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Ces objets !
Vous savez ce que c'est ?
Non, sans doute.
Vous n'en savez rien.
C'est artificiel, vous voyez.
Ce n'est pas simplement un doigt.
C'est un complexe d'infériorité en forme de doigt.
Ce n'est pas le doigt que j'ai soigné.
Je suis psychiatre.
J'ai juste comblé le fossé psychologique.
J'inspectais notre nouvelle usine.
Mon histoire ne vous ennuie pas, j'espère.
Non, continuez je vous en prie.
J'aurais dû être moins négligeant.
On devait utiliser de l'air liquide.
Mais il n'y en avait plus... alors on a utilisé de l'oxygène liquide.
Je pensais que c'était de l'air liquide.
Vous n'avez pas eu de chance.
Non, pas de chance, mais c'était de ma faute.
Si j'avais pu me dire que c'était le destin...
ou même une blessure de guerre...
je crois que j'aurais été sauvé.
Maintenant, c'est comme si j'étais exilé.
Tout le monde a oublié ce qui est arrivé.
Arrête s'il te plaît.
Je suis devenu très sensible au bruit.
Excuse-moi.
J'avais presque fini de toute façon.
Est-ce que la perte du visage affecte aussi les sens ?
Tu es fatigué.
Tout le monde dit ça !
Et si nous retirions ces bandages.
Sûrement pas.
Tu veux du thé ?
Non.
Assieds-toi.
Tu n'arrêtes pas de tourner en rond quand tu ne travailles pas.
Assieds-toi.
Tu t'es assise là-bas pour ne pas voir mon visage.
Qu'est-ce que tu vas imaginer ?
Veux-tu m'aider à faire une petite expérience ?
Tu n'as pas froid ?
Et toi ?
Non, pas trop.
Moi j'ai chaud !
Les bandages, sans doute.
Pourquoi tu ne les enlèves pas ?
Ce n'est pas bon pour la peau.
On ne peut pas sauver quelque chose qui est déjà mort.
Ton visage...
Tu es assez âgé pour ne pas t'en soucier.
Je vais faire du thé.
Ne t'enfuis pas.
Pourquoi je ferais ça ?
Pourquoi les gens ont-ils de tels préjugés à l'égard des visages ?
Comme lorsqu'on a de l'urticaire ?
Exactement.
Mais je sais une chose.
Toi, tu n'as pas besoin de bandages.
Mais dans ton cas ?
Non peut-être, lorsque j'écris ou que je téléphone.
Faire une expérience ? Je t'aiderai.
Très bien. Mais d'abord, éteins la lumière.
Éteindre ?
Être éclairé la nuit est-il un signe de civilisation ?
Peut-être...
Mais un homme sans visage ne se sent libre que dans l'obscurité.
C'est pour ça que les poissons des profondeurs sont si grotesques.
Est-ce que c'est une parabole ?
Ce n'est pas une parabole !
Je vis dans une obscurité bien plus profonde.
C'est quoi ce bruit ?
Quel bruit ?
Je voudrais pouvoir éteindre toutes les lumières du monde...
ou bien, arracher tous les yeux.
Si seulement j'en avais le droit.
Les yeux ne servent pas uniquement à regarder les visages.
Le visage n'est qu'un espace au-dessus du cou...
recouvert d'une feuille de papier de riz.
Tu n'es pas d'accord ?
C'est ce que je me disais, pourtant.
Juste une couche de peau. J'ai essayé de m'en convaincre.
Mais je n'en suis plus très sûr maintenant.
Le visage est la porte de l'esprit.
Sans lui, l'esprit est enfermé. Il n'y a pas de communication.
L'esprit se corrompt, se désagrège.
L'esprit d'un monstre pourri.
Je suis enterré vivant.
Mais c'est toi qui ferme la porte.
Personne ne t'empêche de sortir.
Je suis comme les autres alors ?
... tant qu'il fait sombre.
Je m'en doutais...
C'était trop rapide.
Tu ne m'aurais pas laissé faire de toute façon.
Pourquoi ne m'avez-vous pas arrêté ?
Mais je sais qui vous êtes.
Comment le savez-vous ?
Comment savez-vous que je ne suis pas quelqu'un d'autre ?
Dites-moi.
Mais votre voix...
Ma voix ?
Foutaises.
On a tous la même voix sous des bandages pareils.
Je suis désolée, Monsieur.
Pourquoi ?
Oubliez cela.
Bonjour.
Je peux fumer ?
Bien sûr. Pourquoi ?
J'ai l'air grotesque avec une cigarette au milieu de mes bandages.
Dis pas de bêtises.
Ta secrétaire n'a pas pu prouver qui j'étais.
Quoi ?
J'aimerais prendre des vacances.
Bien sûr. Je te l'avais moi-même suggéré.
Je ne sais pas si je suis toujours celui qui convient pour ce poste.
Tu es toi. Inutile d'y réfléchir davantage.
Je ne veux pas abuser de toi.
Oublie ça ! Tu n'as fait que ton devoir.
Ce n'est pas la question.
Je n'ai plus de visage et puis...
Tu es fatigué.
J'aimerais l'être.
J'ai l'air d'un monstre, parfois même à mes propres yeux.
