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D'après le roman de A. Döblin
Un film en 13 épisodes et un épilogue
On en gaspille du capital dans le monde.
Vous savez qu'en Amérique, ils laissent pourrir le blé ?
Oui, tout le monde le sait.
Et c'est bien pire en Australie.
ll y a des lézards antédiluviens, de plusieurs mètres.
lls vivent dans les mares.
Personne ne sait de quoi ils vivent !
Regarde le gommeux, c'est lui le chef ici.
Lequel ?
Lui, le gommeux.
ll s'appelle Pums, drôle de nom !
Et celui qui chuchote à côté ?
C'est Reinhold, il travaille avec lui,
on ne sait rien de précis sur lui.
Meck !
UNE FAUCHEUSE AVEC LE POUVOlR DU BON DlEU
Viens, il veut faire ta connaissance.
Pourquoi pas.
Notre ami Meck m'a beaucoup parlé de vous.
Ah vraiment ?
Oui, il m'a souvent parlé de son ami Biberkopf.
Dites-moi... quel genre d'affaires faites-vous ?
Je pense me remettre aux journaux.
Bon... rien à dire contre les journaux.
Mais peut-être...
qu'on pourrait faire des affaires ensemble.
J'ai un négoce de fruits.
Pourquoi pas, c'est le bénéfice qui importe.
C'est vrai,
vous avez bien raison.
C'est le bénéfice qui importe.
Je le pense aussi.
Faut être sur ses gardes avec ce type !
C'est l'histoire d'un type, qui se marie aux U.S.A.,
croit qu'elle est blanche, mais elle est négresse.
''Comment, t'es négresse !'' Et il la renvoie.
J'ai dit que j'ai bu 7 bières, et non 8 !
Silence !
Vous voyez !
ll est maboule !
T'énerve pas Max, remets-en deux !
Bien.
Santé, Meck.
- ll est communiste ? - Qui ça ?
Le grand, avec la blonde.
ll est tuberculeux ?
Faudrait l'envoyer en sanatorium, à Beelitz...
ll fait quoi, au fait ?
Comme nous, essentiellement les fruits.
Ah ! Lui aussi.
Comme il a les yeux tristes, ce type.
ll a dû faire de la taule.
Viens voir.
Vas-y, on ne sait jamais ce que veulent les gens.
ll pense que j'ai aussi fait de la taule...
il le pense sûrement.
Oui ?
J'ai parié que tu avais fait de la taule,
et j'ai aussi parié
qu'en me regardant, tu pensais que j'en avais fait.
Et c'est juste, mon gars, 4 ans à Tegel.
Te voilà au courant.
Et toi alors ?
Je regrette,
j'ai pas fait de taule,
pas une seule fois.
J'ai été engagé politiquement, quand j'étais jeune.
On avait visé une usine à gaz,
mais on nous a dénoncés.
Moi, ils ne m'ont pas coffré.
Et là, t'es dans quoi ?
Les fruits, par exemple.
Le commerce de fruits.
Si rien ne marche, je pointe.
Autre chose ?
Non, c'est tout. Merci.
C'est étrange,
ils font presque tous du commerce de fruits.
Les fruits... Et ils semblent gagner pas mal.
C'est tout simple,
Pums nous fournit, Pums est notre grossiste.
Non...
Je préfère mes journaux.
A toi de savoir,
à chacun de décider.
Mon Dieu, M. Biberkopf, ça fait bien plaisir.
ll paraît...
que je peux reprendre ma chambre,
mon atelier, Meck me l'a dit.
C'est vrai, entièrement vrai.
Entrez donc.
Rien n'est changé, je n'ai rien touché,
tout est comme à votre départ.
Sauf que Mlle Lina a pris ses affaires,
sinon rien n'a changé.
En tout cas, merci.
ll n'y a pas de quoi remercier.
Peut-être bien.
Mon Dieu, ça fait 3 heures que j'attends.
A chaque seconde,
je croyais t'entendre.
Ça fait déjà 3 heures ! Je regrette.
Ne regrette pas.
Tu ne savais pas que je t'attendais, comme une idiote.
Ne dis pas ça,
t'es pas une idiote.
Mais ce n'est pas nécessaire
que tu paies toujours le loyer.
ll ne fallait pas.
Ta chambre est si peu chère, que je ne m'en aperçois pas.
J'ai été si heureuse ici, avec toi.
C'est vrai.
