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D'après le roman de A. Döblin
Un film en 13 épisodes et un épilogue
Vraiment Franz, je ne supporte pas... Trude,
je ne la supporte plus.
Tu comprends, elle me dégoûte,
elle me dégoûte.
Quand elle mâche,
j'entends comme des explosions.
Et quand elle me regarde, je pourrais...
je pourrais lui tordre le cou.
J'en ai tellement marre !
Je dois m'en débarrasser...
aujourd'hui même.
T'en as déjà une nouvelle ?
Oui...
J'en ai une autre.
Nelly, elle travaille aux halles.
Quelle femme... quelle femme, tu n'imagines pas !
Une femme, comme...
Je t'ai compris, Reinhold.
Je t'ai très bien compris.
Mais je ne renverrai pas Cilly.
Elle s'est habituée à moi. Une femme très bien.
Ecoute Reinhold, je te le dis, il faut freiner un peu,
rentrer dans le rang.
Ça ne peut pas continuer ainsi !
Attends, Franz, attends un peu !
Je ne comprends pas.
Qu'est-ce que tu entends par là ?
C'est à cause... du col de fourrure ?
Ecoute, si Trude passe te voir,
elle pourrait t'apporter...
une montre... une montre en argent,
ou une casquette de fourrure, avec oreillettes.
Elle te serait utile, non ?
Non, rien à faire,
arrête ton baratin.
J'achèterai moi-même ce dont j'ai besoin.
J'y ai beaucoup réfléchi, Reinhold,
j'y ai pensé hier et aujourd'hui.
Le mieux, c'est que tu gardes Trude,
même s'il y a du grabuge !
Tu finiras par t'y habituer.
Une bonne femme aussi est un être humain !
Sinon prends une putain,
elle partira volontiers d'elle-même.
Mais embobiner une femme avec des sentiments,
et la remplacer sans cesse par une autre...
Non, Reinhold !
Qu'est-ce que tu as ?
C'est bon, Franz.
Si tu ne veux pas de Trude,
tant pis !
Avant, je me débrouillais sans toi.
Ça va mieux, mon chéri ?
Ça ne regarde que moi !
Je voudrais tant que tu sois bien, Reinhold.
Je t'aime tant.
Non !
Qu'est-ce que tu as, Franz ?
Tu te sens mal ?
Ce n'est rien, Cilly.
Rien... j'ai fait un rêve...
Tu es en sueur.
C'est vrai.
Tu as rêvé quoi ?
Au début, j'étais un cheval,
un cheval, très normal,
qui tirait une charrette vers le marché.
Ça ne me dit rien d'être cheval,
et de trotter dans le froid.
Je préfère la chaleur de l'écurie.
Et puis, je m'aperçois que j'ai les orteils gelés,
alors je préférerais mourir.
Parce qu'on m'interdit la chaleur de l'écurie,
et que mes pieds sont gelés.
J'ai donc envie de mourir, et je meurs.
Et une fois mort,
je ne disparais pas, comme normalement,
mais je suis un oiseau dans un arbre.
Alors je vois
qu'un serpent
s'enroule autour du tronc, et grimpe vers moi.
Croyant être un oiseau,
je veux m'envoler, mais c'est impossible.
Je suis un oiseau,
mais incapable de m'envoler, de bouger.
UN AMOUR, ÇA COÛTE TOUJOURS BEAUCOUP
Le serpent s'approche toujours plus de moi,
toujours plus.
Et moi, je veux...
je veux m'en éloigner, je veux...
m'en éloigner, et j'ai de plus en plus peur.
Le serpent approche,
il est là, il mord.
Et voilà qu'à ce moment,
je n'étais plus un oiseau,
j'étais MOl.
Le serpent, c'était Reinhold.
Mais il m'avait mordu.
Alors j'ai su
que j'allais vraiment mourir.
Désolé, Cilly, c'était un rêve stupide !
Et je t'ai réveillée pour ça !
C'est pas un rêve stupide.
Absolument pas.
Je peux comprendre que tu aies eu aussi peur.
C'était à Berlin, en avril,
au moment où le printemps s'annonce.
