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Tout naturellement,
lorsque j’ai eu l’idée d'organiser de ce séminaire
pour fêter les 10 ans de t@d,
j’ai sollicité Jean-Paul pour faire partie du comité d’organisation.
Il a accepté tout de suite bien évidemment.
Et puis, je lui ai demandé ensuite de pouvoir réaliser des conférences.
Alors il y aura une autre conférence au mois de Novembre
où il traitera plus précisément du tutorat dans les mondes virtuels.
Si ce soir on est dans SecondLife,
c’est parce que l’on a voulu expérimenter
plusieurs modalités de diffusion de ces conférences
qui sont entièrement organisées en ligne
et simplement diffusées en ligne et ce soir,
Jean-Paul va nous parler plutôt des espaces
que les tuteurs peuvent investir
pour réaliser leurs interventions auprès des apprenants.
Et bien évidemment quand on parle des espaces des tuteurs,
ce sont aussi des espaces
où ils retrouvent bien évidemment, les apprenants qu’ils encadrent.
Alors cette conférence va durer 40 – 45 minutes
puis nous aurons un temps d’échanges
qui va durer un quart d’heure, 20 minutes à peu près.
Vous pouvez tout au long de la conférence
poser des questions ou faire part de vos remarques
dans le tchat de SecondLife et puis si vous le souhaitez aussi,
vous pouvez vous mettre sur Twitter
en utilisant le hashtag tad10 –tad10- Voilà.
Eh bien Jean-Paul je vais couper mon micro
et te laisser la parole pour démarrer cette conférence.
Et je vous souhaite à tous une bonne conférence.
Eh bien merci Jacques de me donner la parole
et puis surtout de m’avoir invité,
je ne saurai trop te remercier
de m’avoir associé à la fois au comité d’organisation
et puis la redoutable tâche d’intervenir 2 fois dans les mondes virtuels.
Donc grand merci à toi parce qu’à la fois,
on présente et on apprend en même temps.
Alors effectivement, ce soir j’interviendrai sur les espaces,
le fait d’être dans les mondes virtuels,
c’est une forme de mise en abime
parce que c’est l’expression parfaite de l’espace
puisqu’on se retrouve dans un espace 3d,
ce qui n’est pas le cas dans tous les dispositifs de formation en ligne.
Néanmoins c’est un excellent prétexte
pour aborder cette question qui, de mon point de vue
est parfois sous-estimée dans les dispositifs de formation en ligne.
Donc je vais cliquer pour la diapo suivante.
Oh zut !
Je vais être… autant pour moi.
Quelques petits soucis techniques.
Bon Jacques si tu veux bien appuyer sur la 2e diapo s’il te plaît.
Donc l’intitulé de cette conférence sera « Tutorat et espaces de formation ».
Donc nous sommes dans l’espace de formation
de la faculté de droit virtuelle de Lyon 3,
là où s’exercent des cours classiques,
des cours en amphi et aussi des simulations.
Alors c’est un espace qui est absolument spécifique,
je le disais tout à l’heure avant le petit incident technique
parce qu’il est en 3 dimensions.
On peut y marcher, reculer, on peut avancer,
on peut voler, on peut interagir,
on peut s’exprimer avec les membres,
en ce moment vous entendez ma voix,
je peux aussi activer des gestes
et tout ceci au bénéfice d’une communauté de travail,
d’un comité d’apprentissage et une communauté d’enseignement.
Alors la formation en ligne depuis quelques années
ce sont des espaces multiples où on apprend, où on enseigne.
Alors on a un peu tendance à centrer notre analyse sur l’espace virtuel
parce que c’est là où le tuteur va exercer, va agir sur une plateforme,
il pourra agir dans un wiki, il pourra agir sur un forum,
il pourra agir dans un blog.
Donc on associe de façon assez rapide
la notion de formation en ligne à l’espace virtuel.
Pourtant la notion des espaces physiques est présente dans ces formations
et il importe de ne pas le laisser de côté.
Et puis dans nos réflexions,
on a un peu tendance à opposer espace réel, espace virtuel.
Alors l’objet de la réflexion de ce soir
ça sera d’aborder à la fois les espaces réels
et à la fois les espaces virtuels.
Alors la photo qui vous est mis à l’écran de construction
pose la question de toute conception de dispositifs de formation.
Il faut bâtir des espaces.
