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K:Pourrions-nous oublier tout ce dont nous avons parlé
au cours des cinq dernières réunions ici,
et faire comme si nous nous rencontrions pour la première fois,
comme si on n'avait pas entendu ce qui a été dit, repartir de zéro,
recommencer à neuf,
ainsi, peut-être pourrons-nous trouver une solution durable et juste
à toutes nos complexités et à tous nos problèmes.
Quel est l'élément central qu’une réflexion attentive, diligente,
scrupuleuse, nous permettrait de découvrir,
et qui pourrait résoudre toutes nos souffrances,
les peines, les angoisses, les dépressions,
les échecs, les réalisations, les frustrations et tout cela?
Y a-t-il une solution, ou une observation, un insight, une compréhension
qui apporterait en chacun de nous une révolution psychologique totale?
Vous comprenez ma question?
Une seule réponse, absolue, irrévocable,
non relative, mais complète, entière, durable et pourtant intemporelle.
Une telle solution existe-t-elle?
Si chacun de nous se posait cette question,
y répondrions-nous selon notre propre plaisir,
notre propre expérience, notre propre savoir?
Ou, dans la mesure où nous sommes sérieux et pas trop désinvoltes,
pourrions-nous chercher ensemble s'il existe un remède
qui illumine nos cœurs et nos esprits?
Pouvons-nous contempler la totalité de la vie
et non un seul de ses segments,
un seul de ses éléments, un tempérament particulier,
ni chercher de réponse politique, religieuse
- je suis plutôt défiant de ce mot 'religieux' - économique, etc.?
Peut-on observer toutes ces divisions créées par l'homme comme un tout?
Voir ce monde extérieur avec ses innombrables divisions,
et voir en nous, psychologiquement,
que nous sommes fragmentés, morcelés?
Et l’on se demande s’il est possible
de percevoir la totalité de ceci, l'extérieur et l'intérieur,
comme un mouvement global, indivisible,
tout le mouvement structurel de la pensée?
Est-ce possible?
Ou nos esprits sont-ils si morcelés, si fragmentés, si divisés
que nous sommes incapables de voir le total mouvement de la vie
comme un seul mouvement unitaire?
Vous comprenez?
Je vous en prie, puis-je répéter ce que nous avons dit l’autre jour :
nous réfléchissons à cette question ensemble,
- ensemble - pas un orateur qui cherche
et vous, vous écoutez, mais plutôt qu’ensemble, vous et l'orateur
vous découvrez de vous-même s’il existe
une manière de vivre qui inclue tout
qui soit complète, qui ne soit ni à vous ni à moi,
une vie qui soit un mouvement sans commencement ni fin.
Je pense que, pour découvrir cela, il importe que l'on soit
conscient de sa façon fragmentée de voir les choses.
Si l'on est psychologue, psychothérapeute, on est formé
dans ce sens-là, et le conditionnement du cerveau
est déjà établi, et l’on ne peut par conséquent voir globalement.
Ou si l'on est un homme d’affaires, c'est le même phénomène.
- si l'on est un politicien, alors tout espoir est perdu.
Ou si l'on est une personne à inclination religieuse,
- n’admettant aucun dogme particulier, aucun credo, rituel et tout cela -
ou un être humain ordinaire, ce que nous sommes,
avec ses angoisses, ses tristesses, ses plaisirs et ses peurs,
la compétition, la comparaison, se mesurant aux autres
et s'efforçant sans cesse
d’atteindre une chose qu’il a lui-même projetée et qu'il espère trouver.
Donc, tous ensemble, réalisons-nous notre fragmentation - véritablement?
Pas se faire l'image que l’on est fragmenté
et ensuite penser qu’on l’est.
Vous suivez?
Ou bien l’idée de fragmentation est si forte que cette idée façonne
notre mode de penser et l'on pense alors : 'je suis fragmenté',
ou bien l’on observe l’état réel de l’esprit
fragmenté, morcelé, racorni.
Un tel esprit peut-il observer
ce mouvement d'une extraordinaire complexité,
avec sa grande beauté, sa subtilité, peut-on observer cela totalement?
Comprenez-vous ma question?
Je vous en prie, vous n'êtes pas en train de m'écouter, moi.
Je ne me trouve assis sur une estrade que par commodité
afin que vous puissiez tous voir l’orateur,
mais l’orateur n’est pas l’autorité.