Un étudiant russe, Alex Fränkel,
tua sa fiancée de 22 ans, Vera Kaminskaia
dans sa pension.
Une éducatrice du même âge, Tatiana S.,
qui avait décidé de se donner la mort avec eux,
eut subitement peur de sa décision,
s'enfuit, alors que son amie gisait, morte.
Elle raconta à des policiers
les horreurs vécues les derniers mois,
et leur montra
les corps de Vera et d'Alex.
On alerta la P.J.,
qui envoya des enquêteurs.
Alex et Vera voulaient se marier,
mais la conjoncture économique joua contre eux.
Comment vont les affaires ?
Trop peu d'événements marquants dans le monde ?
Je n'ai pas trop à me plaindre.
Ça suffit pour vivre. Que vouloir de plus ?
Moi et le luxe...
Tu dis vrai,
t'aimes pas ça.
Et pourtant c'est agréable de pouvoir
s'offrir certaines choses,
d'être sûr de manger dans les jours à venir.
Ça dépend.
Tout dépend de ce qu'on veut.
Et de ce que vous coûte ta fameuse sécurité.
Bruno, viens voir !
Toi aussi, Theo !
Abordons calmement la question.
lls lui obéissent, hein ? ll les a bien en main.
ll les fait vivre, et bien vivre.
Au fait, il embauche.
Moi et les fruits...
Pas que les fruits.
C'est un malin, ce Pums...
Pas mal roublard.
En fait, ils ne sont qu'employés chez lui,
ils dépendent de lui comme d'un chef.
Maxe, deux doubles schnaps.
Bien sûr.
Ecoute Meck, tu sais quoi ?
Les gens...
ils sont vraiment bizarres.
Tu viens de t'en apercevoir ?
Non, c'est pas ça.
Je pense à une chose bien précise.
Si t'as une idée précise, crache-la !
ll s'agit de...
Voilà.
Merci.
Santé !
ll s'agit...
de Reinhold.
On a un accord : je récupère ses femmes,
parce qu'il en a vite assez.
Mais oui !
Je l'ai fait deux fois.
D'abord pour Fränze, et puis pour Cilly.
Mais pour la troisième, j'ai dit : ''Non,
''Cilly s'est si bien faite à moi,
''je ne la chasserai pas.''
Et là, il a Trude sur le dos !
Vous avez vraiment passé un accord ?
Eh oui, comme je te dis.
Jamais rien entendu d'aussi fou !
ll doit apprendre la vie à deux !
Même s'il s'ennuie parfois.
Tu comprends ? Je crois qu'il est... malade.
Comme il est mon ami, et que je l'aime bien,
j'essaie de l'aider.
Santé, Meck !
Un chant fait le tour de la table...
Trois fois trois font neuf, nous buvons comme des porcs...
Trois fois trois plus un font dix. Et nous buvons encore...
Deux, trois, quatre, sept...
A 8 heures, 23 minutes, 1 7 secondes,
un autre homme entre dans le bistrot.
''Pique et pique et colégramme,
''bourre et bourre et...'' à qui le tour d'entrer ?
Au roi d'Angleterre.
Non, pas le roi,
qui se rend au Parlement,
preuve de l'esprit indépendant des Anglais...
Ce n'est pas son tour. A qui le tour ?
Qui s'amène,
en traînant la savate ? C'est Reinhold.
Va t'asseoir derrière.
Sers une bière à Trude, et à moi un café.
Bien.
Salut, Reinhold !
Tu arrives ***.
Désolé, chef !
Si je ne me retiens pas,
je vais mourir de rire.
ll n'y a pas de quoi rire, Meck, c'est pas drôle du tout.
ll est mon pupille,
je lui serre la bride.
Les bonbons Wrigley P.R.
rafraîchissent l'haleine, stimulent la digestion.
Viens t'asseoir, Reinhold.
Ça va chez toi, vous êtes en forme ?
Tu vois bien,
Trude est toujours là.
On s'y habitue.
Meck, on met de l'ordre dans le monde,
on fait tourner la boutique.
Un pécheur repenti vaut mieux que 999 justes.
Et toi ?
Finis les ennuis avec les femmes ?
Tu joues au docteur ?