Alors je le disais, plateforme, blog, 2 ou 3 dimensions
et le rôle des tuteurs fait écho aux questions des personnes
qui bâtissent les dispositifs.
Il faut qu’ils soient là pour faire comprendre aux apprenants
les enjeux qui sont liés à l’occupation d’espaces de formation
qu’ils soient réels ou qu’ils soient virtuels.
On se contente pas de s’engager dans une formation,
on va investir des espaces mais il y aura maintes façons
d’investir ces espaces et maintes façons de les occuper
et c’est une des contraintes du tuteur
de faire comprendre à ses apprenants
comment occuper cet espace de formation.
Diapo suivante.
Donc je le disais,
le e-learning c’est notre capacité à investir des espaces existants.
Et puis investir ceux qui sont en train de se créer
et il faut naviguer entre les rives des espaces physiques,
alors beaucoup disent que ce sont les espaces réels
et les espaces numériques beaucoup disent que
ce sont des espaces virtuels.
Nous sommes donc dans une situation d’exploration permanente
et lorsque l’on décide d’engager une incursion sur le terrain pédagogique
qui nous parait fertile,
nous avons la responsabilité de le bâtir et donc bâtir
cela veut dire définir un cadastre pédagogique, un zonage.
Alors de la même façon que l’on a un cadastre dans la vraie vie,
les tuteurs auront à définir quels sont ces cadastres pédagogiques.
Alors on serait tenté de dire que dans ces espaces le corps disparait.
Mais c’est pas du tout ça,
l’enseignement en ligne pose vraiment la question du corps.
Alors il y a beaucoup de chercheurs qui se sont posés la question.
Il y a Alain Milon qui dit
“la virtualité peut-elle nous libérer du poids du corps ?”
Je cite :
“Il est étonnant de voir l’importance prise
aujourd’hui par la notion de virtualité.
Le virtuel se décline sous tous les modes et à tous les temps.
Le cinéma, la presse grand public, les jeux électroniques,
la télévision s’emparent, chacun à sa manière,
de ce terme pour faire moderne.
Mais pourquoi le mot “virtualité” est-il souvent utilisé
comme un sésame, une sorte d’accès privilégié à la modernité ?
La virtualité peut-elle nous libérer du poids du corps ?”
Et bien cela, c’est une vraie question.
Alors Milad Douehi dit
« S’il est vrai que l’homme est aussi un « être spatial » ;
nous vivons actuellement
l’émergence d’un nouvel urbanisme virtuel
avec son architecture, son esthétique,
ses valeurs, sa littérature.
Un urbanisme hybride, donc, habité par des traces,
des bribes de documents, des fragments
mais aussi animé par la voix et le corps, par une temporalité autre ».
Donc on voit bien que cette question de cadastre pédagogique,
d’occuper des terrains est très très présente
et pour continuer cette comparaison avec le cadastre,
on pourrait dire que le tuteur aura à imaginer certaines zones
et ce zonage on pourrait dire
qu’il y aurait le Z et T – la zone de non-tutorat -.
Alors dans une dernière conférence,
Jacques répondait à une question en disant :
« bien, parfois, on n’a pas spécialement besoin de tutorat »
et puis inversement, il pourrait y avoir des "Z T P"
– des zones de tutorat prioritaires –
c’est l’essentiel de la réflexion des 10 ans de t@d,
c’est comment on va investir le tutorat
et quand est-ce qu’il est prioritaire
et comment on définit ces zones ?
Alors, l’apprentissage en ligne fait ressurgir
assez fréquemment des craintes anciennes
et des fantasmes relatifs
à la prise de pouvoir de la machine sur l’homme.
Je le disais précédemment
on a l’impression
que le virtuel va supprimer le corps
donc on va devenir des êtres totalement éthérés,
totalement numériques.
Alors c’est une idée qui est assez fréquemment répandue
et puis, je crois que c’est Régis Debray
qui l’exprime assez brillamment cette aversion
dans une conférence qui est intitulée «Communiquer et transmettre».
Alors là encore je vais citer, il dit
«Communiquer est l’acte de transporter une information dans l’espace,
transmettre c’est transporter une information dans le temps».
Il estime qu´ « Il faut toujours un corps pour transmettre,
c’est d’ailleurs là le hic du télé-enseignement
et de l’éducation sur écran,
c’est que le tuteur n’est pas là,
il n’y a que le tuyau et ça ne marche pas vraiment».
Alors dans cette conférence
qui avait été donnée en l’an 2000 à la BNF,
Debray traduit bien cette espèce de peur des espaces.
