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C'était une longue intervention, 7 heures, mais je suis sûr qu'elle appréciera le résultat.
Adèle sera remise dans quelques jours, puis commencera l'attente
pour que les nouveaux cheveux se développent.
Plus ***, nous découvrons à quel point Adèle a changé
lorsqu'elle rend visite à une amie qui l'a connue dans son rôle masculin.
Chez elle, dans le Nord Ouest, Jenny-Anne se prépare pour la suite de sa féminisation.
Voici mes vêtements, ceux que l'on rencontre dans n'importe quel magasin classique.
J'aime tout particulièrement les couleurs vives.
Elles attirent l'attention sur ma tenue et l'éloignent de mon visage.
La plupart de mes vêtements sont ceux d'une femme ordinaire,
la seule contrainte qui me différencie est le port de ces prothèses,
qui recouvrent mes seins pour leur donner une taille un peu plus importante,
plus appropriée à ma haute taille et à ma largeur d'épaules.
Si je me fais poser des implants mammaires, je n'aurai plus à les porter tous les jours.
Encore une contrainte que je m'épargnerai !
Cette visibilité de sa féminité ressentie est un réel besoin chez Jenny-Anne.
De nombreuses personnes transgenres le partagent car cela leur permet d'être mieux acceptées.
La recherche montre qu'une personne transgenre est très exposée à la détresse psychologique
due au rejet social et à la discrimination.
Plus d'une sur trois a déjà pensé au suicide.
Le docteur Christian adresse Jenny-Anne au chirurgien mammaire Andrew Yelland,
pour chercher une alternative à ses prothèses.
Elle prend des hormones féminines depuis 5 ans,
ce qui a déjà développé un peu ses seins.
Si vous visez un résultat plus discret,
je vous conseillerais plutôt le modèle souple.
Oui, ça ressemble aux prothèses que je portais avant que mes seins commencent à se développer.
Deux semaines plus ***, Jenny-Anne est au bloc.
Aujourd'hui, nous allons donner à son buste un relief plus féminin.
Nous ferons une incision au-dessous du sein,
puis nous placerons l'implant sous le muscle, afin que le résultat ait un aspect naturel.
D'abord, l'incision est pratiquée au niveau d'une marque dessinée sous le sein de Jenny-Anne.
Pour l'instant, je cherche à passer sous le tissu mammaire.
Ce n'est pas facile de trouver le muscle car sa poitrine est assez corpulente.
Je dois aller plus profond que prévu.
On va essayer de placer un implant. On est un peu limités par l'importance de la poitrine.
On en essaie un pour voir la taille.
L'implant qui est alors inséré donnera à Jenny-Anne l'équivalent d'un bonnet C.
C'est la moyenne pour les femmes britanniques.
C'est bien la bonne taille d'implant.
On va maintenant recoudre l'incision.
Le même processus se répète sur l'autre sein.
Cette opération est celle dont le résultat sera le plus visible sur la patiente transgenre.
Il est donc évident que cela fera une grande différence dans sa qualité de vie.
Nous retrouverons plus *** Jenny-Anne pour une incroyable intervention au visage,
qui achèvera sa transition.
Adèle s'est bien remise de sa greffe capillaire.
Elle est satisfaite de son apparence, et prête à affronter son passé en revenant sur les lieux.
J'ai toujours ce sentiment bizarre quand je repasse dans le quartier.
Ce n'est pas agréable du tout. Ce sont de mauvais souvenirs.
Elle a grandi dans une banlieue résidentielle dans le Centre Ouest,
où on la persécutait quotidiennement pour son apparence de garçon efféminé.
Mais elle avait une amie dont elle était proche. Récemment, elles sont rentrées en contact.
Elle ne savait pas que j'avais changé de sexe.
Mais elle n'a pas du tout été choquée par cette nouvelle.
Je crois que mon amie Debbie vit ici, dans cette maison juste au coin de la rue.
Le gros choc, c'était de recevoir la demande de contact sur Facebook.
Bien sûr, j'ai regardé les photos, et je pensais : je ne connais pas cette personne.
Evidemment, il n'y avait pas son nom d'autrefois.
J'ai bien regardé son sourire, et j'ai pensé : je reconnais ce sourire.
"Je suis une fille maintenant." J'ai pensé : il faut absolument que je voie ça !
J'ai retrouvé celle-là, de la classe 7.
Oh mon Dieu !
Je n'ai pas l'air si jeune que ça.