Mais dans cette chambre,
j'ai aussi vécu avec lda,
c'est ici que j'ai... battu lda,
que je l'ai tuée.
Et ensuite, Lina est venue.
Et j'ai aussi vécu ici... avec Lina.
Viens Franz,
faisons-le encore une fois, ici, viens !
- Non ! - Je t'en prie !
Non.
Pourquoi pas ?
Plus comme avant, juste pour le plaisir.
Je ne peux pas t'oublier.
Ça ne sera plus comme avant,
j'ai bien compris que tu ne voulais plus...
être un maquereau.
Ce n'est pas grave.
Mais là, c'est tout à fait autre chose.
D'accord.
Les travaillistes renversés à Oslo !
Fin de la course cycliste à Stuttgart !
Haut les mains !
Tu m'as fait peur !
En balade ?
Oui, on se baladait.
Elle voulait faire du lèche-vitrines, Fränze.
Tu l'as déjà vue, le jour où tu es revenu.
Bonjour.
Faut avoir les moyens, pour flâner !
Exact !
Faire du lèche-vitrines sans moyens,
ça rend triste.
ll fait froid.
Oui, assez froid.
Tu passeras, ce soir ?
Oui.
Parfait.
Super, on boira un verre ensemble.
Bon, viens.
Alors, à ce soir.
A ce soir.
Au revoir.
Les travaillistes renversés à Oslo !
Fin de la course cycliste à Stuttgart !
Ah, c'est toi !
Tu aurais un instant ?
Patiente un peu !
Ça urge, et quand je pisse, ça n'en finit pas.
Pas grave... j'ai le temps.
Ah, les femmes !
Les femmes, elles sont idiotes et folles.
On n'a que des merdes avec elles.
Toujours les mêmes saloperies avec les femmes.
Eh bien dis donc !
Toi, tu les prends au sérieux !
Je ne m'attendais pas à ça !
Au sérieux ?
Tu connais Fränze,
celle qui est toujours avec moi,
tu l'as vue ?
Oui, l'amie avec qui tu sors ?
Exact.
C'est la femme d'un cocher, qui bosse dans une brasserie.
Et Fränze l'a laissé tomber.
Elle l'a lâché pour moi.
Et ça ne te suffit pas ?
Que peut-elle faire de plus que de lâcher l'autre ?
Mon Dieu, voilà le problème ! Moi, je n'en veux plus !
Je ne peux plus la voir.
Laisse-la tomber !
Justement, c'est difficile !
Elles ne pigent pas, même par écrit !
Tu l'as fait par écrit ?
Je le lui ai dit 100 fois.
Elle dit qu'elle ne pige pas.
Les bras m'en tombent !
Faudra donc que je la garde...
jusqu'à ce que je crève, ou quoi ?
Oui, c'est bien possible.
Tu vois...
elle dit la même chose.
Arrête de faire l'idiot !
Vraiment, ça me dépasse.
T'as du chien, tu veux dynamiter une usine,
et là...
tu cales et te lamentes.
Ça me dépasse.
Prends-la-moi.
Pour en faire quoi ?
Toi, tu peux la laisser tomber.
Eh bien d'accord.
Je te la prends.
Compte sur moi.
Mais toi, t'es un vrai gamin !
Merci, Franz,
je savais que je pouvais compter sur toi.
Bien sûr, faut d'abord que tu l'essaies.
Je crois que tu y prendras goût,
elle est vraiment chouette.
Demain matin, je te l'envoie,
avec un colis... de ma part.
Et là... tu la sautes.
Tu y arriveras bien,
avec les femmes, c'est pas un problème.
Ensuite elle voudra rentrer.
Elle n'a plus la clé,
elle part à ma recherche,
et elle ne me trouve nulle part.
En plus, elle a mauvaise conscience.
Alors, elle retourne chez toi.
Et moi, j'en suis débarrassé ! Voilà.
Entrez !
La dame est revenue, celle de ce matin.
Elle veut vous parler, elle est agitée.
Elle demande à entrer. Alors ?
Faites-la entrer, c'est sûrement Fränze.
C'est rigolo, elle c'est Fränze, et moi Franz.
Elle vous plaira sûrement.
Faites-la entrer !
D'accord.
Entrez ! M. Biberkopf vous reçoit.
ll a bon coeur, je l'ai toujours dit.
Franz !
Fränze, pourquoi tu pleures ? Qu'est-ce qui s'est passé ?