Accréditer l’idée que aller dans le numérique
ça serait aller dans un espace vide
dans lequel il n’y aurait personne au bout des tuyaux
ou en tout cas une personne qui est à un bout de ce tuyau.
Alors ce qui est totalement faux
et je vais essayer justement de le démontrer
en montrant qu’en investissant le e-learning,
on investit à la fois un espace réel et à la fois un espace virtuel.
Donc 1e point, l’espace réel dans les dispositifs de formation.
Jacques
Alors je voudrais partir d’un …, de ce schéma…
bon qui est passé et qui était issu du rapport Bardi Bérard
qui s’intitule « l’école et les réseaux numériques ».
Alors historiquement, c’était le schéma qui est passé rapidement,
si Jacques peut le ré-embobiner rapidement, ça m’aidera.
Donc je le disais,
on a pour habitude d’opposer strictement
les dispositifs de formation en présentiel
et ceux en distanciel
et c’est ce que montre le schéma…
JR : Je suis désolé, je crois que j’ai cliqué 2 fois
JPM : Non mais ce n’est pas grave
JR : Et je ne sais pas comment revenir en arrière
JPM : Je peux le faire si tu veux. Voilà je vais y aller.
JR : Ok
Donc voilà, le schéma du rapport Bardi Bérard
qui s’intitule « l’école et les réseaux numériques ».
Alors dans ce rapport en fin de compte
qui est assez ancien mais qui est encore très d’actualité,
on montre qu’historiquement il y a une unité de temps,
une unité de lieu et une unité d’espace
et on est dans un rapport entre le maître, les élèves,
tous situés dans un même lieu.
Le cours se déroule, le cours s’achève
et on revient comme ça par séquence.
Donc c’est le principe de la tragédie grecque,
le principe d’unité de temps et d’espace.
Alors l’introduction du numérique a rendu
le travail beaucoup plus complexe
au sens où et c’est ce que souligne le rapport Bardi Bérard
il constate la porosité de la salle de classe.
Alors ce qui est symbolisé par le trait discontinu.
Petit à petit on a vu en même temps
que le cours apparaitre le cédérom, apparaitre Internet,
apparaitre tous ces espaces numériques
qui venaient perturber le dispositif de formation classique.
Alors là, le rapport Bardi Bérard dit « les espaces sont poreux »
pour dire qu’il est difficile d’avoir un espace simple de formation.
Alors je pense que, nous sommes en 2013
et on ne peut plus vraiment parler de porosité de l’espace de formation,
il faudrait dire plutôt une fluidité entre les espaces.
Jacques, l’autre diapo.
Oui parce que la porosité
si on reprend la définition scientifique, on dit
qu’elle correspond aux volumes relatifs des vides présents dans la roche
ou le rapport des volumes des pores d’un corps
ou aux volumes occupés par ce corps.
C'est-à-dire qu’il y a un rapport entre le plein et le vide
donc ça veut dire qu’il y a une forme, la porosité en retient.
Les nouveaux espaces dans les dispositifs de formation,
le tuteur et l’apprenant vont passer de l’espace réel à l’espace virtuel
sans limite.
On voit bien qu’entre 2002 et 2013,
on a beaucoup évolué
puisque les dispositifs de formation vont faire passer les acteurs
de l’un à l’autre et de l’autre à l’un sans qu’il y ait de barrière.
Ce sera tout le travail du tuteur justement
d’expliquer à ses apprenants comment on va passer de cet espace à l’autre
et d’en expliquer les caractéristiques.
Alors ceci étant dit il faut analyser,
je dirai, l’aspect le plus complexe.
Diapo suivante, c’est l’espace personnel de l’apprenant
Et l’espace personnel du tuteur.
Je le disais en introduction, on focalise beaucoup sur les espaces virtuels
or on ne peut bien entrer dans les espaces virtuels
que si on a calibré son espace personnel physique
et c’est toute la difficulté de scénarisation,
toute la difficulté d’explication auprès des apprenants,
de leur expliquer qu’ils ont à penser leur espace personnel.
Diapo suivante.
Alors on va être dans l’ordre du paradoxe
parce que le e-learning
en permettant la dématérialisation des contenus met de façon paradoxale
en lumière l’espace personnel de formation, l’espace physique.
On assiste à un phénomène de professionnalisation de l’espace privé.