Calme-toi.
Tu penses trop.
Vous avez tort.
Vous me demandez de vous couper la main plutôt que de vous remplacer un doigt.
Vous avez le devoir de sauver vos patients.
Mais pas de les aider à mourir.
Les aider à mourir ? Vous exagérez un peu.
Je peux remplacer n'importe quelle partie de votre corps.
Ce ne serait pas mieux que des bandages.
Ce serait même encore plus grotesque.
Préférez-vous des mauvaises dents ou des fausses ?
C'est différent.
En quoi ?
En quoi est-ce différent ?
Allez-y, si vous insistez.
Puis-je appeler l'infirmière ?
Mais n'oubliez pas, c'est vous qui en prenez la responsabilité.
Je vais brûler le visage de ma femme, comme le mien.
Vous êtes d'accord, n'est-ce pas ?
Et après, vous pourrez lui mettre des fausses dents.
Cessez ces enfantillages. C'est indigne de vous.
Ma femme m'a repoussé.
À quoi bon se venger ?
Se venger ?
Ce n'est pas ça.
Je voudrais simplement la libérer de ses préjugés sur le visage.
Cela m'aiderait beaucoup si j'y parvenais.
Rien ne rassure plus un patient que la confiance qu'il a en son médecin.
Vous êtes sérieux ?
Tout à fait.
Après tout, cela me fera une bonne excuse.
Je suis tellement lâche que je ne peux pas résister à une bonne excuse.
Mais c'est prendre le risque de commettre un acte illégal.
Je ne vous suis pas.
Je ne sais pas si je réussirai.
Mais c'est une expérience intéressante.
Qui enfreint l'éthique médicale, mais c'est vous qui m'y poussez.
À une condition.
Que vous me teniez informé de tout ce que vous ferez.
Le masque est pour un usage temporaire.
Il ne vous appartient pas.
Merci.
C'est très bien ressorti.
C'est du plâtre ?
De l'alginate de sodium.
La prochaine fois, on utilisera un moule de paraffine.
Pouvez-vous venir demain ?
Quand vous voulez.
C'est mon seul travail maintenant.
Vous habitez ici ?
Dans la loge.
J'ai vu l'annonce. J'aimerais louer une chambre.
Il a une visite en ce moment... une femme.
Mais je suis venu pour la chambre.
S'il vous plaît, ne lui dites rien.
Je le rendrai.
<i>Oui ? Qui est-ce ?</i>
J'ai vu votre annonce. Y a-t-il une chambre libre ?
<i>J'arrive.</i>
Désolé je...
Yoko ! Tu l'as encore volé !
C'est votre fille ?
Oui.
Excusez ma tenue. Je prenais un bain.
Et pour la chambre ?
Un instant, je vais regarder les prix.
Tous les verrous sont automatiques.
Il y a aussi une chaîne pour la sécurité.
Je vous en prie.
Voici la salle de bain.
Il y a aussi un verrou automatique.
Et là, les toilettes.
La chambre.
Jolie vue.
La penderie.
Je n'ai pas changé d'idée.
J'ai trouvé un repaire pour le masque.
Ce n'est pas ce que je vous avais demandé.
Vous voulez parler de mes projets ?
De votre double vie avec le masque.
Nous les maquillerons toutes les deux, n'est-ce pas ?
Est-ce que ça marchera ?
Savez-vous à quoi je pensais dans l'appartement ?
Voyons...
Vous vous demandiez peut-être ce que vous alliez faire de cette liberté.
Non, je pensais à la jalousie.
La jalousie ?
C'est normal, non ?
Il m'est impossible de rendre ma femme jalouse.
Et vous comptez utiliser votre masque pour la rendre jalouse ?
Je compte m'en servir pour toute sorte de sentiment, y compris la jalousie.
Je vous le demande encore une fois.
Votre intention est bien de retrouver votre vie passée, pas de la fuir ?
Ça vous ennuie ?
Non, d'un point de vue psychiatrique c'est plutôt sain.
J'avais peur que vous ne soyez tenté d'échapper à vous-même.
C'est juste une différence de point de vue.
Ce plastique est très intéressant.
Pour l'instant, c'est comme de l'argile.
Mais si vous le pétrissez, il devient élastique comme du caoutchouc.
Ça ressemble beaucoup aux tissus cellulaires de la peau.
C'est très réaliste quand on l'applique sur les lignes de Langer.
Les lignes de Langer ?
L'agencement des tissus cellulaires.
Je vois.
À quoi ressemblera mon visage ?
Ça m'intrigue, mais je vous fais confiance.
Oui, faites-moi confiance.
C'est difficile de procéder sans changer votre structure originelle.
Vous aurez l'air différent mais c'est tout.
Où se fait la jointure entre le masque et la peau ?
C'est délicat.
Ce sera plus visible autour des yeux.
Vous aurez besoin de lunettes de soleil.
Je ne me plaindrai pas.
Que c'est froid !
Qu'est-ce que tu fais ?
J'avais l'intention de faire du thé.
On vient d'en prendre un.
Ce n'est pas la peine de vouloir t'activer à tout prix.
Ça me rend nerveux.
Veux-tu que j'éteigne la lumière ?