Madame Bast !
En partant d'ici,
je rentre, je n'ai pas la clé, je sonne,
et Reinhold n'ouvre pas.
Alors j'imagine qu'il est allé boire.
Je fais tous les bistrots,
tous ceux où j'allais avec lui.
En fait, il ne boit que rarement,
et quand il commence... il ne s'arrête plus.
J'étais sûre de le trouver, mais je ne l'ai pas trouvé.
Donc je rentre, je sonne, personne.
J'ai vu ma valise devant la porte, et me voilà.
Cesse de chialer, Fränze,
ça me déchire le coeur.
Je t'en prie !
J'espère que tu ne lui as pas parlé...
de ce matin, dis ?
Fränze, pour qui me prends-tu ?
Tu devrais avoir honte !
Primo : je l'ai pas vu, secondo : jamais je ne ferais ça.
Penses-tu ! Jamais !
C'est vrai, Franz ? Alors j'ai honte,
jamais tu ne ferais ça ! Pardon.
C'est pardonné.
Merci.
Mais que faire ?
Qu'est-ce que je peux bien faire ?
Fränze, tu te le demandes ?
Fais ce qu'il y a de plus raisonnable.
C'est quoi, le plus raisonnable, Franz ?
C'est de rester ici avec moi.
Tu veux errer de nuit, par ce froid ?
Tu attraperais la mort !
Mon Dieu, et je suis si bien avec toi... si bien.
Tu vois,
et on s'entend bien,
en général.. et aussi pour ça !
Oui, on s'entend bien, Franz.
Puisque tu t'appelles Fränze, et moi Franz.
Ecoute ce que je vais lui dire :
''Reinhold, laisse tomber avec moi,
''j'en ai un autre,
''je n'ai pas à te dire qui c'est,
''ça ne te regarde pas.
''Et l'autre, je l'aime bien mieux que toi.
De toute manière, il est bizarre avec moi.
Fränze avait un coeur élastique,
ce qu'elle ignorait jusque-lâ.
ll se plaisait â l'observer s'installer chez lui.
ll connaissait cette démarche.
Au début, les femmes s'occupent de raccommodage.
De surcroît, Fränze lui polissait ses bottes.
Merci.
Voilà, Franz,
mon meilleur ami,
dont je t'ai beaucoup parlé.
On fait du lèche-vitrines ?
Non, pas aujourd'hui.
On se balade, tout simplement.
Cilly, va regarder la vitrine,
les meubles modernes, ça t'intéresse.
Aucune envie de regarder des meubles !
Cilly ! Je t'en prie !
Mais si je te dis qu'aujourd'hui j'ai pas envie !
Cilly, va regarder la vitrine !
Ces femmes !
Elles ne s'habituent pas à obéir !
Normalement, elle aime les vitrines !
Et même qu'elle m'énerve à vouloir les regarder.
Elle est superbe, ta nouvelle.
On dirait une star.
Elle s'appelle Cilly ?
Oui, c'est ce qu'elle dit, mais quel nom !
Qu'importe !
Dis-moi, je voulais te demander :
Fränze, tu l'as déjà larguée ?
Non, pourquoi ?
Elle est rigolote, Fränze.
lmpeccable au lit,
elle cuisine bien, s'occupe du linge.
T'avais promis de la laisser tomber.
C'est trop tôt, Reinhold.
Je changerai de fiancée au printemps.
Parce que j'ai vu...
que Fränze n'avait pas d'affaires d'été.
J'ai pas de quoi lui en acheter.
Va bien falloir qu'elle parte !
Ecoute ce que je vais te dire, Franz.
Fränze est déjà pas mal débraillée pour l'instant.
Ce qu'elle porte, c'est pas fait pour l'hiver,
mais pour la mi-saison.
C'est pas ce qu'il faut, vu la température.
On ne peut jamais vraiment prévoir le temps qu'il fera.
Je crois qu'il va geler très fort, Franz,
qu'il va terriblement geler.
Et regarde un peu Cilly,
elle porte une fourrure de lapin !
Regarde.
Ah bon ! C'est comme ça !
Et le civet de lapin, j'en fais quoi ?
Pourquoi me mettre deux femmes sur le dos !
Mes affaires ne sont pas florissantes.
T'as pas besoin d'en supporter deux !
Je ne te ferai pas ça !
C'est ce que je dis.
Moi aussi. Je n'ai pas parlé de deux.
