellent.
Qui sont ces jeunes gens ?
Je ne sais pas. Ils vont en Italie.
- Ils ont l'air sympathiques. - Oui, très sympathiques.
Il est quatre heures et quart.
J'ai acheté des lacets neufs.
Ne t'inquiète pas, je pars demain.
Tu descends à l'hôtel ?
Ne pouvons-nous partager la chambre encore une nuit ?
Si tu n'y vois pas d'inconvénient.
Plaisir inattendu que de te revoir.
Pour moi aussi.
Irons-nous au banquet ?
Je vais appeler Stenberg pour lui dire que nous serons deux.
Dépêchons-nous, professeur.
Je me suis rendu compte
que, pendant la cérémonie,
je repensais aux événements de la journée.
Et c'est à ce moment-là
que j'ai décidé de reconstituer et de noter ce qui s'était passé.
Je devinais, dans cette suite curieuse d'événements,
une remarquable causalité.
La cérémonie vous a plu ?
Oui, merci.
Êtes-vous fatiguée, Mlle Agda ?
Oui. Je l'avoue.
Prenez un de mes somnifères.
Non, merci.
Je regrette ce qui s'est passé ce matin.
Vous vous sentez malade ?
Non, pourquoi ?
Je ne vous reconnais pas.
Je fais souvent amende honorable.
Je vous laisse la carafe d'eau ?
Non, merci.
J'ouvre la porte du balcon.
Il pleut encore.
En tout cas, merci, M. le professeur.
Bonne nuit.
Mademoiselle Agda...
Que voulez-vous ?
Mlle Agda, nous nous connaissons
et nous sommes amis depuis tant d'années.
Ne pourrions-nous pas nous tutoyer ?
Non, je ne trouve pas.
Pourquoi pas ?
Les dents sont brossées ?
Oui, merci.
Je vais vous dire...
Je ne veux pas de familiarités.
Nos rapports sont bien comme ils sont.
Mais nous sommes âgés, maintenant.
Parlez pour vous ! Une femme doit veiller à sa réputation.
Que penserait-on si subitement nous nous disions tu ?
On se moquerait de nous.
Avez-vous toujours raison ?
Presque toujours. À notre âge il faut savoir se conduire.
Pas vrai, professeur ?
Bonne nuit, Mlle Agda.
Bonne nuit, professeur.
Je laisse la porte ouverte. Vous savez où je suis
en cas de besoin.
Père Isaac, tu étais formidable dans le cortège.
Nous étions terriblement fiers de toi.
Nous continuons avec une vieille dame.
Anders en est déjà épris.
Ferme-la !
Alors, au revoir !
Au revoir et mille mercis !
Au revoir, père Isaac. Sais-tu que je n'aime que toi ?
Aujourd'hui, demain,
toujours.
Je m'en souviendrai.
Au revoir, professeur.
Il faut que nous partions.
Écrivez quelquefois.
Je crois que père dort.
Evald !
Oui, père
Déjà rentrés ?
Marianne doit changer de chaussures.
Vous allez au bal ?
Oui, je crois.
Comment allez-vous, père ?
Parfaitement.
- Le cœur ? - Très bien.
Dormez bien.
Assieds-toi un instant.
Qu'y a-t-il ?
Qu'allez-vous faire, toi et Marianne ?
Pardonne-moi cette question.
Je n'en sais rien.
ça ne me regarde pas, mais...
Ne vaudrait-il pas mieux...
Je lui ai demandé de rester.
Ne devriez-vous pas... enfin...
Je ne peux pas vivre sans elle.
Tu veux dire... seul ?
Je ne peux pas vivre sans elle. C'est ce que je voulais dire.
Oh, je comprends.
Elle décidera.
Et elle veut ?
Elle va réfléchir.
En ce qui concerne ta dette...
Soyez tranquille, vous aurez votre argent.
Il n'en était pas question.
Comment allez-vous, père ?
Bien.
J'avais perdu un talon. Celles-ci conviennent-elles ?
Très bien.
Merci de m'avoir tenu compagnie.
Merci à vous.
Je t'aime bien, Marianne.
Moi aussi, je vous aime bien.
Lorsque dans la journée j'ai été anxieux ou triste,
j'ai l'habitude de me remémorer
des scènes de mon enfance.
C'est ce que j'ai fait ce soir.
Isaac, il n'y a plus de fraises des bois.
Tante veut que tu ailles chercher ton papa.
Nous allons te prendre en bateau.
J'ai déjà cherché, mais je ne trouve ni père ni mère
Viens, je vais t'aider.
Viens.