Là où il y a encore quelques années
on choisissait d’extraire le salarié de son milieu personnel
pour qu’il se consacre entièrement à sa tâche.
Alors cela, ça remonte au 19e siècle avec la révolution industrielle.
Alors Marx en parle très bien.
Marx explique qu’il faut extraire le salarié de son domicile personnel
pour qu’il ne soit pas perturbé par sa vie familiale.
Là le e-learning fait un retour en arrière en professionnalisant ce lieu privé.
Alors dans le lieu privé, on a un ensemble d’interface,
ils se sont même multipliés, on peut avoir des ordinateurs fixes,
des ordinateurs portables, des tablettes, des smartphones
et on s’est donc éloigné de la posture historique,
j‘allais dire c’est la posture informatique du rapport entre un homme,
une chaise, un bureau, un ordinateur.
Un face à face qui pouvait être fécond
mais un face à face statique à une dimension beaucoup plus mobile
et l’apprenant doit penser son lieu de formation.
Alors dans la mesure où le e-learning peut avoir recours à la visio,
il conviendra, c’est ce qui était affiché dans le schéma,
de neutraliser son espace de vision, de le rendre professionnel.
Il va falloir neutraliser les sons, il va falloir neutraliser les discours.
Là, pendant que je vous parlais, ma femme est venue,
je ne sais pas ce qu’elle me voulait
mais j’étais bien dans cette disposition de professionnalisation
de mon espace de travail,
je ne pouvais pas à la fois faire la conférence
et répondre à une sollicitation privée.
Il conviendra donc aux tuteurs d’expliquer en entrée de formation
quels sont tous ces enjeux et voir même au-delà
de bien expliquer à l’apprenant qu’il est devenu lui-même un technicien,
qu’il va falloir qu’il acquiert de nouvelles compétences
qui sont spécifiques au e-learning et spécifiques à l’espace.
être en capacité de comprendre que cet espace s’est technologisé.
Pour faire du e-learning, il faut une box,
il faut des prises, prises internet, prise d’électricité etc., etc.
Il y a donc là un enjeu fort de gestion de son espace privé de formation.
Alors comme toute chose, ça ne va absolument pas de soi.
Si c’est évident pour le tuteur qui a une forte expérience du e-learning,
il peut en être tout à fait différent pour la personne qui entre
dans le dispositif et qui peut être un parfait béotien,
il a envie d’apprendre et de découvrir que son espace il va falloir
le maîtriser.
Si vous êtes marié, si vous avez des enfants,
dire qu’à un moment donné, vous neutralisez un espace.
Alors si on regarde les designers, en fait,
ils ne s’occupent pas vraiment de cette salle d’apprenance dans la maison.
Ils s’occupent des cuisines, ils s’occupent des salles de bains,
ils s’occupent des chambres
et je pense que c’est un des champs à investir
pour fluidifier les espaces de formation,
ce sera de penser l’espace personnel en relation avec le e-learning.
Alors je vais continuer.
Après l’espace privé, enfin j’espère avoir fait toucher du doigt
cette question sensible de l’aménagement de l’espace privé
de l’apprenant mais il en va de même pour le tuteur aussi.
On va partir du principe
qu’il a ce minimum de compétences requises
pour pouvoir gérer au mieux son espace privé.
Alors là-dessus on pourrait développer en disant que les effets de crise,
le fait que l’on habite en ville et que le prix des loyers s’élèvent,
on a des appartements de plus en plus petits
et ce pose la question de cet aménagement,
quid du temps privé, quid du temps professionnel
et quid de tous ces éléments techniques.
Alors l’espace professionnel n’échappe pas à cette évolution des espaces.
En tout cas, moi, je suis de la génération
où on apprenait dans une fac, dans un amphi
et puis on allait dans une bibliothèque.
Et la bibliothèque, c’était une aligné d’étudiants
qui apprenaient sagement devant un livre.
Il en va tout à fait différemment à l’heure actuelle.
Alors je vous ai mis un ensemble de diapositives.
La précédente on voyait un jeune homme
dans une situation forte intéressante au sens où
on ne sait pas trop ce qu’il fait.
On ne sait pas s’il lit un livre, s’il écoute de la musique,
s’il écoute un postcast dans le cadre d’une formation en ligne,
s’il est en synchrone, en asynchrone.
Ça veut dire que l’espace professionnel,
je pense aux espaces des universités mais pas seulement.