Et pourquoi pas trois ?
Fiche-la dehors.
Ou alors, t'as un mec pour Fränze ?
T'as peut-être un type pour Fränze ?
Quel genre de type ?
Un type qui prendrait la relève,
pour Fränze.
T'es vraiment un rusé, mon gars,
là tu m'épates !
On fait du commerce intermédiaire !
Et pourquoi pas ?
Des femmes, il y en a trop de toute façon.
Oui, beaucoup trop.
T'as des amis bizarres, vraiment bizarres.
Ça te dirait, une femme ?
Quoi ?
T'abandonnes la marchandise pour ça ?
Pour me demander ça ?
J'en sais rien, Franz.
Tu sais, Lotte, ça fait maintenant...
ça fait...
6 ans...
6 ans qu'elle est morte.
Je vis seul depuis 6 ans.
Et c'est comment ?
Comment c'est ?
Je me débrouille,
je fais le ménage, j'essaie de m'en sortir.
Tu te débrouilles... et ton appartement,
il ressemble à quoi ?
Je manque de temps pour le ménage,
et d'envie, d'ailleurs.
Et pour les repas,
je préfère les prendre dehors.
C'est plus cher qu'à la maison.
Oui, mais c'est comme ça.
Non, Ede, c'est pas comme ça.
Une femme ferait le ménage pour toi,
la lessive, la cuisine.
Oui, ça a du bon,
mais par contre si on se chamaille...
va savoir ce qui est le mieux.
On ne se dispute pas forcément.
Faut pas croire !
Elle pourrait mettre de l'ordre là où il en faut,
cuire et nettoyer quand il le faut.
Elle ne ferait pas d'histoires, mettrait un peu de vie.
C'est possible, non ? Ça ne te fait pas envie ?
Tu peux te l'imaginer ?
Si c'est comme ça...
mais il faudrait être sûr
qu'il n'y aura pas de disputes.
Tu sais, j'ai vécu ça,
et je n'en veux plus.
Pourquoi tu me demandes ça ?
J'en ai une pour toi.
Comment ça ?
Comme je te le dis, j'en ai une.
Merci.
Je le fais volontiers.
Bonjour, Messieurs.
C'est toi qui l'as fait, le café ?
Bien sûr que c'est moi.
C'est pas du café, Fränze, c'est de la flotte !
Pardon ?
J'ai dit : c'est pas du café,
c'est de la flotte !
Non, c'est du café !
Si je dis que c'est de la flotte, Fränze,
c'est de la flotte, et pas du café, compris ?
Moi je dis que c'est du café, et pas de la flotte !
Pour une fois qu'on a un invité, Fränze,
toi tu sers de la flotte !
Comme je l'ai dit, c'est pas de la flotte,
mais du café, très bon, très fort.
Franz, ce n'est pas de la flotte,
c'est au contraire du très bon café, vraiment.
Alors, t'as entendu ?
C'est du café, du bon, et pas de la flotte.
Bon, d'accord... d'accord...
Si pour lui c'est du café,
et non pas de la flotte,
fais donc du café pour lui,
s'il prend ta flotte pour du café.
Pourquoi s'énerver pareillement pour du café...
ll s'agit en fait de tout autre chose.
C'est que pour une fois
qu'on reçoit quelqu'un,
elle met ça sur la table, elle ose faire ça !
Je t'assure, Franz, je trouve ce café bon.
Eh bien, emmène-la donc !
Je ne me laisserai pas faire !
Alors fiche le camp, si c'est comme ça !
Emballe tes fringues et... disparais !
Très bien, M. Biberkopf !
Tu ne me diras pas ça deux fois, compris ?
Une fois suffit !
J'espère bien qu'une fois suffira.
Ramasse tes merdes et décampe !
Prends-les et décampe !
File avec Ede,
fais-lui du café... ou fais-lui autre chose !
Je me réjouis de ne plus devoir bouffer tes plats !
Ecoute Franz...
Va te faire foutre !
Mademoiselle, soyez donc raisonnable.
Une pareille dispute pour du café !
Vous l'avez entendu,
il m'a dit de disparaître !
Parfait, c'est avec plaisir que je disparais.
ll est de toute manière un vrai salaud.
Mais ce sont mes tasses que tu casses !
Tu sais que j'en ai peu.
Je t'en ferai expédier une, Franz !
Très bien, fais-le !
Pourquoi faire ça, Mademoiselle ?