Non, non, je me sens bien comme ça.
Je m'y suis habitué ou bien je me suis résigné.
Où es-tu allé aujourd'hui ?
Nulle part en particulier.
Tu t'inquiètes ?
Tu ne devrais pas.
Que peut bien faire un homme dont le visage est recouvert de bandages ?
Tu es toujours fâché contre moi ?
Ne parle pas comme si c'était toi la victime.
Ce n'est pas ce que je voulais dire.
Après tout, tu es peut-être une victime toi aussi.
Encore récemment, je voulais vraiment te blesser...
rendre ton visage pire que le mien.
C'est de ta faute.
Tu mentais lorsque tu disais ne pas te préoccuper de mon visage.
C'est ce qu'il fallait dire. Je sais.
C'est facile de dire que le monstre est le seul fautif.
Tout est de la faute du monstre.
Tu me l'as rabâché si souvent...
que je commence à le croire.
Parce que je m'imagine que c'est ce que tu penses.
Mais ça me gêne d'autant plus.
Pourquoi ? Pourquoi t'imagines-tu cela ?
Oublions ça. Je suis au-dessus de ça maintenant.
En fait, je suis allé voir un film aujourd'hui.
Il faisait froid. Les salles de cinéma sont vraiment sombres, non ?
Personne ne se soucie de ton apparence.
C'était quel film ?
Une jeune fille était assise devant moi.
Au début elle était seule, mais un homme est venu s'asseoir à ses côtés.
Il y avait des sièges libres, mais il s'est assis juste à côté d'elle.
Je laisse la suite à ton imagination.
Il ne manquait pas d'audace. Aucun souci de son entourage.
Elle l'a laissé faire ?
Je pense que oui.
En fait, je ne sais pas vraiment ce qui s'est passé entre eux.
Il est possible qu'il se soit passé quelque chose.
Mais j'ai tout à coup réalisé qu'il agissait comme un homme masqué.
Est-ce que les bourreaux éprouvaient la même chose sous leur cagoule ?
Je t'observe attentivement.
Tu as l'impression de voir deux trous dans un mur, n'est-ce pas ?
Que veux-tu dire ?
Rien de particulier.
Certains monstres veulent avoir l'air de gens normaux, et vice versa.
Tu vois, même les monstres ont leurs plaisirs.
Alors, épargne-moi ta sympathie !
Vise un peu le canon.
Allez, fais pas ta fière.
Dis-nous quelque chose.
Vous pouvez m'ouvrir, s'il vous plaît.
SECTION PSYCHIATRIQUE Nº 2
Garde-à-vous !
Un raid aérien !
Jouons au baseball.
Le raid est terminé.
Le vent est agréable.
Le vent est mauvais...
J'aimerais voir la mer.
Idiote.
Je voulais te montrer une jolie chose.
Fais comme tu voudras.
Madame, ma balle.
C'est un monstre.
Vous avez l'air très motivé ?
Oui, je le suis.
C'est une expérience si romanesque. Unique en son genre.
Et faire un masque pour vous-même ?
Non, je me contente d'observer le processus.
C'est-à-dire ?
C'est comme rendre un homme invisible.
Et vous imaginez quoi exactement ?
Que ferait ma femme si je lui fabriquais un masque ?
Ne faites pas ça.
Je boirais bien un café.
Du sucre ?
Beaucoup.
J'ai trop fumé. J'ai la langue toute sèche.
Votre femme écoute encore.
Cela pourrait devenir terrible.
Oui, nous contrarions les lois de la nature.
Peut-être que cet homme...
Il pourrait utiliser le masque pour séduire sa femme.
Vraiment ?
Et vous êtes d'accord ?
Ça n'irait pas très loin. Les hommes n'ont pas d'ailes.
Peu importe qu'ils s'élèvent, ils retombent toujours.
Je suis un monstre...
Frère...
Il n'y a pas de risque qu'une guerre éclate, n'est-ce pas ?
Non, je ne pense pas.
Mais qui sait ? On ne peut même pas être sûr du temps qu'il fera demain.
Effectivement.
Et c'est pareil pour la guerre.
On n'en prend vraiment conscience que lorsqu'elle a commencé.
C'est vrai.
Bonjour.
Ne vous inquiétez pas. Je suis de bonne humeur aujourd'hui.
Voulez-vous déjeuner avec moi ?
Je plaisante. Les masques rendent audacieux.
N'y pensez plus. Dites-vous que je suis ivre.
J'ai bien réfléchi.
Je me suis calmé.
Je voudrais te parler sérieusement de mon avenir.
Laisse tomber, je t'ai déjà dit.
Reste avec nous. Ce n'est pas la peine d'en parler.
Non, je ne peux plus diriger une équipe.
Je sais. Tu n'as pas besoin de me le dire.
Mais je peux toujours m'occuper de la partie technique.
Je risque de garder ces bandages pour longtemps encore.
Pourrais-je retourner à la fabrication tout en gardant mon salaire actuel ?
Je ne vois pas vraiment de raison à ce changement.
Mais si tu insistes...
Ah, ça me soulage.
Je ferai le nécessaire avant la fin de ton congé.
Ta femme va bien ?
Pourquoi ?
Pourquoi ? Quelle drôle de question.