Dans les questions d’ordre spirituel, dans les choses de l’esprit,
dans les objets de cette recherche, il n’y a pas d'autorité,
pas de gourou, c’est évident.
Sinon, vous véhiculez le savoir d'autrui
- il est probable que tout savoir provient d'autrui -
en y ajoutant votre propre savoir
au savoir déjà accumulé dans votre cerveau, pour découvrir
s’il existe une action unique,
un état unique d’esprit qui résoudra tous nos problèmes.
Vous comprenez le sujet de notre discussion?
Nous retrouvons-nous sur la question proprement dite?
L’ignorance fait partie du savoir.
N’est-ce pas?
Je me demande si vous voyez cela?
Vous connaissez tout le concept du prêtre, du gourou, de celui qui sait :
il y a dans ce concept, dans cette conviction, celui qui est illuminé,
clair, et qui aide l’autre à se libérer de son ignorance.
Et, très, très rarement, il arrive que
l’autorité qui détient le savoir essaie de dissiper l’ignorance
de l’autre, mais son savoir fait toujours partie de l’ignorance.
Suivez-vous tout ceci?
Et ici, dans ces réunions qui se tiennent
depuis bientôt vingt ans, il n’y a aucune autorité, quelle qu'elle soit !
Car en matière spirituelle, toute autorité
fait de vous le prisonnier d'un autre système
de convictions, d'idées, de savoir.
Il n’y là aucune liberté.
Et dans cette quête d’une solution
à nos problèmes complexes et innombrables
y a-t-il une vision, une perception,
une observation qui libère totalement l'homme de toute cette structure
qu'il a érigée psychologiquement?
Comprenez-vous? Nous comprenons-nous?
Voyez-vous, pour pénétrer tout ceci
il faut une grande humilité. Pas de fausse modestie,
de psycho phantasme, toucher les vêtements
de quelqu'un et déclarer : 'je suis très humble'.
Cette qualité d’humilité n’a aucune vanité,
elle n’a jamais connu la vanité.
Vous comprenez? Autrement, ce n’est pas l’humilité.
Approfondissez ceci avec soin.
Ceux qui sont vains, arrogants, pleins de leur propre importance
et de leur propre savoir, de leur propre réalisation, etc.,
il y a derrière cela un sens de sa propre importance,
et c'est cet état d’esprit qui cultive l’humilité.
N’avez-vous pas connu tout ceci?
Donc, un esprit qui a connu la vanité en quelque domaine que ce soit,
scientifique, religieux, politique,
le sentiment d’avoir accompli,
accompagné d'une grande idée de soi et d'arrogance, un tel esprit
ne peut jamais embrasser un état totalement libre de vanité.
Suivons-nous tout ceci?
Et les gens ont aussi tenté, au cours des millénaires,
de découvrir cette solution absolue à leurs vies par l’austérité.
L’austérité est dure, stricte, sévère, véhémentement bruyante - non?-
sa rigueur est voyante : mettre des habits - pardon, je ne parle pas
des messieurs ici présents - mettre des habits de couleurs variées
dans le monde entier et imaginer qu’ils sont d’une simplicité criante.
Ce n'est que le bruit de leur simplicité
qui les empêche d’être simples.
Car lorsqu'on est simple, peu importe les vêtements que l'on porte.
Pourtant les vêtements ont acquis une importance considérable
dans le monde religieux, signe d’une tradition
que vous acceptez, espérant par là mener une vie simple.
L’homme a essayé bien des choses, il s’est joué tant de tours,
et ceux d’entre nous qui sont tant soit peu sérieux,
recherchent activement et honnêtement un mode de vie,
donc un mode d'action, qui émane de la compréhension,
de la perception de cette solution unique.
N’est-ce pas? Nous comprenons-nous?
Ne vous fâchez pas avec moi, svp - ceux d’entre vous qui
portez ces vêtements variés, etc., - nous sommes passés par tout cela.
Cela n'a aucun sens.
Une fois, je suivais un groupe de moines dans l’Himalaya.
C’était un pays splendide, couvert de rhododendrons sauvages, de lys,
de fleurs alpestres propres à cette altitude, et les grands pins
s’élançaient vers le firmament, le ciel bleu,
et les oiseaux chantaient.
C’était une belle journée.
Et ces moines ne levaient pas la tête, ne regardaient jamais les arbres,
les fleurs, les cieux et les merveilles du monde, car ils étaient
absorbés par leurs propres rituels, par la répétition de leurs mantras.
