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Translator: Fabien Pacault Reviewer: Yasmina Hablani
Je suis ici pour partager ma photographie.
Mais est-ce de la photographie ?
Parce que, bien sûr, c'est une photo
que vous ne pouvez pas prendre avec votre appareil.
En fait, mon intérêt pour la photographie a débuté
quand j'ai eu mon premier appareil photo numérique
à l'âge de 15 ans.
Ca c'est mêlé avec ma passion antérieure pour le dessin,
mais c'était un peu différent,
parce qu'en utilisant l'appareil photos,
le procédé était plutôt de l'ordre de la préparation.
Et quand vous prenez une photo avec un appareil,
le processus se termine quand vous pressez le déclencheur.
Il m'est donc apparu que la photographie avait plutôt à voir avec
le fait d'être au bon endroit au bon moment.
Et je me suis dit que tout le monde pouvait faire ça.
C'est pourquoi j'ai voulu créer quelque chose de différent,
quelque chose où le processus commence
quand vous pressez le déclencheur.
Des photos comme ça:
un chantier en cours le long d'une route fréquentée.
Mais ça prend un tournant inattendu.
Et malgré ça,
elle conserve un niveau de réalisme.
Ou des photos comme celles-là --
à la fois sombres et colorées,
mais toutes avec un but commun
de conserver le niveau de réalisme.
Quand je dis réalisme,
j'entends le photo-réalisme.
Parce que, bien sûr,
ce n'est pas quelque chose que vous pouvez réellement capturer,
mais j'ai toujours voulu que mon travail ressemble, d'une manière ou d'une autre,
à ce qu'aurait pu prendre un photographe.
A des photos où vous aurez besoin d'un bref instant pour chercher
à comprendre l'astuce.
C'est pourquoi il s'agit plus de capturer une idée
que de capturer un moment réel.
Alors quel est le truc
qui fait que ça a l'air réaliste ?
Est-ce c'est quelque chose dans les détails
ou bien dans les couleurs ?
Où est-ce que c'est la lumière ?
Qu'est-ce qui crée l'illusion ?
Parfois la perspective est l'illusion.
Mais au final, ça dépend de comment on interprète le monde
et comment il peut être projeté sur une surface en deux dimensions.
Ce n'est donc pas tellement ce qui est réaliste qui compte,
que ce que nous croyons qui a l'air réaliste.
Je pense donc que les bases
sont plutôt simples.
Je le vois comme un puzzle de la réalité
où vous pouvez prendre différentes parties de la réalité pour les assembler
et créer une autre réalité.
Et laissez-moi vous montrer un exemple simple.
Ici nous avons trois objets physiques parfaitement imaginables,
que nous pouvons rapporter dans un monde en trois dimensions.
Mais combinés d'une certaine manière,
ils peuvent créer quelque chose qui a toujours l'air tridimensionnel,
et qui pourrait exister.
Mais en même temps, nous savons que ça n'est pas possible.
C'est pourquoi nous trompons nos cerveaux,
parce que notre cerveau n'accepte simplement pas le fait
que ça n'a pas réellement de sens.
Et je vois le même procédé
dans la combinaison de photographies.
Il est donc juste question de combiner différentes réalités.
Donc les choses qui font qu'une photographie a l'air réaliste,
je pense que ce sont les choses auxquelles on ne pense même pas,
les choses qui nous entourent dans nos vies quotidiennes.
Mais quand on combine des photographies,
il est vraiment important de les considérer,
parce sinon ça semble en quelque sorte faux.
Je voudrais donc dire qu'il y a trois règles simples à suivre
pour parvenir à un résultat réaliste.
Comme vous pouvez le voir, ces images n'ont rien d'exceptionnel.
Mais combinées, elles peuvent créer quelque chose comme ça.
La première règle est donc que les photos combinées
doivent avoir la même perspective.
Deuxièmement, les photos combinées
doivent avoir le même type de lumière.
Et ces deux images répondent à ces deux exigences --
prises à la même hauteur et avec le même type de lumière.
Le troisième point consiste à rendre impossible à distinguer
où commencent et finissent les différentes images
en supprimant les jointures.
Il faut rendre impossible à dire
comment l'image a été composée.
Donc, en faisant correspondre la couleur, le contraste et la luminosité
sur les frontières entre les deux différentes images,
en ajoutant des défauts photographiques,
comme de la profondeur de champ,
des couleurs désaturées et du bruit,
on efface les limites entre les différentes images
et on fait en sorte que ça ait l'air d'une seule et même image,
malgré le fait qu'une seule image
puisse contenir des centaines de couches.
Voici un autre exemple.
(Rires)
On pourrait penser que c'est juste l'image d'un paysage
et que c'est la partie basse qui a été manipulée.
Mais cette image est en fait entièrement composée
de photographies d'endroits différents.
Je crois personnellement qu'il est plus facile de créer un endroit
que de trouver un endroit,
parce qu'ensuite vous n'avez pas besoin de faire de compromis
avec les idées dans votre tête.
Mais ça demande beaucoup de préparation.
Et quand j'ai eu cette idée en hiver,
je savais que j'avais plusieurs mois pour la mettre en place,
pour trouver différents endroits
pour les pièces élémentaires du puzzle.
Par exemple,
le poisson a été pris lors d'une partie de pêche.
Les rives proviennent d'un endroit différent.
Le fond aquatique a été pris dans une fosse de pierre.
Et oui, j'ai même mis en rouge la maison sur l'île
pour qu'elle ait l'ait plus suédoise.
Donc pour parvenir à un résultat réaliste,
je pense que c'est une question de préparation.
Ca commence toujours avec un schéma, une idée.
Ensuite c'est une question de combinaison entre différentes photos.
Et ici chaque pièce est soigneusement planifiée.
Et si vous faites un bon travail lors de la prise des photos,
le résultat peut être assez beau,
et aussi assez réaliste.
Tous les outils sont à disposition,
et la seule chose chose qui nous limite
est notre imagination.
Merci.
(Applaudissements)