Dorénavant, on ne pourra me joindre que par téléphone ou par écrit.
Tout ce que tu verras de moi, ce sera ma signature.
J'essaierai de ne pas me montrer.
À la longue, tu t'y feras.
Tu as l'air fatigué tout à coup.
Quelques minutes en ma présence, et tu es épuisé.
C'est donc pour ça que ma femme n'a pas l'air bien.
Bon, j'y vais.
Et lui, comment vous le trouvez ?
Ce visage ?
Pas le visage.
La taille et la texture de la peau.
Il n'est pas trop jeune ?
Il sera facile de lui parler.
On y va ?
Vous prendrez quoi ?
Il est trop tôt pour déjeuner.
Un coca ?
D'accord.
Vous permettez ?
Deux coca !
La même chose.
On voudrait vous demander une faveur.
Quoi ?
Qu'est-ce que c'est ?
Une faveur à 10 000 yens. Ça vous tente ?
Vous ne m'avez pas encore dit ce que je dois faire.
Nous vendre votre visage.
Mon visage ?
Seulement son moulage.
Pour ce prix-là, on ne va pas vous écorcher !
Juste le moulage ?
On ne s'en servira pas contre vous.
Mais, ce n'est pas comme les empreintes digitales ?
La forme du gant s'adapte à la main qui le porte.
Nous ne voulons que les pores. Juste les détails de surface.
Pas avec lui.
Ça ne marchera pas.
Allons-y.
Mais je ne comprends toujours pas.
Vous voulez en faire quoi ?
Allez-y. Prenez-le.
Je dois m'absenter une semaine.
Pour ton travail ?
Ça ne t'ennuie pas ?
Non, pas du tout.
Je vais préparer ta valise.
Tu pars quand ?
Je suis assez étonné.
Je pensais que tu serais surprise...
que j'ai pu accepter ce voyage d'affaires.
Je le suis, évidemment.
Excuse-moi. Ne le prends pas mal.
Je ne voulais pas te froisser.
Bavardons un peu.
Tu vas à ton cours vendredi, n'est-ce pas ?
Tu l'as finie, celle-là ?
Pas encore. Presque.
Entre une pierre polie et une naturelle, laquelle est la plus réelle ?
Je préfère ne pas en parler.
Pourquoi ?
C'est ambigu.
Je vois.
Tu as le droit de changer de sujet.
De quoi allons-nous parler ?
T'es-tu déjà demandé pourquoi les femmes se maquillent ?
Eh bien... Ce n'est pas pour tromper les hommes, n'est-ce pas ?
Pas du tout.
À l'époque du Dit de Genji...
on considérait comme une vertu de dissimuler son visage.
Les femmes ne laissaient voir que leurs longs cheveux.
C'est encore vrai dans les pays arabes.
Le maquillage est aussi une sorte de masque.
Une preuve de modestie, en somme.
De modestie ?
Aucune femme ne devrait montrer son visage sans maquillage.
Si c'est de l'ironie, c'est plutôt de mauvais goût.
De l'ironie ?
Ça n'en est pas ?
N'est-ce pas mieux que la fierté ?
Type sensible, type pratique, type aventureux, type idéaliste...
J'ai eu du mal avec autant de types.
J'en ai discuté avec l'infirmière.
Aurais-je dû demander aussi à votre femme ?
Non, sûrement pas.
Passez-moi les yeux.
Alors ?
Vous avez aussi laissé le grain de beauté ?
Oui, c'est plus réaliste avec quelques défauts.
On l'essaye ?
On ne peut pas bien se rendre compte tant qu'il n'est pas positionné.
Je vais retirer vos bandages.
Ne bougez pas.
Il s'adapte bien.
C'est très réussi. Magnifique.
Ça chauffe un peu, mais il faut le supporter.
Le produit va agir petit à petit.
Remuez un peu vos lèvres.
En arrière...
Il faut animer votre visage sous la chaleur...
pour créer de vraies rides.
Tel quel, c'est trop lisse et pas très réaliste.
Remuez encore votre bouche.
C'est bon.
Maintenant, vous pouvez parler ou faire ce que vous voulez.
La transpiration ne va pas le détendre ?
Un produit spécial contracte les glandes sudoripares.
Il vous sera peut-être difficile de respirer au début.
La respiration par la peau est impossible.
J'ai du mal à parler.
C'est peut-être mieux que votre voix soit différente.
Vous devez respecter certaines règles.
Ne portez jamais le masque plus de 12 heures d'affilée.
Sinon, la peau risque d'étouffer.
Le changement est incroyable.
C'est une vraie réussite.
Politicien...
Sans barbe, ça ne fait pas naturel.
Laquelle est la mieux ?
Et celle-là ?
Pas celle-là. L'autre.
Celle-ci ?
Ça fait une drôle d'impression.
Comme si un autre avait pris ma place.
Je trouve que c'est un beau visage.
Pas vous, Docteur ?
La couche de peau n'a pas plus de quatre millimètres d'épaisseur.
Seulement ?
Oui, une opération très délicate.
Il me semble encore étranger.
Il est agréable. Avec de la personnalité.
Même un simple changement de vêtements peut transformer les gens.