C'est ainsi qu'ils pensent trouver le ciel.
On pourrait donner ici une indication sur le sens du mot 'mantra'.
Vous savez probablement tous de quoi il retourne.
Il s'agit d’un mot sanskrit signifiant - écoutez, je vous prie -
signifiant : considérer, méditer, réfléchir sur le non devenir,
et aussi, rejeter toute activité égocentrique.
Voilà ce que signifie ce mot.
Examiner, approfondir son propre devenir et écarter toute forme
d’activité égoïste – voilà le vrai sens de ce mot.
Et voyez ce que ces yogis en ont fait !
Vous comprenez?
Alors, voir tout ceci, les diverses formes de torture physique
en vue de trouver l’illumination, les divers rituels, habits,
répétitions, et qui n'ont d'aucune manière changé l'être humain
et sa relation, afin qu’une bonne nouvelle société puisse voir le jour.
Nous entendons ce mot 'bon' non dans le sens
enfantin du terme : 'sois un bon garçon'.
Ce n’est pas un mot respectable, pas un mot dont on peut dire :
'cela, c'est vieux jeu, jetons-le',
ce mot 'bon' a une signification d’excellence.
Et, malgré toutes ses tentatives, l’homme n’a jamais engendré
une bonne société où les gens vivent heureux,
sans conflit, sans violence,
avec un sens de grande responsabilité, avec attention, avec affection.
Voilà ce que nous entendons par ce mot 'bon'.
L’homme n’est pas parvenu à accomplir cela.
Une des raisons majeures de la laideur de ce monde
est que la plupart des êtres humains, probablement 99%,
sont fragmentés, morcelés.
Et quand on se rend compte que l'on est dans un état fragmenté,
on en est conscient, conscient sans aucun choix : c'est comme cela !
Ce n’est pas une chose que l’orateur vous impose, c'est un fait.
Et cet esprit fragmenté,
ce cœur qui est également pris dans des bêtises
romantiques, émotionnelles, sentimentales, illusoires,
peuvent-ils jamais arriver à trouver une solution permanente?
Vous comprenez ma question?
N’est-ce pas?
Comment trouverons-nous?
Est-ce qu'elle dépend de quelqu’un d’autre?
Suivez ceci attentivement.
Un autre, même s'il se prend pour le Seigneur, ou autre chose,
un autre peut-il vous y conduire, ou vous aider à y accéder?
Posez cette question, je vous prie.
Un groupe, une communauté,
une série d’idées, de conclusions peuvent-ils vous y aider?
Ou bien, il faut être sa propre lumière,
pas une lumière allumée à la lampe d'un autre,
de sa bougie ou de son feu.
Vous suivez ceci?
Mettez tout votre cœur à comprendre ceci !
Non seulement votre cœur, mais votre esprit, votre cerveau.
La liberté ne consiste pas à faire tout ce qui vous plaît.
C'est trop puéril, et c’est bien ce qui se passe dans le monde
où chacun fait ce qu’il veut.
Et tout empêchement, toute restriction dans ce domaine
sont considérés comme un défaut d’accomplissement.
D’où la permissivité que l'on voit partout,
religieusement, socialement, moralement.
Et cette permissivité, faire exactement ce que l'on veut
ou dire : 'ceci me plaît, je m’y sens bien', est un déni de liberté.
De liberté psychologique,
ce n'est pas la liberté vis-à-vis de la loi,
du policier, des impôts, mais être libre de la dépendance d'autrui
psychologiquement, car lorsque l’autre vous instruit
à partir de son savoir, de sa situation, de son statut,
ce savoir participe encore de l’ignorance, car le savoir
ne peut jamais être complet et fait donc toujours partie de l’ignorance.
N’est-ce pas?
Je me demande si vous le voyez? Bien sûr.
Le savoir ne peut jamais être global, complet, total.
Et par conséquent il porte en lui l'ignorance.
Quand vous prenez conscience de cela, quand vous voyez que,
pour tout ce qui concerne l’esprit, le psychisme,
la profonde recherche religieuse,
il n'y a pas de dépendance à l’égard de qui que ce soit.
C’est cela la liberté, qui entraîne la responsabilité
d’être sa propre lumière.
Est-ce ainsi que nous sommes?
Car nous allons le découvrir ensemble, nous-mêmes,
non sur l’ordre d'un autre, sans être stimulé par un autre,
sans être encouragé par un autre, mais découvrir
par soi-même, totalement, complètement,
- ce qui n’est pas égoïste - comment être sa propre lumière.