Je ne supporte pas qu'on me traite ainsi.
Vous avez raison, Mademoiselle Fränze,
mais il peut arriver que les nerfs lâchent.
Oui, mais cette fois, il est allé trop loin.
Tiens, ça c'est à toi.
Merci.
Cette croûte est à toi, ce bouquin aussi.
Ramasse tout ton fourbi,
je ne le supporte plus, ton fourbi !
Franz, je ne te comprends pas.
Je m'en fous pas mal !
Laissez-moi porter votre valise.
Merci.
T'es un porc, dégueulasse...
Apprends à parler, avant de me causer.
Apprends à parler, imbécile !
Ça suffit, on y va.
Salopard !
Entrez donc, Mme Bast.
Qu'est-ce que vous avez fait !
Elle était si travailleuse, Fränze.
Elle reprisait vos chaussettes, vos caleçons.
Elle se donnait du mal pour vous.
C'est vrai, Fränze est une brave fille,
une fille très bien.
Je l'aimais vraiment beaucoup...
je l'aimais vraiment bien.
Asseyez-vous.
Buvez un café avec moi.
Volontiers.
ll est bon, non ?
Bien sûr, c'est moi qui l'ai fait.
J'avais remarqué.
Je connais votre café !
Je n'y comprends rien.
Tout ça à cause du café !
Je me suis demandé pourquoi,
vu que vous le buvez depuis des années.
ll doit y avoir une raison.
Oui...
je pense aussi.
ll doit y avoir une raison.
Elle était très gentille.
Une fille très gentille et travailleuse.
Je crois... qu'on a sonné.
Sûrement Fränze,
elle revient pour remettre les choses au point.
Peut-être que oui.
Mais peut-être que non.
Espèce de monstre !
Une dame qui doit vous remettre un colis.
Une dame...? Me remettre un colis ?
Oui, une dame qui apporte un colis.
Alors, faites-la entrer.
Bien sûr, M. Biberkopf.
Entrez, Mademoiselle.
Bonjour, M. Biberkopf.
Reinhold m'envoie.
Vous m'apportez quelque chose de sa part ?
Ça c'est bien.
Laissez-nous seuls, Mme Bast...
juste un instant.
Bien sûr, M. Biberkopf, je vous laisse seuls.
Eh bien...
Alors, mon enfant...
tu as un bobo ?
T'as un ennui ?
Non, je n'ai rien du tout !
Je dois vous remettre un col en fourrure.
C'est très élégant !
Où est-ce qu'il déniche tout ça ?
L'autre fois, c'était des bottes,
cette fois, c'est carrément un col de fourrure.
Vous devez être un intime de mon Reinhold ?
ll m'envoie parfois des vivres, des habits...
qu'il ne met plus.
Justement, la dernière fois c'était des bottes.
Dites-moi donc ce que vous en pensez.
Regardez, Mlle Cilly.
Voilà ce qu'il m'a envoyé.
Ce sont de véritables galoches, non ?
ll y a au moins de la place pour trois !
Allons venez... venez !
Enfilez votre petit pied.
Vous voyez, c'est tout simple,
on n'a qu'à glisser le pied dedans.
Marchez !
Restez comme ça,
c'est si joli.
Comme sur une patinoire.
Faites-moi de la place, que j'entre.
Je vous l'ai dit, il y a de la place pour deux.
Reinhold m'attend, mais...
ne lui dis rien, je t'en prie.
Allons, mon enfant,
je fais pas ces choses-là !
Tu ne lui diras rien.
Un faucheur - la mort - doté de la puissance de Dieu.
C'est qui ?
ll aiguise sa faux, elle coupe déjà mieux.
On sera ses victimes.
Bonjour, Reinhold !
Je suis surpris de te voir.
- Ça va ? - Ça va.
T'es pris ce soir ?
Déjà !
Tu te débarrasses de l'actuelle ?
Non, c'est pas ça.
Cilly m'attend à la maison,
mais elle est habituée à mes retards.
Bon, alors viens.
Où vas-tu ?
- Guincher chez Walterchen ? - Non, pas guincher.
On va pas guincher ?
Laisse-toi surprendre.
On sait que le lait
est un aliment riche pour les enfants,
les nourrissons, les malades,
surtout si un autre aliment le complète.
Les médecins recommandent, sans succès,
la viande de mouton aux malades.
J'ai rien contre le lait,
mais il faut se méfier de la propagande douteuse.