On pourrait se poser la question dans les écoles primaires,
on pourrait se poser la question dans les collèges,
on pourrait se poser la question dans les lycées
et puis dans les centres de formation continue.
Comment aménager cet espace professionnel à l’heure du e-learning.
La photo quon a ici, est toujours tirée du même rapport
qui est : "Comment aménager une bibliothèque"
et qui vient de l’inspection générale des bibliothèques.
On voit au fond, une salle relativement classique,
encore que la lecture se fait sur écran,
et au 1e plan, un groupe qui regarde la télé
Donc une spatialisation de l’espace d’apprentissage
et là le dernier qui est l’intégration de box dans les universités,
dans les bibliothèques.
Alors c’est tout à fait intéressant,
parce que le e-learning d’un point de vue spatial,
réintroduit de façon forte la voix.
Alors si on veut être en contact avec son tuteur,
si on veut être en contact avec l’équipe avec on travaille,
forcement la voix se réapproprie.
Alors on retombe, je dirai dans le…,
c’est peut-être pas le prima de la voix
mais la voix revient et ce qui était historique,
si on prend le temps de la grande bibliothèque d’Alexandrie,
où, il était d’usage que les gens lisent à voix haute.
Après au Moyen-Age, on s’est mis à lire dans sa tête
et puis là, le e-learning nous fait
réintroduire la voix dans les dispositifs de formation.
Il faut bien que les agencements spatiaux s’adaptent à ce retour de la voix
sans quoi on retomberait probablement
dans ce qui devait s e passer dans la grande bibliothèque,
un joyeux brouhaha quand tout le monde lisait à voix haute.
Donc un espace professionnel qui se complexifie
quand on introduit du numérique de façon générale
et du e-learning de façon particulière.
Il y a eu des dispositifs, par exemple, je crois sous Pécresse,
qui consistaient à ouvrir, à élargir l’amplitude d’accès aux bibliothèques
parce que la formation ce n’est pas uniquement de la formation initiale,
c’est aussi de la formation en ligne
et c’est une des missions des bibliothèques universitaires.
Alors puisque moi j’ai enseigné pendant quasiment 30 ans en lycée,
se posera à termes
quand le e-learning sera beaucoup plus intégré dans le secondaire,
d’intégrer des espaces de e-learning dans les lycées.
Alors on en est au début, on est aux balbutiements,
mais il ne faudra pas que cette question se soit la question supplémentaire
qui casse les pieds au chef d’établissement
et qui dira on va prendre la dernière salle
que personne utilise au fond du lycée
et faire du e-learning c’est mettre un ordinateur et une connexion.
C’est tout sauf ça.
Donc des espaces extrêmement complexes.
Diapositive suivante.
Alors là j’ai mis des exemples d’écoles un peu pilotes
qui utilisent des éléments très très design.
Alors j’ai eu l’occasion de discuter avec des gens de la 27e région
qui s’interrogent sur ces questions de l’architecture d’intérieur
et de l’usage numérique.
Alors ils me disaient que cette question est ultra pertinente
mais qu’il y a un risque, c’est que le dialogue
dans cet aménagement d’intérieur produise des solutions stéréotypées
que l’on connait tous, dit-il :
« au fond de grandes salles reconfigurables à volonté,
des cloisons modulables, des grandes tables à usage collectif,
des mobiliers à roulettes, des couleurs neutres,
des prises électriques partout, du wifi à volonté,
de grandes surfaces pour exposer,
bref ce que l’on retrouve dans la plupart des living-lab ».
Donc on voit bien, alors même que l’on développe des living-lab,
on voit bien que la réflexion, elle est maintenant au-delà.
Il ne suffit pas de mettre au même endroit des solutions plutôt flexibles
encore faut-il s’interroger sur la capacité des gens
à interagir en présentiel et à distance
et c’est là où est le rôle du tuteur justement,
c’est de faire comprendre ces enjeux d’aménagement spatiaux.
Donc on n’a pas vu la diapo suivante mais peu importe,
elle est peut-être passée un petit peu vite.
C’était le projet « skel-up »
qui était en fin de compte
une illustration de ce que disent les gens de la 27e région
c'est-à-dire des espaces avec des tables en marguerites,
des espaces flexibles mais probablement que
la réflexion sur l'espace à cet instant, elle est au-delà.
Alors voilà pour les espaces physiques,
on pourrait s’étendre de façon beaucoup plus longue,
je n’ai fait qu’effleurer le sujet,
se pose la question ensuite de l’espace virtuel.