Bien? Sommes-nous en harmonie?
Sans pour autant être d'accord - acculés dans une tente
et forcés d'accepter - ni être stimulés par l’intensité de l’orateur?
Si vous l'êtes, ce n'est qu’une flamme
que la première brise venue peut souffler.
Alors ceci dit, votre esprit, c'est-à-dire votre cerveau
vos sens, la qualité de votre pensée connaissant ses limites,
sont-ils prêts - non, pas prêts, pas ce terme,
la préparation implique le temps,
c'est une de nos théories favorites,
qu'il faut du temps pour devenir sa propre lumière -
nos esprits écoutent-ils comme si c'était la première fois?
Et ce n'est que lorsqu'on écoute
pour la première fois que l'on prête réellement attention.
Vous savez, c’est comme regarder le coucher ou le lever du soleil,
la beauté et l'extraordinaire lumière ne sont jamais les mêmes.
Vous pouvez contempler cela jour après jour, mois après mois,
vous ne dites jamais : 'bien, je l’ai vu une fois et cela me suffit'.
Si nous avons prêté attention à ce qui a été dit,
ce qui est dit n’est pas une répétition.
La beauté n’est pas une chose continue, elle est toujours neuve.
Un merveilleux tableau classique
ou une musique que vous écoutez, c’est tout le temps nouveau.
Mais nos esprits se saoulent tellement de mots,
qu'à force de répéter les mots, vous dîtes : 'cela m’ennuie,
vous avez déjà dit tout cela'.
Mais si vous écoutez, il y a toujours quelque chose de nouveau,
comme le coucher du soleil, l’étoile du soir, les eaux d’un fleuve.
Il nous reste du temps !
Nous demandons, ensemble, si nos esprits, et donc nos cœurs,
tout notre être, les sens, la qualité des sens
non divisés, vous comprenez, mais unis,
et une pensée qui se sait limitée, fragmentée,
toujours temporelle, et un cerveau résultant de conditionnements
millénaires, plein de souvenirs,
de savoir, d’expérience, comme un ordinateur,
- il est évidemment bien plus capable qu’un ordinateur,
il a inventé l’ordinateur, mais il est aussi actif qu'un ordinateur -
donc, tenant compte de tout ceci,
pouvons-nous effectuer notre recherche avec cette qualité d’esprit
ou être simplement dans un état d’observation,
observant simplement, sans l’observateur?
Car l’observateur est le passé, l’observateur résulte de toute
l’expérience, des sens, des réactions, des souvenirs, il est cela.
Observer sans l’observateur,
qu'il n’y ait que pure observation, non déformée, non morcelée,
ne résultant pas de choix - vous savez - observer simplement.
Alors,dans cet état de pure observation
y a-t-il un acte, un insight,
une perception totale de quelque chose qui résoudra tous ces problèmes?
Vous avez compris?
Cela existe.
Attention !
L’orateur dit : cela existe.
Vous n’en savez rien, naturellement.
Si vous en aviez connaissance, vous ne seriez pas ici.
L’orateur dit - écoutez attentivement, s’il vous plaît,
ce n’est pas de l’autorité, cela n'est pas le résultat de l’expérience
ni d'un savoir accumulé, ce n'est rien de tout cela -
l’orateur dit qu’il existe une solution, une issue à toute cette
terrible confusion, malheur, peur, tourment et terreur.
Bien?
Alors, ne l’acceptez pas.
Où en êtes-vous au terme de tout ceci?
L’orateur pose très sérieusement cette question.
Après les 20, 40, 50 minutes que nous parlons,
quelle est la qualité de votre esprit, un esprit capable
- écoutez je vous prie - capable de recevoir quelque chose
et de dire 'oui !', et ce 'oui' est votre propre découverte,
votre propre lumière,
l'attention totale que vous avez mise vous-même
à découvrir ceci.
Je vais approfondir.
Il nous faut de l’intelligence.
L’intelligence est autre chose que le savoir.
Comme nous l’avons déjà signalé le savoir comporte de l’ignorance.
N’est-ce pas?
Tandis que l’intelligence est exempte d’ignorance
et en conséquence, exempte d’illusion, et ne résulte pas
d’une accumulation de savoir. N'est-ce pas? L'intelligence.
La qualité d’intelligence vient quand il y a perception et action.