C'est bizarre, avec le vernis à ongles et les cheveux longs, je n'avais pas l'air d'un garçon.
C'était en 1994.
Je n'aime pas regarder mes vieilles photos, j'ai l'impression de voir une autre personne.
Ce qui m'étonne, c'est qu'à mon époque "masculin", je me tenais comme ça.
Je voulais te présenter ma véritable identité, pour que tu me dises ce qui a le plus changé.
Tu as l'air satisfaite et heureuse. Je suis contente pour toi.
Bientôt, Adèle passe à nouveau sous le scalpel
pour aller au fondement de sa souffrance.
J'ai très peur de cette opération,
car celle que j'ai subie en Thaïlande a été horriblement douloureuse.
Et une opération radicale va sculpter un nouveau visage pour Jenny-Anne.
J'attends de cette opération qu'elle révèle la femme qui est en moi.
Adèle affrontera un choix qui changera sa vie.
C'est une opération très lourde. - Je sais.
Adèle est née intersexe.
Cette condition génétique cause la présence de traits à la fois masculins et féminins.
Depuis deux ans, elle multiplie les opérations pour affirmer sa nature féminine.
Mais les interventions au rabais à l'étranger ont laissé des marques et beaucoup de souffrance.
Le docteur Christian l'a déjà dirigée vers une intervention réparatrice
pour rectifier sa reconstruction capillaire.
La peau de son front a reçu 2000 coups de scalpel pour y greffer de nouvelles racines.
Aujourd'hui, Adèle est au centre Westbourne de Birmingham, où elle espère se débarrasser
des implants fessiers qui la font souffrir, également posés en Thaïlande.
J'ai très peur de cette opération,
car celle que j'ai subie en Thaïlande a été horriblement douloureuse.
Pendant des semaines, je ne pouvais plus marcher ou me pencher, ou même aller aux toilettes.
Je ne pouvais plus rien faire. Je suis un peu marquée, psychologiquement, par cet épisode.
Cette fois, Adèle ne se fera pas poser d'implants et ses fesses seront resculptées naturellement,
grâce à une greffe de tissus prélevés sur d'autres zones de son corps.
Nous allons utiliser sa propre graisse pour dessiner une silhouette plus féminine.
Il attaque le problème à la racine, en rouvrant la cicatrice d'Adèle.
Voici l'implant qui apparaît. La réalité, c'est qu'il s'est rompu.
La piètre qualité de l'implant est le défaut des interventions bon marché dans d'autres pays,
lorsqu'on ne connaît ni le chirurgien, ni le matériel qu'il va utiliser.
Voici le côté gauche. Il a une forme irrégulière.
Son enveloppe est trop dure, ce qui le contracte.
Le côté droit est complètement déchiré.
Cette déchirure laisse s'écouler le gel de silicone dans le corps d'Adèle
qui s'est irrité et infecté. C'est ce qui la fait souffrir.
Le recyclage des tissus graisseux commence avec une liposuccion.
Cette procédure est beaucoup moins dangereuse que les implants.
Le corps ne rejettera pas ses propres tissus.
Une centrifugeuse purifie ensuite la graisse, en la séparant du sang et du plasma.
Tout s'écoule, il ne reste plus que la graisse.
La graisse peut à présent être redistribuée avec précaution dans le corps d'Adèle,
qui a désormais, pour la première fois, des fesses rondes et naturelles, en toute sécurité.
C'est extraordinaire : Adèle est restée consciente pendant toute l'opération.
C'est également moins dangereux qu'une anesthésie générale.
Nous découvrirons bientôt ses nouvelles fesses !
Et nous verrons si elle prend la décision qui pourrait changer sa vie.
Jenny-Anne a trouvé l'amour auprès d'Ellen, également membre de la communauté transgenre.
Mais celle-ci n'a pas opté pour l'opération de réassignation sexuelle.
Je connais Ellen depuis quelques années,
je l'ai rencontrée à une fête de Nouvel-An.
Elle venait juste de faire son coming-out.
L'amie qui nous avait invitées m'a dit : "Je vais te présenter Ellen, elle va te plaire."
Et apparemment, on avait aussi dit à Ellen : "Tu vas rencontrer Jenny-Anne, elle te plaira."
C'est étrange, c'est comme si nous étions destinées à nous rencontrer.
Comme s'il manquait dans la vie de chacune quelque chose que l'autre devait lui apporter.
Au bout d'un an environ, elle est devenue ma petite amie.
Nous sommes des amies très proches depuis cinq ans et demie.