Moi, je suis pour la bière.
Surtout si elle est bien brassée.
Tu veux savoir où on va ?
Pas forcément, mais si tu tiens à me le dire...
A l'Armée du Salut.
Pardon ?
A l'Armée du Salut de la Dresdner Strasse.
Au coin de la rue Landsberger,
on a vidé et liquidé le grand magasin F. Hahn,
on l'a relégué chez les ancêtres.
ll y a un arrêt de tramway et de bus.
La papeterie Jürgens a été démolie.
On a dressé une clôture.
Un vieux est lâ, avec une balance.
Contrô*** votre poids pour 5 pfennigs.
Vous qui peuplez l'Alexanderplatz,
prenez le temps
de contempler les décombres du magasin Jürgens,
et le magasin Hahn, éventré,
vidé de ses entrailles.
ll ne reste que des lambeaux de tissu rouge.
Devant nous, un tas d'ordures.
Tu es poussière, tu retourneras en poussière.
On a bâti
une maison magnifiique, maintenant abandonnée.
Ainsi ont été détruits Rome, Babylone, Ninive,
Hannibal et César.
Pensez-y !
Qu'est-ce qu'ils font ?
lls sont appelés au banc des pénitents...
au banc des pénitents,
tu comprends ?
J'ai deux remarques ..
1. On remet â jour ces villes.
2. Ces villes ont rempli leur fonction,
on peut en construire d'autres.
Tu ne pleures pas tes pantalons déchirés,
tu t'en rachètes, le monde en vit.
Reinhold !
Qu'est-ce qui te prend ?
Tu pars en courant !
Méfie-toi de ces gens.
lls te travaillent,
jusqu'à ce que tu dises ''oui'' à tout !
Avec moi, ça ne risque rien.
J'en ai assez des femmes.
Dommage !
J'attendais la suivante !
Tu me vois te demander bientôt :
''débarrasse-moi de Trude, la blonde'' ?
Non, sur cette base...
Moi, je n'y vois aucun inconvénient.
Tu peux compter sur moi.
Tu peux m'en envoyer dix !
On arrivera bien à les caser.
Fiche-moi la paix avec les femmes.
Fiche-moi la paix, je ne veux plus.
Alors c'est simple, tu laisses tomber.
On les dédommagera.
Je te prends celle qui te reste, et basta.
Deux fois deux font quatre, tu comprends ?
Fais pas cette tête !
Oh là, la tête que tu fais !
T'as qu'à la garder, ta dernière, si tu veux.
Alors ? Qu'est-ce qui se passe ?
Je suis allé deux fois...
à l'Armée du Salut.
J'ai parlé à quelqu'un.
Je lui ai dit ''oui'',
d'abord je tiens le coup, et puis je craque.
Et alors ?
J'en ai vite marre des femmes,
tu le vois bien !
Après 4 semaines, terminé.
J'en ai assez.
Au début, je suis fou d'elles.
Complètement fou.
Fou à lier.
Et après...
c'est terminé,
faut qu'elles partent.
Je ne peux plus les voir.
Je les paierais pour ne plus les voir !
T'es peut-être vraiment devenu fou.
Alors j'ai été à l'Armée du Salut,
j'ai parlé à quelqu'un, je lui ai dit...
ensuite j'ai prié avec lui.
Quoi ! Tu as prié avec lui ?
Quand on ne sait pas comment s'en sortir !
Ça m'a aidé,
six semaines, huit semaines.
On pense à autre chose et on prend sur soi.
Ça marche !
Tu ferais peut-être bien d'aller à la ''Charité''.
T'aurais pas dû déguerpir, tout à l'heure,
t'aurais dû t'asseoir sur le banc.
Ne te gêne pas, avec moi.
Je ne veux plus !
Ça ne sert à rien, tout ça, c'est de la connerie !
Pourquoi je prierais ?
Je ne crois en rien.
Oui, je comprends,
si tu ne crois pas, ça ne sert à rien.
Je ne sais pas comment t'aider.
Je vais y réfléchir.
Faudrait te dégoûter radicalement des femmes,
ou un truc du genre.
Trude me donne déjà la nausée.
Mais demain...
ou après-demain, tu devrais me voir,
si Guste...
ou Nelly, ou toutes tant qu'elles sont, se pointent !
Tu verrais le fard que je pique !
Celle-là, il me la faut !
Même si tout mon fric y passe... il me la faut.