Perception et pas d'intervalle entre perception et action.
Vous voyez-agissez.
Je me demande si vous comprenez ceci.
Suivez-vous?
Vous voyez un danger, comme un précipice.
Et la perception même est action, vous vous en écartez instantanément.
Cela, c’est l’intelligence.
Cela fait partie de cette intelligence.
Vous voyez un serpent dangereux : action instantanée.
Non?
Ceci est assez simple parce que là, c'est une réponse physique.
Et la réaction physique est l'instinct de conservation
c'est-à-dire l'intelligence.
C’est l’inintelligent qui voit le danger et continue.
Vous comprenez?
L’intelligence est la perception
de ce qui est psychologiquement dangereux, d'où action instantanée.
C'est cela l’intelligence.
Il est psychologiquement dangereux de dépendre d’autrui :
pour de l’affection, de l’amour, du réconfort,
pour l’illumination, c’est dangereux parce que vous n’êtes pas libre.
Et par conséquent, la perception même
de ce danger et l’action sont intelligence.
N’est-ce pas?
Il faut avoir cette qualité d’intelligence.
Il n'y a pas intelligence si vous vous conformez à un modèle
établi par les gourous, par... - peu importe qui,
par quelque idiot -
ou que vous vous conformez, imitez, suivez.
Il y a donc l’idéal, et l’action qui diffère de cet idéal,
ou qui s’y conforme, qui s’y adapte,
ce qui est un manque de perception - n'est-ce pas? -
un défaut de vision du véritable mouvement de tout ceci.
Et quand il y a perception, l’idéal, l'imitation,
le conformisme, le suivisme cessent totalement et c’est l’intelligence.
Je ne donne pas une définition de l'intelligence.
C'est comme cela!
C'est le névrosé qui voit le danger et continue,
le névrosé, l’imbécile, l’irréfléchi,
celui qui se borne à suivre ses propres manies et plaisirs
et leur prête une signification rationnelle, etc.
Il faut donc avoir cette qualité d’intelligence.
Alors, avec cette intelligence, existe-t-il un état,
un mouvement, ou ce que vous voudrez
qui puisse résoudre les innombrables conflits et malheurs?
Vous suivez?
L’esprit totalement intelligent.
Et cet esprit cherche.
Q:Un auditeur : cela paraît assez violent.
Cette qualité de l’esprit ne devrait pas être violente.
Je m'excuse d'interrompre, mais...
K:Monsieur, si je puis me permettre respectueusement...
Q:Vous ne pouvez définir l’intelligence avec une telle violence,
la conséquence, Monsieur, en est la violence,
violence à l’égard de vous-même, à l’égard de vos frères humains.
Honnêtement, Monsieur !
K:Monsieur, nous allons avoir cinq journées de dialogues.
Veuillez donc réserver vos questions à cette occasion.
L’orateur ne vous empêche pas de poser des questions,
de contester, de mettre en question tout ce qu’il dit, ou a dit,
mais ce n’est pas le moment.
Merci de faire preuve de patience et d’égards.
Avec cette intelligence, nous cherchons s’il existe
- cela pourrait ne pas exister -
un acte, un état, une qualité qui résolve chaque problème de notre vie.
J’hésite à me servir de mots qui ont été abîmés,
on est obligé d'user d'un mot qui a perdu tout son sens.
Un mot comme 'amour' est devenu sexuel, sensoriel, sensuel.
Il s'allie avec plaisir, peur, anxiété, dépendance
et toute la laideur qui se loge dans ce que l'on nomme la relation.
Donc on utilise ce mot avec beaucoup, beaucoup d’hésitation.
Il n’a aucun rapport avec la jalousie, la peur ou la souffrance.
Il est responsabilité totale,
non seulement de la personne la plus proche
mais de la totalité de la vie, de la vôtre et de celle de l'autre.
Je dis : cet amour est la réponse définitive.
Sans cela, faites ce que vous voudrez,
tenez-vous sur la tête pour le restant de vos jours,
asseyez-vous en lotus ou peu importe comment...
Alors, avec cette intelligence vient l''autre'.
Vous comprenez?
Sans l'intelligence vous ne pouvez avoir cet 'autre'.
Ils sont inséparables.
Et c’est pourquoi la compassion a cette qualité de grande intelligence.
Et voilà la solution qui résoudra tous nos problèmes.
Bien, Monsieur.
Puis-je m'en aller?