Pourquoi pas ?
Là, je m'y connais,
je sais où mène le chemin.
Tu voudrais faire de moi un mari soumis ?
Vive le mari soumis !
Chante, Reinhold, tout début est difficile !
Mais sans début, y a pas de fin.
Je reviens.
Qu'est-ce qu'ils ont ?
Tu comprends pourquoi ils n'arrêtent pas de chuchoter ?
Alors, Biberkopf, toujours aussi obstiné ?
Alors que c'est simple :
on vous confie une charrette,
Pums livre la marchandise. Le gain est important.
Je vous ai dit que je refusais !
Réfléchissez-y encore,
vous saurez me trouver.
Viens Meck. Au revoir tout le monde !
Je me tire.
Je n'ai pas le choix.
Salut, les gars !
Dis donc, Reinhold,
qu'est-ce que tu penses...
de l'affaire de Pums ?
Eh bien,
moi aussi, j'en fais partie.
Je vais voir,
je vais y réfléchir.
Jérémie dit : ''maudit celui
''qui se fie aux hommes,
''et abandonne Dieu.
''ll ne perçoit plus le Bien qui vient à lui.
''ll erre sur les terres arides.
''Béni celui qui place sa confiance en Dieu,
''il est comme l'arbre nourri par les eaux du ruisseau.
''Son feuillage verdoie, malgré la chaleur.
''ll porte des fruits les années de sécheresse.''
C'est trompeur, c'est pervers !
Comment savoir !
T'aurais pu retirer tes bottes !
Ne fais pas de chichis,
je ne peux pas les enlever
et les remettre à chaque fois !
Vous, les eaux de l'épaisse forêt,
eaux noires, vous êtes si calmes,
terriblement paisibles.
Votre surface est immobile
dans la tempête,
quand les toiles d'araignées se déchirent.
Vous êtes à l'abri, alors que les branches tombent.
Le vent lacère la forêt, vous êtes paisibles.
Les dragons n'habitent plus vos profondeurs.
ll n'y a rien qui puisse effrayer.
Qu'est-ce que tu as tout d'un coup ?
Rien, Cilly.
Dimanche, 8 avril 1928
C'est jour férié, Cilly ?
Oui, dimanche.
Non, c'est jour de fête.
Les cloches sonnent si fort.
Où ça ?
A l'instant.
J'ai rien entendu.
Toi t'as entendu quelque chose ?
Ça carillonnait, Cilly.
Quel boucan !
T'as rêvé.
Non, Cilly, je n'ai pas rêvé.
On ne rêve pas de cloches qui sonnent.
J'ai entendu.
A qui est-il arrivé quelque chose ?
Ne parle pas comme ça, Franz,
ça me fait peur.
Oui, ça me fait vraiment peur.
Bien, Cilly.
Je sors prendre un peu l'air...
et voir ce qui s'est passé.
Eaux noires, vous êtes si calmes,
terriblement paisibles.
Plantes et poissons pourrissent en vous.
Seuls les escargots bougent.
Bien que vous ne soyez qu'eaux,
vous êtes inquiétantes,
terriblement calmes.
Mais c'est Bruno !
Oui, c'est lui.
Qu'est-ce qui se passe ?
Toi, reste ici, on t'emmène au poste.
Rends-moi service, va chez Pums, à la Kölnerstrasse, 1 7,
dis-lui que je ne viendrai pas aujourd'hui.
Je peux compter sur toi ?
Bonsoir M. Pums.
M. Biberkopf, ça me fait plaisir.
Entrez !
C'est rien, Clara. Venez.
Ça vous étonne de me voir ?
Je vais vous dire pourquoi :
Sur l'Alexanderplatz, j'assiste à une bagarre.
Je m'approche pour voir,
et c'est...
votre Bruno qui se bat, avec un petit mec.
Les flics sont venus et l'ont embarqué.
Je passais dire qu'il ne viendrait pas.
Voilà, c'est tout.
Etrange,
je pensais justement à vous, Biberkopf,
très étrange.
Oui, c'est étrange.
Donc, Bruno ne vient pas aujourd'hui.
Eh bien...
remplacez-le.
Pardon ?