Mais je reste moi-même. On ne peut rien y changer.
J'espère.
Que voulez-vous dire ?
Apportez-moi un verre.
Je vous ai dit qu'au début j'hésitais à faire cette opération.
C'était une expérience intéressante, mais qui pouvait être dangereuse.
Et puis j'ai fini par accepter.
Buvez ça, s'il vous plaît.
Entraînez-vous à utiliser vos lèvres.
Et ce médicament.
Qu'est-ce que c'est ?
Vous arrivez à boire ?
Pas vraiment.
Ça va, si vous ne le répandez pas.
Je peux aussi boire du chaud ?
Ce que vous voulez.
On fait l'injection ?
Oui, faites-lui maintenant.
J'ai l'impression d'étouffer.
Ça va passer.
De quoi parlions-nous ?
C'est quoi ça ?
Ah oui... à propos de mes craintes.
Les troubles psychologiques que le masque pourrait créer.
N'exagérez pas.
Ressentez-vous des picotements ?
Non, mais je n'ai pas encore l'impression que ça m'appartient.
Vous ne vous sentez pas envahi par une sensation de fraîcheur ?
J'ai l'impression d'être dans un four.
Ça va aller.
Quand le masque sera bien ajusté, vous serez un homme nouveau.
Un individu non enregistré.
Psychologiquement invisible.
Je suis moi.
Qu'est-ce que vous m'avez donné comme médicament ?
Ils font de l'effet ?
Je me sens tout engourdi.
Un narcotique et un sédatif.
Je craignais que votre nervosité ne cause des rides irrégulières.
Relaxez-vous. Riez, sifflez... Ne résistez pas au masque. Acceptez-le.
Encore trois minutes.
Souriez, s'il vous plaît.
Tous les visages sourient de temps en temps.
Vous avez encore l'air d'un malade.
Maintenant, souriez s'il vous plaît.
Non non, un vrai sourire.
Je ne sens pas le vent sur mon visage.
On dit qu'un aveugle peut s'orienter par la perception de l'air sur sa peau.
Le monde extérieur me semble terriblement éloigné.
J'ai l'impression que je vais m'écrouler.
Attendez un peu.
Vous êtes né il y a à peine plus d'une heure.
À votre première sortie.
<i>"À votre création" serait plus approprié, n'est-ce pas ?</i>
Vous n'avez pas besoin de parler comme ça !
Attendez...
Ah oui, c'est une de vos feintes.
Une feinte ?
Oui.
Vous êtes fasciné par le défi que vous lance le masque, mais vous y résistez.
Pas du tout. C'est vous qui me mettez au défi.
Non, vous ne redoutez plus la lumière, maintenant.
Vous êtes différent de celui qui portait les bandages.
C'est à cause des médicaments.
Non.
Quand la serveuse est arrivée, votre regard était fixé sur ses jambes.
Le masque a commencé à se montrer.
C'est juste ce vertige.
Tout me paraît si incohérent.
Est-ce à cause du masque ?
Vous ne pouvez pas vous taire un peu.
Vous avez mauvaise conscience ? C'est ça ?
Que voulez-vous ?
Une franche analyse de vous-même.
Vous avez promis de tout me dire.
Je ne vous cache rien.
Alors, ne me poussez pas à le faire.
D'accord. Peut-être que j'insiste trop.
Mais n'allez pas trop loin.
Trop loin ? Dans quel sens ?
Si vous ne pouvez pas le supporter...
Vous y revenez encore !
C'est une idée fixe.
Non, j'ai moi-même des doutes.
Essayez de comprendre.
Je m'inquiète peut-être sans raison.
Franchement, je l'espère.
Mais les masques peuvent détruire toute forme de moralité.
N'est-ce pas ?
Le nom, le rang, la profession...
de telles étiquettes ne signifieraient plus rien.
Nous serions tous étrangers l'un à l'autre.
Il serait normal d'être seul.
Il n'y aurait aucune raison de se sentir coupable.
Docteur...
Dois-je rester avec vous tant que je porte le masque ?
Non.
Juste au début, peut-être...
Mais je m'en irai si je vous dérange.
Je vous dirai...
Tout.
Me direz-vous franchement ce que vous ressentez en cet instant ?
Je recommence à vous ennuyer.
Parce que je sais qui vous êtes.
Je voudrais m'étudier moi-même.
Le masque est en train de prendre le contrôle.
Je veux être seul. Je ne l'ai pas été depuis si longtemps.
Très bien.
J'espère vous voir demain.
N'oubliez pas de laver les adhésifs avant d'aller vous coucher.
<i>Oui ? Qui est-ce ?</i>
J'ai vu votre annonce. Vous avez une chambre libre ?
<i>Oui, oui. J'arrive.</i>
Désolé. Je vous ai fait attendre.
Yoko ! Tu l'as encore volé !
C'est votre fille ?
Oui.
Excusez ma tenue. Je sors du bain.
Il y a cinq étages ?
Oui. Un moment.
Je vais consulter les tarifs.
Vous m'avez vue ?
J'essaye d'éduquer la fille du gardien.
Pauvre petite. Elle est un peu retardée.
Il ne fait rien pour elle.
Je voudrais qu'elle surmonte son handicap.