On croit souvent que l'identité de genre et l'orientation sexuelle vont de pair.
En réalité, une recherche menée par l'Université du Minnesota
a établi que 38% des femmes transgenres sont bisexuelles, 35% aiment les femmes,
et 16% seulement aiment les hommes.
Il est très difficile d'imposer une étiquette aux couples comme celui que je forme avec Ellen.
Ces étiquettes ne sont pas utiles dans la communauté transgenre.
Nous disons parfois que nous sommes "trans-lesbiennes".
Nous nous considérons comme des femmes, mais nous sommes des femmes transsexuelles.
Aucune de nous deux ne pourra devenir une femme génétique, effacer son passé.
L'étiquette "trans-lesbiennes" semble donc la plus appropriée.
Jenny-Anne a déjà un sexe féminin et des seins, il ne lui manque plus qu'une dernière opération
pour apparaître femme aux yeux du monde : une féminisation du visage.
Elle pourra enfin dire adieu à ses anciens traits masculins.
C'est une photo de moi lorsque j'étais un petit garçon du nom de Paul.
Mais j'y décèle déjà les manifestations du côté féminin de mon caractère.
La façon dont je m'assieds dans l'herbe pour jouer avec une petite fleur...
Mon expression est assez joyeuse, j'ai eu une enfance heureuse.
Mais je l'ai surtout passée à jouer avec les filles, plutôt qu'avec les garçons.
Ces photos sont celles de mon adolescence.
Elles ont été prises pendant mes vacances aux Comores. Ma posture est très féminine.
Je n'ai rien de très macho sur ces photos.
Le docteur Christian l'envoie à la clinique Nuffield Health, à Brighton.
pour une opération radicale, qui transformera son visage masculin en visage féminin.
J'espère, grâce à cette opération, et grâce à l'augmentation mammaire des dernières semaines,
apparaître plus clairement comme une femme.
Une amie m'a dit : fais attention, tu deviens accro à la chirurgie esthétique !
Mais non, celle-là, c'est la dernière.
Je vais utiliser ma spécialité, la chirurgie maxillofaciale : la mâchoire et le visage.
En l'occurrence, je vais l'appliquer en vue d'une féminisation de l'apparence.
Toute sa vie, Jenny-Anne s'est sentie prisonnière de son corps masculin.
Cette opération épique de 4h et demie
va transformer son visage aux endroits clés pour en adoucir les traits masculins,
et faire apparaître la femme qu'elle a toujours souhaité y voir.
L'arcade sourcilière proéminente sera réduite,
la ligne d'implantation des cheveux sera ramenée vers l'avant.
La bosse du nez sera effacée, le bout raccourci.
Les sourcils seront relevés, l'angle de la mâchoire adouci, le menton deviendra plus pointu
et pour finir, la lèvre supérieure sera légèrement élargie.
Le docteur Altman commence son travail par le décollage de la peau du crâne.
Il pratique une incision au long de la ligne d'implantation, pour détacher le cuir chevelu.
La chair sous la peau du front est alors séparée de l'os du crâne.
Le crâne masculin présente souvent une bosse osseuse au-dessus des orbites.
Cette arcade sera réduite en découpant une partie de l'os.
Je vais retirer le fragment d'os,
je dois être attentif à ne rien casser.
L'os peut être aplati, la partie centrale ayant été retirée.
Les chirurgiens liment l'os du crâne au-dessus des deux yeux.
Le fragment resculpté est alors vissé à sa place de nouveau,
formant un front plus plat et plus féminin.
Il s'agit ensuite de relever les sourcils.
Un trou est creusé à la surface du crâne.
Ce sera le point d'ancrage du fil de suture.
Le fil tire sur les sourcils et les fait passer d'une forme horizontale à une forme en V.
Ce fil restera en place sous la peau.
La peau du front est tirée vers le bas et recousue en place.
Le stade suivant sera la rhinoplastie.
Le but est d'obtenir un nez plus fin, moins long.
La bosse est limée, puis le nez est cassé de chaque côté.
Le cartilage est retiré, pour affiner le bout. Finalement, tout est recousu.
Observez la ligne qui va de son front à son nez. C'est très différent de ce qu'on avait au début.
Ensuite commence la féminisation du menton.
Les hommes ont une mâchoire carrée, et les femmes, un menton plus pointu.
Un segment d'un centimètre est détaché et retiré au bout du menton.
Les deux morceaux de part et d'autre sont alors rapprochés, formant une mâchoire plus féminine.