Asseyez-vous, Biberkopf.
C'est tout simple, Biberkopf.
ll est 6 h, à 2 1 heures, on va chercher la marchandise.
C'est dimanche, donc vous n'avez rien à faire.
Je vous rembourse les frais,
et j'ajoute...
disons... 5 marks de l'heure.
5 marks ?
Oui, plus vos frais, donc 5,50 marks.
Je ne lésine pas.
Vous prenez un café, ou un schnaps ?
Non, merci.
Mais faudrait que je repasse chez moi.
J'ai une fiancée, Cilly.
Je ne peux pas la laisser seule tout le dimanche.
Non, je ne peux pas vous laisser partir.
L'affaire capoterait, et je ne saurais que faire.
Non, laissons de côté les histoires de femmes.
On ne va pas se gâcher une affaire pour ça.
Elle ne vous quittera pas !
Je sais,
c'est vrai que je peux compter sur elle.
Mais c'est pas une raison pour me défiler,
en la laissant sans nouvelles,
sans lui dire où je suis.
Eh oui, on trouvera bien une solution.
D'ailleurs voilà ma femme.
C'est M. Biberkopf.
ll part avec nous, ce soir.
N'oublie pas tes cachets !
J'y penserai, cette fois.
''Plus de mariage d'enfants aux lndes.
''Cimetière pour bétail primé.
''Bruno Walter dirige, le 15 avril, à l'Opéra,
''son dernier concert de la saison.
''Avec la symphonie en mi bémol majeur de Mozart.
''Le bénéfice de la soirée est destiné
''au monument Gustav Mahler, à Vienne.
''Un chauffeur de camion,
''marié, 32 ans, permis poids-lourd,
''cherche emploi... ou camion.''
Bonjour, Reinhold.
Bonjour, Franz.
Ah Reinhold, ça me met à l'aise de te voir.
Du coup, ça me donne plus envie de bosser.
Ça me rassure.
Alors,
tu t'y mets aussi ?
Je viens de le dire !
C'est vrai.
Pour une fois, tu prends une décision !
C'est ici.
Balance ton cigare.
Pourquoi ?
Parce que je te le dis ! Compris ?
Vous ici, Biberkopf ?
C'est pas votre place. Descendez !
Pour surveiller.
Descendez !
Je dois prendre la marchandise, non ?
Non !
Descendez ! Personne ne vous a expliqué ?
Non.
Descendez pour surveiller.
C'est quoi, cet endroit ?
Où sommes-nous ?
Vols...
et assassinats !
lls cambriolent, ils volent.
Faut que je me tire !
Une patinoire... une glissoire...
Filer à toute allure, vers l'Alexanderplatz.
Faut que je me sauve.
Course-le, cet idiot !
Pourquoi tu te sauves ?
On ne t'a pas expliqué ?
Tant pis,
c'est trop ***.
Viens.
Ne me tire pas, j'avance tout seul.
Allons, viens !
Plus vite !
Reste ici, et surveille !
Qui décide ?
Tais-toi, le temps presse !
T'as pas de cervelle ?
Fais pas l'idiot !
Reste ici et siffle, si tu vois quelque chose.
Ta gueule !
Je fais le guet !
lls m'ont bien eu !
lls m'ont bien roulé !
En plus, il m'a frappé, ce Reinhold, le chien !
Reinhold !
ll m'a frappé !
lls continuent à piquer.
Dieu sait ce qu'ils piquent !
Quel idiot je suis !
J'ai cru qu'ils vendaient des fruits.
Et ce sont des voleurs !
Mon Dieu, je fais le guet !
Tu entends, Franz ? Tu fais le guet.
Le verrou poussé, le détenu doit se coucher.
En été, il peut attendre la tombée de la nuit.
Pums est le chef de la colonne.
Humboldt, Deutz, Krupp, Mercedes...
et moi, ils m'ont appâté.
Viens, on a terminé.
On démarre, c'est bon.
Toi aussi, Meck, tu es avec eux ?
Bien sûr Franz, tu ne savais pas ?
Je prends l'autre voiture.
Dis donc, Reinhold,
je ne te croyais pas aussi fort.