Même un chien peut être dressé à faire certaines choses.
Je ne veux pas qu'elle...
Excusez-moi, je suis pressé.
Arrête !
Je t'en achèterai un autre.
C'est vrai ?
Ne fais pas ça.
Vous lui direz pas ?
Non, si c'est ce que tu veux.
Je le referai pas.
Qui est-ce ?
<i>C'est moi.</i>
<i>Mon yo-yo, tu me l'achètes quand ?</i>
Je vais ouvrir. Attends.
C'est possible aujourd'hui ?
Qu'est-ce que tu veux dire ?
C'est pas bien d'avoir oublié.
Je ne comprends pas.
Si tu tiens pas ta promesse, je te coupe la langue.
Quelle promesse ?
Tu m'as promis de m'acheter un yo-yo.
Moi ?
Tu dois te tromper. De quoi a-t-il l'air ce monsieur ?
Est-ce que son visage était bandé ?
C'est vous.
Mais quand ?
Tout à l'heure.
Mais tu vois. Quand je sors, mon visage est toujours bandé.
Tu te souviens de l'autre nuit ?
C'est la seule fois qu'on s'est rencontré.
Tout à l'heure !
Je t'ai vraiment promis de t'acheter un yo-yo ?
C'est pas la peine de mentir.
Qu'est-ce qu'il portait ?
J'ai oublié.
Je loue combien de chambres ? Une ou... ?
Si tu lui dis pas...
je dirai rien sur toi.
Je n'ai pas beaucoup de temps aujourd'hui. Demain, peut-être.
Demain.
Oui, je te le promets.
Vous le voyez ?
Oui, je le vois.
Il est comment maintenant ?
Il complote quelque chose.
Il devient énorme.
Faites attention, alors.
Laissez-le-moi.
Je vais vous faire une injection pour vos yeux.
Je vous remercie.
Votre femme encore...
Je sais.
Vous avez l'air content.
Vous êtes satisfait du résultat, n'est-ce pas ?
Quelqu'un a-t-il découvert qui vous êtes ?
Pouvez-vous m'assurer que personne ne le pourra ?
Je pense que oui.
Moi-même, j'ai presque été abusée.
Vous voyez ?
Votre masque peut aussi avoir l'air sérieux.
Je ne m'inquiète pas.
Malheureusement.
Qui l'a su ?
Votre femme, n'est-ce pas ?
Une inconnue.
Une jeune fille que je n'ai vue que deux fois.
Une fille ?
Une idiote.
Une attardée mentale ?
Elle m'a vu avec mes bandages.
Et une fois avec mon masque.
Je portais un costume différent...
mais elle s'en est aperçue.
À votre appartement ?
C'est la fille du gardien.
Elle ne vous a pas vu vous changer ?
Il n'y aucune chance. J'en suis sûr.
Je vois.
Mais vous ne pourriez pas davantage tromper un chien.
Un chien ?
Elle a peut-être un sens animal de l'odorat.
Il faut une certaine intelligence pour distinguer les gens d'après leur visage.
Et avec un adulte normal ?
Il n'y a aucun risque, même avec un détective expérimenté.
Pourquoi ne pas le tester en allant voir un vieil ami ?
Je peux vous l'assurer.
Votre masque a maintenant bien plus de personnalité.
C'était comment hier soir ?
Rien de spécial.
Vous voulez dire que vous avez réussi à contrôler le masque ?
Vous êtes trop curieux.
Vous me mentez !
Vous devez être plus franc. Vous me l'avez promis.
Pourquoi ?
Voilà la preuve que vous mentez.
Le costume, la cravate, les chaussures...
Vous ne portiez jamais des choses aussi voyantes.
Votre visage, votre statut, votre emploi d'autrefois...
personne ne pourrait les deviner aujourd'hui.
Ce que vous portez maintenant correspond à votre masque.
Le masque a choisi pour vous.
C'est lui qui vous a commandé de faire ces choix.
Vous voyez ?
Votre masque est réellement en train de vous influencer.
C'est moi qui ai voulu lui correspondre.
Quand vous serez plus confiant, vous l'écouterez davantage.
Allez voir quelqu'un. Testez-le.
À ce soir. Je vous attendrai.
Je voudrais voir le directeur. C'est au sujet de M. Okuyama.
Vous avez une carte de visite ?
Non.
Qu'est-ce que vous lui voulez ?
On ne se serait pas déjà rencontré quelque part ?
Je suis sûr que si. Mais où était-ce ?
Je me trompe peut-être ?
Je crois, oui.
Vous avez peut-être raison.
Allez-vous quand même m'annoncer ?
Mais vous n'arrêtez pas de mentir.
Je ne peux pas le voir ?
Au sujet de M. Okuyama...
Vous souvenez-vous de son visage avant l'accident ?
Bien sûr.
En fait, je suis son frère cadet.
Je vais appeler la sécurité si vous continuez.
Bon, je crois que j'en ai assez fait pour aujourd'hui.
Vous n'êtes pas encore mariée, je suppose.
Alors, vous vous êtes habitué au masque ou c'est lui qui s'est habitué à vous ?
Vous êtes un grand professeur, un spécialiste.
Vous pouvez tout prévoir à l'avance.