Un faucheur - la mort -
doté de la puissance de Dieu.
ll s'apprête à faucher.
Devine qui j'ai rencontré ?
Je ne veux pas le savoir.
J'ai rencontré Reinhold.
Ah bon !
Reinhold !
Qu'est-ce qu'il a raconté ?
Beaucoup...
beaucoup de choses.
Bon !
Toi tu écoutes tout ce qu'il raconte,
et en plus, tu le crois !
Arrête, Cilly !
Si c'est comme ça, je pars !
Je t'attends pendant 3 heures,
pour que tu me baratines !
Je voudrais te demander quelque chose !
Qu'est-ce que tu as ?
Je n'y comprends plus rien.
C'est tout simple.
Parle-moi de Reinhold.
Bien...
si tu veux.
Je vais te parler de lui.
Cet homme, Reinhold,
n'est pas un amant, pas un maquereau,
c'est pas un homme, c'est un voyou !
ll se balade comme un pinson,
il fait ''pic, pic'', et chope les filles.
Elles pourraient t'en parler par douzaines.
J'étais pas sa première, ni sa huitième.
Peut-être sa centième !
ll ne sait plus combien il en a eues...
et bien eues !
Ça ne se remarque pas, chez lui,
quand il est là à réfléchir,
et qu'il ne boit pas d'alcool.
Et puis... il mord à l'hameçon.
Oui, il m'a raconté tout ça.
Toi, tu te demandes ce qu'il veut.
Tout à coup, il se met à parler,
alors il parle, il parle...
Et il danse bien.
Quoi ? ll sait danser ?
Bien sûr.
Je l'ai connu dans une salle de danse, Chausseestrasse.
Je ne pensais pas qu'il dansait.
Ça alors, il sait danser !
ll t'accroche, Franz, où que tu sois.
Même une femme mariée ne le fait pas reculer...
il se la tape.
''Ne me jure pas fidélité, Ne prête pas serment,
''Car chacun est parfois séduit par la nouveauté.
''Un coeur ardent ne se repose pas,
''Mais obéit à ses impulsions.
''Ne me jure pas fidélité, Je me distrais, comme toi.''
Tu ris, mais t'es sûrement pareil, hein ?
Mais non, Cilly, non...
Mais ce type me fait marrer.
ll se lamente et dit qu'il a besoin des femmes.
Pour l'instant, il est avec Trude, et peut-être...
tu crois que je dois prendre la relève ?
Tais-toi ! Ne crie pas comme ça !
T'es vraiment naïf !
Qu'est-ce qui se passe, avec Trude ?
Redis-le... ce qui se passe avec Trude.
Je t'ai dit de ne pas crier !
Je t'ai pas mordue !
Non, Franz, tu ne m'as pas mordue,
mais t'es vraiment pas mal naïf...
C'est ça, je suis naïf.
Puisque Reinhold est mon ami,
qu'il est dans le pétrin,
et qu'il va à l'Armée du Salut pour prier,
faut que je l'aide, puisqu'il est mon ami...
Sa Trude, est-ce que je ne dois pas...
l'en débarrasser ?
Et moi ?
Avec toi... avec toi...
j'irai pêcher â la ligne...
Ecoute, Cilly,
il faut qu'on en parle.
On pourrait arroser ça, en négociant la chose.
Fiche-moi la paix !
Regarde les bottes,
les galoches, elles venaient aussi de lui.
Toi, tu m'as apporté le col de fourrure.
Et celle d'avant,
elle m'a apporté les bottes, voilà !
C'est mon ami, j'ai voulu l'aider.
Je veux être franc avec toi.
T'es une vraie charogne.
T'es un vrai salaud.
Et si Reinhold est un voyou,
toi t'es bien pire,
pire que le pire voyou.
Non Cilly,
ce n'est pas vrai.
Si j'étais un homme...
Heureusement que non !
Fais pas semblant de t'énerver.
Je t'ai dit tout ce qui s'est passé.
Et en te regardant,
j'ai changé d'avis.
Sa Trude, je la lui laisse.
Et toi...
tu restes ici.
J'en ai assez de son jeu,
il démolit les gens,
je laisse simplement tomber.
ll faut faire quelque chose.
Tu sais quoi ?
Demain matin,
une fois Reinhold sorti,
on ira voir Trude, et on lui parlera.
On lui parlera, et je la soutiendrai.
Elle peut compter sur moi !