Tu m'as fait mal en me cognant le bras.
Ta gueule !
Boucle-la ! Tais-toi !
On est suivis,
fais-leur signe devant !
Compris ? On nous suit !
Vas-y, suis-les !
Pourquoi ?
Pour voir si t'es plus rapide qu'eux.
Alors, tu vas voir !
lls nous suivent !
Plus vite, vas-y, ils se rapprochent !
Qu'est-ce que t'as à rire, crétin !
T'es devenu dingue ?
Si j'ai envie de rire...
ça ne regarde personne, hein ?
Quoi ! Ça ne me regarde pas ?
Fainéant, gagne-petit !
Pour moi, t'es un traître, c'est sûr.
T'es un traître, t'as compris !
Non, non.
Crois-moi,
je ne te trahirais pas... jamais.
Vous êtes terriblement calmes,
eaux de la forêt,
même quand la tempête
plie les arbres,
déchire les toiles d'araignées.
Cette tempête ne vous atteint pas.
Jérémie dit : ''maudit celui
''qui se fie aux hommes.
''ll erre comme une âme en peine
''sur les terres arides.''
Le coeur est corrompu.
Comment savoir ?
Un amour, ça coûte toujours beaucoup
Cilly l'a cherché tout l'après-midi.
Franz n'est pas rentré.
Je vais ***.
Franz est mort.
Qu'est-ce que t'as dit ?
Qu'il est mort, Franz.
C'était un accident.
Mon Dieu, Franz est mort !
T'as bien compris, il est mort !
Mort ! C'était un accident.
ll est mort.
Tu sais où est mon Franz ?
ll ne rentre pas...
et moi, je l'attends, il me laisse tomber.
T'es son ami, tu dois savoir où il est.
ll est mort.
Tu sais quoi ? Tes blagues sont si mauvaises
qu'elles me font rire.
C'est pas une blague, Cilly.
Franz est mort, c'était un accident.
Mort ?
Répète-le !
Salopard, répète-le !
Répète-le, ignoble salaud...
Répète-le, que mon Franz est mort.
Cilly, Franz est mort.
Mort.
Ne refais jamais ça, Cilly.
C'est la dernière fois, t'as compris ?
Pardon, Meck, pardon...
c'est parti tout seul,
je n'ai pas pu me retenir...
C'est bon, Cilly, c'est bon.
Où est Reinhold ?
Reinhold ? Pourquoi ?
Pourquoi ? Oui, pourquoi ?
Mais Reinhold est son ami.
Franz a toujours dit qu'il était son ami.
ll est aux W.-C.
Aux W.-C. ?
Reinhold,
t'es au courant ?
Franz est mort !
ll a eu un accident, t'es au courant ?
Ce sont les W.-C. pour hommes.
T'as entendu ?
Les W.-C. pour hommes.
Dis quelque chose, je t'en prie !
Dis quelque chose !
Tu veux entendre quoi ?
Eh bien,
si tu veux tout savoir,
c'est vrai,
il est mort... Franz.
C'était un accident.
ll est tombé devant une voiture.
Tu ne ressens plus rien pour moi ?
Plus rien du tout ?
Mais si...
mais si.
ll s'est passé...
assez de temps depuis.
ll est mort ?
J'en sais rien.
ll y a du sang.
Je crois qu'il faut appeler la police.
Pourquoi la police ?
Personne ne nous voit ! Personne ne nous a vus !
Et puis, c'est de sa faute.
C'est lui qui est tombé.
Nous, on n'y peut rien !
On ne peut pas le laisser crever ici.
Je te dis que c'est de sa faute.
C'est lui qui est tombé, on n'y est pour rien.
Marianne, si cet homme meurt,
alors qu'on aurait pu l'aider...
tu pourrais l'oublier, toi ?
Moi jamais.
Tu imagines les ennuis, si on appelle la police ?
Ça ferait un tas d'histoires.
Tu as raison, Marianne,
mais comme tu l'as dit,
c'est lui qui est tombé.
On ne pouvait pas l'éviter.
Mais il faut prévenir la police.
Je crois qu'il veut parler,
donc il vit.
Non, s'il vous plaît, pas la police.