Vous êtes soûl ?
C'est grave ?
Pas du tout ?
C'est plus facile de m'étudier quand je suis soûl ?
Exactement.
Une autre, pour moi aussi.
Alors, dites-moi. Est-ce moi qui suis soûl ou le masque ?
J'aimerais bien pouvoir répondre à cette question.
Comment le savoir alors ?
Et au sujet de votre nouveau nom et de vos projets professionnels ?
Pourquoi ?
Comme ça...
Pour ça, les bandages feront l'affaire.
Et le masque alors ? N'a-t-il pas d'autres ambitions ?
Le masque me sert à savourer les émotions ordinaires.
J'en doute.
L'autre jour, deux bières et un alcool ne vous faisaient rien.
Ce soir, après une bière et demie, vous êtes déjà ivre.
Vous comprenez ?
Ce n'est pas la bière qui vous enivre. C'est le masque.
Non...
Vous jouez sur les mots.
Regardez. Tout le monde tente de s'enivrer.
Mais même s'ils y parviennent, ils n'ont pas d'alibi.
Ils ne peuvent pas devenir quelqu'un d'autre.
Vous au contraire, vous ne pouvez pas être vous-même.
Vous avez un alibi pour tout.
En fait, on ne pourrait pas prouver que vous êtes vraiment ici ce soir.
Le masque pourrait bien être une sorte d'ivresse.
Je vois. Une façon subtile de me mettre au défi.
Mais qu'est-ce que vous recherchez exactement ?
C'est vous qui m'avez incité à boire.
Comprendre la différence entre vos premières intentions...
et celles que vous avez maintenant. C'est tout ce que je veux.
Je ne comprends pas.
Avez-vous oublié ?
Je vous ai dit que porter le masque équivalait à se retrouver en apesanteur.
Mais vous m'avez dit que pour vous, ce n'était qu'un moyen de vous poser.
C'est toujours vrai.
Alors qu'en est-il ?
Si ce n'est ni votre nom ni votre travail, que recherchez-vous ?
Vous voulez que je vous dise ?
S'il vous plaît.
J'ai l'intention de séduire ma femme.
Ça ne vous surprend pas ?
Je m'y attendais un peu.
Je vois. Félicitations.
Et que va-t-il se passer, selon vous ?
Est-ce que je réussirai ?
C'est dangereux.
Elle va s'en apercevoir ?
Peut-être pire encore.
J'ai le droit de récupérer ce qui est à moi.
Reviendra-t-elle ?
Demain...
Ça commencera à quatre heures. J'ai un plan.
Demain.
J'ai tant attendu ce moment.
Merci encore.
C'est un redoutable triangle amoureux.
Un triangle amoureux ?
Je vois. Un triangle amoureux, dites-vous ?
Mais vous êtes d'accord, tant que je vous tiens au courant ?
Oui, racontez-moi tout.
Je vous le promets.
J'ai de plus en plus l'impression d'être un cobaye.
Qu'est-ce qu'on peut faire ?
Encore le jeu des devinettes ?
Non. Après tout, il ne vivra pas très longtemps.
Quoi ?
Le masque.
Vous n'êtes pas content que votre prophétie se réalise ?
Mais au cas où...
Au cas où... ?
Au cas où le masque emprunterait votre corps pour vivre...
Je suis un cobaye.
Je pourrais le produire en grande quantité.
Un visage dont on pourrait facilement changer...
Un monde sans famille, sans amis ni ennemis.
Il n'y aurait pas de crimes puisqu'il n'y aurait pas de criminels.
Personne ne réclamerait la liberté parce que tous seraient libres.
Personne ne voudrait se sauver, car il n'y aurait aucun endroit à fuir.
La solitude et l'amitié ne seront qu'une seule et même chose.
On n'aura pas besoin de se fier aux autres.
Il n'y aura ni suspicion, ni trahison.
Pourquoi ne le testez-vous pas sur vous-même ?
Même un médecin ne peut se disséquer lui-même.
Je ne peux plus reculer maintenant.
Ne vous en faites pas. Un monde comme ça ne peut pas exister.
Je crois que je comprends ce que vous voulez dire.
C'est peut-être parce que je suis constamment entouré de déséquilibrés.
On ne sait pas encore.
Vous ne pouvez pas tirer de conclusions avant la fin.
Vous avez perdu ceci.
Oh, merci. Mais comment a-t-elle pu tomber ?
Voulez-vous prendre un thé ?
Je crois qu'il y a un café par ici.
Merde...
Qui y a-t-il ?
Non, rien.
Vous venez de dire "merde", non ?
Non, non.
Quelle musique bruyante !
Il paraît que c'est fait exprès.
Comme ça les gens s'en vont et le roulement est plus rapide.
Je crois avoir déjà entendu ça quelque part...
Oui, j'imagine.
C'était dans un magazine, je crois.
Est-ce que vous travaillez ?
Non, je suis des cours pour apprendre à polir les pierres précieuses.
Comme cette bague que vous avez laissé tomber.
Et votre femme... ?
Comment ?
Son passe-temps ?
Je ne suis pas marié.
Et votre mari ?
Son passe-temps ?
C'est sans importance.
Vous ne me le direz sûrement pas, mais...