Alors c’est celui qui historiquement interroge le tuteur,
les concepteurs, les apprenants,
puisque le e-learning consiste à dématérialiser en partie
la formation à l’intérieur d’espaces virtuels toujours plus grands,
toujours plus complexes.
Si l’espace physique est complexe, l’espace virtuel l’est tout autant.
Et moi, c’est ce que j’appelle l’effet moustache.
Diapositive suivante.
Alors cet effet moustache, c’est partir de l’idée que,
dans une formation en ligne,
il y a un ensemble d’espaces signifiants
mais un ensemble d’espaces signifiants qui se chevauchent.
Alors pourquoi je parle d’effet moustache ?
Jacques connait bien cette affaire
puisque nous étions ensemble dans une formation en ligne,
nous présentions notre travail sur une plateforme.
Moi je faisais ma présentation,
je présentais mes objectifs pédagogiques enfin des choses assez classiques,
mes intentions pour la formation à venir, nous en étions au début
puis, j’ai été soudain interrompu par le responsable de formation
et qui a dit cette phrase qui m’a parue mystérieuse au début
« cessez de dessiner des moustaches ».
Or en fait, un participant était en train
de m’affubler d’une paire de moustaches
sur le PowerPoint qui était présenté aux apprenants.
Bon je dois vous avouer
que cela m'a quand même déstabilisé dans cette présentation
parce qu’il y avait eu un clash.
L’idée que l’on me dessine une moustache,
je trouvais cela assez surprenant
mais en fait, la vraie question ne se situe pas à ce niveau.
Bon mon égo en a pris un petit coup mais cela on s’en relève.
La blessure narcissique ce n’est pas très important.
Le vrai enseignement de cette anecdote,
c’est lié à la perception de la signifiance de l’espace.
Je pense que la personne qui me dessinait des moustaches,
un moment donnée a été dans la confusion,
confusion entre son espace privé, il était face à son ordinateur chez lui
et puis l’espace commun qui était affiché sur l’écran.
Je pense que de la même façon que quand on est en réunion,
on dessine dans la marge de son cahier,
il avait dû dessiner des moustaches en se disant que
le propos était peut-être un peu ennuyeux,
ça lui permettait de passer le temps.
En tout cas, ça pose une vraie question justement sur ces espaces,
il faut que les apprenants perçoivent
le sens des espaces entre les espaces professionnels,
les espaces privés, les espaces communs, les espaces réels,
les espaces physiques
qui s’interpénètrent à un même moment dans une formation.
Donc je crois beaucoup à cet effet moustache
et je crois beaucoup au poids des tuteurs
qui en début de formation doivent expliquer quelle est,
je reprends le terme, la signifiance des espaces entre les espaces communs
les espaces privés où les niveaux d’expression seront différents.
À savoir que dans un espace public numérisé, j’allais dire virtuel,
eh bien les règles de la politesse la plus élémentaire s’appliquent,
on se coupe pas la parole, on se dessine pas des moustaches, etc, etc.
Donc le tuteur de ce point de vue-là a un rôle extrêmement important,
j’allais dire presqu’un rôle d’éducation au sens de l’espace virtuel.
Donc diapositive suivante.
J’en reviens au final sur le principe du rapport Bardi Bérard,
c’est sur l’interpénétration des espaces :
entre l’espace numérique de formation, l’espace personnel au domicile,
l’espace physique, l’interface de diffusion qui est l’ordinateur
parce que là aussi
il y a risque de confusion entre la surface de l’ordinateur
qui est neutre et qui est personnelle
et ce qui s’y exprime à l’intérieur qui elle est réellement publique.
Donc à la croisée des chemins entre ces 3 intersections que j’ai grisées,
c’est là où se rencontrent formateurs, apprenants
et c’est là où sont situées les interfaces de travail.
Donc, rôle du tuteur pour expliquer cet empilement,
je me répète mais cela me parait vraiment très, très important
parce que cette zone grise, c’est l’essence même de la formation,
c’est là où les gens se retrouvent.
S’il nous apparait, alors on est tout le temps gavé de cette idée
qu’il y aurait les y générations, ces générations z,
enfin ces digital natives, force est de constater
qu’il y a encore un travail d’éducation aux espaces.
Donc j’ai parlé de l’espace physique, de l’espace virtuel,
je serai tenté de dire qu’il y a un 3e espace,
c’est l’espace juridique et c’est la conséquence,
la suite de l’espace signifiant.