Emmenez-moi à Berlin.
Surtout pas la police.
Emmenez-moi à Berlin, Elsässerstrasse.
Vous avez compris ?
Au numéro 26.
S'il vous plaît !
ll ne veut pas de la police,
il veut qu'on l'emmène.
Qu'est-ce que tu en penses ?
C'est à toi de décider, Oskar, c'est toi l'homme.
C'est toi qui décides.
Oui... le mieux c'est...
que nous le fassions.
Viens, aide-moi.
Qui est cette personne ?
Tu peux me dire qui est cette personne ?
Non.
Cilly, qu'est-ce que tu fais ici ?
C'est... mon amie, Cilly.
Et vous, qui êtes-vous, madame ?
Je vous ai demandé qui vous êtes !
Je suis chez moi !
Que faites-vous ici ?
Je t'aime.
C'est un comble !
Comment peut-on prononcer ces mots !
Vous voulez ma réponse, madame ?
Vous êtes une salope.
Pourquoi t'as fait ça ?
Qu'est-ce que j'ai fait ?
Je rentre chez moi,
et je trouve une étrangère !
Et en plus, elle prétend m'aimer !
Trois jours, j'ai tremblé pour toi.
J'interdis qu'on tremble pour moi.
J'interdis que quiconque tremble pour moi ! Compris ?
J'ai demandé si t'avais compris !
Ne me fais pas mal, Reinhold.
S'il te plaît !
Ne me fais pas mal, s'il te plaît.
J'en ai marre de toi !
Tu me dégoûtes, t'as compris ?
Tu me fais gerber,
tu me répugnes.
Tu me dégoûtes.
Je ne veux plus te voir.
Fous le camp, t'as compris !
Je ne comprends rien à ce qui se passe, Reinhold.
Tu entends ça ?
Elle ne comprend pas ce qui se passe.
Elle n'a pas compris, l'idiote.
Je vais aux toilettes.
Je t'ai dit
que tu me répugnais.
Tu es exécrable.
Si tu ne disparais pas immédiatement,
je te tue.
T'as compris ?
Ne me fais pas mal.
Tu vas partir,
ou je te tue...
J'ai réussi...
à la foutre à la porte.
Je l'ai mise à la porte.
Cilly !
J'ai réussi à en foutre une à la porte !
Qui l'aurait cru ?
Pas même Franz.
ll n'aurait jamais cru que je serais capable...
de le faire.
C'est important
de se réjouir, quand le soleil se lève
et que la belle lumière arrive.
Les lampes à gaz s'éteignent,
les lumières électriques s'éteignent.
Les gens se lèvent quand le réveil sonne,
car un jour nouveau a commencé.
La terre a continué à tourner.
Le soleil s'est levé.
On ne sait pas vraiment ce qu'est ce soleil.
Les gens s'en préoccupent beaucoup.
ll serait un organe central de notre système planétaire,
car notre Terre est une petite planète.
Mais alors, on est quoi, nous ?
Quand le soleil se lève, et que ça nous réjouit,
on devrait en fait être tristes.
Car que sommes-nous ?
Le Soleil est 300 000 fois plus grand que la Terre,
et il faut rajouter des chiffres et des zéros,
qui montrent
que nous sommes des zéros,
des moins que rien.
Ça paraît ridicule,
et pourtant, on se réjouit.
On descend dans la rue,
on se sent fort,
les couleurs se réveillent,
les visages se réveillent,
les formes sont là,
on peut les toucher avec la main.
Et quel bonheur d'avoir des yeux,
de voir ces couleurs, ces lignes...
On se réjouit chaque fois
qu'on peut montrer ce qu'on est,
ce qu'on fait, qu'on fait quelque chose,
qu'on vit quelque chose.
On se réjouit d'un peu de chaleur,
on se réjouit des fleurs,
de ce qu'elles poussent.
Quant au reste...
ça doit être une erreur.
ll doit y avoir une faute
dans ces terribles chiffres,
avec tous ces zéros.
ll ne faut pas désespérer.
Je répéterai encore souvent,
jusqu'à l'amer dénouement de cette histoire :
ll ne faut pas désespérer.