Quoi ?
Ce que vous faites.
Pourquoi ?
C'est un secret ?
Si je parvenais à le cacher, cela prouverait ma sincérité, n'est-ce pas ?
Vous...
Les chiens peuvent sentir les choses malgré l'obscurité.
Mais ça ne veut pas dire qu'ils sont plus évolués.
Je le sais.
Ils m'ont appelée "Madame".
Tu te souviens de la mer à Nagasaki ?
Qu'est-ce qu'ils partent pêcher à cette heure ?
Frère...
Est-ce que j'ai l'air jolie d'où tu es ?
Oui.
Jolie comment ?
Trop jolie.
Aucune nouvelle pour l'instant...
Il est en train de faire quelque chose.
Lequel va tuer l'autre ?
L'un des trois. À vous de deviner.
Monsieur.
Le yo-yo ?
C'est notre secret.
Bien sûr.
Je vous en prie.
Quelle jolie vue !
Je me demandais... Est-ce moi qui vous ai séduite...
ou bien vous qui vous êtes laissé séduire ?
Vous vivez vraiment ici ?
On ne sent pas la présence d'une femme.
Pas plus que celle d'un homme, d'ailleurs.
Vous avez un certain talent pour flairer les choses, on dirait.
Si vous le dites.
Cependant, les gens ne sont pas tout à fait ce qu'ils ont l'air d'être.
Nous devrions pourtant respecter les apparences.
Vous croyez ?
Si vous étiez confiant vous aussi, vous penseriez comme moi.
Nous sommes deux étrangers sur le point de commettre un adultère.
Oui, je suis prête.
Pas d'états d'âme ?
Je suis là, bien présente, sous toutes mes apparences...
La mer semble dire quelque chose.
Demain, une guerre pourrait éclater.
Tu ne veux pas m'embrasser ?
Je suis sûre qu'il y aura une guerre demain.
Pardonne-moi.
C'est trop facile.
Trop simple.
Je sais bien que ce n'est pas compliqué.
Mais là, je ne peux pas le supporter !
Qu'est-ce que tu fais ?
Regarde-moi ! Sale traînée !
Tu crois que je ne le savais pas ?
Tu savais ?
Bien sûr !
Je croyais qu'on était tous les deux conscients de jouer la comédie.
Mais comment l'as-tu deviné ?
Dois-je vraiment te le dire ?
Tu ne t'es pas dit que ce masque était vraiment réussi ?
J'étais impressionnée, si.
C'est pour ça, que j'ai exagéré mon maquillage.
Tu savais et...
Bien sûr.
C'était de faux espoirs.
J'avais honte mais en même temps je t'étais reconnaissante.
Je croyais que le masque était une marque d'attention.
En amour, on essaye toujours de se dévoiler l'un à l'autre.
J'ai donc pensé que l'on devait essayer de porter un masque tous les deux.
C'est toi alors qui as fait le premier pas.
Pas du tout.
C'est toi qui as refusé d'aller jusqu'au bout.
Attends un peu.
Pourquoi ne pas essayer à nouveau ?
Non.
Rappelle-toi ce que je t'ai dit hier soir.
Les femmes ne dissimulent pas le fait qu'elles portent un maquillage.
Je ne pourrai jamais supporter un masque qui prétend être réel.
Mais...
J'ai envie de hurler.
<i>Je ne traite pas les pathologies physiques.</i>
<i>Je suis psychiatre.</i>
<i>J'ai juste comblé le fossé psychologique.</i>
À MON FRÈRE
<i>Je ne suis personne.</i>
<i>Un parfait inconnu.</i>
Des lunettes de soleil.
Je ne suis personne. Arrêtez-moi, si vous pouvez.
Absolument personne.
Qu'est-ce que vous dites ? Ce n'est pas une plaisanterie.
Et qu'est-ce que vous allez faire ?
Une minute. On est en train de l'interroger.
Qu'est-ce que c'est ? La carte d'un docteur.
Clinique Psychiatrique Hori.
La police.
Hori, j'écoute.
Oui. C'est exact.
Il s'est enfui de la clinique.
Merci.
Chéri. Le dîner est prêt.
Oui. Je viens le chercher tout de suite.
Non, il n'est pas violent.
Pour ces effets personnels.
Soyez prudent dorénavant.
Désolé de vous avoir causé tous ces ennuis.
Je ne suis pas fou.
Je suis un dangereux criminel. Vous ne pouvez pas m'arrêter.
Je sais. Je ne vous laisserai pas partir. Allons-y !
Pas vous, Docteur.
Vous savez parfaitement que je ne suis pas fou.
Bien sûr, bien sûr.
Je suis vraiment dangereux, Monsieur l'agent.
Cette putain de barbe me gratte sous le masque.
Et maintenant ?
Je n'ai que faire de la charité. N'attendez pas ma reconnaissance.
Tout cela est complètement fou.
Rendez-moi mon masque.
Vous avez promis.
Vous ne comprenez pas.
Vous n'êtes pas le seul à être seul.
La liberté est toujours une épreuve solitaire.
Certains masques peuvent s'enlever, d'autres pas.
Vous êtes libre.
Soyez-le.
Merci.
J'essaierai.