Un espace qu’il soit réel, qu’il soit virtuel
c’est un espace qui a un sens juridique.
C'est la diapositive suivante.
Un espace juridique, des espaces qui sont balisés juridiquement.
Alors j’ai cité beaucoup d’auteurs dans cette conférence,
je vais me permettre d’en citer un autre, il s'agit Michel Serres.
Il a donné une conférence pour les 40 ans de l’INRIA.
Alors à un moment, il dit
« Changer d’espace c’est changer de droit et changer de politique.
Nous changeons d’espace,
peut être entrons nous dans un espace de non droit ?»
Alors c’était vrai
quand les espaces sont arrivés, il a fallu, je l'ai dit,
que nous bâtissions.
J’ai pris la notion de zonage pédagogique.
Le zonage c’est une notion de droit, c’est attribuer un sens à cet espace.
Moi j’ai parlé de zone de tutorat prioritaire, la zone de non-tutorat.
Tous les espaces dans lesquels nous évoluons,
sont des espaces maintenant qui sont, de façon générale, qui sont normés.
On a été obligé de leur donner un sens.
Alors diapositive suivante.
L’espace juridique, on peut commencer de façon assez simple,
par la définition de la charte tutorale que le tuteur aura à faire lire,
à faire signer à ses élèves
et puis ce sont l’utilisation d’un ensemble de …
ah le diaporama veut plus s’afficher…
un ensemble d’outils,
je pense notamment aux espaces d’apprentissage personnels
ou personnel learning environnement,
on va utiliser des éléments comme Twitter,
comme Facebook, comme Diigo,
et bien, ces espaces sont des espaces signifiants
et juridiques
parce qu’on adhère à des conditions générales d’utilisation
et qui très généralement relève du droit américain.
Alors ce n’est pas sans influence sur la façon
dont on va enseigner et charge au tuteur d’expliquer que sur ces espaces,
ce n’est pas forcément le droit français,
ce n’est pas forcément le règlement de l’institut
qui développe le processus de formation mais il s’agit bien
Oh me revoilà, je pense que j’ai dû être coupé.
Donc j’en été à l’espace de droit.
Je ne sais pas si vous m’avez entendu.
Je disais que instrumenter des espaces de type Facebook,
ou Twitter ou Diigo renvoyaient à des espaces juridiquement normés différents
parce que ce n’est pas le droit français qui s’applique
mais c’est bien le droit américain.
Donc des espaces qui ont un sens juridique très, très important
et alors je voulais dire que depuis que
nous explorons et que nous pratiquons par l’usage
les espaces de formation numérisée,
nous remettons en cause un modèle ancien
et ce modèle ancien il était ma foi bien rassurant.
C’était des murs, c’était des portes, c’était des fenêtres.
Cet espace, on pouvait l’exprimer en mètre carré,
on pouvait dire une salle c’est tant de mètres carré,
l’amphithéâtre aura tant de places,
donc des unités de mesure qui sont extrêmement rassurantes
JR : Alors manifestement Jean-Paul a des problèmes de connexion,
on va patienter quelques instants.
JPM : Je suis là Jacques
Je suis là Jacques
JR : Je vous remercie de votre patience
Jacques
Jacques est-ce que tu m’entends,
est-ce que vous m’entendez ?
Allo, vous m’entendez ?
JR : Oui parfaitement Jean-Paul
JPM : Bon il y a longtemps que j’ai été déconnecté ?
JR : Bah, 2 – 3 minutes
JPM : Alors je vais reprendre, donc je parlais
JR : C’était cet écran
JPM : Bon je vais reprendre à partir de cet écran.
Je disais que
l’instrumentation des outils du web 2 font que
les espaces se modifient
parce qu’on fait appel à des outils
qui sont créés par les américains et on a le droit américain qui s’applique.
Donc les espaces numériques sont de plus en plus vastes
et en étant plus vastes
cela nous permet de nous déplacer dans un monde immense
mais qui est néanmoins est dépendant d’un autre droit,
ce qui n’est pas sans influence sur la construction des espaces de formation.
Enfin, diapositive suivante.
