Cela fait plus de 15 jours que les salariés de Petroci observent une grève illimitée. Cette entreprise publique, spécialisée dans les hydrocarbures, est engagée dans une privatisation partielle. Les syndicats exigent un « plan social ». La direction de l’entreprise s’y refuse, et affirme qu’il n’y a pas de licenciements prévus. Elle promet que les salariés conserveront leurs postes malgré le changement de propriétaires. Mais la crise de confiance est patente. Et elle s’explique par un certain nombre de faits. En premier lieu par l’opacité de la situation financière de l’entreprise. Selon la direction, la baisse des cours du pétrole est la cause du mauvais état des comptes. Les salariés parlent, eux, de mauvaise gouvernance. Difficile de se faire une idée : depuis l’année 2013, l’entreprise n’a plus publié de rapport annuel. A l’époque, elle affichait un résultat net bénéficiaire. Les entreprises choisies pour reprendre les actifs de Petroci posent également problème. Les activités logistiques sont dévolues à une coentreprise créée avec la multinationale belge Sea Invest. Mais cette nouvelle entité est dirigée par Mamadou Latif Toungara, le frère de l’ancien ministre de l’Energie et du pétrole, qui n’a pourtant aucune expérience dans ce domaine. Les stations-service de Petroci sont cédées à Puma Energy, filiale de Trafigura, une firme impliquée dans le déversement de déchets toxiques à Abidjan en août 2006. La filiale ivoirienne de Puma Energy est dirigée par Ahmadou Touré, le neveu du chef de l’Etat Alassane Ouattara. Tous ces faits mis ensemble exacerbent les passions et renforcent les tensions au sein de la holding pétrolière de l’Etat de Côte d’Ivoire.