C’est la traduction de ce que je viens de dire,
c’est que les zones de formation,
elles sont, à la fois numériques, ce sont des solutions particulières
alors là j’ai pris les plus classiques,
j’ai pris Moodle, j’ai pris Spirale qui fusionne avec Claroline,
j’ai pris dans les lycées un ENT qui s’appelle Itop,
Donc, là ce sont les solutions institutionnelles
et qui s’exercent dans un cadre juridique national
donc qu'on est en capacité d’appréhender de façon assez simple
et puis après quand on instrumente des outils du web 2,
là on entre dans des zones juridiques internationales,
on entre dans des schémas d’instabilité
et il est important que le tuteur explique aux apprenants
quels sont les enjeux juridiques de ces différents espaces
car, pour ne prendre qu’un élément
c’est la notion d’ordre public et de bonnes mœurs,
ce sont des notions très très subjectives et qui
peuvent avoir une forte influence sur les dispositifs de formation.
Enfin en conclusion,
ces espaces de formation font rentrer la question
dans l’ère de la complexité
en rendant l’apprenant et l’enseignant et le tuteur toujours plus mobiles.
Alors le progrès technologique de la révolution industrielle avec la locomotive
avait permis aux corps des hommes
de se mouvoir toujours plus loin.
Au lieu d'être dans son village
on pouvait aller dans la ville un peu plus lointaine
et puis à l’intérieur de la France.
Le 20e siècle a même permis à l’homme,
diapo suivante,
de se propulser dans l'espace.
On s’est affranchi de l’orbite terrestre et on était capable
diapo suivante,
d’aller voir ce qui se passe dans l’espace.
On peut penser que le 21e siècle,
le numérique nous propulse dans des espaces numériques
qui nous interrogent,
que nous utilisons bien évidemment,
que nous instrumentons pour bâtir des dispositifs de formation
mais que nous ne percevons pas encore complétement
et ça m’amène pour élargir le débat
et je resterai sur cette question c’est que ces espaces
qui nous sont proposés à l’heure actuelle induisent la notion de mobilité,
mais alors est-ce c’est la mobilité des corps
ou est-ce que c’est la mobilité des espaces ?
Je pense que c’est les 2 et il va falloir
que les tuteurs aient à expliquer à leurs étudiants en quoi,
dans ces nouveaux espaces qu’ils soient réels ou qu’ils soient virtuels,
sont convoquées les notions de mobilité des corps et des espaces.
Et j’en ai fini de mon intervention et de ma conférence.
Si vous avez des questions, je vous remercie de m’avoir écouté.
JR : Bien, merci beaucoup Jean-Paul pour cette conférence.
Alors on va bien sûr maintenant avoir un moment d’échange.
On a 2 co-organisateurs qui ont scrutés le tchat ainsi que le fil Twitter.
Peut-être leur laisser le temps de regarder tout cela
et de nous faire une synthèse.
Je vais te poser 1 ou 2 questions
JPM : Oui je t’écoute Jacques.
JR : Alors tu nous as dit à plusieurs reprises
que le tuteur devait expliquer aux étudiants
un certain nombre de choses sur ces espaces.
En fait ces espaces, ils sont choisis, ils sont déterminés,
ils ont été pensés, sélectionnés par l’institution
et finalement on peut se poser la question de
quelle est la place de la négociation possible entre les tuteurs
et les apprenants sur la manière
dont ils vont investir justement ces espaces
dont ils vont les faire vivre où ils vont interagir ensemble
et en filigrane ça pose la question bien évidemment
de la marge de manœuvre du tuteur
et en soulignant les espaces juridiques en fin de ta conférence,
là aussi ça complexifie un petit peu les choses.
On peut penser que le tuteur doit faire respecter
un certain nombre cadre déterminé par l’institution et dans ce cadre,
il y a aussi des aspects juridiques.
Alors est-ce que finalement le rôle du tuteur vis-à-vis des apprenants,
sur ces questions d’espace
est simplement de relayer le message, on pourrait dire de l’institution
ou est-ce qu’il y a effectivement une possibilité d’échanges,
de négociations, de dimensionnement des espaces
que vont utiliser les tuteurs et les apprenants
et donc que ce soit ces principaux acteurs qui puissent les déterminer ?
JPM : Alors ta question, elle est multiniveau.
Je dirai que c’est à la fois l’un et l’autre
mais que ça reste une excellente question.
Alors le tuteur, on peut le voir déjà comme le relai de l’institution,
elle aura cadré le champ de cet espace.
Alors ça pourra s’exprimer dans la charte tutorale
qui sera donnée en lecture aux apprenants en début de formation
et ces notions d’espace justement.